Archive pour mai, 2017

PAPE FRANÇOIS – AUDIENCE GÉNÉRALE (l’expérience des deux disciples d’Emmaüs)

31 mai, 2017

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Emmaus

PAPE FRANÇOIS – AUDIENCE GÉNÉRALE (l’expérience des deux disciples d’Emmaüs)

Mercredi 24 mai 2017

Chers frères et sœurs, bonjour!

Je voudrais m’arrêter aujourd’hui sur l’expérience des deux disciples d’Emmaüs, dont parle l’Evangile de Luc (cf. 24, 13-35). Imaginons la scène: deux hommes marchent déçus, tristes, convaincus de laisser derrière eux l’amertume d’une vie qui a mal fini. Avant cette Pâque, ils étaient pleins d’enthousiasme: convaincus que ces jours auraient été décisifs pour leurs attentes et pour l’espérance de tout le peuple. Jésus, auquel ils avaient confié leur vie, semblait finalement arrivé à la bataille décisive: à présent, il allait manifester sa puissance, après une longue période de préparation et de vie cachée. Voilà ce qu’ils attendaient. Mais il n’en fut pas ainsi.
Les deux pèlerins cultivaient une espérance uniquement humaine, qui à présent se brisait. Cette croix élevée sur le Calvaire était le signe le plus éloquent d’un échec qu’ils n’avaient pas prévu. Si ce Jésus était véritablement selon le cœur de Dieu, ils devaient en conclure que Dieu était désarmé, sans défense entre les mains des violents, incapable d’opposer de résistance au mal.
Ainsi, le matin de ce dimanche, ces deux hommes fuient Jérusalem. Ils ont encore dans les yeux les événements de la passion, la mort de Jésus; et leur âme est tourmentée par le souvenir de ces pénibles événements, au cours du repos forcé du sabbat. Cette fête de Pâques, qui devait entonner le chant de la libération, s’était en revanche transformée dans le plus douloureux jour de leur vie. Ils quittent Jérusalem pour aller ailleurs, dans un village tranquille. Ils ont tout l’air de personnes occupées à effacer un souvenir cuisant. Ils sont donc sur la route et marchent, tristes. Ce cadre — la route — était déjà important dans les récits des Evangiles; à présent, il le deviendra encore plus, au moment où l’on commence à raconter l’histoire de l’Eglise.
La rencontre de Jésus avec ces deux disciples semble être entièrement fortuite: elle ressemble à l’une des innombrables croisées de chemins qui se présentent dans la vie. Les deux disciples marchent, pensifs, et un inconnu marche à côté d’eux d’eux. C’est Jésus; mais leurs yeux ne sont pas en mesure de le reconnaître. Et alors, Jésus commence sa «thérapie de l’espérance». Ce qui a lieu sur cette route est une thérapie de l’espérance. Qui la fait? Jésus.
Avant tout, il demande et écoute: notre Dieu n’est pas un Dieu envahissant. Même s’il connaît déjà le motif de la déception de ces deux hommes, il leur laisse le temps de pouvoir sonder en profondeur l’amertume qui les a gagnés. Il en découle une confession qui est un refrain de l’existence humaine: «Nous espérions, mais… Nous espérions, mais…» (v. 21). Combien de tristesses, combien d’échecs y a-t-il dans la vie de toute personne! Au fond, nous sommes tous un peu comme ces deux disciples. Combien de fois dans la vie avons-nous espéré, combien de fois nous sommes-nous retrouvés à terre, déçus. Mais Jésus marche avec toutes les personnes découragées qui avancent tête basse. Et en marchant avec elles, de manière discrète, il réussit à redonner espoir.
Jéus leur parle avant tout à travers les Ecritures. Celui qui prend en main le livre de Dieu ne trouvera pas des récits d’héroïsme facile, de foudroyantes campagnes de conquête. La véritable espérance n’est jamais à bas prix: elle passe toujours à travers des échecs. L’espérance de celui qui ne souffre pas n’est sans doute pas une espérance. Dieu n’aime pas être aimé comme on aimerait un conquérant qui entraîne son peuple vers la victoire en anéantissant ses ennemis dans le sang. Notre Dieu est une faible lueur qui brille un jour de froid et de vent, et pour autant que sa présence puisse sembler fragile dans ce monde, Il a choisi la place que nous dédaignons tous.
Puis Jésus répète pour les deux disciples le geste central de toute Eucharistie: il prend le pain, le bénit, le rompt, et le donne. N’y a-t-il pas dans cette série de gestes toute l’histoire de Jésus? Et n’y a-t-il pas dans toute Eucharistie également le signe de ce que doit être l’Eglise? Jésus nous prend, nous bénit, «rompt» notre vie — parce qu’il n’y a pas d’amour sans sacrifice — et l’offre aux autres, l’offre à tous.
C’est une rencontre rapide que celle de Jésus avec les deux disciples d’Emmaüs. Mais elle renferme tout le destin de l’Eglise. Elle nous raconte que la communauté chrétienne n’a pas été enfermée dans une citadelle fortifiée, mais qu’elle marche sur son élément le plus vital, c’est-à-dire la route. Et là, elle rencontre les personnes, avec leurs espérances et leurs déceptions, parfois lourdes. L’Eglise écoute les histoires de tous, telles qu’elles ressortent de l’écrin de la conscience personnelle: pour ensuite offrir la Parole de vie, le témoignage de l’amour de Dieu, amour fidèle jusqu’au bout. Et alors, le cœur des personnes recommence à brûler d’espérance.
Nous tous, dans notre vie, avons eu des moments difficiles, sombres; des moments au cours desquels nous marchions tristes, pensifs, sans horizons, avec uniquement un mur devant nous. Et Jésus est toujours à nos côtés pour nous donner l’espérance, pour réchauffer notre cœur et dire: «Va de l’avant. Je suis avec toi. Va de l’avant». Le secret de la route qui conduit à Emmaüs est entièrement là: même si les apparences semblent contraires, nous continuons à être aimés, et Dieu ne cessera jamais de nous aimer. Dieu marchera toujours avec nous, toujours, même dans les moments les plus douloureux, dans les moments les plus sombres, même dans les moments d’échec: le Seigneur est là. Et c’est notre espérance. Allons de l’avant avec cette espérance! Parce qu’il est à nos côtés et marche avec nous, toujours!

De France: Groupe de pèlerins du diocèse de Blois; paroisse Saint-Dominique, de Paris; paroisse de Talence; groupe catéchuménat fraternités monastiques de Jérusalem, de Paris; groupe de l’institut de Genech; lycée Saint-Joseph, de Chateaubriand; lycée Blanche de Castille, de Nantes; groupe catholique du palais de justice, de Paris; communauté de l’Arche «Les trois fontaines», d’Ambleteuse; école de charité et de mission pour couples, de Chaville, Vannes, Clermont-Ferrand, Saint-Quentin-en-Yvelines, Le Ban Saint-Martin, Toulon, Nice, Lille, Toulouse; groupe de pèlerins de l’Ile Maurice; groupe de pèlerins de Chatou.

De Belgique: Collège Saint-Louis, de Bruges.

L’ANNÉE DU SAINT-ESPRIT – LE « ROOT » JUIF SAINT-ESPRIT (Lea Sestrieri)

30 mai, 2017

http://www.vatican.va/jubilee_2000/magazine/documents/ju_mag_01021998_p-24_it.html

Shavuot il dono dalla torah (1giugno 2017) - Copia

Chavouot, le don de la Torah

L’ANNÉE DU SAINT-ESPRIT (Lea Sestrieri)

(Lea Sestieri: L’un des chercheurs les plus respectés et les plus prolifiques de l’Italie dans le dialogue judéo-chrétien moderne, Lea Sestieri vient d’avoir 103 ans le mois dernier et, jusqu’à très récemment, elle était encore très impliquée dans la communauté juive, offrant ses réflexions ancrées dans une vie longue et riche au service de cette amitié inter-religieuse, en Italie et ailleurs.)

LE « ROOT » JUIF SAINT-ESPRIT

L’année de l’Esprit Saint est aussi l’année d’espoir. Le Saint-Père a indiqué, comme l’un des signes d’espoir de notre époque, « l’intérêt accru dans le dialogue avec les autres religions et avec la culture contemporaine » (TMA 45). Pour illustrer ce signe particulier d’espoir, la Commission pour le dialogue interreligieux a préparé un dossier sur l’Esprit Saint comme on le voit dans les différentes traditions religieuses. Le dossier est limité à trois religions: le judaïsme, l’islam et l’hindouisme. Par rapport au judaïsme, à une note du Saint-Esprit dans la tradition biblique est suivie d’une brève réflexion sur le Saint-Esprit, et l’Esprit de sainteté dans les écrits juifs et post-bibliques. La section sulll’Islam présente des passages importants du Coran et quelques extraits d’auteurs spirituels. Les textes qui représentent la tradition hindoue sont tous pris des textes sacrés hindous. Dans ce numéro, nous présentons la première partie du dossier qui se rapporte au judaïsme.
Lea Sestieri

Dans « Notes sur la présentation correcte des Juifs et du judaïsme dans la prédication et la catéchèse de l’Eglise catholique chrétienne » de 1985 sont invités à avoir une connaissance plus appropriée et respectueuse du patrimoine commun aux chrétiens et aux juifs parce que ces connaissances « peut aider mieux comprendre certains aspects de la vie de l’Eglise « (I, 3). Cette connaissance comprend aussi le mystère de l’Esprit Saint, que le Nouveau Testament et surtout la tradition chrétienne professe que la troisième personne de la Sainte Trinité, consubstantiel avec le Père et le Fils et « avec le Père et le Fils adoré et glorifié » (symbole de Nicée- Constantinople).
Bien que dans les Écritures hébraïques le Saint-Esprit est jamais présenté comme une personne mais comme une force divine capable de transformer l’être humain et le monde, le fait demeure que la théologie chrétienne pneumatologique est enracinée dans le judaïsme. Dans la prédication et la catéchèse, il sera donc nécessaire de rappeler cet égard, soulignant les principaux aspects:
1) le nom: « Spirit » traduit le mot hébreu « Ruahee » qui, dans son premier sens, des moyens de respiration, l’air, le vent. Jésus utilise l’image sensorielle du vent pour suggérer à Nicodème la nouveauté transcendante de l’Esprit Saint lui-même (Catéchisme de l’Église catholique 691). L’esprit comme transcendance et comme irruption: travailler dans l’histoire mais autre que l’histoire, irréductible à son logique installe une autre logique, celle de la responsabilité pour l’autre et de l’amour;
2) Commande de puissance: « Au commencement, Dieu créa les cieux et la terre. La terre était vide et vague et les ténèbres couvraient l’abîme, tandis qu’un vent puissant balayé sur les eaux « (Gn 1,1). Le monde informes installe « l’esprit de Dieu » et sa descente produit le miracle de la création: la transformation du chaos en cosmos, l’ordre dans le désordre;
3) la fonction vivifiante: « le Seigneur Dieu forma la poussière humaine du sol et insuffla dans ses narines un souffle de vie et l’homme devint un être vivant » (Gn 2, 7). -Poussière humaine est insufflé sur l’esprit de Dieu et, à la suite de ce souffle, l’être humain se transforme en un être vivant: ne plus être animal, mais partenaire avec qui et à qui Dieu parle et confie la responsabilité du monde ;
4) la fonction d’un conducteur: « Sur lui reposera l’esprit de l’Éternel, l’esprit de la sagesse, l’intelligence, esprit de conseil et de force, esprit de connaissance et de crainte du Seigneur » (Esaïe 11. 2). L’Esprit de Dieu se saisit de certaines personnes (Patriarches, matriarches, les juges, les rois, les prophètes, les sages, etc.) et en leur fournissant des pouvoirs spéciaux, permet aux tâches de conduite et maître interprètes dans le monde, de la volonté de Dieu ;
5) la fonction de guérison: « Je vais vous donner un cœur nouveau en vous un esprit nouveau … Je mettrai mon esprit en vous et vous amener à marcher dans mes statuts, et je vais observer et mettre en pratique mes lois » (Ez 36, 27). Saisie dans l’être humain, l’esprit et reconstruit guérit, gagnant le péché ricostituendolo et partenaire de Dieu dans l’alliance, et le respect de la Torah;
6) la dimension universelle, « je répandrai mon esprit sur toute chair prophétiseront, et vos fils et vos filles. Même sur les serviteurs et sur les servantes, dans ces jours-là, je répandrai mon esprit « (Joël 3f 1-2). Il viendra un jour où tous les hommes seront possédés par l’esprit et ce jour marquera le jour messianiques;
7) la fête de la Pentecôte « Quand le jour la Pentecôte étant arrivé … ils [les apôtres] furent tous remplis de l’Esprit Saint et se mirent à parler d’autres langues, comme l’Esprit leur donnait énoncé » (Actes 2f 1.4). L’effusion de l’Esprit opéré par les coïncide ressuscités avec la fête juive de PL’effusion de l’Esprit par le Seigneur ressuscité coïncide avec la fête juive de la Pentecôte, qui célèbre le don de la Torah et Israël. L’Esprit du Ressuscité n’est pas annulé, mais le renouvellement et l’alliance du Sinaï: la responsabilité devant l’homme produire des fruits de la justice et la sainteté dans le monde.

Anglais Bibliographie
1) Catéchisme de l’Eglise catholique, Cité du Vatican 1994
2) Sidic 27/2 (1994): « Le nouveau catéchisme catholique et les Juifs »

Bibliographie française
1) Le Catéchisme catholique de l’Eglise, Mame-Librairie Editrice du Vatican, Paris 1992
2) Sidic 27/2 (1994): Le Nouveau Catéchisme de l’Eglise catholique et les Juifs

Le Saint-Esprit ou l’Esprit de sainteté dans la pensée juive
- L’expression « Esprit Saint » en tant que tel (nom avec adjectif épithète) ne se trouve pas dans le texte Bible hébraïque où la référence à l’Esprit est toujours accompagné d’un génitif d’appartenance. t si l’Esprit de Dieu (ruah Elohim) dans le cas de la création; Esprit du Seigneur (Yahvé Ruah) dans le cas de la relation de Dieu avec ses créatures. Seulement deux fois par référence à la sainteté (Ruah qodesh) Esprit de sainteté, où Sainteté est synonyme de Dieu (Is. 63,10s., Psaumes 51,13).
Si la création est l’ordre de principe, « la première révélation de Dieu dans le monde, presque à l’annonce, le germe des révélations futures » beaucoup à suggérer newbies dans l’interprétation du Targum des mots: « L’Esprit de Dieu planait » comme « un esprit d’amour de devant le Seigneur « ; dans la vie des créatures que vous versez sur certains les transmet « son intention, la direction de sa volonté », ce qui les investit avec une intensité particulière (les juges, les rois) et fait leurs paroles deviennent des mots de la prophétie et le prophète est reconnu comme ish haruah un homme d’esprit (Osée. 9.7). Mais l’Esprit dans certaines circonstances peut investir tous; les vers de Joel 3,1-2 sont dans ce cas plus indicative (v. annexe). Ezekiel aussi 36, 24 en ce qui concerne l’comme suggéré par l’engagement de l’Esprit de coeur en pierre et le cœur dans la réalisation de la révolution spirituelle, dans le désir de changer par la Techouva (repentir, conversion), qui doit conduire à la réalisation de « » aimeras ton prochain comme toi-même « . Il pourrait être suggéré, par conséquent, que si l’Esprit n’ayant ni corporel, ni matériel est présent dans les créatures pour les enrichir.
- la pensée rabbinique commence par l’Esprit que l’Esprit de prophétie qui cesse en tant que telle avec Aggée, Zacharie et Malachie (Yoma 9b), et si elles ne puis reconnus comme source d’inspiration charismatique et est promis aux chercheurs. La Mishna parle comme quelque chose qui peut être atteint par l’homme à travers diverses étapes spirituelles (v. Annexe). Jamais dans les textes rabbiniques est l’Esprit considéré comme une entité distincte de Dieu, bien qu’il soit parfois utilisé comme synonyme de Dieu et interchangeable avec le Shekinah (majesté de Dieu présent parmi les hommes et la nature, l’immanence).
- la philosophie hébraïque assimile l’Esprit à l’rabbinique Shekinah (Philo), à la gloire de Dieu (Jehudah Halevi); tandis que Maïmonide désigne comme l’inspiration divine Intelligence (émané de Dieu sur les prophètes) et Nahmanide, en ce qui concerne gn. 2,7 points sur, « il est l’esprit du grand nom, dont la bouche vient la connaissance et la compréhension » (Perushe HaTorah 01h33).
- (. Sec XII-XIII) Le Mystique du hassidisme Rhénane renvoie à la gloire « est la grande splendeur appelé Shekinah et donc identique à l’Esprit de sainteté qui viennent de la voix et la parole de Dieu. » Le Zohar (I, 15a) montre qu’il est par l’Esprit que le monde a été créé, car il est l’émanation de ce brillant de lumière et le point primordial, comme cela avait été décrit par le philosophe Saadia (Sec. IX).
- Dans ce dernier siècle Idéalisme l’Esprit redécouvre absolu comme nom pour la I. absolue F. Rosenzweig, se référant à la création souligne « l’esprit du Pacte de la Genèse 1: 2 comme quelque chose qui tend à dépersonnalisation qui est, plus la transcendance. » A. Neher définit un principe absolu de la révélation. Enfin, l’Esprit divin est considéré comme ce qui représente la relation inséparable entre Dieu et l’homme (Herman Cohen).

ANNEXE (Textes)
- Joel 3,1-2 «Et il arrivera que je répandrai mon Esprit sur toute chair prophétiseront, et vos fils et vos filles, vos vieillards auront des songes, vos jeunes gens auront des visions, et aussi esclaves et servantes dans ces jours-là, je répandrai mon Esprit ».
- Ezekiel 36: 25-27: « Et je répandrai sur vous une eau pure et pure vous deviendrez. Je vais vous nettoyer de toutes vos souillures et de toutes vos idoles, et vous donner un cœur nouveau et mis en vous un esprit nouveau j’ôterai de votre corps le coeur de pierre et de vous donner un cœur de chair, vous recommandez mon Esprit « .
- Mishna, Sota 9.15: « R. Jair bien Pinehas dit: diligence conduit; innocence conduit à la chasteté; chasteté conduit à l’abstinence; abstinence conduit à la pureté; pureté conduit à l’humilité; humilité conduit à la peur du péché; la peur du péché conduit à la piété; la piété conduit à l’esprit saint (Ruah haquodesh) et le Saint-Esprit nous rend dignes de la résurrection des morts, que la résurrection des morts sera réalisée au moyen d’Elie « .
- Talmud, Pesahim 117a: « Le titre d’un psaume pour David nous apprend que David a commencé à réciter le psaume et la Présence Divine a été mis sur lui. Cela prouve que la Présence divine ne se manifeste pas quand nous nous complaisons dans la tristesse ou la frivolité ou des paroles inutiles, mais seulement grâce à la joie quand nous remplissons un commandement comme il est dit dans II Rois 3:15: « Et pendant que le musicien a joué, la main du Seigneur (qui est, l’Esprit prophétique) est tombé sur lui. « 

Je suis vraiment très fatigué, je vous propose deux lectures, des liens

29 mai, 2017

http://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/homilies/2012/documents/hf_ben-xvi_hom_20120527_pentecoste.html

http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/homilies/2015/documents/papa-francesco_20150524_omelia-pentecoste.html

7ÈME DIMANCHE DE PÂQUES HOMÉLIE

26 mai, 2017

http://preparonsdimanche.puiseralasource.org/?p=homelie&id=89

pens fr ascensione del signore - Copia

Ascension du Seigneur image copte

(désolé si je ne l’ai pas mis l’Homélie pour l’Ascension, il est demain en Italie)

7ÈME DIMANCHE DE PÂQUES HOMÉLIE

Les lectures du jour

Jeudi dernier, nous avons fêté l’Ascension de Jésus. Cette fête, intimement liée à Pâques, nous rappelle que Jésus ressuscité est entré le premier dans son Royaume et qu’il nous donne à tous, l’espérance de le rejoindre un jour. Nous avons également compris que ce retour du Christ auprès de son Père a été le point de départ de la mission des apôtres. C’est Jésus qui les avait envoyés pour annoncer la bonne nouvelle jusqu’aux extrémités du monde.
Mais la première lecture nous a montré que les apôtres ne sont pas partis tout de suite. Ils se sont retirés avec Marie et quelques amis. Malgré l’urgence de la mission, ils ont passé plusieurs jours pour prier ensemble. Ce temps de prière leur était nécessaire car la mission qui leur était confiée n’était pas une entreprise humaine. Elle dépassait leurs possibilités d’hommes. Quand le Christ envoie, ce n’est pas pour nous demander d’organiser, de programmer ni de gérer. Ils ne sont pas à leur compte mais à celui du Christ qui les envoie. La mission c’est d’abord son œuvre. C’est lui qui prend l’initiative.
Cela veut dire que leur destin sera uni à celui du Christ. Comme lui, ils sont envoyés dans un monde hostile. Au milieu de ce monde, ils devront être porteurs de lumière et d’espérance. Ils auront à souffrir la persécution, la souffrance et la mort. Leur sort sera semblable à celui de leur Maître. Ils partageront ses épreuves ; mais Jésus leur promet qu’ils participeront aussi à sa résurrection.
Pour le moment, les voilà donc retirés au Cénacle. Ils ont conscience de leurs limites et de leurs faiblesses. Mais ils se mettent humblement à la disposition de l’Esprit Saint. Par la suite, ce n’est pas eux qui témoigneront mais l’Esprit du Christ qui témoignera par eux. C’est la gloire de l’Esprit qui transparaîtra sur leur visage. C’est son témoignage qui passera dans leur regard, leur parole et toute leur vie.
Pour l’Eglise d’aujourd’hui, les exigences sont les mêmes. On ne peut pas être missionnaire sans puiser à la source, sans se laisser guider et animer par l’Esprit Saint. Sinon comment imaginer qu’un homme de 78 ans puisse recevoir la charge d’être le pape de l’Eglise universelle ? S’il a accepté cette lourde charge, c’est bien parce qu’il savait qu’elle venait du Christ et qu’il ne serait pas seul pour la remplir. C’est toujours l’Esprit de Dieu qui agit dans la faiblesse humaine.
Nous-mêmes, nous sommes tous appelés et envoyés en mission, les uns comme prêtres, religieux ou religieuses, d’autres à leur place de chrétiens baptisés et confirmés. La responsabilité des uns et des autres est différente. Mais c’est le même Esprit qui agit en chacun et il est important que nous donnions tous le meilleur de nous-mêmes là où nous sommes envoyés. Le Seigneur compte sur chacun de nous pour continuer son travail, sa mission.
Comme lui, nous devons être les signes vivants de l’amour de Dieu dans notre vie de tous les jours. Ce qui parlera le plus de Dieu ce sera notre manière d’aimer et de nous donner à Dieu et aux autres. Cela veut dire que pour témoigner efficacement de l’espérance qui nous anime, il nous faut être unis au Christ et entre nous. Des chrétiens divisés entre eux ne peuvent pas vraiment être reconnus comme disciples du Christ. Comme les apôtres, nous sommes tous invités à prendre ce temps de prière qui nous permettra d’être en harmonie avec celui qui nous envoie.
Celui qui nous envoie, c’est Jésus. En lui, nous ne sommes qu’une seule grande Famille. Nous avons tous reçu le même baptême, et de ce fait, nous sommes tous membres de la grande famille de Dieu. Le Christ veut que cette famille soit unie et qu’elle témoigne ainsi de la grandeur de l’amour de Dieu pour le monde. Cette unité de ses disciples, c’était sa seule vraie préoccupation au moment de passer de ce monde à son Père.
Nous savons bien que nous ne serons jamais à la hauteur de cette mission. Nous avons tous besoin de l’aide du Seigneur. C’est pour cela qu’il nous est bon de nous retirer pour des temps de prière et de réflexion. Ce cœur à cœur avec notre Seigneur nous permet de nous ajuster à lui. Il nous aide à mieux comprendre ce qu’il attend de nous. C’est absolument nécessaire car cette mission ne vient pas de nous mais de celui qui nous envoie.
Dans cette prière, nous devons souligner le rôle important de Marie, la Mère de Jésus. Elle était présente dans le groupe des apôtres. Elle est également dans l’Eglise d’aujourd’hui pour accompagner et soutenir notre prière. Elle a été la première à accueillir l’Esprit Saint au jour de l’Annonciation. Aujourd’hui comme autrefois, elle nous renvoie au Christ et à son Evangile. Comme aux serviteurs de Cana, elle nous redit : « Faites tout ce qu’il vous dira. »
Avec Marie et avec toute l’Eglise, prions l’Esprit Saint d’animer de l’intérieur nos engagements et notre témoignage. Prenons le temps de nous mettre humblement à la disposition du Christ et de son Esprit. Avant la Pentecôte, les apôtres se sont réunis à l’endroit où Jésus avait institué l’Eucharistie. En ce dimanche, nous sommes réunis, nous aussi, pour l’Eucharistie. Comme nous l’a rappelé le Concile de Vatican II, elle est source et sommet de toute vie chrétienne et de toute évangélisation.
Que notre cœur soit accueillant et disponible à la venue du Christ et de son Esprit pour que notre vie dise au monde quelque chose de sa présence et de son amour. Jean C
Jean Compazieu, prêtre de l’Aveyron ( 08/05/2005)

PAPE FRANÇOIS (La première, selon les Evangiles, vit Jésus ressuscité: Marie Madeleine)

25 mai, 2017

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en e paolo La Magdalena penitente. Paradas - Copia

 

PAPE FRANÇOIS (La première, selon les Evangiles, vit Jésus ressuscité: Marie Madeleine)

AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercredi 17 mai 2017

Chers frères et sœurs, bonjour!

Ces dernières semaines, notre réflexion se déroule, pour ainsi dire, dans l’orbite du mystère pascal. Nous rencontrons aujourd’hui celle qui la première, selon les Evangiles, vit Jésus ressuscité: Marie Madeleine. Le repos du samedi s’était conclu depuis peu. Le jour de la passion, il n’y avait pas eu le temps de terminer les rites funèbres; c’est pourquoi, en cette aube pleine de tristesse, les femmes se rendent à la tombe de Jésus avec les onguents parfumés. C’est elle qui arrive la première: Marie de Magdala, l’une des disciples qui avaient accompagné Jésus jusqu’en Galilée, se mettant au service de l’Eglise naissante. Dans son trajet vers le sépulcre se reflète la fidélité de tant de femmes qui fréquentent pendant tant d’années les allées des cimetières, en souvenir de quelqu’un qui n’est plus là. Pas même la mort ne brise les liens les plus authentiques: certaines personnes continuent à aimer, même si la personne aimée s’en est allée pour toujours.
L’Evangile (cf. Jn 20, 1-2.11-18) décrit Madeleine, en soulignant immédiatement que ce n’était pas une femme qui s’enthousiasmait facilement. En effet, après la première visite au sépulcre, elle revient déçue dans le lieu où les disciples se cachaient; elle rapporte que la pierre a été déplacée de l’entrée du sépulcre, et sa première hypothèse est la plus simple que l’on puisse formuler: quelqu’un doit avoir fait disparaître le corps de Jésus. Ainsi, la première annonce que Marie apporte n’est pas celle de la résurrection, mais d’un vol que des inconnus ont commis, alors que Jérusalem tout entière dormait.
Les Evangiles racontent ensuite un deuxième voyage de Madeleine vers le sépulcre de Jésus. Elle était têtue! Elle est allée, elle est revenue… parce qu’elle n’était pas convaincue! Cette fois, son pas est lent, très lourd. Marie souffre doublement: tout d’abord de la mort de Jésus, et ensuite, de la disparition inexplicable de son corps.
C’est alors qu’elle est penchée près de la tombe, les yeux remplis de larmes, que Dieu la surprend de la manière la plus inattendue. L’évangéliste Jean souligne combien son aveuglement est persistant: elle ne s’aperçoit pas de la présence de deux anges qui l’interrogent, elle n’a aucun soupçon en voyant l’homme derrière elle, qu’elle pense être le gardien du jardin. Et en revanche, elle découvre l’événement le plus bouleversant de l’histoire humaine lorsque finalement elle est appelée par son nom: «Marie!» (v. 16).
Comme il est beau de penser que la première apparition du Ressuscité — selon les Evangiles — a eu lieu d’une manière aussi personnelle! Il y a quelqu’un qui nous connaît, qui voit notre souffrance et notre déception, et qui s’émeut pour nous et nous appelle par notre nom. C’est une loi que nous trouvons gravée dans beaucoup de pages de l’Evangile. Autour de Jésus se trouvent de nombreuses personnes qui cherchent Dieu; mais la réalité la plus prodigieuse est que, bien avant, c’est tout d’abord Dieu qui se préoccupe pour notre vie, qui veut la relever, et pour ce faire, il nous appelle par notre nom, en reconnaissant le visage personnel de chacun. Chaque homme est une histoire d’amour que Dieu écrit sur cette terre. Chacun de nous est une histoire d’amour de Dieu. Dieu appelle chacun de nous par son propre nom: il nous connaît par notre nom, il nous regarde, il nous attend, il nous pardonne, il a de la patience avec nous. Est-ce vrai ou n’est-ce pas vrai? Chacun de nous fait cette expérience.
Et Jésus l’appelle: «Marie!»: la révolution de sa vie, la révolution destinée à transformer l’existence de chaque homme et femme, commence par un nom qui retentit dans le jardin du sépulcre vide. Les Evangiles nous décrivent le bonheur de Marie: la résurrection de Jésus n’est pas une joie donnée au compte-goutte, mais une cascade qui renverse toute la vie. L’existence chrétienne n’est pas tissée de doux bonheurs, mais de vagues qui emportent tout. Essayez de penser vous aussi, en cet instant, avec le bagage de déceptions, et d’échecs que chacun de nous porte dans son cœur, qu’il y a un Dieu proche de nous qui nous appelle par notre nom et nous dit: «Relève-toi, arrête de pleurer, car je suis venu te libérer!». Cela est beau.
Jésus n’est pas quelqu’un qui s’adapte au monde, en tolérant que dans celui-ci se poursuivent la mort, la tristesse, la haine, la destruction morale des personnes… Notre Dieu n’est pas inerte, mais notre Dieu — je me permets le mot — est un rêveur: il rêve de la transformation du monde, et il l’a réalisée dans le mystère de la Résurrection.
Marie voudrait embrasser son Seigneur, mais Lui est désormais tourné vers le Père céleste, alors qu’elle est invitée à apporter l’annonce à ses frères. Et ainsi, cette femme qui, avant de rencontrer Jésus, était en proie au malin (cf. Lc 8, 2), est à présent devenue apôtre de la nouvelle et plus grande espérance. Que son intercession nous aide à vivre nous aussi cette expérience: à l’heure des pleurs, et à l’heure de l’abandon, entendre Jésus Ressuscité qui nous appelle par notre nom, et avec le cœur plein de joie aller annoncer: «J’ai vu le Seigneur!» (v. 18). J’ai changé de vie parce que j’ai vu le Seigneur! A présent, je suis différent d’avant, je suis une autre personne. J’ai changé parce que j’ai vu le Seigneur. Cela est notre force et cela est notre espérance. Merci.

 

Second récit de la création

23 mai, 2017

Second récit de la création  La désobéissance salmi e frr - Copia

BENOÎT XVI – (THÈME DE LA PRIÈRE 2011)

23 mai, 2017

http://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/audiences/2011/documents/hf_ben-xvi_aud_20110504.html

BENOÎT XVI – (THÈME DE LA PRIÈRE 2011)

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre

Mercredi 4 mai 2011

Chers frères et sœurs,

Aujourd’hui, je voudrais entamer une nouvelle série de catéchèses. Après les catéchèses sur les Pères de l’Eglise, sur les grands théologiens du Moyen-âge, sur les grandes figures de femmes, je voudrais à présent choisir un thème qui nous tient tous très à cœur: le thème de la prière, de manière spécifique la prière chrétienne, la prière que nous a enseignée Jésus et que continue à nous enseigner l’Eglise. C’est en Jésus en effet que l’homme devient capable de s’approcher de Dieu avec la profondeur et l’intimité du rapport de paternité et de filiation. Avec les premiers disciples, avec une humble confiance, nous nous adressons alors au Maître et nous Lui demandons: «Seigneur, enseigne-nous à prier» (Lc 11, 1).
Lors des prochaines catéchèses, en nous approchant de la Sainte Ecriture, de la grande tradition des Pères de l’Eglise, des Maîtres de spiritualité, de la Liturgie, nous voulons apprendre à vivre encore plus intensément notre relation avec le Seigneur, dans une sorte d’«école de prière». Nous savons bien, en effet, que la prière ne doit pas être considérée comme allant de soi: il faut apprendre à prier, comme en acquérant toujours à nouveau cet art; même ceux qui sont très avant dans la vie spirituelle sentent toujours le besoin de se mettre à l’école de Jésus pour apprendre à prier avec authenticité. Nous recevons la première leçon du Seigneur à travers Son exemple. Les Evangiles nous décrivent Jésus en dialogue intime et constant avec le Père: c’est une communion profonde de celui qui est venu dans le monde non pour faire sa volonté, mais celle du Père qui l’a envoyé pour le salut de l’homme.
Dans cette première catéchèse, comme introduction, je voudrais proposer quelques exemples de prière présents dans les cultures antiques, pour relever comment, pratiquement toujours et partout celles-ci se sont adressées à Dieu.
Je commence par l’ancienne Egypte, par exemple. Ici, un homme aveugle, demandant à la divinité de lui rendre la vue, atteste quelque chose d’universellement humain, qui est la pure et simple prière de requête de la part de qui se trouve dans la souffrance, cet homme prie: «Mon cœur désire te voir… Toi qui m’as fait voir les ténèbres, crée pour moi la lumière. Fais que je te voie! Penche sur moi ton visage aimé» (A. Barucq – F. Daumas, Hymnes et prières de l’Egypte ancienne, Paris 1980). Fais que je te voie; c’est là le cœur de la prière!
Dans les religions de la Mésopotamie dominait un sentiment de culpabilité mystérieux et paralysant, mais sans qu’il soit privé pour autant de l’espérance de rachat et de libération de la part de Dieu. Ainsi pouvons-nous apprécier cette supplication de la part d’un croyant de ces anciens cultes, qui résonne ainsi: «Ô Dieu qui es indulgent même pour la faute la plus grave, absous mon péché…. Regarde Seigneur, ton esclave épuisé, et souffle sur lui ta brise: sans attendre pardonne-lui. Allège ta sévère punition. Libéré de mes liens, fais que je recommence à respirer; brise mes chaînes, défaits mes liens» (M.-J. Seux, Hymnes et prières aux Dieux de Babylone et d’Assyrie, Paris 1976). Autant d’expressions qui démontrent comment l’homme, dans sa recherche de Dieu, a eu l’intuition, même confusément, d’un côté de sa faute, de l’autre de l’aspect de la miséricorde et de la bonté divine.
Au sein de la religion païenne, dans la Grèce antique, on assiste à une évolution très significative: les prières, tout en continuant d’invoquer l’aide divine pour obtenir la faveur céleste dans toutes les circonstances de la vie quotidienne et pour obtenir des bénéfices matériels, s’orientent progressivement vers les requêtes les plus désintéressées, qui permettent à l’homme croyant d’approfondir sa relation avec Dieu et de devenir meilleur. Par exemple, le grand philosophe Platon cite une prière de son maître, Socrate, considéré à juste titre comme l’un des fondateurs de la pensée occidentale. Socrate priait ainsi: «… donnez-moi la beauté intérieure de l’âme! Quant à l’extérieur, je me contente de celui que j’ai, pourvu qu’il ne soit pas en contradiction avec l’intérieur, que le sage me paraisse riche, et que j’aie seulement autant, d’or qu’un sage peut en supporter, et en employer» (Œuvres i. Phèdre 279c). Il voudrait avant tout avoir une beauté intérieure et être sage, et non pas riche d’argent.
Dans ces superbes chefs-d’œuvre de la littérature de tous les temps que sont les tragédies grecques, aujourd’hui encore, après vingt-cinq siècles, lues, méditées et représentées, sont contenues des prières qui expriment le désir de connaître Dieu et d’adorer sa majesté. L’une de celles-ci dit: «Ô toi qui donnes le mouvement à la terre, et qui en même temps résides en elle, qui que tu sois, Jupiter, impénétrable à la vue des mortels, nécessité de la nature, ou intelligence des hommes, je te rends hommage; car, par des voies secrètes, tu gouvernes toutes les choses humaines selon la justice» (Euripide, Les Troyennes, 884-886). Dieu demeure un peu vague et toutefois, l’homme connaît ce Dieu inconnu et prie celui qui guide les destinées de la terre.
Chez les Romains également, qui constituèrent ce grand Empire dans lequel naquit et se diffusa en grande partie le christianisme des origines, la prière, même si elle est associée à une conception utilitariste et fondamentalement liée à la demande de protection divine sur la vie de la communauté civile, s’ouvre parfois à des invocations admirables en raison de la ferveur de la piété personnelle, qui se transforme en louange et en action de grâces. En est témoin un auteur de l’Afrique romaine du iie siècle après Jésus Christ, Apulée. Dans ses écrits, il manifeste l’insatisfaction de ses contemporains à l’égard de la religion traditionnelle et le désir d’un rapport plus authentique avec Dieu. Dans son chef-d’œuvre intitulé Les métamorphoses, un croyant s’adresse à une divinité féminine à travers ces paroles: «Divinité sainte, source éternelle de salut, protectrice adorable des mortels, qui leur prodigues dans leurs maux l’affection d’une tendre mère; pas un jour, pas une nuit, pas un moment ne s’écoule qui ne soit marqué par un de tes bienfaits» (Apulée de Madaure, Métamorphoses, xi, 25).
Pendant la même période, l’empereur Marc-Aurèle — qui était un philosophe qui réfléchissait sur la condition humaine — affirme la nécessité de prier pour établir une coopération fructueuse entre action divine et action humaine. Il écrit dans ses Souvenirs/Pensées: «Qui te dit que les dieux ne nous aident pas également en ce qui dépend de nous? Commence donc à les prier et tu verras» (Dictionnaire de Spiritualité XII/2, col. 2213). Ce conseil de l’empereur philosophe a été effectivement mis en pratique par d’innombrables générations d’hommes avant le Christ, démontrant ainsi que la vie humaine sans la prière, qui ouvre notre existence au mystère de Dieu, devient privée de sens et de référence. En effet, dans chaque prière s’exprime toujours la vérité de la créature humaine, qui d’une part fait l’expérience de la faiblesse et de l’indigence, et demande donc de l’aide au Ciel, et de l’autre est dotée d’une dignité extraordinaire, car, en se préparant à accueillir la Révélation divine, elle se découvre capable d’entrer en communion avec Dieu.
Chers amis, dans ces exemples de prières des différentes époques et civilisations apparaît la conscience que l’être humain a de sa condition de créature et de sa dépendance d’un Autre qui lui est supérieur et source de tout bien. L’homme de tous les temps prie car il ne peut faire à moins de se demander quel est le sens de son existence, qui reste obscur et décourageant, s’il n’est pas mis en relation avec le mystère de Dieu et de son dessein sur le monde. La vie humaine est un mélange de bien et de mal, de souffrance imméritée et de joie et de beauté, qui nous pousse spontanément et irrésistiblement à demander à Dieu cette lumière et cette force qui puisse nous secourir sur la terre et ouvrir une espérance qui aille au-delà des frontières de la mort. Les religions païennes demeurent une invocation qui, de la terre, attend une parole du Ciel. L’un des derniers grands philosophes païens, qui vécut à une époque déjà pleinement chrétienne Proclus de Constantinople, donne voix à cette attente, en disant: «Inconnaissable, personne ne te contient. Tout ce que nous pensons t’appartient. Nos maux et nos biens sont en toi, chacune de nos aspirations dépend de toi, ô Ineffable, que nos âmes sentent présent, en t’élevant un hymne de silence» (Hymnes).
Dans les exemples de prière des différentes cultures, que nous avons pris en considération, nous pouvons voir un témoignage de la dimension religieuse et du désir de Dieu inscrit dans le cœur de chaque homme, qui trouvent leur accomplissement et leur pleine expression dans l’ancien et dans le Nouveau Testament. La Révélation, en effet, purifie et porte à sa plénitude l’aspiration originelle de l’homme à Dieu, en lui offrant, dans la prière, la possibilité d’une relation plus profonde avec le père céleste.
Au début de notre chemin dans l’«Ecole de la prière» nous voulons alors demander au Seigneur qu’il illumine notre esprit et notre cœur pour que la relation avec Lui dans la prière soit toujours plus intense, affectueuse et constante. Encore une fois, nous lui disons: «Seigneur, apprends-nous à prier» (Lc 11, 1).

HOMÉLIES DU 6E DIMANCHE DE PÂQUES, A

19 mai, 2017

http://parolesdudimanche.blogs.lalibre.be

HOMÉLIES DU 6E DIMANCHE DE PÂQUES, A

Ac 8, 5-8, 14-17 ; 1 P 3, 15-18 ; Jn 14, 15-21

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Dans le long discours de Jésus après la Cène, comme on le voit encore dans l’évangile de ce jour, il est beaucoup question de « monde ». Aujourd’hui, ce mot est parfois utilisé à tort et à travers. Ce qui se comprend, car le même terme peut exprimer des réalités différentes, voire même contradictoires. De même, les mots de l’Evangile disent souvent autre chose que les définitions de notre langage courant. Il faut alors être attentif au contexte qui seul permet de faire le bon choix du sens. Or, que dit l’Evangile ? Jésus vient dans le monde et il est haï par le monde… Les apôtres sont envoyés dans le monde et le monde les prend en haine, parce que tout en étant du monde, ils ne sont pas du monde… Et cependant, ils sont tellement du monde et leur mission est tellement liée au monde que Jésus ne veut surtout pas les retirer du monde… C’est beaucoup de « monde » !
Pour S. Jean, ce monde auréolé de mal représente ceux qui se refusent à croire en Jésus et qui s’opposent au message de son Evangile. Il ne s’agit donc pas du monde de la création, ni de l’ensemble de l’humanité ou de ce que l’on peut appeler « le monde des humains ». Ce n’est pas la société séculière ou profane qui serait mauvaise, par rapport au monde religieux qui serait bon. Il s’agit finalement d’un esprit, d’une mentalité qui n’est pas liée à un lieu, mais que chacun peut avoir et garder en soi. L’humanité en général, et chacun de nous en particulier, a son côté ombre et son côté lumière. Un ermite peut avoir l’esprit du monde en plein désert et l’on peut avoir l’esprit du Christ et en vivre très concrètement au cœur du monde.
La manière dont on perçoit et dont on comprend le monde est extrêmement importante, car le comportement du croyant et sa spiritualité en dépendent beaucoup.
Si l’on fait une lecture fondamentaliste de la Bible, c’est-à-dire si l’on prend tout à la lettre, sans tenir compte du contexte et de l’ensemble de la révélation, certains textes peuvent conduire à jeter sur le monde, en tant qu’humanité, un regard pessimiste et méfiant.
Alors, toute la création matérielle, toutes les réalités charnelles, toutes les conquêtes de la sciences et les fruits de la raison, sont jugés, si pas tous mauvais, au moins toujours suspects et dangereux. Alors, ce monde fait peur, il apparaît comme une menace pour la foi.
D’où, certaines spiritualités de fuite du monde, qui ont fait dire à certaines époques qu’il n’y avait pas de véritable sainteté possible pour des laïcs, empêtrés dans la vie du siècle. De telles spiritualités engendrent aisément des esprits sectaires, qui s’enferment volontiers dans des ghettos, qui cultivent une orthodoxie pure et dure, à l’abri d’un monde que l’on couvre d’imprécations en attendant qu’il disparaisse. C’est ce qu’on retrouve dans la plupart des sectes et certaines communautés intégristes.
A l’opposé, si l’on tient compte de l’ensemble de l’enseignement évangélique et de la vie de Jésus, cela donne une spiritualité non plus de fuite, mais d’incarnation dans le monde concret tel qu’il est et tel qu’il vit dans l’aujourd’hui de chaque époque.
Autrement dit, le monde s’inscrit toujours à l’intérieur d’un projet divin et inspire la spiritualité qu’il convient de pratiquer quotidiennement. C’est le levain que l’on mélange résolument à la pâte, au lieu de le garder au frigo, à l’abri.
C’est pourquoi, il y a eu très souvent dans le passé et encore aujourd’hui, des relations difficiles, tendues et parfois agressives, entre foi et monde, foi et raison, foi et sciences, foi et modernité. Comme si la foi pouvait être gênée, mise en péril ou contredite par la raison, la science et le progrès, qui sont aussi des dons de Dieu.
Grâce à Dieu, nous n’en sommes plus là aujourd’hui. Au moins dans son enseignement, l’Eglise ne boude pas la modernité au nom de la foi. Elle veut, au contraire, se rendre présente et attentive aux requêtes de ce monde vers lequel elle est envoyée, et c’est là qu’elle rejoint les questions fondamentales de l’être humain (1). Mais demeure toujours, pour l’Eglise comme pour chacun de nous, la tentation de la peur des changements, des nouveautés, et du repli frileux sur le passé.
Et pourquoi, finalement, les apôtres et après eux les chrétiens, sont-ils mis à part ? Pourquoi sont-ils haïs du monde ? Qu’est-ce qui les distingue de ce monde ? La fidélité à ses commandements. Un terme dur, qui évoque d’abord l’ordre et la discipline, l’injonction et la contrainte. Ne s’agit-il pas d’un frein aux élans créateurs, voire même une atteinte à la liberté ? Nous voici confrontés au monde des prescriptions et des règles, des lois et des préceptes ? Une chape de plomb.
Même si Jésus parle de SES commandements, nous verrons défiler sur nos petits écrans intérieurs le décalogue gravé par Moïse dans la pierre. En oubliant qu’avant d’être pétrifiées dans une lettre, ils sont d’abord des paroles d’Alliance, et donc des paroles d’Amour, qui révèlent un esprit, s’incarnent et se prouvent par un comportement. C’est pourquoi la Loi, enfermée dans la prison de sa lettre a la raideur des certitudes et le masque bariolé de vérités uniformément définitives. L’esprit, au contraire, est un souffle qui bouscule, transforme et inspire. Il pousse plus en avant et vers le haut. Il transforme même les cœurs de pierre en cœurs de chair, et la peur paralysante en dynamique confiance.

P. Fabien Deleclos, franciscain (T)
1925 – 2008

PAPE FRANÇOIS – MARIE, MÈRE DE L’ESPÉRANCE.

17 mai, 2017

http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/audiences/2017/documents/papa-francesco_20170510_udienza-generale.html

PAPE FRANÇOIS – MARIE, MÈRE DE L’ESPÉRANCE.

AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercredi 10 mai 2017

Chers frères et sœurs, bonjour!

Le long de notre itinéraire de catéchèse sur l’espérance chrétienne, nous nous tournons aujourd’hui vers Marie, Mère de l’espérance. Marie a traversé plus d’une nuit sur son chemin de mère. Dès sa première apparition dans l’histoire des Evangiles, sa figure se distingue comme s’il s’agissait du personnage d’un drame. Il n’était pas facile de répondre par un «oui» à l’invitation de l’ange: pourtant, femme encore dans la fleur de la jeunesse, elle répond avec courage, bien qu’elle ne sache rien du destin qui l’attend. A cet instant, Marie nous apparaît comme l’une des nombreuses mères de notre monde, courageuses jusqu’à l’extrême, quand il s’agit d’accueillir dans leur sein l’histoire d’un homme nouveau qui naît.
Ce «oui» est le premier passage d’une longue liste d’obéissances — une longue liste d’obéissances! — qui accompagneront son itinéraire de mère. Ainsi, Marie apparaît dans les Evangiles comme une femme silencieuse, qui souvent, ne comprend pas tout ce qui se passe autour d’elle, mais qui médite chaque parole et chaque événement dans son cœur.
Cette disposition laisse apparaître un très bel aspect de la psychologie de Marie: ce n’est pas une femme qui déprime devant les incertitudes de la vie, en particulier quand rien ne semble aller comme il faut. Ce n’est pas non plus une femme qui proteste avec violence, qui se lamente du destin de la vie qui nous révèle souvent un visage hostile. C’est en revanche une femme qui écoute: n’oubliez pas qu’il y a toujours un grand rapport entre l’espérance et l’écoute, et Marie est une femme qui écoute. Marie accueille l’existence de la façon dont elle se présente à nous, avec ses jours heureux, mais également avec ses tragédies que nous voudrions ne jamais avoir croisées. Jusqu’à la nuit suprême de Marie, quand son Fils est cloué au bois de la croix.
Jusqu’à ce jour, Marie avait presque disparu de la trame des Evangiles: les écrivains sacrés laissent entrevoir cette lente éclipse de sa présence, son silence devant le mystère d’un Fils qui obéit au Père. Mais Marie réapparaît précisément au moment crucial: quand une bonne partie des amis se sont enfuis par peur. Les mères ne trahissent pas, et à cet instant, au pied de la croix, aucun de nous ne peut dire quelle a été la passion la plus cruelle: si c’est celle d’un homme innocent qui meurt sur le bois de la croix, ou l’agonie d’une mère qui accompagne les derniers instants de la vie de son fils. Les Evangiles sont laconiques et extrêmement discrets. Ils enregistrent par un simple verbe la présence de la Mère: elle «se tenait» (Jn 19, 25), Elle se tenait. Ils ne disent rien de sa réaction: si elle pleurait, si elle ne pleurait pas… rien; pas même une esquisse de description de sa douleur: l’imagination de poètes et de peintres allait ensuite se déverser sur ces détails, nous offrant des images qui sont entrées dans l’histoire de l’art et de la littérature. Mais les Evangiles disent seulement: elle «se tenait». Elle se tenait là, au moment le plus terrible, au moment le plus cruel, et souffrait avec son fils. «Elle se tenait». Marie «se tenait», simplement elle était là. La voici de nouveau, la jeune femme de Nazareth, les cheveux désormais gris à cause du temps qui passe, encore aux prises avec un Dieu qui doit être uniquement embrassé, et avec une vie qui est arrivée au seuil de l’obscurité la plus épaisse. Marie «se tenait» dans l’obscurité la plus épaisse, mais elle «se tenait». Elle n’est pas partie. Marie est là, fidèlement présente, chaque fois qu’il faut tenir une bougie allumée dans un lieu de brume et de brouillard. Elle ne connaît pas même le destin de résurrection que son Fils ouvrait à cet instant pour tous les hommes: elle était là par fidélité au projet de Dieu dont elle s’est proclamée la servante le premier jour de sa vocation, mais également en raison de son instinct de mère qui souffre simplement, chaque fois qu’il y a un enfant qui traverse une passion. Les souffrances des mères: nous avons tous connu des femmes fortes, qui ont affronté tant de souffrances de leurs enfants!
Nous la retrouverons au premier jour de l’Eglise, elle, mère d’espérance, au milieu de cette communauté de disciples si fragiles: l’un avait renié, de nombreux autres avaient fui, tous avaient eu peur (cf. Ac 1, 14). Mais elle se tenait simplement là, de la façon la plus normale, comme si c’était une chose entièrement naturelle: dans la première Eglise enveloppée par la lumière de la Résurrection, mais également par les tremblement des premiers pas qu’elle devait accomplir dans le monde.
Pour cela, nous l’aimons tous comme une Mère. Nous ne sommes pas orphelins: nous avons une Mère au ciel, qui est la Sainte Mère de Dieu. Afin qu’elle nous enseigne la vertu de l’attente, même quand tout apparaît privé de sens: elle semble confiante dans le mystère de Dieu, même quand il semble s’éclipser à cause du mal du monde. Que dans les moments de difficultés, Marie, la Mère que Jésus nous a offerte à tous, puisse toujours soutenir nos pas, puisse toujours dire à notre cœur: «Lève-toi! Regarde de l’avant, regarde l’horizon», parce qu’Elle est Mère de l’espérance. Merci.

Saint Paul à Malte

16 mai, 2017

paolo a Malta - Copia

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