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L’ESPÉRANCE DANS L’ÉPREUVE (RM 5,5; EP 1,18-20) – FR. JEAN LÉVÊQUE, OCD

15 septembre, 2015

http://j.leveque-ocd.pagesperso-orange.fr/elpis.htm

L’ESPÉRANCE DANS L’ÉPREUVE (RM 5,5; EP 1,18-20)

FR. JEAN LÉVÊQUE, OCD

Pour introduire la deuxième année préparatoire au grand Jubilé de la rédemption, année « spécialement consacrée à l’Esprit Saint et à sa présence sanctificatrice à l’intérieur de la communauté des disciples du Christ », le pape Jean-Paul II écrivait: « Il importera de redécouvrir l’Esprit comme Celui qui construit le Royaume au cours de l’histoire et prépare sa pleine manifestation en Jésus Christ, en animant les hommes de l’intérieur et en faisant croître dans la vie des hommes les germes du salut définitif qui adviendra à la fin des temps. Dans cette perspective eschatologique, les croyants seront appelés à redécouvrir la vertu théologale de l’espérance, dont ils ont ¢naguère entendu l’annonce dans la Parole de vérité, l’Évangile’ (Col 1,5) »( A l’approche du troisième millénaire, 44.46).
Pour mieux replacer le vécu de nos communautés sur cet axe d’un effort proposé à l’Église tout entière, méditons un court verset de saint Paul (Rm 5,5) qui unit étroitement les deux thèmes de l’Esprit et de l’espérance.
Saint Paul commence (v.1-4) par nous resituer dans notre existence réelle de croyants:

1 Ayant donc été justifiés par la foi,
nous avons la paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus Christ;
2 par lui nous avons accès à cette grâce où nous sommes établis,
et nous mettons notre fierté dans l’espérance de la gloire de Dieu.
3 Ce n’est pas tout: nous mettons aussi notre fierté dans les tribulations,
sachant que la tribulation produit la constance,
4 la constance la vertu-éprouvée,
la vertu-éprouvée l’espérance.
Ainsi déjà nous avons été justifiés: en réponse à notre foi, Dieu a fait de nous des justes, des croyants a-justés maintenant à son plan d’amour. Déjà nous sommes en paix avec Dieu, par notre Seigneur Jésus Christ: nous avons été réconciliés avec Dieu par la mort de son Fils (v.10). Déjà nous sommes établis dans la grâce, dans la faveur et l’amitié de Dieu; et déjà nous pouvons espérer la vie future, le salut final: nous sommes sauvés par la vie du Fils (v.10) et promis à la gloire de Dieu (v.2b).
Mais l’aujourd’hui du chrétien et de la communauté est fait également de « tribulations », c’est-à-dire de détresses, d’afflictions, et d’épreuves apostoliques. Dans l’Ancien Testament, le mot thlipsis, traduit ici par « tribulation », « désigne surtout les tribulations du peuple et des hommes pieux. Ainsi, dans les Psaumes, il vise les malheurs du juste (Ps 37,19; 50,15). Dans le judaïsme, les détresses sont un signe de la fin des temps (l’ère messianique ne s’instaure qu’après les douleurs de l’enfantement), la tribulation doit encore venir. Pour les chrétiens, elle est venue, l’ère eschatologique est déjà là: dans le Nouveau Testament, et spécialement chez Paul, le mot jour un grand rôle. La condition des fidèles, et surtout des apôtres, est de connaître la tribulation (cf. Ac 11,19; 17,5s; 2 Co 1,4s; Ph 4,14). C’est même une condition à laquelle les missionnaires et les fidèles ne peuvent échapper (Jn 16,33; Ac 14,22; 1 Th 3,3). À la tribulation s’attache, dans le Nouveau Testament, une note eschatologique perceptible en plusieurs textes (Mt 24,9-28; Ap 1,9; 7,14). Paul veut dire (ici en Rm 5) que le croyant ne met son orgueil ni dans les détresses considérées en elles-mêmes, ni dans les efforts qu’il ferait pour les surmonter; il place toute son assurance dans la grâce de Dieu qui se déploie précisément dans la faiblesse de l’homme (2 Co 12,9s) » (TOB 461c).
Notre espérance de la gloire de Dieu est donc à vivre dans la tribulation. Mais nous ne sommes pas sans appui: parce que nous sommes justifiés, réconciliés, admis à la gloire de Dieu, nous avons droit à une vraie fierté, dont saint Paul parle à trois reprises dans ce passage de Rm 5:
- au verset 11, il s’agira de notre « fierté en Dieu par notre Seigneur Jésus Christ »;
- au verset 2b, Paul se montre plus précis, et parle de « notre fierté dans l’espérance de la gloire de Dieu ». C’est la fierté qui regarde l’avenir.
- au verset 3a, l’expression est paradoxale: il s’agit de notre fierté dans les tribulations. C’est la fierté pour aujourd’hui.
Dans la pensée de Paul, c’est donc bien notre fierté en Dieu qui doit demeurer au milieu des tribulations. Nous ne pouvons être fiers de nous, car par nous-mêmes, nous sommes « sans force » (v.6) pour assumer les détresses; mais nous nous appuyons sur la grâce et la faveur de Dieu, sur sa puissance qui se déploiera dans notre faiblesse (2 Co 12,9s), sur l’espérance que Dieu donne et la certitude de rejoindre sa gloire.
Nous découvrons alors un chemin qui va de la tribulation à l’espérance.
Notre foi, certes, se heurte à des contradictions, à des incompréhensions, à des handicaps. Le fossé se creuse parfois douloureusement entre ce que nous attendons et ce que nous devons affronter, entre ce que nous serons et notre condition actuelle. Mais selon Paul nous allons déjà de succès en succès. La première victoire du cro­yant, dans l’épreuve, sera la constance (hypomonè) : la force à souffrir, le courage pour tenir le choc; et la seconde sera une victoire sur l’usure, la dokimè, c’est-à-dire un test réussi dans la durée, une « vertu-éprouvée ». Et ces deux victoires au cœur de l’épreuve sont déjà la mise en œuvre de l’espérance, parce que tout au long de ce combat le croyant se voit contraint d’en appeler à la fidélité de Dieu.
Ainsi, c’est la même espérance chrétienne qui attend de Dieu la gloire pour l’au-delà et qui oriente l’aujourd’hui vers Dieu qui promet et qui tient ses promesses. Nous touchons là l’un des paradoxes du salut dans le Christ: le salut final, sous sa forme eschatologique, demeure objet d’espérance (Rm 8,24), mais il est sans cesse anticipé dans l’aujourd’hui du chrétien justifié. Notre foi chrétienne anticipe la gloire; la gloire illumine pour nous la vie quotidienne.
Notre espérance n’est donc pas détruite, mais renforcée par la tribulation. Elle se traduit déjà, dans l’aujourd’hui, par la constance; elle se « teste » au long de notre vie concrète.
Cette espérance, courageuse et victorieuse, ne saurait tromper ni mener à l’échec. Elle ne nous laissera jamais devant Dieu sans assurance; nul n’aura jamais à en rougir.
Pourquoi ne peut-elle décevoir? La réponse de Paul est surprenante:
v.5 « parce que l’amour de Dieu a été versé dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné ».
L’amour a été versé et demeure versé (ekkechutai): c’est le résultat durable d’une action passée. Mais qu’est-ce que Paul entend ici par « l’amour de Dieu »?
On pourrait comprendre: l’amour que nous avons pour Dieu. En ce cas l’Esprit Saint nous donne d’aimer Dieu; il atteste en nous que notre amour pour Dieu n’est pas vain. Puisque nous pouvons aimer Dieu, cela nous garantit l’espérance que nous mettons en lui.
Mais là n’est pas le vrai sens. En réalité Paul veut dire: « l’amour que Dieu a pour nous a été répandu dans nos cœurs ». Cela est déjà vrai au niveau de l’expérience intime: l’Esprit Saint fait grandir en nous la certitude que nous sommes aimés de Dieu, et cela rend notre espérance plus assurée: cet amour que Dieu nous porte garantit la fidélité à ses promesses. Cependant la phrase de Paul se vérifie également à un niveau plus fondamental, celui de la présence directe de l’Esprit Saint, antérieurement à notre certitude et indépendamment de la conscience que nous en prenons. En nous donnant le Saint-Esprit, selon le dessein de son amour, Dieu déjà commence d’accom­plir sa promesse. En l’Esprit qui nous habite, nous tenons déjà l’objet de notre espérance autant qu’il peut se faire ici-bas, et nous anticipons la possession de la gloire. En l’Esprit qui nous a été donné, notre espérance est déjà certaine; l’Esprit Saint garantit lui-même en nous l’amour que Dieu nous porte et la promesse qu’il nous fait.
L’Esprit Saint est donc un acompte sur la vie éternelle, comme Paul le dira en Ep 1,14: « Vous avez été marqués d’un sceau par l’Esprit promis, l’Esprit Saint, ces arrhes de notre héritage ».
Notre raison d’espérer, c’est que le Dieu d’amour agit déjà en nous par son Esprit; et à l’amour de Dieu, ainsi attesté et garanti par la présence active de l’Esprit Saint, « rien ne pourra jamais nous arracher » (Rm 8,35.39).
Cet amour que Dieu nous porte, l’Esprit Saint l’a versé « dans notre cœur ».
Le cœur (hb: leb; grec: kardia) est le terme le plus riche et le plus souple dont disposent l’Ancien Testament et l’ensemble de la Bible pour décrire l’intériorité de l’homme et spécialement du croyant. Le cœur se présente comme le concept le plus synthétique pour désigner le sujet de l’expérience spirituelle, et celui qui met le mieux en relief la prédominance de la volonté dans la psychologie biblique. À la fois conscience et mémoire, intuition et énergie, force de permanence et tension vers le but, à la fois réceptif, puisqu’il est le point de résonance de tous les affects, et créatif, puisqu’en lui les impressions et les idées se muent en décisions et en projets, le cœur est le tout de l’homme intérieur et le lieu privilégié du risque de la foi.
L’amour de Dieu pour nous saisit donc l’homme au plus intime de son être, au plus profond de son intelligen­ce, de sa volonté et de son affectivité, en ce centre qui n’est accessible qu’à Dieu et son Esprit (Rm 8,27). Dès lors cette agapè que Dieu nous porte va être pour nous objet de connaissance, d’expérience intérieure, d’attachement volontaire; et c’est toujours à cet amour de Dieu qu’il nous faut revenir pour trouver de nouveau, en pleine tribulation, la racine et la garantie de notre espérance, ainsi que nos raisons d’avancer vers la gloire promise.
Ces intuitions pauliniennes peuvent enrichir et illuminer comme de l’intérieur nos réflexions touchant le présent et l’avenir de nos communautés.
1. Il n’y a pas d’espérance véritable qui ne pointe, en définitive, vers la gloire de Dieu que nous aurons en partage. Toute espérance pour la prière, la mission ou la vie quotidienne de nos communautés est à replacer fidèlement sur l’horizon de la gloire, car cette gloire est le projet ultime de Dieu pour tous les hommes. L’horizon de la gloire, c’est celui que scrutent tous les croyants; et notre espérance carmélitaine n’est jamais séparable de l’espérance du Corps du Christ tout entier. « Nous mettons notre fierté dans l’espérance de la gloire de Dieu ».

2. Les tribulations de nos communautés non seulement trouvent leur sens face à l’horizon de la gloire, mais sont très concrètement, pour nous, une invitation à l’espérance. Les épreuves appellent une confiance mise en Dieu seul. Chacune de nos détresses devient un point d’impact de la puissance de Dieu, qui se déploie dans notre faiblesse. « Nous mettons notre fierté également dans les tribulations ».
3. L’espérance de la gloire, loin de démobiliser les communautés, ranime les forces de chaque sœur pour préparer et hâter l’avènement définitif du Règne de Dieu; et cela prend place au quotidien dans le cœur de chacune et dans la communauté porteuse du charisme thérésien. L’Esprit Saint, animant de l’intérieur chaque sœur et chaque communauté, fait croître jour après jour « les germes du salut définitif qui adviendra à la fin des temps ».
4. Nous avons à réagir, personnellement et communautairement, contre les impressions négatives d’échec, d’illusion ou de déception. « L’espérance ne déçoit pas », elle ne trompe pas, ne débouche pas sur la tristesse ou sur la démission. Il nous faut donc consentir cette ascèse de la mémoire que saint Jean de la Croix met en rapport avec l’espérance, afin de ne rien laisser entrer en nous et dans l’espace communautaire qui puisse entamer la joie de servir et de louer. « Alors la paix de Dieu, qui surpasse toute intelligence, montera la garde à l’entrée de nos cœurs et de nos pensées dans le Christ Jésus » (Ph 4,7).
5. Pour revenir à des perspectives d’espérance, pour replacer tout notre vécu et tous nos projets sur l’horizon de la victoire et de la réussite de Dieu, il faut nous offrir à l’action de l’Esprit qui verse dans nos cœurs l’amour que Dieu nous porte en Jésus Christ. Toutes nos initiatives de dialogue et de charité constructive rejoindront alors l’amour de Dieu en acte dans nos vies et dans nos communautés. Et l’Esprit Saint sera lui-même le garant de notre espérance communautaire comme il est déjà le lien vivant entre les sœurs.
² Partons maintenant, pour compléter notre méditation, d’un deuxième texte paulinien, l’épître aux Éphésiens 1,17-19.
« Daigne le Dieu de notre Seigneur Jésus-Christ, le Père de la gloire, vous donner un esprit de sagesse et de révélation qui vus le fasse vraiment connaître! Puisse-t-il illuminer les yeux de votre cœur pour vous faire voir quelle espérance vous ouvre son appel » (littéralement: « quelle est l’espérance de votre appel, l’espérance liée à votre appel »), quels trésors de gloire renferme son héritage parmi les saints et quelle extraordinaire grandeur sa puissance revêt pour nous, les croyants, selon la vigueur de sa force ».
Cette insistance sur une pénétration personnelle dans le mystère de Dieu est typique des dernières épîtres de Paul. Au début de son ministère, dans ses grandes épîtres, il réclamait de ses disciples la foi; mais cette foi était, à ses yeux, un engagement global de la personne envers le Christ. Dans les épîtres de la captivité, Paul se soucie davantage de la compréhension toujours nouvelle que chaque disciple doit avoir de Dieu et de son œuvre de salut; et cette entrée dans le mystère et le projet de Dieu se réalise grâce à une révélation: le Père de a gloire illumine lui-même les yeux de notre cœur.

² Partons maintenant, pour compléter notre méditation, d’un deuxième texte paulinien:

l’épître aux Ephésiens 1,18s.
« Daigne le Dieu de notre Seigneur Jésus Christ, le Père de la Gloire, vous donner un esprit de sagesse et de révélation, qui vous le fasse vraiment connaître! Puisse-t-il illuminer les yeux de votre cœur pour vous faire voir quelle espérance vous ouvre son appel » (littéralement: « quelle est l’espérance de votre appel, l’espérance liée à votre appel »), quels trésors de gloire renferme son héritage parmi les saints et quelle extraordinaire grandeur sa puissance revêt pour nous, les croyants, selon la vigueur de sa force ».
Cette insistance sur une pénétration personnelle dans le mystère de Dieu est typique des dernières épîtres de Paul. Au début de son ministère, dans ses grandes épîtres, il réclamait de ses disciples la foi; mais cette foi était, à ses yeux, un engagement global de la personne envers le Christ. Dans les épîtres de la captivité, Paul se soucie davantage de la compréhen-sion toujours nouvelle que chaque disciple doit avoir de Dieu et de son œuvre de salut; et cette entrée dans le mystère et le projet de Dieu se réalise grâce à une révélation: le Père de la gloire illumine lui-même les yeux de notre cœur.
Le Dieu qui a dit au début du monde: « Que du sein des ténèbres brille la lumière » est celui qui a brillé dans nos cœurs, expliquait Paul en 2 Co 4,6; et cette lumière de Dieu en nous révèle « la gloire de Dieu qui est sur la face du Christ ». D’après notre texte d’Ephésiens 1,18s, cette même lumière de Dieu qui illumine les yeux de notre cœur nous découvre trois choses:

- l’espérance qui nous est offerte,
- les trésors de gloire qui nous attendent,
- la puissance que Dieu a déployée en la personne du Christ.
Et les trois sont liées: l’objet à espérer, ce sont les trésors de gloire, et ces trésors de gloire nous viennent par la vigueur de la force de Dieu qui a ressuscité le Christ d’entre les morts.
Touchant l’espérance au quotidien, il faut souligner le lien que Paul établit entre l’espérance et l’appel du Seigneur. Quand les yeux de notre cœur sont illuminés, nous découvrons « quelle est l’espérance de notre appel », et donc qu’une espérance vivante s’enracine dans notre vocation, que l’espérance nous renvoie toujours à notre vocation, et que notre vocation nous ren-voie toujours à l’espérance.
Ailleurs, dans le texte majeur de Rm 5,5, Paul affirmait à l’instant: « L’espérance ne déçoit point, parce que l’amour de Dieu a été répandu en nos cœurs par le Saint-Esprit qui nous a été donné ».
Ces textes de Paul, en prise directe sur le mystère de la vie chrétienne éclairent à la fois notre espérance personnelle et notre espérance ecclésiale ou communautaire.
Au niveau personnel, chacun est habité par un grand nombre d’espoirs à court et moyen termes: l’espoir de réussir telle tâche, de se voir confier telle réalisation, l’espoir d’occuper telle place dans l’estime ou l’affection des autres, ou de faire reconnaître ou prévaloir des convictions très chères. Mais ces espoirs sont souvent déçus, contrariés par les circonstances, gênés ou réduits à néant par les projets des autres.
L’espérance, elle, n’amène jamais de déception,
- parce qu’elle ne vise pas la réalisation d’un projet humain, mais l’accomplissement du projet de Dieu sur l’homme: la gloire, et pas moins que la gloire;
– parce qu’elle s’appuie, non pas sur les forces ou l’habileté des hommes, mais sur la puissance de Dieu, celle qu’il a déployée et qu’il déploie sans cesse en Jésus Christ,
– parce qu’elle grandit en nous en même temps que l’amour et accompagne la présence de l’Esprit,
– parce qu’elle s’enracine en nous aussi profond que l’appel reçu de Dieu, celui du baptême et celui du Carmel.
D’où vient, alors, que nous nous lassons d’espérer? Souvent, c’est parce que nous nous trompons d’espérance: nous espérons parce que nous avons des raisons humaines de faire confiance à l’avenir: nous voyons déjà des chemins, des moyens, des assurances. Mais « voir ce qu’on espère, ce n’est plus espérer » (Rm 8,24). La véritable espérance est espérance en Dieu, en la force et en l’amour du Dieu fidèle. Espérer, c’est « attendre avec constance » ce qui viendra de Dieu, même si Dieu le fait advenir à travers nos efforts de pensée et d’ac­tion.

Quand nous sommes déroutés, déçus ou désabusés, c’est souvent que notre espérance n’est plus de niveau avec notre foi et notre amour, et qu’elle est retombée au niveau de l’espoir. Ce n’est plus alors l’espérance « ouverte par notre appel », ce ne sont plus « les yeux illuminés du cœur  » qui regardent l’avenir, ce n’est plus « la vigueur de la force de Dieu  » que nous laissons agir, et notre cœur guette d’autres richesses que « les trésors de gloire » enclos dans l’héritage de Dieu.
Le jour où, avec une joie venue d’en haut, nous avons répondu à l’appel, nous avons fait nôtre le projet de Dieu sur le monde, nous avons pris résolument la route de la gloire, qui ici-bas est la route de l’amour, et ce jour-là est née au creux de nous-mêmes une espérance très forte et très douce, celle-là même que Jésus nous propose de nouveau à chacune de nos conversions, à chacun de nos fiat, quand il vient « illuminer les yeux de notre cœur ».
En ce tournant du IIIème millénaire, nos communautés, comme l’Église tout entière, sont acculées à l’es­pérance. L’ampleur des problèmes est telle, si grand est le déséquilibre entre les besoins de l’évangélisation planétaire et les moyens disponibles, en hommes et en savoir, en techniques et en argent, que nous sommes contraints de nous tourner vers le Père de la gloire et vers « la puissance qu’il veut déployer en la personne du Christ ».
La rareté des vocations, qui touche de plein fouet tous nos diocèses, désécurise aussi nos monastères, et l’unique appui que nous ayons pour notre espérance est la consigne de Jésus: « Priez le maître de la moisson ». Dans beaucoup de secteurs d’activité ou de rayonnement, les communautés doivent restreindre les dispositifs et demander davantage encore à des moniales surchargées, et l’insécurité d’une grande partie du monde actuel s’insinue dans les cloîtres et dans les cœurs.
Mais les communautés, spécialement les communautés de contemplatives, doivent être exemplaires dans cette insécurité comme elles le sont pour la prière: elles doivent se situer résolument et joyeusement aux avant-postes de l’espérance. Plus que jamais, face aux mutations rapides de notre monde, les communautés doivent chanter l’espérance, célébrer l’espérance, offrir à Dieu, en même temps que le sacrifice de louange, l’holocauste de l’espérance. Cela passe, bien sûr, par l’attitude théologale de chacune, par une ascèse de la mémoire qui refuse les ruminations moroses, par une fidélité sans cesse renouvelée à la joie de Jésus, par le refus de s’installer ou d’alourdir la marche des autres. Mais le réflexe d’espérance doit marquer tout aussi profondément la dynamique communautaire, les tentatives de concertation, de planification, les efforts d’ouverture au réel et de conversion des cœurs.
Tous les grands moments de la vie communautaire doivent être des moments d’espérance où les sœurs s’ouvrent ensemble à la gloire en authentifiant leur chemin d’amour fraternel, où elles laissent Dieu illuminer les yeux de leur cœur, où elles s’offrent ensemble à la puissance du Ressuscité pour construire ensemble un temple spirituel, une maison de prière accueillante au monde que Dieu aime.
Les grandes fêtes liturgiques, les temps de retraite, les célébrations carmélitaines sont autant de jalons précieux pour une communauté qui se veut, au cœur de l’Église, croyante, aimante et espérante. Mais chaque sursaut de courage, dans le quotidien de la communauté, peut et doit constituer un grand moment d’espérance.
Une espérance enracinée dans une action de grâces, car ce que vous avez déjà réalisé ensemble, grâce à l’amour que l’Esprit a répandu dans vos cœurs a du prix aux yeux de Dieu, même si vous l’avez vécu pauvrement, avec un mélange de joies et de souffrances. C’est l’espérance qui vous a réunies; c’est l’espérance qui vous tiendra unies, en vous appelant à vous dépasser toutes. Ne cédez pas à la lassitude, ne regrettez pas d’avoir choisi l’Exode; ne laissez aucun accès à la tristesse, car Dieu aime celles qui donnent avec joie.
Cet acte d’espérance, même à votre insu, trouvera son écho dans tout l’Ordre. Tous les monastères ne sont pas appelés à vivre les mêmes sacrifices, mais tous sont conviés à une confiance courageuse devant l’avenir, et tous sont concernés directement par ce qui se vit et se cherche dans les communautés amies.
Pour chacune de vous, l’espérance s’enracine dans la rencontre de Jésus. A chacune il a parlé au cœur, à chacune il a montré le chemin de sa gloire, avec chacune il a fait alliance. Vous lui avez répondu avec le meilleur de vous-mêmes, ce meilleur qui n’apparaît pas toujours au regard des compagnes, mais qui reste gravé dans la mémoire du Seigneur. Pour mieux vivre l’Évangile, vous avez mis en commun votre amour de Jésus, vous avez noué en gerbe tous vos désirs missionnaires: continuez à marcher « sans vous laisser détourner de l’espérance », « toujours prêtes à rendre raison de l’espérance qui est en vous » et qui a grandi encore à la faveur de votre projet fraternel.
Au jour de votre engagement, vous avez fait un grand acte de confiance, qui portait la marque de l’Esprit de Dieu, et c’est ce même Esprit Saint qui continue à vivifier votre recherche commune, car lui seul peut vous donner force et lumière pour accueillir et être accueillie. La part qui vous revient, c’est de garder les réflexes spirituels des premiers jours. Il vous faut gar-der un cœur de pauvre, ouvert à la lumière qui vient de Dieu, au désir de Dieu, au plaisir de Dieu; il vous faut garder les mains ouvertes, pour recevoir le don de Dieu et pour donner, au nom de Jésus, le sourire, la paix et la joie; il vous faut chaque jour « choisir la vie » (Dt 30,19), choisir l’Exode et le passage pascal avec Jésus.
Vous poursuivez ensemble votre marche vers les eaux du salut, sur une route que chaque jour l’Esprit Saint vient ouvrir. Inlassablement vous tournez votre regard vers l’horizon de l’espérance, et vous vous aidez les unes les autres à mettre en Dieu toute votre assurance. Faites ensemble au Seigneur une totale confiance, pour aujourd’hui et pour demain, et remettez en-semble le passé à sa miséricorde, car chacune de vous, dans ce passé commun, a mis déjà beaucoup d’amour.
« Quel que soit le point déjà atteint, écrivait saint Paul, marchons toujours dans la même ligne » (Ph 3,16). C’est cette route de l’humilité, de la confiance, qu’il vous faut suivre ensemble, à l’exemple des saints et des saintes de votre Ordre.
« Réjouissez-vous dans le Seigneur, oui, réjouissez-vous. Que votre bienveillance rayonne et soit connue de tous. Le Seigneur est proche. N’entretenez aucun souci; mais en tout besoin recourez à l’oraison et à la prière, pénétrées d’action de grâces, pour présenter vos requêtes à Dieu. Alors la paix de Dieu, qui surpasse toute intelligence, prendra sous sa garde vos cœurs et vos pensées, dans le Christ Jésus » (Ph 4,4-7).

COMMENT COMPRENDRE L’ESPÉRANCE CHRÉTIENNE ?

12 novembre, 2014

http://www.diocese-annecy.fr/rubriques/haut/celebrer-prier/sens-et-foi/je-me-pose-des-questions-sur-la-foi-chretienne/comment-comprendre-lesperance-chretienne/comment-comprendre-lesperance-chretienne/document_view

COMMENT COMPRENDRE L’ESPÉRANCE CHRÉTIENNE ?

Lors de la fête de la Toussaint, les cimetières se remplissent de fleurs. Les familles se rassemblent pour honorer leurs morts.

Chaque année, fête de Toussaint et jour des morts se succèdent les 1er et 2 novembre.
Le lien est manifeste : le 1er novembre, les chrétiens célèbrent tous les saints, connus et inconnus, qui partagent la vie, la paix et le bonheur de Dieu.
Le 2 novembre, c’est le jour de la mémoire de tous les défunts. Une journée pour s’associer à celles et ceux qui ne sont plus à nos côtés et qui nous manquent.
Les chrétiens n’ont pas le regard tourné uniquement vers le passé, mais aussi vers l’avenir.
Quand ils envisagent cet avenir, ils parlent d’espérance. Avec la foi et l’amour, l’espérance est une vertu pour la vie chrétienne.
Grâce à elle, le christianisme n’est pas une religion du passé. Il est pour aujourd’hui, une ressource de liberté et de confiance en l’avenir.

L’espérance de Jésus
Jésus, dans les Evangiles, apparaît comme un infatigable espérant.
Lui qui « n’a pas où reposer sa tête », il semble ne jamais perdre son dynamisme intérieur.
Lui qui est aujourd’hui le fondement de l’espérance chrétienne apparaît comme quelqu’un qui savait ce qu’est espérer.

Quelle espérance vivait Jésus ?
Pour lui, toute vie avait un sens. La vie n’était jamais absurde.
Jésus n’ignorait pas ce qui allait mal. Il n’était pas naïf. Mais dans toutes les situations qu’il rencontrait il montrait toujours des signes d’avenir.
Pour lui, la fatalité n’existait pas. Il ne se fiait jamais au destin.
Les choses n’étaient pas écrites d’avance. Il produisait lui-même des signes : il guérissait les malades, il rendait un avenir à celles et ceux qui en étaient dépourvus, il faisait tout pour que chacun puisse relever la tête et reprendre confiance. Faisant cela, il était à contre-courant de la société de son temps et d’une certaine façon d’interpréter la loi religieuse qui n’allait pas dans le sens d’une vraie libération de l’homme.
L’espérance selon Jésus c’est de n’enfermer personne, que ce soit dans sa fonction, dans son passé, dans sa situation… *
C’est se faire proche des plus réprouvés.
C’est témoigner d’un Dieu amour et pardon. Amour et pardon, c’est-à-dire du neuf toujours possible.

Dieu vient de l’avenir
Certains trouvent que les chrétiens sont des gens tournés vers le passé.
Leurs livres de référence n’ont-ils pas été écrits il y a bien longtemps ?
Les rites qu’ils utilisent ne datent-il pas de plusieurs siècles ?
Ce qu’ils disent n’apparaît-il pas souvent comme ringard, car à contre-courant de la société ?

Dieu ne se conjuguerait-il qu’au passé ?
Non, dit l’espérance chrétienne.
Les chrétiens croient en Jésus le Christ, ils croient à sa manière de dire Dieu.
Dieu n’est pas relégué dans un passé où il aurait créé le monde.
Dieu se conjugue au présent et au futur. Il accompagne aujourd’hui encore chacune de nos histoires personnelles. Et notre vie a un avenir, puisque c’est dans la proximité de Dieu, dans sa lumière qu’elle débouche.
Mais il n’est pas besoin d’attendre d’être mort pour entrer dans la lumière de Dieu : Dieu se fait connaître aujourd’hui même à chacun d’entre nous.
A nous d’ouvrir notre cœur pour l’entendre nous appeler.

Où chercher Dieu ? Il est partout ?… Il est en nous ?…
L’espérance chrétienne invite à regarder vers l’horizon.
Car Dieu vient de l’avenir. Il ne s’agit pas de vivre retranché dans le passé, mais d’être tendu vers l’à-venir.
Car Dieu nous y précède. Ce qui veut dire : un avenir est toujours possible. C’est ce qui arrive à Abraham qui, à près de quatre-vingts ans, sa femme Sarah étant stérile, voit celle-ci accoucher d’un fils, promesse de nombreuses générations.
C’est ce qui nous arrive : l’amour de Dieu nous invite à prendre un chemin de sainteté, c’est-à-dire d’avenir avec lui, dans son amour et sa lumière.

Le baptême, provocation à l’espérance
Lors de funérailles chrétiennes, le signe de croix est fait sur le défunt avec de l’eau bénite. C’est pour rappeler l’eau du baptême reçu.
Le symbole du baptême dit bien ce qu’est l’espérance chrétienne.
En effet, traditionnellement, le baptisé plonge dans l’eau. Pour vivre une mort et une renaissance : l’eau du baptême devient eau de l’espérance.

Nous sommes baptisés au nom du Père. L’espérance, c’est être lié à Dieu.
C’est lui-même qui nous sort la tête de l’eau pour nous faire devenir ses fils et ses filles. Dieu espère en nous et nous espérons en Lui.
La vie n’en est pas plus facile, mais à chaque pas que nous faisons nous savons que Dieu nous éclaire de son amour.
Par le baptême, nous sommes aussi inondés de lumière !

Nous sommes baptisés au nom du Fils.
L’espérance, c’est être lié au Christ.
Il nous ouvre le passage vers le Père. L’avenir s’ouvre. Jésus espère en nous et nous espérons en Lui.
La vie n’en est pas plus facile, mais à chaque pas que nous faisons nous savons que le Christ la re-suscite par son Evangile.
Au baptême, c’est la Parole de Dieu que nous lisons qui fait de l’eau une eau d’espérance.

Nous sommes baptisés au nom de l’Esprit-Saint.
L’espérance, c’est être lié à l’Esprit de Dieu.
Le souffle de Dieu devient notre propre respiration. De nouveaux horizons s’ouvrent. L’Esprit espère en nous et nous espérons en Lui.
La vie n’en est pas plus facile, mais à chaque pas que nous faisons nous savons que Dieu nous remet debout, nous rend libres, met du neuf dans notre quotidien. Notre cœur, notre intelligence, tout notre corps peut s’ouvrir pour renaître, nous dit le baptême.

Grâce à l’eau du baptême, nous sommes tout ruisselants d’espérance.
Une espérance à partager avec d’autres.

 

A PROPOS DE L’ESPÉRANCE AU TEMPS DE L’ANCIEN TESTAMENT

28 mai, 2014

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A PROPOS DE L’ESPÉRANCE AU TEMPS DE L’ANCIEN TESTAMENT

Au regard de l’espérance lumineuse qui fait courir les chrétiens aujourd’hui, celle des hommes de l’Ancien Testament paraît bien terne ! On peut en effet être surpris que l’auteur du livre de l’Ecclésiaste – qui se présente comme un sage sous les traits du roi Salomon – reconnaisse avec lucidité et grande vénération que Dieu a « implanté au tréfonds de l’être humain le sens de l’éternité » (Ecclésiaste 3.11, La Bible du Semeur)… avant de confesser finalement l’aspect décevant de la vie humaine qui s’achève par la vieillesse et la mort (Ecclésiaste 12.1-7, 3.19-20) !
Paradoxalement, tandis que depuis longtemps les adeptes de certaines religions polythéistes de l’ancien Orient croient fermement à la résurrection et à une vie future, les enfants d’Israël, eux, s’ouvrent en dernier à cette croyance… et semblent voués inexorablement à la désespérance quant à l’au-delà ! Ce n’est en fait que tardivement, vers la fin de l’Exil (soit entre 550 et 539 avant Jésus-Christ), qu’ils découvrent – ou redécouvrent (1) – progressivement l’idée d’éternité. Un comble pour le peuple qui deviendra celui de l’espérance ! Attardons-nous un instant sur ces questions.

Une vision d’éternité commune à tous les peuples anciens
La croyance en une « survie de l’individu » après la mort semble remonter aux origines de l’espèce humaine et de tout temps, dans toutes les civilisations, ce qui peut paraître étonnant, une grande majorité s’est ralliée à l’idée que l’homme est immortel par nature.
« Ce qui est commun aux religions, [écrit le scientifique et ancien ministre Claude Allègre] depuis celles des Sumériens ou des Égyptiens en passant par celles des Perses, des Babyloniens, des Assyriens, des Indiens ou des Chinois jusqu’à celles qui inspirent les Sepik de Nouvelle-Guinée ou les Indiens d’Amazonie, c’est qu’elles ont toutes développé le concept de dieu, de transcendance et d’au-delà, faisant toutes espérer aux meilleurs, l’immortalité (2). »
Plus de 2000 ans avant J.-C., l’Egypte pharaonique est certainement l’une des premières civilisations à s’édifier dans la perspective de l’éternité. Les Egyptiens en effet, tout en reconnaissant la brièveté du temps terrestre, croient en une autre forme d’existence. Osiris, mort et ressuscité, devenu dieu de l’au-delà, leur apporte l’assurance d’une survie éternelle.
Environ 13 siècles plus tard, sur la base d’une espérance similaire, le philosophe persan Zoroastre (fondateur du zoroastrisme, ancienne religion de la Perse) promet à ses disciples l’avènement d’un sauveur suprême, Saoshyant, qui présidera à la résurrection et à l’émergence d’une vie éternelle après la mort. Notons que le zoroastrisme, religion dualiste fondée sur la lutte permanente entre un Dieu bon (Ahura Mazdâ) et un démon (Ahriman) enseigne aussi le libre arbitre, le jugement final, l’enfer, le paradis et la victoire finale du bien sur le mal. Ce qui représente, soit dit en passant, une sorte de préfiguration du christianisme… en tout cas, une incontestable révolution religieuse au début du VIIe siècle avant J.-C. !
Curieusement donc, en ce qui concerne cette idée de survie post mortem, les Hébreux restent imperméables à toute influence, égyptienne notamment. Face à la vision d’éternité commune à beaucoup de religions antiques, ils ne se lassent pas de nourrir une vague espérance dont ils semblent se satisfaire, mais qui toutefois se précise graduellement au cours des siècles.

De l’espérance terrestre à l’espérance céleste
Ce n’est en effet qu’à l’époque de la rédaction du livre de Daniel que le peuple juif arrive enfin à croire peu à peu en la résurrection et en une vie après la mort. Durant de très nombreux siècles, étonnamment celui-ci se contente d’une espérance terrestre sans vision d’éternité, ou tout au plus d’une espérance en une survie nationale.

Tout d’abord, une espérance à courte vue
Ainsi, pendant longtemps, c’est le modèle de la rétribution – strictement terrestre – qui dicte la pensée des enfants d’Israël. Ceux-ci croient que Dieu « rétribue » ici-bas les hommes selon leurs actes, autrement dit que les justes sont récompensés par une longue vie tranquille et prospère tandis que les pécheurs sont condamnés à une vie malheureuse, courte et sans descendance… en attendant avec frayeur – justes comme pécheurs, d’ailleurs – le sort qui les attend, le sheol (3) où tous resteront abandonnés à jamais.
Mentionnons à cet égard quelques textes bibliques attestant cette espérance à courte vue : « Les jours de nos années s’élèvent à soixante-dix ans, et pour les plus robustes, à quatre-vingt ans. […] Enseigne-nous à bien compter nos jours, […] Rassasie-nous chaque matin de ta bonté, et nous serons toute notre vie dans la joie et l’allégresse. Réjouis-nous autant de jours que tu nous as humiliés, autant d’années que nous avons vu le malheur » (Psaume 90.10-15) ; « Donne-nous encore des jours comme ceux d’autrefois ! » (Lamentations 5.21) ; « Voici ce que je veux repasser en mon cœur, ce qui me donnera de l’espérance. Les bontés de l’Éternel ne sont pas épuisées, ses compassions ne sont pas à leur terme » (Lamentations 3.21-22) ; « Soutiens-moi pour que je vive, tu l’as promis, ne déçois pas mon espérance » (Psaume 119.116, BFC) ; « Oui, le bonheur et la grâce m’accompagneront tous les jours de ma vie, et j’habiterai dans la maison de l’Eternel jusqu’à la fin de mes jours » (Psaume 23.6) ; « L’Eternel m’a châtié, mais il ne m’a pas livré à la mort » (Psaume 118.18).
Comme il se dégage de nombreux passages de l’Ancien Testament, Dieu – dans un premier temps – répond à ses enfants sans leur proposer davantage : « Je te sauverai, et tu ne tomberas pas sous l’épée, ta vie sera ton butin, parce que tu as eu confiance en moi, dit l’Éternel » (Jérémie 39.18) ; « Celui qui m’écoute […] vivra tranquille et sans craindre aucun mal » (Proverbes 1.33) ; « Il m’invoquera, et je lui répondrai. Je serai avec lui dans la détresse, je le délivrerai et je le glorifierai. Je le rassasierai de longs jours, et je lui ferai voir mon salut » (Psaume 91.15-16) ; « N’oublie pas mes enseignements, […] car ils prolongeront les jours et les années de ta vie, et ils augmenteront ta paix » (Proverbes 3.1-2) ; « Ils [les justes] ne sont pas confondus au temps du malheur, et ils sont rassasiés aux jours de la famine » (Psaume 37.19) ; « Ceux qui espèrent en l’Éternel posséderont le pays » (Psaume 37.9) ; « Aimez le Seigneur votre Dieu, obéissez-lui, restez-lui fidèlement attachés, c’est ainsi que vous pourrez vivre et passer de nombreuses années dans le pays que le Seigneur a promis de donner à vos ancêtres Abraham, Isaac et Jacob » (Deutéronome 30.20, BFC)… Pour ne citer que ces versets !

L’espérance collective, une perspective nouvelle pour Israël
Bien que la croyance en la rétribution soit historiquement ancrée dans la réalité quotidienne du peuple d’Israël, certains en voyant « le bonheur des méchants » (Psaume 73.3) – ou en quelque sorte, l’inversion de cette théorie de la rétribution – ont du mal à comprendre la justice de Dieu et se mettent à réfléchir. C’est le cas du roi David (Psaume 37) et du psalmiste Asaph (Psaume 73).
Job, héros des temps anciens, fait aussi partie de ceux qui osent remettre en cause la croyance classique (Job 12.13-25). « Contre cette corrélation rigoureuse [la liaison entre la souffrance et le péché personnel], Job s’élève avec toute la force de son innocence. Il ne nie pas les rétributions terrestres, il les attend, et Dieu les lui accordera finalement […] Mais c’est pour lui un scandale qu’elles lui soient refusées présentement et il cherche en vain le sens de son épreuve. Il lutte désespérément pour retrouver Dieu qui se dérobe et qu’il persiste à croire bon (4). »
Dans l’un de ses « grands textes », il arrive finalement à la conclusion que le bien et le mal ont leur sanction outre-tombe plutôt qu’ici-bas, une avancée théologique considérable ! C’est ainsi qu’au-delà de l’espoir d’être délivré de ses maux en ce monde, il ose affirmer – certes, de façon imprécise, la traduction de ce passage reste difficile – son espérance en la résurrection : « Pour ma part, je sais que celui qui me rachète est vivant et qu’il se lèvera le dernier sur la terre. Quand ma peau aura été détruite, en personne je contemplerai Dieu. C’est lui que je contemplerai, et il me sera favorable. Mes yeux le verront, et non ceux d’un autre » (Job 19.25-27).
Pour d’autres hommes de l’Ancien Testament également confrontés à l’injustice, l’espérance individuelle se mue alors en espérance collective. Si la réussite des méchants offre un spectacle révoltant, « le Seigneur s’intéresse à la vie de ceux qui sont irréprochables, le pays dont ils sont les héritiers leur est acquis pour toujours » (Psaume 37.18, BFC). Au VIIIe siècle av. J.-C., le prophète Esaïe à même l’intuition que son peuple « ressuscitera » : « Mon peuple, tes morts reprendront vie, alors les cadavres des miens ressusciteront ! Ceux qui sont couchés en terre se réveilleront et crieront de joie » (Esaïe 26.19). Vers la même époque, Osée, un autre porte-parole de Dieu, invite Israël à se repentir et évoque l’espérance d’une rénovation nationale : « Venez, retournons à l’Eternel ! Car il a déchiré, mais il nous guérira. Il a frappé, mais il bandera nos plaies. Il nous rendra la vie […] il nous relèvera, et nous vivrons devant lui » (Osée 6.1-2).
Mais c’est en réalité la grande épreuve de la déportation à Babylone qui amène les Juifs à s’interroger sur la « juste rétribution » de Dieu. En cette période particulièrement troublée, le prophète Jérémie, toujours soucieux du bien de ses compatriotes, se demande pourquoi ceux-ci lui manifestent tant de haine : « Seigneur, tu es trop juste pour que je m’en prenne à toi. Pourtant, j’aimerais discuter de justice avec toi. Pourquoi le chemin des méchants les mène-t-il au succès ? Et ceux qui te sont infidèles, pourquoi vivent-ils tranquilles ? » (Jérémie 12.1, BFC).
« Au-delà de la ruine qu’il voit approcher pour le peuple infidèle, il [Jérémie] entrevoit une sorte de résurrection dans le cadre d’une nouvelle alliance avec Dieu [le retour des survivants d’Israël et la reconstruction de Jérusalem, chapitre 31]. Il témoigne alors de sa confiance en la victoire de Dieu par un surprenant geste d’espoir [l’acquisition d’un champ, acte symbolique, chapitre 32] (5). »
Après le châtiment, il y aura donc un rétablissement, un avenir pour le peuple de Dieu… de quoi raviver l’espérance : « Je rétablirai le peuple de Juda et le peuple d’Israël, et je les rétablirai dans leur ancienne situation » (Jérémie 33.7, BFC). « Je multiplierai les descendants de mon serviteur David […] ils seront aussi nombreux que les étoiles qu’on ne peut compter dans le ciel » (Jérémie 33.22, BFC).
Quant à Ezéchiel – en dépit des circonstances dramatiques de l’époque –, il est l’un des rares prophètes de l’Ancien Testament à proclamer aussi explicitement qu’il y a une espérance pour Israël. Ainsi, dans sa célèbre vision des ossements desséchés (Ezéchiel 37.1-14), la renaissance de la nation d’Israël s’exprime pleinement. Bien qu’il s’agisse plutôt là d’une promesse de survie collective pour le peuple d’Israël, autrement dit d’une « résurrection nationale », on peut y voir en outre l’amorce de l’idée de résurrection individuelle. Citons quelques extraits de ce passage intéressant : « Voici ce que dit le Seigneur, l’Eternel : Esprit, viens des quatre vents, souffle sur ces morts et qu’ils revivent ! […] Je vais ouvrir vos tombes et je vous en ferai sortir, vous qui êtes mon peuple, et je vous ramènerai sur le territoire d’Israël » (Ezéchiel 37.9-12).

En route vers l’espérance céleste
En fait, le point de départ – discret – de ce lent cheminement vers le ciel peut être relevé dans le livre des Psaumes où certains versets portent en germe la notion de résurrection : « Non, Seigneur, tu ne m’abandonnes pas à la mort, tu ne permets pas que moi, ton fidèle, je m’approche de la tombe. Tu me fais savoir quel chemin mène à la vie. On trouve une joie pleine en ta présence, un plaisir éternel près de toi » (Psaume 16.10-11, BFC) ; « Eternel, tu as fait remonter mon âme du séjour des morts, tu m’as fait revivre loin de ceux qui descendent dans la tombe » (Psaume 30.4) ; « Dieu sauvera mon âme du séjour des morts » (Psaume 49.16) ; « Ta bonté envers moi est grande, et tu délivres mon âme des profondeurs du séjour des morts » (Psaume 86.13) ; « C’est lui qui délivre ta vie de la tombe, qui te couronne de bonté et de compassion » (Psaume 103.4).
Mais c’est surtout le livre de Daniel (6) qui nous éclaire un peu plus sur l’évolution de la conception de l’au-delà chez les Juifs. C’est bien d’une résurrection personnelle suivie d’une vie éternelle que les justes hériteront : « A cette époque-là [pouvons-nous lire dans Daniel 12.1-3] se dressera Michel, le grand chef, celui qui veille sur les enfants de ton peuple. Ce sera une période de détresse telle qu’il n’y en aura pas eu de pareille depuis qu’une nation existe jusqu’à cette époque-là. A ce moment-là, ceux de ton peuple qu’on trouvera inscrits dans le livre seront sauvés. Beaucoup de ceux qui dorment dans la poussière de la terre se réveilleront, les uns pour la vie éternelle, les autres pour la honte, pour l’horreur éternelle. Ceux qui auront été perspicaces brilleront comme la splendeur du ciel, et ceux qui auront enseigné la justice à beaucoup brilleront comme les étoiles, pour toujours et à perpétuité. »
Cependant, ce n’est vraiment qu’à partir du deuxième siècle avant Jésus-Christ que l’espérance en la résurrection devient une réalité pour le peuple juif. A la mort d’Alexandre le Grand, la Palestine « passe sous l’autorité des monarchies hellénistiques, des Lagides d’Egypte d’abord, puis des Séleucides de Syrie. La politique d’hellénisation radicale instaurée par Antiochus IV Epiphane (175-164 av. J.-C.), doublée d’une intolérance agressive vis-à-vis des Juifs, suscite un grand mouvement de révolte. Ce mouvement, à la fois national et religieux, est conduit par le prêtre Mattathias et son fils Judas, dit Maccabée. […] Antiochus IV s’efforce d’imposer aux Juifs les mœurs et la religion grecques. La pratique du judaïsme devient passible de mort (7) ».
Dans ce contexte de résistance et de répression féroce – où le dogme de la rétribution ici-bas est tragiquement mis en échec –, les nombreux martyrs, fidèles à la loi de Moïse, s’interrogent sérieusement sur la justice divine. Torturés et mis à mort pour leur foi, ils finissent par croire réellement que Dieu les ressuscitera et que leur rétribution sera d’outre-tombe.
Le deuxième livre des Maccabées, probablement écrit vers 120-100 avant J.-C., décrit justement l’héroïque résistance de sept frères « Maccabées » et de leur mère (modèles des premiers martyrs juifs) qui préfèrent être torturés à mort plutôt que de toucher à la viande de porc interdite par la loi. Citons ici quelques versets de ce livre deutérocanonique de l’Ancien Testament témoignant de cette foi naissante en la résurrection :
« Au moment de rendre le dernier soupir, il [le second supplicié] dit : Scélérat que tu es, tu nous exclus de la vie présente, mais le roi du monde, parce que nous serons morts pour ses lois, nous ressuscitera pour une vie éternelle » (2 Maccabées 7.9, TOB).
« On soumit le quatrième aux mêmes tortures cruelles. Sur le point d’expirer, il dit : Mieux vaut mourir de la main des hommes en attendant, selon les promesses faites par Dieu, d’être ressuscité par lui » (2 Maccabées 7.13-14, TOB).
« Eminemment admirable et digne d’une excellente renommée fut la mère, qui voyait mourir ses sept fils en l’espace d’un seul jour et le supportait avec sérénité, parce qu’elle mettait son espérance dans le Seigneur. Elle exhortait chacun d’eux dans la langue de ses pères. Remplie de nobles sentiments et animée d’un mâle courage, cette femme leur disait : Je ne sais pas comment vous avez apparu dans mes entrailles ; ce n’est pas moi qui vous ai gratifiés de l’esprit et de la vie, […] Aussi bien le Créateur du monde, qui a formé l’homme à sa naissance et qui est à l’origine de toute chose, vous rendra-t-il dans sa miséricorde et l’esprit et la vie, parce que vous vous sacrifiez maintenant vous-mêmes pour l’amour de ses lois » (2 Maccabées 7.20-23, TOB).
Enfin, on peut mentionner le livre de la Sagesse, autre apocryphe rédigé vers la même époque (Ier siècle avant J.-C.) dans lequel on trouve, quoique de façon larvée, le thème de la résurrection : « Les âmes des justes, elles, sont dans la main de Dieu et nul tourment ne les atteindra plus. Aux yeux des insensés, ils passèrent pour morts, et leur départ sembla un désastre, […] Pourtant, ils sont dans la paix. Même si, selon les hommes, ils ont été châtiés, leur espérance était pleine d’immortalité » (Sagesse 3.1-4).
Comme le remarque Jean Civelli, prêtre à Fribourg (Suisse), « cette idée d’une résurrection des morts ne devait plus s’oublier dans le judaïsme. Ce sont les Pharisiens qui la recueillirent, contrairement au parti des Sadducéens, parti des prêtres et de la noblesse du Temple de Jérusalem, qui, eux, n’acceptèrent pas ce qu’ils considéraient comme une doctrine fausse, car ils ne la trouvaient pas dans la Loi de Moïse (cf. Marc 12.18 et Actes 23.8). […] Le sceau définitif de cette foi en la résurrection sera donné par Jésus lui-même, dans sa propre résurrection (8) ».
« La croyance en la résurrection, qui va se développer dans le monde sémitique, [affirme de son côté, Marie Lucien, docteur en théologie de l'Université de Strasbourg] apparaît comme une nouveauté radicale et impressionnante […] La résurrection personnelle de chaque homme deviendra alors l’espérance commune aux trois religions monothéistes issues du monde sémitique, le judaïsme, le christianisme et l’islam (9). »
Après avoir ainsi esquissé à grands traits l’histoire de l’espérance religieuse en Israël, une question demeure cependant : pourquoi cette dernière est restée si longtemps une piètre espérance… avant que finalement le Nouveau Testament ne la porte à son plus haut degré ? A défaut de pouvoir répondre ici avec certitude à cette question, nous voulons par contre dire toute notre admiration pour les hommes de l’Ancien Testament ayant fait le bon choix de faire confiance à Dieu et de marcher avec lui en se contentant de sa faveur et de l’assurance du pardon de leurs péchés… portés seulement par l’espérance d’une longue vie prospère – ici-bas – et en dépit du système simpliste des rétributions temporelles ne fonctionnant pas toujours.
Alors que nous, croyants du XXIe siècle, pouvons nous enorgueillir de notre belle espérance (10) solidement ancrée dans la résurrection de Jésus-Christ – ce qui ne nous laisse plus aucune excuse pour notre incrédulité –, puissions-nous également faire nôtres les propres louanges de ces héros de la foi… pourtant adressées à un Dieu qu’ils n’imaginaient pas si généreux : « Je chanterai l’Eternel tant que je vivrai, je célébrerai mon Dieu tant que j’existerai. […] Je veux me réjouir en l’Eternel » (Psaume 104.33-34).

Claude Bouchot

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1. En effet, il est raisonnable de penser qu’Adam et les premiers patriarches bénéficièrent déjà d’une révélation divine particulière concernant l’au-delà qui leur était réservé. En tout cas, l’auteur de l’épître aux Hébreux en est convaincu lorsqu’il fait l’éloge de la foi des ancêtres illustres tels qu’Abel, Hénoc, Noé et Abraham : « C’est dans la foi que tous ces hommes sont morts. Ils n’ont pas reçu les biens que Dieu avait promis, mais ils les ont vus et salués de loin. Ils ont ouvertement reconnu qu’ils étaient des étrangers et des exilés sur la terre. Ceux qui parlent ainsi montrent clairement qu’ils recherchent une patrie. […] En réalité, ils désiraient une patrie meilleure, c’est-à-dire la patrie céleste » (Hébreux 11.13-16, BFC). Hélas, les Hébreux semblent avoir vite oublié « l’espérance de la vie éternelle, promise avant tous les siècles par le Dieu qui ne ment point » (Tite 1.2).
2. Claude Allègre, Dieu face à la science, Paris : Fayard, 1997, p. 223 (LP).
3. « Sheol est un terme hébraïque intraduisible, désignant le « séjour des morts », la « tombe commune de l’humanité », le puits, sans vraiment pouvoir statuer s’il s’agit ou non d’un au-delà. La Bible hébraïque le décrit comme une place sans confort, où tous, justes et criminels, rois et esclaves, pieux et impies se retrouvent après leur mort pour y demeurer dans le silence et redevenir poussière » (L’encyclopédie libre Wikipédia, « Sheol », [En ligne] http://www.wikipedia.org/, (consulté en février 2013).
4. La Bible de Jérusalem, « Introduction au livre de Job », Paris : Editions du Cerf, 1981, p. 650.
5. La Bible Expliquée, « Introduction au livre de Jérémie », Villiers-le-Bel : Société biblique française, 2004, p. 897-AT.
6. A noter que, presque unanimement, les théologiens libéraux contemporains mettent en doute l’authenticité historique du livre de Daniel en datant celui-ci du IIe siècle av. J.-C. seulement et en l’attribuant à un auteur inconnu, alors que la tradition juive et chrétienne – reposant à cet égard sur un solide fondement – le situait au VIe siècle avant notre ère… c’est-à-dire à l’époque où vivait justement Daniel !
7. Marcel Simon, « 2000 ans de christianisme », Vol. 1, Le monde juif, berceau du christianisme, Paris : Aufadi – S.H.C. International, 1975, p. 14, 18.
8. Jean Civelli, La résurrection des morts : et si c’était vrai ?, Saint-Maurice : Editions Saint-Augustin, 2001, p. 24-25.
9. Marie Lucien, Le message de Jésus : une spiritualité universelle inusitée, Paris : Editions L’Harmattan, 2009, p. 135-136.
10. Depuis plus de 2000 ans, les chrétiens du monde entier fondent en effet leur espérance sur trois promesses capitales et étroitement liées : le retour de Jésus, la résurrection des morts et la vie éternelle. Cependant, il faut reconnaître avec Claude Geffré, théologien dominicain, que « l’époque contemporaine connaît le fait remarquable de chrétiens nominaux qui confessent le Dieu de Jésus-Christ sans pour autant croire à la promesse d’un au-delà de la mort » (Claude Geffre, « Vie éternelle », Dictionnaire critique de théologie, Paris : Quadrige / PUF, 2007, p. 1492-1494)… ce qui souligne l’ambiguïté de la notion d’espérance dans l’esprit d’un certain nombre de chrétiens d’aujourd’hui !