Archive pour janvier, 2010

Saint Jean de la Croix : « Jésus étendit la main et le toucha »

14 janvier, 2010

dal sito:

http://www.levangileauquotidien.org/main.php?language=FR&module=commentary&localdate=20100114

Le jeudi de la 1re semaine du temps ordinaire : Mc 1,40-45
Commentaire du jour
Saint Jean de la Croix (1542-1591), carme, docteur de l’Église
La Vive Flamme d’amour, strophe 2 (trad. Grégoire de Saint Joseph, Seuil 1947,1995, rev Tournay)

« Jésus étendit la main et le toucha »

      Ô Vie divine, tu ne touches pas pour tuer, mais pour donner la vie ; tu ne blesses pas, sinon afin de guérir. Quand tu châties, tu touches légèrement, et cela suffit pour consumer le monde. Quand tu caresses, tu poses ta main fort à propos, la douceur de ta caresse n’a point de mesure. Ô Main divine, tu m’as blessé pour me guérir ; tu fais mourir en moi ce qui me prive de la vie de Dieu, en qui maintenant je me vois vivant. Et tu fais cela par ta grâce généreuse, moyennant la touche de celui qui est « la splendeur de ta gloire, la figure de ta substance » (He 1,3), ton Fils unique, ta Sagesse en qui « tu atteins puissamment d’un bout du monde à l’autre » (Sg 8,1). Lui, ton Fils unique, Main miséricordieuse du Père, il est la touche délicate avec laquelle tu m’as touché, blessé et brûlé intérieurement.

      Ô touche délicate, Verbe Fils de Dieu, tu pénètres subtilement notre âme par la délicatesse de ton être divin ; tu la touches si délicatement que tu l’absorbes toute entière en toi, d’une manière si divine et si douce « qu’on n’en a jamais entendu parler en Canaan, qu’on ne l’a jamais vu au pays de Témân » (Ba 3,22). Ô touche délicate du Verbe, d’autant plus délicate à mon égard qu’ayant renversé les montagnes et brisé les rochers de la montagne de l’Horeb par l’ombre de ta puissance qui allait devant toi, tu t’es fait sentir si doucement, si fortement au prophète Élie « dans le délicat murmure de l’air » (1R 19,12). Comment es-tu brise légère et subtile ? Dis-moi comment tu touches si légèrement et si délicatement, ô Verbe, Fils de Dieu, toi qui es si puissant et si terrible ? Heureuse, mille fois heureuse l’âme que tu touches si délicatement !… « Tu les caches dans le secret de la face, c’est-à-dire ton Verbe, ton Fils, à l’abri du trouble des hommes. » (Ps 30,21)

Mat-06,01-Prayer Our Father_Priere Notre Pere

13 janvier, 2010

Mat-06,01-Prayer Our Father_Priere Notre Pere  dans images sacrée 16%20COLIN%20NOYLIER%20EMAIL%20NP
http://www.artbible.net/3JC/-Mat-06,01-Prayer%20Our%20Father_Priere%20Notre%20Pere/index.html

J E S U S

13 janvier, 2010

du site::

http://michellehautmont.e-monsite.com/rubrique,jesus,1129725.html

 J E S U S

Depuis que je suis née
Jésus je te connais
J’avais trois ou quatre ans
Et je t’imaginais
Assis près d’un nuage
Entouré d’enfants sages
Tes beaux cheveux tombant
Sur ton long manteau blanc

Et puis quand il neigeait
Ma maman me disait
Jésus fait le ménage
Il secoue l’oreiller
Et quand grondait l’orage
Accompagné d’éclairs
Alors là, je savais
Tu étais en colère

Les années ont passé
Et je n’ai pas changé
Oui, je te considère
Un peu comme un grand frère
Quand j’ai mal, quand j’ai peur
Dans mes moments d’bonheur
Je me tourne vers toi
Et j’écoute ta voix

J’ai toujours de la chance
Et très souvent j’y pense
Tu es comme une étoile
Légère comme un voile
Au-dessus de ma tête
Qui veille et me répète
Que , quand mon heure viendra
Je serai près de toi

Le « Codex Pauli », la plus grande œuvre jamais dédiée à saint Paul

13 janvier, 2010

du site:

http://www.zenit.org/article-23179?l=french

Le « Codex Pauli », la plus grande œuvre jamais dédiée à saint Paul

Présentation le 13 janvier au Capitole à Rome

ROME, Mardi 12 janvier 2010 (ZENIT.org) – Demain mercredi sera présenté au Capitole, à Rome, le « Codex Pauli », une œuvre monumentale, unique en son genre, conçue dans le style des anciens codex monastiques et agrémentée d’une minutieuse sélection de frises, enluminures et illustrations provenant de manuscrits de différentes époques conservés à l’Abbaye de Saint-Paul hors-les-Murs.

L’œuvre, un tome unique de 424 pages de haute valeur œcuménique, est dédiée à Benoît XVI, qui a lancé les célébrations pour le bimillénaire de la naissance de saint Paul. Le tirage est limité à 998 copies numérotées. 

En même temps que le Codex  a été créé le font original « Paulus 2008 », reproduisant la graphie du copiste de la Bible carolingienne (IXème siècle).

L’œuvre sera présentée au Capitole, dans la salle de la Protomoteca, à 17h30, en préparation à la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens (18-25 janvier).

Parmi les personnalités  qui seront présentes à la cérémonie : le cardinal Andrea Cordero Lanza di Montezemolo, archiprêtre émérite de la Basilique Saint-Paul-hors-les-Murs ; Mgr Gianfranco Ravasi, président du Conseil pontifical de la culture ; l’archimandrite Mtanios Haddad, apocrisiaire de Sa Béatitude Gregorios III Laham, patriarche melkite d’Antioche et de tout l’Orient ; le père Edmund Power, abbé de Saint-Paul-hors-les-Murs ; et le sénateur italien Sandro Bondi, ministre pur les Biens et les activités culturelles. Le modérateur sera le journaliste responsable de Rai Vaticano, Giuseppe De Carli.

Le « Codex Pauli » renferme les contributions inédites, préparées spécialement pour l’occasion, du patriarche Œcuménique de Constantinople, Bartholomée I; du patriarche de Moscou et de toute les Russies, Cyrille ; de Gregorios III Laham ; de Rowan Williams, primat de la communion anglicane; d’Eduard Lohse, évêque émérite de l’Eglise évangélique d’Hannovre; et de nombreux autres.

L’œuvre s’ouvre par une partie introductive, articulée en sections.

La première section, Annus Pauli, retrace l’aventure de l’Année consacrée au bimillénaire de la naissance de l’apôtre Paul, dont les témoins privilégiés sont les cardinaux Tarcisio Bertone, Ennio

Antonelli, Raffaele Martino, Jean Louis Tauran, Jozef Tomko, Antonio Rouco Varela, André Vingt-Trois et Walter Kasper.

La section Roma Pauli renvoie à  la riche tradition spirituelle, liturgique et artistique des moines bénédictins qui, depuis treize siècles, veillent sur le sépulcre de saint Paul sur la via Ostiense.

Evangelium Pauli est en revanche le titre de la troisième partie qui présente la figure et le message du grand apôtre en dialogue avec les cultures et avec une sensibilité moderne. Le cardinal Kasper lit saint Paul entre l’Est et l’Ouest ; Antonio Paolucci le resitue dans le cadre des racines chrétiennes de l’Europe ; le professeur M.D. Nanos le relie au judaïsme , le professeur D.A. Madigan à l’Islam. Alors que tant d’autres évoquent ses autres aspects : saint Paul  cosmopolite, voyageur, missionnaire et modèle de dialogue interreligieux.

La dernière partie, Vita Pauli, soulève la question de l’identité de Saul/Paul après deux mille ans d’interprétation, exaltation, aversion, instrumentalisation de l’apôtre et de son message.

En feuilletant les pages du Codex, le Paul d’hier, présent avec le texte original grec, arrive jusqu’à nous grâce à une traduction en langue courante. Au coté du corpus paulinum intégral, comprenant les 13 lettres de l’apôtre, l’œuvre offre aussi le texte italien-grec des Actes des Apôtres et de la Lettre aux Hébreux.

Une dernière section offre une minutieuse sélection des Apocryphes peu connus sur Paul (Actes de Paul ; Lettres de Paul et des Corinthiens ; Martyre du saint apôtre Paul ; Actes de Paul et Thècle ; Lettre aux Laodicéens ; Correspondance entre Paul et Sénèque ; Apocalypse de Paul).

Chaque texte s’ouvre par une présentation des plus illustres exégètes de saint Paul et s’achève par une page de Lectio divina, selon la tradition monastique millénaire.

La présentation et les introductions aux écrits pauliniens sont de Mgr Gianfranco Ravasi, aux côtés d’experts de renom, biblistes et théologiens, comme le cardinal Carlo Maria Martini, Romano Penna, Rinaldo Fabris, Primo Gironi, Antonio Pitta, Stefano Romanello, Giuseppe Pulcinelli, Paolo Garuti et Marco Valerio Fabbri.

« Le Codex Pauli, explique le père Edmund Power dans la présentation, est avant tout un acte de vénération à la Parole de Dieu. C’est la Parole qui donne la vie. Ce livre tire son aspiration de la figure du docteurs des nations, une figure complexe et marquante, incapable de se cacher : ses lettres, ses paroles, montrent de manière éloquente sa personnalité énergique et dynamique ».

« Un homme qui sait être ironique, voire sarcastique, mais jamais  privé d’une partie affectueuse, inspirée, majestueuse, qui nous fait voir en lui un homme ‘obsédé par le Christ’, explique-t-il. Ainsi le Corpus du Codex Pauli est lui aussi un ensemble de créativité humaine, d’où jaillissent beauté et amour ».

« Selon la tradition monastique, l’art est l’effort d’incarner une vision intérieure en recourant à la forme expressive d’une beauté en soi inexprimable, poursuit l’Abbé de Saint-Paul-hors-les-Murs. Tous n’arrivent pas à la percevoir clairement : voici pourquoi cette œuvre artistique cherche à pousser chaque observateur à s’orienter vers l’unique Dieu, comme source de toute beauté ».

« Celui qui cherche et aime la beauté à travers le langage de l’art se tourne vers le Divin, souligne-t-il. Cette œuvre se propose le même objectif ».

[Pour plus d’informations: www.codexpauli.itpaolo.pegoraro@codexpauli.it]

Programme de la visite de Benoît XVI à la communauté juive de Rome

13 janvier, 2010

du site:

http://www.zenit.org/article-23190?l=french

Programme de la visite de Benoît XVI à la communauté juive de Rome

Hommage aux victimes des persécutions

ROME, Mardi 12 janvier 2010 (ZENIT.org) – En se rendant à la grande synagogue de Rome, pour une rencontre avec la communauté juive de Rome, dimanche prochain, 18 janvier, le pape Benoît XVI rendra hommage aux victimes de la persécution nazie, déportées en octobre 1943, et qui périront dans la Shoah.

La rafle a été ordonnée par le commandant des SS dans la Rome occupée, Herbert Kappler, à la demande de Berlin. Plus de 1000 juifs romains furent pris et déportés dans les camps de concentration d’Auschwitz. Seul un petit nombre, 16 personnes, parmi lesquelles une seule femme, revinrent chez elles.

Le pape rendra aussi hommage à la mémoire d’un petit enfant mort pendant l’attaque terroriste de 1982 contre la synagogue de Rome, une attaque alors sévèrement condamnée par Jean-Paul II le lendemain, 10 octobre, après l’angélus.

Benoît XVI inaugurera aussi une exposition qui restera ouverte au public jusqu’au 31 mars et intitulée « Et Ecce gaudium ».

Ce sont 14 dessins du 18e siècle faits par la communauté juive de Rome pour le couronnement de différents papes : Clément XII (1730), Clément XIII (1758), Clément XIV (1769) et Pie VI (1775). Ils ont été retrouvés dans les archives historiques de la Communauté juive de Rome.

Voici le programme de la visite de Benoît XVI publié par Radio Vatican :

16 h 15 : Départ du Vatican

16 h 25 : Arrivée au « Largo XVI ottobre » , au fameux « Portico d’Ottavia », dans le quartier du ghetto.

Le pape est accueilli par :

Riccardo Pacifici, Président de la Communauté juive de Rome

Renzo Gattegna, Président des Communautés juives d’Italie

Dépôt de fleurs devant la plaque rappelant la déportation du 16 octobre 1943.

16 h 30 : Marche du pape et de sa suite Via Catalana, vers la Synagogue. Brève halte devant la plaque rappelant l’attentat du 9 octobre 1982, à la suite duquel un petit garçon a perdu la vie, Stefano Taché, il avait deux ans ; 37 autres personnes qui sortaient de la synagogue ont été blessées.

Le pape est accueilli au pied de la volée de marches par le grand rabbin Riccardo Di Segni.

Entrée dans la synagogue : le choeur entonne le psaume 126

Le pape traverse le couloir central et se dirige vers la tribune. Avant de monter à la tribune, le pape salue quelques autorités civiles présentes.

Sur le côté droit prennent place les membres catholiques et juifs de la Commission pour les relations religieuses avec le judaïsme, à gauche les membres de la suite papale.

Le pape et le rabbin prennent place au centre.

17 h 00 : Accueil de Benoît XVI par trois salutations

Salutation du Président de la Communauté juive de Rome, Riccardo Pacifici

Salutation du Président des Communautés juives d’Italie, Renzo Gattegna

Salutation du Grand rabbin, Riccardo Di Segni

Le choeur entonne le psaume 133

Discours du pape

Échange de cadeaux

Le choeur entonne l’hymne de profession de foi, « Anì Maamin »

17 h 35 : Conclusion de la rencontre officielle dans la grande synagogue.

Le pape et le grand rabbin sortent pour rejoindre une salle contiguë à la synagogue pour un bref entretien privé.

Chant du choeur pendant la sortie

17 h 45 : Le pape et le grand rabbin sortent dans le jardin de la synagogue, passent devant l’olivier planté pour rappeler la visite, et descendent au Musée juif de Rome

Inauguration de l’exposition « Et Ecce gaudium ».

18 h : Dans la synagogue espagnole (dans le sous-sol de la grande synagogue) le pape rencontre certains représentants de la communauté juive.

18 h 15 : Le pape quitte la synagogue et rentre au Vatican vers 18 h 30.

Anita S. Bourdin

bonne nuit

13 janvier, 2010

bonne nuit dans image bon nuit, jour, dimanche etc. banksia_blechnifolia_368

Southern Blechnum Banksia

http://www.floralimages.co.uk/index2.htm

Saint Augustin: « Jésus sortit et alla dans un endroit désert, et là il priait »

13 janvier, 2010

du site:

http://www.levangileauquotidien.org/main.php?language=FR&module=commentary&localdate=20100113

Le mercredi de la 1re semaine du temps ordinaire : Mc 1,29-39
Commentaire du jour
Saint Augustin (354-430), évêque d’Hippone (Afrique du Nord) et docteur de l’Église
Lettre à Proba sur la prière, 8-9 ; CSEL 44,56s (trad. bréviaire)

« Jésus sortit et alla dans un endroit désert, et là il priait »

       A quoi bon nous disperser de tous côtés et chercher ce que nous devons demander dans la prière ? Disons plutôt avec le psaume : « La seule chose que je demande au Seigneur, celle que je cherche, c’est d’habiter la maison du Seigneur tous les jours de ma vie, pour savourer la douceur du Seigneur et fréquenter son temple » (Ps 26,4). Là, en effet, « tous les jours » ne passent pas en arrivant et en disparaissant, et l’un ne commence pas quand l’autre finit ; ils existent tous ensemble, ils n’ont pas de fin, car la vie elle-même, dont ils sont les jours, n’a pas de fin.

      Pour nous faire obtenir cette vie bienheureuse, celui qui est en personne la Vie véritable nous a enseigné à prier. Non pas avec un flot de paroles comme si nous devions être exaucés du fait de notre bavardage ; en effet, comme dit le Seigneur lui-même, nous prions celui qui sait ce qui nous est nécessaire avant que nous le lui demandions (Mt 6,8)…

      Il sait ce qui nous est nécessaire avant que nous le lui demandions ? Alors, pourquoi nous exhorte-t-il à la prière continuelle ? (Lc 18,1) Cela pourrait nous étonner, mais nous devons comprendre que Dieu notre Seigneur ne veut pas être informé de notre désir, qu’il ne peut ignorer. Mais il veut que notre désir s’excite par la prière, afin que nous soyons capables d’accueillir ce qu’il s’apprête à nous donner. Car cela est très grand, tandis que nous sommes petits et de pauvre capacité ! C’est pourquoi on nous dit : « Ouvrez tout grand votre coeur » (2Co 6,13). C’est quelque chose de très grand…: nous serons d’autant plus capables de le recevoir que nous y croyons avec plus de foi, nous l’espérons avec plus d’assurance, nous le désirons avec plus d’ardeur. C’est donc dans la foi, l’espérance et l’amour, par la continuité du désir, que nous prions toujours.

Anna, 1Sam 1,1ss

12 janvier, 2010

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http://www.conmaria.it/Samuele_Anna.htm

Homélie de la messe d’adieu du cardinal Danneels

12 janvier, 2010

du site:

http://www.zenit.org/article-23174?l=french

Homélie de la messe d’adieu du cardinal Danneels

A l’occasion de son départ à la retraite

ROME, Mardi 12 Janvier 2010 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous l’homélie prononcée par le cardinal Godfried Danneels, archevêque de Malines-Bruxelles et Primat de Belgique, à l’occasion de son départ à la retraite. Agé de 76 ans, il occupait cette charge depuis 1979. Cette homélie a été prononcée en la collégiale Sainte-Gertrude de Nivelles, le vendredi 8 janvier au soir.

* * *

‘Il y a un moment pour tout et un temps pour chaque chose sous le ciel’, dit l’Ecclésiaste dans la Bible (cfr Qo 3.2). Il y a un temps pour commencer et un temps pour finir, un temps pour arriver et un temps pour partir, un temps pour parler et un temps pour se taire. Les bergers viennent et partent, ils passent. Un seul reste : le Bon Berger, le Christ Jésus, ‘le grand Pasteur des brebis’ (He 13,20), comme le dit l’épître aux Hébreux.

Fixez vos regards sur Jésus

C’est donc de lui qu’il faut parler : de Jésus. En ce jour de mon départ, puis-je vous demander, frères et sœurs : ‘Regardez Jésus, l’apôtre et le grand prêtre de notre confession de foi’ (He 3,1). Regardez-le. Il y a tant de choses à regarder de nos jours: la crise économique, notre église en pleine tempête, son manque de personnel et de moyens, tant d’hommes et femmes vivant dans la pauvreté matérielle et plus encore tant d’autres dans le désarroi spirituel, tous les chercheurs de bonheur qui ne le trouvent guère. Oui, je le répète : fixez votre regard sur Jésus. Oui, peut-être semble-t-il dormir à l’arrière de la barque sur le coussin, au milieu de la tempête. Et nous crions comme les apôtres dans l’évangile : ‘Maître, cela ne te fait rien que nous périssions ? » (cfr Mc 4,38). Et que nous répond-Il, à nous, en pleine bourrasque : ‘Pourquoi avez-vous une telle peur ?’ C’est le seul reproche qu’Il nous fera. ‘Pourquoi avez-vous si peur ?’ (Mc 4,40). Non, il ne nous reprochera pas de ne pas travailler dur, de manquer de stratégie, d’organisation, de management, de projets. Non, il nous reprochera d’avoir eu peur et de ne pas avoir remarqué qu’Il était avec nous dans la barque.

Oui, Il est là, au milieu de nous, dans les pauvres et les petits ; Il nous regarde par leurs yeux. Il est là dans sa parole, dans la sainte écriture et la prédication de l’Eglise. Il est là présent dans la sainte liturgie, cette épiphanie de tous ses mystères. Il est là surtout dans le pain et le vin eucharistiques, son vrai Corps et son vrai Sang. Il est là dans l’eucharistie tout entier. Oui, fixez votre regard sur Jésus eucharistique. Devenez une église d’adoration comme je vous ai demandé à Bruxelles Toussaint 2006. Je le demande une nouvelle fois comme en guise de testament d’un archevêque partant.

Aimez l’Eglise

Aimez l’Eglise, et aimez-la telle qu’elle est, noire et belle comme la fiancée du Cantique des Cantiques. ‘Je suis noire, mais jolie, filles de Jérusalem…. Ne faites pas attention si je suis noiraude, si le soleil m’a basanée, mes frères m’ont fait surveiller les vignes…..’ (Ct 1,5). L’Eglise, je l’ai aimée tout au long de ma vie, comme on aime une épouse. Je porte au doigt l’anneau de ce long mariage. Aimez l’Eglise. Certes, elle porte ses rides – c’est compréhensible après deux milles ans. Mais elle est belle et fidèle.

Pour voir l’Eglise en vérité, il faut le regard de la foi qui rend visible ce qui est invisible, c’est-à-dire un mystère, divin et humain à la fois. Comme le disait saint Augustin : ‘Quand je parle d’elle, je ne puis m’arrêter d’en dire du bien’. Et chaque fois que je lui découvre un défaut, la foi le transforme en tache de beauté. Et puis, ce défaut est une ride de ma mère. Et toutes les mères ne portent-elles pas des rides. Mais c’est ma mère, la mienne. Et ses rides ? Si je regarde bien, ce sont aussi les miennes. Nous avons tout reçu de notre Mère, l’Eglise : l’écriture, les sacrements, la splendeur de sa liturgie, la tendresse pastorale qui nous entoure, et surtout nous recevons d’elle d’innombrables frères et sœurs dans la foi et plus encore tous les saints et les saintes.

L’Eglise nous donne surtout la liturgie. C’est là, dans le mystère de la sainte liturgie, que réside la force et le charme de l’Eglise. Lorsque cette liturgie est célébrée dans la ferveur et la beauté, l’Eglise s’y manifeste telle qu’elle est en profondeur. Sobre et grandiose à la fois. C’est la liturgie qui contient sa plus grande force d’évangélisation. Personne n’échappe au charme mystérieux de la divine liturgie. Il se pourrait d’ailleurs que la liturgie deviendra-t-elle le moyen par excellence pour évangéliser dans une culture païenne, indifférente, si pas franchement hostile.

Dans le monde, mais pas du monde

Beaucoup de nos contemporains ne connaissent plus le message de l’évangile. Même son vocabulaire n’est plus compris. Sommes-nous revenus aux premiers temps de l’Eglise où il n’y avait qu’une poignée de chrétiens dans un monde païen et indifférent ? Et aujourd’hui un monde simplement ignorant. Que faire ?

Commençons par développer en nous une saine prise de conscience de notre identité chrétienne. Ce n’est pas de la prétention ni de l’orgueil ; c’est être vrai tout simplement. Comment en effet suivre quelqu’un, s’il n’est qu’une ombre fugitive ? Montrons-nous tout simplement tels que nous sommes : disciples du Christ et porteurs de l’évangile. Sans complexes et sans arrogance. Soyons nous-mêmes. C’est permis, c’est même obligatoire. Car ‘Si la trompette ne rend pas un son clair, qui se préparera à la bataille ?’ (1 Co 14,8), dit saint Paul. Annoncer et pratiquer l’évangile dans toute sa radicalité. Et surtout ne pas en faire un secret.

Mais il faut plus. Prenons part sans aucune réticence à la culture de notre époque : à sa science, ses progrès, son fabuleux développement techniques, sa philosophie, son art, sa sensibilité. Sans doute faudra-t-il aussi et tout autant le don de discernement – tout ce qui est proposé sur le marché de notre culture n’est en effet pas également valable. Mais comment discerner, si l’on se tient à l’écart ?

Les chrétiens vivent dans ce paradoxe : ils sont dans le monde, mais pas du monde. C’est crucifiant par moments. Comme cela l’était pour Jésus : on l’a mis en croix, entre ciel et terre. ‘Il est venu parmi les siens, mais les siens ne l’ont pas accepté’. Il a aimé le monde, mais le monde ne l’a pas aimé. C’est aussi notre croix à nous : être suspendus entre ciel et terre. Mais c’est dans cette position de crucifiés que nous apportons au monde une fore de résurrection.

Jamais un homme n’a parlé comme Celui-là, disait-on de Jésus. Puisse-t-on le dire également de nous, chrétiens, à notre époque. Faut-il crier pour autant? De temps en temps oui, certainement. Mais reste que le prophète Isaïe dit du Serviteur : ‘Il ne criera pas, il n’élèvera pas le ton, il ne fera pas entendre dans la rue sa clameur… (Is 42,2). Il nous faudra le don de parler à notre époque : fermement et sans compromis, mais jamais sur un ton de supériorité ou de mépris; il nous faut le don de parler comme Jésus. ‘Il fut pris de pitié pour les foules, parce qu’elles étaient harassées et prostrées comme des brebis qui n’avaient pas de berger’ (Mt 9,36). Parler à nos contemporains pour servir et non pour dominer.

La grâce du pardon et de la réconciliation

Peut-être encore ceci. Nous chrétiens, nous avons beaucoup à faire pour ce monde : nous engager pour la justice, pour la solidarité, combattre la faim et la violence, sauver notre planète. C’est ce que nous faisons. Mais peut-être le monde a-t-il besoin d’autre chose encore de notre part : la réconciliation et le pardon. Chez nous et ailleurs. Rapprochement et réconciliation entre tant de couleurs, de races et de langues qui vivent ensemble. Peut-être notre pays est-il un laboratoire pour réaliser cette convivialité dans les différences, cette cohésion dans la diversité. Il y a peu d’endroits dans le monde où tant de gens différents cherchent à vivre ensemble. Certes, à la base il faudra toujours le respect du droit et de la justice. Mais le monde ne sera viable que lorsque sur l’humus de la justice et de l’équité, fleurira la plante médicinale qui s’appelle réconciliation et pardon. Que celui qui donne son droit à l’autre, engendre l’autre à la vie ; mais celui qui pardonne ressuscite un mort.

En jetant un regard en arrière sur ma vie d’évêque, je vois ce que j’ai pu réaliser et ce que je n’ai pas pu faire, je vois les succès et les échecs, les occasions que j’ai mises au profit et celles que j’ai manquées, je vois mes dons et mes défauts. Que dire ? Avec le jeune curé dans le roman de Georges Bernanos, Journal d’un curé de campagne, j’ai envie de dire : ‘Tout est grâce’. Est-ce par hasard que s’est aussi une parole de sainte Thérèse de Lisieux : ‘Tout est grâce ‘. Oui, tout est grâce. Merci Seigneur !

+ Godfried Cardinal DANNEELS,

Archevêque de Malines-Bruxelles

Un regard de Saint Paul sur la Vierge Marie ; l’homme, la femme, le Christ, l’Eglise.

12 janvier, 2010

du site:

http://notredamedulaus.over-blog.com/article-30536683.html

Un regard de Saint Paul sur la Vierge Marie ; l’homme, la femme, le Christ, l’Eglise.

Enseignement de la Semaine Sainte à Notre Dame du Laus  

Un regard de Saint Paul sur la Vierge Marie,

 l’homme, la femme, le Christ l’Eglise.  

Pour aborder ce sujet délicat, aujourd’hui encore, sans doute depuis toujours, je vais vous proposer de nous enrichir de la manière dont l’apôtre Paul rapproche l’Eglise de la Vierge Marie. Pour réaliser ce parcours nous entrerons dans les textes du pape Jean-Paul II sur la femme dans l’Eglise (Redemptoris Mater : RM et Mulieris Dignitatem : MD), textes dans lesquels sont cités abondamment les lettres de Saint Paul. Puis, nous lirons les tout premiers chapitres de la Genèse évoquant la place de l’homme et de la femme. En final, nous pourrons retrouver l’expérience propre de Benoîte Rencurel au Laus.  

1- Deux lettres du pape Jean-Paul II.

            Le pape Jean-Paul II a écrit de très beaux textes sur le rôle de la femme dans l’Eglise  dans la société et dans l’Eglise. Nous les retrouvons commentés dans la revue de l’Académie d’Education et d’Etudes Sociales portant sur la différence homme / femme (Annales 2006 – 2007). Une théologienne, Marie Hendrickx, cherche à montrer comment l’encyclique Redemptoris Mater de 1987 et la lettre apostolique Mulieris Dignitatem de 1988 donnent une place première à la femme dans la société et montrent sa vocation au sein de la famille.1 Depuis la famille comme cellule de base de toute société humaine, le Pape aborde alors la vocation même de la femme au sein de l’Eglise.

            Pour le Pape Jean-Paul II, à la suite de l’apôtre Paul, la figure de Marie exprime parfaitement la vocation de la femme. Dans l’épitre aux Galates, Saint Paul écrit : « Quand vint la plénitude des temps, Dieu envoya son Fils né d’une femme, né sujet de la loi, afin de racheter les sujets de la loi et de nous conférer l’adoption filiale. »(Gal 4, 4) Le Pape relie la présence de la Vierge Marie au mystère même, bien sûr, de la naissance du Christ et aussi au mystère non moins important du Salut de tous les hommes. De même, il donnera à Marie un rôle de médiation maternelle puisque c’est par elle que prend naissance auprès des hommes, leur rédempteur. En somme, par la Vierge Marie, se réalise pour l’homme, pour tout homme une nouvelle naissance. Marie, nouvelle Eve, devient alors la mère des vivants, ce qui est déjà la signification du nom d’Eve? Mais ces vivants que nous sommes reçoivent par Marie, la promesse de la vie éternelle. Nous en reparlerons.

            Le Pape Jean-Paul II ira plus loin encore dans sa lettre apostolique, Mulieris dignitatem. Dans cette courte lettre qui veut vraiment éclairer les croyants sur la vocation de la femme, le Pape cherche à présenter « celle qui reçoit l’amour pour aimer à son tour ». Il ne s’agit pas de croire que la femme ne ferait que de subir la domination de l’amour du mâle en vue de transmettre cet amour à ses seuls enfants et de n’en rien garder pour elle-même. Au contraire, le pape permet de découvrir comment la femme est « celle en qui l’ordre de l’amour dans le monde créé des personnes trouve le lieu de son premier enracinement ».2 La dimension de l’amour appartient en effet, à la vie intime de Dieu lui-même, à la vie trinitaire, explique Jean-Paul II. C’est donc la perfection de cet amour qui s’ échange sans fin entre le Père, le Fils et l’Esprit-Saint qui est confié à la femme pour qu’à partir d’elle naissent enfin les fils tant désirés par Dieu.

            Cette affirmation prophétique et magnifique provient de la manière dont le pape lit chez l’apôtre Paul, cette remarque très surprenante pour un lecteur du XXIème siècle : « Les chrétiens doivent être soumis les uns aux autres dans la crainte du Christ » (Eph. 5, 21). Et aussi un peu plus loin : « Les maris doivent aimer leur femme comme le Christ a aimé l’Eglise, pour laquelle il s’est livré. » (v. 25) Dans cette réciprocité des liens entre le Christ et l’Eglise, l’époux est celui qui aime, l’épouse est aimée pour aimer à son tour. Et c’est à partir du modèle que représente le lien invisible qui unit le Christ à l’Eglise que St Paul compare l’homme au Christ et la femme à l’Eglise. Les membres de l’Eglise du Christ sont ainsi appelés à témoigner de l’amour qu’ils reçoivent sans cesse du Christ. L’amour du Christ concerne en fait tous les hommes. Ce sont donc tous les hommes qui sont invités à bénéficier de l’amour que le Christ réserve à l’Eglise.  

            Cela va bien sûr très loin. Poursuivant la comparaison que fait Saint Paul entre la vie du couple et les liens entre le Christ et l’Eglise, le Pape peut avancer que pour lui, la femme peut s’attendre à recevoir de son mari un amour tel que cela doit lui permettre de le redonner à un autre puis à d’autres… De fait, dans le couple, l’amour reçu par la femme ouvre sur la venue des enfants du couple. Aussi, à partir de là, le pape va plus loin et explique alors que la perspective visée par saint Paul est plus universelle que la situation concrète d’un couple humain. En toute personne humaine, les liens avec les autres touchent une part de féminin en elle, une part de masculin en elle. A partir des affirmations de l’apôtre, Jean Paul II perçoit que la femme n’a pas la même position que l’homme dans les rencontres qui la relient aux autres, « du fait même de sa féminité », dit-il. En lisant plus largement toute la Bible, les couples bibliques que nous rencontrons dans les livres de l’Ancien testament mettent moins en scène deux êtres différents que les deux aspects de masculin et de féminin en toute personne humaine. Afin d’illustrer cela dans sa lettre, le Pape étend son étude sur le témoignage de quelques couples bibliques, notamment Adam et Eve puis l’époux et l’épouse, le Christ et l’Eglise et enfin Dieu et l’humanité.

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2- Adam et Eve

            Dans le chapitre 3 de l’encyclique Mulieris dignitatem, Jean Paul II sonde le récit du Livre de la genèse. Mais essayons de lire aussi la proposition d’une femme bibliste, Marie Balmary, pour comprendre la place de l’homme et de la femme dans le processus de la Création. Marie Balmary nous fait entrer dans le mystère de la présence de l’homme et de la femme et de leur lien avec Dieu. Le Pape, lui, nous parle de la place d’Eve auprès d’Adam, disant que la présence de la femme auprès du premier homme lui permet de découvrir non seulement qu’il existe mais qu’il existe pour autrui. L’homme et la femme se donneront l’un à l’autre et se recevront l’un de l’autre. C’est ainsi qu’ils seront à l’image de Dieu, développe Jean Paul II. Parce qu’ils sont communion de l’un à l’autre dans l’amour. Rappelons le propos du Pape  : « Conformément au dessein éternel de Dieu, la femme, avons-nous dit, est celle en qui l’ordre de l’amour dans le monde créé des personnes trouve le lieu de son premier enracinement, l’ordre de l’amour appartient à la vie de Dieu lui-même, à la vie trinitaire. »

            Or, la vie trinitaire, l’amour entre le Père et le fils et avec l’Esprit Saint ne demeure pas enfermé entre les trois personnes de la Trinité. De même pour l’amour qui est échangé entre les deux personnes du couple, l’amour au sein de la vie trinitaire est fécond : « Dieu dit : ‘que la lumière soit et la lumière fut’… » A partir de là, le pape pourra développer comment la femme de Nazareth exprime « la vérité sur la maternité et aussi sur la virginité comme deux vocations de la femme à la  lumière de la révélation divine. » (MD, 7)  

3- Quelques mots sur l’homme et la femme.

            Revenons sur la phrase de Saint Paul : Les maris doivent aimer leur femme comme le Christ a aimé l’Eglise, pour laquelle il s’est livré. » Essayons de comprendre pourquoi l’apôtre s’appuie sur la différence homme/femme pour parler du Christ et de l’Eglise. Pour cela retrouvons le récit de la genèse et notamment les passages suivants : « Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa, homme et femme il les créa. » (Gen 1, 27). Et plus loin, dans le chapitre 2, nous lisons : « Dieu dit : ‘Ce n’est pas bon que l’homme soit seul, je ferai une aide contre lui. » 4 (Gn 2, 18)  

            Pour cette étude, je m’appuie sur une communication de Marie Balmary sur ce sujet 2
 

A – Dieu et l’homme

« Yahvé ordonne à Adam pour dire : « De tout arbre du jardin, tu mangeras, tu mangeras, mais de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, tu ne mangeras pas, oui, du jour où tu en mangeras, tu mourras, tu mourras. » (Gen 2, 16-17) 5

           

            L’interdit posé par Dieu dans ce texte n’a rien d’un interdit social. Dieu demande qu’on ait confiance en la portée de l’interdit qu’il énonce. Si l’on pose comme postulat que Dieu est tout autre que tout ce qui est créé, le Grand Autre parce qu’il est à l’origine de tout mais séparé, différent de toute chose créée, nous pouvons comprendre qu’il porte en lui la Vérité sur tout être. Il énonce une loi en vue de protéger l’homme d’une menace pour lui. Mais quelle est cette menace ? Cette menace est exprimée ici à partir de la possibilité de manger de tous les arbres du jardin. Et, en mangeant de tous les arbres du jardin, l’homme pourrait manger aussi l’arbre de la connaissance du bien et du mal. C’est bien autour du fait de manger que proviendrait la chute conduisant l’homme vers sa mort. Marie Balmary éclaire ce point à partir de cette image de la nourriture que nous consommons : « Manger, c’est dé- différencier. Ce que je mange devient moi et disparaît en moi » 6 En mangeant le fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, je le fais advenir moi-même. Il y a là un problème. C’est de là qu’il faut partir pour comprendre l’interdit posé par Dieu. « Car, explique Marie Balmary, ne pas se manger, entre humains, c’est se connaître bien, c’est se garder et cultiver l’écart, la séparation qui permet de s’écouter, de se parler, sans se confondre. » (Idem) Vis-à-vis de Dieu, il s’agit alors de savoir maintenir la séparation qu’il a installé pour qu’il soit Lui et l’homme un autre. En enfreignant cet interdit, l’homme prendrait le risque de s’engager sur une voie de toute puissance car il croirait connaître parfaitement Dieu en l’assimilant à lui. L’homme mourrait puisqu’il serait seul, ayant assimilé tout ce qui lui est différent. Sa vérité d’être ne s’appuierait pas sur une autre vérité, celle de Dieu, celle de tout autre que lui, mais sur sa seule imagination. Par cet interdit, Dieu offre à l’homme le moyen de se connaître lui-même par le regard que Dieu et tout autre que lui, portent sur lui et son avenir.

            La racine du péché est là. Elle est dans la place que nous accordons à l’autre. Or il est nécessaire de donner une place première à l’autre pour faire alliance avec lui et non pas le manger ou le faire disparaître en soi. C’est en reconnaissant la différence contenue en l’autre et donc une complémentarité avec l’autre qui permet de réaliser une œuvre commune. Le serpent est l’instance qui fait refuser d’accepter Dieu pour tout autre que soi. Il fait figure de celui qui empêche l’accomplissement de toute l’œuvre de Dieu et donc de toute la création.  

            Parlons alors du lien entre l’homme et la femme.  

B – L’homme et la femme.

« Dieu dit : ‘Il n’est pas bon pour le glébeux (Adam) d’être seul ! Je ferai pour lui une aide contre lui’. » 6 (Gn 2, 18) Il s’agit là d’un passage important de la Bible. Car de la condition de mâle et de femelle qui se trouvait être celle des humains parmi l’ensemble des espèces de la Création, il apparaît là, soudainement l’homme et la femme. Comment est exprimé le déplacement mâle-femelle vers la présence de l’homme et de la femme ?

            Cela a commencé juste après l’interdit dont nous venons de parler. Dieu dit : « Il n’est pas bon que l’homme soit seul, faisons-lui une aide ». (Gn 2,7) Littéralement, il faut lire : Dieu fait une aide contre Adam. A cet homme mâle, issu de la glaise du sol, Dieu va se mettre à chercher qui pourrait se placer « contre lui », c’est-à-dire en vis-à-vis différencié et immangeable, suivant ce qui est interdit plus haut. Dans ce sens, les animaux ne conviennent pas. Alors il plonge le glébeux, Adam, dans un sommeil. Suivant les psychanalystes, c’est précisément dans le sommeil que, « tout homme  qui dort va chercher son désir dans le rêve. » 7 Aussi, explique Marie Balmary, justement, l’Adam s’est endormi à la recherche de l’autre, à la recherche d’un autre pour qu’il puisse parler avec lui – et non pas seulement « parler à », ce qu’il a fait pour les animaux juste auparavant, en les nommant.’- Ainsi, Adam se met à parler vraiment avec une autre, c’est-à-dire celle, qui restera pour toujours différente de lui, non-mangeable. Il va recevoir de Dieu un être qui ne vient pas de la terre mais qui vient de lui, de son désir le plus profond (la côte, la chair de sa chair), d’avoir auprès de lui quelqu’un avec qui il puisse parler en vérité. « L’homme et la femme adviennent donc ensemble et l’un par l’autre », dit encore Marie Balmary. Dieu ne fait que les présenter l’un à l’autre comme lors du mariage où un témoin de Dieu prend les deux mains du couple et les unit leur proposant de se déclarer leur choix l’un de l’autre.  

4 – Dieu et l’homme.

            La manière dont Dieu cherche à maintenir une séparation toute nécessaire entre lui et Adam est aussi la manière dont l’homme et la femme auront à maintenir une différenciation, une distinction nécessaire entre eux en vue de vivre ensemble une alliance. L’homme mâle et l’homme femelle deviennent mari et épouse en se parlant, en échangeant une parole. Cette alliance fragile, toujours remise en question entre l’homme et la femme n’est pas non plus une coalition en vue de dominer sur l’œuvre de Dieu, suivant ce qu’illustre le récit de la Tour de Babel. Entre l’homme et la femme le projet rejoint le désir même de Dieu de permettre à l’homme de participer pleinement à sa vie trinitaire, à son œuvre d’amour. C’est ainsi que Saint Paul comprendra le lien entre le Christ et l’Eglise.

            « Quand vint la plénitude des temps, ‘Dieu envoya son Fils, né d’une femme’ » (Gal 4, 4). Le Pape Jean-Paul II fait de cette phrase de Saint Paul le sommet de sa lettre sur « La dignité de la femme ». En effet, lorsque Saint Paul parle de la « plénitude des temps », il insiste sur ce moment où Dieu décide de réaliser son projet. Et cette réalisation ultime passe par une femme d’une part, par le Fils de Dieu d’autre part. Jean-Paul II écrit : « L’événement de Nazareth met en relief une forme d’union à Dieu qui ne peut pas appartenir qu’à la femme » (MD 4). L’union à Dieu est une initiative de Dieu et une réponse entière de la vierge de Nazareth. De cette union entre Dieu et la femme il naît le fils même de Dieu, rendant ainsi la vierge de Nazareth mère de Dieu, puisque le fils de Dieu ne peut être autre que Dieu, même s’il est aussi pleinement homme par Marie. C’est donc le Christ qui sera le lien entre Dieu et la femme, qui unira finalement tous les hommes avec Dieu. Or, le Christ est Parole de Dieu. De même qu’entre Adam et Eve, la parole échangée leur permit d’unir leur vie sans manger l’autre. De même, c’est par le Christ que les hommes et Dieu sont réunis sans que l’homme puisse aller jusqu’au projet de se substituer à Dieu. C’est ainsi, par le don de la parole, le don du Christ entre les hommes que ceux-ci peuvent s’accomplir pleinement non plus mâle et femelle mais comme homme et femme à l’image et à la ressemblance de Dieu. Dieu parle à l’homme par son fils. L’homme parle à Dieu par Jésus-Christ, fils de Dieu. C’est-à-dire que par le verbe qui devient chair, l’homme est uni à Dieu, définitivement. L’homme est Dieu mais Dieu reste Lui-même et l’homme reste lui-même. « Ceux à qui la Parole de Dieu s’adressait, la Loi les appelle des dieux ; et l’Ecriture ne peut être abolie » dit Jésus (Jn 10, 34-35)  

5- Le Christ et l’Eglise.

      Il y a donc « mariage », dit le Pape entre Dieu et Marie et, à travers Marie en tant que femme, il y a mariage entre Dieu et l’homme, c’est-à-dire avec tous les hommes. De cette union entre Dieu et Marie, il naît le Christ-Jésus. La tâche de Jésus a été, nous le savons, de réaliser l’œuvre de son Père qui est de racheter tous les hommes. (Jn 10, 37) Or, c’est aujourd’hui l’Eglise par les successeurs des apôtres et la vie des sacrements qui continue l’œuvre de Dieu en rassemblant tous les hommes en vue de les unir à Dieu. Nous sommes donc, hommes et femmes, appelés à nous rassembler, à faire Eglise, en vue de témoigner de l’union de tous en Christ. S’inspirant du livre de l’apocalypse qui montre une femme située entre le ciel et la terre dont l’enfant qui vient de lui naître est menacé par un dragon, Pierre Claverie, qui deviendra évêque d’Alger puis assassiné en 199?, écrivait ceci en 1988, à partir de l’encyclique de Jean-Paul II : « L’enfant – ainsi menacé d’être englouti par le dragon – est en même temps Jésus et l’Eglise. Nous sommes toujours à la limite entre Marie et l’Eglise : cette vision évoque en même temps Marie qui accouche de cet homme nouveau, et cet homme nouveau, l’Eglise, toujours en danger d’être à nouveau avalé par la mort, par le mal. » 8 De quel homme nouveau parle Pierre Claverie ? Il s’agit de l’homme nouveau dont nous parle Saint Paul et qui est la distinction entre l’Eglise et le monde :  » Je vous dis donc et vous adjure dans le Seigneur de ne plus vous conduire comme le font les païens, avec leur vain jugement et leurs pensées enténébrées : ils sont devenus étrangers à la vie de Dieu à cause de l’ignorance qu’a entraînée chez eux l’endurcissement du cœur, et, leur sens moral une fois émoussé, ils se sont livrés à la débauche au point de perpétrer avec frénésie toute sorte d’impureté.

Mais vous, ce n’est pas ainsi que vous avez appris le Christ, si du moins vous l’avez reçu dans une prédication et un enseignement conformes à la vérité qui est en Jésus, à savoir qu’il vous faut abandonner votre premier genre de vie et dépouiller le vieil homme, qui va se corrompant au fil des convoitises décevantes, pour vous renouveler par une transformation spirituelle de votre jugement et revêtir l’Homme nouveau, qui a été créé selon Dieu, dans la justice et la sainteté de la vérité. » (Ephésiens 4, 17-24) Cet homme nouveau est sans cesse menacé d’être mangé par le dragon, menacé d’être assimilé par le mal et disparaître dans le mal. Parlons-en encore.            

6- L’homme ancien et l’homme nouveau.

            La vierge Marie, en répondant parfaitement à l’ange : « Je suis la servante du Seigneur, qu’il m’advienne selon ta parole  » (Lc 2, 38) manifeste parfaitement ce que tout homme peut vivre en lui : l’union parfaite avec Dieu. Mais, de même que l’Eglise n’est pas le monde et que le monde n’est pas l’Eglise, il y a en l’homme une vie en Christ, totalement unie à Dieu et une part qui demeure attachée au monde. Cette séparation est un combat intérieur en tout homme. Et ce combat au cœur de la vie de chacun est la raison de la venue du Christ. Le Christ est venue pour permettre non pas le rejet du monde par l’Eglise, non pas le rejet de la part humaine par la dimension divine en chacun mais il est venue pour que le monde tout entier, l’homme tout entier bénéficie du salut. Pierre Claverie cite là un mystique musulman, Rûmi, qui parle ainsi de ce mystère : « De même que l’Esprit saint insufflé en Marie, lui a fait concevoir l’enfant divin, lorsque la parole de Dieu pénètre dans le cœur de quelqu’un et que l’inspiration divine emplit son cœur et son âme, sa nature est telle qu’alors est produit en lui un enfant spirituel ayant le souffle de Jésus qui ressuscite les morts. L’appel de Dieu, qu’il soit voilé ou non, octroie à l’homme ce qu’il a octroyé à Marie. Ô vous qui êtes corrompus par la mort à l’intérieur de votre corps, revenez de la non-existence à la voix de l’Ami. En vérité, cette voix vient de Dieu. » (o.c. p. 207). Là aussi, l’homme peut demeurer lui-même par la voix qui lui vient du Père.            

7- l’homme et la femme, l’époux et l’épouse.

            Nous savons maintenant par l’apôtre Paul que le Christ est l’époux et l’Eglise est l’épouse. Mais nous naissons tous homme ou femme. Nous pourrions demeurer ainsi, dans ce statut de mâle et de femelle à la recherche de notre nourriture en vue d’engendrer la génération suivante. Il n’y a en cela ni mal, ni bien. Toute la nature est organisée ainsi, suivant un ordre naturel. Mais, l’Ecriture biblique dévoile le mystère de ce qui distingue l’homme et la femme du reste de la création, une alliance avec le divin, une invitation à accéder à l’éternité : « C’est pour que nous devenions libres que le Christ nous a libérés », rappelle encore Saint Paul (Gal 5,1) qui écrivait juste avant : « Vous êtes tous fils de Dieu par la foi en Christ Jésus » (4, 26). N’est-ce pas lorsque l’homme et la femme comprirent les conséquences de leur compromission avec le serpent qu’ils éprouvèrent le besoin de se vêtir : « alors qu’ils étaient nus »(Cf. Gn 3, 6-7). Ils n’avaient pas jusque là le moyen de découvrir qui ils étaient l’un en vis-à-vis de l’autre. Pour ne pas mourir, c’est-à-dire pour ne pas être mangé ou assimilé, il est indispensable de mettre entre soi et tout autre la parole de Dieu, le Christ. Le Christ est le verbe de Dieu (Jn 1, 1-8). Il est cette parole issue de Dieu qui apporte vers l’homme  la source jaillissante en vie éternelle : « Si tu savais le don de Dieu et qui est celui qui te dit : Donne-moi à boire, c’est toi qui l’aurais prié et il t’aurait donné de l’eau vive. » (Jn 4, 10) Là femme à qui Jésus s’adresse est la samaritaine. Dans ce dialogue autour d’un puits n’avons-nous pas l’illustration de tout notre mystère du lien entre l’homme et la femme mais aussi celui du lien entre le Christ et l’Eglise ?

            Toute femme est appelée à vivre l’expérience de Marie de Nazareth. Elle représente l’humanité en temps qu’espèce humaine au milieu de toutes les autres espèces de la création. Mais c’est par une femme que naît Jésus, le fils de Dieu; c’est au sein de l’humanité que le fils de Dieu vient prendre chair. Ainsi, le récit de la Genèse place la femme en face de l’homme comme une aide pour que l’homme s’accomplisse parfaitement dans le projet que Dieu porte sur lui, celui d’être élevé comme fils de Dieu. C’est ce qui doit naître du dialogue et de la relation entre l’homme et la femme : l’enfant qui naît de ce lien, n’est donc pas destiné à prolonger l’espèce humaine mais, suivant ce que Saint Paul nous enseigne, l’enfant qui vient est appelé à advenir fils de Dieu.  

8- L’enfant qui naît de l’homme et de la femme.

Comme l’homme se donne à la femme, le Christ se donne à l’humanité. De ce qui est échangé entre l’homme et la femme, naît l’enfant. De ce qui est échangé entre le Christ et l’humanité, il naît l’Eglise. Mais ce parallèle ne suffit pas pour comprendre comment l’homme devient fils de Dieu. Saint Paul dit ceci :  » Ainsi donc, désormais nous ne connaissons personne selon la chair. Même si nous avons connu le Christ selon la chair, maintenant ce n’est plus ainsi que nous le connaissons. Si donc quelqu’un est dans le Christ, c’est une création nouvelle : l’être ancien a disparu, un être nouveau est là. Et le tout vient de Dieu, qui nous a réconciliés avec Lui par le Christ et nous a confié le ministère de la réconciliation. Car c’était Dieu qui dans le Christ se réconciliait le monde, ne tenant plus compte des fautes des hommes, et mettant en nous la parole de la réconciliation. Nous sommes donc en ambassade pour le Christ ; c’est comme si Dieu exhortait par nous. Nous vous en supplions au nom du Christ : laissez-vous réconcilier avec Dieu. Celui qui n’avait pas connu le péché, Il l’a fait « péché » pour nous, afin qu’en lui nous devenions justice de Dieu. » (2 Cor 5, 16-21). Mais le Livre de l’Apocalypse décrit la menace qui survient contre ce fils de Dieu par le dragon et la bête. L’invitation est là, la menace pèse encore.  

9- Benoîte Rencurel : une aide donnée aux hommes et aux femmes de son temps.

Jean-Paul II conclut ainsi son encyclique : « La femme est celle qui est aimée pour aimer à son tour ». On comprend par là que le Pape  a le souci de montrer à la suite de Saint Paul les liens entre le rapport homme-femme et ceux du Christ en tant qu’il est Dieu, avec l’Eglise.

C’est là toute l’expérience vécue par Benoîte Rencurel dans cette vallée alpine au 17ème siècle. En deux mots, Benoîte a reçue la visite d’une belle dame qui a commencé par lui sourire. Accompagnée d’un enfant de cinq ou six ans, cette belle dame resta silencieuse pendant deux mois durant lesquels la jeune paysanne âgée de 17 ans au début de ces apparitions mariales vint chaque jour recevoir la douceur du regard qu’elle rencontrait chaque jour. C’est ensuite que débuta pour cette jeune femme rustre une véritable éducation qui lui permit de découvrir en elle sa vie de fille totalement éprise de Dieu. C’est alors qu’elle s’est mise à servir les hommes et les femmes qui venaient à elle. Mais elle ne les servit pas simplement pour leur apporter la guérison physique qu’ils lui réclamaient le plus souvent. Elle vient à eux comme la femme du livre de la Genèse fut donnée à l’homme comme une aide pour que chacun et chacune advienne un enfant de Dieu. Pour réaliser cela, elle leur dévoilait les obscurités de leur cœur, leurs péchés, en somme, et elle leur recommandait d’aller voir un prêtre pour recevoir le sacrement du pardon.  Les contemporains de Benoîte en étaient reconnaissants. Car en recevant le Christ, ils quittaient quelque chose dans leur vie d’homme ou de femme pour devenir des enfants de Dieu. De fait, Benoîte remplissait dans ce ministère, sa vocation de chrétienne. Elle donnait sa part à la construction de l’Eglise du Christ. Benoîte, sa sainteté, la rigueur extraordinaire de son ascèse nous introduit dans les trois jours saints qui précèdent la grande fête de Pâques. La sainteté se vérifie sûrement dans la dépossession des choses du monde pour découvrir ce qui demeure caché aux yeux et aux oreilles.

Père Bertrand Gournay 

Conclusion:

En effet, les événements de ces trois jours saints dévoilent tout le mystère de l’homme et de son union avec Dieu. Par le jeudi Saint, nous allons entrer dans le mystère de l’Eucharistie. En donnant sa chair à manger, le Christ consent librement à se laisser assimiler par nous afin que nous allions jusqu’à Dieu et soyons divinisé. Par la souffrance de la Croix, le Christ prend sur lui, toute la charge de l’homme ancien et de l’humanité pas encore accomplie en fils de Dieu. Par le silence du samedi Saint, le Père du Ciel offre sa patience afin que l’homme ait le temps de se laisser réconcilier avec lui-même et retrouve sa vocation première. A l’approche de la victoire de la vie sur la mort, l’homme peut entendre résonner en lui ces mots d’une homélie des premiers siècles de l’Eglise : « C’est pour toi que moi, ton Dieu, je suis devenu ton fils; c’est pour toi que moi, le Maître, j’ai pris ta forme d’esclave; c’est pour toi que moi qui domine les cieux, je suis venu sur la terre et au-dessous de la terre; c’est pour toi, l’homme que je suis devenu comme un homme abandonné, libre entre les morts; c’est pour toi, qui es sorti du jardin, que j’ai été livré aux juifs dans un jardin et que j’ai été crucifié dans un jardin » 9  

Notes :

1 : Cf. p. 99-111
2 : o.c. p. 103.
3 : In Homme et femme Il les créa p 12-23
4;  5; 6 : Trad. Chouraqui
7 : Marie Balmary, idem, p. 19
8 : P. Claverie, Marie, la vivante, sept jours de retraite avec Marie, cerf, 2008, p. 205-206
9 : homélie ancienne pour le samedi saint, Livre des jours, DDB, p. 326

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