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INTRODUCTION À L’EPÎTRE AUX HÉBREUX
Les problèmes historiques que pose l’épître aux Hébreux, et que nous avons à examiner dans cette introduction, sont entourés de beaucoup d’obscurité. Quel est l’auteur de cet écrit ? quand fut-il composé ? à quels lecteurs fut-il d’abord destiné ? Les renseignements fournis par l’antiquité chrétienne sont insuffisants pour répondre avec certitude à ces questions, et l’étude de l’épître elle-même ne conduit qu’à des hypothèses plus ou moins probables.
I.
Les destinées de l’épître.
L’épître aux Hébreux a son origine dans l’âge apostolique. Clément de Rome en cite des passages entiers et en paraphrase d’autres dans sa lettre aux Corinthiens, écrite en 96. Nous trouvons des traces probables de notre épître chez Justin Martyr (mort en 165) et chez Théophile d’Antioche (vers 180). La version syriaque, la Peschito, la renferme, mais ne l’attribue pas à Paul ; elle la range à la suite des épîtres adressées par l’apôtre à des particuliers. Dans l’Eglise d’Alexandrie, une ancienne tradition semble avoir désigné Paul comme auteur de l’épître aux Hébreux. A la fin du second siècle déjà, les docteurs de la célèbre école de cette ville cherchent à écarter les difficultés que présente cette opinion. Eusèbe (Hist. Eccl. 6, 14, 2) cite un passage de Clément d’Alexandrie où sont données les raisons pour lesquelles Paul n’aurait pas mis sa signature en tête de l’épître. Le bienheureux presbytre, Pantaenus, le fondateur de l’école d’Alexandrie, disait jadis que c’était parce que le Seigneur lui-même avait été envoyé par le Tout-Puissant, comme apôtre, aux Hébreux (Hébreux 3.1), et que Paul, envoyé vers les gentils, ne s’était point, par modestie, intitulé apôtre des Hébreux. Clément lui-même estimait que Paul n’avait point signé sa lettre parce que les Juifs avaient des préjugés contre lui et qu’il leur était suspect. Pour expliquer le style particulier de l’épître, Clément prétendait que Paul l’écrivit en hébreu et que Luc la traduisit à l’usage des Grecs. Son disciple, Origène, déclare, d’après Eusèbe (Hist. Eccl. 6, 25,11), que ce n’est pas au hasard que les anciens l’ont transmise comme étant de Paul. Mais, frappé de la différence de style entre cet écrit et les autres du même apôtre, il recourt le premier à l’hypothèse que les pensées sont de saint Paul tandis que la phrase et la composition seraient d’un autre qui aurait recueilli les enseignements du maître. Il ajoute que les uns ont supposé que Clément de Rome, les autres que Luc l’évangéliste, fut l’écrivain qui tint la plume sous l’inspiration de saint Paul, mais que Dieu seul le sait. Les conciles d’Antioche (264), de Nicée (325) et de Laodicée (360) citent sans hésiter notre épître comme un écrit de Paul. Enfin, Jérôme combattant les doutes que les chrétiens d’Occident persistaient à avoir au sujet de notre épître, écrivait : Il faut dire aux nôtres que cette épître adressée aux Hébreux est reçue comme un écrit de l’apôtre Paul, non seulement par les Eglises d’Orient, mais par tous les écrivains ecclésiastiques de langue grecque, en remontant les âges. Et dans un autre passage encore, le même Jérôme parle de notre épître comme d’un livre que tous les Grecs reçoivent.
Dans les Eglises de l’Occident, en effet, jusque vers le milieu du quatrième siècle, notre épître est ignorée ou citée comme ne provenant point de l’apôtre Paul. Le canon de Muratori (catalogue des livres du Nouveau Testament, du second siècle) ne la renferme point. Irénée (presbytre de Lyon vers 177) ne cite pas l’épître aux Hébreux dans les écrits qui nous ont été conservés de lui. Il l’a mentionnée dans un écrit perdu (Eusèbe Hist. Eccl. 5, 26), mais, au dire d’un ancien écrivain, il niait qu’elle fût de Paul. Le presbytre romain, Caïus, à la fin du second siècle, ne comptait, ainsi que le rapporte Eusèbe (6.20), que treize épîtres de Paul. Tertullien, mort vers 230, cite l’épître aux Hébreux en l’attribuant à Barnabas (De pudic. 20), mais cette épître ne faisait pas partie du recueil des écrits canoniques en usage dans l’Eglise d’Afrique, car Cyprien nomme sept Eglises auxquelles Paul a écrit, il exclut donc les Hébreux ; Hippolyte de Rome (mort en 251) conteste que l’épître soit de Paul. Novatien ne la cite pas, ce qui est significatif, car il aurait pu y trouver la confirmation de ses vues opposées à la réintégration des relaps. Le commentaire anonyme des épîtres de Paul, faussement attribué à Ambroise et appelé Ambrosiaster (vers 370), ne contient pas l’explication de l’épître aux Hébreux. Les savants discutent si la mention d’une épître de Barnabas dans le catalogue annexé au Codex Claromontanus (D) se rapporte à l’épître aux Hébreux. Ce ne fut qu’au concile d’Hippone, en 393, sur l’autorité d’Augustin, cédant lui-même, comme il l’affirme, à l’autorité des Eglises d’Orient, que notre épître fut introduite dans le canon, par cette formule : Epîtres de Paul, apôtre, treize, et une aux Hébreux. Le concile de Carthage, en 419, enregistre enfin, les épîtres de Paul, quatorze en nombre, et dès lors l’épître aux Hébreux est admise, mais non sans quelques doutes plus tardifs encore, par toute la chrétienté jusqu’au seizième siècle.
Avec la renaissance des études de l’antiquité et de la littérature biblique reparurent les doutes sur l’auteur de l’épître aux Hébreux. Cajetan et Erasme furent les premiers à les exprimer. Mais le concile de Trente ferma la bouche aux savants catholiques en décrétant l’origine paulinienne de l’épître. Nos réformateurs, mus surtout par des raisons de critique interne, sont à peu près unanimes à refuser à Paul notre épître. Ils le font en des termes qui, tout en manifestant la pleine liberté de leur conviction dans les questions de cette nature, montrent aussi qu’ils admirent cet écrit, et qu’ils le considèrent comme une riche source d’instruction et d’édification. Luther, après avoir déduit ses raisons contre l’authenticité, et avoir émis le premier la remarquable hypothèse que l’épître a pu être rédigée par Apollos, ajoute : Peu nous importe ; s’il n’a pas, le premier, posé le fondement, comme il nous l’apprend lui-même (6.1), il a bâti dessus de l’or, de l’argent, des pierres précieuses ; c’est pourquoi, s’il y mêle peut-être du bois, de la paille, du chaume, cela ne nous empêche pas de recevoir en tout honneur son excellente doctrine, sans pourtant l’égaler en tout aux épîtres apostoliques. Peu nous importe de ne pas savoir qui a écrit l’épître, nous nous contentons de la doctrine que l’auteur fonde constamment sur l’Ecriture. (Oeuvres, Walch, XIV, p. 146 et suiv.) Mélanchthon partage l’opinion de son ami. Calvin s’exprime ainsi dans sa préface à l’épître : Or, quant à moi, je la reçois sans difficulté aucune entre les épîtres apostoliques, et ne doute point que cela ne soit advenu par une ruse de Satan, quand il s’est trouvé jadis des gens qui ont voulu retrancher cette épître du nombre des livres authentiques… Au reste, de savoir qui l’a composée, il ne s’en faut pas soucier grandement… De ma part, je ne puis croire que saint Paul en soit auteur,… et le réformateur développe ici ses raisons. Il n’y a pas, comme il pourrait sembler, contradiction entre la première et la seconde partie de cette citation, car par épîtres apostoliques et livres authentiques, Calvin entend des écrits qui renferment la doctrine apostolique et sont, pour cette raison, dignes de figurer dans le canon. Les arguments que Luther invoque afin de prouver que l’épître n’est pas de Paul sont principalement tirés de 2.3 et de passages tels que 6.4 et suivants ; 10.26 et suivants ; 12.17, où l’auteur de l’épître ôte à ceux qui retombent tout espoir de repentance et de salut. (Voir les notes sur ces passages.) Calvin, de même, relève 2.3, puis l’absence du nom de l’apôtre en tête de l’épître, enfin la manière d’enseigner et le style. Théodore de Bèze termine ainsi sa première note sur l’épître aux Hébreux : Que les jugements des hommes restent libres ici ; seulement, convenons tous de ceci, que cette épître a été véritablement dictée par le Saint-Esprit, et conservée à l’Eglise comme un trésor inappréciable : aucune certainement n’a montré d’une manière plus divine, ni avec plus d’art, l’analogie des institutions anciennes et de la vérité spirituelle ; nulle n’a exposé plus largement l’office de notre Médiateur. Elle est écrite enfin avec une méthode si excellente, si exacte, qu’à moins de la supposer écrite par Apollos, à peine un autre peut-il en être l’auteur que Paul lui-même. L’opinion traditionnelle trouva de nouveau des défenseurs parmi les théologiens protestants et redevint dominante au dix-septième siècle. Elle n’est contredite que par les arminiens et les sociniens. Mais dès la fin du dix-huitième siècle et pendant le dix-neuvième, surtout depuis le remarquable commentaire de Bleek (1828), des critiques en nombre croissant et appartenant à toutes les écoles, reconnurent que Paul ne pouvait être ni directement ni indirectement l’auteur de l’épître aux Hébreux. Avant d’exposer leurs hypothèses sur l’origine de l’épître, il faut l’examiner elle-même pour en noter les principaux caractères. Cet examen nous montrera pourquoi l’on ne peut attribuer l’épître à Paul et nous fournira des données pour apprécier les diverses suppositions qui ont été faites au sujet de ses destinataires et de son auteur.
II.
Les caractères propres de l’épître. A. La forme.
1. Absence de l’adresse. Genre épistolaire. L’épître aux Hébreux ne porte aucune adresse. Ce fait est étrange. Paul met en tête de ses lettres sa signature et le nom de ceux auxquels il les destine. L’auteur de l’épître aux Hébreux entre brusquement en matière par un exposé doctrinal. On a prétendu que son écrit n’était pas une lettre, mais un traité dogmatique. Cette affirmation est contredite, non seulement par les derniers versets de l’épître (13.18 et suivants), où l’auteur salue ses lecteurs comme étant connu d’eux personnellement, mais par les exhortations qui se rencontrent dans tout le cours de l’épître et qui font allusion à des circonstances très spéciales (5.11 et suivants, 6.9 et suivants, 10.25, 32 et suivants, 12.4). La supposition que l’adresse primitive se serait perdue est peu vraisemblable, car les premières lignes de l’épître forment un début solennel, et l’on concevrait difficilement qu’elles eussent jamais été précédées d’une salutation comme celles que nous lisons en tête des lettres pauliniennes.
2. Le style. L’épître aux Hébreux est, des écrits du Nouveau Testament, celui qui est rédigé dans le grec le plus pur. (Holtzmann, Einleitung, 1892, p297). L’auteur observe dans sa composition les principes de la rhétorique des anciens. Il se plaît à arrondir ses périodes (1.1-4 ; 12.18-24), à user d’antithèses, de jeux de mots (9.15-18), d’assonances. Ces particularités de style ne peuvent se transporter d’une langue dans une autre et prouvent que notre épître n’est pas, comme le supposait Clément d’Alexandrie, la traduction d’un original hébreu. Elle n’est pas davantage l’œuvre de Paul, car sa forme soignée, ses périodes bien ordonnées présentent le contraste le plus absolu avec le langage véhément, la phrase tourmentée et souvent incorrecte de l’apôtre des gentils. Origène déjà en a fait la remarque, au rapport d’Eusèbe (Hist. Eccl. 6, 25) : La langue de l’épître aux Hébreux ne présente pas ce caractère commun que l’apôtre confesse être le sien, quand il se dit un homme du commun à l’égard du langage, c’est-à-dire du style. Cette épître est au contraire rédigée en fort bon grec ; quiconque s’entend à juger du style en conviendra.
3. Les citations de l’Ancien Testament. Elles sont faites exclusivement d’après la version grecque des Septante. L’auteur copie scrupuleusement l’exemplaire de cette version qu’il a sous les yeux ; tandis que Paul corrige la traduction grecque d’après l’hébreu qui lui est familier, notre auteur fonde son argumentation sur des passages qui ne se trouvent, avec le sens qu’il leur attribue, que dans les Septante (10.5-7, 10, notes). Les formules par lesquelles il introduit les citations de l’Ancien Testament ont un caractère à part : les paroles citées sont mises dans la bouche de Dieu, même quand il y est question de Dieu à la troisième personne (1.6-8 ; 4.4, 7 ; 7.21 ; 10.30). On ne trouve pas dans l’épître aux Hébreux les locutions usitées dans les épîtres de Paul : Il est écrit,… l’Ecriture dit.
4. Dépendance littéraire d’autres écrits du temps. On prétend que certaines expressions de notre épître montrent que l’auteur connaissait les lettres de Paul, spécialement la première aux Corinthiens et celle aux Romains. Comparez :
Hébreux 2.10 et Romains 11.36
Hébreux 2.8 et 1Corinthiens 15.27
Hébreux 2.14 et lCorinthiens 15.26
Hébreux 3.7-19 et 1Corinthiens 10.1-11
Hébreux 5.12 et 1Corinthiens 3.2
Hébreux 10.33 et 1Corinthiens 4.9 ; etc.
Mais les coïncidences de termes qu’on trouve dans ces passages s’expliquent sans qu’il soit nécessaire d’admettre que l’auteur fût un lecteur assidu des épîtres de Paul : la plupart des expressions sont empruntées à l’Ancien Testament ou étaient usuelles dans le langage des premiers chrétiens. La rencontre la plus significative est celle de 10.30, où se trouve la seule citation de l’Ancien Testament pour laquelle l’auteur n’a pas suivi exactement les Septante, et cette citation est identique à celle que fait Paul dans Romains 12.19. Mais il se peut qu’il fût d’usage dans l’Eglise primitive de citer sous cette forme la parole du Deutéronome.
Les savants compétents ne sont point d’accord sur les rapports de notre épître avec les écrits du philosophe juif Philon d’Alexandrie. Elle présente avec ceux-ci des analogies de formes très caractéristiques. Philon, qui pratiquait l’interprétation allégorique de l’Ancien Testament, voit dans Melchisédec un type du Logos (la Parole) et traduit comme l’auteur de l’épître aux Hébreux son nom par celui de roi de justice ; comme lui, il conclut du silence que le texte garde sur les origines de ce personnage qu’il n’est pas né de parents mortels, mais que Dieu est son père, et la Sagesse sa mère. Quelques-uns des qualificatifs appliqués par notre épître au Fils, rayonnement, empreinte, sont employés par Philon pour caractériser le Logos. Philon parle, lui aussi, d’un sacrifice quotidien offert par le souverain sacrificateur (7.27). Il se sert des mêmes formules pour citer l’Ancien Testament. Hébreux 13.5, il y a une citation de l’Ancien Testament qui ne se retrouve textuellement que dans Philon. On peut conclure tout au plus de ces faits que l’auteur avait une certaine connaissance des écrits de Philon, car sa pensée paraît différer profondément de celle du philosophe d’Alexandrie. On relève enfin des ressemblances d’expression entre notre épître et des Apocryphes de l’Ancien Testament, d’origine alexandrine, le second livre des Maccabées et la Sapience.
B. La doctrine de l’épître.
L’auteur a subi l’influence de l’apôtre des gentils ; avec lui, il admet la destination universelle du salut (2.9, 11, 15 ; 5.9) et proclame l’abrogation de la loi et la fin de l’ancienne économie (7.18 et suivants, 8.7 et suivants). Sa christologie est, dans ses traits essentiels, la même ; le Fils est l’image du Père et l’intermédiaire de la création (1.1-3 ; comparez 2Corinthiens 4.4 ; Colossiens 1.15, 16) ; son abaissement momentané a été suivi de son exaltation (2.7-9 ; comparez Philippiens 2.8-11). Malgré ces points de ressemblance, l’auteur de l’épître aux Hébreux a de l’œuvre de Christ une conception originale et sensiblement différente de celle que nous trouvons dans les épîtres de Paul. Son intention est de démontrer la supériorité de la nouvelle alliance sur l’ancienne. S’adressant à des chrétiens sortis d’Israël, il n’a en vue que l’ancien peuple de Dieu. C’est à la postérité d’Abraham (2.16) que le Fils vient en aide par son incarnation, et il se présente à elle comme le souverain sacrificateur parfait et éternel selon l’ordre de Melchisédec (chapitre 7), infiniment supérieur aux sacrificateurs lévitiques. Après avoir, par sa mort, offert le sacrifice seul capable de purifier les consciences, il est entré, avec son propre sang, dans le tabernacle céleste, comme le souverain sacrificateur, au jour des expiations, pénètre dans le lieu très saint avec le sang des victimes. Il s’est présenté ainsi une seule fois à Dieu pour abolir le péché par son sacrifice, pour procurer aux pécheurs cette pureté rituelle qui leur ouvre l’accès auprès de Dieu et que l’auteur appelle la perfection. (Chapitre 9, comparez 7.11 ; 10.1, 14). Cette dernière notion prend la place que la justification» occupe dans l’enseignement de Paul, et la comparaison des deux termes fait ressortir la différence des deux conceptions du salut. Paul envisage la rédemption comme une œuvre qui s’accomplit dans la conscience du pécheur ; le pécheur s’approprie par la foi la mort que Christ a soufferte pour lui (Romains 3.22-25) ; cette mort et la résurrection dont elle fut suivie, en lui assurant le pardon, lui procurent la paix (Romins 5.1 et suivants) et l’affranchissement de la puissance du péché (Romains chapitres 6 et 7). Il reçoit l’esprit d’adoption ; se sachant élu de Dieu, il a l’assurance de son salut éternel. (Romains, chapitre 8) Pour l’auteur de l’épître aux Hébreux, l’œuvre rédemptrice s’accomplit tout entière en dehors du pécheur. Le sacrifice de Christ est un office sacerdotal, qui, commencé sur la terre, se consomme dans les deux. La résurrection de Jésus-Christ, que Paul ne sépare jamais de sa mort, est à peine mentionnée dans notre épître (13.20) et ne joue aucun rôle dans la doctrine du salut. Cette différence dans la manière de comprendre la rédemption tient au point de vue duquel la loi est envisagée par les deux écrivains. Paul voit dans la loi de l’Ancienne Alliance, avant tout, la loi morale, le commandement qui est saint, juste et bon, et conduit à la vie, mais qui cause la mort du pécheur, parce que le pécheur est asservi à la chair. (Romains chapitre 7.) A l’auteur de l’épître aux Hébreux, la loi de l’Ancienne Alliance apparaît comme une loi rituelle instituant des cérémonies qui ne peuvent procurer la véritable pureté ; il l’appelle la loi d’une ordonnance charnelle (7.16) et l’envisage comme un recueil d’ordonnances charnelles imposées seulement jusqu’à une époque de réformation (9.10). La foi, d’après l’épître aux Hébreux, est, sous la nouvelle comme sous l’ancienne alliance, la confiance dans les promesses de Dieu et leur accomplissement. Elle n’est pas, comme chez Paul, le sentiment qui nous unit à Christ et devient le principe d’une vie nouvelle. L’opposition de la foi et des œuvres, qui tient une si grande place dans l’argumentation de l’apôtre des gentils, n’est pas mentionnée dans l’épître aux Hébreux. L’auteur insiste par contre sur le devoir de persévérer dans l’attente confiante. Ne pas retenir ferme notre espérance, c’est commettre un péché irrémissible (10.23, 31 ; 6.4-6). Enfin, dans ses enseignements eschatologiques, l’auteur parle, non de la résurrection des morts et de la transformation du corps charnel en corps spirituel (1Corinthiens 15), mais de l’entrée dans le repos de Dieu (chapitre 4) et du changement de toutes choses (chapitre 13).