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Par le cardinal Poupard: Jean-Paul II a remis la miséricorde de Dieu « au centre »

23 avril, 2009

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Jean-Paul II a remis la miséricorde de Dieu « au centre »

Apr 02, 2008

Par le cardinal Poupard.

ROME, Mardi 1er avril 2008 (ZENIT.org) – Jean-Paul II a remis la miséricorde de Dieu « au centre » de la théologie comme de la pastorale, souligne le cardinal Poupard.

Le cardinal Paul Poupard, président émérite du Conseil pontifical de la culture évoque aujourd’hui à Radio Vatican la béatitude des miséricordieux, à l’occasion de l’ouverture, demain matin du premier congrès mondial sur la miséricorde, héritage spirituel de Jean-Paul II. Ce sera, le 2 avril, le 3e anniversaire de la mort du pape Wojtyla.

Le cardinal Poupard rappelle en effet que Dives in misericordia, le Dieu « riche en miséricorde » a été le thème de la première encyclique de Jean-Paul II.

La miséricorde remise « au centre »

Pour le cardinal Poupard, « la miséricorde est le deuxième nom de l’amour : « Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux » – « bienheureux les miséricordieux parce qu’ils obtiendront miséricorde ».

Il souligne l’évolution apportée par Jean-Paul II : « Je me souviens qu’au premier congrès auquel j’ai participé à Collevalenza pour le premier anniversaire de cette encyclique, j’avais ouvert les encyclopédies théologiques, les dictionnaires, les manuels de théologie, cherchant en vain le mot ‘miséricorde’. Et Jean-Paul II l’a remise au centre ».

« Le deuxième nom de Dieu »

C’est, souligne le cardinal Poupard, une urgence pour le monde d’aujourd’hui : « Et ainsi, il nous a rappelé que notre monde, dans lequel il faudrait avoir le cœur liquéfié, alors qu’il est trop souvent pétrifié, nous avons besoin de revenir à la méditation, comme lui, qui a cité mille fois Gaudium et Spes en disant: « Seule la vérité sur Dieu permet de découvrir la vérité sur l’homme » et « Miséricorde » est « le deuxième nom de Dieu ». »

La miséricorde nous réchauffe le cœur

C’est un remède à l’inquiétude du monde, ajoute le cardinal Poupard : « Nous vivons dans un monde dans lequel tant de personnes sont en proie à l’inquiétude, au ressentiment, à la violence, et à l’injustice. Il est donc de toute première importance de présenter le mystère de Dieu dans son cœur, et justement, le Cœur transpercé sur la croix. Tel est le grand message qui est à la fois théologique et pastoral, et je crois que des années après, nous en avons encore plus besoin : lorsque nous écoutons la radio, que nous regardons la télévision, que nous parcourons les journaux, nous voyons tant et tant de choses dramatiques à travers le monde, qu’il me vient à l’esprit ce que disait mon compatriote Bernanos : ‘Le monde moderne a froid et claque des dents’. La Miséricorde nous réchauffe le cœur ».

Paul Joseph Jean Cardinal Poupard : Huit portes de sagesse et de sainteté

14 février, 2008

du site:

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Paul Joseph Jean Cardinal Poupard 

Huit portes de sagesse et de sainteté 


Feb 22, 2006 


En huit paragraphe, comme huit portes bibliques de sagesse et de sainteté, le cardinal Paul Poupard, président du conseil pontifical de la Culture ouvre un chemin pour les pèlerins de la famille spirituelle de la communauté Saint-Jean, à Rome pour un triduum jusqu’à demain.

ROME, Mardi 14 février 2006 (ZENIT.org) – Voici le texte intégral du cardinal Poupard, à l’adresse du fondateur, des frères et sœurs, des oblats, des laïcs amis et des familles de la communauté Saint-Jean, lors de la messe de ce matin, à Saint-Jean du Latran.

Homélie de S. Em. Le card. Paul Poupard, Président du Conseil Pontifical de la Culture

Pèlerinage des frères et sœur de la communauté Saint-Jean

St Jean de Latran, le 14 février 2006, Saint Cyrille et Méthode ( 2 Co 4, 1-7 – Ps 95 – Lc 10,1-9)

Mes Révérends et bien chers Pères,
Chers Frères et Sœurs, Oblats et Amis de Saint-Jean,
Chers amis pèlerins,

1. C’est pour moi une grande joie de vous accueillir en cette majestueuse Basilique d’abord consacrée au saint Sauveur, et plus tardivement aux saints Jean-Baptiste et Jean l’Evangéliste, l’Apôtre que Jésus aimait et que vous considérez comme votre Père. Nous sommes ici, vous avez pu le lire fièrement inscrit sur la façade majestueuse et solennelle du Florentin Alessandro Galilei, dans la « Sacrosancta Lateranensis ecclesia Omnium urbis et orbis ecclesiarum mater et caput » : mère et tête de toutes les églises de Rome et du monde. Réunis en cette liturgie solennelle, nous fêtons dans la joie les saints Cyrille et Méthode, apôtres des peuples slaves et Patrons de l\’Europe avec saint Benoît Abbé. Nous prions donc le maître de la moisson en cette Eucharistie, comme Jésus nous l’a demandé dans l’Evangile de Luc que nous venons d’entendre, « d\’envoyer des ouvriers dans sa moisson », et nous renouvelons notre désir de répondre généreusement à son envoi : « Partez, je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups », pauvres sans « bourse, ni sac, ni souliers », mais riches de la paix que le Seigneur met dans nos âmes parce que, c’est notre foi : « Le royaume de Dieu s\’est approché de nous ».

Cher Père Marie-Dominique Philippe,

2. En accueillant les frères, les sœurs et les amis de la Communauté Saint-Jean réunis en pèlerinage d’action de grâces pour les 30 ans de sa fondation, je me dois de m’adresser en premier lieu à vous, et de vous redire ma reconnaissance pour le don de votre vie au service de l’Eglise selon la grâce de saint Dominique à qui vous avez toujours voulu rester fidèle, tout en étant appelé par Dieu à accompagner ces jeunes désireux d’offrir leur vie au service de l’Eglise et du Christ, selon la grâce de l’Apôtre saint Jean.

Il m’en souvient, c’était voici déjà trente ans : j’étais aumônier de « Saint-Do », via Cassia, où vous séjourniez à l’occasion de vos séjours romains. Vous me parliez de vos étudiants passionnés par la réflexion sur l’être et la métaphysique, l’interrogation du beau et la philosophie de l’art, la recherche du vrai et la critique… Ils faisaient votre joie et vous encourageaient dans un environnement intellectuel sinon hostile, du moins peu enclin à suivre un tel enseignement. Ces étudiants, vous les accompagniez aussi spirituellement : vous les voyiez se joindre pour vivre ensemble, comme les premières communautés chrétiennes des Actes des Apôtres, mettant leurs biens en commun, priant intensément et longuement, fervents dans la célébration de l’eucharistie comme vous leur en montriez l’exemple, et profondément unis dans un amour tout fraternel et communicatif. C’est ainsi qu’une multitude s’est jointe à eux au fil des ans, jusqu’à devenir une grande et belle famille dont vous êtes l’heureux Père fondateur, béni de Dieu à travers une multitude de fils et de filles répartis aux quatre coins de la terre : ils constituent une grande famille, une vivante mosaïque de cultures fécondées par l’agapè de la foi, témoins en notre monde de l’universelle fraternité des hommes en Jésus-Christ. Je mesure avec vous le chemin parcouru depuis trente ans, les joies mais aussi les épreuves qui ne manquent pas, tant il est vrai – l’Eglise de Rome en est le signe éloquent – que nul n’édifie l’Eglise sans verser le sang de son cœur, parfois jusqu’à l’épuisement, à la suite de Jésus sur la Croix. Continuez, cher Père, à accompagner de votre sagesse et de votre fervente charité, ces filles et ces fils de l’Eglise pour qu’ils continuent à être généreusement aujourd’hui et demain, à l’exemple de Jean-Baptiste et de Jean l’Evangéliste, des martyrs romains et de Benoît de Nursie, de Cyrille et Méthode, de Catherine de Sienne, Brigitte de Suède et Thérèse-Bénédicte de la Croix, les apôtres de la nouvelle évangélisation. Paul VI nous y invitait dans sa belle Exhortation apostolique Evangelii nuntiandi, la charte apostolique qui constitue pour la Famille Saint-Jean comme pour toute l’Eglise, une grande lumière pour sa mission. Le serviteur de Dieu Jean-Paul II me le disait dans un confiant entretien sur l’évangélisation des cultures et l’inculturation de l’Evangile qui marchent du même pas : « Il faut toujours revenir à Evangelii nuntiandi ! »

Cher Père Jean-Pierre-Marie, Chère Sœur Alix et chère Sœur Irène-Marie,
Chers Frères, Sœurs, Oblats et amis de la Communauté Saint-Jean,

3. Vous rendez grâces à Dieu pour avoir été choisis dans l’Eglise à la suite de saint Jean, que vous considérez comme votre père et votre modèle : il est l’Apôtre bien-aimé, fervent et fougueux dans sa suite du Christ, fidèle jusqu’aux heures les plus terribles de la Croix, proche de Marie jusqu’à la prendre chez lui, compagnon de Pierre devant qui il s’efface mais qu’il soutient de son amour. Il est le contemplatif du Prologue de l’Evangile et de l’Apocalypse, chantre du Dieu d’amour en ses Epitres, témoin privilégié de la radicale nouveauté de l’Evangile, lui qui fut disciple du Baptiste avant de l’entendre désigner l’Agneau de Dieu et de se mettre à sa suite avec ardeur.

C’est votre belle vocation : être Jean au cœur de l’Eglise, et comme lui témoins émerveillés du Verbe incarné au cœur des cultures du vaste monde. Aussi cette célébration revêt-elle une signification particulière, devant la Chaire de Pierre où l’évêque de Rome siège pour témoigner du Christ. Le pape Benoît XVI le professait, le 7 mai dernier, en prenant ici possession de la Cathedra romana : « La Chaire – la cathedra – est le symbole de la potestas docendi, cette autorité d\’enseignement qui est la partie essentielle du mandat de lier et de délier conféré par le Seigneur à Pierre et, après lui, aux Douze. Dans l\’Eglise, l\’Ecriture Sainte, dont la compréhension s\’accroît sous l\’inspiration de l\’Esprit Saint, et le ministère de l\’interprétation authentique, conféré aux apôtres, appartiennent l\’une à l\’autre de façon indissoluble. Là où l\’Ecriture Sainte est détachée de la voix vivante de l\’Eglise, elle tombe en proie aux discussions des experts. Tout ce que ces derniers ont à nous dire est certainement important et précieux ; le travail des savants est d\’une aide appréciable pour pouvoir comprendre ce processus vivant à travers lequel l\’Ecriture a grandi et comprendre ainsi sa richesse historique. Mais la science ne peut pas nous fournir à elle seule une interprétation définitive et faisant autorité ; elle n\’est pas en mesure de nous donner, dans l\’interprétation, la certitude avec laquelle nous pouvons vivre et pour laquelle nous pouvons également mourir. C\’est pourquoi, il y a besoin d\’un mandat plus grand, qui ne peut pas naître uniquement des capacités humaines. C\’est pourquoi il y a besoin de la voix de l\’Eglise vivante, de cette Eglise confiée à Pierre et au collège des apôtres jusqu\’à la fin des temps. » Ainsi nous parle aujourd’hui Pierre vivant en son successeur Benoît.

4. Chers frères et sœurs, enracinez toujours en Eglise votre grande et exigeante vocation d’enseignants de la Sagesse chrétienne qui ne cesse de s’alimenter aux sources de la Révélation. Elle puise dans les trésors de la Sagesse humaine le moyen d’orienter notre raison pour une intelligence approfondie de la foi, et elle donne ainsi à la Sagesse théologique de s’épanouir dans une contemplation toute aimante du mystère de Dieu. Vous le savez : la fécondité de votre enseignement dépend de votre enracinement dans la Tradition de l’Eglise authentifiée par le Magistère vivant du Successeur de Pierre, et dans la communion à l’Eglise universelle. C’est ce mystère de communion qui vous a conduits à la rencontre de l’Eglise de Rome, cette Eglise « qui, selon l’expression d’Ignace d’Antioche, préside la charité ». Maxime le Confesseur en témoigne : « En effet, dès la descente vers nous du Verbe incarné, toutes les Eglises chrétiennes de partout ont tenu et tiennent la grande Eglise qui est ici pour unique base et fondement parce que, selon la promesse même du Sauveur, les portes de l’Enfer n’ont jamais prévalu sur elles ». Cette Eglise de Rome est fondée sur les Limina Apostolorum, les Mémoires des Apôtres, ces lieux sacrés de Rome où sont pieusement conservés et vénérés les tombeaux des apôtres Pierre et Paul, les Pères saints grâce auxquels la Ville est devenue disciple de la Vérité et centre de l’unité catholique. Ces mémoires ne cessent de nous inviter avec le peuple chrétien au renouveau fervent de la foi et au témoignage de la communion fraternelle, dont notre monde éclaté a tant besoin à l’aube du IIIème millénaire.

Chers amis pèlerins,

5. Vous avez pu avant cette célébration, vous rendre à l’antique Baptistère qui jouxte cette Basilique et y renouveler les promesses de votre baptême. Vous y avez lu sur l’entablement des colonnes de porphyre l’émouvante inscription que fit graver, vers 435, le pape Sixte III :
Ici naît pour le ciel un peuple de race divine
Engendré par l’esprit fécondateur de ces eaux.
Ici est la source de vie qui lave tout l’univers,
Jaillissant de la plaie du Christ.
Cette eau que reçoit le vieil homme
Fait surgir l’homme nouveau.
Entre ceux qui renaissent, aucune différence.
Un seul baptême, un seul esprit, une seule foi.
Ils sont Un.

Les sacrements sont les canaux qui permettent l’écoulement, à travers les âges et sur toute la surface de la terre, du sang et de l’eau qui, mystérieusement, jaillissent du côté transpercé du Christ crucifié. En recevant l’eau du baptême, nous sommes nés à une vie nouvelle et nous avons été lavés, non pour les soins du corps mais pour ceux de l’âme, non par l’eau qui lave, mais par la grâce qui purifie, et, pour reprendre les termes de l’encyclique Deus caritas est du Pape Benoît XVI, non pour l’eros mais pour l’agape divin qui jaillit en sources d’eau vive du Cœur transpercé de Jésus crucifié. Par le baptême, nous avons été consacrés, offerts à Dieu pour lui appartenir à jamais. Nous sommes devenus ses fils bien-aimés en qui Il met ses complaisances. Mon saint patron l’Apôtre Paul nous l’enseigne dans sa seconde épître aux Corinthiens : « Il a fait briller la lumière dans nos cœurs pour faire resplendir la connaissance de la gloire de Dieu sur la face de Christ ». Tout jubilé d’action de grâces nous demande de retourner sans cesse à la source d’eau vive dans laquelle nous avons été engendrés pour devenir des hommes nouveaux. La contemplation du cœur ouvert de l’Agneau est notre réponse reconnaissante à Lui qui nous a aimés le premier, et s’est fait l’un de nous pour nous faire « un » en Lui.

Chers frères et sœurs, chers amis de la Famille Saint-Jean,

6. Demain le Pape vous accueillera, non pas seuls, mais avec une multitude d’hommes et de femmes qui, comme vous, chacun à sa mesure, prend sa part à l’édification de l’Eglise et s’insère dans l’unité du Corps mystique du Christ. Le Saint-Père illumine nos méditations par ses enseignements, et particulièrement sa première Lettre encyclique : Deus caritas est. Elle est pour vous, en ces jours romains, comme l’invitation à renouveler votre engagement de religieux et de religieuses, de couples et de familles, d’oblats et de baptisés, en revenant à l’essentiel de notre vocation chrétienne : l’amour agapè « dont Dieu nous comble et que nous devons communiquer aux autres » (DCE, n. 1). Le pape Benoît XVI le dit lui-même : il a voulu « insister sur certains éléments fondamentaux, de manière à susciter dans le monde – et donc dans la communauté Saint-Jean et ses amis – un dynamisme renouvelé pour l’engagement dans la réponse humaine à l’amour divin. » Et pour cela, il nous invite à le suivre pour rejoindre la source de sa méditation toute johannique : « Celui qui a le regard tourné vers le côté ouvert du Christ, dont parle Jean (cf. 19, 37), comprend ce qui a été le point de départ de cette Encyclique : «Dieu est amour» (1 Jn 

Portrait de Jean XXIII par le cardinal Poupard

4 février, 2008

du site:

 

 

http://www.cardinalrating.com/cardinal_80__article_325.htm

 

Portrait de Jean XXIII par le cardinal Poupard
Oct 07, 2004


Le texte suivant est composé d’extraits de conférences de Carême données à Notre-Dame de Paris par le cardinal Poupard. Ils illustrent la compréhension qu’ont les hommes d’Eglise actuels du rôle joué par le pape Jean XXIII.

(DICI, 3/5/2003) « Tout au long de cette montée vers Pâques, nous avons écouté le Christ nous parler par ses disciples (…). Ce soir, au terme de ce parcours où tant d’autres témoignages auraient pu être évoqués, c’est le bienheureux pape Jean XXIII, homme d’unité et de paix, qui nous réjouira par les confidences de son Journal, commencé à l’âge de 14 ans et régulièrement tenu jusqu’en 1962, à quelques mois de sa mort survenue à l’âge de 81 ans.
En remettant ces vieux cahiers fripés et ces fascicules délabrés à son fidèle secrétaire, Mgr Loris Capovilla, le bon pape Jean lui confiait : « Mon âme est dans ces pages. J’étais un bon garçon innocent, un peu timide. Je voulais aimer Dieu à tout prix et je ne pensais à rien d’autre qu’à me faire prêtre au service des âmes simples qui réclament des soins patients et diligents »

Homme d’unité, il le sera en ouvrant le concile œcuménique et en y invitant nos frères séparés : les chrétiens anglicans, protestants et orthodoxes. Homme d’unité, il le fut en recevant des hommes de toute obédience. L’une de ses rencontres parmi les plus émouvantes fut sans conteste celle où il accueillit un groupe d’israélites en leur disant, bras grands ouverts : « Je suis Joseph, votre frère » (il s’appelait Joseph – Giuseppe – Roncalli, ndlr).

Parole biblique, aux résonances profondes. C’était au soir de son élection. La foule bigarrée, il m’en souvient, applaudissait à tout rompre lorsque s’ouvrit la loggia qui domine la place Saint-Pierre, pour la première bénédiction traditionnelle urbi et orbi, c’est à dire à la ville et au monde.

Le nouveau pape, qu’on avait, tant bien que mal, revêtu de la plus large des trois soutanes blanches préparées par des personnes qui n’avaient pas prévu l’élection du cardinal Roncalli, venait de dire avec un humour plein de gravité : «Me voici ficelé, prêt à être livré !» Plus tard, il raconta comment il avait vécu la scène : «Figurez-vous que sur la place Saint-Pierre, quand je dus donner ma bénédiction urbi et orbi, les projecteurs de la télévision et du cinéma étaient si puissants que je ne parvins pas à distinguer la foule immense qui, paraît-il, s’étendait jusqu’au Tibre ! Je bénis l’univers, mais en quittant le balcon de Saint-Pierre, je songeais à tous les projecteurs qui, désormais, à chaque minute, seraient braqués sur moi. Et je me suis dit : « Si tu ne restes pas à l’école du Maître doux et humble, tu ne verras plus rien de la réalité du monde, tu seras aveugle ».

« Les premiers jours de ce service pontifical, je ne me rendais pas compte de tout ce que veut dire être évêque de Rome et par là même pasteur de l’Église universelle. Puis, une semaine après l’autre, la pleine lumière s’est faite. Et je me suis senti comme dans ma maison, comme si je n’avais rien fait d’autre durant toute ma vie » (1963).
A Mgr Martin, quelques jours avant sa mort, il confie : « Tous les jours sont bons pour vivre et tous aussi sont bons pour mourir. Pour moi, les valises sont prêtes, mais je suis prêt aussi à continuer à travailler ».

Tel était l’homme que beaucoup de Parisiens avaient superficiellement jugé comme un homme bien en chair, au geste rond, et à l’esprit facile : bref, un heureux tempérament, un prélat optimiste et souriant, voire un diplomate aux gros sabots, le paysan du Danube de la diplomatie pontificale !

De cette Église, Jean XXIII a été le pasteur, le bon pasteur, comme il l’a déclaré au lendemain de son élection. Très vite, les Romains d’abord, puis tous les chrétiens, et enfin le monde entier, l’ont reconnu comme tel. Alors que ses prédécesseurs demeuraient à l’intérieur du Vatican, il s’est mis à sortir très souvent, suscitant toujours beaucoup de sympathie sur son passage.
Les Romains disaient familièrement de lui dans un jeu de mots intraduisible : «Giovanni fuori le mura» (Jean hors les murs) ; et les Américains, en pensant au whisky, l’appelaient «Johnny Walker» (le marcheur). Pour tous, il demeure « le bon pape Jean », qui ne passe pas son temps à pleurer sur le malheur des temps, mais s’adresse au cœur des hommes pour les appeler à travailler et à le changer.

Jean XXIII a réuni le concile Vatican II.

Un triple esprit l’anime : le renouveau de l’Église, l’union des chrétiens, l’ouverture au monde. A ces intentions, il a offert sa vie et sa longue agonie, suivie par tous, petits et grands, l’oreille collée au transistor. « Je souffre avec douleur, mais avec amour », disait-il en ouvrant les bras. Et quand on l’interrogeait au moment de l’ouverture du Concile, il répondait : « Ma part à moi, ce sera la souffrance. »
Ce fut la souffrance, la prière et une action quotidienne très efficiente, sans coups d’éclats spectaculaires, mais par touches successives, quasi inaperçues au début. Il m’en souvient, quand je suis arrivé au Vatican, au début du pontificat de Jean XXIII, pour remplacer Mgr Veuillot, le futur archevêque de Paris : c’était une nouvelle image du pape qui se dessinait peu à peu.
Pas un diplomate ni un politique, mais un homme de cœur et un homme de Dieu qui, très vite, acquiert une confiance et une affection populaire extraordinaires. Pourquoi ? Parce qu’à travers un contact humain, d’homme à homme, jaillissait une flamme d’amour telle que chacun se sentait compris et aimé dans la meilleure part de lui-même.
Aussi sa mort a-t-elle été ressentie par tous, chrétiens et incroyants, comme un deuil personnel : la mort d’un père. A Moscou, le patriarche Alexis invitait les orthodoxes à la prière. A Paris, le rabbin de la synagogue séfarade introduisait une invocation à cette intention dans l’office du sabbat, cependant qu’à Rome, de leur prison de Regina Cœli, les détenus câblaient au Pape : « Avec un immense amour, nous sommes près de vous ».

Lorsqu’il reçut, le 7 mars 1963, Adjoubei et sa femme, la fille de Khrouchtchev, alors maître de l’Union soviétique, cette initiative fut très critiquée. Il s’en est expliqué lui-même au cardinal Marty, le 9 mai 1963, à midi : « Voyez-vous, me dit-il, je sais que plusieurs ont été surpris de cette visite ; certains même furent peinés.
Pourquoi ? Je dois recevoir tous ceux qui frappent à ma porte. Je les ai vus… et nous avons parlé des enfants ; il faut toujours s’entretenir des enfants… Je voyais que Mme Adjoubei pleurait. Je lui ai donné un chapelet, suggérant qu’elle ne devait pas en connaître l’utilité et qu’elle n’était pas tenue à le dire, bien sûr ! Mais qu’en le regardant, elle se rappellerait simplement qu’autrefois vivait une maman qui était parfaite. »
Un homme frappe à sa porte ? Comment la laisser fermée ? Il faut ouvrir, quitte à s’exposer. Qu’a donc fait d’autre le Christ ? « Attention, ces gens-là sont à gauche», lui a-t-on reproché. « Eh bien, que voulez vous que j’y fasse ? Ce n’est pas ma faute à moi, il faut bien que je les prenne là où ils sont et que j’essaie de leur parler ! »

Cette intuition libératrice, il y a quarante ans exactement, et nous en célébrons ici l’anniversaire, permit, lors de la crise de Cuba, de faire le lien entre Khrouchtchev et Kennedy ; de montrer par les faits que, si les systèmes idéologiques sont par nature intolérants, les hommes ne s’y aliènent jamais entièrement et gardent toujours inentamée cette meilleure part d’eux-mêmes qui leur permet de s’entendre pour éviter le pire.
Il ne s’agissait pas pour Jean XXIII de mettre l’Église au goût du jour, mais de redonner au monde le goût de l’Évangile. Les Romains disaient de lui qu’il était furbo, ce qui ne veut pas dire fourbe, mais subtil, d’une habileté nuancée de malice gentille, et c’était dans leur bouche un grand compliment.
Il faut avoir vu aux jours des Rameaux, en 1963, quelques semaines avant sa mort, Jean XXIII se frayer péniblement un chemin à travers la foule de la grande banlieue ouvrière, vers la paroisse Saint-Tarcisius, près de la voie Appienne, et les palmes jetées sur son chemin, pour comprendre le cri de l’Évangile : « Je veux voir Jésus ».

Sa décision la plus inattendue, convoquer le Concile, apparut très vite comme une nécessité évidente, alors que lui même ne savait pas très bien comment cela allait se passer. « En fait de concile, disait-il en souriant, nous sommes tous novices. Le Saint-Esprit sera là lorsque les évêques seront tous réunis. On verra bien. »
Le Concile était d’abord pour lui une rencontre avec Dieu dans la prière, avec Marie, comme les apôtres au Cénacle, la veille de la Pentecôte. Rencontre avec l’Esprit-Saint, le Concile était aussi une rencontre des évêques entre eux et de tous les évêques avec l’évêque de Rome, bien plus aussi, une rencontre avec les frères séparés invités comme observateurs, et ils vinrent de partout, même de Moscou ; rencontre enfin avec le monde entier par ces projecteurs de la presse, de la radio et de la télévision, braqués de tous les coins du monde sur la basilique Saint-Pierre.
Pour Jean XXIII, le Concile devait être aussi une contribution à la paix entre les hommes et entre les peuples, entre les religions et les classes sociales, entre les cultures et les systèmes de pensée.

(…)

Il accueillit ainsi les protestants et les orthodoxes au concile : « Veuillez lire dans mon cœur ; vous y trouverez peut-être bien davantage que dans mes paroles… J’ai eu de nombreuses rencontres avec des chrétiens, appartenant aux diverses dénominations… Nous n’avons pas parlementé, mais parlé ; nous n’avons pas discuté, mais nous nous sommes aimés ».

(…)

Tel était Jean XXIII, homme d’unité et de paix, un prêtre de Jésus-Christ, fortement et solidement enraciné dans la tradition, vivant joyeusement chaque jour comme un don de Dieu, et ouvert par l’espérance vers un monde plus fraternel et une Église plus proche des hommes parce que plus transparente à Dieu.
Jean XXIII était tout le contraire d’un homme de système, fût-ce à droite ou à gauche, et personne n’a pu se l’annexer, tant il a été, au grand sens du terme, catholique. Écoutons-le parler pour la fête de Noël, dans la basilique Saint-Pierre : « Notre cœur se gonfle de tendresse pour vous adresser nos vœux paternels. Nous voudrions pouvoir nous attarder à la table des pauvres, dans les ateliers, dans les lieux d’études et de science, auprès du lit des malades et des vieillards, partout où des hommes prient et souffrent, travaillent pour eux et pour les autres…
Oui, nous désirerions poser notre main sur la tête des petits, regarder les jeunes dans les yeux, encourager les papas et les mamans à accomplir leur devoir quotidien. A tous, nous voudrions répéter les paroles de l’ange : « Je vous annonce une grande joie : il vous est né un sauveur » ! » Avec ces mots tout simples, Jean, successeur de Pierre, redisait au monde la grande, la joyeuse nouvelle toujours jeune : le Seigneur nous aime et nous sommes appelés à l’aimer, à nous aimer. Et cette voix de l’Église souvent étouffée par les bruits du monde a retenti à nos oreilles.
Jean a percé le mur du son. Sa parole a éveillé un écho et les hommes ont reconnu sa voix, comme un appel adressé au meilleur d’eux-mêmes par quelqu’un qui les aimait comme un frère. Et c’est pourquoi tous l’ont pleuré, comme des fils leur propre mère. 

Le Cardinal Poupard affirme…« L’Eglise n’a pas peur de faire face à l’ignorance religieuse »

29 décembre, 2007

du site: 

http://www.cardinalrating.com/cardinal_80__article.htm

 

Le Cardinal Poupard affirme…

« L’Eglise n’a pas peur de faire face à l’ignorance religieuse »

May 17, 2006
Journée de réflexion sur « La littérature entre réalité et imaginaire : la leçon anglo-américaine »

ROME, Dimanche 14 mai 2006 (ZENIT.org) – Le cardinal Paul Poupard, président du Conseil pontifical de la Culture et du Conseil pontifical pour le Dialogue interreligieux, affirme que l’Eglise doit faire face au « défi de l’ignorance religieuse ».

Le cardinal Poupard est intervenu le 9 mai lors de l’ouverture des travaux de la VIIe Journée de réflexion sur « Le catholicisme et la littérature au XXe siècle » centrée plus exactement sur le thème : « La littérature entre la réalité et l’imaginaire : la leçon anglo-américaine ».

Dans son discours d’introduction le cardinal Poupard a constaté que la production littéraire anglo-américaine « a massivement conquis le marché et l’attention des lecteurs avec des ouvrages qui appartiennent au genre du roman fantastique ».

Selon le cardinal, il s’agit d’un phénomène caractérisé ces dernières années par la « recherche du sacré, du mystère » qui se diffuse sous de multiples formes et manières différentes, « du syncrétisme religieux à l’ésotérisme jusqu’au satanisme » et qui « s’enracine de préférence là où l’ignorance religieuse est plus marquée, ce qui fait aujourd’hui parler d’un retour de l’analphabétisme ».

« Celui qui connaît l’histoire de l’Eglise sait bien que ce n’est pas la première fois que se manifestent des phénomènes de ce genre, a souligné le cardinal Poupard. Mais le fait nouveau est l’ignorance religieuse, en fait, l’ignorance tout court, qui rend difficile le discernement entre la légende, l’imaginaire et l’attaque, même sournoise, contre l’histoire et les valeurs représentées et vécues par l’Eglise ».

Le cardinal français a affirmé que l’Eglise n’a certes pas peur d’affronter les défis qui se présentent à elle depuis deux mille ans, notamment « parce qu’elle est convaincue d’une chose : tout défi peut devenir une opportunité de croissance, de maturation, de confirmation toujours plus responsable et consciente, si elle est accueillie comme telle et si l’on y fait face avec maturité, intelligence et bon sens ».

« Pour transmettre la foi au cœur des cultures marquées par l’indifférence et le relativisme, le premier engagement de l’Eglise est l’éducation. Son devoir est d’enseigner », a-t-il ajouté.

Sans citer d’exemple particulier, le cardinal a ensuite évoqué « certains phénomènes, littéraires et médiatiques, extrêmement déconcertants », qui peuvent « susciter la curiosité, l’intérêt et le désir d’en savoir plus ».

« On demande alors aux chrétiens eux-mêmes, a-t-il conclu, de s’engager plus profondément et de manière intelligente dans le domaine du mystère de la vie, et d’expliquer leurs propres raisons de croire, de montrer le bon sens fondé de leurs choix de vie et de foi, pour en faire participer tous les hommes et femmes prêts au dialogue ».

Marz 2007, Un pèlerinage émouvant, par le cardinal Paul Poupard

27 octobre, 2007

Marz 2007, du site:

http://www.30giorni.it/fr/articolo.asp?id=13798

 

Un pèlerinage émouvant

par le cardinal Paul Poupard
président du Conseil pontifical de la Culture

 

Lanniversaire du père de famille est une occasion pour tous ses enfants de lui exprimer leur amour. Cest pourquoi, au moment où nous célébrons le quatre-vingtième anniversaire du Saint-Père, je ne voudrais pas me limiter à honorer ce rendez-vous d’état-civil. Je désire au contraire madresser au Saint-Père en puisant dans la mémoire de mon coeur débordant de gratitude pour les nombreuses preuves daccueil paternel, de souci de rencontre, douverture au dialogue quil a offertes au monde entier. Lun de ces témoignages domine les autres et me touche au plus profond de moi-même, parce que je lai vécu directement, dans un voisinage spécial et privilégié: le pèlerinage en Turquie. Maintenant que les projecteurs se sont éteints et que leffervescence de lactualité journalistique sest calmée, reste la sérénité pour méditer sur cette visite qui, avec la grâce de Dieu, a pu se dérouler de façon heureuse. Une visite qui est devenue un don important pour l’Église et pour toute lhumanité.
C
est un voyage pastoral je me réfère à la vision que le Concile Vatican II présente dans la constitution Lumen gentium aux n. 14-16 qui, comme la mission de l’Église, se déroule sous la forme de cercles concentriques. Dans le cercle central, le successeur de Pierre confirme dans la foi les catholiques, dans celui du milieu, il rencontre les autres chrétiens et dans celui de lextérieur, il sadresse aux non-chrétiens et à lhumanité entière. La première journée sest en effet déroulée dans le cadre de ce troisième cercle, le plus large, pour insister sur le fait quil est important que les chrétiens et les musulmans conjuguent leurs efforts en faveur de lhomme, de la vie, de la paix et de la justice. Dans le cadre du dialogue interreligieux, la divine Providence a accordé que saccomplît, presque à la fin du voyage, un geste qui navait pas été prévu au départ et qui sest révélé de grande signification: la visite à la célèbre Mosquée Bleue dIstanbul. Saint-Père, je garde jalousement gravés dans ma mémoire les quelques instants de recueillement en ce lieu de prière, durant lesquels jen suis convaincu vous vous êtes adressé à lunique Seigneur du ciel et de la terre, Père miséricordieux de lhumanité entière, pour invoquer des bénédictions, notamment sur lentretien avec le grand Mufti de Turquie. À lhorizon de ma mémoire apparaît Éphèse et donc le cercle central du voyage, en contact direct avec la communauté catholique. Dans le jardin qui précède le sanctuaire, un pèlerinage émouvant de fidèles venus de la ville voisine dIzmir, dautres lieux de Turquie et aussi de pays étrangers pour participer à la messe, a fait résonner dans mon cœur, dans toute leur force et leur vérité, ces mots: «Là où est Pierre, là est l’Église». À la Maison de Marie nous nous sommes vraiment sentis chez nous et, dans ce climat dharmonie, sest élevée la prière pour la paix en Terre Sainte et dans le monde entier. Le cercle intermédiaire sest réalisé à loccasion de la fête de saint André, le 30 novembre. Sur les traces de Paul VI, qui rencontra le patriarche Athénagoras, et de Jean Paul II, qui fut accueilli par le successeur dAthénagoras, Dimitrios Ier
, je vous ai vu, Saint-Père, renouveler avec Sa Sainteté Bartholomeos Ier ce geste de grande valeur symbolique pour confirmer votre engagement réciproque à poursuivre le chemin vers le rétablissement de la pleine communion entre catholiques et orthodoxes. Le retour au cercle central, cest-à-dire la rencontre avec la communauté catholique présente dans toutes ses composantes dans la cathédrale latine de lEsprit Saint, à Istanbul, a clos ce pèlerinage. Que Dieu Tout-puissant et miséricordieux nous aide à construire des ponts damitié et de collaboration fraternelle entre les peuples et les nations, entre les cultures et les religions, ce dont Votre Sainteté ne cesse de témoigner en toute occasion.
Dans ce climat de souvenir joyeux et reconnaissant, dans le grand choeur des t
émoignages daffection et de reconnaissance, de joie et de fidélité, que vous parviennent mes vœux les plus cordiaux en cet heureux jour de votre quatre-vingtième anniversaire, en même temps que mes remerciements, venus du fond de mon cœur, pour votre précieux ministère pastoral pour le bien de toute la Sainte Église de Dieu. Puissiez-vous poursuivre votre œuvre de paix et de réconciliation parmi les peuples, de dialogue et de rencontre entre les cultures et les religions! Que le Seigneur vous accorde de guider sagement l’Église et de continuer à nous communiquer cette force dont nous avons constamment besoin pour rendre compte devant les hommes, avec douceur et respect, de lespérance qui est en nous ( cf. 1P 3, 15). Saint-Père, cest avec le cœur débordant de gratitude et de filiale reconnaissance que je vous renouvelle tous mes vœux, lesquels maintenant se font prière: que la Sainte Trinité vous éclaire et vous bénisse; que la Vierge Marie, Mère de l’Église, vous accompagne et vous fasse toujours sentir la douceur de sa consolations maternelle! Ad multos annos, Sainteté!

Paul Poupard: « Ministre de la Culture du Saint-Siège », presque un quart de siècle

4 septembre, 2007

du site: 

http://www.zenit.org/article-16068?l=french

« Ministre de la Culture du Saint-Siège », presque un quart de siècle

Discours du card. Poupard

ROME, Lundi 3 septembre 2007 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous le discours de remerciement du cardinal Paul Poupard, alors président du Conseil pontifical de la Culture et du Conseil pontifical pour le Dialogue Interreligieux, lors de la cérémonie de remise des Insignes de Commandeur dans l’Ordre des Arts et Lettres, par M. Renaud Donnedieu de Vabres, alors ministre français de la Culture et de la Communication, le 10 septembre 2006 (cf. http://www.culture.gouv.fr).

Monsieur le Ministre,

Votre décision – pour moi inattendue – de me décerner le grade de Commandeur dans l’Ordre des Arts et des Lettres de la République Française m’honore grandement. Je vous en exprime ma vive gratitude, redoublée par votre geste exceptionnel de venir à Rome pour me remettre vous-même les Insignes de cette prestigieuse distinction, en cette Villa Bonaparte, siège de notre Ambassade de France près le Saint-Siège.

En vous remerciant des paroles trop aimables que le Ministre de la Culture de la République a eues pour celui que l’on appelle cavalièrement sur les bords du Tibre depuis presque un quart de siècle le Ministre de la Culture du Saint-Siège, permettez-moi, cher Collègue, si j’ose cette appellation plus familière que formelle, de dire merci du fond du cœur à Son Excellence Monsieur l’Ambassadeur de France près le Saint-Siège, et à Madame Bernard Kessedjian, pour avoir convié à cette rencontre de culture, avec de fidèles amis parisiens, tant d’amis romains qui vous témoignent ainsi leur bonheur et leur fierté de vous avoir parmi nous en cette circonstance festive pour les arts et les lettres.

A l’aube du troisième millénaire, nous pressentons tous que l’identité culturelle sera sans nul doute la grande question de ce siècle, dès lors que la culture est l’ensemble des valeurs qui donnent aux êtres humains leurs raisons d’être et d’agir, et que nous partageons un passé à assumer et un avenir à assurer, dans un univers multiculturel et pluri-religieux contrasté. Chacun de nous y contribue à sa manière. Pour ma part, vous l’avez souligné, c’est un privilège de le faire avec toutes les ressources de la langue française dans le ministère qui est le mien à Rome.

La France et Rome.

Roma, amor. « Rome est la capitale du monde », disait Rabelais. « Chacun y est chez soi », pour le dire avec Montaigne, cependant que mon compatriote angevin Joachim du Bellay, chantre incomparable de son petit Liré qui est aussi le mien, décrivait de manière saisissante l’étonnante permanence de Rome dans sa mouvante mobilité :

Nouveau venu qui cherches Rome en Rome

Et rien de Rome en Rome n’aperçoit…

Rome de Rome est le seul monument…

Rome seule pouvait à Rome ressembler…

Veux-tu savoir, Duthier, quelle chose c’est Rome ?

Rome est de tout le monde un publique échafaud

Une scène, un théâtre auquel rien ne défaut

De ce qui peut tomber ès actions de l’homme.

Une fois encore, vous m’avez fait rouvrir les Regrets jaunis de mon compatriote du petit Lyré, le poète Joachim du Bellay. Et vous m’avez incité à transformer le premier quatrain de l’un de ses sommets les plus fameux. J’oserai l’énoncer ainsi aujourd’hui. « France, mère des arts, des lettres et des lois », avant de démentir le second tercet suivant : « Puisque le français,

Quoiqu’au grec et romain égalé tu te sois,

Au rivage latin ne se peut faire entendre ».

Le Français aujourd’hui bien au contraire ne cesse de se faire entendre au rivage latin et sur son versant Vatican, bien entendu de façon privilégiée avec ses sœurs latines, ses cousines anglo-saxonnes et ses plus lointains parents slaves.

Voici déjà un quart de siècle, alors que le jeune Pape Jean-Paul II demandait au jeune Recteur de l’Institut Catholique de Paris que j’étais de revenir à Rome pour y créer le Conseil Pontifical de la Culture, je me permettais de lui observer, en toute humilité, que je n’avais pas, comme lui et ses compatriotes le don des langues. Alors il a posé un peu brusquement sa fourchette –c’était un déjeuner de travail-, et il m’a lancé en termes plutôt vifs –je les restitue de mémoire- : « Alors naturellement, vous, les Français, partout vous pouvez vous faire comprendre dans votre langue. Mais nous autres Polonais, si nous voulons nous faire entendre, alors il faut bien apprendre le français et d’autres langues ! ». Bel hommage, à vrai dire, et ce n’était pas le premier que j’entendais en direct de la bouche d’un pape. Le premier, c’était le bon Pape Jean XXIII qui me disait, en ce lointain automne 1959, pour me détourner d’un avenir universitaire déjà programmé : « Tu es un jeune prêtre et tu veux servir l’Eglise. Alors, si le vieux Pape te demande de l’aider, tu ne vas pas lui refuser ! ». Son successeur, le Pape Paul VI, près de qui j’ai travaillé de longues années à la Section française de la Secrétairerie d’Etat, me partageait, un soir où il m’avait fait venir chez lui –c’était alors tout à fait exceptionnel, et disons même un peu suspect pour l’entourage- son bonheur d’un discours dont l’exorde l’enchantait : « Au moment de prendre la parole devant cet auditoire unique au monde ». Il me le répétait de mémoire treize ans plus tard, quelques semaines avant sa mort, où il m’avait demandé dans une belle lettre autographe de revenir le voir une fois encore, ajoutant avec ferveur : «Le français, cette langue qui exerce la magistrature de l’universel ».

Paul VI qui me disait, c’était à Pâques 1967, où il m’avait demandé de présenter à la Salle de Presse du Saint-Siège –ce fut ma première Conférence de presse- l’Encyclique Populorum Progressio : « Cette encyclique est née dans un berceau français. Et, avant même qu’elle ne fût, je l’ai aimée ». Un autre soir lointain, il me montrait avec tristesse la traduction française d’une remise en cause de la foi catholique dont la langue originale était moins répandue, et il ajoutait : « Maintenant que c’est traduit en français, cela fera le tour du monde » ! Notre Saint-Père Benoît XVI est le quatrième pape près duquel j’ai le privilège de collaborer au service du Saint-Siège pour l’Eglise. C’est le quatrième pape qui s’entretient toujours avec moi en français, et il le fait avec une élégance, et j’allais dire, un charme qui me touche profondément. J’ai encore en mémoire l’allocution qu’il prononçait ici même, alors que l’Ambassadeur de France lui remettait les Insignes de la Légion d’Honneur, et qu’il faisait l’éloge de « la douce France », comme il le fit encore quand il était venu présider le Jury du Prix Henri de Lubac créé pour honorer la meilleure thèse de doctorat en théologie écrite et soutenue en français dans l’une des Universités pontificales.

Un autre souvenir, d’un tout autre ordre, me revient en mémoire. C’est celui de la première réunion du premier Conseil de la Culture, en janvier 1983. Le Président poète Léopold Sedar Senghor, avec un accent métallique que je ne saurais imiter, proféra avec solennité, d’une voix sentencieuse teintée de quelque gourmandise, cet adage savoureux : « Le plus beau mot de la langue française, c’est –je vous le donne en mille !-, c’est confiture ! ».

Le Cardinal Agostino Casaroli, alors le jeune Monseigneur Casaroli, à cette époque lointaine où, ce qui était alors la Première Section de la Secrétairerie d’Etat, n’avait pas de minutant français, m’utilisait souvent pour cet exercice périlleux de limer ses textes en parfait français. Il me disait d’ailleurs avec humour : Je suis Archevêque titulaire de Lima ! Il pratiquait avec une subtilité extrême notre langue et savait me désarmer en me disant : « Je connais suffisamment votre belle langue pour savoir que ce terme est trop fort », et comme je lui en proposais un autre : « Mais celui-ci est trop faible ! », et il avait raison. Ce diplomate hors pair m’a beaucoup appris l’art des nuances entre regretter et déplorer, apprécier et approuver, et l’importance du mot juste, y compris et surtout dans ces textes écrits que les diplomates appellent NOTE VERBALE et qu’ils communiquent en des moments de tension accentuée. Comme le Président Senghor, son attachement privilégié à notre langue venait de l’aptitude singulière qu’il lui reconnaissait, plus qu’à d’autres, d’épouser les nuances les plus subtiles de la pensée, et d’en permettre l’expression avec clarté et précision.Lorsque j’en étais le Recteur, le Président Georges Pompidou, qui était un humaniste, m’avait demandé de participer aux sessions du Haut Comité de la Langue française, où j’avais le privilège de travailler avec d’éminentes personnalités, dont en particulier Gabriel de Broglie, aujourd’hui Chancelier de l’Institut,. Et je pourrais faire miennes les confidences qu’il livrait naguère dans son beau livre « Le Français, pour qu’il vive » (Gallimard, 1986) : « Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours ressenti le français comme une fibre de mon être. L’amusement de mes jeux d’enfant, l’impression de mes premières lectures, la force de mes premiers sentiments, n’ont jamais été séparés de la découverte des mots et des phrases qui les traduisaient. Langue maternelle, mais davantage langue d’enfance, langue d’adolescence, langue de maturité. Et aussi langue gardienne, langue heureuse, langue laborieuse. Je n’ai jamais écrit une page sans solliciter le secours de la langue. Fibre de mon être, perception de mes sens, paysage de mon activité : j’ai vécu du français comme on respire le bon air ».

Car la langue est plus que le langage. Dans un récent discours au Cercle de la Revue des Deux Mondes, le 13 décembre 2005, vous avez justement souligné, Monsieur le Ministre, l’importance du rayonnement culturel dans les relations internationales, et exprimé votre conviction qui est aussi la mienne : C’est par la culture que la France est plus ancienne qu’elle ne sait, plus grande qu’elle ne croit, plus audacieuse, plus généreuse qu’elle ne l’imagine. Vous ajoutiez du reste aussitôt, et ce en parfaite syntonie avec le Conseil Pontifical de la Culture : « La diversité culturelle est une valeur essentielle qui offre la meilleure réponse à l’uniformisation, qui est l’une des menaces de la mondialisation actuelle » (Revue des Deux Mondes, Février 2006, p. 69-79).

Je l’ai redit le 27 octobre dernier à Faro où j’avais l’honneur de présider la Délégation du Saint-Siège pour la Célébration du cinquantième anniversaire de la Convention européenne culturelle du Conseil de l’Europe : « Le Saint-Siège, pour sa part, n’a cessé d’apporter son soutien aux initiatives du Conseil de l’Europe pour que les Européens reconnaissent leur patrimoine commun et divers, favorisent la mobilité et les échanges en vue d’une meilleure connaissance et d’une mutuelle compréhension, et soutiennent le vaste courant de coopération culturelle entre les peuples, objectifs fixés par la Convention (Documentation Catholique, n° 2349, 1er Janvier 2006, p.20). Car s’il n’est bien évidemment d’universel qu’enraciné dans le particulier, la culture d’expression française s’est toujours reconnue une vocation d’universalité. Au reste, est-il besoin de le souligner devant un parterre d’Ambassadeurs que je salue avec respect et cordialité, pour chacun d’entre nous, notre amour de la patrie n’est pas le nationalisme. Ce n’est pas un amour exclusif. C’est un amour privilégié. Il en va de même dans la pratique du dialogue des cultures que me confiait le Pape Jean-Paul II voici quasi un quart de siècle, dialogue interculturel que son successeur, le Pape Benoît XVI, m’a demandé de conjuguer désormais avec le dialogue interreligieux, dont l’universalité ne peut se particulariser qu’en s’exprimant dans les diverses cultures de notre vaste monde.

En ce monde plus que jamais pluriel, si le français privilégie la rigueur avec la nuance qui en assure au demeurant l’élégance, il importe de souligner combien l’accès aux grandes langues comme aux moins répandues ajoute de ressources de culture et donc d’humanité, chacune dans son génie propre, tant dans la structure de la pensée que dans le vocabulaire de l’expression, dont la fine pointe est souvent intraduisible dans sa nuance la plus originale. Mais, n’est-ce pas notre désir à tous, hommes d’Eglise aussi bien que diplomates et hommes de bonne volonté que de conjoindre nos efforts pour surmonter la tentation toujours récurrente de Babel par l’Esprit de Pentecôte. Il n’est de culture que de l’universel, non pas d’un universel abstrait, mais d’un universel concret, fait de la richesse des cultures dont la rencontre féconde nous permet d’œuvrer tous à cette civilisation de l’amour dont le Pape Paul VI déjà se faisait le héraut inlassable.

Les arts et les lettres sont le plus bel ornement de la culture. Ils brillent d’un éclat singulier dans l’expression millénaire de la culture française, dans le riche éventail des cultures du monde dont je salue les représentants avec respect et amitié. La culture, j’aime à le rappeler, est l’expression incarnée dans l’histoire de cette identité qui constitue l’âme d’un peuple. Elle façonne l’âme d’une nation qui se reconnaît dans des valeurs, s’exprime dans des symboles, communique par des signes, se pérennise dans des institutions et constitue, comme aimait à le dire le serviteur de Dieu Jean-Paul II, son Ethos propre. Dans la mutation culturelle qui ébranle le monde, chacun de nous est à la fois fils et père de la culture où il est immergé, qui imprègne sa manière de vivre, et s’en trouve progressivement modelé. J’éprouve pour ma part une profonde gratitude pour ma famille et ma paroisse natale, mon petit, grand et séminaire universitaire, tous ces maîtres qui m’ont transmis un patrimoine d’une richesse incomparable dont je leur suis redevable après Dieu. Et je vous remercie, Monsieur le Ministre, de m’avoir donné aujourd’hui l’occasion d’en rendre publiquement témoignage en cette Ville de Rome, dont nous sommes tous les hôtes et qui incarne depuis des millénaires l’insertion privilégiée de l’universel dans le particulier, de la durée dans l’instant, de l’éternité dans le temps.

Rome, cité des rencontres. Les rencontres culturelles sont d’abord des rencontres humaines. Et quoi de plus humain que la culture, dont chacune en sa propre histoire singulière est porteuse de ferments d’humanisme universel.

Rome. Et puisque vous venez, Monsieur le Ministre, de la Ville lumière, permettez-moi de vous dédier ces derniers mots empruntés à mon compatriote poète Joachim Du Bellay qui ne trouva rien de mieux, pour chanter la grandeur de Paris, que de prendre référence à la Ville éternelle :

Paris est en savoir une Grèce féconde

Une Rome en grandeur Paris on peut nommer.

+ Paul cardinal Poupard

Président du conseil pontifical de la Culture

Culture : Le cardinal Poupard se retire, nomination de Mgr Ravasi

4 septembre, 2007

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http://www.zenit.org/article-16077?l=french

Culture : Le cardinal Poupard se retire, nomination de Mgr Ravasi un bibliste italien

ROME, Lundi 3 septembre 2007 (ZENIT.org) – Le pape Benoît XVI a accepté la renonciation à la charge de président du Conseil pontifical de la Culture que lui a présentée le cardinal Paul Poupard, selon les normes du droit canon sur la limite d’âge. Le cardinal Poupard avait atteint la limite d’âge il y a deux ans, mais Benoît XVI l’avait confirmé à ce poste qu’il occupait depuis avant la fondation du conseil pontifical. Il est le plus ancien cardinal en poste dans un dicastère romain, lui qui voit la culture aujourd’hui comme « un vrai champ de bataille ».

Un bibliste pour recevoir le témoin
Pour lui succéder, le pape nomme un bibliste italien, Mgr Gianfranco Ravasi, jusqu’ici préfet de la Bibliothèque ambrosienne, de Milan, le nommant également président des commissions pontificales des Biens culturels de l’Eglise et d’archéologie sacrée, l’élevant à la dignité d’archevêque.

Benoît XVI avait chargé ce bibliste familier des media italiens de rédiger les textes des méditations du Chemin de Croix au Colisée lors du vendredi saint de cette année.

Alors que Benoît XVI vient de publier avec succès la première partie de son livre « Jésus de Nazareth », la nomination de Mgr Ravasi confirme cet auteur dans son choix exégétique de ne jamais séparer dans l’enseignement ou la prédication Jésus Christ vrai homme et vrai Dieu.

A la télévision italienne, il offre des commentaires bibliques pour un large public, dans son émission « Les frontières de l’esprit ». Il est également connu pour son commentaire des Psaumes.

Mgr Ravasi est né en 1942 à Merate, au nord de Milan. Il a fait ses études d’exégèse à Rome, à l’Institut biblique pontifical.

En 1989, Mgr Ravasi est devenu préfet de la Bibliothèque ambrosienne, fondée en 1607 par le cardinal Federigo Borromeo. Elle renferme des chefs-d’œuvre comme le « Codex Atlantique » de Léonard de Vinci ou la « Nature morte » du Caravage. De célèbres cardinaux en ont été préfets, dont un certain Achille Ratti, archevêque de Milan en 1921, et pape sous le nom de Pie XI l’année suivante.

Pour le cardinal Poupard, la culture, « un vrai champ de bataille »
En 2004, à l’occasion d’un double jubilé (prêtre depuis 50 ans et évêque depuis 25 ans), le cardinal Poupard estimait retirer de ces années d’expérience que la foi est l’espérance en l’amour et que l’intelligence de la foi est donnée aux pauvres : « Je comprends la joie de sainte Thérèse lorsqu’elle se sent faible, lorsqu’elle se sent si petite », affirmait-il.

Le cardinal français, président du conseil pontifical de la Culture et naguère encore président du conseil pontifical pour le Dialogue interreligieux, a été un proche collaborateur de Jean XXIII, de Paul VI, de Jean-Paul II et de Benoît XVI. « Ma foi a grandi de manière telle que j’oserais donner cette définition, certes pas théologique mais du coeur : la foi, pour moi, est de plus en plus l’espérance en l’amour, même à travers la souffrance », confiait-il lors de ce double jubilé en la basilique Santa-Maria in Trastevere.

« Je comprends de mieux en mieux la joie de sainte Thérèse de Lisieux, lorsqu’elle se sent faible, lorsqu’elle se sent si petite. Que peut-elle faire ? Elle comprend que l’échelle de la vie est trop dure pour une fille aussi petite. Elle prendra donc l’ascenseur, c’est-à-dire les bras de Jésus. J’essaie de faire la même chose », avait confié le cardinal Poupard.

Il disait alors mieux comprendre également les Béatitudes : « Maintenant j’ai touché du doigt une béatitude paradoxale, c’est-à-dire que l’intelligence de la foi est donnée, comme dit Jésus, aux pauvres, aux pauvres en esprit, aux affligés, aux doux, à ceux qui ont faim et soif de justice, aux miséricordieux, aux coeurs purs et aux artisans de paix. La joie est vraiment le premier et le dernier mot de l’Evangile et notre monde en a tant besoin ».

« Je ne cesse d’apprendre de mes collaborateurs, des personnes que je rencontre, de tous les évêques du monde et surtout des malades », ajoutait-il.

Le cardinal disait voir la culture aujourd’hui comme « un vrai champ de bataille, où il n’y a aucune cohérence, et surtout où l’on trouve tout et son contraire ». « Mais dans l’Evangile nous avons le fil conducteur », ajoutait-il.

Le cardinal Poupard avait conclu en affirmant que le christianisme a bel et bien quelque chose à dire au monde : « Plus que jamais aimer Jésus Christ », car « personne ne peut vivre sans aimer et sans être aimé ».

Le cardinal Poupard est né en France, à Bouzillé (diocèse d’Angers), le 30 août 1930. Il a obtenu une licence en théologie et en histoire à la Sorbonne. Après un an au Centre National de Recherche Scientifique il était devenu official à la Secrétairerie d’Etat du Vatican, en 1959.

Recteur de l’Institut catholique de Paris, où il avait accueilli Jean-Paul II, il était nommé évêque auxiliaire de Paris en 1979 et, en 1980 Jean-Paul II le nommait président du Secrétariat pour les non-croyants et deux années plus tard président du conseil pontifical pour la Culture, qui venait d’être créé. Benoît XVI l’avait confirmé dans ces fonctions, lui demandant aussi d’assumer pour un temps la responsabilité du Dialogue interreligieux. Il vient de passer le témoin au cardinal Jean-Louis Tauran, le 25 juin dernier. Il est cardinal depuis le 25 mai 1985.

Le 10 septembre 2006, le cardinal Poupard a reçu les Insignes de Commandeur dans l’Ordre des Arts et Lettres qui lui ont été remis par M. Renaud Donnedieu de Vabres, alors ministre français de la Culture et de la Communication, au siège de l’ambassade de France près le Saint-Siège, à Rome.

Card. Poupard : Le dialogue interreligieux exige un dialogue interculturel

27 juillet, 2007

du site:

http://www.zenit.org/article-15917?l=french

Card. Poupard : Le dialogue interreligieux exige un dialogue interculturel

Intervention à l’Université « Rey Juan Carlos » de Madrid

 

ROME, Jeudi 26 juillet 2007 (ZENIT.org) – Le dialogue entre les religions et le dialogue entre les cultures sont intimement liés, explique le cardinal Paul Poupard, président du Conseil pontifical de la Culture. Le cardinal Poupard, qui était jusqu’à il y a peu de temps, également président du Conseil pontifical pour le Dialogue interreligieux, est intervenu ce jeudi à une rencontre pour les universitaires organisée par l’Université « Rey Juan Carlos » de Madrid sur le thème : « Benoît XVI et le dialogue entre les cultures et les religions ». Le cardinal Poupard a proposé une réflexion sur la transcendance de la dimension culturelle comme lieu de rencontre des religions. Entrant dans le monde fascinant des religions, le cardinal Poupard – qui a dirigé la publication du « Dictionnaire des religions » – montre que dans la pensée de Benoît XVI et de Joseph Ratzinger, il existe une continuité essentielle entre le dialogue entre les cultures et le dialogue interreligieux. « Il ne peut y avoir de dialogue interreligieux authentique si celui-ci n’est pas basé sur la culture ; et inversement, tout dialogue interculturel est, en définitive, un dialogue sur les grandes questions religieuses », a-t-il expliqué. Le cardinal a souligné la contribution originale du pape Benoît XVI pour une rencontre et un dialogue plus intense entre les hommes de culture et les représentants des différentes religions. Il a expliqué comment, au-delà des apparences d’antagonisme et des défis du pluralisme religieux, il est possible de capter des tendances telles que : « la tâche de donner un sens, globalement, à sa vie », et « le dynamisme pour dépasser le monde visible et aller au-delà de ce monde ». La relation avec le monde transcendant est un patrimoine commun des cultures et des religions, a-t-il souligné. Le cardinal Poupard a rappelé que dans la pensée du pape, le jugement critique de la raison apporte une purification aux religions, aidant à souligner le caractère universel de tout homme : « les droits de l’homme et particulièrement la liberté de la foi et de la pratique de la foi ».

Cardinal Poupard : « Benoît XVI cherche à panser une douloureuse blessure »

24 juillet, 2007

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http://www.chretiente.info/eglise_catholique.php?breve1583

Cardinal Poupard : « Benoît XVI cherche à panser une douloureuse blessure »

« Essayer de panser une douloureuse blessure au sein de l’Eglise », telle est, selon le cardinal français Paul Poupard, président du conseil pontifical de la culture, « l’intention principale du pape au cœur du motu proprio « Summorum pontificum ».

Pour le cardinal Poupard, il s’agit d’un « pas important pour ceux qui ont vraiment à cœur l’unité de l’Eglise, mais qui n’écarte pas tous les dangers ».

Le cardinal Paul Poupard a en effet confié son analyse au quotidien italien « La Repubblica », dimanche 8 juillet, au lendemain de la publication du motu proprio et de la lettre de Benoît XVI qui explique la portée du document.

« Le motu proprio et la lettre du pape sont deux documents importants qui doivent être lus avec beaucoup d’attention. On y perçoit très clairement le projet du Saint-Père qui veut panser une blessure au sein de l’Eglise, autrement dit l’excommunication des lefébvristes (en 1988, ndlr). Nous espérons que cette fracture, après ce grand pas, sera resoudée. Nous espérons que ce geste du pape sera accepté par les lefébvristes, et que le corps de l’Eglise retrouvera ainsi son unité ».

A propos du concile, le cardinal Poupard tient à souligner : « Le pape l’a dit clairement : on ne touche pas au Concile Vatican II. Bien qu’il y ait la possibilité de pouvoir choisir spontanément entre deux liturgies, il n’y a toujours qu’un seul et unique rite eucharistique. Mais l´art de gouverner exige que l’on cherche avant tout à éviter les dangers majeurs. Dans notre cas, les blessures d’un passé récent qui n’ont jamais cicatrisé. Et sur ce point, Benoît XVI a été précis. Nous n’avons plus qu’à attendre les fruits espérés. Le problème des lefébvristes est peut-être moins ressenti en Italie qu’en France, en Suisse, en Allemagne ou sur le continent américain. Et le pape a bien fait de tout mettre en œuvre pour assainir la situation. C’est pourquoi nous espérons et nous prions ».

XXVe anniversaire du conseil pontifical de la Culture

15 juin, 2007

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http://www.zenit.org/article-15610?l=french

XXVe anniversaire du conseil pontifical de la Culture

Journée de réflexion autour du card. Poupard

ROME, Mardi 12 juin 2007 (ZENIT.org) – Le conseil pontifical de la Culture fête mercredi 13 juin son XXVe anniversaire par une journée de réflexion au nouveau siège de ce conseil pontifical.Le dicastère, fondé le 20 mai 1982, a en effet quitté le palais Saint-Calixte du Transtévère pour s’installer rue de la Conciliation, à deux pas de la place Saint-Pierre.

La journée se déroulera autour des interventions des cardinaux Poupard, Dias, Hummes et Arinze, et du R. P. Ardura, secrétaire, et du Prof.Cappelletti.

Le cardinal Paul Poupard évoquera « L’Evangélisation de la Culture dimension fondamentale de la mission de l’Eglise ».

Le cardinal Ivan Dias, préfet de la congrégation pour l’Evangélisation des Peuples, et membre du conseil pontifical de la Culture interviendra sur le thème : « Le Christ est né en Asie : défis culturels pour une foi pleinement catholique et intégrée dans sa terre ».

L’intervention du cardinal Claudio Hummes, préfet de la congrégation pour le Clergé, membre du conseil pontifical de la Culture, aura pour titre : « Ma pastorale de la Culture, une expérience ecclésiale fructueuse vécue sur le continent de l’espérance ».

Le préfet de la congrégation pour le Culte divin et la Discipline des Sacrements, le cardinal Francis Arinze, membre du conseil pontifical de la Culture, parlera de : « L’engagement de l’Eglise en Afrique, pour annoncer le Christ au cœur des cultures ».

Le thème de l’intervention du P. Bernard Ardura sera : « Les défis de l’annonce et de l’inculturation de la foi et de l’évangélisation des cultures ».

Le prof. Vincenzo Cappelletti, président de la Société européenne de la Culture et des éditions « Studium » parlera de « Eglise et Culture à l’aube du IIIe millénaire : le regard de l’historien ».

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