Archive pour décembre, 2020

PAPE FRANÇOIS – AUDIENCE GÉNÉRALE – 30 décembre 2020 – Catéchèse – 20. La prière de remerciement

30 décembre, 2020

http://www.vatican.va/content/francesco/fr/audiences/2020/documents/papa-francesco_20201230_udienza-generale.html

PAPE FRANÇOIS – AUDIENCE GÉNÉRALE – 30 décembre 2020 – Catéchèse – 20. La prière de remerciement

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CORNER PRAYER

Bibliothèque du palais apostolique

Chers frères et sœurs, bonjour!

Je voudrais m’arrêter aujourd’hui sur la prière d’action de grâce. Et je tire mon inspiration d’un épisode rapporté par l’évangéliste Luc. Alors que Jésus est en chemin, dix lépreux viennent à sa rencontre, en implorant: «Jésus, Maître, aie pitié de nous!” (17,13). Nous savons que, pour les malades de la lèpre, l’exclusion sociale et l’exclusion religieuse s’ajoutait à la souffrance physique. Ils étaient exclus. Jésus ne refuse pas de les rencontrer. Parfois, il va au-delà des limites imposées par les lois et il touche le malade – ce qu’on ne pouvait pas faire –, il l’embrasse, il le guérit. Dans ce cas, il n’y a pas de contact. A distance, Jésus les invite à se présenter aux prêtres (v. 14), qui étaient chargés, selon la loi, de certifier la guérison qui avait eu lieu. Jésus ne dit rien d’autre. Il a écouté leur prière, il a écouté leur cri de pitié, et il les envoie immédiatement auprès des prêtres.
Ces dix lépreux ont confiance, ils ne restent pas là jusqu’au moment où ils sont guéris, non : ils ont confiance et ils y vont immédiatement, et pendant qu’ils y vont, ils guérissent, tous les dix. Les prêtres auraient donc pu constater leur guérison et les réadmettre à la vie normale. Mais c’est là que se trouve le point le plus important: de ce groupe, seulement un, avant d’aller chez les prêtres, revient en arrière pour remercier Jésus et louer Dieu pour la grâce reçue. Seulement un, les neuf autres continuent leur chemin. Et Jésus remarque que cet homme était un samaritain, une sorte d’ “hérétique” pour les juifs de ce temps. Jésus commente: «Il ne s’est trouvé, pour revenir rendre gloire à Dieu, que cet étranger!» (17,18). C’est un récit touchant !
Ce récit, pour ainsi dire, divise le monde en deux: ceux qui ne remercient pas et ceux qui remercient; ceux qui prennent tout comme si cela leur était dû, et ceux qui accueillent tout comme un don, comme une grâce. Le Catéchisme écrit: «Tout événement et tout besoin peuvent devenir offrande d’action de grâces » (n. 2638). La prière d’action de grâce commence toujours par-là: se reconnaître précédés par la grâce. Nous avons été pensés avant que nous apprenions à penser; nous avons été aimés avant que nous apprenions à aimer; nous avons été désirés avant que dans notre cœur ne naisse un désir. Si nous regardons la vie ainsi, alors l’ “action de grâce” devient le fil directeur de nos journées. Très souvent, nous oublions même de dire «merci»
Pour nous chrétiens, l’action de grâce a donné son nom au sacrement le plus essentiels qui soit: l’Eucharistie. En effet, le mot grec signifie précisément cela: remerciement. Les chrétiens, comme tous les croyants, bénissent Dieu pour le don de la vie. Vivre est tout d’abord avoir reçu la vie. Nous naissons tous parce que quelqu’un a désiré la vie pour nous. Et c’est seulement la première d’une longue série de dettes que nous contractant en vivant. Des dettes de reconnaissance. Au cours de notre existence, plus d’une personne nous a regardés avec des yeux purs, gratuitement. Souvent, il s’agit d’éducateurs, de catéchistes, de personnes qui ont accompli leur rôle au-delà de la mesure demandée par le devoir. Et ils ont fait naître en nous la gratitude. Même l’amitié est un don dont il faut toujours être reconnaissants.
Ce “merci” que nous devons dire sans cesse, ce merci que le chrétien partage avec tous, s’ouvre plus encore dans la rencontre avec Jésus. Les Evangiles attestent que le passage de Jésus suscitait souvent la joie et la louange à Dieu chez ceux qui le rencontraient. Les récits de Noël sont peuplés d’orants qui ont le cœur dilaté par la venue du Sauveur. Et nous aussi avons été appelés à participer à cette immense joie. C’est ce que suggère également l’épisode des dix lépreux guéris. Naturellement, ils étaient tous heureux d’avoir retrouvé la santé, pouvant ainsi sortir de cette interminable quarantaine forcée qui les excluait de la communauté. Mais parmi eux, il y en a un qui ajoute la joie à la joie: au-delà de la guérison, il se réjouit pour la rencontre qui a eu lieu avec Jésus. Non seulement il est libéré du mal, mais il possède à présent également la certitude d’être aimé. C’est le centre: quand tu remercies, tu exprimes la certitude d’être aimé. Et c’est un grand pas: avoir la certitude d’être aimés. C’est la découverte de l’amour comme force qui gouverne le monde. Dante dirait: l’Amour «qui meut le soleil et les autres étoiles” (Paradis, XXXIII, 145). Nous ne sommes plus des voyageurs errants qui vagabondent ici et là, non: nous avons une maison, nous demeurons dans le Christ, et de cette “demeure” nous contemplons tout le reste du monde, et celui-ci nous apparaît infiniment plus beau. Nous sommes des enfants de l’amour, nous sommes des frères de l’amour. Nous sommes des hommes et des femmes de grâce.
Frères et sœurs; cherchons donc à être toujours dans la joie de la rencontre avec Jésus. Cultivons l’allégresse. Le démon, en revanche, après nous avoir trompé – avec n’importe quelle tentation –, nous laisse toujours tristes et seuls. Si nous sommes dans le Christ, aucun péché et aucune menace ne pourrons jamais nous empêcher de continuer le chemin avec joie, avec de nombreux compagnons de route.
Ne négligeons surtout pas de rendre grâce: si nous sommes porteurs de gratitude, le monde devient lui aussi meilleur, peut-être seulement un peu plus, mais c’est ce qui suffit à lui transmettre un peu d’espérance. Le monde a besoin d’espérance et avec la gratitude, en ayant cette attitude de dire « merci », nous transmettons un peu d’espérance. Tout est uni, tout est lié, et chacun peut faire sa part là où il se trouve. La voie du bonheur est celle que saint Paul a décrite à la fin de l’une de ses lettres: «En toute condition soyez dans l’action de grâces. C’est la volonté de Dieu sur vous dans le Christ Jésus. N’éteignez pas l’Esprit » (1 Th 5,17-19). Ne pas éteindre l’Esprit, un beau programme de vie! Ne pas éteindre l’Esprit qui est en nous, nous conduit à la gratitude.

Je salue cordialement les personnes de langue française.
Frères et sœurs, que le mystère de Noël que nous avons célébré nous laisse dans la joie de rencontrer Jésus. Que cette rencontre éclaire notre route pour toute l’année qui vient.
Que Dieu vous bénisse !

MESSE EN LA SOLENNITÉ DE L’ÉPIPHANIE DU SEIGNEUR – HOMÉLIE DU PAPE BENOÎT XVI – 6 janvier 2013

28 décembre, 2020

http://www.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/homilies/2013/documents/hf_ben-xvi_hom_20130106_epifania.html

MESSE EN LA SOLENNITÉ DE L’ÉPIPHANIE DU SEIGNEUR – HOMÉLIE DU PAPE BENOÎT XVI – 6 janvier 2013

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Basilique Vaticane

Chers frères et sœurs !

Pour l’Église croyante et priante, les Mages d’Orient qui, sous la conduite de l’étoile, ont trouvé la route vers la crèche de Bethléem sont seulement le début d’une grande procession qui s’avance dans l’histoire. À cause de cela, la liturgie lit l’évangile qui parle du cheminement des Mages avec les splendides visions prophétiques d’Isaïe 60 et du Psaume 72, qui illustrent par des images audacieuses le pèlerinage des peuples vers Jérusalem. Comme les bergers qui, en tant que premiers hôtes auprès de l’Enfant nouveau-né couché dans la mangeoire, personnifient les pauvres d’Israël et, en général, les âmes humbles qui vivent intérieurement en étant très proches de Jésus, ainsi les hommes provenant de l’Orient personnifient le monde des peuples, l’Église des Gentils – les hommes qui à travers tous les siècles se mettent en marche vers l’Enfant de Bethléem, honorent en Lui le Fils de Dieu et se prosternent devant Lui. L’Église appelle cette fête « Épiphanie » – la manifestation du Divin. Si nous regardons le fait que, dès le début, les hommes de toute provenance, de tous les continents, de toutes les diverses cultures et de tous les divers modes de pensée et de vie ont été et sont en marche vers le Christ, nous pouvons vraiment dire que ce pèlerinage et cette rencontre avec Dieu dans la figure de l’Enfant est une Épiphanie de la bonté de Dieu et de son amour pour les hommes (cf. Tt 3, 4).
Selon une tradition commencée par le Bienheureux Pape Jean-Paul II, nous célébrons aussi la fête de l’Épiphanie comme le jour de l’ordination épiscopale pour quatre prêtres qui, en des fonctions diverses, collaboreront désormais au Ministère du Pape pour l’unité de l’unique Église de Jésus Christ dans la pluralité des Églises particulières. Le lien entre cette ordination épiscopale et le thème du pèlerinage des peuples vers Jésus Christ est évident. En ce pèlerinage, l’évêque a la mission non seulement de marcher avec les autres, mais de précéder et d’indiquer la route. Dans cette liturgie, je voudrais toutefois réfléchir encore avec vous sur une question plus concrète. À partir de l’histoire racontée par Matthieu, nous pouvons certainement nous faire une certaine idée du type d’hommes qu’ont dû être ceux qui, en suivant le signe de l’étoile, se sont mis en route pour aller trouver ce Roi qui aurait fondé un nouveau type de royauté, non seulement pour Israël, mais aussi pour l’humanité entière. Quel genre d’hommes ceux-ci étaient-ils donc ? Et, à partir d’eux, demandons-nous aussi si, malgré la différence d’époque et de missions, on peut percevoir quelque chose de ce qu’est l’évêque et sur la façon dont il doit accomplir sa mission.
Les hommes qui partirent alors vers l’inconnu étaient, en tout cas, des hommes au cœur inquiet. Des hommes poussés par la recherche inquiète de Dieu et du salut du monde. Des hommes en attente qui ne se contentaient pas de leur revenu assuré et de leur position sociale peut-être reconnue. Ils étaient à la recherche de la réalité la plus grande. Ils étaient peut-être des hommes instruits qui avaient une grande connaissance des astres et qui probablement disposaient aussi d’une formation philosophique. Mais, ils ne voulaient pas seulement savoir beaucoup de choses. Ils voulaient savoir surtout l’essentiel. Ils voulaient savoir comment on peut réussir à être une personne humaine. Et c’est pourquoi, ils voulaient savoir si Dieu existe, où et comment il est. S’il prenait soin de nous et comment nous pouvons le rencontrer. Ils voulaient non seulement savoir. Ils voulaient reconnaître la vérité sur nous, sur Dieu et sur le monde. Leur pèlerinage extérieur était une expression de leur cheminement intérieur, du pèlerinage intérieur de leur cœur. Ils étaient des hommes qui cherchaient Dieu et, en définitive, ils étaient en marche vers lui. Ils étaient des chercheurs de Dieu.
Mais avec cela, nous arrivons à la question : comment doit être un homme à qui on impose les mains pour l’ordination épiscopale dans l’Église de Jésus Christ ? Nous pouvons dire : il doit être avant tout un homme dont l’intérêt est tourné vers Dieu, car c’est seulement alors qu’il s’intéresse vraiment aussi aux hommes. Nous pourrions aussi le dire en sens inverse : un évêque doit être un homme à qui les hommes tiennent à cœur, un homme qui est touché par les situations des hommes. Il doit être un homme pour les autres. Toutefois, il peut l’être vraiment seulement s’il est un homme conquis par Dieu. Si pour lui, l’inquiétude pour Dieu est devenu une inquiétude pour sa créature, l’homme. Comme les Mages d’Orient, un évêque ne doit pas aussi être quelqu’un qui exerce seulement son métier et ne veut rien d’autre. Non, il doit être pris par l’inquiétude de Dieu pour les hommes. Il doit, pour ainsi dire, penser et sentir avec Dieu. Il n’est pas seulement l’homme qui porte en lui l’inquiétude innée pour Dieu, mais cette inquiétude est une participation à l’inquiétude de Dieu pour nous. Puisque Dieu est inquiet de nous, il nous suit jusque dans la mangeoire, jusqu’à la Croix. « En me cherchant, tu as peiné ; tu m’as sauvé par ta passion : qu’un tel effort ne soit pas vain », prie l’Église dans le Dies irae. L’inquiétude de l’homme pour Dieu et, à partir d’elle, l’inquiétude de Dieu pour l’homme ne doivent pas donner de repos à l’évêque. C’est cela que nous comprenons quand nous disons que l’évêque doit être d’abord un homme de foi. Car la foi n’est pas autre chose que le fait d’être intérieurement touché par Dieu, une condition qui nous conduit sur le chemin de la vie. La foi nous introduit dans un état où nous sommes pris par l’inquiétude de Dieu et fait de nous des pèlerins qui sont intérieurement en marche vers le vrai Roi du monde et vers sa promesse de justice, de vérité et d’amour. Dans ce pèlerinage, l’évêque doit précéder, il doit être celui qui indique aux hommes le chemin vers la foi, l’espérance et l’amour.
Le pèlerinage intérieur de la foi vers Dieu s’effectue surtout dans la prière. Saint Augustin a dit un jour que la prière, en dernière analyse, ne serait autre chose que l’actualisation et la radicalisation de notre désir de Dieu. À la place de la parole “désir”, nous pourrions mettre aussi la parole “inquiétude” et dire que la prière veut nous arracher à notre fausse commodité, à notre enfermement dans les réalités matérielles, visibles et nous transmettre l’inquiétude pour Dieu, nous rendant ainsi ouverts et inquiets aussi les uns des autres. Comme pèlerin de Dieu, l’évêque doit être d’abord un homme qui prie. Il doit être en contact intérieur permanent avec Dieu ; son âme doit être largement ouverte vers Dieu. Il doit porter à Dieu ses difficultés et celles des autres, comme aussi ses joies et celles des autres, et établir ainsi, à sa manière, le contact entre Dieu et le monde dans la communion avec le Christ, afin que la lumière du Christ resplendisse dans le monde.
Revenons aux Mages d’Orient. Ceux-ci étaient aussi et surtout des hommes qui avaient du courage, le courage et l’humilité de la foi. Il fallait du courage pour accueillir le signe de l’étoile comme un ordre de partir, pour sortir – vers l’inconnu, l’incertain, sur des chemins où il y avait de multiples dangers en embuscade. Nous pouvons imaginer que la décision de ces hommes a suscité la dérision : la plaisanterie des réalistes qui pouvaient seulement se moquer des rêveries de ces hommes. Celui qui partait sur des promesses aussi incertaines, risquant tout, ne pouvait apparaître que ridicule. Mais pour ces hommes touchés intérieurement par Dieu, le chemin selon les indications divines était plus important que l’opinion des gens. La recherche de la vérité était pour eux plus importante que la dérision du monde, apparemment intelligent.
Comment ne pas penser, dans une telle situation, à la mission d’un évêque à notre époque ? L’humilité de la foi, du fait de croire ensemble avec la foi de l’Église de tous les temps, se trouvera à maintes reprises en conflit avec l’intelligence dominante de ceux qui s’en tiennent à ce qui apparemment est sûr. Celui qui vit et annonce la foi de l’Église, sur de nombreux points n’est pas conforme aux opinions dominantes justement aussi à notre époque. L’agnosticisme aujourd’hui largement dominant a ses dogmes et est extrêmement intolérant à l’égard de tout ce qui le met en question et met en question ses critères. Par conséquent, le courage de contredire les orientations dominantes est aujourd’hui particulièrement urgent pour un évêque. Il doit être valeureux. Et cette vaillance ou ce courage ne consiste pas à frapper avec violence, à être agressif, mais à se laisser frapper et à tenir tête aux critères des opinions dominantes. Le courage de demeurer fermement dans la vérité est inévitablement demandé à ceux que le Seigneur envoie comme des agneaux au milieu des loups. « Celui qui craint le Seigneur n’a peur de rien » dit le Siracide (34, 16). La crainte de Dieu libère de la crainte des hommes. Elle rend libres !
Dans ce contexte, un épisode des débuts du christianisme que saint Luc rapporte dans les Actes des Apôtres me vient à l’esprit. Après le discours de Gamaliel, qui déconseillait la violence envers la communauté naissante des croyants en Jésus, le sanhédrin convoqua les Apôtres et les fit flageller. Ensuite il leur interdit de parler au nom de Jésus et il les remit en liberté. Saint Luc continue : « Mais eux, en sortant du sanhédrin, repartaient tout joyeux d’avoir été jugés dignes de subir des humiliations pour le nom de Jésus. Et chaque jour … ils ne cessaient d’enseigner et d’annoncer la Bonne Nouvelle du Christ Jésus » (Ac 5, 40ss.). Les successeurs des Apôtres doivent aussi s’attendre à être à maintes reprises frappés, de manière moderne, s’ils ne cessent pas d’annoncer de façon audible et compréhensible l’Évangile de Jésus Christ. Et alors ils peuvent être heureux d’avoir été jugés dignes de subir des outrages pour lui. Naturellement, nous voulons, comme les apôtres, convaincre les gens et, en ce sens, obtenir leur approbation. Naturellement, nous ne provoquons pas, mais bien au contraire nous invitons chacun à entrer dans la joie de la vérité qui indique la route. L’approbation des opinions dominantes, toutefois, n’est pas le critère auquel nous nous soumettons. Le critère c’est Lui seul : le Seigneur. Si nous défendons sa cause, grâce à Dieu, nous gagnerons toujours de nouveau des personnes pour le chemin de l’Évangile. Mais inévitablement nous serons aussi frappés par ceux qui, par leur vie, sont en opposition avec l’Évangile, et alors nous pouvons être reconnaissants d’être jugés dignes de participer à la Passion du Christ.
Les Mages ont suivi l’étoile, et ainsi ils sont parvenus jusqu’à Jésus, jusqu’à la grande Lumière qui éclaire tout homme venant en ce monde (cf. Jn 1, 9). Comme pèlerins de la foi, les Mages sont devenus eux-mêmes des étoiles qui brillent dans le ciel de l’histoire et nous indiquent la route. Les saints sont les vraies constellations de Dieu, qui éclairent les nuits de ce monde et nous guident. Saint Paul, dans la Lettre aux Philippiens, a dit à ses fidèles qu’ils doivent resplendir comme des astres dans le monde (cf. 2, 15).
Chers amis, ceci nous concerne aussi. Ceci vous concerne surtout vous qui, maintenant, allez être ordonnés évêques de l’Église de Jésus Christ. Si vous vivez avec le Christ, liés à nouveau à lui dans le sacrement, alors vous aussi vous deviendrez des sages. Alors vous deviendrez des astres qui précèdent les hommes et leur indiquent le juste chemin de la vie. En ce moment nous tous ici nous prions pour vous, afin que le Seigneur vous remplisse de la lumière de la foi et de l’amour. Afin que cette inquiétude de Dieu pour l’homme vous touche, pour que tous fassent l’expérience de sa proximité et reçoivent le don de sa joie. Nous prions pour vous, afin que le Seigneur vous donne toujours le courage et l’humilité de la foi. Nous prions Marie qui a montré aux Mages le nouveau Roi du monde (Mt 2, 11), afin qu’en Mère affectueuse, elle vous montre aussi Jésus Christ et vous aide à être des hommes qui indiquent la route qui conduit à lui. Amen.

 

HOMÉLIE POUR LA FÊTE DE LA SAINTE FAMILLE ANNÉE B 27 DÉCEMBRE 2020 « LA FAMILLE DE DIEU INCLUT TOUTES LES FAMILLES » TEXTES : GENÈSE 15,1-6; 21,1-3, HÉBREUX 11, 8.11-12.17-19 ET LUC 2, 22-40.

26 décembre, 2020

https://www.hgiguere.net/Homelie-pour-la-fete-de-la-Sainte-Famille-Annee-B-27-decembre-2020-La-famille-de-Dieu-inclut-toutes-les-familles_a985.html

HOMÉLIE POUR LA FÊTE DE LA SAINTE FAMILLE ANNÉE B 27 DÉCEMBRE 2020 « LA FAMILLE DE DIEU INCLUT TOUTES LES FAMILLES » TEXTES : GENÈSE 15,1-6; 21,1-3, HÉBREUX 11, 8.11-12.17-19 ET LUC 2, 22-40.

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La fête de la Sainte Famille intégrée au calendrier liturgique en 1921 n’est rattachée à la semaine de Noël que depuis 1969. Cette fête se situe pour nous aujourd’hui au lendemain de Noël. Nous la célébrons donc dans la lumière de la Nativité. Nous découvrons ainsi que le signe donné par Dieu aux Bergers dans la nuit, le Fils, lumière du monde, vient réaliser toute la promesse faite à Abraham en s’immergeant dans la condition humaine générale, mais aussi en se liant de façon spéciale à une cellule familiale formée de Lui-même et de Marie et Joseph.

I – Le sens de la fête de la Sainte Famille
Avez-vous remarqué que dans les prières et les invocations nous nommons rarement la Sainte Famille? Nous ne disons pas Très Sainte Famille, priez pour nous, mais bien Jésus, Marie, Joseph priez pour nous, aidez-nous. « J.M.J. A.N. » (pour Jésus, Marie, Joseph aidez-nous) écrivaient autrefois les élèves soigneux au début de leur copie de travaux avec à la fin le « A.M.D.G. » ignatien (pour Ad Majorem Dei Gloriam – Pour la plus grande gloire de Dieu).
« Jésus, Marie, Joseph aidez-nous » n’est-ce pas un indice éclairant pour comprendre la dévotion à la Sainte Famille? En effet, celle-ci nous centre sur des personnes et sur les relations qu’elles entretiennent entre elles. La famille n’est pas une réalité abstraite, mais une réalité vivante. C’est pourquoi elle peut revêtir plusieurs configurations selon les cultures ou selon les époques, mais toujours elle souligne et met en avant la solidarité de personnes qui se lient ensemble pour croître, grandir, se soutenir, s’entraider, s’aimer et se perpétuer dans le temps et l’espace.
Voilà le « mystère » que nous célébrons aujourd’hui.
Ce qui est important ici, c’est de bien voir que la Sainte Famille n’est pas seulement la représentation d’une famille idéale, mais bien plutôt un idéal de relations jamais atteint. Un idéal de relations où tout est possible.

II -La foi qui rend tout possible
Cette Famille, la Sainte Famille, où toutes les avenues demeurent ouvertes, où l’imprévu de la grâce et de l’action de Dieu trouve un terrain d’ancrage particulier : « Qu’il me soit fait selon ta parole », cette Famille, dis-je, nous est présentée par les textes de la célébration d’aujourd’hui sous le signe de la foi au Dieu de l’impossible.
Comme Abraham, Jésus a connu des moments d’hésitations, Marie s’est demandée comment cela se ferait et Joseph a songé à couper les liens avec Marie en apprenant sa grossesse.
Et pourtant, que s’est-il passé? Tous ont plongé dans une foi dépassant leurs certitudes personnelles pour se fier à la Parole d’un Dieu qui s’est fait l’Emmanuel, le Dieu-parmi-nous. Tous ont vécu un abandon total à la volonté de Dieu.
Voilà un message qui aujourd’hui peut nous inspirer.
Dans les conditions qui sont les nôtres au Québec, les avenues d’avenir paraissent bloquées à certains moments, l’élan de la communauté ecclésiale manque de vigueur, le renouvellement du noyau de croyants et croyantes se fait parcimonieusement, et pourtant la force et la puissance de la Parole de Dieu, du Dieu-parmi-nous, ne font pas défaut. Nous sommes renvoyés comme la Sainte Famille, Jésus, Marie et Joseph à une foi qui croit à l’impossible, à une confiance qui ne s’appuie pas sur nos certitudes personnelles, mais sur Celui qui ne nous fait jamais défaut, Celui qui nous accompagne hier, aujourd’hui et demain.

Conclusion
Comment alors ne pas célébrer avec coeur cette fête de la Sainte Famille ? Célébrons dans la foi la présence de Celui qui continue de se faire l’un de nous et qui nous donne de vivre plus près les uns des autres dans un abandon confiant à Dieu.
Amen!

Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l’Université Laval
Séminaire de Québec

PAPE FRANÇOIS – AUDIENCE GÉNÉRALE – DÉCEMBRE 2020 – CATÉCHÈSE SUR NOËL

23 décembre, 2020

http://www.vatican.va/content/francesco/fr/audiences/2020/documents/papa-francesco_20201223_udienza-generale.html

PAPE FRANÇOIS – AUDIENCE GÉNÉRALE – DÉCEMBRE 2020 – CATÉCHÈSE SUR NOËL

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Bibliothèque du palais apostolique

Chers frères et sœurs, bonjour!

Dans cette catéchèse, à la veille de Noël, je voudrais offrir quelques éléments de réflexion en préparation à la célébration de Noël. Dans la Liturgie de la Nuit retentira l’annonce de l’ange aux pasteurs: «Soyez sans crainte, car voici que je vous annonce une grande joie, qui sera celle de tout le peuple: aujourd’hui vous est né un Sauveur, qui est le Christ Seigneur, dans la ville de David. Et ceci vous servira de signe: vous trouverez un nouveau-né enveloppé de langes et couché dans une crèche» (Lc 2,10-12).
Imitant les pasteurs, nous aussi nous nous rendons spirituellement vers Bethléem, où Marie a donné le jour à l’Enfant dans une étable, «car – dit encore saint Luc – ils manquaient de place dans la salle» (2, 7). Noël est devenu une fête universelle, et même ceux qui ne croient pas perçoivent la fascination de cette célébration. Mais le chrétien sait que Noël est un événement décisif, un feu éternel que Dieu a allumé dans le monde, et qui ne peut pas être confondu avec les choses éphémères. Il est important que celui-ci ne se réduise pas à une fête uniquement sentimentale ou consumériste. Dimanche dernier, j’ai attiré l’attention sur ce problème, en soulignant que le consumérisme a pris Noël en otage. Non: Noël ne doit pas se réduire à une fête seulement sentimentale ou de consommation, riche de cadeaux et de vœux, mais pauvre de foi chrétienne, et également pauvre d’humanité. C’est pourquoi il est nécessaire de freiner une certaine mentalité mondaine, incapable de saisir le noyau incandescent de notre foi, qui est le suivant: «Et le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous, et nous avons contemplé sa gloire, gloire qu’il tient de son Père comme Fils unique, plein de grâce et de vérité» (Jn 1,14). Tel est le cœur de Noël ; c’est même la vérité de Noël, il n’y en a pas d’autre.
Noël nous invite à réfléchir, d’une part, sur le caractère dramatique de l’histoire, dans laquelle les hommes, blessés par le péché, sont sans cesse à la recherche de vérité, à la recherche de miséricorde, à la recherche de rédemption; et, de l’autre, sur la bonté de Dieu, qui est venu à notre rencontre pour nous communiquer la Vérité qui sauve et nous rendre participants de son amitié et de sa vie. Et ce don de grâce, il est pure grâce, sans mérite de notre part. Il y a un Saint-Père qui dit: « Mais regardez de ce côté, de l’autre, par là: cherchez le mérite et vous ne trouverez rien d’autre que grâce». Tout est grâce, un don de grâce. Et ce don de grâce, nous le recevons à travers la simplicité et l’humanité de Noël, et il peut faire disparaître de nos cœurs et de nos esprits le pessimisme qui s’est aujourd’hui diffusé encore davantage à cause de la pandémie. Nous pouvons surmonter ce sens d’égarement inquiétant, ne pas nous laisser submerger par les défaites et par les échecs, dans la conscience retrouvée que cet Enfant humble et pauvre, caché et sans défense, est Dieu lui-même, qui s’est fait homme pour nous. Le Concile Vatican II, dans un passage célèbre de la Constitution sur l’Eglise dans le monde contemporain, nous dit que cet événement concerne chacun de nous: «Par son incarnation, le Fils de Dieu s’est en quelque sorte uni lui-même à tout homme. Il a travaillé avec des mains d’homme, il a pensé avec une intelligence d’homme, il a agi avec une volonté d’homme, il a aimé avec un cœur d’homme. Né de la Vierge Marie, il est vraiment devenu l’un de nous, en tout semblable à nous, hormis le péché» (Const. past. Gaudium et spes, n. 22). Mais Jésus est né il y a deux mille ans et cela me concerne ? — Oui, cela concerne toi et moi, chacun de nous. Jésus est l’un de nous: Dieu, en Jésus, est l’un de nous.
Cette réalité nous donne beaucoup de joie et beaucoup de courage. Dieu ne nous a pas regardés d’en-haut, de loin, il n’est pas passé à côté de nous, il n’a pas eu horreur de notre misère, il ne s’est pas revêtu d’un corps apparent, mais il a assumé pleinement notre nature et notre condition humaine. Il n’a rien laissé de côté, à l’exception du péché: l’unique chose qu’Il n’a pas. Toute l’humanité est en Lui. Il a pris tout ce que nous sommes, tels que nous sommes. Cela est essentiel pour comprendre la foi chrétienne. Saint Augustin, en repensant à son chemin de conversion, écrit dans ses Confessions: «Je n’avais pas encore assez d’humilité pour posséder mon Dieu, l’humble Jésus, et je ne connaissais pas encore les enseignements de sa faiblesse» (Confessions VII,8). Et quelle est la faiblesse de Jésus? La “faiblesse” de Jésus est un “enseignement”! Parce qu’elle nous révèle l’amour de Dieu. Noël est la fête de l’Amour incarné, de l’amour né pour nous en Jésus Christ. Jésus Christ est la lumière des hommes qui resplendit dans les ténèbres, qui donne son sens à l’existence humaine et à l’histoire tout entière.
Chers frères et sœurs, que ces brèves réflexions nous aident à célébrer Noël avec une plus grande conscience. Mais il y a une autre manière de se préparer, que je désire vous rappeler ainsi qu’à moi-même, et qui est à la portée de tous: méditer un peu en silence devant la crèche. La crèche est une catéchèse de cette réalité, de ce qui a été fait cette année, ce jour, que nous avons entendu dans l’Evangile. C’est pourquoi, l’année dernière, j’ai écrit une lettre qu’il sera bon que nous reprenions. Elle s’intitule “Admirabile signum”, “Signe admirable”. A l’école de saint François d’Assise, nous pouvons un peu devenir des enfants en restant en contemplation devant la scène de la Nativité, et en laissant renaître en nous l’étonnement pour la manière “merveilleuse” dont Dieu a voulu venir au monde. Demandons la grâce de l’émerveillement: devant ce mystère, cette réalité si tendre, si belle, si proche de nos cœurs, que le Seigneur nous donne la grâce de l’émerveillement, pour le rencontrer, pour nous approcher de Lui, pour nous approcher de nous tous. Cela fera renaître la tendresse en nous. L’autre jour, en parlant avec plusieurs scientifiques, nous avons discuté de l’intelligence artificielle et des robots… il y a des robots programmés pour tous et pour tout, et cela se développe. Et je leur ai dit: «Mais quelle est la chose que les robots ne pourront jamais faire?». Ils ont réfléchi, ils ont fait des propositions; mais à la fin, il ont été d’accord sur une chose: la tendresse. Les robots ne pourront pas faire cela. Et c’est ce qui nous conduit à Dieu, aujourd’hui: une manière merveilleuse avec laquelle Dieu a voulu venir au monde, et cela fait renaître en nous la tendresse, la tendresse humaine qui est proche de celle de Dieu. Et aujourd’hui, nous avons tellement besoin de tendresse, tellement besoin de caresses humaines, face à tant de misères! Si la pandémie nous a obligés à être plus éloignés, Jésus, dans la crèche, nous montre la voie de la tendresse pour être proches, pour être humains. Suivons cette voie. Joyeux Noël!

HOMÉLIE POUR LE 4E DIMANCHE DE L’AVENT ANNÉE B « L’ANNONCIATION À MARIE » TEXTES : II SAMUEL 7, 1-5.8B-12.14-16, ROMAINS 16, 25-27 ET LUC, 1, 26-38.

18 décembre, 2020

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HOMÉLIE POUR LE 4E DIMANCHE DE L’AVENT ANNÉE B « L’ANNONCIATION À MARIE »
TEXTES : II SAMUEL 7, 1-5.8B-12.14-16, ROMAINS 16, 25-27 ET LUC, 1, 26-38.

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Annunciazione, Guido Reni

Les lectures de ce dimanche mettent devant nos yeux deux personnages majeurs de l’histoire du salut : David et Marie. Le premier désire construire une demeure pour son Dieu et l’autre est elle-même la demeure que choisit son Dieu.

I – Marie et l’ange de l’Annonciation
Commençons par Marie. La scène de l’Annonciation qui nous est décrite dans le texte de saint Luc a été représentée de multiples façons dans l’art. En général on voit l’ange dans une position debout et Marie agenouillée dans une attitude de prière. Il y a cependant une autre tradition qui inverse les positions. Marie est assise ou même agenouillée, mais l’ange s’approche en mettant un ou deux genoux à terre dans une attitude de vénération pour cette jeune fille devant lui. C’est le cas de la représentation de l’Annonciation par Simone Martini qui accompagne ce texte sur internet.
J’aime beaucoup ce dernier type de représentation de l’Annonciation faite à Marie. Elle tourne nos yeux vers Marie plutôt que vers le messager. Elle met en évidence le mystère d’une présence en elle : « Voici que tu vas concevoir et enfanter un fils ; tu lui donneras le nom de Jésus. Il sera grand, il sera appelé Fils du Très-Haut. »
Marie, annonce l’ange, devient la demeure du Fils de Dieu qui prend chair en elle. Elle le sera éternellement. C’est un rôle unique. Elle devient Mère de Dieu comme le proclamera le Concile d’Éphèse en 431.
Noël n’est rien d’autre que l’apparition à la lumière de Celui qui est la Lumière du monde. Porté par Marie pendant neuf mois, il est offert au monde, mais il continuera de demeurer spirituellement en elle jusqu’à la fin de sa vie et même jusque dans la gloire du ciel. Une mère porte toujours son enfant en elle quelque que soit les péripéties de la vie. Marie ne fait pas exception. Elle se retrouvera au pied de la croix, Mère des douleurs qui devient alors notre mère puisque Jésus la donne à toute l’Église en disant à l’apôtre Jean qui nous représente « Voici ta mère » (Jean 19, 27).

II – Une autre demeure

Pour comprendre le caractère unique de ce rôle de Marie, nous pouvons réécouter la première lecture. Dans ce passage du livre de Samuel, on entend Dieu qui parle à David par le prophète Nathan. Il se cherche une demeure chez les humains. David dans un premier temps pense à une demeure de pierre, solide et à l’épreuve du temps. Mais Dieu lui indique qu’il habitera plutôt dans la famille de David. Il veut se bâtir une maison humaine et non une maison de pierre. C’est ce qui est affirmé dans les dernières phrases qui disent : « Ta maison et ta royauté subsisteront toujours devant moi, ton trône sera stable pour toujours. »
Qui rendra stable le trône de David ? L’enfant que porte Marie. « Le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père » dit l’ange à Marie. C’est lui qui siégera sur le trône de David. Il est l’Envoyé promis et le Messie attendu.
Au fil des âges, c’est cette continuité de l’amour de Dieu qui se déploie en Jésus. Saint Paul le proclame en disant aux Romains que l’Évangile qu’il proclame c’est Jésus-Christ, mystère maintenant manifesté et « porté à la connaissance de toutes les nations pour les amener à l’obéissance de la foi » comme il est dit dans la deuxième lecture. La célébration de la Nativité de Jésus est l’occasion de le dire avec force aujourd’hui en reprenant le chant des bergers « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes, qu’Il aime. » (Luc 2, 14)

III – Application
Le temps de l’Avent nous aide à nous préparer à fêter Noël. Depuis le début du temps de l’Avent nous avons partagé les attentes de Jean-Baptiste, le Précurseur, et, ce matin, nous nous tenons tout près de Marie. Nous sommes nous aussi visités par l’ange qui vient de la part de Dieu nous annoncer que désormais nous sommes choisis comme demeures de Dieu. « Tu es toi-même la demeure où il habite, la retraite où il se cache… » écrit saint Jean de la Croix dans son poème Cantique spirituel. « La seule difficulté, continue-t-il, c’est que tout en résidant en toi, il y demeure caché. » C’est ce qui arrive dans le mystère de Noël : Dieu se cache sous les traits d’un enfant. Dieu se fait petit.
Lorsque nous nous retrouverons à Noël autour de la crèche nous ne ferons pas autre chose que de nous agenouiller devant un enfant qui est le Sauveur du monde, le Fils de Dieu qui établit sa demeure parmi nous : « Emmanuel » Dieu avec nous. Sa faiblesse nous montre comment notre Dieu se penche avec amour sur notre humanité. Il se fait présent dans nos vies sans coups d’éclats, simplement. Il demeure en nous comme dans la crèche et il nous attend comme il a attendu les bergers et les mages à Bethléem.
Le mystère de Noël exprime dans la simplicité d’une naissance la grandeur et la beauté d’un Dieu qui demeure chez nous, avec nous et en nous.

Conclusion
Vous voyez que les lectures de ce matin sont une belle préparation à la fête de Noël. Elles nous ont permis de dégager comme piste de méditation le thème de la demeure de Dieu parmi nous.
Cette demeure a pris un visage humain dans David et dans Marie. Elle peut aussi prendre ton visage ou le mien. Tu es toi-même appelé à être une demeure pour l’enfant qui naitra et ainsi le mystère de Noël sera pour toi celui d’une nouvelle naissance du Verbe de Dieu dans ta vie et dans celles des personnes qui te côtoieront durant le temps des Fêtes. C’est ce que je nous souhaite comme cadeau de Noël cette année!
Amen!

Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l’Université Laval
Séminaire de Québec

PAPE FRANÇOIS – AUDIENCE GÉNÉRALE – 16 décembre 2020 – Catéchèse sur la prière – 19. Prière d’intercession

16 décembre, 2020

http://www.vatican.va/content/francesco/it/audiences/2020/documents/papa-francesco_20201216_udienza-generale.html

PAPE FRANÇOIS - AUDIENCE GÉNÉRALE – 16 décembre 2020 – Catéchèse sur la prière – 19. Prière d’intercession

fr

(traduction Google de l’italien)

Bibliothèque du Palais apostolique

Chers frères et sœurs, bonjour!

Ceux qui prient ne laissent jamais le monde derrière eux. Si la prière ne recueille pas les joies et les peines, les espoirs et les angoisses de l’humanité, elle devient une activité «décorative», une attitude superficielle, théâtrale, une attitude intime. Nous avons tous besoin d’intériorité: nous replier dans un espace et un temps dédiés à notre relation avec Dieu, mais cela ne veut pas dire échapper à la réalité. Dans la prière, Dieu « nous prend, nous bénit, puis nous brise et nous donne », pour la faim de tous. Chaque chrétien est appelé à devenir, entre les mains de Dieu, le pain rompu et partagé. Autrement dit, une prière concrète, qui n’est pas une évasion.
Ainsi des hommes et des femmes de prière en quête de solitude et de silence, pour ne pas être ennuyés, mais pour mieux écouter la voix de Dieu.Ils se retirent parfois du monde, dans l’intimité de leur chambre, comme le recommande Jésus (cf. Mt6,6), mais, où qu’ils soient, ils gardent toujours la porte de leur cœur grande ouverte: une porte ouverte pour ceux qui prient sans savoir qu’ils prient; pour ceux qui ne prient pas du tout mais portent en eux un cri étouffé, une invocation cachée; pour ceux qui se sont trompés et se sont égarés … N’importe qui peut frapper à la porte d’une personne priant et trouver en elle un cœur compatissant, qui prie sans exclure personne. La prière est notre cœur et notre voix, et elle devient le cœur et la voix de nombreuses personnes qui ne savent pas prier ou ne prient pas, ou ne veulent pas prier ou sont incapables de prier: nous sommes le cœur et la voix de ces personnes qui se lèvent à Jésus, il s’élève vers le Père, comme intercesseurs. Dans la solitude, celui qui prie – à la fois la solitude de long temps et la solitude d’une demi-heure pour prier – se sépare de tout et de chacun pour trouver tout et chacun en Dieu. Ainsi, la personne priant pour le monde entier, portant sur ses épaules douleurs et péchés. Priez pour chacun et chacun: c’est comme si c’était une « antenne » de Dieu dans ce monde. En chaque pauvre qui frappe à la porte, en chaque personne qui a perdu le sens des choses, celui qui prie voit le visage du Christ.
Le Catéchisme écrit: «Intercéder, demander en faveur d’un autre […] est la prérogative d’un cœur en accord avec la miséricorde de Dieu» ( n. 2635 ). C’est beau. Quand nous prions, nous sommes en harmonie avec la miséricorde de Dieu: miséricorde envers nos péchés – qui nous est miséricordieux – mais aussi miséricorde envers tous ceux qui ont demandé à prier pour eux, pour qui nous voulons prier en harmonie avec le cœur de Dieu C’est la vraie prière. En harmonie avec la miséricorde de Dieu, ce cœur miséricordieux. «Au temps de l’Église, l’intercession chrétienne participe à celle du Christ: elle est une expression de la communion des saints» ( ibid . ). Que signifie le fait que vous participez à l’intercession du Christ lorsque j’intercède pour quelqu’un ou que je prie pour quelqu’un? Parce que le Christ est intercesseur devant le Père, il prie pour nous et prie en montrant au Père les blessures de ses mains; parce que Jésus physiquement, avec son corps, se tient devant le Père. Jésus est notre intercesseur, et prier, c’est faire quelque chose comme Jésus: intercéder en Jésus auprès du Père, pour les autres. Et c’est très beau.
L’homme est au cœur de la prière. Simplement mec. Celui qui n’aime pas son frère ne prie pas sérieusement. On peut dire: dans un esprit de haine, on ne peut pas prier; dans un esprit d’indifférence, on ne peut pas prier. La prière seule est donnée dans un esprit d’amour. Celui qui n’aime pas fait semblant de prier, ou il pense prier, mais il ne prie pas, car l’esprit même qu’est l’amour manque. Dans l’Église, ceux qui connaissent la tristesse ou la joie de l’autre vont plus loin que ceux qui enquêtent sur les «systèmes maximaux». Pour cette raison, il y a une expérience de l’humain dans chaque prière, parce que les gens, même s’ils peuvent commettre des erreurs, ne doivent jamais être rejetés ou rejetés.
Lorsqu’un croyant, animé par le Saint-Esprit, prie pour les pécheurs, il ne fait pas de choix, il ne prononce pas de jugements de condamnation: il prie pour tous. Et il prie aussi pour lui-même. À ce moment-là, il sait qu’il n’est même pas trop différent des personnes pour lesquelles il prie: il se sent pécheur, parmi les pécheurs, et prie pour tous. La leçon de la parabole du pharisien et du publicain est toujours en vie et en cours ( cf.Lk 18 : 9-14): nous ne sommes pas mieux que quiconque, nous sommes tous frères dans une communauté de fragilité, de la souffrance et en étant pécheurs. C’est pourquoi une prière que nous pouvons adresser à Dieu est celle-ci: «Seigneur, personne qui vit avant toi n’est juste (cf. Ps143,2) – cela est dit dans un psaume: « Seigneur, personne qui vit avant toi n’est juste », aucun de nous: nous sommes tous pécheurs -, nous sommes tous débiteurs qui ont une affaire inachevée; il n’y a personne qui soit parfait à vos yeux. Seigneur, ayez pitié de nous! ». Et avec cet esprit, la prière est féconde, car nous allons humblement devant Dieu pour prier pour tous. Au lieu de cela, le pharisien a superbement prié: «Merci, Seigneur, parce que je ne suis pas comme ces pécheurs; J’ai raison, je fais toujours … « . Ce n’est pas une prière: c’est regarder dans le miroir, sa propre réalité, se regarder dans le miroir fait d’orgueil.
Le monde continue grâce à cette chaîne de prières qui intercèdent, et qui sont pour la plupart inconnues… mais pas à Dieu! Il y a beaucoup de chrétiens inconnus qui, en temps de persécution, ont pu répéter les paroles de notre Seigneur: « Père, pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font » ( Lc 23 , 34).
Le bon berger reste fidèle même face à l’observation du péché de son propre peuple: le bon berger continue à être père même lorsque ses enfants s’en vont et l’abandonnent. Il persévère au service du berger même envers ceux qui l’amènent à se salir les mains; il ne ferme pas son cœur à ceux qui l’ont peut-être fait souffrir.
L’Église, dans tous ses membres, a pour mission de pratiquer la prière d’intercession, intercède pour les autres. En particulier, toute personne placée dans un rôle de responsabilité a le devoir: parents, éducateurs, ministres ordonnés, supérieurs de communauté… Comme Abraham et Moïse, ils doivent parfois «défendre» devant Dieu les personnes qui leur sont confiées. En réalité, il s’agit de les regarder avec les yeux et le cœur de Dieu, avec sa propre compassion et sa tendresse invincibles. Priez tendrement pour les autres.
Frères et sœurs, nous sommes tous les feuilles du même arbre: chaque détachement nous rappelle la grande piété que nous devons cultiver, dans la prière, les uns pour les autres. Prions les uns pour les autres: cela nous fera du bien et cela fera du bien à tous. Merci!

DIEU EST AUSSI MÈRE (G. RAVASI)

14 décembre, 2020

http://www.marinoapertaonlus.it/archives/4245

DIEU EST AUSSI MÈRE (G. RAVASI)

fr

(traduction Google de l’italien)

Pape-francis-jubilé-pour-les-handicapés-juin-2016

L’Allemand Heinrich Boll, nobel de littérature 1972, avait écrit en 1901 une Lettre à un jeune catholique pour critiquer «les messagers du christianisme de tous horizons», car ils avaient oublié dans leur communication de la foi la vertu de la tendresse, pour ne pas pouvoir «Pour sortir son grand antagoniste, une simple législation ecclésiastique». Sans préjudice du besoin de justice et de devoir, il est certain qu’une religion fondée uniquement sur l’obligation et le précepte est incomplète et, en fin de compte, inhumaine. La Bible, à cet égard, pour exprimer ce sentiment, ainsi que la miséricorde, utilise le mot rahamim dans l’Ancien Testament qui désigne les entrailles maternelles et paternelles, de même dans le Nouveau Testament le verbe splanchnizomai est utiliséqui indique l’émotion viscérale face à la douleur du prochain: c’est, par exemple, la réaction de tendresse passionnée que ressent Jésus lors des obsèques du fils de la veuve de Naïn (Luc 7, 13).
Avec cette image maternelle et paternelle, Dieu lui-même est représenté: «Comme un père est tendre envers ses enfants; ainsi le Seigneur est tendre envers ceux qui le craignent »( Psaume 103,13 ); «Tu m’as été amené de l’utérus, soutenu depuis l’utérus» (Esaïe 46.3) «Une femme oublie- t -elle son enfant, pour ne pas être émue par l’enfant de son ventre? Même s’ils oublient, je ne t’oublierai jamais » (Isaïe 49:15).Le prophète Osée, partant de son expérience de père de trois enfants, a mis cette confession dans la bouche de Dieu: « J’ai appris à Israël à marcher en le tenant par la main … j’étais pour eux comme quelqu’un qui lève un enfant à sa joue, je me suis penché sur lui pour le nourrir »(11: 3-4). Les fidèles se sentent donc calmes et sereins parce qu’ils sont tenus dans les bras d’un Dieu qui est aussi mère: « Comme un enfant sevré dans les bras de sa mère, comme un enfant sevré mon âme est en moi » ( Psaume 131.2 ). Le sentiment de tendresse que l’on ressent sous la protection divine est également décrit à travers le symbole de la «poule qui recueille ses poussins sous ses ailes», comme dira Jésus ( Matthieu 23,37), dans le sillage du psalmiste qui se sent « couvert par les plumes » du Seigneur et « trouve refuge sous ses ailes » ( Psaume 91,4 ). Une intimité douce et délicate qui fait de la foi avant tout une expérience d’amour et de confiance.
Mais la Bible exalte aussi la tendresse entre les gens, à commencer par le lien nuptial, comme l’exhorte le sage du livre des Proverbes: « Béni soit ta source, trouve la joie dans la femme de ta jeunesse, biche aimable, gazelle gracieuse, ses seins qu’ils vous enivrent toujours, soyez toujours amoureux de sa tendresse »(5: 18-19). Emblématique, cependant, reste tout le Cantique des Chansons qui célèbre sans interruption l’étreinte tendre et passionnée entre les deux protagonistes, lui et elle, qui éprouvent toute la gamme des émotions de deux amants, à partir des premiers mots prononcés par la femme. : «Tu m’embrasses avec les baisers de ta bouche! Oui, votre tendresse vaut mieux que le vin »(1,2). Dans un temps, comme le nôtre, dans lequel le dialogue entre le couple fiancé est confié à la froideur schématique du langage du téléphone portable et des réseaux sociaux et les contacts sont «peau», dans l’immédiateté d’une relation sexuelle, le Cantique apprend à vivre cette histoire avec une profondeur différente, également basée sur ‘eros qui est sentiment, passion, délicatesse, tendresse, pour ensuite couler dans l’amour qui est don réciproque total. C’est encore la femme qui rappelle deux fois à son homme ce lien mutuel et intime du corps et de l’âme: « Mon bien-aimé est à moi et je suis à lui … je suis à mon bien-aimé et mon bien-aimé est à moi » ( 2,16; 6,3).

 

HOMÉLIE POUR LE 3E DIMANCHE DE L’AVENT ANNÉE B « LE TÉMOIGNAGE DE JEAN-BAPTISTE » TEXTES : ISAÏE, 60, 1-2.19-28, I THESSALONICIENS 5, 16-24 ET JEAN, 1, 6-8.19-28.

11 décembre, 2020

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HOMÉLIE POUR LE 3E DIMANCHE DE L’AVENT ANNÉE B « LE TÉMOIGNAGE DE JEAN-BAPTISTE »
TEXTES : ISAÏE, 60, 1-2.19-28, I THESSALONICIENS 5, 16-24 ET JEAN, 1, 6-8.19-28.

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Nous retrouvons ce matin Jean-Baptiste un grand prophète qui a précédé Jésus. On le surnomme le Précurseur. Il était le cousin de Jésus et c’est vers lui que Jésus est allé pour se faire baptiser au Jourdain. Jean-Baptiste l’a reconnu alors comme Celui qu’on attendait, comme l’Envoyé de Dieu.
Dans notre préparation à Noël en ce 3e dimanche de l’Avent la liturgie nous met devant les yeux ce témoignage de Jean-Baptiste tel que présenté par l’évangile de saint Jean. Et la façon de le faire est des plus intéressantes.

I – Lumière née de la Lumière
Dans la lecture de l’évangile de ce jour on a intentionnellement unit deux passages du début de l’évangile de saint Jean. Ainsi le témoignage de Jean-Baptiste est situé sur un registre qui lui donne une couleur particulière. Jean-Baptiste est le témoin de la Lumière.
Celui dont il annonce la venue, dont il prépare les voies – comme le souhaitait le prophète Isaïe : « Je suis la voix de celui qui crie dans le désert » – porte en lui quelque chose d’unique, de divin, de transcendant, d’autre. Il est la Lumière née de la Lumière comme le dit si bien le Symbole de Nicée-Constantinople que je cite : « Je crois en un seul Seigneur, Jésus Christ, le Fils unique de Dieu, né du Père avant tous les siècles : Il est Dieu, né de Dieu, lumière, née de la lumière, vrai Dieu, né du vrai Dieu ».
Il ne faut pas restreindre ce terme de « Lumière » ici à une invitation morale, un motif d’action ou une inspiration dans les choix. La « Lumière » dont parle saint Jean ici est à l’origine du monde, elle est Dieu lui-même qui s’est manifesté en Jésus, le Fils unique de Dieu qui s’est fait homme, qui s’est incarné.
Cette présentation de Jean-Baptiste qui « est venu comme témoin, pour rendre témoignage à la Lumière, afin que tous croient par lui » reflète la foi des premières communautés chrétiennes et la nôtre. Jean-Baptiste a entrevu la réalité du salut se réalisant en Jésus. Nous recevons son témoignage confirmé par celui des apôtres après la résurrection qui proclament « Jésus est Seigneur » et nous affirmons aujourd’hui notre foi en celui qui est la « Lumière du monde ». Jean-Baptiste en est le témoin privilégié.

II – Jean-Baptiste le Précurseur
C »est pour cette raison qu’on lui a donné à juste titre le surnom de « Précurseur ». Son attitude est bien décrite lorsqu’il dit qu’il n’est pas digne de délier la courroie de la chaussure de Celui qui vient : « Moi, je baptise dans l’eau. Mais au milieu de vous se tient celui que vous ne connaissez pas ; c’est lui qui vient derrière moi, et je ne suis pas digne de délier la courroie de sa sandale ».
L’attitude de Jean-Baptiste se caractérise par l’accueil et l’ouverture. Il précède – c’est ce que veut dire le mot « Précurseur » – Celui qui doit venir. Il invite à se débarrasser de ce qui empêcherait un accueil bienvenu et chaleureux. « Redressez le chemin du Seigneur » proclame-t-il. Concrètement notre réponse à son appel pourrait cette année se traduire durant le temps de l’Avent par une démarche de pénitence en allant recevoir le Sacrement de la Réconciliation. Malgré la pandémie de la Covid-19 plusieurs paroisses offrent un accès au Sacrement de la Réconciliation avec les précautions sanitaires appropriées. Vous ne regretterez pas d’avoir fait la démarche de la Réconciliation, du Pardon.
Le mouvement de préparation à Noël amène à sortir de nous-mêmes pour accueillir le Tout Autre qui s’incarne en Jésus. L’accès à la Lumière commence en sachant reconnaître le Don de Dieu dans l’Enfant de la crèche dont nous célébrerons la naissance à Noël. Dieu se fait l’un de nous. Le Verbe se fait chair, dira saint Jean.

III – Application
Dans le temps de l’Avent cherchons à renouveler notre foi et notre attente de la vraie Lumière. Nous la voulons présente en nous et dans toute notre vie, mais nous savons que ce n’est pas nous qui apportons la Lumière. Nous recevons les rayons de cette Lumière à travers Jésus.
Ce rayonnement de la Lumière de Dieu est présent dans le monde. Nous ne le voyons pas toujours, mais il est là. Croyons-le. L’Esprit de Dieu est toujours à l’oeuvre. Comme Jean-Baptiste nous sommes invités à rendre témoignage à la lumière : « Cet homme n’était pas la Lumière, mais il était là pour rendre témoignage à la Lumière. »
Je souhaite que nous devenions tous et toutes des Jean-Baptiste dans le monde d’aujourd’hui.

Conclusion
En ce dimanche de la joie que célèbre saint Paul dans la deuxième lecture, nous pouvons laisser celle-ci déborder en tout temps nous nourrissant de la prière et de l’action de grâces comme il le suggère. : « Soyez toujours dans la joie, priez sans relâche, rendez grâce en toute circonstance ». Le prophète Isaïe le souhaitait déjà en écrivant ce que nous avons lu dans la première lecture : « Je tressaille de joie dans le Seigneur, mon âme exulte en mon Dieu… Comme la terre fait éclore son germe, et le jardin, germer ses semences, le Seigneur Dieu fera germer la justice et la louange devant toutes les nations.».
Le don de la joie traduit une présence qui nous habite. Cette présence est au-delà des signes et des mots. Elle est invisible comme la lumière qui passe à travers la vitre de la fenêtre. Nous sommes invités à devenir de plus en plus comme la vitre de la fenêtre, clairs et purs, pour laisser passer toute la Lumière…avec la grâce de Dieu.
Amen!

Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l’Université Laval
Séminaire de Québec

PAPE FRANÇOIS – AUDIENCE GÉNÉRALE – 9 DÉCEMBRE 2020 – CATÉCHÈSE – 18. LA PRIÈRE DE DEMANDE

9 décembre, 2020

http://www.vatican.va/content/francesco/fr/audiences/2020/documents/papa-francesco_20201209_udienza-generale.html

PAPE FRANÇOIS – AUDIENCE GÉNÉRALE – 9 DÉCEMBRE 2020 – CATÉCHÈSE – 18. LA PRIÈRE DEfr

 

Bibliothèque du palais apostolique

Chers frères et sœur, bonjour!

Nous poursuivons nos réflexions sur la prière. La prière chrétienne est pleinement humaine – nous prions comme des personnes humaines, comme nous le sommes –, elle comprend la louange et la supplique. En effet, quand Jésus a enseigné à ses disciples à prier, il l’a fait avec le « Notre Père », afin que nous nous plaçions avec Dieu dans une relation de confiance filiale et que nous lui adressions toutes nos demandes. Nous implorons Dieu pour les dons les plus grands: la sanctification de son nom parmi les hommes, l’avènement de son règne, la réalisation de sa volonté de bien à l’égard du monde. Le Catéchisme rappelle: «Il y a une hiérarchie dans les demandes : d’abord le Royaume, ensuite ce qui est nécessaire pour l’accueillir et pour coopérer à sa venue» (n. 2632). Mais dans le “Notre Père” nous prions également pour les dons plus simples, pour les dons de tous les jours, comme le “pain quotidien” – qui signifie également la santé, une maison, un travail, les choses de tous les jours; et cela veut aussi dire pour l’Eucharistie, nécessaire pour la vie en Christ –; de même que nous prions pour le pardon des péchés – qui est une chose quotidienne; nous avons toujours besoin de pardon – ensuite pour la paix dans nos relations; et, enfin, pour qu’Il nous aide dans les tentations et qu’il nous libère du mal.
Demander, supplier. Cela est très humain. Ecoutons encore le Catéchisme: «C’est par la prière de demande que nous traduisons la conscience de notre relation à Dieu : créatures, nous ne sommes ni notre origine, ni maître des adversités, ni notre fin ultime, mais aussi, pécheurs, nous savons, comme chrétiens, que nous nous détournons de notre Père. La demande est déjà un retour vers Lui» (n. 2629).
Si quelqu’un se sent mal parce qu’il a fait de mauvaises choses – c’est un pécheur – quand il prie le Notre Père, il se rapproche déjà du Seigneur. Parfois nous pouvons croire que nous n’avons besoin de rien, que nous nous suffisons à nous-mêmes et que nous vivons dans l’autosuffisance complète. Parfois cela arrive! Mais tôt ou tard, cette illusion s’évanouit. L’être humain est une invocation, qui parfois devient un cri, souvent retenu. L’âme ressemble à une terre desséchée, assoiffée, comme le dit le Psaume (cf. Ps 63, 2). Nous faisons tous l’expérience, à un moment ou l’autre de notre existence, du temps de la mélancolie ou de la solitude. La Bible n’a pas honte de montrer la condition humaine marquée par la maladie, par les injustices, par la trahison des amis, ou par les menaces des ennemis. Il semble parfois que tout s’effondre, que la vie vécue jusqu’à présent a été vaine. Et dans ces situations apparemment sans débouché, il y a une unique issue: le cri, la prière: «Seigneur, aide-moi!». La prière ouvre des soupiraux de lumière dans les ténèbres les plus sombres. «Seigneur, aide-moi!». Cela ouvre la route, ouvre le chemin.
Nous les êtres humains, nous partageons cette invocation d’aide avec toute la création. Nous ne sommes pas les seuls à “prier” dans cet univers infini: chaque fragment de la création porte inscrit le désir de Dieu. Et saint Paul l’a exprimé de cette manière. Il dit ce qui suit: «Nous le savons en effet, toute la création jusqu’à ce jour gémit en travail d’enfantement. Et non pas elle seule : nous-mêmes qui possédons les prémices de l’Esprit, nous gémissons nous aussi intérieurement» (Rm 8, 22-24). En nous retentit le gémissement multiforme des créatures: des arbres, des rochers, des animaux … Chaque chose aspire à un accomplissement. Tertullien a écrit: «Chaque être créé prie, les animaux et les fauves prient et s’agenouillent; quand ils sortent des étables ou des tanières, ils lèvent la tête vers le ciel et ne restent pas la bouche fermée, ils font retentir leur cri selon leurs habitudes. Et les oiseaux aussi, dès qu’ils prennent leur envol, s’élèvent vers le ciel et ouvrent leurs ailes comme si c’était des mains en forme de croix, en gazouillant quelque chose qui ressemble à une prière » (De oratione, XXIX). Il s’agit d’une expression poétique pour faire un commentaire à ce que saint Paul dit, « que toute la création gémit, prie». Mais nous sommes les seuls à prier de manière consciente, à savoir que nous nous adressons au Père et à entrer en dialogue avec le Père.
Nous ne devons donc pas nous scandaliser si nous sentons le besoin de prier, ne pas avoir honte. Et surtout, quand nous sommes dans le besoin, demander. En parlant d’un homme malhonnête qui doit faire ses comptes avec son maître, Jésus dit cela: “Demander, j’ai honte”. Et beaucoup d’entre nous éprouvent ce sentiment: nous avons honte de demander; de demander de l’aide, de demander quelque chose à quelqu’un pour nous aider à faire, à arriver à ce but, et aussi honte de demander à Dieu. Il ne faut pas avoir honte de prier et de dire: “Seigneur, j’ai besoin de cela”, “Seigneur, je suis en difficulté”, “Aide-moi!”. C’est le cri du cœur vers Dieu qui est Père. Et nous devons apprendre à le faire également dans les moments heureux; rendre grâce à Dieu pour chaque chose qui nous a été donnée, et ne rien considérer comme évident ou dû: tout est grâce. Le Seigneur nous donne toujours, toujours, et tout est grâce, tout. La grâce de Dieu. Cependant, n’étouffons pas la supplique qui naît en nous spontanément. La prière de demande va de pair avec l’acceptation de notre limite et de notre condition de créature. On peut aussi ne pas arriver à croire en Dieu, mais il est difficile de ne pas croire dans la prière: celle-ci existe simplement; elle se présente à nous comme un cri; et nous avons tous affaire avec cette voix intérieure qui peut peut-être se taire pendant longtemps, mais qui un jour se réveille et crie.
Frère et sœurs, nous savons que Dieu répondra. Il n’y a pas d’orant dans le Livre des Psaumes qui élève sa lamentation et qui ne soit pas écouté. Dieu répond toujours: aujourd’hui, demain, mais il répond toujours, d’une manière ou d’une autre. Il répond toujours. La Bible le répète un nombre infini de fois : Dieu écoute le cri de celui qui l’invoque. Même nos demandes balbutiantes, celles qui sont restées au fond de notre cœur, que nous avons honte d’exprimer, le Père les écoute et il veut nous donner son Esprit Saint, qui anime chaque prière et transforme chaque chose. C’est une question de patience, toujours, de supporter l’attente. A présent, nous sommes dans le temps de l’Avent, un temps typique d’attente pour Noël. Nous sommes en attente. On le voit bien. Mais toute notre vie est également en attente. Et la prière est toujours en attente, parce que nous savons que le Seigneur répondra. Même la mort tremble quand un chrétien prie, car elle sait que chaque orant a un allié plus fort qu’elle: le Seigneur Ressuscité. La mort a déjà été vaincue dans le Christ, et le jour viendra où tout sera définitif, et elle ne se moquera plus de notre vie et de notre bonheur. Apprenons à être dans l’attente du Seigneur. Le Seigneur vient nous rendre visite, pas seulement pendant ces grandes fêtes – Noël, Pâques -, le Seigneur nous rend visite chaque jour dans l’intimité de notre cœur si nous sommes dans l’attente. Et très souvent, nous ne nous rendons pas compte que le Seigneur est proche, qu’il frappe à notre porte et nous le laissons passer. “J’ai peur de Dieu quand il passe; j’ai peur qu’il passe et de ne pas m’en apercevoir”, disait saint Augustin. Et le Seigneur passe, le Seigneur vient, le Seigneur frappe. Mais si tu as les oreilles pleines d’autres bruits, tu n’entendras pas l’appel du Seigneur.

Frères et sœurs, être dans l’attente: voilà ce qu’est la prière!

Je salue cordialement les personnes de langue française. Hier nous avons célébré la solennité de l’Immaculée Conception. Apprenons de la Vierge Marie à nous tourner avec confiance vers son Fils Jésus, et confions-lui toutes nos demandes pour qu’elle les lui présente. Que Dieu vous bénisse !

HOMMAGE DU PAPE BENOÎT À L’IMMACULÉE SUR LA PLACE D’ESPAGNE – 8 décembre 2007

7 décembre, 2020

http://www.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/speeches/2007/december/documents/hf_ben-xvi_spe_20071208_immacolata.html

HOMMAGE DU PAPE BENOÎT À L’IMMACULÉE SUR LA PLACE D’ESPAGNE – 8 décembre 2007

Solennité de l’Immaculée Conception

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MURILLO

Chers frères et sœurs,

En ce rendez-vous devenu désormais traditionnel, nous nous retrouvons ici, sur la Place d’Espagne, pour offrir notre hommage floréal à la Vierge, le jour où toute l’Eglise célèbre la fête de son Immaculée Conception. Dans le sillage de mes Prédécesseurs, je m’unis moi aussi à vous, chers fidèles de Rome, pour faire halte avec affection et un amour filial aux pieds de Marie, qui veille désormais depuis cent cinquante ans sur notre ville du haut de cette colonne. Le geste d’aujourd’hui est donc un geste de foi et de dévotion que notre communauté chrétienne répète d’année en année, comme pour réaffirmer son engagement de fidélité envers Celle qui, dans toutes les circonstances de la vie quotidienne, nous assure de son aide et de sa protection maternelle.
Cette manifestation religieuse est dans le même temps une occasion pour offrir à ceux qui vivent à Rome, ou qui y passent quelques jours en tant que pèlerins et touristes, l’opportunité de se sentir, malgré la diversité des cultures, une unique famille qui se rassemble autour d’une Mère qui a partagé les fatigues quotidiennes de chaque femme et mère de famille. Une mère cependant tout à fait particulière, choisie par Dieu pour une mission unique et mystérieuse, celle d’engendrer à la vie terrestre le Verbe éternel du Père, venu dans le monde pout le salut de tous les hommes. Et Marie, Immaculée dans sa conception – ainsi la vénérons-nous aujourd’hui avec une pieuse reconnaissance -, a parcouru son pèlerinage terrestre soutenue par une foi intrépide, une espérance inébranlable et un amour humble et sans limites, en suivant les traces de son fils Jésus. Elle a été à ses côtés avec une sollicitude maternelle de sa naissance au Calvaire, où elle assisté à sa crucifixion pétrifiée par la douleur, mais inébranlable dans son espérance. Elle a ensuite fait l’expérience de la joie de la résurrection, à l’aube du troisième jour, du jour nouveau, lorsque le Crucifié a quitté son tombeau remportant pour toujours et de manière définitive la victoire sur le pouvoir du péché et de la mort.
Marie, dans le sein virginal de laquelle Dieu s’est fait homme, est notre Mère! En effet, du haut de la croix Jésus, avant de parvenir à l’accomplissement de son sacrifice, nous l’a donnée comme mère et nous a confiés à Elle comme ses fils. Mystère de miséricorde et d’amour, don qui enrichit l’Eglise d’une maternité spirituelle féconde. Aujourd’hui, chers frères et sœurs, nous tournons en particulier notre regard vers Elle et, en implorant son aide, nous nous disposons à mettre à profit chacun de ses enseignements maternels. Notre Mère céleste ne nous invite-t-elle pas à fuir le mal et à accomplir le bien en suivant docilement la loi divine inscrite dans le cœur de chaque chrétien? Elle qui a conservé l’espérance au plus fort de l’épreuve, ne nous demande-t-elle pas de ne pas perdre courage lorsque la souffrance et la mort frappent à la porte de nos maisons? Ne nous demande-t-elle pas d’envisager notre avenir avec confiance? La Vierge Immaculée ne nous exhorte-t-elle pas à être frères les uns des autres, tous réunis par l’engagement de construire ensemble un monde plus juste, solidaire et pacifique?
Oui, chers amis! Encore une fois, en ce jour solennel, l’Eglise indique Marie au monde comme le signe d’une espérance certaine et d’une victoire définitive du bien sur le mal. Celle que nous invoquons comme « pleine de grâce » nous rappelle que nous sommes tous frères et que Dieu est notre Créateur et notre Père. Sans Lui, ou encore pire contre Lui, nous les hommes, nous ne pourrons jamais trouver la route qui conduit à l’amour, nous ne pourrons jamais vaincre le pouvoir de la haine et de la violence, nous ne pourrons jamais construire une paix stable.
Que les hommes de toutes les nations et les cultures accueillent ce message de lumière et d’espérance: qu’ils l’accueillent comme un don des mains de Marie, Mère de l’humanité tout entière. Si la vie est un chemin, et que ce chemin devient souvent sombre, dur et difficile, quelle étoile pourra l’illuminer? Dans mon Encyclique Spe salvi, rendue publique au début de l’Avent, j’ai écrit que l’Eglise regarde Marie et l’invoque comme « étoile de l’espérance (n. 49). Dans notre voyage commun sur la mer de l’histoire, nous avons besoin de « lumières d’espérance », c’est-à-dire de personnes qui tirent la lumière du Christ « et qui offrent ainsi une orientation pour notre traversée » (ibid.). Et qui peut, mieux que Marie, être pour nous « Etoile d’espérance »? Par son « oui », par le don généreux de la liberté reçue du Créateur, Elle a permis à l’espérance des millénaires de devenir réalité, d’entrer dans ce monde et dans son histoire. A travers Elle, Dieu s’est fait chair, il est devenu l’un d’entre nous, il a dressé sa tente parmi nous.
C’est pourquoi, animés par une confiance filiale, nous lui disons: « Enseigne-nous, Marie, à croire, à espérer et à aimer avec Toi; indique-nous la voie qui conduit à la paix, la voie vers le royaume de Jésus. Toi, Etoile de l’espérance, qui nous attend avec impatience dans la lumière impérissable de la Patrie éternelle, brille sur nous et guide-nous à travers les événements de chaque jour, maintenant et à l’heure de notre mort. Amen! »

Je m’associe aux pèlerins rassemblés dans les sanctuaires mariaux de Lourdes et de Fourvière pour honorer la Vierge Marie, en cette Année jubilaire du 150 anniversaire des apparitions de Notre-Dame à sainte Bernadette. Grâce à leur confiance en Marie et à son exemple, ils deviendront de véritables disciples du Sauveur. Par les pèlerinages, ils donnent de nombreux visages d’Eglise aux personnes qui sont en recherche et qui viennent visiter les sanctuaires. Dans leur chemin spirituel, ils sont appelés à déployer la grâce de leur Baptême, à se nourrir de l’Eucharistie, à puiser dans la prière la force pour le témoignage et la solidarité avec tous leurs frères en humanité. Puissent les sanctuaires développer leur vocation à la prière et à l’accueil des personnes qui veulent, notamment par le sacrement du Pardon, retrouver le chemin de Dieu. J’adresse aussi mes vœux cordiaux à toutes les personnes, notamment les jeunes, qui célèbrent dans la joie la fête de l’Immaculée Conception, évoquant particulièrement les illuminations de la métropole lyonnaise. Je demande à la Vierge Marie de veiller sur les habitants de Lyon et de Lourdes, et je leur accorde à tous, ainsi qu’aux pèlerins qui s’associent aux cérémonies, une affectueuse Bénédiction apostolique.

 

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