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LES CATACOMBES DE SAINT CALIXTE Itinéraires romains

14 octobre, 2015

http://www.fr.josemariaescriva.info/article/les-catacombes-de-saint-calixte

LES CATACOMBES DE SAINT CALIXTE

Itinéraires romains

Mots: Itinéraires romains, Premiers chrétiens

La persécution déchaînée par Néron en l’an 64 envoya au martyre un très grand nombre de chrétiens. Ce fut une épreuve très dure pour l’Église de Rome qui dût par la suite affronter une terrible campagne de calomnies la salissant aux yeux du peuple. Les chrétiens étaient traités d’athées, puisqu’ils refusaient le culte à l’empereur. Ils étaient donc un danger pour l’unité de l’empire et des ennemis du genre humain. On leur attribuait les pires atrocités : des infanticides, l’anthropophagie, des désordres moraux en tout genre. Tertulien (160-220) en parlait ainsi : Il n’y a pas de malheur public ou de maux en tout genre subis par le peuple dont les chrétiens ne soient portés responsables. Si le Tibre déborde, si le Nil n’a pas de crues et n’irrigue pas les champs, si le ciel n’envoie pas la pluie, si la terre tremble, s’il y a famines et peste, on n’entend qu’un seul cri : les chrétiens, aux fauves ! 1.
Jusqu’en 313, année où l’édit de Milan décréta la paix, l’Église vécut sous la persécution. Il est vrai que les persécutions n’avaient pas toutes la même intensité et que, hormis quelques périodes concrètes, les chrétiens menaient une vie normale. Mais le risque du martyre était toujours présent : il suffisait qu’un ennemi porte plainte pour qu’il y ait une enquête. Celui qui se convertissait était pleinement conscient que le christianisme était une option radicale qui entraînait la recherche de la sainteté et la profession de foi au risque de sa propre vie. Chez les fidèles, le martyre était un privilège, une grâce de Dieu, une possibilité d’être pleinement identifié au Christ au moment de la mort. Néanmoins, la conscience de la faiblesse personnelle, les conduisait à demander l’aide du Seigneur pour savoir l’accepter, le cas échéant. Ceux qui avaient mérité la palme du martyre devenaient des modèles vénérés. On imagine aisément l’émotion de la communauté chrétienne de Rome lorsqu’elle entendait les récits détaillés de la sainte mort des frères dans la foi. Ils étaient en même temps une consolation et une force pour les croyants et une semence de nouvelles conversions. Les reliques des martyrs étaient recueillies et inhumées avec dévotion et on avait recours à leur intercession, dès l’instant de leur enfouissement.
La loi romaine prescrivait, depuis très longtemps, que les nécropoles, villes des morts, en terme grec, soient à l’extérieur des remparts de la cité. Nul ne sera inhumé ou incinéré dans l’urbs 2. Les romains incinéraient habituellement les corps des défunts, mais il y avait aussi des familles qui inhumaient leurs êtres chers dans leur propriété. Cette coutume s’imposa par la suite sous l’influence du christianisme.
Au départ, fidèles et païens gisaient ensemble. Ce n’est à partir du 2ème siècle que, grâce aux donations de certains chrétiens aisés, l’Église commença a disposer de nécropoles propres que les fidèles ont appelées cimetières, —coimeteria, du grec koimao, dormir— : des lieux où les corps reposent dans l’attente de la résurrection. C’est ainsi qu’apparurent les catacombes chrétiennes : elles n’étaient pas, comme on le pense à tort, des refuges ou des lieux de rassemblement pour les célébrations liturgiques, mais des lieux de sépulture où reposaient les restes mortels des frères dans la foi. À l’origine, le terme « catacombe » faisait référence à une zone de la voie Appia allant de la tombe de Cécilia Metella à la ville de Rome. Par la suite, ce toponyme désigna aussi le cimetière chrétien, sous terre. Aux premiers siècles, de nombreux martyrs y furent inhumés et, avec les tombes de saint Pierre et saint Paul, les catacombes devinrent des lieux du souvenir, très chers aux chrétiens de Rome. Ils s’y rendaient très souvent, dans les moments les plus durs, pour implorer l’aide de Dieu par l’intercession de ceux qui avaient proclamé l’Évangile en versant leur sang. Mus par leur dévotion, les fidèles voulurent logiquement être inhumés près des autres membres de la communauté chrétienne, et si possible, près d’un Apôtre ou d’un martyr, en attente de la

Sur la voie Appia
Les catacombes de saint Calixte sont sur la voie Appia, à la sortie de Rome. Ce fut au 2 ème siècle que l’on commença à y inhumer des morts et les propriétaires du domaine, vraisemblablement chrétiens, permirent que d’autres frères dans la foi y soient enterrés à leur tour. C’est à cette époque-là que fut ensevelie la jeune martyre Cécile, dont la mémoire fut très vénérée dès l’instant de sa mort. Cécilia appartenait à une famille de patriciens et elle se convertit lorsqu’elle était encore très jeune. Elle épousa Valérien qu’elle approcha de la foi, et les deux décidèrent de rester vierges. Puis, Valérien, chargé de retrouver et d’inhumer les restes des martyrs, fut découvert et décapité. Cécile fut dénoncée à son tour. On essaya de l’asphyxier dans un chaudron, chez elle et comme elle s’en sortir, indemne, elle fut condamnée à être décapitée. La loi romaine prévoyait que le bourreau frappe trois fois de son épée. Cécile reçut les trois coups, mais elle ne mourut pas immédiatement. Allongée par terre, avant d’exhaler son dernière soupir, elle eut la force de montrer trois doigts de sa main droite et un doigt de la gauche, en témoignage de sa foi en Dieu Un et Trine. En 1599, lors de son exhumation, le corps intact de sainte Cécile était encore dans cette position. Maderne l’a immortalisée et cette sculpture se trouve aujourd’hui en l’église Sainte-Cécile-in-Transtevere, son ancienne maison où elle repose depuis le 9ème siècle. Les Catacombes de Saint-Calixte en ont une copie, placée là où elle fut initialement inhumée.
Au 3 ème siècle, le cimetière est légué au pape Zéphyrin (199-217) devenant ainsi le premier cimetière de l’Église de Rome, dont la gestion fut confiée au diacre Calixte. Un siècle plus tard, il sera le lieu du repos de seize papes, presque tous martyrs. Calixte gère le domaine des catacombes pendant presque vingt ans, avant de devenir le successeur du pape Zéphirin, tête visible de l’Église. Durant cette période, il agrandit et embellit les surfaces des zones principales du cimetière, tout spécialement la crypte des papes et la crypte de sainte Cécile.
Saint Tarcisse martyrisé à son tour, la communauté chrétienne en fut bouleversée. Ce fut au 4 ème siècle que le pape saint Damase grava sur sa sépulture la date exacte de son martyre : le 15 août 257, pendant la persécution de Valérien. Tarcisse était un adolescent qui collaborait, en tant qu’acolyte, à la distribution de la communion parmi les chrétiens en prison. Ce 15 août là, il fut attrapé, emprisonné et sommé de livrer les Saintes Hosties. Il refusa et choisit plutôt de mourir lapidé que de permettre que l’on ne profane le Corps du Christ.
Avec la paix de Constantin, les catacombes sont toujours des cimetières et elles deviennent tout de suite un but de pèlerinage. Néanmoins, au 5 ème siècle, après le sac de Rome par Alaric, l’insécurité grandissante à l’extérieur des remparts de la ville, elles seront de moins en moins fréquentées. Au 9 ème siècle, on transfère les os des saints aux églises intra-muros et pendant le Moyen-Âge, les catacombes sombrent petit à petit dans l’oubli. Plus personne n’y vient et on en arrive à oublier le lieu même de leur emplacement.
Ce fut au 15 ème siècle catacombes que l’intérêt pour les catacombes reprit, cependant il faut attendre le 19 ème pour qu’elles soient revalorisées comme un lieu saint et estimées comme un trésor de la chrétienté. Giovanni Battista De Rossi, fondateur de l’archéologie chrétienne moderne redécouvrit les catacombes de Saint-Calixte. Il raconte en ses mémoires comment il persuada Pie IX de visiter ces fouilles. Arrivés à la crypte des papes, De Rossi lui traduisit les inscriptions et lui montra la pierre tombale que saint Damase avait faite au 4 ème siècle avec les noms des successeurs de Pierre martyrisés qui y étaient inhumés. Pie IX réalisa alors où il se trouvait. Les yeux pleins de larmes, très ému, il s’agenouilla et se recueillit longtemps en prière. C’était la première fois, après mille ans, qu’un pape se rendait dans ce lieu sanctifié par le sang des martyrs.

4 Juillet 1946
Quelques jours après son arrivée à Rome, saint Josémaria manifesta le souhait d’aller prier aux catacombes.
Voyez-vous, nous ne sommes pas seuls ! assurait-il à ses fils lors de sa réclusion à la légation du Honduras, quelques années auparavant. Comme les premiers fidèles dans la quiétude des catacombes romaines, nous pouvons nous écrier : Dominus illumination mea et salus mea, quem timebo ? (Ps 26, 1) : le Seigneur est ma lumière et mon salut, de qui aurais-je craint ?. C’est seulement ainsi que nous pouvons nous expliquer les hauts faits, vraiment héroïques, de ces premiers chrétiens. Avec une assurance en l’aide de Dieu, sans faire de choses bizarres, ils se sont glissés partout : au forum, dans les palais voire même chez l’empereur 3.
Le 4 juillet 1946, saint Josémaria se rendit aux catacombes de Saint-Calixte, au début de la matinée. Le fondateur de l’Opus Dei y célébra la sainte messe dans la crypte des papes et don Alvaro del Portillo, en celle de Sainte-Cécile. Puis ils visitèrent les catacombes de Saint-Sébastien et les anciens sépulcres des Apôtres.
Dès les débuts, saint Josémaria avait toujours aimé évoquer les premiers chrétiens et considérer leur exemple lorsqu’il parlait de la vie des fidèles de l’Opus Dei. C’est dans ce sens qu’il disait d’eux qu’ils étaient « [nos] prédécesseurs dans cet apostolat de l’œuvre tout aussi ancien que nouveau » 4. On pense qu’il y a environ mille cinq cent sépultures de chrétiens à Saint-Calixte, des tombes toutes simples, pour la plupart, avec quelques inscriptions permettant de les identifier. À partir du 4 ème siècle, à la fin de la persécution, les inscriptions sur les pierres tombales deviennent plus fréquentes. Avec le prénom, il y a les traits caractéristiques de la personne, on y notait la profession : des boulangers, des menuisiers, des tailleurs, des peintres, des maîtres, des médecins, des avocats, des fonctionnaires de l’État, des soldats…Un échantillon de tous les métiers de ces chrétiens qui, aux dires de saint Augustin, plongés parmi les autres, menaient la vie de tout le monde, tout en étant inspirés par une foi différente, une espérance différente et un amour différent 5. Saint Josémaria a dû certainement être comblé en pensant à ces prédécesseurs dans la foi qui recherchaient la sainteté dans le monde, tout en étant un ferment dans la pâte de la société. L’amour et la vénération qu’il avait pour eux, le poussait à les citer très souvent en exemple dans sa prédication : je n’ai d’autre recette pour réussir que celle des premiers chrétiens. Il n’y en a point d’autre, mes enfants 6.
Tout au long de sa vie, le fondateur de l’Opus Dei a évoqué très souvent des peintures ou des gravures des catacombes afin d’illustrer des sujets : l’amour de la Sainte Vierge, la fraternité ou l’union avec pape dont témoignaient, dès les premiers siècles, les fidèles chrétiens. Cependant, s’il fallait retenir une image des premiers chrétiens particulièrement touchante pour lui, il faudrait assurément parler du Bon Pasteur.
Dans la pièce où il travaillait, il y a une représentation en travertin du Bon Pasteur copie de celle des catacombes sous laquelle on peut lire des vers de Juan del Enzina :
J’aime garder un si bon troupeau, et ce, en une si belle vallée. Je prête serment de toujours le garder, de ne jamais l’abandonner. Depuis ce 2 octobre 1928, j’ai un attachement divin, paternel et maternel, pour vous et vos vies. Nul ne m’est étranger et ce, même parmi ces milliers de filles et de fils que je ne connais pas 7.
Il aimait parler du Bon Pasteur pour nous encourager à l’apostolat auprès de toutes les âmes. Seigneur, le souci de les aider me poignarde le cœur. Ô Bon Pasteur, je te prie de les entourer Toi-même, de les prendre sur ton dos, afin que la figure très aimable que nous contemplons aux catacombes soit toujours une réalité. Lorsque le berger retrouve la brebis perdue, il la met sur ses épaules et, arrivé chez lui, il appelle les amis, les voisins et leur dit : Réjouissez-vous avec moi, car j’ai retrouvé la brebis perdue (Lc 15, 5-6) 8.
Tout au long de son existence, le fondateur de l’Opus Dei n’a pas fait que parler du Bon Pasteur, il a lutté pour en devenir un, en incarnant ce que le Christ dit dans l’Évangile : Je suis le Bon Pasteur. Le Bon Pasteur donne sa vie pour ses brebis 9. Le prélat de l’Opus Dei en témoigne : saint Josémaria a médité toute sa vie durant les scènes évangéliques du Bon Pasteur. Il aimait beaucoup cette allégorie et était en mesure de connaître ses brebis, une par une, de livrer sa vie pour elles, de leur faire profiter des meilleurs pâturages, de ne pas délaisser celle qui s’était égarée ou arrêtée en chemin 10.
À l’entrée des catacombes de saint Calixte, avant de descendre à la crypte des papes, il y a une représentation du Bon Pasteur, copie de l’originale du 4 ème siècle qui est maintenant au musée du Vatican. Il y en a une pareille à Villa Tevere, près de l’église prélatice Sainte-Marie-de-la-Paix, où repose le corps de saint Josémaria. Elle évoque de nombreux souvenirs : Le Christ, les premiers chrétiens, le pape, toutes les âmes…Le Seigneur parlait avec énormément de tendresse du Bon Pasteur. Il se plaisait à le décrire. Il nous dit que les brebis suivaient le pasteur, l’aimaient, se savaient bien entourées… 11.

Piazza del Campidoglio (La municipalité de Rome) est allumé à la mémoire des victimes et pour la liberté #NousSommesCharlie (image Fb)

8 janvier, 2015

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NOUS PRES – LES LIEUX DE DÉPORTATION DES JUIFS DE ROME.

15 octobre, 2014

http://www.gliscritti.it/approf/shoa/sh_pic/mostra.htm

(traduction Google de l’italien)

NOUS PRES

LES LIEUX DE DÉPORTATION DES JUIFS DE ROME.

Exposition de photos par Francesco Rosa et Luca Servo

(Voir les photos sur le site, le texte, cependant, il se lit bien)

L’exposition de photos Près de nous. Les lieux de la déportation des juifs de Rome, retrace l’histoire de cet événement a eu lieu sous les yeux de la ville.
Le spectacle, créé au sein du Centre Culturel Due Pini, poursuivi par la Commission pour le dialogue avec le judaïsme du diocèse de Rome et le Centre culturel de l’Aréopage, et, enfin, les écrits du centre culturel, qui sont maintenant déposés à la documents photographiques, présente aujourd’hui des images de lieux qui ont vu la déportation des Juifs de Rome. Les photos ont été prises par des photographes Francesco Rosa et Luca Servo. Les textes accompagnant les photos sont prises à partir du livre de Fausto Coen 16 Octobre 1943.La grand raid des juifs de Rome, Giuntina, Florence, 1993.
La plaque du Collège militaire le long du Tibre rappelle les deux nuits passées par les juifs romains à cet endroit avant de partir pour Auschwitz
Kappler a pris de sa propre initiative l’extorsion de 50 kilos d’or pour les juifs romains.
Le projet s’avère actes intelligents et infâmes et dans des directions différentes. Tout d’abord Kappler croiront les Juifs romains qu’ils ne veulent pas plus et de les laisser dans cette illusion tragique qui vous permettra de réaliser que blitz surprenant que Himmler aurait aimé à 1 Octobre, mais que le refus de soutenir militaire par Kesselring avait rendu impossible pour cette date. Deuxièmement Kappler donner l’exécuteur le plan matériel (qui sera Dannecker) tout le temps nécessaire pour organiser la méthode et des garanties de succès courriers grand … Dimanche, 26 Septembre à 10 heures Dr Gennaro Hood, chef de service de la police Race Rome, informé le Dr Dante Almansi, président de l’Union des communautés juives italiennes, et l’avocat Ugo Foa, président de la Communauté juive de Rome, qui, au 18 de ce même dimanche a dû aller à Villa Volkonsky où les attendait dans son bureau «La politique de sécurité » lieutenant-colonel Herbert Kappler pour les communications importantes … Alors Foa dit que la réunion avec Kappler: « changeant tout à coup le ton et l’accent, que ses yeux sont devenus forte et dure, a prononcé le discours suivant à ses interlocuteurs: Vous et vos coreligionnaires ont la nationalité italienne, mais cela importe peu pour moi. Nous allons considérer que les Juifs allemands, et en conséquence, nos ennemis. Ou, pour être plus clair, nous le considérons comme un groupe à l’écart, mais pas isolé, le pire des ennemis contre lesquels nous nous battons. Et en tant que tel nous vous traitons. Mais je ne suis pas votre vie ou vos enfants que vous prendrez si vous acquitter de nos demandes. Et votre or nous voulons donner de nouvelles armes dans notre pays. Dans les 36 heures, vous aurez à versarmene 50 kg. Si vous versez y aura pas de mal. Sinon deux cents d’entre vous seront capturés et déportés en Allemagne à la frontière russe ou autrement rendues inoffensives … « 
Trente-six heures: donc la livraison devait avoir lieu dans les 12 du 28 Septembre.
Dans la longue ligne qui se déplaçait dans pendant 36 heures sur le trottoir qui longe le Tibre Cenci, où, à côté des bureaux principaux sont situés Synagogue communauté, il y avait les riches et les pauvres, les intellectuels et les commerçants, les artisans et les vendeurs, les gens instruits et sans défense , bien habillé ou éliminés. Certains sont allés avec lui paquets d’une certaine taille, beaucoup plus petits que les autres rouleaux. La renonciation d’un anneau mince, une paire de boucles d’oreilles portées, une vieille broche ou un petit bracelet, exposé au Temple que pour les fêtes de Roch Hachana (Nouvel An) et Yom Kippour (Jour du Grand Pardon), était pour les pauvres, une blessure douloureuse. Ils étaient des objets qui rappelaient minyan, mariage, Milot, les naissances, les personnes disparues. Ces objets ont été numérisés des moments heureux. Ce tas d’or avait été un témoin muet de sa propre histoire de famille … Dans cette longue ligne, il y avait seulement les Juifs. Il y avait des gens à qui Kappler avait rien demandé, mais ils ont voulu exprimer leur solidarité à une minorité en danger et délit. Ils avaient les mêmes « hommes justes » qui cinq ans plus tôt, en 1938, avaient montré leur solidarité avec les Juifs touchés par les lois injustes et racistes que la propagande fasciste avait montré grand mépris comme «piétistes». Et parmi eux, ne manquaient pas dans les 36 heures dans la longue lignée même des prêtres … Le Saint-Siège ne ??savaient officieusement au président de la Communauté où il n’était pas possible d’atteindre 50 livres dans l’ensemble de la période couvre le montant manquant. La Communauté aurait retourné « quand – rappelez-vous Foa – avait été capable de le faire … ». Il s’agissait d’un prêt, pas un don, mais à laquelle il n’était pas nécessaire d’avoir recours, comme les heures passées étonnamment augmenté le nombre de soumissionnaires. Dans tous les cas, la disponibilité du Vatican a levé la Communauté du cauchemar de ne pas atteindre les réductions imposées par Kappler.
Tibre Cenci, en face de la synagogue de Rome
La livraison de l’or devait avoir lieu à la Villa Volkonsky mais pas encore dans la Via Tasso, dans la construction non. 155 qui n’avaient pas encore quitté le lieu de torture et de terreur, mais au moins formellement, « l’Office de l’emploi des travailleurs ‘italien pour l’Allemagne » … À 16 heures, dans la Via Tasso Kappler n’a pas apparaître. Il n’avait pas voulu descendre dans les petites formalités de recevoir la médaille d’or qu’il avait extorqué. Il devait être remplacé par un officier subalterne, le capitaine Kurt Schutz, qui a été immédiatement façons suspectes et arrogants. Le Schutz avait fait assister par un orfèvre romain, dont il n’a jamais su le nom, et un autre officier SS envoyé de Berlin avec un courrier spécial. La pesée a été fait avec un équilibre du taux de £ 5. Chaque poids a été enregistrée simultanément par Dante Almansi et par un officier allemand, qui étaient aux deux extrémités de la table. A la fin de l’opération, tandis que Almansi avait marqué dix pesé, le capitaine a subi Schutz a déclaré qu’il y avait neuf pesé. Les protestations de tous les Juifs présentent encore plus irrité le capitaine qui est également opposée à celle qui était la meilleure façon de dissoudre tout doute: c’est, répétez l’opération. Enfin, face à l’insistance répétée sur le côté juif, le capitaine donna l’ordre de répéter Schutz pesé. Il a dû se rendre à la réalité: les livres étaient seulement 50 et les Juifs n’étaient pas les tricheurs.
Le bâtiment à 155 Via Tasso, à proximité de Saint-Jean de Latran, la prison de la SS, avec les fonctionnalités de Windows qui a gardé la bouche de loup à voir à l’extérieur. Aujourd’hui, il abrite le Musée de la Résistance romaine
(Quelques jours plus tard) l’ensemble du complexe de bâtiments qui composent les bureaux principaux du Temple et de la Communauté a été entouré par un cordon de SS. Chaque sortie a été bloquée et les employés ont reçu l’ordre de ne pas bouger de leur siège. Immédiatement après un groupe d’officiers allemands et sous-officiers dont certains spécialistes de la langue hébraïque « … a commencé une recherche approfondie de l’ensemble du bâtiment du dôme de la synagogue arrive à l’Oratoire du rite espagnol et le sous-sol » … Malgré le raid n’avait pas conduit à la découverte de « documents secrets », une grande quantité de cartes a également été prise en forçant armoires et les tiroirs quand ils n’ont pas été immédiatement trouvé les clés.
Parmi les documents ont également été pris rôles des contribuables qui seront, à la fin de la guerre, au centre du débat et de la controverse. Alors que les dossiers personnels de l’état et de la famille feuilles conjugales ont été prudemment fait en sorte de ces rôles que considérés comme des documents fiscaux ont été laissés dans le bureau sans tenir compte du fait qu’ils portaient aussi l’identité et l’adresse des contribuables … Le matin du 30 Septembre, Nouvel An selon le calendrier juif, deux officiers allemands revenaient au Tibre Cenci ce temps d’inspecter les bibliothèques de la deuxième et troisième étage. Orientalistes étaient deux, dont une avec le grade de capitaine avaient professeur de langue qualifié dans un lycée juif de Berlin. Le lendemain, 1er Octobre, les deux revenaient d’examiner plus attentivement les volumes exprimant souvent étonnement et l’admiration, et la prise de notes.
Eichmann a alors décidé d’envoyer à Rome pour le « Judenrazzia » Theo Dannecker, un expert de son choix, rapporteur sur les affaires juives »qui avaient débuté les rafles de Juifs à Paris … ». Dannecker, de ne pas attirer l’attention, à regarder son siège à Via Tasso, mais pas dans une modeste pension via Po. Quelques jours plus tard sont venus aussi son département spécial, composé de quatorze et trente officiers et soldats du rang de la SS dans partie venait de formation spécialisée dans la « régénération anti-juif » sur le front de l’Est, l’infâme « Einsatzgruppen ».
À 23 heures, le vendredi 15 conjoints Sternberg – Monteldi, les Juifs qui étaient venus de Trieste et avaient pris résidence à Rome à l’hôtel Victoria, en dépit d’être équipé d’un passeport suisse ont été arrêtés par les SS et soumis à des interrogatoires. Comme aucun document justifiant qu’ils étaient Juifs, ni leurs noms figurent sur une des listes de Dannecker. C’est impossible de déterminer comment leur présence avait été signalée à la SS … Le grand raid a commencé autour de 5,30. Nous avons participé à une centaine de ces 365 hommes (dont 9 officiers et 30 sous-officiers) qui étaient le total des forces impliquées dans le « Judenoperation » … Les Allemands essayé de donner l’action brutale de la nature d’un «transfert». Ils voulaient un troupeau inconscient et ont essayé d’éviter une éruption cutanée, des attitudes hostiles, émeutes. Ils ont essayé d’éviter les obstacles et les revers qu’ils pourraient ralentir l’opération. Surtout voulu faire bientôt.
À cette fin, ils avaient livré à chaque commande est bilingue:
Ensemble, avec votre famille et d’autres juifs appartenant à votre maison, vous serez transféré.
Vous devez apporter de la nourriture pour au moins 8 jours, des cartes de rationnement, des cartes d’identité et des lunettes.
Vous pouvez emporter une mallette avec des effets personnels et de la literie, des couvertures, à l’exception., De l’argent et des bijoux.
Verrouillage de l’appartement et prendre la clé avec lui.
, Même dans les cas de maladie les plus graves, ils ne peuvent en aucun cas être laissés pour compte. Infirmary est dans le domaine.
Vingt minutes après la présentation de ce billet, la famille doit être prêt pour le départ.
Il voulait croire les victimes vers une destination finale. «Verrouillage de l’appartement et prendre la clé avec lui » laisse entendre un retour possible. « Les cartes de rationnement et l’identité » impliquaient une destination dans lequel ces documents pourraient servir. Mais pourquoi «malade aussi grave ne peut pas être laissé derrière»?
Via del Portico d’Ottavia, au cœur du quartier juif, qui était entouré à 05h30
Le SS allait de maison en maison, des familles entières surprend encore largement dans le sommeil. Lorsque les portes n’ont pas été ouvertes immédiatement abattu à coups de crosse ou forcée avec leviers de fer. Toutes les personnes prises ont été recueillies temporairement dans un espace qui se trouve juste au-delà de l’historique Portico d’Ottavia autour des vestiges du théâtre de Marcellus. La plupart des personnes arrêtées étaient des adultes, souvent âgés et très vieux plus souvent. Beaucoup de femmes, adolescents, enfants. Il n’a pas été fait aucune exception ni pour les personnes qui sont malades ou affaiblies, ni pour les femmes enceintes ou pour ceux qui ont encore des enfants à la mamelle. Pour tout le monde.
La pelouse en face du théâtre de Marcellus, où les Juifs furent raflés, avant d’être transporté dans un camion au Collège militaire
Aucune zone de la ville a été épargnée. Dans ceux de Trastevere, Testaccio et Monteverde, la plus proche de l’ancien ghetto, il y avait le plus grand nombre d’arrestations.
Ainsi que dans des maisons abandonnées Portico d’Ottavia dans le bourgeois et aristocratique Rome a été consommé la grande tragédie. Larmes ont été versées, répandre le désespoir, il a tenté évasions désespoir. Dans Via Brescia 29, les Allemands avaient approché le lit où il était veuve Tabet puntandole l’arme de Mme Sofia Soria lui demandant de se lever. Mme Sofia, qui était de 92, mort de peur. Elle était la prof mère-in-law. Victor Calo, médecin généraliste. La SS est revenue deux jours plus tard à l’enterrement des pauvres, dans l’espoir d’arrêter la famille. Le manque de compassion envers les aînés, les malades, les enfants semblait incompréhensible pour les témoins de ce jour-là. Giulio Anau se rappeler qu’un rapport, Benjamin Philipson, a été arrêté à son domicile sur la Via Flavia 84 en fauteuil roulant invalide, car pendant de nombreuses années souffrant de la maladie de Parkinson », entre l’indignation des personnes présentes, cependant, impuissants face à des mitrailleuses. … « .
A titre d’Adalberto, non loin de la Piazza Bologna, la SS n’a pas trouvé quelqu’un: seulement quatre ans – Ennio Lanternari – qui dormait dans le lit des grands-parents au moment absent. Le SS lui a pris, le bébé se réveille effrayé et se mit à pleurer. Pendant ce temps tombé grand-mère qui a été abandonné pour un moment pour acheter quelque chose. Ils lui et son petit-fils ont pris.
Une autre photo de la Portico d’Ottavia aujourd’hui. L’expulsion n’a pas été limitée à la zone du ghetto juif, mais a embrassé toute la ville
Settimio Calo a été sauvé. Bien qu’il ait quitté sa maison pour faire la queue pour les cigarettes. mais quand il est rentré chez lui, il ne trouva personne. Ni la femme ni les dix enfants, dont le plus âgé avait 21 ans et le plus jeune, Samuel, toujours allaitant, 4 mois. «Je me suis jeté contre la porte, je voulais rejoindre les autres, ne pas comprendre quoi que ce soit … alors je me suis assis et j’ai commencé à pleurer. J’ai vécu seulement parce que j’ai toujours espéré riaverne au moins un, peut-être Samuel. J’étais en vie et je veux juste être mort. « 
L’île Tibérine, à l’hôpital Fatebenefratelli, où de nombreux Juifs ont été sauvés par la population. Ils étaient habillés comme des médecins ou des patients et lui avaient sauvé la vie
L’Institut Église Jésus et de Marie, sur la Via Flaminia à la colline Fleming. Ici, comme dans beaucoup d’autres maisons religieuses, ont trouvé refuge des juifs, qui ont échappé capture
A 14 ans, le grand raid était terminée. J’ai été pris en 1259: 363 hommes, 689 femmes, 207 enfants. Les juifs de la vieille ville est de tous les autres ont été temporairement hébergés dans les locaux du Collège militaire, le bâtiment vaste et massive dans la Via della Lungara, dominé par le Janicule. Les hommes étaient séparés des femmes et des enfants. Divisé en groupes, ont été distribués dans les salles de classe, les couloirs, les salles et autres locaux de chance. Lorsque ces espaces ont été remplis, les gens étaient benportanti plus disposés sous le portique d’entrée. Toutes les taxes des salles de classe avaient été barricadées avec des planches de bois clouées.
Le pleurs incessants des femmes et des enfants, des ordres inintelligibles a constamment crié par les gardes, la pénombre, un assainissement inadéquat a créé beaucoup de tension et de confusion … dimanche à l’aube, après un examen attentif des cartes d’identité et d’autres documents, ont été libérés par les conjoints et les enfants issus de mariages mixtes, les colocataires et les employés non-juifs qui, au moment du raid étaient dans les maisons des personnes recherchées. En tout, 237 personnes. Un Wachsberger a été ordonné sur place pour prendre en charge les fonctions de l’interprète et traduit la décision de l’agent:
Ceux … qui ne sont pas juifs sont mis de côté. Si je trouve un Juif qui a déclaré ne pas être, dès que le mensonge sera découvert qui sera exécutée immédiatement …
Malgré la grave menace que sept Juifs étaient capables de s’intégrer dans le groupe de ceux qui ont été libérés. Je suis Joseph Durghello avec sa femme Bettina Pérouse et son fils Angelo; Enrico Mariani, Dina Angelo, Bianca Ravenne Levi et sa fille Piera De 1022 … malheureux, pas une seule personne était juive. Elle était un catholique qui n’abandonne pas un orphelin Juif mauvaise santé sous sa garde n’avait pas eu le courage de se déclarer juif et n’avait pas voulu suivre son destin. Ni l’enfant ni son généreux mécène sont de retour … Dans la nuit Marcella Di Veroli Pérouse, le neuvième mois de grossesse, elle a commencé à avoir des douleurs du travail. Les Allemands ne lui permettait pas de transférer à l’hôpital, qui a accepté que d’être appelé un médecin. La mère a été isolé dans le porche de l’Ordre militaire et a donné naissance à une petite fille. Marcella Pérouse avait 23 ans et qu’elle avait été arrêtée avec ses deux enfants âgés de 5 et 6 ans. Le mari Cesare Di Veroli avait réussi à échapper à la traîne.
Le Collège militaire, le long du Tibre, près de la prison de Regina Coeli, et à Saint-Pierre, où les Juifs ont été forcés de passer deux nuits entre le captage et le départ pour Auschwitz
Aucune mention de la grand raid est de toute évidence trouvé dans les journaux de l’époque. On peut en déduire que d’une, presque une «information bureaucratique de service», texte de présentation à l’air innocent du journal du 18 Octobre romaine. Qui j’ai informé les lecteurs que « le départ des officiers pour le Nord, maintenant fixé à 9, ne peut être faite à partir de la gare de Tiburtina. Il commence demain à partir de Termini « . La raison en est évidente. Un convoi très différent partait ce matin de l’époque romaine périphérique du port et pas de regards indiscrets serait un témoin du crime.
A l’aube, le lundi 18 Octobre, plus d’un millier de prisonniers ont été transférés du Collège militaire de camions à la gare de fret ferroviaire. Sur une voie d’évitement était quelques jours, un convoi composé de 18 wagons à bestiaux. Les personnes arrêtées ont toutes été entassés dans les voitures à 50 ou 60 sur chaque wagon dans un espace insuffisant. L’attente douloureuse des personnes arrêtées a duré six heures … Dans le bas de la rampe sur une voie d’évitement rettilineo- écrit Elsa Morante – stationné un train qui semblait longueur Ida exterminés. Le bruit venait de là. Ils étaient peut-être une douzaine de wagons à bestiaux … Ils n’avaient pas de fenêtre sauf une petite ouverture à la grille supérieure. Dans certains de ces réseaux ont été appuyé les deux mains embrayage ou un couple d’yeux.
La gare de Tiburtina, à partir de laquelle les juifs romains sont partis pour Auschwitz
Sur cet arrêt (Padoue), la dernière le sol italien, il est l’entrée dans son journal quotidien de la Croix-Rouge provinciale Lucie De Marchi, le jour du service.
À 12 heures … pas annoncé, s’arrêter à notre station centrale d’un train de internés juifs de Rome. Après de longues discussions, on nous donne la permission à la rescousse. A 13 wagons ouverts fermé pendant 28 heures! Dans chaque voiture sont entassés cinquantaine de personnes, enfants, femmes, vieillards, jeunes hommes et mature. Ne jamais montrer le hath plus horrible été offert à nos yeux. Et la bourgeoisie arraché de maisons, sans bagages, sans assistance, condamné à plus offensive de la promiscuité, de la faim et de la soif. Nous nous sentons désarmés et suffisante pour tous leurs besoins, paralysé par une miséricorde frémissante de révolte, par une sorte de terreur qui domine toutes les victimes, le personnel des chemins de fer, les spectateurs, les gens …
À 23 au vendredi 22 Octobre, après un incroyable voyage de 6 jours et 6 nuits, le train est arrivé à Auschwitz-Birkenau. Personne n’a été envoyée jusqu’à ce que le lendemain. Le convoi a été encore scellé et gardé toute la nuit … Formé sous les ordres criés sur la SS, un alignement fortuit, est venu le Dr Josef Mengele, dont la réputation sinistre est maintenant partie de l’histoire, mais il était un personnage totalement inconnue à la nouvelle arrivé. Sous sa direction, a commencé la sélection: les enfants, les vieux, les vieux, les malades et ceux qui avaient un chétif look ou malade (et les hommes avec des cheveux blancs, mais pas vieux) ont été alignés sur le droit de Mengele et ses aides. Ils étaient environ cinq.
À sa gauche, les hommes et les femmes jugées aptes à travailler.
Pendant ce temps était arrivé sur place le commandant du camp, Rudolf Hoess. Normalement Hoess n’a pas assisté à la sélection des prisonniers, mais dans les jours avant il y avait eu une grande curiosité de l’arrivée annoncée de Juifs italiens. Même les dirigeants du domaine, il avaient été infectés et ils voulaient y assister. Il a été le premier convoi d’Italiens qui sont arrivés à Auschwitz … Le commandant Hoess ordonné Wachsberger de traduire l’annonce que les femmes, les enfants, les malades ont été transférés sur des camions dans la «permanence» qui étaient près à environ 10 kilomètres. Mais même les personnes valides, qui se sentait fatigué et qu’il voulait obtenir sur ces camions, ils pourraient le faire.
Deux cent cinquante hommes et femmes ont quitté les rangs de la «valide» pour rejoindre les autres qui étaient déjà sur les véhicules.
Le voyage a été plutôt courte, chemin moins d’un kilomètre dans quelques minutes.
Le camion s’est arrêté devant les chambres à gaz. L’enlèvement a été immédiate … Wachsberger dit qu’il allait monter dans le camion, mais Mengele a arrêté parce qu’il avait encore besoin d’un interprète. Plus tard Wachsberger demandé le «docteur» (Mengele aimait discuter avec lui et semblait curieux Italie de Mussolini et surtout) parce qu’ils avaient laissé dans les camions aussi valables pour les hommes et les femmes. «Celui qui n’est pas capable de marcher dix kilomètres avant – fut la réponse – il n’est pas adapté pour faire le travail qui doit être fait dans ce domaine. » Mais la plupart ont été montés à bord sur des camions pour d’autres raisons. Sergio paix, par exemple, a été placé dans la ligne de ceux qui sont destinés à travailler. Il voulait monter sur le camion de rester avec son père et sa mère. Ne pas lui, ni la «paresse» ou de la fatigue, mais un sentiment qu’il n’avait jamais été aussi fort que maintenant trahi. Et comme il a fait beaucoup d’autres.
On peut se demander pourquoi les Allemands, cependant, de cette manière ont renoncé à une partie des hommes valides. La vraie raison est que, dans ces jours une rage épidémie de typhus à Auschwitz. La mise en place d’un nombre excessif de détenus a augmenté les chances que la contagion de se propager. Cela explique pourquoi dans le convoi du 23 Octobre, le pourcentage de ceux qui ont fini immédiatement dans les chambres à gaz était de 82% (839 sur 1022), le plus élevé jamais dans tout transport ultérieur des déportés d’Italie.
Sur la cinquantaine de femmes destinées à travailler un seul a survécu: Settimia Spizzichino. Puis il avait 22 ans et a été emmené avec sa mère et ses deux sœurs à travers la princesse. Seul son père avait sauvé du raid. Sur le sort des 49 camarades de classe qui ne sont plus en arrière de la Spizzichino pense que « … la neige, travaux lourds, une mauvaise alimentation, ont tous contribué à la décimation. » Settimia a été sauvé parce qu’il a commencé à un «bloc d’expériences» et «… a été aidé par une infirmière avec un bon coeur … ». Quand elle a été libérée, elle avait 24 ans et pesait 30 livres. Et «convaincu que ce qui lui a permis de résister a été particulièrement la pensée qu’il était revenu à raconter …

PIERRE ET LES PIERRES DE LA VILLE ÉTERNELLE – PAR LE CARDINAL PAUL POUPARD

3 juillet, 2014

http://www.30giorni.it/articoli_id_8371_l4.htm

PIERRE ET LES PIERRES DE LA VILLE ÉTERNELLE

UNE ÉTUDE DU PRÉSIDENT DU CONSEIL PONTIFICAL POUR LA CULTURE

PAR LE CARDINAL PAUL POUPARD

Je ne sais pas s’il y a quelque impertinence dans la question posée: Rome est-elle au centre du monde? Mais je sais qu’il y a bien des manières pertinentes d’y répondre. Je le ferai pour ma part, en partant d’une confidence de Madame Swetchine, l’amie de Lacordaire, lui-même ami d’un prêtre français assez oublié aujourd’hui, l’abbé Louis Bautain.

MADAME SWETCHINE, LACORDAIRE, BAUTAIN Écoutons Madame Swetchine: «Rome est la reine des villes, c’est un monde différent de tout ce qui nous a frappé ailleurs, dont les beautés et les contrastes sont d’un ordre si élevé que rien n’y prépare, que rien ne saurait en faire deviner ni même pressentir l’effet. Les idées s’agrandissent ici, les sentiments y deviennent plus religieux, le cœur s’apaise. Toutes les époques de l’histoire sont là en présence, séparées et distinctes, et il semble que chacune d’elles a voulu imprimer son caractère aux monuments qui en restent, avoir un horizon qui lui soit propre et, pour ainsi dire, une atmosphère particulière… La beauté n’est-elle pas éternelle comme la vérité? Et dès lors, quelle étroite alliance entre la religion et l’art!». Et l’orthodoxe convertie reparaît lorsqu’elle fait la constatation suivante: «Une des preuves de la vérité du catholicisme est de répondre si bien à la nature exclusive de notre cœur. Les autres Églises croient simplifier la religion, la rendre plus accessible, plus acceptable, en étendant à toutes les communions les promesses faites par son divin Auteur, et c’est bien étrangement méconnaître nos véritables besoins. Plus une règle est positive, exclusive, austère, exigeante et plus elle a pour nous d’attrait, par cet instinct vague qui nous a fait sentir combien notre mobilité a besoin d’être fixée, notre mollesse d’être affermie, notre pensée ramenée et assujettie. On ne s’attachera jamais passionnément à une religion qui trouvera que les autres la valent, et le Dieu jaloux le savait bien. Du moment où une chose n’est pas, je ne dis pas seulement la meilleure, mais la seule complètement bonne, pourquoi choisir, préférer, concentrer, et ne pas laisser fractionner son hommage et son amour?». Ce texte de Madame Swetchine re­trouvé un peu au hasard m’a conduit à relire les pages qu’avec ferveur le jeune romain que j’étais alors proposait aux lecteurs de La vie spirituelle en novembre 1961, sur Lacordaire, Bautain et Madame Swetchine. Le centre en est Rome, où l’Abbé Bautain, le philosophe de Strasbourg, est dénoncé par son évêque pour cause de fidéisme. Lacordaire lui écrit, le 1er février 1838: «Une condamnation de Rome est à jamais acquise à l’histoire, l’infaillibilité en assure la destinée éternelle. Au lieu que la condamnation d’un évêque n’a ni le même avenir, ni la même solidité…». Il présente du reste ainsi à sa correspondante Mgr le Pappe de Trévern: «Le vieil Évêque de Strasbourg est évidemment un outré gallican beaucoup moins effrayé de ce qu’il y a de faux chez Monsieur Bautain que de ce qu’il y a de vrai… Personne plus que moi n’estime à son prix la pureté de la doctrine et j’ose dire que chaque jour j’en deviens plus jaloux pour moi-même; mais la charité dans l’appréciation des doctrines est le contrepoids absolument nécessaire de l’inflexibilité théologique. Le mouvement du vrai chrétien est de chercher la vérité et non l’erreur dans une doctrine, et de faire tous ses efforts pour l’y trouver, tous ses efforts jusqu’au sang, comme on cueille une rose à travers les épines. Celui qui fait bon marché de la pensée d’un homme, d’un homme sincère…, celui-là est un pharisien, la seule race d’hommes qui ait été maudite par Jésus-Christ. Y a-t-il un Père de l’Église qui n’ait des opinions et même des erreurs? Jetterons-nous leurs écrits par la fenêtre pour que l’océan de la vérité soit plus pur? Oh que l’homme qui combat pour Dieu est un être sacré et que jusqu’au jour d’une condamnation manifeste, il faut porter sa pensée dans des entrailles amies!». Et le 1er février 1840, dans une nouvelle lettre à sa correspondante, Lacordaire ajoute: «En 1838, étant à Metz, je fus averti qu’on cherchait à le perdre à Rome, ce dernier refuge de ceux qui errent contre la dureté de ceux qui n’errent pas… Je le déterminai à aller à Rome. Il partit, fut bien accueilli, revint enchanté de Rome…»1. J’ai édité autrefois Le Journal romain de l’abbé Bautain (1838) qui retrace cette histoire aujourd’hui bien oubliée. J’ai voulu la rappeler, comme je l’ai fait, dans mon Rome Pèlerinage2, car, pour beaucoup de pèlerins des siècles passés et du temps présent, le pèlerinage à Rome, c’est d’abord la prière à la basilique Saint-Pierre, dans une démarche de foi envers le magistère vivant de l’Église qui, selon les promesses faites par le Christ à Pierre, se continue dans la personne de son successeur, le pape. C’est une grâce du pèlerinage à Rome que cette adhésion renouvelée à Pierre, dont le successeur demeure garant de la vérité de l’Évangile au milieu des tourbillons du siècle. Bautain écrit, le soir même de son arrivée, dans son Journal, le 28 février 1838: «Enfin nous partîmes… Nous étions dans une grande impatience de voir apparaître la grande ville, et cependant la fatigue de la nuit passée et des précédentes nous jetait tous dans l’accablement, quand, tout à coup, arrivés sur une hauteur, le “vetturino” nous cria du dehors en nous faisant signe avec son fouet: “Roma”: Nous vîmes, en effet, dans le brouillard du matin, la Coupole de Saint-Pierre et en un moment elle fit comme apparaître à nos yeux Rome tout entière, ancienne et moderne, la Rome maîtresse du monde, soit par la force, soit par l’esprit. Il nous fallut monter et descendre bien des côtes, après cette apparition, et enfin nous aperçûmes de près Saint-Pierre et le Vatican et ce fut la première chose de Rome que nous vîmes en entrant par la porte de Civitavecchia qui est justement derrière, en sorte qu’on a l’air d’entrer dans le Vatican même. Ainsi ce que nous avons vu de Rome, tout d’abord c’est ce que nous sommes venus uniquement y chercher, savoir Saint-Pierre et le Vatican»3.

LA VOCATION DE ROME Ainsi, me semble-t-il, s’éclaire la réponse à donner à la question: Rome est-elle au centre du monde? Car ce mot de “centre” peut être compris en plusieurs sens: centre d’attraction ou centre de rayonnement? Si on l’entend d’un centre d’attraction ou de rayonnement dans le monde, il faut savoir si l’on pense au Pape ou à la Curie. Nous savons que les deux ne se confondent pas, la seconde est au service du premier. Il faut d’autre part distinguer l’aspect religieux, l’aspect moral et l’aspect politique des choses. La réponse ne sera pas la même suivant que l’on considère l’un ou l’autre de ces aspects. Si l’on se met en face de ce que l’on appelle l’opinion et que l’on s’efforce de juger ensuite cette opinion à la lumière de ce que l’Église pense d’elle-même, il me semble qu’on est en présence de deux conceptions également fausses de Rome et du Saint-Siège: une conception qui tend à minimiser indûment le rôle de Rome comme centre d’attraction ou de rayonnement en la considérant comme une simple Église parmi d’autres. Par contraste avec cette conception minimisante, il y en a une autre qui tend à exagérer d’une certaine façon son rôle, en l’assimilant plus ou moins formellement à un “pouvoir”, dans l’ignorance de ce que l’Église a dit d’elle-même au Concile quant à la liberté religieuse4. Rome, me semble-t-il, et c’est sa vocation propre, voudrait être considérée comme un témoin principal – et l’Église à travers elle – comme un témoin du Christ vivant, mort et ressuscité, témoin qualifié à un titre unique de par la mission donnée à Pierre par le Christ. Ce témoignage trouve à Rome une expression exceptionnellement authentique pour ceux qui croient et même pour certains de ceux qui ne croient pas. Rome donc, comme centre de l’Église, peut et doit accepter de porter une responsabilité universelle et missionnaire, quelles que soient les faiblesses inséparables de toute collaboration humaine à l’œuvre de Dieu. L’URBS Telle est, me semble-t-il, la vocation de Rome, qui explique en quelque sorte la fascination de Rome. Car depuis deux millénaires, c’est une véritable fascination qu’exerce à travers le monde la Ville de Rome, c’est une véritable fascination tout court: l’URBS. C’est sur la Ville et sur le Monde, Urbi et Orbi, que le saint Père donne sa bénédiction solennelle du haut de la loggia de la basilique Saint-Pierre, face à cette place admirable qui porte le nom de l’apôtre fondateur. Les téléspectateurs ne se lassent pas de la regarder et souhaitent un jour faire en vérité le pèlerinage de Rome. Car si tous les chemins mènent à Rome, il est encore plus vrai d’ajouter aujourd’hui qu’ils y mènent le voyageur ébloui, le pèlerin désireux une fois encore de porter ses pas sur ceux des apôtres, de prier dans les grandes basiliques, de participer à la ferveur d’un peuple multicolore dont la foi se ravive en chantant avec le successeur de Pierre le Credo catholique. INÉPUISABLE ROME! Inépuisable Rome! On a pu l’appeler capitale de la civilisation et du droit, de l’art et de l’histoire, Rome des pierres et des siècles inextricablement emmêlés, Rome souterraine des Catacombes, Rome bâtie sur la sépulture de Pierre découverte au Vatican, Rome édifiée sur le martyre des apôtres, mais aussi sur les débris des temples païens et des villes antiques, Rome moderne enfin, bruissante de tant de souvenirs et bruyante à travers les grandes artères ou dans les étroites venelles du Transtévère, Rome des églises et des couvents, Rome des universités et des collèges, Rome des pèlerins dont le flot vient battre, semaine après semaine, le parvis de Saint-Pierre, sous les fenêtres du Pape. Comme le disait Jean Paul II le 25 avril 1979, pour l’anniversaire de la fondation de Rome, cette date ne marque pas seulement le commencement d’une succession de générations humaines qui ont habité cette ville. Elle constitue aussi un commencement pour des nations et des peuples lointains qui ont conscience d’avoir un lien et une unité particulière avec la tradition culturelle latine dans ce qu’elle a de plus profond. Les apôtres de l’Évangile, et en premier lieu Pierre de Galilée et Paul de Tarse, sont venus à Rome et y ont implanté l’Église. C’est ainsi que, dans la capitale du monde antique, a commencé son existence le Siège des successeurs de Pierre, des évêques de Rome. Ce qui était chrétien s’est enraciné en ce qui était païen et, après s’être développé dans l’humus romain, a commencé à croître avec une nouvelle force. Le successeur de Pierre y est l’héritier de cette mission universelle que la Providence a inscrite dans le livre de l’histoire de la Ville éternelle.

PIERRE ET LES PIERRES Reine de l’histoire, fête des arts, délice des yeux et joie du cœur, Rome est pour le pèlerin le centre vivant et visible de l’unité de l’Église catholique, fécondé par le martyre des apôtres, irrigué par des siècles de foi, rayonnant de la présence du successeur de Pierre. Que vous arriviez par l’aérodrome de Fiumicino, la gare Termini ou l’autoroute del Sole ruisselante de voitures, la même préoccupation vous habite, le même ardent désir brûle de se réaliser: voir Saint-Pierre et le Saint Père. Pour le pèlerin de Rome, en effet, le message des pierres du passé se conjugue avec les visages de l’aujourd’hui de Dieu, en un vivant témoignage de foi. Il ne visite pas seulement les lieux prestigieux chargés d’une histoire millénaire. Il prend place dans une lignée de témoins et met ses pas sur ceux de ses devanciers à travers les âges, avec ses contemporains à travers le monde. Vivante continuité dans le temps et l’espace, l’Église que forment les chrétiens se re­trouve à Rome dans une coulée séculaire. Membres de multiples communautés dispersées à travers les peuples, les chrétiens, à Rome, d’un coup, découvrent leur unité profonde de peuple de Dieu rassemblé autour de la tombe de Pierre et de son vivant successeur, au Vatican. L’énorme capitale du monde antique a en effet été choisie par les Apôtres, parce qu’ils voulaient implanter l’Évangile au cœur même de l’Empire. Venus à Rome y annoncer la foi au Christ ressuscité, Pierre et Paul y ont trouvé la mort. Leur martyre y a enraciné l’Église. Selon l’adage antique: le sang des martyrs est la semence des chrétiens. Et c’est dès les premiers siècles que mus par un sentiment irrépressible, les chrétiens se sont mis en mouvement vers les tombeaux des saints apôtres, pour y confesser leur foi, en vivante continuité avec leurs pères et en union étroite avec l’évêque de Rome.

SAINT PIERRE ET LE SAINT PÈRE Rome comme pèlerinage. Ce n’est point une terre étrangère, que l’on aborde pour une visite éphémère, vite décidée, tôt oubliée. Ce n’est pas non plus un sanctuaire étroitement localisé, limité à une apparition lointaine. C’est la Ville tout entière qui est la patrie des fidèles catholiques, et aussi de nombre de chrétiens, depuis bientôt deux millénaires. Le temps qui ailleurs s’évanouit dans l’histoire, s’enracine ici dans la durée. Alors que, dans un pèlerinage où la Vierge Marie ou un saint s’est manifesté, la continuité s’éprouve dans la seule fidélité à ce message, Rome s’affermit dans le temps qu’elle emplit de sa présence et de son action. Pierre et Paul, martyrs, y sont ensevelis. Des basiliques s’élèvent sur leurs tombes. Les catacombes gardent la trace des vivants et des morts des premiers siècles. Mais les pèlerins ne se contentent pas de fréquenter des lieux. Ils rencontrent, à Rome, le Vicaire du Christ, successeur de Pierre. Entre Pierre et les pierres, ce n’est pas un antagonisme mais un complément. Qu’allez-vous faire à Rome? Faire un pèlerinage aux basiliques? Ou voir le Pape? Pourquoi ce “ou”, alors que c’est à l’évidence “et” qu’il faut dire et faire! Telle est la singularité de Rome comme pèlerinage: des lieux et des hommes qu’on ne saurait séparer parce que tout les unit. Le pèlerin va vers la place Saint-Pierre pour prier dans la basilique Saint-Pierre et pour voir le Saint Père. Videre Petrum: ce vieux cri de foi jailli du fond des âges, c’est la démarche croyante qui unit Pierre à Jean Paul II, l’un et l’autre, l’un après l’autre destinataires de la promesse inouïe du Christ: «Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Église». Il s’agit là d’une démarche de foi, animée par la certitude qui anime le poète: «Et nous sommes tombés dans le filet de Pierre. Parce que c’est Jésus qui nous l’avait tendu» (Charles Péguy).

DE PIERRE À KAROL Pierre est venu à Rome. Il en a été le premier évêque. Et depuis sa mort, l’évêque de Rome lui succède dans sa charge de pasteur, responsable au premier chef du collège des évêques dont il est le premier: clé de voûte – et ils sont la voûte – de cette Église répandue à travers le temps et l’espace, dispersée aux quatre coins de l’univers, en marche vers la patrie éternelle. Cité de Dieu au cœur de la cité des hommes, dont elle voudrait être l’âme, l’Église de Jésus-Christ n’est point conglomérat informel, mais organisme charpenté. Ses structures visibles sont porteuses de l’invisible et essentielle nervure spirituelle de grâce, dont le Seigneur est la source et l’Esprit le canal. Mêlé étroitement à ses frères de toutes races et de toutes langues, le pèlerin de Rome prend mieux conscience en cette ville qu’il chemine du temps vers l’éternité. Car l’éternité déjà y a laissé sa trace. Le temps a beau défaire les pierres au cours des âges, Pierre lui-même est toujours vivant, de Simon le Galiléen à Karol le Cracovien, comme lui venu de loin, pour mieux nous entraîner au loin, dans la barque de l’Église, au souffle de l’Esprit. Le pèlerin qui visite des édifices matériels, signes et porteurs d’une réalité spirituelle, ne les aborde pas comme un touriste découvre une œuvre d’art. C’est un croyant qui met ses pas dans ceux des générations qui l’ont précédé et dont il a reçu, avec l’église où il vient prier, la foi qui anime sa prière. Aussi le cœur du pèlerinage à Rome est-il la rencontre et la bénédiction reçue du successeur de Pierre. C’est la grâce propre de l’audience dans laquelle, chaque mercredi, le Saint Père s’adresse aux pèlerins, en témoin de la foi et en interprète autorisé de l’Évangile, ainsi que chaque dimanche où il récite avec eux l’Angélus. La vocation de Rome est de les confirmer dans la foi pour qu’ils la vivent sur toutes les routes de l’Église et du monde, au milieu des hommes, toutes les routes qui sont les routes du Christ, selon la belle image de Jean Paul II dans sa première encyclique Redemptor hominis. Comment ne pas penser que, de toutes ces routes, Rome est privilégiée, de par la continuité d’une tradition dont la Ville est dépositaire. Le successeur de Pierre n’est pas une mythique soucoupe volante tombée du ciel de Pologne sur les bords du Tibre. Ce n’est pas un nouveau Melchisédech, sans père ni mère ni généalogie. Comme son nom l’indique, il est un successeur. Sa personne s’identifie avec sa fonction… Celle-ci, héritière de l’Évangile et marqué du poids de l’histoire, s’inscrit dans la durée de deux millénaires qui ont empli la ville de Rome, hissant son devenir dans la cité des hommes au destin de Cité de Dieu. Église incarnée, l’Église de Rome n’est pas sans tache, pure et dure comme le serait une utopie dont la seule qualité réelle serait l’inexis­tence. Elle existe au contraire, aux traits fortement marqués par le temps et l’espace, les hommes et leurs constructions de pierre. Aussi la vocation de Rome est-elle l’incarnation de la foi avec les apôtres Pierre et Paul et les millions de croyants qui sont venus prier sur leurs tombes et s’y ressourcer dans la foi. Comme le disait Jean Paul II, le 4 juillet 1979, alors qu’il venait de célébrer pour la première fois à Rome la fête des saints apôtres Pierre et Paul: «Combien est éloquent l’autel, au centre de la basilique, sur lequel le successeur de Pierre célèbre l’eucharistie en pensant que c’est tout près de cet autel que Pierre a fait, sur la croix, le sacrifice de sa vie en union avec Celui, sur le calvaire, du Christ crucifié et ressuscité».

REGARDER ET COMPRENDRE Devant tant de trésors accumulés, les critiques ne manquent pas, qui se scandalisent de ce mécénat alors que tant de détresses crient vers le ciel. On ne peut récrire l’histoire, et nous comprenons difficilement aujourd’hui le comportement des papes de la Renaissance. Paul VI en inaugurant la nouvelle Salle d’audiences de Nervi, le 30 juin 1971, déclarait qu’elle «n’exprime nul orgueil monumental ou vanité ornementale, mais que l’audace propre de l’art chrétien est de s’exprimer en termes grands et majestueux». Mais voici déjà bien longtemps, alors qu’il était le Substitut de la Secrétairerie d’État, Mgr Montini s’exprimait en ces termes, que je livre à quarante ans de distance, au pèlerin d’aujourd’hui: «Charme, révérence, stupeur ou simple curiosité, ou encore méfiance prudente guident les pas du moderne Romée qui n’a pu se soustraire à la visite d’obligation et qui goûte, en lui-même, le besoin de regarder et de comprendre. Regarder et comprendre: c’est peut-être ici qu’est la différence psychologique entre la visite de la Cité du Vatican et celle d’un autre grand monument de l’antiquité, le Forum Romain, les Pyramides, le Parthénon, les restes de Ninive ou de la civilisation des Incas. Pour ceux-ci, il suffit de regarder; ici, il faut aussi comprendre. Car ici, il survit quelque chose d’infiniment présent, quelque chose qui appelle la réflexion, qui exige une rencontre, qui impose un effort intérieur, une synthèse spirituelle.Car le Vatican n’est pas seulement un ensemble d’édifices monumentaux pouvant intéresser l’artiste; ni seulement un signe magnifique des siècles passés pouvant intéresser l’historien; ni seulement non plus un écrin débordant de trésors bibliographiques et archéologiques pouvant intéresser l’érudit; ni seulement encore le musée fameux de chefs-d’œuvre souverains pouvant intéresser le touriste; ni seulement enfin le temple sacré du martyre de l’apôtre Pierre pouvant intéresser le fidèle: le Vatican n’est pas seulement le passé; c’est la demeure du Pape, d’une autorité toujours vivante et agissante». C’est la Ville tout entière qui est la patrie des fidèles catholiques, et aussi de nombre de chrétiens, depuis bientôt deux millénaires. Le temps qui ailleurs s’évanouit dans l’histoire, s’enracine ici dans la durée. Alors que, dans un pèlerinage où la Vierge Marie ou un saint s’est manifesté, la continuité s’éprouve dans la seule fidélité à ce message, Rome s’affermit dans le temps qu’elle emplit de sa présence et de son action… LE MESSAGE DE LA VILLE ÉTERNELLE Comme la voix du Christ sur les eaux démontées du lac de Tibériade, celle de son vicaire Jean Paul II retentit avec puissance et ébranle les vieux slogans comme les idéologies nouvelles: «N’ayez pas peur, ouvrez, ouvrez toutes grandes les portes au Christ. À sa puissance salvatrice, ou­vrez les frontières des États, les systèmes économiques et politiques, les immenses domaines de la culture, de la civilisation, du développement. N’ayez pas peur… Permettez au Christ de parler à l’homme. Lui seul a les paroles de vie, oui, de vie éternelle». Tel est le message de Rome, cet extraordinaire carrefour des peuples et des civilisations. Pierre n’a pas eu peur, avec Paul, de venir y planter la croix au cœur de cet Empire unifié et puissant. L’unité politique et linguistique, la centralisation administrative seront, depuis Rome, des atouts précieux pour la diffusion de l’Évangile à partir de la capitale du monde antique. Lorsqu’elle va s’effacer de l’histoire, c’est lui qui en fait la Ville éternelle. Après le déclin de l’Empire d’Occident et l’éloignement de l’Empire d’Orient, sans peur Rome se lie à la nouvelle Europe qui s’enfante laborieusement. En l’an 800, le Pape y couronne Charlemagne, l’empereur d’Occident. Après la tourmente des siècles de fer, Rome devient le nœud de la défense catholique contre le morcellement des hérésies. Le flamboiement du baroque y atteste tout particulièrement la joie de la foi après la tourmente, la joie de la foi et la joie de la vie qui ne font qu’un. N’est-ce pas la leçon de Rome, en nous faisant découvrir ces étapes successives d’un art toujours en symbiose avec son temps, que de nous affermir dans le sens de l’universel, de nous rappeler notre vocation catholique?Rome a toujours pratiqué avec succès l’assimilation. La communauté chrétienne y est aussi à l’aise pendant trois siècles, dans la langue grecque, qu’elle le sera plus tard avec le latin. Elle célébrera aussi bien dans les maisons privées des origines que dans les grandes basiliques de Constantin. «Où vous réunissez-vous?», demandait-on à Justin. Et le philosophe chrétien de répondre tout simplement: «Là où chacun le peut».Telle est la leçon de Rome. Ce n’est pas de l’extérieur mais de l’intérieur que se convertissent le monde et la société. Les chrétiens leur empruntent sans difficultés leurs usages, quand ils n’ont rien de répréhensible. De même les chrétiens de Rome ont-ils adopté pour leurs édifices cultuels le plan des basiliques païennes. Et l’on retrouve la représentation du dieu soleil dans la mosaïque qui décore le plafond d’un cubicule, chrétien par ailleurs, puisque la scène de Jonas orne l’un des murs. À Sainte-Prisque, à Saint-Étienne le Rond, l’église est implantée au-dedans du mithreum préexistant, alors que, dans le sous-sol de Saint-Clément, nous le voyons, l’église chrétienne du IVe siècle est tout contre le mithreum familial. Plus tard, ce seront les dépouilles de l’antiquité qui orneront les sanctuaires chrétiens et décoreront les places qui y donnent accès: colonnes de marbre des temples païens devenus les supports des églises chrétiennes, obélisques égyptiens surmontés de la croix du Christ.  La via Appia antica. C’est par cette route que Pierre et Paul sont arrivés à Rome LE CULTE DES MARTYRS Rome, avec les premiers apôtres Pierre et Paul, puis Ignace, Justin, Ptolémée, Lucius, le patricien Apollonius et tant d’autres demeurés anonymes, est devenue un vivant martyrologe. Dans cette ville qui était l’épicentre du monde, le sang des martyrs est une semence de chrétiens. La prestigieuse communauté des Romains, déjà attirante pour l’apôtre Paul, est devenue une nouvelle terre sainte, marquée du sang des martyrs. «Présidente de la charité et de la fraternité», comme l’écrit Ignace dans sa lettre aux Romains, elle rayonne à travers tout l’Empire. C’est le culte des martyrs qui a véritablement créé le pèlerinage et contribué à faire de Rome une ville sainte qui s’équipe progressivement pour recevoir les pèlerins et rendre aux martyrs un culte digne de leur renommée. Saint Jérôme écrit: «Où accourt-on ailleurs qu’à Rome dans les églises et sur les tombeaux des martyrs avec tant de zèle et en si grand nombre? Il faut louer la foi du peuple romain». Et saint Ambroise décrit la fête des saints Pierre et Paul célébrée le 29 juin: «Des armées pressées parcourent les rues d’une si grande ville. Sur trois chemins différents (Vatican, route d’Ostie, via Appia), on célèbre la fête des saints martyrs. On croirait que le monde entier s’avance».Au début du Ve siècle, c’est Prudence qui écrit: «Des portes d’Albe sortent de longues processions qui se déroulent en blanches lignes dans la campagne. L’habitant des Abruzzes, le paysan de l’Étrurie viennent en même temps. Le farouche Samnite, l’habitant de la superbe Capoue sont là. Voici même le peuple de Nole»… Nole, dont l’évêque Paulin écrit: «Ainsi, Nole, tu te lèves tout entière à l’image de Rome». L’évêque lettré fait lui-même le pèlerinage au moins une fois chaque année pour la saint Pierre et Paul. LE PÈLERINAGE Le pèlerinage à Rome est d’abord une obligation traditionnelle pour tous les évêques. Déjà le Concile de Rome, en 743, sous le pape Zacharie, mentionne la visite ad limina apostolorum comme traditionnelle et en renouvelle l’obligation. Après des siècles où l’usage s’était affaibli, Sixte Quint, par la Constitution apostolique Romanus Pontifex du 20 décembre 1585, en renouvelle l’obligation et en établit la fréquence. Chaque évêque a désormais une double obligation, aller vénérer les tombeaux des saints apôtres et exposer au pape la situation de son diocèse. À l’Angélus du 9 septembre 1979, Jean Paul II dégageait pour les pèlerins la signification de ces visites ad limina: «À l’occasion de notre commune prière de l’Angélus de midi», disait-il, «je désire aujourd’hui me rapporter à la très antique tradition de la visite au siège des apôtres, ad limina apostolorum. Parmi tous les pèlerins qui, venant à Rome, manifestent la fidélité à cette tradition, les évêques du monde entier méritent une attention spéciale. Car, à travers leur visite au Siège des apôtres, ils expriment ce lien avec Pierre, qui unit l’Église sur toute la terre. En venant à Rome tous les cinq ans, ils y apportent dans un certain sens toutes ces Églises, c’est-à-dire les diocèses qui, par leur ministère épiscopal, et en même temps par l’union avec le Siège de Pierre se maintiennent dans la communauté catholique de l’Église universelle. En même temps que leur visite au Siège apostolique, les évêques portent aussi à Rome les nouvelles sur la vie des églises dont ils sont les pasteurs, sur le progrès de l’œuvre d’évangélisation; sur les joies et les difficultés des hommes, des peuples parmi lesquels ils accomplissent leur mission».Ces pèlerins ont un double but: voir le pape et aller prier dans les grandes églises et les basiliques, et tout d’abord à Saint-Pierre. Édifiée à grands frais, la plus grande basilique de la chrétienté témoigne d’un long effort et d’une rare persévérance en l’honneur de Pierre et de ses successeurs tout à la fois. La basilique Saint-Pierre, c’est en effet le double et même symbole de la foi dans la mission confiée par le Christ à Pierre et de la vénération de tous les chrétiens, pasteurs et fidèles, pour son successeur, l’évêque de Rome. Obéissance et respect se conjuguent dans un même hommage au pêcheur de Galilée et au pape de Rome dont la fonction, enracinée sur la tombe de l’apôtre, rayonne, comme la gloire du Bernin, sur toute la chrétienté. LES SAINTS Rome est un aimant aussi pour les saints. Non seulement les fondateurs d’Ordres religieux, mais aussi les saints du peuple, les plus populaires, tel un Benoît Labre. Séminariste, chartreux puis trappiste à Sept-Fons, il vint à Rome vers 1771 pour prier et il y demeura, vagabond, clochard et mendiant. Miracle de Rome! Cette ville dont un saint Bernard avait fustigé en traits de feu le luxe et la puissance et dont un Joachim Du Bellay avait blâmé la vanité courtisane, comprit sans hésiter ce pouilleux plein de vermine, l’admira et l’aima dans sa pauvreté silencieuse et sa prière hiératique. Lorsque sa mort fut annoncée, le 16 avril 1783, ce fut une ruée de toute la ville vers Santa Maria ai Monti. On découpa ses haillons pour en faire des reliques. Ses funérailles, le jour de Pâques, furent un triomphe. La troupe qui gardait l’église fut balayée par la foule. Plus tard, au XIXe siècle, ce fut une poussée continue vers Rome de toute la chrétienté, à commencer par la France dont le gallicanisme muait sans soubresauts vers l’ultramontanisme. La Révolution avait persécuté l’Église. Napoléon avait humilié le pape. Le père humilié, selon la belle expression de Claudel, devint l’objet d’une intense vénération. Devant les écroulements successifs des régimes les mieux établis, la papauté et Rome apparaissent désormais comme le rocher solide sur lequel s’appuyer dans la tempête. On sait l’aventure des pèlerins de la liberté avec Lamennais. Tant d’autres, moins célèbres, allèrent à Rome et y puisèrent, avec un amour renouvelé de l’Église, une conviction profonde, celle-là même du «Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église».Tels furent, bien différents dans leur psychologie et leurs orientations, mais unis dans les mêmes motivations, un Dom Guéranger, restaurateur bénédictin de Solesmes, en France, et un Lacordaire qui y rétablit les Frères Prêcheurs. On connaît le portrait fameux de Théodore Chassériau qui le représente, au lendemain de sa profession religieuse, le 12 avril 1840, dans le cloître romain de Sainte-Sabine. Telles furent encore Thérèse de Lisieux et Charles de Foucauld, ces deux «phares que la main de Dieu a allumés au seuil du siècle atomique», selon la forte expression du Père Congar.  MADELEINE DELBRÊL Plus proche de nous, Madeleine Delbrêl, convertie de l’athéisme et témoin de l’amour de Dieu au cœur de la ville d’Ivry, païenne et marxiste, sent, un jour de mai 1952, le besoin impérieux d’aller à Rome prier sur le tombeau de saint Pierre. On lui objecte que c’est bien cher de l’heure de prière. Elle déclare à son équipe sceptique qu’elle ira si le prix du voyage lui parvient de manière inattendue…, ce qui advient sous forme d’un billet gagnant de la loterie nationale offert par une amie latino-américaine! Au prix de deux jours et deux nuits de train, elle passe sa journée de douze heures en prière à Saint-Pierre: «Devant l’autel du pape et sur le tombeau de saint Pierre, j’ai prié à cœur perdu… et d’abord à perdre le cœur. Je n’ai pas réfléchi ni demandé de “lumières”, je n’étais pas là pour cela. Pourtant plusieurs choses se sont imposées à moi et restent en moi. D’abord: Jésus dit à Pierre: “Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Église…”. Il devait devenir une pierre et l’Église devait être bâtie. Jésus qui a tant parlé de la puissance de l’Esprit, de sa vitalité, a, quand il a parlé de l’Église, dit qu’il la bâtirait sur cet homme qui deviendrait comme une pierre. C’est la pensée du Christ que l’Église ne soit pas seulement quelque chose de vivant, mais quelque chose de bâti. Deuxième chose: j’ai découvert les évêques… J’ai découvert pendant mon voyage, et à Rome, l’immense importance dans la foi et dans la vie de l’Église, des évêques. “Je vous ferai pêcheurs d’hommes”. Il m’a semblé que, vis-à-vis de ce que nous appelons l’autorité, mous agissons tantôt comme des fétichistes, tantôt comme des libéraux. Nous sommes sous le régime des autorisations, non de l’autorité, qui serait d’apporter de quoi “faire”, de quoi être les “auteurs” de l’œuvre de Dieu… Quand on parle de l’obéissance des saints, on réalise mal, je crois, combien elle s’apparente dans le corps de l’Église à cette lutte interne des organismes vivants, où l’unité se fait dans des activités, des oppositions. Enfin j’ai pensé que si Jean était “le disciple que Jésus aimait”, c’est à Pierre que Jésus a demandé: “M’aimes-tu?” et c’est après ses affirmations d’amour qu’il lui a donné le troupeau. Il a dit aussi tout ce qui était à aimer: “Ce que vous avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait”. Il m’est apparu à quel point il faudrait que l’Église hiérarchique soit connue par les hommes, tous les hommes, comme les aimant. Pierre: une pierre à qui on demande d’aimer. J’ai compris ce qu’il fallait faire passer d’amour dans tous les signes de l’Église»5 . CONCLUSION Je conclus: Rome est-elle au centre du monde? La réponse ne fait aucun doute pour le pèlerin de Rome, d’où qu’il vienne: ne se sent-il pas chez lui en cette ville universelle? Par-delà l’éclat de son soleil, la pureté de son ciel, le flamboiement de ses œuvres d’art, le charme de ses quartiers, le pittoresque de ses habitants, un je ne sais quoi vous attire et vous émeut, qui vous retient de partir et vous presse de revenir. Il est des villes que l’on visite, des trésors que l’on contemple, des sites qu’il faut avoir vus. Rome ne se regarde pas de l’extérieur, mais se pénètre de l’intérieur. Nul ne se lasse de revenir place Saint-Pierre, d’aller prier dans sa crypte, de descendre aux catacombes, d’aller au Colisée, de remonter aux Quatre-Saints Couronnés, de redescendre vers Saint-Clément, de s’arrêter encore à la Maddalena, de retourner à Sainte-Sabine. Partout et toujours des pèlerins sont là, des Romains devisent ou prient, les uns et les autres vraiment chez eux, chez le bon Dieu, comme on disait en mon enfance angevine. Les uns sont plus sensibles aux scintillements des mosaïques, les autres à l’éclat des marbres, d’autres au rayonnement de la lumière des Caravage. Tous sont émus par la candeur des fresques primitives où un rien de matière devient messager de l’Esprit qui l’anime et de cette eau vive qui murmure en nous, depuis saint Ignace, de Rome: viens vers le Père. De Pierre et Paul à Jean Paul II, le génie de la Rome chrétienne a assumé l’héritage de la Rome païenne. Les temples convertis en églises, leurs colonnes en devenaient le nouveau support, Santa Maria s’érigeant sopra Minerva. Loin d’être comme écrasé par tant de splendeurs, le pèlerin y découvre le message de Pierre inscrit dans les pierres des basiliques et incarné dans les saints. Chacun s’y trouve à sa place au sein du peuple de Dieu, non point marginalisé dans quelque étroite chapelle ou refoulé en quelque sombre crypte, mais bien à sa place, en pleine lumière, dans la vaste nef, devant la confession de l’apôtre, dont le sang versé atteste le salut apporté par le Christ pour tous les hommes. Marqué de l’empreinte de Rome, le chrétien se re­trouve catholique. Avec le poids de l’histoire, la Rome des papes et des saints nous rappelle que le spirituel est lui-même charnel et que l’Évangile s’inscrit au cœur de la cité des hommes pour les acheminer, du temps vers l’éternité, la Cité de Dieu.Aussi, à la question posée – Rome est-elle au centre du monde? –, je réponds sans hésiter: oui pour le conduire à Dieu. Notes1 Paul Poupard, La charité de Lacordaire, homme d’Église, dans La Vie Spirituelle, nov. 1961, p. 530-543, repris dans XXe siècle, siècle de grâces, Paris, Ed. S.O.S., 1982, p. 111-128.2 Paul Poupard, Rome-Pèlerinage, nouvelle édition mise à jour pour l’Année sainte, Paris, D.D.B., 1983.3 Journal romain de l’abbé Louis Bautain (1838), édité par Paul Poupard, Rome, Edizioni di storia e letteratura, coll. Quaderni di cultura francese, sous la direction de la Fondation Primoli. 1964, p. 6-7. 4 Cf. Paul Poupard, Le Concile Vatican II, Paris, P.U.F., coll. Que sais-je?, 1983, p. 105-112. 5 Madeleine Delbrêl, Nous autres, gens des rues. Présentation de Jacques Loew, Éd. Du Seuil, Paris, 1966, p. 138-139.

PAROLES DU PAPE BENOÎT XVI – Synagogue de Rome, Dimanche 17 janvier 2010

27 janvier, 2014

http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/speeches/2010/january/documents/hf_ben-xvi_spe_20100117_sinagoga_fr.html   VISITE À LA COMMUNAUTÉ JUIVE DE ROME

PAROLES DU PAPE BENOÎT XVI

Synagogue de Rome

Dimanche 17 janvier 2010

« Merveilles que fit pour eux le Seigneur! Merveilles que fit pour nous le Seigneur, nous étions dans la joie » (Ps 126)

« Voyez! Qu’il est bon, qu’il est doux d’habiter en frères tous ensemble! » (Ps 133)

Monsieur le grand rabbin de la communauté juive de Rome, Monsieur le président de l’Union des communautés juives italiennes, Monsieur le président de la communauté juive de Rome, Messieurs les rabbins, Eminentes autorités, Chers amis et frères,

1. Au début de la rencontre dans le Grand Temple des juifs de Rome, les psaumes que nous avons écoutés nous suggèrent l’attitude spirituelle la plus authentique pour vivre ce moment de grâce particulier et joyeux: la louange au Seigneur, qui a fait de grandes choses pour nous, nous a ici rassemblés avec son Hèsed, l’amour miséricordieux, et l’action de grâce pour nous avoir fait le don de nous retrouver ensemble pour rendre plus solides les liens qui nous unissent et continuer à parcourir la route de la réconciliation et de la fraternité. Je désire tout d’abord vous exprimer ma vive gratitude, M. le grand rabbin Riccardo Di Segni, pour l’invitation que vous m’avez faite et pour les paroles significatives que vous m’avez adressées. Je remercie ensuite les présidents de l’Union des Communautés juives italiennes, M. Renzo Gattegna, et de la Communauté juive de Rome, M. Riccardo Pacifici, pour les paroles courtoises qu’ils ont bien voulu m’adresser. Ma pensée va aux Autorités et à toutes les personnes présentes et elle s’étend, de manière particulière, à la communauté juive romaine et à ceux qui ont collaboré pour rendre possible le moment de rencontre et d’amitié que nous sommes en train de vivre. En venant pour la première fois parmi vous en tant que chrétien et que Pape, mon vénéré prédécesseur le Pape Jean-Paul II, il y a presque vingt-quatre ans, voulut apporter une contribution décisive au renforcement des bonnes relations entre nos communautés, pour surmonter toute incompréhension et préjugé. Ma visite s’inscrit dans le chemin tracé, pour le confirmer et le renforcer. C’est avec des sentiments de vive cordialité que je me trouve parmi vous pour vous manifester l’estime et l’affection que l’évêque de Rome et l’Eglise de Rome, ainsi que toute l’Eglise catholique, nourrissent à l’égard de votre communauté et des communautés juives présentes dans le monde. 2. La doctrine du Concile Vatican II a représenté pour les catholiques un point de référence vers lequel se tourner constamment dans l’attitude et dans les rapports avec le peuple juif, marquant une étape nouvelle et décisive. L’événement conciliaire a donné un élan décisif à l’engagement de parcourir un chemin irrévocable de dialogue, de fraternité et d’amitié, un chemin qui s’est approfondi et développé ces quarante dernières années avec des étapes et des gestes importants et significatifs, parmi lesquels je souhaite mentionner à nouveau la visite historique dans ce lieu de mon vénérable prédécesseur, le 13 avril 1986, les nombreuses rencontres qu’il a eues avec des représentants juifs, notamment au cours des voyages apostoliques internationaux, le pèlerinage jubilaire en Terre Sainte en l’an 2000, les documents du Saint-Siège qui, après la Déclaration Nostra aetate, ont offert de précieuses orientations pour un développement positif dans les rapports entre catholiques et juifs. Moi aussi, pendant ces années de pontificat, j’ai voulu montrer ma proximité et mon affection envers le peuple de l’Alliance. Je conserve bien vivant dans mon cœur tous les moments du pèlerinage que j’ai eu la joie d’accomplir en Terre Sainte, au mois de mai de l’année dernière, ainsi que les nombreuses rencontres avec des communautés et des organisations juives, en particulier dans les synagogues de Cologne et de New York. En outre, l’Eglise n’a pas manqué de déplorer les fautes de ses fils et de ses filles, en demandant pardon pour tout ce qui a pu favoriser d’une manière ou d’une autre les plaies de l’antisémitisme et de l’antijudaïsme (cf. Commission pour les rapports religieux avec le judaïsme, Nous nous souvenons: une réflexion sur la Shoah, 16 mars 1998). Puissent ces plaies être guéries pour toujours! Il me revient à l’esprit la prière pleine de tristesse au Mur du Temple à Jérusalem du Pape Jean-Paul II, le 26 mars 2000, qui résonne avec vérité et sincérité au plus profond de notre cœur: « Dieu de nos pères, tu as choisi Abraham et sa descendance pour que ton Nom soit apporté aux peuples: nous sommes profondément attristés par le comportement de ceux qui, au cours de l’histoire, les ont fait souffrir, eux qui sont tes fils, et, en te demandant pardon, nous voulons nous engager à vivre une fraternité authentique avec le peuple de l’Alliance ». 3. Le temps qui s’est écoulé nous permet de reconnaître dans le vingtième siècle une époque véritablement tragique pour l’humanité: des guerres sanglantes qui ont semé la destruction, la mort et la douleur comme jamais auparavant; des idéologies terribles qui ont trouvé leur racine dans l’idolâtrie de l’homme, de la race, de l’Etat qui ont conduit une fois de plus un frère à tuer son frère. Le drame singulier et bouleversant de la Shoah représente en quelque sorte le sommet d’un chemin de haine qui naît lorsque l’homme oublie son Créateur et se met lui-même au centre de l’univers. Comme je l’ai dit lors de ma visite du 28 mai 2006 au camp de concentration d’Auschwitz, encore profondément inscrite dans ma mémoire, « les potentats du Troisième Reich voulaient écraser le peuple juif tout entier » et, au fond, « au moyen de l’anéantissement de ce peuple, entendaient tuer ce Dieu qui appela Abraham, et qui, parlant sur le Sinaï, établit les critères d’orientation de l’humanité, qui demeurent éternellement valables » (Discours au camp d’Auschwitz-Birkenau: Insegnamenti de Benoît XVI, II, [2006], p. 727; cf. ORLF n. 24 du 13 juin 2006). Comment ne pas rappeler en ce lieu les juifs romains qui furent arrachés de ces maisons, devant ces murs, et dans un horrible massacre furent tués à Auschwitz? Comment est-il possible d’oublier leurs visages, leurs noms, les larmes, le désespoir des hommes, des femmes et des enfants? L’extermination du peuple de l’Alliance de Moïse, d’abord annoncée puis systématiquement programmée et mise en œuvre en Europe sous la domination nazie, atteint également Rome en ce jour tragique. Malheureusement, beaucoup demeurèrent indifférents, mais beaucoup, également parmi les catholiques italiens, soutenus par la foi et l’enseignement chrétien, réagirent avec courage, ouvrant les bras pour secourir les juifs traqués et en fuite, souvent au risque de leur propre vie, et méritant une gratitude éternelle. Le Siège apostolique également mena une action de secours, souvent cachée et discrète. Le souvenir de ces événements doit nous pousser à renforcer les liens qui nous unissent pour que croissent toujours davantage la compréhension, le respect et l’accueil. 4. Notre proximité et notre fraternité spirituelles trouvent dans l’Ecriture Sainte – en hébreu Sifre Qodesh ou « Livres de Sainteté » – le fondement le plus solide et le plus durable, sur la base duquel nous sommes constamment mis devant nos racines communes, devant l’histoire et le riche patrimoine spirituel que nous partageons. C’est en scrutant son propre mystère que l’Eglise, Peuple de Dieu de la Nouvelle Alliance, découvre son lien profond avec les juifs, choisis les premiers entre tous par le Seigneur pour accueillir sa parole (cf. Catéchisme de l’Eglise catholique, n. 839). « A la différence des autres religions non chrétiennes, la foi juive est déjà une réponse à la révélation de Dieu dans l’Ancienne Alliance. C’est au peuple juif qu’ »appartiennent l’adoption filiale, la gloire, les alliances, la législation, le culte, les promesses et les patriarches, lui de qui est né, selon la chair, le Christ » (Rm 9, 4-5) car « les dons et l’appel de Dieu sont sans repentance » (Rm 11, 29) » (Ibid.). 5. Nombreuses peuvent être les implications qui dérivent de l’héritage commun tiré de la Loi et des Prophètes. Je voudrais en rappeler certaines: tout d’abord, la solidarité qui lie l’Eglise et le peuple juif « au niveau même de leur identité » spirituelle et qui offre aux chrétiens l’opportunité de promouvoir « un respect renouvelé pour l’interprétation juive de l’Ancien Testament » (cf. Commission biblique pontificale, Le peuple juif et ses Saintes Ecritures dans la Bible chrétienne, 2001, pp. 12 et 55); la place centrale du Décalogue comme message éthique commun de valeur éternelle pour Israël, l’Eglise, les non-croyants et l’humanité tout entière; l’engagement pour préparer ou réaliser le Royaume du Très-Haut dans le « soin de la création » confiée par Dieu à l’homme pour la cultiver et la protéger de manière responsable (cf. Gn 2, 15). 6. En particulier, le Décalogue – les « Dix Paroles » ou Dix Commandements (cf. Ex 20, 1-17; Dt 5, 1-21) – qui provient de la Torah de Moïse, constitue le flambeau de l’éthique, de l’espérance et du dialogue, étoile polaire de la foi et de la morale du peuple de Dieu, et il éclaire et guide également le chemin des chrétiens. Il constitue un phare et une norme de vie dans la justice et dans l’amour, un « grand code » éthique pour toute l’humanité. Les « Dix Paroles » jettent une lumière sur le bien et le mal, sur le vrai et le faux, sur le juste et l’injuste, également selon les critères de la conscience juste de toute personne humaine. Jésus lui-même l’a répété plusieurs fois, en soulignant qu’un engagement actif sur le chemin des commandements est nécessaire: « Si tu veux entrer dans la vie, observe les commandements » (Mt 19, 17). Dans cette perspective, les domaines de collaboration et de témoignage sont divers. Je souhaiterais en rappeler trois particulièrement importants pour notre époque. Les « Dix Paroles » demandent de reconnaître l’unique Seigneur, contre la tentation de se construire d’autres idoles, de se faire des veaux d’or. Dans notre monde, beaucoup ne connaissent pas Dieu ou estiment qu’il est superflu, sans importance pour la vie; ainsi ont été fabriqués d’autres et de nouveaux dieux devant lesquels l’homme s’incline. Réveiller dans notre société l’ouverture à la dimension transcendante, témoigner de l’unique Dieu est un service précieux que les juifs et les chrétiens peuvent et doivent offrir ensemble. Les « Dix Paroles » demandent le respect, la protection de la vie, contre toute injustice ou tout abus de pouvoir, en reconnaissant la valeur de toute personne humaine, créée à l’image et à la ressemblance de Dieu. Combien de fois, dans toutes les régions de la terre, proches ou lointaines, sont encore piétinés la dignité, la liberté, les droits de l’être humain! Témoigner ensemble de la valeur suprême de la vie contre tout égoïsme, c’est offrir une contribution importante à un monde où puissent régner la justice et la paix, le « shalom » appelé de leurs vœux par les législateurs, par les prophètes et par les sages d’Israël. Les « Dix Paroles » exigent de sauvegarder et de promouvoir la sainteté de la famille, où le « oui » personnel et réciproque, fidèle et définitif de l’homme et de la femme, ouvre l’espace pour l’avenir, pour l’authentique humanité de chacun, et s’ouvre, dans le même temps, au don d’une nouvelle vie. Témoigner que la famille continue d’être la cellule essentielle de la société et le contexte de base où l’on apprend et l’on exerce les vertus est un précieux service à offrir pour la construction d’un monde au visage plus humain. 7. Comme l’enseigne Moïse dans le Shemà (cf. Dt 6, 5; Lv 19, 34) – et le réaffirme Jésus dans l’Evangile (cf. Mc 12, 19-31), tous les commandements se résument dans l’amour de Dieu et dans la miséricorde envers le prochain. Cette Règle engage les juifs et les chrétiens à faire preuve, à notre époque, d’une générosité particulière envers les pauvres, les femmes, les enfants, les étrangers, les malades, les faibles, les personnes dans le besoin. Il existe dans la tradition juive un admirable dicton des Pères d’Israël: « Simon le Juste avait l’habitude de dire: le monde se fonde sur trois choses: la Torah, le culte et les actes de miséricorde » (Aboth 1, 2). A travers l’exercice de la justice et de la miséricorde, les juifs et les chrétiens sont appelés à annoncer et à témoigner du Royaume du Très-Haut qui vient, et pour lequel nous prions et nous œuvrons chaque jour dans l’espérance. 8. Nous pouvons accomplir des pas ensemble dans cette direction, conscients des différences qui existent entre nous, mais également du fait que si nous réussissons à unir nos cœurs et nos mains pour répondre à l’appel du Seigneur, sa lumière deviendra plus proche pour illuminer tous les peuples de la terre. Les pas accomplis au cours de ces quarante années par le Comité international conjoint catholique-juif et, au cours des dernières années, par la Commission mixte du Saint-Siège et du grand rabbinat d’Israël, sont un signe de la volonté commune de poursuivre un dialogue ouvert et sincère. Demain précisément, la Commission mixte tiendra ici à Rome sa rencontre sur: « L’enseignement catholique et juif sur la création et l’environnement »; nous leur souhaitons un dialogue fructueux sur un thème d’actualité aussi important. 9. Les chrétiens et les juifs ont en commun une grande partie de leur patrimoine spirituel, ils prient le même Seigneur, ils ont les mêmes racines, mais ils demeurent souvent ignorants les uns des autres. C’est à nous qu’il revient, en réponse à l’appel de Dieu, de travailler afin que demeure toujours ouvert l’espace du dialogue, du respect réciproque, de la croissance dans l’amitié, du témoignage commun face aux défis de notre temps, qui nous invitent à collaborer pour le bien de l’humanité dans ce monde créé par Dieu, le Tout-Puissant et le Miséricordieux. 10. J’exprime enfin une pensée particulière pour notre Ville de Rome, où, depuis environ deux millénaires, cohabitent, comme le disait le Pape Jean-Paul II, la communauté catholique avec son évêque et la communauté juive avec son grand rabbin. Que cette coexistence puisse être animée par un amour fraternel grandissant, s’exprimant également dans une coopération toujours plus étroite pour offrir une contribution valable à la résolution des problèmes et des difficultés à affronter. J’invoque du Seigneur le don précieux de la paix dans le monde entier, en particulier en Terre Sainte. Au cours de mon pèlerinage à Jérusalem au mois de mai dernier, au Mur du Temple, j’ai demandé à Celui qui peut tout: « Envoie ta paix sur cette Terre Sainte, sur le Moyen Orient, sur la famille humaine tout entière; éveille le cœur de tous ceux qui invoquent ton nom, afin qu’ils marchent humblement sur le chemin de la justice et de la compassion » (Prière au Mur des Lamentations de Jérusalem, 12 mai 2009; cf. ORLF n. 20 du 19 mai 2009).

J’élève vers Lui, à nouveau, l’action de grâce et la louange pour notre rencontre, en lui demandant de renforcer notre fraternité et de rendre notre entente plus solide.

[« Louez le Seigneur, tous les peuples, fêtez-le tous les pays! Fort est son amour pour nous, pour toujours sa vérité » (Ps 117)]

  

Aménagement du « Passetto » entre le Vatican et le Château Saint-Ange

7 mars, 2013

http://www.zenit.org/fr/articles/amenagement-du-passetto-entre-le-vatican-et-le-chateau-saint-ange

Aménagement du « Passetto » entre le Vatican et le Château Saint-Ange

Accord entre le Vatican et le ministère italien des « Biens culturels »

Rome, 14 février 2013 (Zenit.org) Anita Bourdin

Le « Passetto », le mur fortifié qui relie la caserne des Gardes Suisses de la Cité du Vatican, au Château Saint-Ange, au bord du Tibre, vient de faire l’objet d’un accord entre le gouvernorat de l’Etat de la Cité du Vatican et le ministère italien des « Biens culturels ».
Un protocole d’accord concernant l’utilisation de ce « Passetto » – « passage » – et d’une tour de garde qui en contrôle l’accès a en effet été signé, ce jeudi 14 février 2013, indique un communiqué du Vatican.
En partie restauré pour l’An 2000, le « Passetto » coonstruit par le pape saint Léon IV (845-855) – le contructeur des murailles « léonines » -, a pu être emprunté par des visiteurs pendant le Grand jubilé. Mais le Vatican et l’Italie ont souhaité collaborer afin de le mettre en valeur et de le protéger, en tant que « patrimoine historique et artistique ».
Il fera donc l’objet d’aménagements pour consentir le passage de visiteurs y compris pour les personnes handicapées.
Les travaux, indique la même source, doivent permettre à l’Etat italien de rouvrir le passage surélevé au public, par un accès à partir du Musée national du Château Saint-Ange, qui fut à l’origine projeté pour accueillir le tombeau de l’empereur Hadrien (ses cendres y sont déposées en 139), transformé en bastion militaire, en prison, puis en résidence papale.
Il est surmonté d’une statue de l’archange saint Michel, dont on ne sait pas, quand on l’aperçoit, s’il dégaine son glaive ou s’il le remet au fourreau. La statue est récente: elle date de 1753: c’est un bronze de Peter Antin von Verschaffelt. Ce serait la représentation d’un songe du pape Grégoire Ier, alors que la population de Rome était décimée par la peste de 590. Après une procession et des prières publiques, le pape vit en songe que l’archange rengainait son glaive : l’épidémie prenait fin.
C’est là que le pape Clément VII a pu se réfugier, en passant par le « Passetto » alors que les lansquenets de Charles Quint mettaient à sac la Ville éternelle : c’était en 1527, le 6 mai. Les Gardes suisses furent massacrés en protégeant la fuite du pape. C’est pourquoi la prestation de serment des Gardes suisses pontificaux est fixée chaque année au 6 mai. Le pape s’enfuit ensuite à Orvieto.
La page en ligne de la Garde suisse, sur le site du Vatican raconte cet épisode terrible : « Après un moment d’hésitation, les mercenaires défoncèrent la Porta del Torrione, tandis que les lansquenets envahissaient Borgo Santo Spirito et Saint-Pierre. La Garde suisse, rassemblée aux pieds de l’obélisque qui se trouvait alors près du Campo Santo Teutonico, et les quelques troupes romaines, luttèrent désespérément. Le commandant Kaspar Röist, blessé, sera massacré par les Espagnols chez lui, sous les yeux de sa femme Elizabeth Klingler. Des 189 Suisses, seuls 42 purent en réchapper, c’est-à-dire ceux qui, à la dernière minute, sous le commandement de Hercules Göldli, avaient accompagné Clément VII à son refuge de Château Saint-Ange: les autres tombèrent glorieusement, massacrés, avec deux-cents fugitifs, sur les marches du maître-autel de la basilique Saint-Pierre. Le salut de Clément VII et de ses hommes fut possible grâce au «Passetto», un couloir secret construit par Alexandre VI sur la muraille qui reliait le Vatican à Château Saint-Ange ».
« La horde sauvage était pressée, raconte la même source, car elle craignait que les forces de la Ligue coupent la voie pour la retraite. Après avoir traversé le Ponte Sisto, les lansquenets et les Espagnols se ruèrent sur la ville, et pendant huit jours ils donnèrent libre course à tout abus, vol, sacrilège et massacre; même les tombes des Papes furent violées, y compris celle de Jules II, pour voler ce qui était à l’intérieur: les morts furent environ douze mille et le butin d’environ dix millions de ducats. Tout cela n’est pas étonnant, car l’armée impériale, et en particulier les lansquenets de Frundsberg, étaient animés par un esprit de croisade anti-papiste ».
Mais auparavant, un autre pape avait dû son salut au « Passetto », devant une autre armée d’occupation : les troupes du roi de France Charles VIII, qui s’était proclamé roi de Naples, entrèrent dans Rome, en décembre 1494, lors de la première Guerre d’Italie, et Alexandre VI se réfugia au Château Saint-Ange.

Benoît XVI reçoit les administrateurs de Rome et du Latium

11 janvier, 2008

du site: 

http://www.zenit.org/article-17009?l=french

Education, famille, pauvreté, santé : appel de l’évêque de Rome

Benoît XVI reçoit les administrateurs de Rome et du Latium

ROME, Jeudi 10 janvier 2008 (ZENIT.org) – Education, famille, pauvreté, santé : autant d’urgences à Rome et dans le Latium, soulignées par l’évêque de Rome à l’occasion de la traditionnelle rencontre de début d’année entre le pape et les administrateurs de Rome et du Latium.

Conseillers et assesseurs de la région, guidés par le président de la junte régionale, M. Pietro Marrazzo, le maire de Rome, M. Walter Veltroni, et le président de la Province de Rome, M. Enrico Gasbarra, ont en effet été reçus ce matin par Benoît XVI en la salle Clémentine du palais apostolique

Benoît XVI a rappelé une fois encore que « le caractère central de la personne humaine » constitue le critère qui doit inspirer des solutions à ces urgences, notamment l’éducation, la lutte contre la pauvreté, la santé.

« Les temps et les situations changent, mais l’amour et la sollicitude du pape pour tous ceux qui vivent en ces terres, si profondément marquées par le grand héritage vivant du christianisme ne s’affaiblissent pas, ne sont pas atténués », déclarait l’évêque de Rome.

L’éducation est devenue une urgenceBenoît XVI a souligné notamment « l’importance décisive que revêtent l’éducation et la formation de la personne » : il y voit une véritable « urgence éducative ».

« Il semble en effet de plus en plus difficile, faisait observer le pape, de proposer aux nouvelles générations, de façon convaincante, des certitudes solides et des critères sur lesquels construire leur vie ».

« Les parents et les enseignants le savent bien, et pour cela aussi ils sont tentés d’abdiquer leur rôle d’éducateurs. Dans le contexte social et culturel actuel, imprégné de relativisme et de nihilisme, ils ont d’ailleurs eux-mêmes du mal à trouver des points de référence sûrs, qui puissent les soutenir et les guider dans leur mission d’éducateurs et dans toute la conduite de leur vie », a constaté Benoît XVI.

Cette urgence ne peut laisser indifférents « ni l’Eglise ni vos administrations », a déclaré Benoît XVI, parce que dans la formation de la personne, ce qui est en jeu, de sont « les bases mêmes de la convivialité et de l’avenir de la société ».

Le pape a exprimé par conséquent sa gratitude envers la Région du Latium pour le soutien apporté aux centres catholiques pour l’enfance, aux patronages, et sa contribution à la réalisation de complexes paroissiaux dans les zones qui en sont encore dépourvues.

Soutenir la famille c’est travailler pour le bien communMais pour faire face à cette urgence de l’éducation, le pape a également souligné l’importance du « respect » et du « soutien » à apporter à la famille fondée sur le mariage.

« Nous voyons hélas chaque jour, disait le pape, combien les attaques et les incompréhensions devant cette réalité humaine et sociale sont insistantes et menaçantes. Il est donc d’autant plus nécessaire que les administrations publiques ne secondent pas de semblables tendances négatives, mais qu’elles offrent au contraire aux familles un soutien convaincu et concret, certaines de travailler ainsi au bien commun ».

L’aggravation de la pauvretéBenoît XVI déplorait que la pauvreté soit une urgence qui « s’aggrave », surtout, soulignait-il, « dans les grandes banlieues urbaines », mais aussi « dans d’autres contextes et situations qui semblaient être à l’abri ».

Le pape rappelait l’engagement de l’Eglise pour la combattre et sa collaboration pour cela avec les institutions civiles. Mais il déplorait l’impact de « l’augmentation du coût de la vie, en particulier les prix du logement, les zones persistantes de chômage, et l’inadéquation des salaires et des retraites, qui rendent vraiment difficiles les conditions de vie de tant de personnes et de familles ».

La sécurité aussiBenoît XVI a fait allusion à la mort de Mme Giovanna Reggiani, tuée dans une banlieue de Rome, à Tor di Quinto, et « qui a placé brusquement les citoyens devant le problème de la sécurité, mais aussi de la dégradation de certaines zones de Rome ».

« Bien au-delà de l’émotion du moment, c’est là qu’une œuvre constante et concrète est spécialement nécessaire avec pour but à la fois et inséparablement, de garantir la sécurité des citoyens et d’assurer à tous, en particulier aux immigrés, au moins le minimum indispensable pour une vie honnête et digne ».

Benoît XVI a cité l’engagement de la Caritas et de nombreuses associations de bénévoles catholiques, tout en reconnaissant comme « irremplaçables les interventions et les responsabilités des pouvoirs publics ».

Enfin, pour ce qui concerne les malades et la santé, le pape relevait aussi les difficultés de la région. Mais il attirait également l’attention des administrateurs sur la situation « souvent dramatiques » des structures sanitaires catholiques, même prestigieuses et reconnues au niveau national pour leur excellence ». Il a donc demandé une « distribution des ressources » qui ne pénalise pas les hôpitaux catholiques, et ceci, non pas par intérêt, mais « pour ne pas compromettre un service indispensable » pour les populations.

Anita S. Bourdin