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LA VISITE À ÉLISABETH – MYSTÈRE DE LA VISITATION

18 décembre, 2015

http://www.interbible.org/carpentier/gloire/visitation.htm

LA VISITE À ÉLISABETH  -  MYSTÈRE DE LA VISITATION

Deux personnages, deux visages qui sont proches, se touchant, mais leur regard est tourné, comme dans l’annonciation, vers un mystère qui les dépasse et qui les inclut, mystère des naissances, de la vie nouvelle incertaine mais promise. Avec une certaine perplexité devant ce qui advient, ce sentiment d’être surpris par la visite du Dieu vivant, d’être ébahi devant ce qui commence et s’annonce.      Mystère de la visitation, celui d’une double rencontre : celle de deux femmes, Marie et Élisabeth, et celle de deux vies à venir, Jésus et Jean Baptiste, car ces deux femmes sont enceintes. Rencontre des entrailles, porteuses de vie, et rencontre de deux enfants, promesses de vie. Ainsi advient une rencontre des deux alliances : l’ancienne, dont Élisabeth et Jean Baptiste sont les témoins ultimes, et la nouvelle, commençant avec Marie et Jésus, accomplissant l’ancienne. Jeunesse et vieillesse s’unissant dans cette rencontre pour que l’histoire de la visite de Dieu se poursuive.      Ce récit commence sur la route, par un voyage : Marie se déplace du nord au sud et en hâte. Son oui l’a mise en marche, vivement. Elle se met en route pour aller vers une autre, porteuse de vie, pour lui être présente, la soutenir; et à la fin, elle va reprendre la route. La rencontre de l’aînée et de la jeune femme a lieu dans la maison, celle de l’hospitalité et de la bénédiction. L’Esprit est présent en cette visite, comme à l’annonciation. Cette fois-ci, c’est Élisabeth qui en est remplie, comme les prophètes de l’alliance, Élisabeth qui parle avec force pour rendre grâce. Elle annonce la présence du Seigneur dans les entrailles de Marie, comme plus tard Jean Baptiste, son fils, lui aussi prophète, annoncera le Messie qui vient. La mère, par sa propre vocation prophétique, inaugure déjà celle de son fils, qui tressaille en son sein.      Marie, par son chant, le Magnificat, exalte le Seigneur à son tour. Elle exprime sa joie d’abord pour des motifs personnels, puis elle élargit sa prière à tout le peuple et rend grâce pour la bonté de Dieu de génération en génération, avec une attention particulière aux humbles, aux affamés, aux pauvres. Marie, femme des béatitudes dans le Magnificat, et Élisabeth qui proclame une béatitude : « Bienheureuse, celle qui a cru en l’accomplissement. »      Élisabeth et Marie ressemblent à d’autres femmes des Écritures, ainsi à Sarah qui tint pour fidèle l’auteur de la promesse (He 11, 11). Sarah, Élisabeth, Marie, trois femmes qui ont en commun d’être fécondes, porteuses de vie, là où l’on croyait que la vie n’était pas possible. Trois femmes qui annoncent, dans leur être même, le Dieu de l’impossible. La visitation est récit de l’espérance: qu’est-ce qui soutient mieux l’espérance qu’une vie nouvelle à venir? Sarah, Élisabeth, Marie, trois femmes qui font mémoire de la bonté de Dieu, dans la suite des temps, du passé jusqu’à l’avenir. De génération en génération, dit Marie. Cette expression évoque le sens d’une transmission de la vie, d’une histoire qui se poursuit jusqu’à aujourd’hui et dans laquelle nous sommes inclus.      Comment le présent peut-il être porteur d’avenir? Aujourd’hui, nous sommes facilement enfermés dans une vie présente immédiate et dans l’isolement du chacun pour soi. Ce déplacement de Marie, cette rencontre de deux femmes de l’alliance et en alliance, nous invitent à élargir notre regard, à l’ouvrir vers la vie à venir. En témoignant de la bonté de Dieu au cours des âges, en transmettant ce goût de l’avenir pour que d’autres, après nous, soient habités par ce goût et rayonnent cette bonté. Ainsi se bâtit une lignée, depuis la promesse à Abraham et Sarah jusqu’à celle qui nous est chantée en chacune de nos visitations. Vers qui nous hâter pour lui rendre visite? Ou quelle visite s’approche de nous pour laquelle bénir Dieu? Visites porteuses de vie nouvelle.

Daniel Cadrin, OP

COMME DES BREBIS SANS BERGER – MARC 6, 30-34 – Fr. Jean-Christian Lévêque, o. c. d.

17 juillet, 2015

http://www.carmel.asso.fr/16eme-Dimanche-T-O-Marc-6-30-34.html

COMME DES BREBIS SANS BERGER – MARC 6, 30-34

Fr. Jean-Christian Lévêque, o. c. d.

Tout joyeux, les Douze reviennent de leur première mission. Selon les consignes de Jésus ils étaient partis deux par deux pour proclamer partout qu’il fallait se convertir, pour chasser les démons et guérir des malades. Et les voilà de retour, heureux de la confiance que Jésus leur a faite, mais harassés de fatigue après cette longue tournée.
Se reposer sur place est impossible : les gens vont et viennent sans arrêt pour voir Jésus et causer avec lui. Mais Jésus, en vrai chef, a vu le problème, et il prend les devants :« Venez dans un lieu désert pour vous reposer un peu ». Et tous ensemble partent, en barque, vers un lieu tranquille à l’écart de la foule.
Une journée de repos en communauté avec Jésus, voilà bien une grâce à ne pas manquer ! Jésus le premier se réservait des moments de gratuité pour la prière, et il semble bien qu’il ait voulu en inculquer l’habitude aux disciples.
À y bien réfléchir, ces initiatives de Jésus se reposant ou faisant reposer ses disciples cachent une sorte de mystère, qui rejoint celui de l’Incarnation. Jésus est entouré, serré, harcelé du matin au soir ; les disciples n’ont même pas le temps de manger, pour faire face à toutes les visites ; les gens, les pauvres, les malades sont là, qui se pressent et qui attendent, et Jésus s’en va, emmenant sa petite troupe avec lui ! Donc Jésus accepte les contraintes de la prudence élémentaire. Il sait par expérience qu’il faut tenir longtemps et que les forces hu­maines ont des limites ; et sagement, pour mieux assurer la mission, il fait repos ses missionnaires.
Mais ce ne sera pas un repos banal, une simple détente où l’on oublie tout souci et toute peine.
Ce sera le repos avec Lui, pour l’écouter et pour lui confier tout, le repos qu’il promet à tous les hommes qui se tournent vers lui avec confiance.
« Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi je vous donnerai le repos. Prenez sur vous mon joug et mettez-vous à mon école, car je suis doux et humble de cœur. » (Mt 11,28s).
Et nous retrouvons les douze disciples dans la barque, à l’école de Jésus, se reposant en l’écoutant et en lui racontant tout ce qu’il ont fait, tout ce qu’ils ont enseigné.
Mais sur les collines avoisinant le lac, les pauvres n’ont pas quitté des yeux la barque de Jésus qui s’éloignait. En voyant quelle direction elle prenait, beaucoup ont compris en quel endroit Jésus menait son équipe. Et quand il débarque avec les siens, au lieu de trouver la tranquillité, la paix, le silence reposant, il découvre sur la côte une foule de gens venus à pied de toute la région, des malades et des pauvres accourus pour être guéris ou soulagés, et aussi des hommes et des femmes arrivés rien que pour entendre Jésus parler du Royaume de Dieu.
En voyant ces milliers d’assoiffés, Jésus éprouve pour eux une immense pitié. Et ce qui le bouleverse surtout, c’est que tous ces gens n’ont personne pour les prendre en charge, personne pour les guider, personne pour prévoir leur bonheur et pour organiser leurs efforts, personne pour penser l’avenir avec eux. Il les voit tous, là sur la berge, comme des brebis sans berger, avec, dans les yeux et dans le cœur, une immense espérance.
Et Jésus se rappelle les textes des Prophètes où Dieu promettait à son peuple des pasteurs dignes de ce nom : « Je rassemblerai moi-même le reste de mes brebis, je les ramènerai dans leurs prairies. Je susciterai sur elles des pasteurs qui les feront paître. Elles n’auront plus ni crainte ni terreur, et aucune n’ira se perdre ! » (Jér 23,3s)
Puis Jésus, Berger modèle, commence sur place à leur donner la nourriture essentielle : sa parole. Longuement il leur parle du Père, de son amour et de sa volonté. Et à la fin de la journée, parce qu’il a pitié de leur fatigue et de leur faim, il les nourrit tous en multipliant cinq petits pains et deux poissons séchés. Quant aux disciples, ils reprennent du service. Cinq mille hommes à nourrir, sans compter les femmes et les enfants : cela fait plus de quatre cents personnes par Apôtre ! Quelle journée, Seigneur ! Ils se croyaient en vacances avec Jésus, et Jésus lui-même les remet au travail, comme s’il voulait leur faire comprendre ses propres soucis de Berger : « le bon Berger donne sa vie pour ses brebis ».
Ainsi la retraite n’aura duré que quelques heures, juste le temps d’une traversée, juste le temps de se reprendre et de se refaire avec Jésus, auprès de Jésus, entre une mission harassante et une autre encore plus urgente.
Il en va de même, mes Soeurs, de notre vie contemplative. Les haltes de paix, Jésus nous les donne de loin en loin, comme il veut, quand il veut, mais sans interrompre vraiment notre vie d’humilité, de dévouement, de service fraternel. Et quand il nous accorde ainsi des moments de reprise et de joie, c’est pour nous fortifier en vue du témoignage qu’il nous demande.
Cette Eucharistie que nous allons maintenant célébrer, c’est la traversée que le Seigneur nous offre, entre deux journées de service intensif ; c’est un moment fraternel d’accueil de la parole, d’ouverture à la vie de Dieu ; c’est l’heure privilégiée où Jésus vient refaire nos forces.
Cette assemblée, c’est la barque de Jésus où, pour un moment, nous oublions tout autre souci que sa présence et son amour. Mais dans quelques instants, nourris du pain de Dieu, nous accosterons dans notre quotidien, et Jésus aura besoin de nos bras et de notre cœur.

COMMENTAIRE SUR ISAÏE 63: 16-17, 64: 1.3-8; 1 CORINTHIENS 1: 3-9; MARC 13: 33-37

28 novembre, 2014

http://livingspace.sacredspace.ie/ab011-2/

(Google translation from English)

DIMANCHE DE LA SEMAINE DE L’AVENT 1 (B)

COMMENTAIRE SUR ISAÏE 63: 16-17, 64: 1.3-8; 1 CORINTHIENS 1: 3-9; MARC 13: 33-37

UNE FOIS DE PLUS, nous arrivons au début d’une nouvelle année liturgique. Aujourd’hui, nous commençons Cycle B dans le cycle de trois ans de lectures bibliques dimanche. Les passages de l’Evangile pendant les dimanches «ordinaires» de cette année suivront l’Evangile selon Marc.
Il est clair que le thème de la messe d’aujourd’hui est celui de la «venue». Le mot «Avent» (du latin adventus), comme nous le savons, signifie «venue».
Avent est principalement une période de quatre semaines en préparation de la célébration de Noël, lorsque nous nous souvenons et nous célébrons la naissance de Jésus, notre Seigneur et Sauveur. Cependant, il n’y a pas de mention explicite que ce soit dans les lectures d’aujourd’hui de tout ce qui semble à voir avec Noël ou se prépare pour sa célébration. Les lectures du jour sont plus préoccupés par le but ultime pourquoi Jésus, le Fils de Dieu, « est devenu un être humain et a habité parmi nous» (Jean 1:14).
Chaque année, le premier dimanche de l’Avent fait un lien clair en continuité avec le dimanche finales de l’année liturgique précédente. Nous avons vu à la fin du Cycle A qu’il y avait de nombreuses lectures sur la venue finale de Jésus à la fin des temps et de la nécessité de chacun de nous de se préparer à venir face à face avec Jésus notre Seigneur et Roi et «donnent une compte de notre gestion « .
Plus d’un «venue»
Ce thème, dans le contexte de l’Avent, se poursuit aujourd’hui. Il est clair qu’à cette époque le mot «Advent / Entrée ‘est comprise à plus d’un niveau. Tout d’abord, bien sûr, nous nous préparons au cours de ce qui est essentiellement une période de pénitence (les couleurs de vestissement sont violettes, comme dans le Carême) pour célébrer d’une manière approprié la venue de Jésus et la manifestation de Dieu parmi nous comme un être humain .
Mais d’autre part, nous sommes également rappelé la raison pour laquelle Jésus est né parmi nous, en premier lieu, à savoir, d’être notre salut, notre intégrité. Il vient maintenant afin que nous puissions être équipé et prêt à le rencontrer quand il reviendra à la fin des temps « pour juger les vivants et les morts». Ensuite, nous espérons entendre ses paroles de bienvenue, « Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis la fondation du monde» (Matthieu 25:34). Ce est cette venue qui figure dans le passage de l’Evangile d’aujourd’hui.
Il ya, cependant, on peut dire, un tiers à venir qui est aussi d’une importance cruciale. Ce est alors que Dieu entre dans notre vie quotidienne et nous appelle à le suivre et être avec lui. Non seulement Dieu est venu en Jésus à Bethléem; non seulement il viendra à la fin des temps pour nous tous de se rassembler; il vient dans nos vies à chaque instant, par chaque personne et chaque expérience. Car Dieu en Jésus est l’Emmanuel, Dieu-avec-nous. «Je suis avec vous pour toujours » (Matthieu 28:20).

Première venue
Chacun de ces trois allées interagit avec les autres. La venue de Jésus à Bethléem est le fondement de notre vie présente et future avec lui. Se il ne avait pas alors venez, où serions-nous maintenant? Que serait l’Europe, pour ne pas mentionner d’autres parties du monde soient comme se il ne avait jamais été le christianisme? Dieu seul connaît seulement. La venue dite finale est celle pour laquelle toute notre vie est une préparation. Nous avons été appelés à l’existence pour une seule raison, pour devenir totalement unie avec Dieu notre Créateur. Le seul échec dans la vie est de ne pas être en mesure de répondre à cet appel final. Tout le reste, absolument tout le reste, est relative. Pour réaliser ce est la plus grande grâce que nous pourrions demander ou recevoir.
La venue quotidienne de Jésus dans nos vies est le processus par lequel nous approfondissons notre compréhension de qui Jésus était, est et devenons de plus en plus identifié avec sa vision de Dieu et de le sens de la vie. Avec cette identification, nous ne sommes pas seulement prêts mais désireux de se rencontrer et être un avec notre Dieu. «Comme une biche soupire après un courant d’eau froide, donc je vous chéris, mon Dieu» (Psaume 42); «Je étais heureux quand ils me ont dit,« Allons à la maison du Seigneur! »(Psaume 122).
En gardant toutes ces allées à l’esprit en même temps, nous pouvons faire de notre célébration de Noël plus significative. Noël, à bien des égards, est devenu tellement signifie-moins ou a développé un sens loin de l’histoire de l’Évangile. Il se compose de beaucoup de lumières, le Père Noël, rennes, cartes de Noël, et gagnante sans fin et à manger. Noël ne est pas une simple commémoration d’un événement passé. Noël n’a de sens que lorsque nous réalisons ce qu’il dit en termes de notre vie présente et future.
L’Evangile d’aujourd’hui, alors, parle sur le niveau des futures et actuelles allées de Jésus. Le mot clé est «préparation». « Soyez sur vos gardes, rester éveillé, parce que vous ne savez jamais quand le temps viendra. »
Être prêt
Jésus donne une parabole d’un homme voyageant à l’étranger. Il fait deux choses: il donne diverses responsabilités à ses serviteurs à être menées alors qu’il est absent; et il avertit le portier d’être vigilant. Ce, dans un sens, couvre les deux paraboles de Matthieu nous lisons vers la fin des lectures du cycle précédent: la parabole des «talents», lorsque les fonctionnaires ont dit de faire un usage productif de ce qu’ils avaient été donnés par leur maître, et la parabole des vierges sages et folles sur l’état de préparation pour la venue de l’époux.
« rester éveillé, parce que vous ne savez pas quand le maître de la maison reviendra, le soir, à minuit, au chant du coq, l’aube. Se il vient de façon inattendue, il ne doit pas vous trouver endormis … rester éveillé! « Et, comme nous l’avons souligné précédemment, en termes pratiques, nous ne sommes pas vraiment parler de la fin des temps, mais de la fin de notre propre temps. Il est peu probable, sans aucun avertissement, que notre planète ou notre système solaire, ou de l’univers dans son ensemble seront éteintes. Il est très probable, cependant, que beaucoup d’entre nous seront appelés à répondre à notre Seigneur à tout moment sans le moindre avertissement. Nous voyons cela se passe tous les jours.
Mais ce ne devrait pas être un problème pour ceux qui vivent en permanence dans un état ??de conscience de la proximité de Dieu dans leur vie. Il ne est pas vraiment difficile pour nous de développer l’habitude de vivre notre journée avec un sentiment de sa proximité avec nous, même si ce est une habitude qui ne peut venir à la pratique. Il peut faire une telle différence dans la qualité de notre vie, tout à fait indépendamment d’être prêt pour la fin, de passer chaque jour chercher et trouver Dieu dans les gens autour de nous, aimer et le servir en eux et d’être aimé et servi par lui eux.
1er dimanche de l’Avent (B) / page 3
Au lieu d’essayer de lutter contre la réalité, en essayant de manipuler la vie et les gens pour se adapter à nos rêves et nos ambitions préconçues, nous avons besoin d’entendre les paroles d’Isaïe aujourd’hui, « Seigneur, vous sont notre Père; nous l’argile, vous le potier, nous sommes tous l’ouvrage de tes mains. « Paul a dû apprendre cette leçon. Il avait décidé que sa mission dans la vie était de détruire ces nouveaux chrétiens. Ce est sur ??un de ces recherche et de détruire les missions qu’il a été frappé à terre et entendit Jésus lui dire, « Saul, Saul! Pourquoi me persécutes-tu? Vous vous blesser en frappant dos, comme un bœuf regimber contre le bâton « de son propriétaire. Donc, beaucoup d’entre nous regimber contre l’aiguillon du Maître et se demander pourquoi nos vies ne ont pas que le bonheur et la paix, nous aspirons. Ce était la même Paul, qui, plus tard, a été de dire: «Je suis content de faiblesses, les insultes, les difficultés, les persécutions et les difficultés pour l’amour du Christ. Car lorsque je suis faible, alors je suis fort »(2 Corinthiens 12:10).

Trouver Jésus tout autour de nous
Préparation ne est pas seulement pour la fin, mais aussi pour le flux quotidien des expériences qui composent notre journée ordinaire. Jésus est là. Ne luttez pas contre lui. Laissez-le vous façonner à son image, à la ressemblance de Dieu, pour devenir une personne de l’intégrité et de la vérité, de l’amour et de la compassion, de la liberté et de la paix.
Enfin, nous ne sommes pas sur notre propre dans tout cela. Avec Paul, dans la deuxième lecture, nous ne cessons jamais de remercier Dieu pour toutes les grâces que nous avons reçues par Jésus-Christ. « Je le remercie», dit Paul, « que vous avez été enrichi de bien des façons, en particulier dans vos enseignants et prédicateurs. » Il ya tellement de ressources disponibles pour nous de grandir dans une vie chrétienne profondément enrichi et enrichissant en termes de guides , les administrateurs, des livres, des vidéos, des bandes, des retraites, des séminaires, des ateliers, des groupes de partage et les communautés. Nous ne devons pas être sans les dons de l’Esprit », tandis que [nous] attendons pour notre Seigneur Jésus-Christ à être révélé ». Et « il gardera [nous] stable et sans reproche jusqu’au dernier jour, le jour de notre Seigneur Jésus-Christ ».
Maranatha! Viens, Seigneur Jésus!

DIMANCHE 29 DÉCEMBRE : COMMENTAIRES DE MARIE NOËLLE THABUT – PREMIERE LECTURE

27 décembre, 2013

http://www.eglise.catholique.fr/foi-et-vie-chretienne/commentaires-de-marie-noelle-thabut.html

DIMANCHE 29 DÉCEMBRE : COMMENTAIRES DE MARIE NOËLLE THABUT

PREMIERE LECTURE – Ben Sirac le Sage 3, 2-6. 12-14

3, 2 Le Seigneur glorifie le père dans ses enfants,  il renforce l’autorité de la mère sur ses fils. 3 Celui qui honore son père obtient le pardon de ses fautes, 4 celui qui glorifie sa mère est comme celui qui amasse un trésor. 5 Celui qui honore son père aura de la joie dans ses enfants,  au jour de sa prière il sera exaucé. 6 Celui qui glorifie son père verra de longs jours,  celui qui obéit au Seigneur donne du réconfort à sa mère… 12 Mon fils, soutiens ton père dans sa vieillesse,  ne le chagrine pas pendant sa vie. 13 Même si son esprit l’abandonne, sois indulgent,  ne le méprise pas, toi qui es en pleine force. 14 Car ta miséricorde envers ton père ne sera pas oubliée  et elle relèvera ta maison  si elle est ruinée par le péché.

Ben Sirac dit encore bien d’autres choses sur le respect dû aux parents ; et s’il éprouve le besoin d’y insister, c’est parce qu’à son époque, l’autorité des parents n’était plus ce qu’elle avait été : les moeurs étaient en train de changer et Ben Sirac ressentait le besoin de redresser la barre. Nous sommes au deuxième siècle av.J.C., vers 180. Ben Sirac tient une école de Sagesse (on dirait « Philosophie » aujourd’hui) à Jérusalem ; on est sous la domination grecque : les souverains sont libéraux et les Juifs peuvent continuer à pratiquer intégralement leur Loi ; (la situation changera un peu plus tard avec Antiochus Epiphane) ; mais c’est cette tranquillité, justement, qui inquiète Ben Sirac, car, insidieusement, de nouvelles habitudes de penser se répandent : à côtoyer de trop près des païens, on risque de penser et de vivre bientôt comme eux. Et c’est bien ce qui pousse Ben Sirac à défendre les fondements de la religion juive, à commencer par la famille. Car si la structure familiale s’affaiblit, qui transmettra aux enfants la foi, les valeurs, et les pratiques du Judaïsme ?  Notre texte d’aujourd’hui est donc avant tout un plaidoyer pour la famille parce qu’elle est le premier sinon le seul lieu de transmission des valeurs.  C’est aussi un commentaire magnifique, une variation sur le quatrième commandement. Les plus âgés d’entre nous le connaissent sous la forme du catéchisme de leur enfance : « Tes père et mère honoreras afin de vivre longuement ». Et le voici dans sa forme primitive au livre de l’Exode : « Honore ton père et ta mère afin que tes jours se prolongent sur la terre que te donne le SEIGNEUR ton Dieu » (Ex 20, 12) ; et le livre du Deutéronome ajoutait « et afin que tu sois heureux » (Dt 5, 16).  Le texte que nous lisons aujourd’hui a donc été écrit vers 180 av.J.C. ; et puis, cinquante ans plus tard, le petit-fils de Ben Sirac a traduit l’oeuvre de son grand-père et il a voulu préciser les choses : il a donc ajouté deux versets pour justifier ce respect dû aux parents : son argument est le suivant : nos parents nous ont donné la vie, ils sont donc les instruments de Dieu qui donne la vie : « De tout ton coeur glorifie ton père, et n’oublie pas les souffrances de ta mère. Souviens-toi que tu leur dois la naissance, comment leur rendras-tu ce qu’ils ont fait pour toi ? » (Si 7, 27 – 28).  Bien sûr, ce commandement rejoint le simple bon sens : on sait bien que la cellule familiale est la condition primordiale d’une société équilibrée. Actuellement, nous ne faisons que trop l’expérience des désastres psychologiques et sociaux entraînés par la brisure des familles. Mais, plus profondément, j’entends aussi là que notre rêve d’harmonie familiale fait partie du plan de Dieu.  Cette défense des valeurs familiales ne nous étonne donc pas : mais dans le texte de Ben Sirac on a un peu l’impression d’un calcul : « Celui qui honore son père obtient le pardon de ses fautes, celui qui glorifie sa mère est comme celui qui amasse un trésor. Celui qui honore son père aura de la joie dans ses enfants, au jour de sa prière il sera exaucé. Celui qui glorifie son père verra de longs jours… » Même chose pour le commandement : « Tes père et mère honoreras afin de vivre longuement » ; comme si on nous disait « si tu te conduis bien, Dieu te le revaudra ».  Or, il n’est jamais question de calcul avec Dieu, puisqu’avec lui tout est grâce, c’est-à-dire gratuit ! Ce qu’on veut nous dire, c’est que chaque fois que Dieu nous donne un commandement, c’est pour notre bonheur.  Si vous en avez le courage, reportez-vous au livre du Deutéronome, en particulier au chapitre 6, celui dont est extraite la plus célèbre prière d’Israël, le « Shema Israël » (Ecoute Israël) ; vous serez étonnés de l’insistance de ce texte pour nous dire que la loi est chemin de bonheur et de liberté. Voici quelques versets du Deutéronome : « Tu feras ce qui est droit et bien aux yeux du SEI¬GNEUR, pour être heureux et entrer prendre possession du bon pays que le SEI¬GNEUR a promis par serment à tes pères… » (Dt 6, 18) 1.  Revenons à Ben Sirac ; nous y lisons une phrase un peu étonnante : « Celui qui honore son père obtient le pardon de ses fautes ». Tout d’abord, on peut penser qu’une telle phrase prouve que ce texte est récent ; on sait bien qu’il a fallu des siècles de pédagogie de Dieu, par la bouche de ses prophètes, pour que l’on découvre que le seul chemin de réconciliation avec Dieu n’est pas le sacrifice sanglant comme on le croyait primitivement ; le seul chemin de réconciliation avec Dieu, c’est la réconciliation avec le prochain. On entend là comme un écho de la célèbre phrase du prophète Osée « C’est la miséricorde que je veux et non le sacrifice » (Os 6, 6).  En quelque sorte, Ben Sirac nous dit : « Vous voulez être sûrs d’honorer Dieu ? C’est bien simple, honorez vos parents : être filial à leur égard, c’est être filial aussi à l’égard de Dieu. On sait que sur les dix commandements, deux seulement sont des ordres positifs : le commandement sur le sabbat et celui-ci sur le respect des parents. « Du jour du sabbat, tu feras un mémorial… », « Honore ton père et ta mère » ; tous les autres commandements sont négatifs, ils indiquent seulement des limites à ne pas dépasser : « Tu ne tueras pas, tu ne voleras pas, tu ne commettras pas d’adultère »…  Mais c’est bien un ordre positif qui résume tous les commandements : vous le trouvez dans l’Ancien Testament au Livre du Lévitique : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » ; or, notre premier prochain, au vrai sens du terme, ce sont nos parents. En cette période de fêtes où des liens familiaux se resserrent ou se redécouvrent, ce texte de Ben Sirac est donc bien trouvé.  —————————

 Note  1 – Inversement, le même livre affirmait : « Maudit soit celui qui méprise son père et sa mère ! » (Dt 27, 16). Et ce commandement était assorti de peines très sévères : la peine de mort, en particulier, pour celui qui avait « frappé son père ou sa mère » même si ses coups n’avaient pas entraîné la mort (Ex 21, 15). La même sanction était prévue pour celui qui « insultait » son père ou sa mère (Ex 21, 17). Rappelons-nous, il n’est pas si loin le temps où le Droit français prévoyait des sanctions particulièrement sévères pour les parricides.

DIMANCHE 17 NOVEMBRE : COMMENTAIRES DE MARIE NOËLLE THABUT – DEUXIEME LECTURE – 2 THESSALONICIENS 3, 7-12

15 novembre, 2013

http://www.eglise.catholique.fr/foi-et-vie-chretienne/commentaires-de-marie-noelle-thabut.html

DIMANCHE 17 NOVEMBRE : COMMENTAIRES DE MARIE NOËLLE THABUT

DEUXIEME LECTURE – 2 THESSALONICIENS 3, 7-12

Frères,
7 vous savez bien, vous,
ce qu’il faut faire pour nous imiter.
Nous n’avons pas vécu parmi vous dans l’oisiveté ;
8 et le pain que nous avons mangé,
nous n’avons demandé à personne de nous en faire cadeau.
Au contraire, dans la fatigue et la peine, nuit et jour,
nous avons travaillé pour n’être à charge d’aucun d’entre vous.
9 Bien sûr, nous en aurions le droit ;
mais nous avons voulu être pour vous un modèle à imiter.
10 Et quand nous étions chez vous,
nous vous donnions cette consigne :
si quelqu’un ne veut pas travailler,
qu’il ne mange pas non plus.
11 Or, nous apprenons que certains parmi vous
vivent dans l’oisiveté,
affairés sans rien faire.
12 A ceux-là, nous adressons dans le Seigneur Jésus Christ
cet ordre et cet appel :
qu’ils travaillent dans le calme
pour manger le pain qu’ils ont gagné.

« Si quelqu’un ne veut pas travailler, qu’il ne mange pas non plus » : voilà une phrase que Saint Paul ne redirait certainement pas telle quelle aujourd’hui ! Ceux qui ont la chance d’avoir du travail (c’était le cas de Saint Paul), n’oseraient jamais dire une chose pareille aux millions de chômeurs d’aujourd’hui. On a là, une fois de plus, la preuve qu’il ne faut jamais sortir une phrase biblique de son contexte !
Le contexte, aujourd’hui, c’est le chômage de quantité de gens de bonne volonté dont les compétences, le savoir-faire, sont inutilisés… Le contexte à l’époque de Saint Paul était tout autre ! On n’avait certainement pas de mal à trouver du travail, puisque lui-même qui n’a séjourné que quelques semaines à Thessalonique, peut parler du métier qu’il y a exercé. S’il a pu trouver du travail en si peu de temps, c’est qu’il n’y avait pas de chômage. Et, rappelez-vous, à Corinthe, il avait trouvé de l’embauche très vite chez Priscille et Aquilas qui pratiquaient le même métier que lui.
Nous le savons par le livre des Actes des Apôtres : « En quittant Athènes, Paul se rendit ensuite à Corinthe. Il rencontra là un Juif nommé Aquilas, originaire du Pont, qui venait d’arriver d’Italie avec sa femme Priscille. (L’empereur) Claude, en effet, avait décrété que tous les Juifs devaient quitter Rome. (on est en 50 ap J.C. environ). Paul entra en relations avec eux et, comme il avait le même métier – c’était des fabricants de tentes – il s’installa chez eux et il y travaillait. » (Ac 18, 1-3).
Les oisifs dont parle Paul ne sont donc pas des chômeurs au sens moderne du terme ; mais vous vous rappelez que Paul partait en guerre contre ceux qui prétextaient la venue imminente du royaume de Dieu pour se mettre en vacances.
Paul, lui, pratiquait donc un métier manuel, celui de tisseur de toiles de tentes ; les toiles étaient tissées en poils de chèvre, c’était une technique qu’il avait apprise en Cilicie, sa patrie natale (on se souvient que Paul est de Tarse, en Cilicie, c’est-à-dire le Sud-Est de la Turquie actuelle). Les poils de chèvre devaient produire une toile plutôt rugueuse, et notre mot « cilice » pour désigner un vêtement de pénitence, vient de là.
Ce n’était pas un métier glorieux : dans le monde grec, on avait plus de considération pour les artistes ou les intellectuels ; tandis que les rabbins, au contraire, ne dédaignaient pas les métiers manuels ; et la phrase « Si quelqu’un ne veut pas travailler, qu’il ne mange pas non plus », Paul ne l’a pas inventée, elle était courante dans les milieux rabbiniques.
Le métier de Paul n’était pas lucratif non plus : il n’a pas dû gagner grand chose puisqu’il a dû travailler nuit et jour ; il dit : « Dans la fatigue et la peine, nuit et jour, nous avons travaillé pour n’être à la charge d’aucun d’entre vous ». Et encore, malgré ce travail incessant, il ne subvenait à ses besoins que grâce à un complément envoyé par ses amis de la ville de Philippes. (C’est la lettre aux Philippiens qui nous l’apprend). C’est cet acharnement au travail qui autorise Paul à en parler à ceux qui se contentent de l’oisiveté sous prétexte que le Christ ne va pas tarder à revenir.
Nous avons déjà eu l’occasion de voir que, tout convaincus que le Royaume était déjà commencé avec Jésus-Christ, les Chrétiens de Thessalonique avaient perdu leur motivation pour leur travail quotidien… Il est vrai que si le Christ devait revenir dans quelques semaines ou quelques mois, on se poserait la question du bien-fondé de beaucoup de nos occupations… Les Thessaloniciens en étaient là… Et c’est précisément parce qu’il sait leur démotivation (comme on dirait aujourd’hui) que Paul met son point d’honneur à travailler de ses mains, pour ne pas leur donner le mauvais exemple : « Nous avons voulu être pour vous un modèle à imiter ».
Le premier argument, pour Paul, semble bien être le souci de n’être à charge de personne… C’est donc une affaire de respect des autres. Il n’est pas question de prendre l’imminence du Royaume comme prétexte pour rester inactifs.
Mais il y a aussi une deuxième raison : oui, le monde, tel que nous le connaissons, n’est que provisoire, mais c’est de ce monde que Dieu fait son Royaume : ce n’est pas pour rien que Dieu a donné le commandement du livre de la Genèse « Dominez la terre et soumettez-la »… sous-entendu, faites-en votre Royaume.
Les plus âgés d’entre nous ont connu, peut-être, la chanson du père Aimé Duval « Ton ciel se fera sur terre avec tes bras… » Dans un autre style, l’écrivain Libanais, Khalil Gibran dit dans « le Prophète » : Lorsque vous travaillez, vous accomplissez une part du rêve de la terre… » Un croyant traduit : le rêve de la terre, c’est le Royaume ; Dieu a créé la terre pour en faire le Royaume… Son Royaume et le nôtre, le Royaume de l’amour.
Chaque fois que nous agissons, de quelque manière que ce soit, même si ce n’est pas par un travail rémunéré, pour faire grandir l’homme, pour répandre de l’amour, nous accomplissons une part de ce rêve, de ce projet du Royaume ; Khalil Gibran continue : « Cette part de rêve vous fut assignée lorsque ce rêve naquit », c’est-à-dire depuis l’origine. Je reprends sa phrase en entier : « Lorsque vous travaillez, vous accomplissez une part du rêve le plus lointain de la terre, (une part) qui vous fut assignée lorsque ce rêve naquit… Le travail est l’amour rendu visible ».
Or notre participation à la construction du Royaume de Dieu semble bien indispensable. Je reprends, mais cette fois en entier, la phrase de Pierre que nous lisions à propos du psaume de ce dimanche : « Il y a une chose en tout cas, mes amis, que vous ne devez pas oublier : pour le Seigneur, un seul jour est comme mille ans et mille ans comme un jour. Le Seigneur ne tarde pas à tenir sa promesse, alors que certains prétendent qu’il a du retard, mais il fait preuve de patience envers vous, ne voulant pas que quelques-uns périssent mais que tous parviennent à la conversion. » (2 Pi 3, 8-9). Si je comprends bien, si nous voulons que le Règne de Dieu arrive plus vite, nous n’avons pas une minute à perdre !

 

DIMANCHE 17 NOVEMBRE : COMMENTAIRES DE MARIE NOËLLE THABUT

DEUXIEME LECTURE – 2 THESSALONICIENS 3, 7-12

Frères,
7 vous savez bien, vous,
ce qu’il faut faire pour nous imiter.
Nous n’avons pas vécu parmi vous dans l’oisiveté ;
8 et le pain que nous avons mangé,
nous n’avons demandé à personne de nous en faire cadeau.
Au contraire, dans la fatigue et la peine, nuit et jour,
nous avons travaillé pour n’être à charge d’aucun d’entre vous.
9 Bien sûr, nous en aurions le droit ;
mais nous avons voulu être pour vous un modèle à imiter.
10 Et quand nous étions chez vous,
nous vous donnions cette consigne :
si quelqu’un ne veut pas travailler,
qu’il ne mange pas non plus.
11 Or, nous apprenons que certains parmi vous
vivent dans l’oisiveté,
affairés sans rien faire.
12 A ceux-là, nous adressons dans le Seigneur Jésus Christ
cet ordre et cet appel :
qu’ils travaillent dans le calme
pour manger le pain qu’ils ont gagné.

« Si quelqu’un ne veut pas travailler, qu’il ne mange pas non plus » : voilà une phrase que Saint Paul ne redirait certainement pas telle quelle aujourd’hui ! Ceux qui ont la chance d’avoir du travail (c’était le cas de Saint Paul), n’oseraient jamais dire une chose pareille aux millions de chômeurs d’aujourd’hui. On a là, une fois de plus, la preuve qu’il ne faut jamais sortir une phrase biblique de son contexte !
Le contexte, aujourd’hui, c’est le chômage de quantité de gens de bonne volonté dont les compétences, le savoir-faire, sont inutilisés… Le contexte à l’époque de Saint Paul était tout autre ! On n’avait certainement pas de mal à trouver du travail, puisque lui-même qui n’a séjourné que quelques semaines à Thessalonique, peut parler du métier qu’il y a exercé. S’il a pu trouver du travail en si peu de temps, c’est qu’il n’y avait pas de chômage. Et, rappelez-vous, à Corinthe, il avait trouvé de l’embauche très vite chez Priscille et Aquilas qui pratiquaient le même métier que lui.
Nous le savons par le livre des Actes des Apôtres : « En quittant Athènes, Paul se rendit ensuite à Corinthe. Il rencontra là un Juif nommé Aquilas, originaire du Pont, qui venait d’arriver d’Italie avec sa femme Priscille. (L’empereur) Claude, en effet, avait décrété que tous les Juifs devaient quitter Rome. (on est en 50 ap J.C. environ). Paul entra en relations avec eux et, comme il avait le même métier – c’était des fabricants de tentes – il s’installa chez eux et il y travaillait. » (Ac 18, 1-3).
Les oisifs dont parle Paul ne sont donc pas des chômeurs au sens moderne du terme ; mais vous vous rappelez que Paul partait en guerre contre ceux qui prétextaient la venue imminente du royaume de Dieu pour se mettre en vacances.
Paul, lui, pratiquait donc un métier manuel, celui de tisseur de toiles de tentes ; les toiles étaient tissées en poils de chèvre, c’était une technique qu’il avait apprise en Cilicie, sa patrie natale (on se souvient que Paul est de Tarse, en Cilicie, c’est-à-dire le Sud-Est de la Turquie actuelle). Les poils de chèvre devaient produire une toile plutôt rugueuse, et notre mot « cilice » pour désigner un vêtement de pénitence, vient de là.
Ce n’était pas un métier glorieux : dans le monde grec, on avait plus de considération pour les artistes ou les intellectuels ; tandis que les rabbins, au contraire, ne dédaignaient pas les métiers manuels ; et la phrase « Si quelqu’un ne veut pas travailler, qu’il ne mange pas non plus », Paul ne l’a pas inventée, elle était courante dans les milieux rabbiniques.
Le métier de Paul n’était pas lucratif non plus : il n’a pas dû gagner grand chose puisqu’il a dû travailler nuit et jour ; il dit : « Dans la fatigue et la peine, nuit et jour, nous avons travaillé pour n’être à la charge d’aucun d’entre vous ». Et encore, malgré ce travail incessant, il ne subvenait à ses besoins que grâce à un complément envoyé par ses amis de la ville de Philippes. (C’est la lettre aux Philippiens qui nous l’apprend). C’est cet acharnement au travail qui autorise Paul à en parler à ceux qui se contentent de l’oisiveté sous prétexte que le Christ ne va pas tarder à revenir.
Nous avons déjà eu l’occasion de voir que, tout convaincus que le Royaume était déjà commencé avec Jésus-Christ, les Chrétiens de Thessalonique avaient perdu leur motivation pour leur travail quotidien… Il est vrai que si le Christ devait revenir dans quelques semaines ou quelques mois, on se poserait la question du bien-fondé de beaucoup de nos occupations… Les Thessaloniciens en étaient là… Et c’est précisément parce qu’il sait leur démotivation (comme on dirait aujourd’hui) que Paul met son point d’honneur à travailler de ses mains, pour ne pas leur donner le mauvais exemple : « Nous avons voulu être pour vous un modèle à imiter ».
Le premier argument, pour Paul, semble bien être le souci de n’être à charge de personne… C’est donc une affaire de respect des autres. Il n’est pas question de prendre l’imminence du Royaume comme prétexte pour rester inactifs.
Mais il y a aussi une deuxième raison : oui, le monde, tel que nous le connaissons, n’est que provisoire, mais c’est de ce monde que Dieu fait son Royaume : ce n’est pas pour rien que Dieu a donné le commandement du livre de la Genèse « Dominez la terre et soumettez-la »… sous-entendu, faites-en votre Royaume.
Les plus âgés d’entre nous ont connu, peut-être, la chanson du père Aimé Duval « Ton ciel se fera sur terre avec tes bras… » Dans un autre style, l’écrivain Libanais, Khalil Gibran dit dans « le Prophète » : Lorsque vous travaillez, vous accomplissez une part du rêve de la terre… » Un croyant traduit : le rêve de la terre, c’est le Royaume ; Dieu a créé la terre pour en faire le Royaume… Son Royaume et le nôtre, le Royaume de l’amour.
Chaque fois que nous agissons, de quelque manière que ce soit, même si ce n’est pas par un travail rémunéré, pour faire grandir l’homme, pour répandre de l’amour, nous accomplissons une part de ce rêve, de ce projet du Royaume ; Khalil Gibran continue : « Cette part de rêve vous fut assignée lorsque ce rêve naquit », c’est-à-dire depuis l’origine. Je reprends sa phrase en entier : « Lorsque vous travaillez, vous accomplissez une part du rêve le plus lointain de la terre, (une part) qui vous fut assignée lorsque ce rêve naquit… Le travail est l’amour rendu visible ».
Or notre participation à la construction du Royaume de Dieu semble bien indispensable. Je reprends, mais cette fois en entier, la phrase de Pierre que nous lisions à propos du psaume de ce dimanche : « Il y a une chose en tout cas, mes amis, que vous ne devez pas oublier : pour le Seigneur, un seul jour est comme mille ans et mille ans comme un jour. Le Seigneur ne tarde pas à tenir sa promesse, alors que certains prétendent qu’il a du retard, mais il fait preuve de patience envers vous, ne voulant pas que quelques-uns périssent mais que tous parviennent à la conversion. » (2 Pi 3, 8-9). Si je comprends bien, si nous voulons que le Règne de Dieu arrive plus vite, nous n’avons pas une minute à perdre !

30° DIMANCHE ORDINAIRE C : 27 OCTOBRE 2013 – COMMENTAIRES BIBLIQUE POUR LES LECTURES

25 octobre, 2013

http://www.bible-service.net/extranet/current/pages/435.html

30° DIMANCHE ORDINAIRE C : 27 OCTOBRE 2013 – COMMENTAIRES BIBLIQUE POUR LES LECTURES

« Qui s’élève sera abaissé ; qui s’abaisse sera élevé… « 
Dans l’évangile de ce jour, Jésus invite à se situer en vérité devant Dieu. La prière du pauvre traverse les nuées, dit Ben Sirac (1° lecture). Le Seigneur entend ceux qui l’appellent, chante le psalmiste. Le Seigneur me sauvera, il me fera entrer au ciel, dans son Royaume, écrit Paul (2° lecture). Entrons à notre tour dans cette démarche pleine de confiance envers Dieu, notre père.

• Ben Sirac le sage, 35,12-14.16-18
Le texte présente Dieu comme un juge impartial qui ne tient pas compte du rang social ou de la fortune de celui qui se présente devant lui. Il écoute la veuve et l’orphelin. Les cris du pauvre parviennent jusqu’à lui. Le mot pauvre désigne ici une personne dépourvue de biens matériels mais également de relations sociales. Il n’a personne qui peut intervenir pour lui. Le texte décrit une prière ardente et persévérante et en montre l’efficacité.

• Psaume 33
Chant d’action de grâce. La première strophe est un invitatoire en direction des pauvres. Ceux-ci peuvent être des indigents, mais également des personnes qui ne comptent pas sur leurs propres bonnes œuvres et qui s’en remettent au Seigneur. Le mot pauvre englobe les justes, ceux qui appellent, les cœurs brisés, les serviteurs. Tous ces gens sont assurés de trouver une oreille bienveillante : le Seigneur regarde, écoute, entend et délivre.
Dans la dernière strophe relevons l’image d’un Dieu qui rachète ses serviteurs. Elle va à l’encontre d’une mauvaise théologie de la rédemption qui présente Dieu comme un raquetteur qui exige le sang de son Fils pour libérer les êtres humains de leurs fautes. Dans le langage biblique, racheter signifie libérer. On ne se pose pas la question du prix à payer ni à qui il faut le payer. Dieu s’est manifesté comme un libérateur lors de la sortie d’Égypte. Il continue à se manifester ainsi, et de manière éclatante, en la personne de Jésus, lui qui nous libère de l’emprise du péché pour faire de nous des êtres libres.

• Luc 18,9-14
Dimanche dernier, la liturgie nous a présenté la parabole de la pauvre veuve et du juge inique. Elle illustrait la force d’une prière persévérante. Aujourd’hui, nous lisons une nouvelle parabole sur la prière. Elle montre également l’efficacité de la prière qui ne dépend pas de la bonté de celui qui prie mais de la bonté de Celui qui exauce la prière. Elle dénonce un travers largement répandu chez les gens pieux qui pensent que le salut leur est dû et qui ne voient pas qu’il est essentiellement un don de Dieu.
La parabole est introduite par un chapeau qui précise les destinataires du récit. Il s’agit de ceux qui sont convaincus d’être justes et qui méprisent les autres. Catégorie de croyants largement répandue en tous temps et en tous milieux.
La parabole décrit les deux hommes qui prient dans le Temple. On voit l’emplacement où ils se tiennent, on voit leur attitude et on les entend prier. Les deux prières sont sincères. Chacun est de bonne foi, même si chez l’un la foi n’est pas bonne. Le pharisien dit vrai. Il est un homme pieux qui jouit de l’estime de tous. Il vit en une confrérie avec d’autres hommes pieux qui en rajoutent sur l’observation de la Loi. Ils jeûnent deux fois par semaine alors que ce n’est pas exigé par la Loi. Ils donnent au Temple un dixième de leurs revenus. Ce que dit cet homme est exact. Il ne se vante pas.
Lucide sur lui-même, le publicain dit également la vérité. Il est un pécheur. Un voleur, un escroc, un collaborateur avec l’occupant. Il fait partie de ceux qui avancent l’argent des taxes aux puissances occupantes, puis qui en récupère le montant chez le peuple, en se remplissant les poches au passage. Le publicain est méprisé par la population et tout spécialement par le groupe des pharisiens. A la différence de la veuve de la parabole précédente, ce publicain n’est pas un pauvre, financièrement parlant du moins. Il est plus riche que le pharisien.
Ayant présenté les deux hommes, Jésus porte un jugement sur l’efficacité de leur prière. Sans le nommer, il évoque un troisième personnage. C’est même le personnage central de cette histoire. Il s’agit de Dieu. C’est à lui en effet que les deux hommes s’adressent. C’est lui qui accueille ou refuse leur prière. Connaissant le Père comme personne ne le connaît, Jésus sait la réponse qu’il donnera aux deux hommes. Le Père justifiera celui qui demande à être justifié. Il ne pourra rien faire pour l’autre qui se justifie lui-même. La justice de Dieu ne se gagne pas à la force du poignet. Elle est d’abord un libre don de Dieu, accordé à ceux qui s’en montrent dignes. Paradoxe : le pécheur qui se repend y accède plus facilement que juste qui compte sur ses propres mérites et qui prétend en plus fermer les portes du ciel à celui ou à celle qui n’est pas comme lui.
On trouvera des pistes d’approfondissement pour la deuxième lecture (2 Timothée 4,6-8.16-18), ainsi que de brèves citations d’auteurs spirituels d’hier et d’aujourd’hui dans les Fiches Dominicales n° 12. Ceux qui préparent la liturgie y trouveront aussi des idées pour une mise en œuvre.

DIMANCHE 8 SEPTEMBRE : COMMENTAIRES DE MARIE NOËLLE THABUT – PREMIERE ET DEUXIEME LECTURES

6 septembre, 2013

http://www.eglise.catholique.fr/foi-et-vie-chretienne/commentaires-de-marie-noelle-thabut.html

DIMANCHE 8 SEPTEMBRE : COMMENTAIRES DE MARIE NOËLLE THABUT

PREMIERE LECTURE – Sagesse 9, 13-18
13 Quel homme peut découvrir les intentions de Dieu ? 
 Qui peut comprendre les volontés du Seigneur ?
14 Les réflexions des mortels sont mesquines, 
 et nos pensées, chancelantes ;
15 car un corps périssable appesantit notre âme, 
 et cette enveloppe d’argile alourdit notre esprit aux mille pensées.
16 Nous avons peine à nous représenter ce qui est sur terre, 
 et nous trouvons avec effort ce qui est à portée de la main ; 
 qui donc a découvert ce qui est dans les cieux ?
17 Et qui aurait connu ta volonté, 
 si tu n’avais pas donné la Sagesse 
 et envoyé d’en haut ton Esprit Saint ?
18 C’est ainsi que les chemins des habitants de la terre 
 sont devenus droits ;
 c’est ainsi que les hommes ont appris ce qui te plaît 
 et, par ta Sagesse, ont été sauvés.

La Sagesse, au sens biblique, c’est la connaissance de ce qui rend heureux ou malheureux, l’art de vivre en quelque sorte. Le peuple d’Israël, comme tous ses voisins, a développé toute une réflexion sur ce sujet, à partir du règne de Salomon, dit-on. Mais l’apport d’Israël, dans ce domaine, est tout à fait original ; il tient en deux points : pour les hommes de la Bible, premièrement, Dieu seul connaît les secrets du bonheur de l’humanité ; et quand l’homme prétend les découvrir par lui-même, il s’engage immanquablement sur des fausses pistes : c’est la leçon du jardin d’Eden. Mais deuxièmement (et très heureusement), Dieu révèle à son peuple d’abord (pour toute l’humanité ensuite) ce secret du bonheur.
 C’est exactement le sens du texte que nous lisons ici : premier message, une leçon d’humilité. Isaïe avait déjà dit quelque chose du même genre : « Mes pensées ne sont pas vos pensées, dit Dieu… Mes chemins ne sont pas vos chemins » (Is 55, 8). C’était clair. Le livre de la Sagesse est écrit bien longtemps après le prophète Isaïe, il a un style tout différent, mais il dit la même chose : « Quel homme peut découvrir les pensées de Dieu ?… Qui peut comprendre les volontés du Seigneur ? » En d’autres termes, par nous-mêmes, il ne faut pas se leurrer, nous sommes à cent lieues d’imaginer ce que Dieu pense… Cela devrait nous rendre modestes : nous croyons facilement que nous avons tout compris et nous risquons de parler avec assurance… Eh bien non, il faut reconnaître humblement que nous n’avons pas la moindre idée de ce que Dieu pense ! En dehors de ce qu’il nous a dit expressément par la bouche de ses prophètes, bien sûr ! On croit entendre ici comme un écho du livre de Job : « La Sagesse, où la trouver ? Où réside l’intelligence ? On en ignore le prix chez les hommes et elle ne se trouve pas au pays des vivants… (mais) Dieu en a discerné le chemin, il a su, lui, où elle réside. » (Jb 28, 12. 23). Un peu plus loin, dans ce même livre (chapitres 38 à 41) Dieu rappelle à Job ses limites : à la fin de la démonstration, Job a compris, il s’incline, il avoue : « J’ai abordé sans le savoir des mystères qui me confondent. » (Jb 42,3).
 Pour revenir à notre texte du livre de la Sagesse, il est intéressant de constater que cette relativisation des connaissances de l’esprit humain se développe dans le milieu le plus intellectuel qui soit : le livre de la Sagesse a été écrit à Alexandrie qui était certainement à l’époque la capitale de l’intelligence ! Les disciplines scientifiques et philosophiques y étaient très développées et la bibliothèque d’Alexandrie est restée célèbre. C’est à ces grands esprits que l’auteur croyant vient rappeler les limites du savoir humain : « Les réflexions des mortels sont mesquines, et nos pensées chancelantes. »
 Petite précision sur le verset 16 : « Nous avons peine à nous représenter ce qui est sur terre, et nous trouvons avec effort ce qui est à portée de la main ; qui donc a découvert ce qui est dans les cieux ? » A première lecture on croirait que cela veut dire : quand on aura fini de découvrir la terre, on pourra chercher à comprendre ce qui est au ciel ; c’est seulement une question de distance ou de niveau de connaissances. Mais l’auteur du Livre de la Sagesse nous dit en réalité tout autre chose : ce n’est pas seulement une question de niveau de connaissances comme si un jour ou l’autre, on devait atteindre le bon niveau et découvrir les mystères de Dieu au bout de nos raisonnements et de nos recherches. C’est une affaire de nature : nous ne sommes que des hommes, il y a un abîme entre Dieu et nous. De la part de l’auteur inspiré, il y a là une affirmation de ce qu’on appelle la transcendance de Dieu : c’est-à-dire que Dieu est le Tout-Autre.
 Il faut donc avoir la lucidité de le reconnaître et abandonner nos prétentions orgueilleuses à tout comprendre et tout expliquer : Dieu est le Tout-Autre ; ses pensées ne sont pas nos pensées, comme dit Isaïe, elles sont hors de notre portée ; c’est pourquoi l’on parle de mystères, au sens des secrets de Dieu. Mais précisément, deuxième leçon de ce texte, c’est quand nous reconnaissons notre impuissance que Dieu lui-même nous révèle ce que nous ne découvrons pas tout seuls. Il nous donne son Esprit : « Qui aurait connu ta volonté, si tu n’avais pas donné la Sagesse et envoyé d’en-haut ton Esprit Saint ? » Ce que la lettre aux Ephésiens traduit ainsi : « Dieu nous a fait connaître le mystère de sa volonté… » (Ep 1, 9). Pour nous, baptisés, confirmés, ce passage prend un relief particulier ! Les autres lectures de ce dimanche nous diront quels comportements nouveaux nous inspire l’Esprit de Dieu qui nous habite.
 Pour le reste, il semble que ce texte développe une conception de l’homme qui n’est pas habituelle dans la Bible ; il décrit l’homme comme un être divisé, composé de deux éléments : un esprit immatériel et une enveloppe matérielle qui le contient : « Un corps périssable appesantit notre âme, et cette enveloppe d’argile alourdit notre esprit aux mille pensées. » Nous ne sommes pas habitués à ce type de langage, apparemment dualiste, dans la Bible qui, habituellement, insiste plutôt sur l’unité de l’être humain. En réalité, si l’auteur du livre de la Sagesse (qui écrit en milieu grec, ne l’oublions pas) utilise un vocabulaire qui ne rebutera pas ses lecteurs grecs, ce n’est pas un dualisme de l’être humain qu’il décrit, mais le combat intérieur qui se livre en chacun de nous et que Saint Paul décrit si bien : « Le bien que je veux, je ne le fais pas et le mal que je ne veux pas, je le fais. » (Rm 7, 19).
 En définitive, ce texte apporte sa contribution propre à la grande découverte biblique qui est double : Dieu est à la fois le Tout-Autre ET le Tout Proche. Dieu est le Tout-Autre : « Quel homme peut découvrir les intentions de Dieu ? Qui peut comprendre les intentions du Seigneur ? »… En même temps, il se fait le Tout Proche de l’homme : « Tu as donné la Sagesse et envoyé d’en-haut ton Esprit Saint… Ainsi les hommes ont appris ce qui te plaît et, par la Sagesse, ont été sauvés. »

DEUXIEME LECTURE – Philémon 9b… 17
Fils bien-aimé,
9 moi, Paul, qui suis un vieil homme, 
 moi qui suis aujourd’hui en prison à cause du Christ Jésus,
10 j’ai quelque chose à te demander pour Onésime, 
 mon enfant à qui, dans ma prison, j’ai donné la vie du Christ.
12 Je te le renvoie, 
 lui qui est une part de moi-même.
13 Je l’aurais volontiers gardé auprès de moi, 
 pour qu’il me rende des services en ton nom, 
 à moi qui suis en prison à cause de l’Evangile.
14 Mais je n’ai rien voulu faire sans ton accord, 
 pour que tu accomplisses librement ce qui est bien, 
 sans y être plus ou moins forcé.
15 S’il a été éloigné de toi pendant quelque temps, 
 c’est peut-être pour que tu le retrouves définitivement,
16 non plus comme un esclave, 
 mais, bien mieux qu’un esclave, comme un frère bien-aimé : 
 il l’est vraiment pour moi, 
 il le sera plus encore pour toi, 
 aussi bien humainement que dans le Seigneur.
17 Donc, si tu penses être en communion avec moi, 
 accueille-le comme si c’était moi.

Nous avons lu cet été des extraits de la lettre de Paul aux Colossiens : elle était adressée aux Chrétiens de la ville de Colosses en Turquie. Cette fois, nous lisons une lettre adressée à UN Colossien bien précis alors que Paul est en prison, sans qu’on sache exactement où. Ce correspondant est probablement un homme important, dont l’attitude compte aux yeux des autres. Il s’appelle Philémon, il est chrétien. Il a donc le grand privilège de recevoir de Paul une lettre personnelle, pleine de diplomatie, sur un sujet, il faut le dire, très délicat. Ce Philémon avait probablement plusieurs esclaves, l’histoire ne le dit pas ; en tout cas, il en avait un, du nom d’Onésime. Un beau jour, Onésime s’est enfui de chez son maître : ce qui était totalement interdit en droit romain. Un esclave appartenait à son maître comme un objet ; il ne pouvait disposer de lui-même, et la fuite même était sévèrement châtiée.
 Au cours de son escapade, Onésime a rencontré Paul, il s’est converti au Christianisme et s’est mis au service de Paul. La situation est très délicate : si Paul garde Onésime auprès de lui, il se fait le complice de son abandon de poste ; normalement, cela ne devrait pas être du goût de Philémon ; si Paul renvoie Onésime à Philémon, les choses risquent d’aller très mal pour l’esclave ; peut-être bien, d’ailleurs, n’est-il pas parti en odeur de sainteté, puisque Paul reconnaît un peu plus loin dans sa lettre que Onésime a peut-être des dettes vis-à-vis de son patron.
 Paul a choisi sa position : il renvoie Onésime à son maître, muni d’une lettre de demande de pardon ; il lui reste à convaincre Philémon : il déploie pour cela toutes les richesses de sa persuasion : « Moi qui suis un vieil homme en prison, j’ai quelque chose à te demander »… mais en précisant bien que la décision finale revient à Philémon : « Je te renvoie Onésime, je l’aurais volontiers gardé auprès de moi, pour qu’il me rende des services en ton nom… mais je n’ai rien voulu faire sans ton accord, pour que tu accomplisses librement ce qui est bien, sans y être plus ou moins forcé. » Paul affirme qu’il ne veut pas forcer la main de Philémon, mais il sait bien ce qu’il veut obtenir : c’est très progressivement qu’il le dévoile ; il commence par demander à Philémon de pardonner la fugue ; puis, plus que le pardon accordé à l’esclave, ce que Paul suggère, c’est une véritable conversion : désormais, puisqu’Onésime est baptisé, il est un frère pour son ancien maître : « Si Onésime a été éloigné de toi pendant quelque temps, c’est peut-être pour que tu le retrouves définitivement, non plus comme un esclave, mais, bien mieux qu’un esclave, comme un frère bien-aimé. » Pour finir, Paul va encore plus loin : « Si tu penses être en communion avec moi, accueille-le comme si c’était moi. »
 On est donc là dans une affaire très personnelle, et pourtant cette toute petite lettre de Paul à Philémon, qui remplit à peine une page, a été conservée au même titre que les autres dans la Bible ; ce qui revient à dire qu’on la reconnaît comme Parole de Dieu, comme Révélation.
 On peut se demander pourquoi : si je peux me permettre de risquer une réponse, je dirais trois choses : c’est premièrement, ce que l’Eglise appelle « l’égale dignité des Baptisés ». Comme le dit Paul dans la lettre aux Galates : « Il n’y a plus ni juif ni grec ; il n’y a plus ni esclave ni homme libre ; il n’y a plus l’homme et la femme ; car tous, vous n’êtes qu’un en Jésus-Christ. » (Ga 3, 28). Autrement dit, il n’y a plus que des Baptisés ; le baptême a fait de nous des frères en Jésus-Christ : et cette union intime en Jésus-Christ supprime toutes les distinctions antérieures. Il y a là un enseignement très fort sur le Baptême : la robe blanche du baptisé est là pour nous rappeler cette transformation intime ; désormais le baptisé n’est pas d’abord noir ou blanc, français ou étranger, patron ou employé, homme ou femme… il est d’abord un frère, un autre membre du Corps du Christ.
Deuxième point fort de cette lettre à Philémon, l’importance du quotidien de nos vies, de nos situations concrètes. Parce que, dans l’histoire d’Onésime, nous sommes presque au niveau du fait divers, on pourrait être tenté de dire : que chacun fasse bien comme il veut. Sur ce point, on pourrait s’interroger sur une phrase qu’on entend souvent : « Chacun fait ce qu’il veut de sa vie ». Je ne suis pas sûre que Jésus la signerait ! Car la lettre de Paul, justement, montre bien que notre manière de mener notre vie fait un tout : on n’est pas Chrétien à certaines heures seulement.
 Enfin Paul intervient dans un domaine parfaitement régi par la loi pour demander à Philémon de ne pas appliquer à son esclave les peines légales, et tout cela au nom de la charité chrétienne. Il n’empêche que si Philémon punit très sévèrement Onésime, il sera dans son plus parfait bon droit ! Ce qui revient à dire, et c’est là une troisième leçon : on peut être dans son droit et n’être pas selon l’Evangile ! Car nos lois ne sont pas toujours inspirées par l’Evangile ! A l’inverse, on voit dans cette lettre à Philémon que l’Esprit Saint dicte à Paul des comportements tout à fait contraires à la pratique légale de l’esclavage à son époque, mais dictés par la perspective de la création nouvelle

DIMANCHE 1ER SEPTEMBRE : COMMENTAIRES DE MARIE NOËLLE THABUT – PREMIERE ET DEUXIEME LECTURE

30 août, 2013

http://www.eglise.catholique.fr/foi-et-vie-chretienne/commentaires-de-marie-noelle-thabut.html

DIMANCHE 1ER SEPTEMBRE : COMMENTAIRES DE MARIE NOËLLE THABUT 

PREMIERE LECTURE – BEN SIRAC 3, 17-18. 20. 28-29
17 Mon fils, accomplis toute chose dans l’humilité, 
 et tu seras aimé plus qu’un bienfaiteur.
18 Plus tu es grand, plus il faut t’abaisser : 
 tu trouveras grâce devant le Seigneur.
20 La puissance du Seigneur est grande, 
 et les humbles lui rendent gloire.
28 La condition de l’orgueilleux est sans remède, 
 car la racine du mal est en lui.
29 L’homme sensé médite les maximes de la sagesse ; 
 l’idéal du sage, c’est une oreille qui écoute.

Ce texte s’éclaire si on en commence la lecture par la fin : « L’homme sensé médite les maximes de la sagesse ; l’idéal du sage, c’est une oreille qui écoute. » Quand on dit « sagesse » dans la Bible, on veut dire l’art de vivre heureux. Etre un « homme sensé, un homme sage », c’est l’idéal de tout homme en Israël et du peuple tout entier : ce peuple tout petit, né plus tard que beaucoup de ses illustres voisins (si l’on considère qu’il mérite véritablement le nom de peuple au moment de la sortie d’Egypte) a ce privilège (grâce à la Révélation dont il a bénéficié) de savoir que « Toute sagesse vient du Seigneur » (Si 1, 1) : dans le sens que Dieu seul connaît les mystères de la vie et le secret du bonheur. C’est donc au Seigneur qu’il faut demander la sagesse : dans sa souveraine liberté, il a choisi Israël pour être le dépositaire de ses secrets, de sa sagesse. Pour dire cela de manière imagée, Jésus Ben Sirac, l’auteur de notre lecture de ce dimanche, fait parler la sagesse elle-même comme si elle était une personne : « Le Créateur de toutes choses m’a donné un ordre, Celui qui m’a créée a fixé ma demeure. Il m’a dit : En Jacob, établis ta demeure, en Israël reçois ton patrimoine. » (Si 24, 8). Israël est ce peuple qui recherche chaque jour la sagesse : « Devant le Temple, j’ai prié à son sujet et jusqu’au bout je la rechercherai. » (Si 51, 14). Si l’on en croit le psaume 1, il y trouve son bonheur : « Heureux l’homme qui récite la loi du SEIGNEUR jour et nuit. » (Ps 1, 2).
 Il récite « jour et nuit », cela veut dire qu’il est tendu en permanence ; « Qui cherche trouve » dira plus tard un autre Jésus : encore faut-il chercher, c’est-à-dire reconnaître qu’on ne possède pas tout, qu’on est en manque de quelque chose. Ben Sirac le sait bien : il a ouvert à Jérusalem, vers 180 av.J.C., ce que nous appellerions aujourd’hui une école de théologie (une beth midrash). Pour faire sa publicité, il disait : « Venez à moi, gens sans instruction, installez-vous à mon école ». (Si 51, 23). Ne s’inscrivaient, bien sûr, que des gens qui étaient désireux de s’instruire. Si l’on croit tout savoir, on ne juge pas utile d’apprendre par des cours, des conférences, des livres. Au contraire, un véritable fils d’Israël ouvre toutes grandes ses oreilles ; sachant que toute sagesse vient de Dieu, il se laisse instruire par Dieu : « L’homme sensé médite les maximes de la sagesse ; l’idéal du sage, c’est une oreille qui écoute. » Le peuple d’Israël a si bien retenu la leçon qu’il récite plusieurs fois par jour « Shema Israël, Ecoute Israël » (Dt 6, 4).
 On voit bien ce qu’il y faut d’humilité ! Au sens d’avoir l’oreille ouverte pour écouter les conseils, les consignes, les commandements. A l’inverse, l’orgueilleux, qui croit tout comprendre par lui-même, ferme ses oreilles. Il a oublié que si la maison a les volets fermés, le soleil ne pourra pas y entrer ! C’est de simple bon sens. « La condition de l’orgueilleux est sans remède, car la racine du mal est en lui. » dit Ben Sirac (verset 28). En somme, l’orgueilleux est un malade incurable : parce qu’il est « plein de lui-même », comme on dit, il a le coeur fermé, comment Dieu pourrait-il y entrer ? La parabole du pharisien et du publicain (Lc 18) prend ici une résonance particulière. Etait-ce donc si admirable, ce qu’a fait le publicain ? Il s’est contenté d’être vrai. Dans le mot « humilité », il y a « humus » : l’humble a les pieds sur terre ; il se reconnaît fondamentalement petit, pauvre par lui-même ; il sait que tout ce qu’il a, tout ce qu’il est vient de Dieu. Et donc il compte sur Dieu, et sur lui seul. Il est prêt à accueillir les dons et les pardons de Dieu… et il est comblé. Le pharisien qui n’avait besoin de rien, qui se suffisait à lui-même, est reparti comme il était venu ; le publicain, lui, est rentré chez lui, transformé. « Toute sagesse vient du Seigneur ; avec lui elle demeure à jamais », dit Ben Sirac, et il continue « Dieu l’accorde à ceux qui l’aiment, lui. » (Si 1, 10). Et plus loin, faisant parler Israël : « Pour peu que j’aie incliné l’oreille, je l’ai reçue, et j’ai trouvé pour moi une abondante instruction. » (Si 51, 16). Isaïe dit la joie de ces humbles que Dieu comble : « De plus en plus les humbles se réjouiront dans le Seigneur, et les pauvres gens exulteront à cause du Saint d’Israël. » (Is 29, 19). Ce qui nous vaut une lumineuse parole de Jésus, ce que l’on appelle sa « jubilation » : « Je te bénis, Père, Seigneur du ciel et de la terre d’avoir caché cela aux sages et aux intelligents et de l’avoir révélé aux tout-petits. » (Mt 11, 25 // Lc 10, 21).
 Avec ceux-là, les humbles, Dieu peut faire de grandes choses : il en fait les serviteurs de son projet. C’est ainsi, par exemple, qu’Isaïe décrit l’expérience du Serviteur de Dieu : « Matin après matin, il (le Seigneur) me fait dresser l’oreille, pour que j’écoute comme les disciples ; le SEIGNEUR Dieu m’a ouvert l’oreille. Et moi, je ne me suis pas cabré, je ne me suis pas rejeté en arrière ». Cette vocation est, bien sûr, une mission confiée au service des autres : « Le SEIGNEUR m’a donné une langue de disciple : pour que je sache soulager l’affaibli, il a fait surgir une parole. » (Is 50, 4-5). On comprend alors où se ressourçait Moïse qui fut un si grand et infatigable serviteur du projet de Dieu ; le livre des Nombres nous dit son secret : « Moïse était un homme très humble, plus qu’aucun autre homme sur la terre… » (Nb 12, 3). Jésus, lui-même, le Serviteur de Dieu par excellence, confie : « je suis doux et humble de coeur » (Mt 11, 29). Et quand Saint Paul, à son tour, décrit son expérience spirituelle, il peut dire : « S’il faut s’enorgueillir, je mettrai mon orgueil dans ma faiblesse… Le Seigneur m’a déclaré : Ma grâce te suffit ; ma puissance donne toute sa mesure dans la faiblesse. » (2 Co 11, 30 ; 12, 9)
 En définitive, l’humilité est plus encore qu’une vertu. C’est un minimum vital, une condition préalable !

 DEUXIEME LECTURE – HÉBREUX 12, 18-19. 22-24A
Frères,
18 quand vous êtes venus vers Dieu, 
 il n’y avait rien de matériel comme au Sinaï, 
 pas de feu qui brûle, 
 pas d’obscurité, de ténèbres, ni d’ouragan,
19 pas de son de trompettes, 
 pas de paroles prononcées par cette voix 
 que les fils d’Israël demandèrent à ne plus entendre.
22 Mais vous êtes venus vers la montagne de Sion 
 et vers la cité du Dieu vivant, la Jérusalem céleste, 
 vers des milliers d’anges en fête
23 et vers l’assemblée des premiers-nés 
 dont les noms sont inscrits dans les cieux. 
 Vous êtes venus vers Dieu, le juge de tous les hommes, 
 et vers les âmes des justes arrivés à la perfection.
24 Vous êtes venus vers Jésus, 
 le médiateur d’une Alliance nouvelle.

La lettre aux Hébreux s’adresse très probablement à des Chrétiens d’origine juive ; son objectif clairement avoué est donc de situer correctement la Nouvelle Alliance par rapport à la Première Alliance. Avec la venue du Christ, sa vie terrestre, sa Passion, sa mort et sa Résurrection, tout ce qui a précédé est considéré par les Chrétiens comme une étape nécessaire dans l’histoire du salut, mais révolue pour eux. Révolue, peut-être mais pas annulée pour autant. Qui veut situer correctement la Nouvelle Alliance par rapport à la première Alliance devra donc manifester à la fois continuité et radicale nouveauté.
 En faveur de la continuité, on entend ici des mots très habituels en Israël : Sinaï, feu, obscurité, ténèbres, ouragan, trompettes, Sion, Jérusalem, les noms inscrits dans les cieux, juge et justice, alliance… Ce vocabulaire évoque toute l’expérience spirituelle du peuple de l’Alliance ; il est très familier aux auditeurs de cette prédication. Prenons le temps de relire quelque textes de l’Ancien Testament puisqu’ils sont la source : « Le troisième jour, quand vint le matin, il y eut des voix, des éclairs, une nuée pesant sur la montagne et la voix d’un cor très puissant ; dans le camp, tout le peuple trembla. Moïse fit sortir le peuple à la rencontre de Dieu hors du camp, et ils se tinrent tout en bas de la montagne. Le mont Sinaï n’était que fumée, parce que le SEIGNEUR y était descendu dans le feu ; sa fumée monta, comme la fumée d’une fournaise et toute la montagne trembla violemment. La voix du cor s’amplifia : Moïse parlait et Dieu lui répondait par la voix du tonnerre. » (Ex 19, 16-19). « Tout le peuple percevait les voix, les flamboiements, la voix du cor et la montagne fumante ; le peuple vit, il frémit et se tint à distance… Mais Moïse approcha de la nuit épaisse où Dieu était. » (Ex 20, 18. 21). Et le livre du Deutéronome commente : « En ce jour-là, vous vous êtes approchés, vous vous êtes tenus debout au pied de la montagne : elle était en feu, embrasée jusqu’en plein ciel, dans les ténèbres des nuages et de la nuit épaisse. » (Dt 4, 11). La mémoire d’Israël est nourrie de ces récits ; ils sont les titres de gloire du peuple de l’Alliance.
 La surprise que nous réserve ce texte de la lettre aux Hébreux, c’est qu’il semble déprécier cette expérience mémorable ; car, désormais, l’Alliance a été complètement renouvelée ; nous l’avons vu un peu plus haut : Moïse approchait de Dieu alors que le peuple était tenu à distance : « Le peuple vit, il frémit et se tint à distance… Mais Moïse approcha de la nuit épaisse où Dieu était. » Et quelques versets auparavant, le peuple s’était vu interdire l’accès de la montagne.
 Au contraire, désormais, dans la Nouvelle Alliance, les baptisés sont établis dans une véritable relation d’intimité avec Dieu. L’auteur décrit cette nouvelle expérience spirituelle comme l’entrée paisible dans un nouveau monde de beauté, de fête : « Mais vous êtes venus vers la montagne de Sion et vers la cité du Dieu vivant, la Jérusalem céleste, vers des milliers d’anges en fête et vers l’assemblée des premiers-nés dont les noms sont inscrits dans les cieux. Vous êtes venus vers Dieu, le juge de tous les hommes, et vers les âmes des justes arrivés à la perfection. Vous êtes venus vers Jésus, le médiateur d’une Alliance nouvelle. »
 Dès l’Ancien Testament, on le sait, la crainte de Dieu avait changé de sens : au temps du Sinaï, elle était de la peur devant les démonstrations de puissance ; une peur telle que le peuple demandait même à « ne plus entendre la voix de Dieu » ; et puis, peu à peu les relations du peuple avec Dieu avaient évolué et la crainte s’était transformée en confiance filiale.
 Pour ceux qui ont connu Jésus, c’est plus beau encore : ils ont découvert en lui le vrai visage du Père : « Vous n’avez pas reçu un esprit qui vous rende esclaves et vous ramène à la peur, mais un Esprit qui fait de vous des fils adoptifs et par lequel nous crions : Abba, Père. Cet Esprit lui-même atteste à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu. » (Rm 8, 15-16). Jésus joue donc pleinement son rôle de « médiateur d’une Alliance nouvelle » puisqu’il permet à tous les baptisés d’approcher de Dieu, de devenir des « premiers-nés » (au sens de « consacrés »). L’antique promesse faite à Moïse et au peuple d’Israël, au pied du Sinaï, est enfin réalisée : « Si vous entendez ma voix et gardez mon Alliance, vous serez ma part personnelle parmi tous les peuples – puisque c’est à moi qu’appartient toute la terre – et vous serez pour moi un royaume de prêtres (de consacrés) et une nation sainte. » (Ex 19, 4). Ce que l’auteur de notre lettre traduit : « Avançons-nous donc avec pleine assurance vers le trône de la grâce » (He 4, 16).

DIMANCHE 18 AOÛT : COMMENTAIRES DE MARIE NOËLLE THABUT – PREMIERE LECTURE – JÉRÉMIE 38, 4 – 6. 8 – 10

16 août, 2013

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DIMANCHE 18 AOÛT : COMMENTAIRES DE MARIE NOËLLE THABUT

PREMIERE LECTURE – JÉRÉMIE 38, 4 – 6. 8 – 10

Pendant le siège de Jérusalem, 
 les chefs qui tenaient Jérémie en prison
4 dirent au roi Sédécias :
 « Que cet homme soit mis à mort : 
 en parlant comme il le fait, 
 il démoralise tout ce qui reste de combattants dans la ville, 
 et toute la population. 
 Ce n’est pas le bonheur de la population qu’il cherche, 
 mais son malheur. »
5 Le roi répondit :
 « Il est déjà entre vos mains, 
 et le roi ne peut rien contre vous ! »
6 Alors ils se saisirent de Jérémie 
 et le jetèrent dans la citerne du prince Melkias, 
 dans la cour de la prison.
 On le descendit avec des cordes. 
 Dans cette citerne, il n’y avait pas d’eau, mais de la boue, 
 et Jérémie s’enfonça dans la boue.
8 Un officier du palais, l’Ethiopien Ebed-Mélek, 
 vint trouver le roi :
 9 « Mon Seigneur le roi, ce qu’ils ont fait au prophète Jérémie, 
 c’est mal ! 
 Ils l’ont jeté dans la citerne, 
 il va y mourir de faim ! »
10 Alors le roi donna cet ordre à l’Ethiopien Ebed-Mélek :
 « Prends trois hommes avec toi, 
 et retire de la citerne le prophète Jérémie
 avant qu’il ne meure. »

Le nom de Jérémie a donné naissance au mot « jérémiades ». Mais ce serait une erreur de penser que ce prophète a passé son temps à geindre et à se lamenter. En revanche, il est vrai qu’il a été conduit souvent à crier grâce sous l’accumulation des épreuves. Dieu sait s’il en a connues ! Le proverbe « Nul n’est prophète en son pays s’applique particulièrement à lui ». On trouve parfois sous sa plume des expressions de découragement absolu : « Quel malheur, ma mère, que tu m’aies enfanté, moi qui suis, pour tout le pays, l’homme contesté et contredit… Pourquoi ma douleur est-elle devenue permanente, ma blessure incurable ? (15, 10… 18) ou encore : « Maudit le jour où je fus enfanté ! Le jour où ma mère m’enfanta, qu’il ne devienne pas béni ! … Pourquoi donc suis-je sorti du sein, pour connaître peine et affliction, pour être chaque jour miné par la honte ? » (20, 14). Devant les échecs répétés de sa mission et les maux dont il est victime, il se pose de graves questions et il va jusqu’à demander des comptes à Dieu dont il juge la conduite étonnante sinon injuste : « Toi, SEIGNEUR, tu es juste ! Mais je veux quand même plaider contre toi. Oui, je voudrais discuter avec toi de quelques cas. Pourquoi les démarches des coupables réussissent-elles ? Pourquoi les traîtres perfides sont-ils tous à l’aise ? Tu les plantes, ils s’enracinent et vont jusqu’à porter du fruit ! » (12, 1-2).
 En lisant le livre de Jérémie on se rend compte qu’il avait de bonnes raisons de se poser de telles questions et de se lamenter : on voit apparaître chapitre après chapitre les complots de ses adversaires, les pièges qu’ils lui tendent, les menaces qu’ils profèrent et qu’ils mettent cruellement à exécution : « J’entends les propos menaçants de la foule – c’est partout l’épouvante : Dénoncez-le ! – Oui, nous le dénoncerons ! » Tous mes intimes guettent mes défaillances : « Peut-être se laissera-t-il tromper dans sa naïveté, et nous arriverons à nos fins, nous prendrons notre revanche. » (20, 10) « Allons mettre au point nos projets contre Jérémie… allons le démolir en le diffamant, ne prêtons aucune attention à ses paroles. » (18, 18). Dans son village natal, Anatoth, il a entendu les menaces de mort : « Ne prophétise pas au nom du SEIGNEUR, sinon tu mourras de notre main. » (11, 21), ainsi que les avertissements de quelques amis bienveillants : « Même tes frères, les membres de ta famille, oui, eux-mêmes te trahissent, oui, eux-mêmes convoquent dans ton dos des tas de gens. Ne te fie pas à eux quand ils te parlent gentiment. » (12, 6).
 Dans le passage que la liturgie nous offre ce dimanche, nous sommes devant l’un des malheurs de Jérémie, un épisode typique de sa vie où apparaissent la plupart des arguments de ses adversaires et des méchancetés que nous venons d’évoquer : « Que cet homme soit mis à mort : en parlant comme il le fait, il démoralise tout ce qui reste de combattants dans la ville et toute la population. Ce n’est pas le bonheur de la population qu’il cherche, mais son malheur. » … « Alors ils se saisirent de Jérémie et le jetèrent dans la citerne du prince Melkias, dans la cour de la prison. On le descendit avec des cordes. Dans cette citerne, il n’y avait pas d’eau, mais de la boue et Jérémie s’enfonça dans la boue. » On ne peut pas être plus réaliste dans la description de la persécution que Jérémie a dû subir.
 Mais Dieu n’abandonne pas son prophète ; il tient la promesse qu’il lui avait faite dès le jour de sa vocation, de le soutenir envers et contre tous. Il s’agissait vraiment d’une alliance entre Dieu et lui : « Le SEIGNEUR m’adressa la parole et me dit : Avant même de te former dans le sein de ta mère, je te connaissais ; avant que tu viennes au jour, je t’ai consacré ; je fais de toi un prophète pour les peuples. Lève-toi, tu prononceras contre eux tout ce que je t’ordonnerai. Ne tremble pas devant eux, sinon, c’est moi qui te ferai trembler devant eux. Moi, je fais de toi aujourd’hui une ville fortifiée, une colonne de fer, un rempart de bronze, pour faire face à tout le pays, aux rois de Juda et à ses chefs, à ses prêtres et à tout le peuple. Ils te combattront, mais ils ne pourront rien contre toi, car je suis avec toi pour te délivrer. Parole du SEIGNEUR. » (1, 4-5. 17-19). Et un jour où Jérémie était particulièrement découragé, Dieu lui avait confirmé sa mission et avait réitéré sa promesse de le soutenir : « Je te délivre de la main des méchants, je t’arrache à la poigne des violents. » (15, 21).
 Aujourd’hui l’instrument de cette délivrance va être un étranger, un Ethiopien nommé Ebed-Mélek. Ce n’est pas la première fois que la Bible nous donne en exemple des étrangers plus respectueux de Dieu et de ses prophètes que les membres du peuple élu ! Il a le courage d’intervenir auprès du roi : « Mon Seigneur le roi, ce qu’ils ont fait au prophète Jérémie c’est mal ! Ils l’ont jeté dans la citerne, il va y mourir de faim ! ». Son intervention est efficace : le roi lui donne l’autorisation de sauver Jérémie. Quand Jésus racontera plus tard la parabole du Bon Samaritain peut-être pensait-il à cet Ethiopien venu au secours du prophète. Plus d’un point rapproche les deux hommes. Cela saute aux yeux si on lit dans la Bible le récit jusqu’au bout ; voici les versets 11, 12 et 13 qui ne nous sont pas donnés dans le texte liturgique : l’auteur accumule volontairement les détails qui mettent en valeur la délicatesse du païen qui vient au secours du prophète, prenant mille précautions pour ne pas risquer de le blesser au cours de la remontée ! « Ebed-Mélek prit les hommes avec lui, se rendit au palais, ramassa sous le trésor de vieux chiffons et les fit parvenir à Jérémie dans la citerne au moyen de cordes. Ebed-Mélek, l’Ethiopien, dit à Jérémie : Mets-toi les vieux chiffons au dessous des aisselles, sur les cordes. Jérémie le fit. Ils hissèrent donc Jérémie avec les cordes et le firent remonter de la citerne. » Peut-on trouver une charité fraternelle plus délicate ?
 Une fois de plus, nous voici confrontés à la question cruciale, celle qui a déchiré tant de témoins de Dieu : pourquoi la Bonne Nouvelle est-elle si mal accueillie ? Pourquoi nul n’est-il prophète en son pays ? Probablement parce que l’annonce de l’amour de Dieu pour les hommes se double d’une exigence, celle d’aimer à notre tour.
 ———————-

 Complément
 Les plaintes de Job (au chapitre 3) sont étonnamment semblables à celles de Jérémie ; l’auteur du livre de Job s’est probablement inspiré des cris de Jérémie qui était considéré comme l’exemple même du juste persécuté.

DIMANCHE 21 JUILLET : COMMENTAIRES DE MARIE NOËLLE THABUT – PREMIERE LECTURE – Genèse 18, 1 – 10a

19 juillet, 2013

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DIMANCHE 21 JUILLET : COMMENTAIRES DE MARIE NOËLLE THABUT

PREMIERE LECTURE – Genèse 18, 1 – 10a


1 Au chêne de Mambré, le SEIGNEUR apparut à Abraham 
 qui était assis à l’entrée de la tente. 
 C’était l’heure la plus chaude du jour.
2 Abraham leva les yeux, 
 il vit trois hommes qui se tenaient debout près de lui. 
 Aussitôt, il courut à leur rencontre, 
 se prosterna jusqu’à terre et dit :
3 « Seigneur, si j’ai pu trouver grâce à tes yeux, 
 ne passe pas sans t’arrêter près de ton serviteur.
 4 On va vous apporter un peu d’eau, 
 vous vous laverez les pieds, 
  et vous vous étendrez sous cet arbre.
 5 Je vais chercher du pain 
 et vous reprendrez des forces avant d’aller plus loin, 
 puisque vous êtes passés près de votre serviteur ! » 
 Ils répondirent : 
 « C’est bien. Fais ce que tu as dit. »
6 Abraham se hâta d’aller trouver Sara dans sa tente, 
 et il lui dit : 
 « Prends vite trois grandes mesures de farine, 
 pétris la pâte et fais des galettes. »
7 Puis Abraham courut au troupeau, 
 il prit un veau gras et tendre, 
 et le donna à un serviteur, qui se hâta de le préparer.
8 Il prit du fromage blanc, du lait, 
 le veau qu’on avait apprêté, 
 et les déposa devant eux ; 
 il se tenait debout près d’eux, sous l’arbre, 
 pendant qu’ils mangeaient.
 9  Ils lui demandèrent : 
 « Où est Sara, ta femme ? » 
 il répondit :
 « Elle est à l’intérieur de la tente. »
10 Le voyageur reprit : 
 « Je reviendrai chez toi dans un an, 
 et à ce moment-là, Sara, ta femme, aura un fils. »

Mambré est un habitant du pays de Canaan qui, à plusieurs reprises, a offert l’hospitalité à Abraham dans son bois de chênes (près de l’actuelle ville d’Hébron). On sait que, pour les Cananéens, les chênes étaient des arbres sacrés ; le récit que nous venons de lire rapporte une apparition de Dieu à Abraham alors qu’il avait établi son campement à l’ombre d’un chêne dans le bois qui appartenait à Mambré ; mais à vrai dire, ce n’est pas la première fois que Dieu parle à Abraham. Depuis le chapitre 12, le livre de la Genèse nous raconte les apparitions répétées et les promesses de Dieu à Abraham. Mais, pour l’instant, rien ne s’est passé ; Abraham et Sara vont mourir sans enfant.
 Car on dit souvent que Dieu a choisi un peuple… En fait, non, Dieu a d’abord choisi un homme, et un homme sans enfants de surcroît. Et c’est à cet homme privé d’avenir (à vues humaines tout au moins) que Dieu a fait une promesse inouïe : « Je ferai de toi une grande nation… En toi seront bénies toutes les familles de la terre. » (Gn 12, 2-3). A ce vieillard stérile, Dieu a dit « Compte les étoiles si tu le peux… Telle sera ta descendance. » Sur cette seule promesse, apparemment irréalisable, Abram a accepté de jouer toute sa vie. Abraham ne doutait pas que Dieu honorerait sa promesse mais il ne connaissait que trop le fait qui lui opposait un obstacle majeur : lui et Sara étaient stériles ! Ou, du moins, il pouvait le croire, puisqu’à soixante quinze et soixante cinq ans, ils étaient sans enfant.
 Alors il avait imaginé des solutions : Dieu m’a promis une postérité, mais, après tout, mon serviteur est comme mon fils. « SEIGNEUR Dieu, que me donneras-tu ? Je m’en vais sans enfant, et l’héritier de ma maison, c’est Eliézer de Damas. » (Gn 15, 2). Mais Dieu avait refusé : « Ce n’est pas lui qui héritera de toi, mais c’est celui qui sortira de tes entrailles qui héritera de toi. » (Gn 15, 4). Quelques années plus tard, quand Dieu reparla de cette naissance, Abraham ne put pas s’empêcher d’abord d’en rire (Gn 17, 17) ; puis il imagina une autre solution : ce pourrait être mon vrai fils, cette fois, Ismaël, celui que j’ai eu de mon union (autorisée par Sara) avec Agar : « Un enfant naîtrait-il à un homme de cent ans ? Sara, avec ses quatre-vingt-dix ans pourrait-elle enfanter ?… Puisse Ismaël vivre en ta présence ! » Cette fois encore Dieu refusa : « Mais non ! Ta femme Sara va t’enfanter un fils et tu lui donneras le nom d’Isaac. » (Gn 17, 19). La Promesse est la Promesse.
 Le texte que nous lisons ce dimanche suppose toute cette histoire d’Alliance déjà longue (vingt-cinq ans, si l’on en croit la Bible). L’événement se passe près du chêne de Mambré. Trois hommes apparurent à Abraham et acceptèrent son l’hospitalité : arrêtons-nous là. Contrairement aux apparences, l’importance de ce texte n’est pas cette hospitalité si généreusement offerte par Abraham ! Rien de plus banal, à cette époque-là, dans cette civilisation-là, même si c’est exemplaire !
 Le message de l’auteur de ce texte, ce qui suscite son admiration, et du coup, l’envie de l’écrire pour le léguer aux générations futures est bien plus haut ! L’inouï vient de se produire : pour la première fois de l’histoire de l’humanité, Dieu en personne s’est invité chez un homme ! Car il ne fait de doute pour personne que les trois illustres visiteurs symbolisent Dieu ; la lecture de ce texte est pour nous un peu difficile, car on ne comprend pas très bien s’il y a un ou plusieurs visiteurs : « Abraham leva les yeux, il vit trois hommes qui se tenaient debout près de lui… il dit : Seigneur, si j’ai pu trouver grâce à tes yeux… On va vous apporter un peu d’eau, vous vous laverez les pieds… vous reprendrez des forces… Ils lui demandèrent : Où est Sara, ta femme ? Le voyageur reprit : Je reviendrai chez toi dans un an… ». En fait, notre auteur écrit longtemps après les faits sur la base de plusieurs récits d’origines diverses. De tous ces récits, il ne fait qu’un seul, en harmonisant au mieux les formulations. Comme il veut éviter toute apparence de polythéisme, il prend bien soin de rappeler à plusieurs reprises que Dieu est unique. N’y cherchons donc pas trop vite une représentation de la Trinité ; l’auteur de ce texte ne pouvait la concevoir encore ; ce qui est sûr, c’est que Abraham a reconnu sans hésiter, dans ces trois visiteurs, la présence divine.
 Dieu, donc, puisque c’est lui, à n’en pas douter, Dieu s’est invité chez Abraham, et pour lui dire quoi ? Pour lui confirmer le projet inespéré qu’il formait pour lui : l’an prochain, à pareille époque, Sara, la vieille Sara, aura un fils, et de ce fils naîtra un peuple qui sera l’instrument des bienfaits de Dieu : « Je reviendrai chez toi dans un an, et à ce moment-là, Sara, ta femme, aura un fils. » Sara qui avait écouté aux portes n’a pas pu s’empêcher de rire : ils étaient si vieux tous les deux ! Alors le voyageur a répondu cette phrase que nous ne devrions jamais oublier : « Y a-t-il une chose trop prodigieuse pour le SEIGNEUR ? » (Gn 18, 14). Et l’impossible, à vues humaines, s’est produit : Isaac est né, premier maillon de la descendance promise, innombrable comme les étoiles dans le ciel.

DEUXIEME LECTURE – Colossiens 1, 24 – 28
Frères,
24 je trouve la joie dans les souffrances 
 que je supporte pour vous, 
 car ce qu’il reste à souffrir des épreuves du Christ, 
 je l’accomplis dans ma propre chair, 
 pour son corps qui est l’Eglise.
25 De cette Eglise je suis devenu ministre, 
 et la charge que Dieu m’a confiée, 
 c’est d’accomplir pour vous sa parole,
26 le mystère qui était caché depuis toujours 
 à toutes les générations, 
 mais qui maintenant a été manifesté 
 aux membres de son peuple saint.
27 Car Dieu a bien voulu leur faire connaître 
 en quoi consiste, au milieu des nations païennes, 
 la gloire sans prix de ce mystère : 
 le Christ est au milieu de vous, 
 lui, l’espérance de la gloire !
28 Ce Christ, nous l’annonçons : 
 nous avertissons tout homme, 
 nous instruisons tout homme avec sagesse 
 afin d’amener tout homme à sa perfection dans le Christ.

La première phrase de ce texte est redoutable ! « Ce qu’il reste à souffrir des épreuves du Christ, je l’accomplis dans ma propre chair » : comment entendre cette phrase ? Resterait-il donc des souffrances à subir par le Christ ou par nous, pour faire bonne mesure, en quelque sorte ? Apparemment, il reste des souffrances à subir, puisque Paul le dit, mais ce n’est pas « pour faire bonne mesure ». Cela ne découle pas d’une exigence de Dieu ! C’est une nécessité malheureusement due à la dureté de cœur des hommes !
 Ce qui reste à souffrir, ce sont les difficultés, les oppositions, voire les persécutions que rencontre toute entreprise d’évangélisation. Jésus lui-même l’a dit clairement à plusieurs reprises, avant et après sa propre passion et sa Résurrection ; à ses apôtres, il avait dit : « Il faut que le Fils de l’homme souffre beaucoup, qu’il soit rejeté par les anciens, les grands prêtres et les scribes, qu’il soit mis à mort et que, le troisième jour, il ressuscite. » (Lc 9, 22) ; et après sa Résurrection, il l’expliqua aux disciples d’Emmaüs : « Ne fallait-il pas que le Christ souffrît tout cela pour entrer dans sa gloire ? » (Lc 24, 26). Et ce qui fut le sort du maître sera celui de ses disciples ; là encore, il les a bien prévenus : « On vous livrera aux tribunaux et aux synagogues, vous serez roués de coups, vous comparaîtrez devant des gouverneurs et des rois à cause de moi : ils auront là un témoignage. Car il faut d’abord que l’évangile soit proclamé à toutes les nations. » (Mc 13, 9-10). Nous voilà prévenus : tant que la tâche n’est pas terminée, il faudra encore se donner de la peine et traverser bien des difficultés, voire des persécutions. Cela bien concrètement, dans notre propre chair.
 Il n’est évidemment pas question d’imaginer que cela résulterait d’un décret de Dieu, avide de voir souffrir ses enfants, et comptable de leurs larmes ; une telle supposition défigure le Dieu de tendresse et de pitié que Moïse lui-même avait déjà découvert. La réponse tient en deux points : premièrement, pour l’oeuvre d’évangélisation, Dieu sollicite des collaborateurs ; il n’agit pas sans nous ; deuxièmement, le monde refuse d’entendre la Parole, pour ne pas avoir à changer de conduite ; alors il s’oppose de toutes ses forces à la propagation de la Bonne Nouvelle. Cela peut aller jusqu’à persécuter et supprimer les témoins gênants de la Parole. C’est exactement ce que vit Paul, emprisonné pour avoir trop parlé de Jésus de Nazareth.1 Et dans ses lettres aux jeunes communautés chrétiennes, il encourage à plusieurs reprises ses interlocuteurs à accepter à leur tour la persécution inévitable : « Que personne ne soit ébranlé au milieu des épreuves présentes, car vous savez bien que nous y sommes destinés. » (1 Thes 3, 3). Et Pierre en fait autant « Résistez, fermes dans la foi, sachant que les mêmes souffrances sont réservées à vos frères dans le monde. » (1 P 5, 9-10).
 Il n’est donc pas question de baisser les bras : « Ce Christ, nous l’annonçons, dit Paul, (sous-entendu, envers et contre tout), nous avertissons tout homme, nous instruisons tout homme avec sagesse afin d’amener tout homme à sa perfection dans le Christ. » Celui-ci a commencé, il nous reste à achever l’oeuvre d’annonce. C’est bien ainsi que, dans la lettre aux Romains, Paul envisage son ministère : « La grâce que Dieu m’a donnée est d’être un officiant de Jésus-Christ auprès des païens, consacré au ministère de l’Evangile de Dieu, afin que les païens deviennent une offrande qui, sanctifiée par l’Esprit Saint, soit agréable à Dieu. » (Rm 15, 15-16).
 Ainsi grandit peu à peu l’Eglise, Corps du Christ ; par rapport à la première lettre aux Corinthiens (1 Co 12), la vision de Paul s’est encore élargie : dans la lettre aux Corinthiens, Paul employait déjà l’image du corps, mais seulement pour parler de l’articulation des membres entre eux, dans chaque Eglise locale ; ici, il envisage l’Eglise universelle, grand corps, dont le Christ est la tête. Elle est cette part de l’humanité qui reconnaît la primauté du Christ sur tout le cosmos dont parlait l’hymne des versets précédents : « Le Christ est l’image du Dieu invisible, le premier-né par rapport à toute créature, car c’est en lui que tout a été créé dans les cieux et sur la terre, les êtres visibles et les puissances invisibles : tout est créé par lui et pour lui. Il est avant tous les êtres, et tout subsiste en lui. Il est aussi la tête du corps, c’est-à-dire de l’Eglise. » (Col 1, 15-18).2
 Ce mystère du projet de Dieu a été révélé aux chrétiens, il est leur source intarissable de joie et d’espérance : « Le Christ est au milieu de vous, lui, l’espérance de la gloire ! » (verset 27). Et c’est l’émerveillement de cette présence du Christ au milieu d’eux qui transforme les croyants en témoins. Dans la deuxième lettre aux Corinthiens, Paul peut dire : « De même que les souffrances du Christ abondent pour nous, de même, par le Christ, abonde aussi notre consolation. » (2 Co 1, 5). Et dans la lettre aux Philippiens : « Dieu vous a fait la grâce à l’égard du Christ, non seulement de croire en lui, mais encore de souffrir pour lui. » (Phi 1, 29). Ici, il avait commencé par affirmer : « Je trouve la joie dans les souffrances que je supporte pour vous, car ce qu’il reste à souffrir des épreuves du Christ, je l’accomplis dans ma propre chair, pour son corps qui est l’Eglise. »

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