Archive pour février, 2019

PAPE FRANÇOIS – « LA PATERNITÉ DE DIEU »

27 février, 2019

http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/audiences/2019/documents/papa-francesco_20190220_udienza-generale.html

pens e it LA VIA DELL'ANGELO

le chemin de l’ange

PAPE FRANÇOIS – « LA PATERNITÉ DE DIEU »

AUDIENCE GÉNÉRALE

Salle Paul VI

Mercredi 20 février 2019

Chers frères et sœurs!

L’audience d’aujourd’hui se déroule dans deux endroits. D’abord, j’ai rencontré les fidèles de Bénévent, qui étaient à Saint-Pierre, puis vous. Et cela est dû à la délicatesse de la préfecture de la Maison pontificale: elle ne voulait pas que vous preniez froid: remercions-les pour avoir fait cela. Merci.
Nous poursuivons les catéchèses sur le «Notre Père». Le premier pas de chaque prière chrétienne est l’entrée dans un mystère, celui de la paternité de Dieu. On ne peut pas prier comme des perroquets. Ou tu entres dans le mystère, dans la conscience que Dieu est ton Père, ou tu ne pries pas. Si je veux prier Dieu mon Père, je commence le mystère. Pour comprendre dans quelle mesure Dieu est notre père, pensons à la figure de nos parents, mais nous devons toujours dans une certaine mesure «les affiner», les purifier. Le Catéchisme de l’Eglise catholique le dit aussi, il dit: «La purification du cœur concerne les images paternelles ou maternelles, issues de notre histoire personnelle et culturelle, et qui influencent notre relation à Dieu» (n. 2779).
Aucun de nous n’a eu des parents parfaits, aucun; de même que nous, à notre tour, ne serons jamais des parents, ou des pasteurs, parfaits. Nous avons tous des défauts, tous. Nous vivons toujours nos relations d’amour sous le signe de nos limites et aussi de notre égoïsme, c’est pourquoi elles sont souvent polluées par des désirs de possession ou de manipulation de l’autre. Pour cela, parfois, les déclarations d’amour se transforment en sentiments de colère et d’hostilité. Mais regarde, ces deux-là s’aimaient tant la semaine dernière, aujourd’hui ils se détestent à mort: cela, nous le voyons tous les jours! C’est à cause de cela, parce que nous avons tous des racines amères en nous, qui ne sont pas bonnes et qui parfois sortent et font du mal.
Voilà pourquoi, quand nous parlons de Dieu comme «père», alors que nous pensons à l’image de nos parents, en particulier s’ils nous ont aimés, dans le même temps, nous devons aller au-delà. Parce que l’amour de Dieu est celui du Père «qui est aux cieux», selon l’expression que nous invite à utiliser Jésus: c’est l’amour total auquel nous goûtons dans cette vie uniquement de façon imparfaite. Les hommes et les femmes sont d’éternels mendiants d’amour, — nous sommes mendiants d’amour, nous avons besoin d’amour — ils cherchent un lieu où être enfin aimés, mais ils ne le trouvent pas. Combien d’amitiés et combien d’amours déçus y a-t-il dans notre monde, tant!
Le dieu grec de l’amour, dans la mythologie, est celui le plus tragique de tous: on ne comprend pas si c’est un être angélique ou un démon. La mythologie dit qu’il est fils de Poros et de Penía, c’est-à-dire de l’abondance et de la pauvreté, destiné à porter en lui un peu de la physionomie de ses parents. De là, nous pouvons penser à la nature ambivalente de l’amour humain: capable de fleurir et plein de vie à une heure du jour, et immédiatement après de se flétrir et de mourir; ce qu’il se procure lui échappe toujours (cfr. Platon, Le Banquet, 203). Il y a une expression du prophète Osée qui saisit de façon impitoyable la faiblesse innée de notre amour: «Votre amour est comme la nuée du matin, comme la rosée qui tôt se dissipe» (6, 4). Voilà ce qu’est souvent notre amour: une promesse que l’on a du mal à maintenir, une tentative qui se dessèche vite et s’évapore, un peu comme quand le soleil se lève le matin et emporte la rosée de la nuit.
Combien de fois nous, hommes, avons aimé de cette façon si faible et intermittente. Nous en avons tous fait l’expérience: nous avons aimé, mais ensuite, cet amour a disparu ou s’est affaibli. Désireux d’aimer, nous nous sommes ensuite heurtés à nos limites, à la pauvreté de nos forces: incapables de maintenir une promesse qui, aux jours de grâce, nous semblait facile à réaliser. Au fond, l’apôtre Pierre lui aussi a eu peur et a dû fuir. L’apôtre Pierre n’a pas été fidèle à l’amour de Jésus. Il y a toujours cette faiblesse qui nous fait tomber. Nous sommes des mendiants qui, sur le chemin, risquent de ne jamais trouver complètement ce trésor qu’ils cherchent depuis le premier jour de leur vie: l’amour.
Mais il existe un autre amour, celui du Père «qui est aux cieux». Personne ne doit douter d’être destinataire de cet amour. Il nous aime. «Il m’aime», pouvons-nous dire. Même si notre père et notre mère ne nous ont pas aimé — une hypothèse historique — il y a un Dieu dans les cieux qui nous aime comme personne sur cette terre ne l’a jamais fait et ne pourra jamais le faire. L’amour de Dieu est constant. Le prophète Isaïe dit: «Une femme oublie-t-elle son petit enfant, est-elle sans pitié pour le fils de ses entrailles? Même si les femmes oubliaient, moi, je ne t’oublierai pas. Vois, je t’ai gravée sur les paumes de mes mains» (49, 15-16). Aujourd’hui, le tatouage est à la mode: «Je t’ai gravée sur les paumes de mes mains». J’ai fais un tatouage de toi sur mes mains. Ainsi, je suis dans les mains de Dieu, et je ne peux pas l’enlever. L’amour de Dieu est comme l’amour d’une mère, que l’on ne peut jamais oublier. Et si une mère oublie? «Moi je n’oublierai pas», dit le Seigneur. Voilà l’amour parfait de Dieu, c’est ainsi que nous sommes aimés de Lui. Même si tous nos amours terrestres s’écroulaient et s’il ne nous restait que de la poussière dans les mains, il y a toujours pour nous tous, ardent, l’amour unique et fidèle de Dieu.
Dans la faim d’amour que nous ressentons tous, ne cherchons pas quelque chose qui n’existe pas: celle-ci est en revanche l’invitation à connaître Dieu qui est le Père. La conversion de saint Augustin, par exemple, est passée par cette ligne de crête: le jeune et brillant orateur cherchait simplement parmi les créatures quelque chose qu’aucune créature ne pouvait lui donner, jusqu’à ce qu’un jour, il eut le courage de lever le regard. Et ce jour-là, il connut Dieu. Dieu qui aime.
L’expression «aux cieux» ne veut pas exprimer un éloignement, mais une diversité radicale d’amour, une autre dimension d’amour, un amour inlassable, un amour qui restera toujours, et même qui est toujours à portée de main. Il suffit de dire «Notre Père qui es aux cieux», et cet amour vient.
C’est pourquoi, n’ayez pas peur! Aucun de nous n’est seul. Même si par malheur, ton père terrestre t’avait oublié et que tu avais de la rancœur pour lui, l’expérience fondamentale de la foi chrétienne ne t’est pas niée: celle de savoir que tu es le fils bien-aimé de Dieu, et qu’il n’y a rien dans la vie qui puisse éteindre son amour passionné pour toi.
Je salue cordialement les personnes de langue française, en particulier les jeunes venus de France et les pèlerins venus de Suisse et de Monaco. Je vous invite, à l’occasion de votre pèlerinage à Rome, à refaire l’expérience de cet immense amour paternel que Dieu a pour nous afin de le faire découvrir aux autres. Que Dieu vous bénisse !

JEAN PAUL II – LA FÊTE DES AMIS DE DIEU – Lecture: Ps 149 (2001)

26 février, 2019

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Le roi David joue de la harpe

JEAN PAUL II – LA FÊTE DES AMIS DE DIEU – Lecture: Ps 149 (2001)

AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercredi 23 mai 2001

1.  » Les siens jubilent de gloire, ils acclament depuis leur place ». Cet appel du Psaume 149, qui vient d’être proclamé, renvoie à une aube qui va poindre et qui voit les fidèles prêts à entonner leur louange du matin. Cette louange est définie à travers une expression significative, « un chant nouveau » (v. 1), c’est-à-dire un hymne solennel et parfait, adapté aux jours de la fin, lorsque le Seigneur rassemblera les justes dans un monde renouvelé. Tout le Psaume est parcouru par une atmosphère de fête, déjà inaugurée par l’alleluia du début et ensuite rythmée par le chant, la louange, la joie, la danse, le son des tambours et des harpes. La prière que ce Psaume inspire est l’action de grâce d’un coeur comblé de joie religieuse.
2. Les protagonistes du Psaume sont appelés, dans l’original hébreux de l’hymne, par deux termes caractéristiques de la spiritualité de l’Ancien Testament. Ils sont tout d’abord définis trois fois comme des hasidim (vv. 1.5.9.), c’est-à-dire « les pieux, les fidèles », ceux qui répondent avec fidélité et amour (hesed) à l’amour paternel du Seigneur.
La seconde partie du Psaume surprend, car elle est remplie d’images guerrières. Il nous semble étrange que, dans un même verset, le Psaume réunisse « les éloges de Dieu à pleine gorge » et « à pleines mains l’épée à deux tranchants » (v. 6). En réfléchissant, nous pouvons en comprendre le pourquoi: le Psaume fut composé pour des « fidèles » qui se trouvaient engagés dans une lutte de libération; ils combattaient pour libérer leur peuple opprimé et lui rendre la possibilité de servir Dieu. Au cours de l’époque des Maccabées, au IIème siècle avant Jésus-Christ, les combattants pour la liberté et pour la foi, soumis à une dure répression de la part du pouvoir héllenistique, s’appelaient précisément hasidim, « les fidèles » à la Parole de Dieu et aux traditions des Pères.
3. Dans la perspective actuelle de notre prière, cette symbolique guerrière devient une image de notre engagement de croyants qui, après avoir chanté à Dieu la louange du matin, partent sur les routes du monde, affrontant le mal et l’injustice. Malheureusement, les forces qui s’opposent au Royaume de Dieu sont imposantes: le Psalmiste parle de « peuples, nations, rois et notables ». Pourtant il est confiant, car il sait qu’à ses côtés se trouve le Seigneur qui est le vrai Roi de l’histoire (v. 2). Sa victoire sur le mal est donc certaine et ce sera le triomphe de l’amour. Tous les hasidim participent à cette lutte, tous les fidèles et les justes qui, avec la force de l’Esprit, mènent à bien l’oeuvre admirable qui porte le nom de Royaume de Dieu.
4. Saint Augustin, en partant des références du Psaume au « choeur » et aux « tambours et aux harpes », commente: « Qu’est-ce que représente un choeur? [...] Le choeur est un ensemble de chanteurs qui chantent ensemble. Si nous chantons en choeur, nous devons chanter en accord. Lorsque l’on chante en choeur, une seule voix qui chante faux blesse l’auditeur et sème la confusion dans le choeur lui-même » (Enarr. in Ps. 149: CCL 40, 7, 1-4).
Faisant ensuite référence aux instruments utilisés par le Psalmiste, il se demande: « Pourquoi le Psalmiste prend-il en main le tambour et le psaltérion? ». Il répond: « Pour que la voix ne soit pas seule à louer le Seigneur, mais également les oeuvres. Lorsque l’on prend le tambour et la harpe, les mains s’accordent avec la voix. Il en est de même pour toi. Quand tu chantes l’alleluia, tu dois présenter le pain à l’affamé, vêtir celui qui est nu, accueillir le pèlerin. Si tu fais cela, ce n’est pas la voix seule qui chante, mais les mains s’harmonisent à la voix, dans la mesure où les paroles concordent avec les oeuvres » (Ibid., 8, 1-4).
5. Un deuxième terme définit les protagonistes de ce Psaume: ce sont les anawim, c’est-à-dire les « pauvres, les humbles » (v. 4). Cette expression est très fréquente dans le Psautier et indique non seulement les opprimés, les misérables, ceux qui sont persécutés pour la justice, mais également ceux qui, étant fidèles aux engagements moraux de l’Alliance avec Dieu, sont marginalisés par ceux qui choisissent la violence, la richesse et la puissance. Dans cette perspective, on comprend que les « pauvres » ne représentent pas seulement une catégorie sociale, mais un choix spirituel. Tel est le sens de la première et célèbre Béatitude: « Heureux ceux qui ont une âme de pauvre, car le Royaume des cieux est à eux » (Mt 5, 3). Le prophète Sophonie s’adressait déjà ainsi aux anawim: « Cherchez Yahvé, vous tous les humbles de la terre, qui accomplissez ses ordonnances. Cherchez la justice, cherchez l’humilité: peut-être serez-vous à l’abri au jour de la colère de Yahvé » (So 2, 3).
6. Le « jour de la colère de Yahvé » est précisément celui qui est décrit dans la seconde partie du psaume lors-que les « pauvres » se rangent du côté de Dieu pour lutter contre le mal. Seuls, ces derniers n’ont pas la force suffisante, ni les moyens, ni les stratégies nécessaires pour s’opposer à l’irruption du mal. Pourtant, la phrase du Psalmiste n’admet pas d’hésitations: « Car Yahvé se complaît en son peuple, de salut il pare les humbles (anawim) » (v. 4). De façon idéale se dessine ce que l’Apôtre Paul déclare aux Corinthiens: « Ce qui dans le monde est sans naissance et ce qu’on méprise, voilà ce que Dieu a choisi; ce qui n’est pas, pour réduire à rien ce qui est » (1 Co 1, 28).
Avec cette certitude, « les fils de Sion » (v. 2), hasidim et anawim, c’est-à-dire les fidèles et les pauvres, partent pour vivre leur témoignage dans le monde et dans l’histoire. Le chant de Marie dans l’Evangile de Luc – le Magnificat – est l’écho des meilleurs sentiments des « fils de Sion »: louange joyeuse au Dieu Sauveur, action de grâce pour les merveilles accomplies en elle par le Tout Puissant, lutte contre les forces du mal, solidarité avec les pauvres, fidélité au Dieu de l’Alliance (cf. Lc 1, 46-55).

HOMÉLIE POUR LE 7E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE ANNÉE C : « LA RÈGLE D’OR »

22 février, 2019

http://www.hgiguere.net/Homelie-pour-le-7e-dimanche-du-temps-ordinaire-Annee-C-La-regle-d-or_a880.html

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HOMÉLIE POUR LE 7E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE ANNÉE C : « LA RÈGLE D’OR »

Textes: 1 Samuel 26, 2.7-9.12-13.22-23, 1 Corinthiens 15, 45-49 et Luc 6, 27-38.

Je ne sais si vous êtes comme moi. À chaque fois que j’entends le passage de l’évangile que je viens de lire, les images qui disent de présenter l’autre joue ou de donner son manteau ainsi que l’invitation à aimer ses ennemis m’accrochent et me dérangent même. Je me suis donc arrêté longuement pour relire et méditer ce passage.
En faisant cet effort, j’ai découvert que la série de recommandations de Jésus qui font partie de ce qu’on a appelé le Discours ou le Sermon sur la montagne et qui suivent la proclamation des béatitudes que nous avons méditée dimanche dernier est soutenue et s’appuie sur une règle précise qu’on a appelé la règle d’or. Commençons par celle-ci puis nous reviendrons aux invitations percutantes de Jésus.

I – La règle d’or
Cette règle d’or que Jésus reprend à son compte se trouvait déjà dans l’Ancien Testament (Tobie 4, 15) et dans les cultures profanes comme celle des Grecs. Elle s’énonce comme ceci. « Tu ne fais pas aux autres ce que tu ne voudrais pas qu’ils te fassent ». Cette phrase a traversé les siècles et je l’ai entendue répétée souvent par mes parents qui y attachaient une grande importance dans l’éducation de leurs enfants.
Remarquez toutefois que Jésus ajoute ici quelque chose à la formulation traditionnelle. Il ne dit pas seulement « Tu ne fais pas aux autres ce que tu ne voudrais pas qu’ils te fassent », mais il conseille d’être proactif et d’agir en conséquence : « Ce que vous voulez que les autres fassent pour vous, faites-le aussi pour eux ». Jésus propose ainsi une règle de vie dynamique et active. Il ne s’agit plus seulement de trouver la bonne attitude, mais il s’agit de la vivre concrètement et de la répandre autour de soi.
Jésus explicitera à la fin du texte de saint Luc des occasions où on peut le faire : « Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux. Ne jugez pas, et vous ne serez pas jugés ; ne condamnez pas, et vous ne serez pas condamnés. Pardonnez, et vous serez pardonnés. Donnez, et l’on vous donnera ». Cette liste n’est pas exhaustive. Elle demeure ouverte.
Voilà une règle de vie qu’on appelée à juste titre une règle d’or. Si tout le monde la mettait en pratique, les relations seraient complètement changées entre les personnes, entre les groupes, entre les nations, entre les états. Hélas, elle demeure, malgré sa beauté, un idéal jamais atteint.

II – L’idéal chrétien
Mais Jésus va plus loin dans l’idéal qu’il propose. C’est là que les images du soufflet sur la joue ou de la tunique ainsi que l’amour des ennemis nous interpellent.
Est-ce qu’on laisse tomber ces invitations comme des figures de style qui ne sont que des images ? Ou est-ce que ces invitations ont pour Jésus un sens relié à sa mission et, si oui, alors comment les mettre en pratique ?
S’en remettre purement et simplement aux figures de styles serait, je pense, priver les invitations de jésus de leur radicalité et de leur nouveauté. En effet, avec les invitations en cause, Jésus veut sortir ses disciples de la dynamique des relations communes et les inviter à se situer sur un autre registre dans leurs relations humaines comme il le fait lui-même lorsqu’il privilégie les petits, les pauvres, les personnes méprisées etc.
Ainsi le disciple de Jésus n’abandonnera jamais personne. Il sera prêt à aller au-delà de ce qui est requis et même de ce qui est juste et normal, car il sait que Dieu est présent dans ceux et celles qu’il rencontre. Ainsi l’ennemi ne peut être mis de côté ni le persécuteur. Le disciple est invité à aller plus loin que la réponse habituelle. Si nécessaire. Les images retenues sont là pour soutenir cette invitation. Voilà l’idéal chrétien, le code moral chrétien.
L’épisode raconté dans la première lecture où David épargne le roi Saül, alors qu’il est entre ses mains, nous est comme une préfiguration de ce que Jésus attend de ses disciples et il nous donne un avant-goût de l’idéal qu’ils sont appelés à vivre.
Un exemple plus près de nous est celui de saint Jean-Paul II qui est allé rencontrer celui qui avait tenté de l’assassiner le 13 mai 1981 pour lui apporter son pardon.

III – Application
Sommes-plus avancés après ces quelque mots de réflexion sur les invitations de ce matin ? Je l’espère car mes réflexions avaient pour but de pointer vers ce que les disciples de Jésus font et vivent dans leurs relations avec les autres. En effet, la loi fondamentale du Royaume de Dieu que Jésus est venu instaurer c’est l’amour fraternel, le « Aimez-vous les uns les autres » (cf. Jean 15, 12-13).
La règle d’or ne peut se séparer de cette règle fondamentale de l’amour des autres qui ouvre sur des exigences sans cesse à découvrir. Dans notre temps, les visages d’autrui sont connus de mille façons et, grâce aux réseaux sociaux et aux moyens de communication modernes, les chrétiens sont mis en face des besoins de toutes sortes qui surgissent un peu partout. Le pape François met au premier plan ceux des personnes réfugiées et démunies de toutes sortes.
La prière que je vous invite à faire est celle de demander à Dieu de purifier notre regard et de le transformer par sa grâce. Nous avons besoin de cette action de Dieu car sans lui nous ne pouvons arriver à vivre l’idéal du Royaume de Dieu, ni même à nous en approcher car nous sommes toujours de pauvres pécheurs.
Le pape François aime à demander aux fidèles de prier pour lui car il se reconnaît volontiers pécheur et ayant besoin de l’aide de Dieu en tout, pour lui et pour son ministère au service de l’Église. Ayons nous aussi, ce matin, la même humilité face aux invitations de Jésus et disons-lui du fond du cœur comme l’a fait l’apôtre Pierre : « Sans toi, Seigneur nous ne pouvons rien faire ». (cf. Jean 15, 4-5)

Conclusion
Le Discours ou Sermon sur la montagne que nous lisons ces dimanches-ci dans la présentation de saint Luc n’a pas vieilli. Il conserve toute son actualité pour nous. Les disciples de Jésus sont toujours, comme lui, en marche et les paroles de l’évangile de saint Luc nous interpellent sans cesse.
Nous trouvons dans l’Eucharistie la nourriture et le soutien pour nous accompagner dans cette marche à la suite de Jésus. Son Corps et son Sang sont l’aliment qu’Il nous faut pour continuer notre route. Approchons avec confiance pour recevoir le Corps du Christ au moment de la communion et disons-lui notre volonté de le suivre généreusement et d’être ainsi « à l’image de celui qui vient du ciel », comme le souhaite saint Paul à la fin de la deuxième lecture.

Amen!

Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l’Université Laval
Séminaire de Québec

PAPE FRANÇOIS – Catéchèse sur le « Notre Père »: 6. Notre père à tous – 13 février 2019

20 février, 2019

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fr madonna e bimbo

Marie et l’enfant Jesus

PAPE FRANÇOIS – Catéchèse sur le « Notre Père »: 6. Notre père à tous – 13 février 2019

AUDIENCE GÉNÉRALE

Salle Paul VI

Chers frères et sœurs, bonjour!

Nous continuons notre parcours pour apprendre toujours mieux à prier comme Jésus nous l’a enseigné. Nous devons prier comme Il nous a enseigné à le faire.
Il a dit: quand tu pries, entre dans le silence de ta chambre, retire-toi du monde et adresse-toi à Dieu en l’appelant «Père!». Jésus veut que ses disciples ne soient pas comme les hypocrites qui prient en se tenant droits debout sur les places pour être admirés des gens (cf. Mt 6, 5). Jésus ne veut pas d’hypocrisie. La véritable prière est celle qui s’accomplit dans le secret de la conscience, du cœur: insondable, visible uniquement à Dieu. Dieu et moi. Celle-ci a horreur du mensonge: avec Dieu il est impossible de feindre. C’est impossible, devant Dieu, il n’y a aucun subterfuge qui tienne, Dieu nous connaît ainsi, nus dans notre conscience, et on ne peut pas feindre. A la racine du dialogue avec Dieu, il y a un dialogue silencieux, comme un échange de regards entre deux personnes qui s’aiment: l’homme et Dieu croisent leur regard, et cela est une prière. Regarder Dieu et se laisser regarder par Dieu: cela est prier. «Mais, père, moi je ne prononce pas de paroles…». Regarde Dieu et laisse-toi regarder par Lui: c’est une prière, une belle prière!
Pourtant, bien que la prière du disciple soit entièrement confidentielle, elle ne tombe jamais dans l’intimisme. Dans le secret de la conscience, le chrétien ne laisse pas le monde derrière la porte de sa chambre, mais porte dans son cœur les personnes et les situations, les problèmes, tant de choses, il les porte toutes dans la prière.
Il y a une absence frappante dans le texte du «Notre Père». Si je vous demandais à vous quelle est l’absence frappante dans le texte du «Notre Père»? Il ne sera pas facile de répondre. Il manque un mot. Réfléchissez tous: que manque-t-il dans le «Notre Père»? Réfléchissez, que manque-t-il? Un mot. Un mot dont de nos jours — mais peut-être toujours — chacun fait grand cas. Quel est le mot qui manque dans le «Notre Père» que nous prions tous les jours? Pour gagner du temps, je vais vous le dire: il manque le mot: «je». On ne dit jamais «je». Jésus enseigne à prier en ayant sur les lèvres avant tout le «Tu», parce que la prière chrétienne est dialogue; «que ton nom soit sanctifié, que ton règne vienne, que ta volonté soit faite». Non pas mon nom, mon règne, ma volonté. Pas moi, cela ne va pas. Puis on passe au «nous». Toute la deuxième partie du «Notre Père» est déclinée à la première personne du pluriel: «Donne-nous notre pain de ce jour, pardonne-nous nos offenses, et ne nous laisse pas entrer en tentation, délivre-nous du mal». Même les requêtes les plus élémentaires de l’homme — comme celles d’avoir de la nourriture pour rassasier la faim — sont toutes au pluriel. Dans la prière chrétienne, personne ne demande le pain pour soi: donne-moi le pain de ce jour, non, donne-nous, il le supplie pour tous les pauvres du monde. Il ne faut pas oublier cela, il manque le mot «je». On prie avec le tu et avec le nous. C’est un bon enseignement de Jésus. Ne l’oubliez pas.
Pourquoi? Parce qu’il n’y a pas de place pour l’individualisme dans le dialogue avec Dieu. Il n’y a pas d’ostentation de ses problèmes comme si nous étions les seuls au monde à souffrir. Il n’y a pas de prière élevée à Dieu qui ne soit la prière d’une communauté de frères et sœurs, le nous: nous sommes en communauté, nous sommes frères et sœurs, nous sommes un peuple qui prie, «nous». Un jour, l’aumônier d’une prison m’a posé une question: «Dites-moi, père, quel est le contraire de “je”?». Et moi, ingénu, je lui ai dit: «Tu». «C’est le début de la guerre. Le contraire de “je” est “nous”, où il y a la paix, tous ensemble». C’est un bel enseignement que j’ai reçu de ce prêtre.
Dans la prière, un chrétien porte toutes les difficultés des personnes qui vivent près de lui: quand descend le soir, il raconte à Dieu les douleurs qu’il a rencontrés ce jour-là; il place devant lui de nombreux visages, amis et aussi hostiles. Si l’on ne se rend pas compte qu’autour de soi, il y a tant de personnes qui souffrent, si l’on n’a pas pitié pour les larmes des pauvres, si l’on est habitué à tout, alors cela signifie que notre cœur… comment est-il? Flétri? Non, pire, il est de pierre. Dans ce cas, il est bon de supplier le Seigneur pour qu’il nous touche avec son Esprit et qu’il attendrisse notre cœur: «Attendris, Seigneur, mon cœur». C’est une belle prière: «Seigneur, attendris mon cœur, afin qu’il puisse comprendre et se charger de tous les problèmes, toutes les douleurs d’autrui». Le Christ n’est pas passé indemne à côté des misères du monde: chaque fois qu’il percevait une solitude, une douleur du corps ou de l’esprit, il éprouvait un profond sentiment de compassion, comme les viscères d’une mère. Ce «sentiment de compassion» — n’oublions pas ce mot si chrétien: ressentir de la compassion — est un des verbes-clés de l’Evangile: c’est ce qui pousse le bon samaritain à s’approcher de l’homme blessé sur le bord de la route, contrairement aux autres qui ont le cœur dur.
Nous pouvons nous demander: quand je prie, est-ce que je m’ouvre au cri de nombreuses personnes proches et lointaines? Ou bien est-ce que je pense à la prière comme à une sorte d’anesthésie, pour pouvoir être plus tranquille? Je pose la question, que chacun y réponde. Dans ce cas, je serais victime d’un terrible équivoque. Certes, ma prière ne serait plus une prière chrétienne. Parce que ce «nous», que Jésus nous a enseigné, m’empêche d’être en paix seul, et me fait sentir responsable de mes frères et sœurs.
Il y a des hommes qui, apparemment, ne cherchent pas Dieu, mais Jésus nous fait prier aussi pour eux, parce que Dieu cherche ces personnes plus que toutes. Jésus n’est pas venu pour les bien-portants, mais pour les malades, pour les pécheurs (cf. Lc 5, 31) — c’est-à-dire pour tous, parce que qui pense être bien-portant, en réalité, ne l’est pas. Si nous travaillons pour la justice, ne nous sentons pas meilleurs que les autres: le Père fait lever son soleil sur les bons et sur les méchants (cf. Mt 5, 45). Le Père aime tous! Nous apprenons de Dieu qu’il est toujours bon avec tous, contrairement à nous qui réussissons à être bons uniquement avec certains, avec ceux qui nous plaisent.
Frères et sœurs, saints et pécheurs, nous sommes tous aimés par le même Père. Et, au soir de la vie, nous serons jugés sur l’amour, sur la façon dont nous avons aimé. Non pas un amour uniquement sentimental, mais compatissant et concret, selon la règle évangélique — ne l’oubliez pas! — «dans la mesure où vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait» (Mt 25, 40). C’est ce que dit le Seigneur. Merci.
Je salue les pèlerins venus de France et de Belgique, en particulier les séminaristes de Lorraine avec leur évêque, Monseigneur Jean-Christophe Lagleize, et tous les jeunes présents. Je vous invite à prendre chaque jour un moment pour prier afin d’ouvrir votre cœur à Dieu et aux autres. Que Jésus soit votre guide sur le chemin de la prière ! Bon pèlerinage à tous.

 

« LA BEAUTÉ, LA NOSTALGIE DE DIEU » – Joseph Ratzinger (2002)

19 février, 2019

http://webcache.googleusercontent.com/search?q=cache:z6qCbM075yYJ:www.ism-regalita.it/Testi/bellezza_nostalgia_di_Dio.rtf+&cd=13&hl=it&ct=clnk&gl=it

fr monte tabor - Copia

Mount Tabor

(traduction Google de l’italien)

« LA BEAUTÉ, LA NOSTALGIE DE DIEU » – Joseph Ratzinger (2002)

Nous publions un large extrait de la réflexion théologique que Ratzinger a écrite pour commenter le thème de l’édition 2002 de la réunion de Rimini:

« Le sentiment des choses, la contemplation de la beauté ».

Chaque année, dans la liturgie des heures de carême, il revient à frapper un paradoxe que l’on retrouve dans les vêpres le lundi de la deuxième semaine du psautier. Ici, côte à côte, il y a deux antiennes, l’une pour le carême, l’autre pour la semaine sainte. Tous deux introduisent le Psaume 44, mais ils anticipent une clé d’interprétation complètement opposée. C’est le psaume qui décrit le mariage du roi, sa beauté, ses vertus, sa mission et se transforme ensuite en une exaltation de la mariée. À l’époque du Carême, le psaume est encadré par le même antienne que le reste de l’année. C’est le troisième verset du psaume qui dit: « Vous êtes le plus beau parmi les fils de l’homme, la grâce se répand sur vos lèvres ». Il est clair que l’Église lit ce psaume comme une représentation poétique et prophétique de la relation conjugale du Christ avec l’Église. Reconnaît le Christ comme le plus beau des hommes; la grâce répandue sur ses lèvres indique la beauté intérieure de sa parole, la gloire de sa proclamation. Ainsi, ce n’est pas simplement la beauté extérieure de l’apparition du Rédempteur qui doit être glorifiée: en lui apparaît plutôt la beauté de la Vérité, la beauté de Dieu lui-même qui nous attire à lui et nous donne en même temps la blessure de l’Amour, le saint. passion (eros) qui nous fait aller à la rencontre, avec et dans l’Église de la mariée, de l’Amour qui nous appelle … la grâce répandue sur ses lèvres indique la beauté intérieure de sa parole, la gloire de sa proclamation. Ainsi, ce n’est pas simplement la beauté extérieure de l’apparition du Rédempteur qui doit être glorifiée: en lui apparaît plutôt la beauté de la Vérité, la beauté de Dieu lui-même qui nous attire à lui et nous donne en même temps la blessure de l’Amour, le saint. passion (eros) qui nous fait aller à la rencontre, avec et dans l’Église de la mariée, de l’Amour qui nous appelle … la grâce répandue sur ses lèvres indique la beauté intérieure de sa parole, la gloire de sa proclamation. Ainsi, ce n’est pas simplement la beauté extérieure de l’apparition du Rédempteur qui doit être glorifiée: en lui apparaît plutôt la beauté de la Vérité, la beauté de Dieu lui-même qui nous attire à lui et nous donne en même temps la blessure de l’Amour, le saint. passion (eros) qui nous fait aller à la rencontre, avec et dans l’Église de la mariée, de l’Amour qui nous appelle …
Qui croit en Dieu, le Dieu qui s’est manifesté dans les traits altérés du Christ crucifié comme amour « jusqu’au bout » (Jn 13, 1) sait que la beauté est la vérité et que la vérité est la beauté, mais dans le Christ souffrant, il apprend de plus, la beauté de la vérité inclut l’infraction, la douleur et, oui, même le mystère obscur de la mort, et elle ne peut être trouvée que dans l’acceptation de la douleur et non dans son ignorance.
Une première prise de conscience du fait que la beauté a à voir avec la douleur est certainement aussi présente dans le monde grec. Pensons, par exemple, au « Fedro » de Platon. Platon considère la rencontre avec la beauté comme ce choc émotionnel sain qui chasse l’homme de lui-même, « l’excite » en l’attirant vers autre chose. Comme le dit Platon, l’homme a perdu pour lui sa perfection d’origine conçue. Maintenant, il recherche continuellement la forme de guérison primigéniale. Je me souviens de la nostalgie et l’incite à la recherche, et la beauté l’arrache de l’habitat quotidien. Cela le fait souffrir. On pourrait dire, au sens platonicien, que la rayure de la nostalgie frappe l’homme, ça lui fait mal et de cette manière il met ses ailes, le relève vers le haut …
La beauté fait mal, mais c’est précisément ainsi qu’elle rappelle à l’homme son destin ultime … Etre frappé et vaincu à travers la beauté du Christ est une connaissance plus réelle et plus profonde de la simple déduction rationnelle …
La rencontre avec la beauté peut devenir le coup de la fléchette qui blesse l’âme et ouvre ainsi les yeux, de sorte que l’âme, à partir de l’expérience, a des critères de jugement et est également capable de évaluer les sujets correctement. Pour moi, le concert de Bach dirigé par Leonard Bernstein à Munich après la mort prématurée de Karl Richter reste une expérience inoubliable. J’étais assis à côté de l’évêque évangélique Hanselmann. Lorsque la dernière note de l’un des grands Thomas-Kantor-Kantaten s’est éteinte de façon triomphale, nous avons tourné notre regard spontanément l’un vers l’autre et tout aussi spontanément, nous avons dit: – « Qui a entendu cela, sait que la foi est vraie ». Dans cette musique était perçue une force si extraordinaire de la réalité actuelle à réaliser, non plus par déductions, mais par le choc du cœur, cela ne pourrait pas provenir de rien, mais ne pourrait naître que grâce au pouvoir de la vérité qui se concrétise dans l’inspiration du compositeur. Et la même chose ne se voit-elle pas lorsque nous nous laissons émouvoir par l’icône de la Trinité de Rublëv? Dans l’art des icônes, ainsi que dans les grandes œuvres picturales romanes et gothiques occidentales, l’expérience décrite par Kabasilas, à partir de l’intériorité, est devenue visible et participative. Pavel Evdokimov a indiqué de manière si significative quel cheminement interne l’icône présuppose. L’icône n’est pas simplement la reproduction de ce qui est perceptible avec les sens, mais présuppose plutôt, comme il l’affirme, un « jeûne de la vue ». La perception intérieure doit se libérer de la simple impression des sens et, dans la prière et l’ascèse, acquérir une capacité nouvelle et plus profonde de voir, de faire la transition de ce qui est simplement extérieur à la profondeur de la réalité, de sorte que l’artiste voie ce les sens en tant que tels ne voient pas et ce qui apparaît toutefois dans le sensible: la splendeur de la gloire de Dieu, la « gloire de Dieu sur la face du Christ » (2 Cor 4: 6). Admirer les icônes, et en général les grandes peintures de l’art chrétien, nous conduit par un chemin intérieur, une manière de nous dépasser et donc, dans cette purification du regard, qui est une purification du cœur, nous révèle la beauté, ou au moins un rayon de celui-ci. C’est précisément ainsi que cela nous met en relation avec le pouvoir de la vérité. J’ai déjà souvent affirmé être convaincu que la véritable apologie de la foi chrétienne, la preuve la plus convaincante de sa vérité, contre toute négation, concerne d’une part les saints, d’autre part la beauté que la foi a générée. Pour que la foi grandisse aujourd’hui, nous devons nous-mêmes et les hommes que nous rencontrons à rencontrer les saints, à entrer en contact avec la beauté.
Mais maintenant, nous n’avons pas encore répondu à une objection. Nous avons déjà rejeté l’affirmation selon laquelle ce qui a été préconisé jusqu’ici constituerait une évasion dans l’irrationnel, dans un pur esthétisme. Au contraire, le contraire est vrai: c’est précisément ainsi que la raison est libérée de sa torpeur et rendue capable d’agir. Aujourd’hui, une autre objection a plus de poids: le message de la beauté est complètement remis en question par le pouvoir du mensonge, de la séduction, de la violence, du mal. La beauté peut-elle être authentique ou est-ce finalement une illusion? La réalité n’est-elle pas vraiment mauvaise? La peur qui, en fin de compte, n’est pas le fil de la beauté qui nous mène à la vérité, mais que le mensonge, ce qui est laid et vulgaire, constitue la véritable « réalité » a angoissé les hommes de tous les temps. Dans le présent, il trouve son expression dans la déclaration selon laquelle, après Auschwitz, il ne serait plus possible de faire de la poésie, mais après, Auschwitz ne pourrait plus parler d’un bon Dieu. On se demande: où était Dieu quand les fours crématoires fonctionnaient? Or, cette objection, pour laquelle des raisons suffisantes existaient même avant Auschwitz, dans toutes les atrocités de l’histoire, indique en tout cas qu’un concept purement harmonieux de la beauté n’est pas suffisant. Elle ne résiste pas à la gravité de la question de Dieu, de la vérité et de la beauté. Apollon, qui pour Socrates de Platon était « le Dieu » et le garant de la beauté imperturbable en tant que « véritablement divin », n’est plus assez suffisant. De cette façon, nous retournons aux « deux trompettes » de la Bible à partir de laquelle nous avions commencé, au paradoxe selon lequel on peut dire que le Christ est « Vous êtes le plus beau des fils de l’homme » et « Il n’a aucune apparence ni beauté … son visage est défiguré par la douleur ». Dans la passion du Christ, l’esthétique grecque, si digne d’admiration pour son contact actuel avec le divin, qui reste innommable, n’est pas supprimée, mais dépassée. L’expérience de la beauté a reçu une nouvelle profondeur, un nouveau réalisme. Celui qui est la Beauté elle-même s’est laissé frapper au visage, cracher dessus, couronne d’épines – le Saint Suaire de Turin peut nous faire imaginer tout cela d’une manière touchante. Mais justement dans ce visage défiguré, apparaît la beauté authentique et extrême: la beauté de l’amour qui se termine « au bout » et cela, précisément en cela, elle se révèle plus forte que le mensonge et la violence. Qui a perçu cette beauté sait que la vérité, et non le mensonge, est la dernière instance du monde. Ce n’est pas le mensonge qui est « vrai », mais la vérité. C’est, pour ainsi dire, un nouveau tour de menteur pour se présenter comme « vérité » et nous dire: au-delà de moi, il n’y a rien du tout, arrêtez de chercher la vérité ou même aimez-la; Ce faisant, vous êtes sur le mauvais chemin. L’icône du Christ crucifié nous libère de cette déception qui sévit aujourd’hui. Cependant, cela pose comme condition que nous nous permettions d’être blessés avec lui et que nous croyions en l’Amour, qui peut risquer de déposer une beauté extérieure pour annoncer, précisément de cette manière, la vérité de la beauté … Qui a perçu cette beauté sait que la vérité, et non le mensonge, est la dernière instance du monde. Ce n’est pas le mensonge qui est « vrai », mais la vérité. C’est, pour ainsi dire, un nouveau tour de menteur pour se présenter comme « vérité » et nous dire: au-delà de moi, il n’y a rien du tout, arrêtez de chercher la vérité ou même aimez-la; Ce faisant, vous êtes sur le mauvais chemin. L’icône du Christ crucifié nous libère de cette déception qui sévit aujourd’hui. Cependant, cela pose comme condition que nous nous permettions d’être blessés avec lui et que nous croyions en l’Amour, qui peut risquer de déposer une beauté extérieure pour annoncer, précisément de cette manière, la vérité de la beauté … Qui a perçu cette beauté sait que la vérité, et non le mensonge, est la dernière instance du monde. Ce n’est pas le mensonge qui est « vrai », mais la vérité. C’est, pour ainsi dire, un nouveau tour de menteur pour se présenter comme « vérité » et nous dire: au-delà de moi, il n’y a rien du tout, arrêtez de chercher la vérité ou même aimez-la; Ce faisant, vous êtes sur le mauvais chemin. L’icône du Christ crucifié nous libère de cette déception qui sévit aujourd’hui. Cependant, cela pose comme condition que nous nous permettions d’être blessés avec lui et que nous croyions en l’Amour, qui peut risquer de déposer une beauté extérieure pour annoncer, précisément de cette manière, la vérité de la beauté … L’icône du Christ crucifié nous libère de cette déception qui sévit aujourd’hui. Cependant, cela pose comme condition que nous nous permettions d’être blessés avec lui et que nous croyions en l’Amour, qui peut risquer de déposer une beauté extérieure pour annoncer, précisément de cette manière, la vérité de la beauté … L’icône du Christ crucifié nous libère de cette déception qui sévit aujourd’hui. Cependant, cela pose comme condition que nous nous permettions d’être blessés avec lui et que nous croyions en l’Amour, qui peut risquer de déposer une beauté extérieure pour annoncer, précisément de cette manière, la vérité de la beauté …
Qui n’a pas connu la phrase tant citée de Dostoïevski: « La beauté nous sauvera? » Cependant, dans la plupart des cas, nous oublions que Dostoïevski entend ici la beauté rédemptrice du Christ. Nous devons apprendre à le voir. Si nous le connaissons non seulement par des mots, mais que nous sommes frappés par le signe de sa beauté paradoxale, nous faisons réellement sa connaissance et nous le connaissons, non seulement pour en avoir entendu parler par d’autres. Nous avons ensuite rencontré la beauté de la vérité, de la vérité rédemptrice. Rien ne peut nous mettre plus en contact avec la beauté du Christ lui-même que le monde de la beauté créé par la foi et la lumière qui brille sur le visage des saints, à travers lesquels sa propre lumière devient visible.

 

JEAN-PAUL II – «Connaître» le Père (1999)

18 février, 2019

http://w2.vatican.va/content/john-paul-ii/fr/audiences/1999/documents/hf_jp-ii_aud_17031999.html

imm pens ss. trinità bartolomeo vivarini

Bartolomeo Vivarini, SS. Trinità

JEAN-PAUL II – «Connaître» le Père (1999)

AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercredi 17 mars 1999

Lecture: Jn 17, 1

1. A l’heure dramatique où il s’apprête à affronter la mort, Jésus conclut son grand discours d’adieu (cf. Jn 13sq), en adressant une magnifique prière au Père. Celle-ci peut être considérée comme un testament spirituel dans lequel Jésus remet entre les mains du Père le mandat reçu: faire connaître son amour au monde, à travers le don de la vie éternelle (cf. Jn 17, 2). La vie qu’il offre est expliquée de façon significative comme un don de connaissance. «La vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent toi le seul véritable Dieu et celui que tu as envoyé» (Jn 17, 3).
Dans le langage biblique de l’Ancien et du Nouveau Testament, la connaissance ne concerne pas seulement la sphère intellectuelle, mais implique normalement une expérience vitale qui met en cause la personne humaine dans sa globalité et donc également dans sa capacité à aimer. C’est une connaissance qui fait «rencontrer» Dieu, en se plaçant à l’intérieur de ce processus que la tradition théologique orientale aime à appeler «divinisation» et qui s’accomplit à travers l’action in- térieure et transformante de l’Esprit de Dieu (cf. saint Grégoire de Nysse, Oratio catech. 37: PG 45, 98B). Nous avons déjà traité de ces thèmes au cours de la catéchèse consacrée à l’année de l’Esprit Saint. En retournant maintenant sur la phrase citée par Jésus, nous nous proposons d’approfondir ce que cela signifie de connaître de façon vitale Dieu le Père.
2. On peut connaître Dieu comme père à divers niveaux, selon la perspective dans laquelle on se place, et l’aspect du mystère que l’on considère. Il existe une connaissance naturelle de Dieu à partir de la création: celle-ci conduit à reconnaître en Lui l’origine et la cause transcendante du monde et de l’homme et, dans ce sens, à en ressentir la paternité. Cette connaissance s’approfondit à la lumière progressive de la Révélation, c’est-à-dire sur la base des paroles et des interventions historiques et salvifiques de Dieu (cf. Catéchisme de l’Eglise catholique, n. 287).
Dans l’Ancien Testament, connaître Dieu comme père signifie remonter aux origines du peuple de l’Alliance: «N’est- ce pas lui ton père, qui t’a procréé, lui qui t’a fait et par qui tu subsistes?» (Dt 32, 6). La référence à Dieu en tant que père garantit et conserve l’unité des membres d’une même famille: «N’avons-nous pas tous un Père unique? N’est-ce pas un seul Dieu qui nous a créés?» (Ml 2, 10). On reconnaît Dieu comme père également au moment où il réprimande le fils pour son bien: «car Yahvé reprend celui qu’il aime comme un père le fils qu’il chérit» (Pr 3, 12). Et, bien sûr, un père peut toujours être invoqué dans les moments de découragement: «J’invoquai le Seigneur, Père de mon Seigneur: « Ne m’abandonne pas au jour de l’épreuve, au temps des orgueilleux et de l’abandon »» (Si 51, 10). Dans toutes ces formes, on applique à Dieu par excellence les valeurs qui sont présentes dans la paternité humaine. L’on ressent toutefois qu’il n’est pas possible de connaître à fond le contenu d’une telle paternité divine, sinon dans la mesure où Dieu lui-même la manifeste.
3. Dans les événements de l’histoire du salut se révèle toujours plus l’initiative du Père, qui, à travers son action intérieure, ouvre le cœur des croyants à accueillir le Fils incarné. En connaissant Jésus, ils pourront le connaître Lui aussi, le Père. C’est ce qu’enseigne Jésus lui-même en répondant à Thomas: «Si vous me connaissez vous connaîtrez aussi mon Père» (Jn 14, 7, cf. vv. 7-10).
Il faut donc croire en Jésus et le regarder, lui, lumière du monde, pour ne pas demeurer dans les ténèbres de l’ignorance (cf. Jn 12, 44-46) et pour savoir que sa doctrine vient de Dieu (cf. Jn 7, 17sq). C’est à cette condition qu’il est possible de connaître le Père, en devenant capables de l’adorer «en esprit et en vérité» (Jn 4, 23). Cette connaissance vivante est inséparable de l’amour. Elle est communiquée par Jé- sus, comme il le dit dans sa prière sacerdotale: «Père juste, [...] je leur ai fait connaître ton nom et je le leur ferai connaître, pour que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux» (Jn 17, 25-26).
«Quand nous prions le Père, nous sommes en communion avec Lui et avec son Fils Jésus-Christ. C’est alors que nous Le connaissons et Le reconnaissons dans un émerveillement toujours nouveau» (C.E.C., n. 2781). Connaître le Père signifie donc trouver en lui la source de notre être et de notre unité, en tant que membres d’une unique famille, mais cela signifie aussi s’immerger dans une vie «surnaturelle», la vie même de Dieu.
4. L’annonce du Fils reste donc la voie maîtresse pour connaître et faire connaître le Père; en effet, comme le rappelle une expression suggestive de saint Irénée, «la connaissance du Père est le Fils» (Adv. haer., 4; 6; 7: PG 7, 990B). C’est la possibilité offerte à Israël, mais aussi aux peuples, comme Paul le souligne dans l’Epître aux Romains: «Ou alors Dieu est-il le Dieu des Juifs seulement, et non point des païens? Certes, également des païens; puisqu’il n’y a qu’un seul Dieu, qui justifiera les circoncis en vertu de la foi comme les incirconcis par le moyen de cette foi» (Rm 3, 29sq). Dieu est unique, et est le Père de tous, désireux d’offrir à tous le salut apporté au moyen de son Fils: c’est ce que l’Evangile de Jean appelle le don de la vie éternelle. Ce don a besoin d’être entendu et communiqué, sur la lignée de la reconnaissance qui faisait dire à Paul, dans la seconde Epître aux Thessaloniciens: «Nous devons, quant à nous, rendre grâces à Dieu à tout moment à votre sujet, frères aimés du Seigneur, parce que Dieu vous a choisis dès le com- mencement pour être sauvés par l’Esprit qui sanctifie et la foi en la vérité» (2 Th 2, 13).

HOMÉLIE POUR LE 6E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE ANNÉE C « HEUREUX ÊTES-VOUS… »

15 février, 2019

http://www.hgiguere.net/Homelie-pour-le-6e-dimanche-du-temps-ordinaire-Annee-C-Heureux-etes-vous_a879.html

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HOMÉLIE POUR LE 6E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE ANNÉE C « HEUREUX ÊTES-VOUS… »

En préparant cette homélie sur les béatitudes, j’ai demandé à des amis qu’est-ce qu’ils diraient sur ce texte archiconnu des évangiles. Plusieurs réponses ont surgies. L’une des personnes présentes s’est contenté de dire « Il faut toutes les pratiquer ».
J’ai été surpris de cette réponse, mais, en relisant l’Exhortation du pape François sur la sainteté, j’ai entendu la même chose. En effet, le pape François y présente les béatitudes comme la carte d’identité du chrétien. « Donc, écrit le pape, si quelqu’un d’entre nous se pose cette question, ‘comment fait-on pour parvenir à être un bon chrétien ?’ la réponse est simple : il faut mettre en œuvre, chacun à sa manière, ce que Jésus déclare dans le sermon des béatitudes » (n. 63)
Ce n’est pas surprenant car ce que Jésus déclare dans les béatitudes c’est ce qu’il vit. Les béatitudes ne sont pas un enseignement théorique, mais la façon de vivre sa foi. On en est bien loin parfois, hélas! mais je vais profiter de cette lecture qui vient d’être faite dans la version qu’en donne saint Luc pour partager avec vous quelques réflexions sur chacune des béatitudes et des avertissements que donne Jésus.

I – Considérations générales
Saint Luc présente quatre béatitudes qui commencent par « Heureux… » et cinq avertissements qui commencent par « Vous êtes malheureux si… » Cette présentation vise la vie concrète des gens. Elle les rejoint sur le terrain. Saint Luc veut que la vie des gens soit changée ou améliorée maintenant. Saint Luc mise sur une motivation déjà là. Il s’adresse au disciple de Jésus qui a décidé de prendre son message au sérieux. Il rappelle donc les points où Jésus a mis l’accent pour la vie de ses disciples.
Lorsque qu’on entend les neuf phrases qui font partie de cet exposé que saint Luc met dans la bouche de Jésus, on reconnait l’essentiel du message de Jésus. On n’est pas surpris qu’il se tourne dans cet enseignement vers les pauvres, les démunis, les laissés pour compte et qu’il renvoie les riches les mains vides, car « ce ne sont pas les gens bien portants qui ont besoin du médecin, mais les malades, dira-t-il. Je ne suis pas venu appeler des justes, mais des pécheurs ». (Marc 2, 17)
Passons maintenant à la méditation de chacune des observations de Jésus. Pour la première je me contenterai de citer le pape François dans son Exhortation sur la sainteté.
II – Commentaires de chaque admonition
Heureux, vous les pauvres, car le royaume de Dieu est à vous
« Le mot “heureux” ou “bienheureux”, devient synonyme de “saint”, parce qu’il exprime le fait que la personne qui est fidèle à Dieu et qui vit sa Parole atteint, dans le don de soi, le vrai bonheur » dit le pape François (n. 64). Pour le pape François, la première béatitude nous invite « à une existence austère et dépouillée. De cette façon, [Jésus] nous appelle à partager la vie des plus pauvres, la vie que les Apôtres ont menée, et en définitive à nous configurer à Jésus qui, étant riche, ‘s’est fait pauvre’ (2 Co 8, 9). Être pauvre de cœur, c’est cela la sainteté ! » (n. 70)
Heureux, vous qui avez faim maintenant, car vous serez rassasiés.
Les faims et les soifs humaines ne sont pas seulement matérielles, bien qu’elles soient très présentes aujourd’hui où de nombreuses personnes n’ont pas ce qu’il faut pour survivre, les faims et les soifs humaines sont aussi d’ordre spirituel. Toute personne a besoin d’être reconnue dans sa dignité de personne par tous et partout. Trop de personnes sont encore dépouillées de leur dignité dans diverses circonstances et détruites littéralement. Jésus invite à les soutenir pour qu’elles sortes de ces situations aberrantes et soient prises en charge. C’est ainsi qu’elles commenceront à goûter la vie et pourront en être rassasiés un jour.
Heureux, vous qui pleurez maintenant, car vous rirez.
Cette béatitude a été mal comprise bien souvent. On la lisait comme si elle était une médaille et son envers, comme si la vie était un balancier où tout est blanc ou noir alors qu’elle connaît des peines parfois très grandes mais aussi des joies de toutes sortes. Les peines et les joies heureusement se côtoient et ainsi la personne peut aller toujours plus loin sans se laisser abattre
Heureux êtes-vous quand les hommes vous haïssent et vous excluent, quand ils insultent et rejettent votre nom comme méprisable, à cause du Fils de l’homme.
Cette béatitude s’adresse surtout aux premiers chrétiens pour qui écrivait saint Luc et qui étaient déjà l’objet de la persécution des autorités romaines. Luc leur rappelle ici que Jésus les a assurés qu’ils ne seront jamais laissés seuls et abandonnés. Il leur a garanti sa présence vivante continuelle. Cette présence nous la connaissons, c’est celle de Jésus Ressuscité qui continue de vivre avec ses disciples en les entraînant avec lui vers le Père.
Nous passons maintenant aux cinq admonitions suivantes qui sont comme des avertissements incontournables et des mises en garde à prendre au sérieux pour toute personne qui veut suivre Jésus dans sa vie concrète.
Mais quel malheur pour vous, les riches, car vous avez votre consolation !
Le résultat des richesses mal reçues et mal utilisées c’est l’enfermement du cœur, l’isolement dans son monde et dans son moi. Cet isolement peut créer une forme de bien-être, mais celui-ci sera passager et toujours incomplet. Le vrai bien-être, la vraie consolation, réside dans l’intimité avec Celui qui est notre Seigneur et notre Sauveur.
Quel malheur pour vous qui êtes repus maintenant, car vous aurez faim !
Il s’agit ici de la même dynamique que celle que j’ai décrite pour la richesse. Il s’agit d’un enfermement sur soi qui ne satisfait aucunement les faims humaines. L’abondance matérielle ne peut se substituer à la faim spirituelle qui ne peut être comblée que par Dieu lui-même en qui nous avons la vie, le mouvement et l’être (Actes 17, 28), car il est le souverain bien et l’éternelle nourriture dont nous avons besoin.
Quel malheur pour vous qui riez maintenant, car vous serez dans le deuil et vous pleurerez !
Rire et pleurer : des situations bien fréquentes dans les vies humaines. Ce que cette admonition m’inspire c’est de me poser la question de savoir qu’est-ce qu’Il y a derrière les rires, car Jésus ne condamne sûrement pas la vie épanouie ou les rires devant un enfant qui fait ses premiers pas. De quels rires s’agit-il ici? N’est-ce pas ces rires qui masquent le sérieux de la vie et des choix de vie et qui empêchent l’âme de s’élever vers Celui qui en est l’auteur et de l’en remercier?
Quel malheur pour vous lorsque tous les hommes disent du bien de vous !
Cet avertissement est une mise en garde très pratique. Il est toujours facile de céder à l’éloge et à la flatterie et ainsi de dévier des buts qu’on s’est donné en décidant de suivre Jésus. Il est important de se rappeler que son message n’est pas modelé par les aspirations du monde ambiant, ce que le pape François appelle l’ « esprit mondain ». Il ne faut pas avoir peur d’être à contre-courant.

Conclusion
Voilà en quelques mots, non pas une explication des paroles de Jésus, mais une invitation à les méditer par vous-mêmes, à les intégrer, selon vos possibilités – « chacun à sa manière » dit le pape François – dans vos vies. J’avoue que je suis toujours dérouté, mais aussi interpellé par la lecture de ce texte fondamental des évangiles.
Lorsqu’on le proclame au cours d’une Eucharistie comme on l’a fait ce matin, il prend un sens encore plus profond car il décrit la vie de Celui qui l’a donnée pour nous, qui a vécu pauvre, méprisé, dépouillé et que le Père a ressuscité « d’entre les morts, lui, premier ressuscité parmi ceux qui se sont endormis » comme saint Paul le note dans la deuxième lecture, pour le faire asseoir à sa droite et en faire le Seigneur de nos vies .
Amen!

Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l’Université Laval
Séminaire de Québec

PAPE FRANÇOIS – Chrétiens en trompe-l’œil – 7 novembre 2014

13 février, 2019

http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/cotidie/2014/documents/papa-francesco-cotidie_20141107.html

imm fr serafini e cherubini

les séraphins (il me semble)

PAPE FRANÇOIS – Chrétiens en trompe-l’œil – 7 novembre 2014

MÉDITATION MATINALE EN LA CHAPELLE DE LA MAISON SAINTE-MARTHE

(L’Osservatore Romano, Édition hebdomadaire n° 47 du 20 novembre 2014)

Il y a en circulation des personnes qui n’ont que le prénom de chrétien, mais dont le nom de famille est « mondain ». Ce sont « des païens avec deux touches de peinture », pourtant ils semblent chrétiens quand on les croise à la Messe chaque dimanche ; en réalité ils ont glissé peu à peu dans la tentation de la « médiocrité », au point de considérer « avec orgueil et superbe » les choses terrestres, mais pas « la croix du Christ ». Et c’est précisément contre cette tentation que le Pape a mis en garde. Pour sa méditation, il a rappelé un passage de la lettre de Paul aux Philippiens (3, 17-4,1). Dans le texte on comprend bien que Paul avait déjà parlé de ce problème en diverses autres occasions, car il ajoute : « Je vous l’ai déjà dit plusieurs fois et, à présent, avec les larmes aux yeux je vous le répète. Ceux-ci se comportent en ennemis de la croix du Christ. Imitez ceux-là, mais pas ceux-ci ! ». En substance, ce sont « des chrétiens mondains, des chrétiens de nom, avec deux ou trois choses chrétiennes, mais rien de plus ». Ce sont « des chrétiens païens ». Ils ont « un nom chrétien, mais une vie païenne » ou, pour le dire d’une autre manière, « des païens avec deux touches de peinture du christianisme : ainsi, ils apparaissent comme des chrétiens, mais ils sont païens ». Le Pape a voulu préciser que « ces personnes, nos frères », n’existaient pas qu’à l’époque de Paul. Aujourd’hui aussi « il y en a beaucoup ». C’est précisément parce que ce n’est pas une question circonscrite aux Philippiens de l’époque de Paul, que le Pape a proposé une série d’interrogations concrètes à se poser à soi-même pour un examen de conscience : « À ce point, chacun de nous — moi aussi ! — doit se demander : est-ce que j’ai quelque chose de ces personnes ? Est-ce que j’ai quelque chose de mondain en moi ? Quelque chose de païen ? J’aime me vanter ? J’aime l’argent ? J’aime l’orgueil, la superbe ? Où ai-je mes racines, c’est-à-dire d’où suis-je citoyen ? Du ciel ou de la terre ? Du monde ou de l’esprit mondain ? ». En effet, a-t-il expliqué en citant encore Paul, « notre citoyenneté est dans les cieux et là nous attendons, comme sauveur, le Seigneur Jésus Christ ». Mais la citoyenneté des ennemis de la croix ? L’apôtre répond que « leur sort final sera la perdition ». Donc, a précisé le Pape, « ces chrétiens avec une touche de peinture finiront mal ». Et il est important de regarder vers la fin de manière à observer « où te conduit cette citoyenneté que tu as dans le cœur » : la « citoyenneté mondaine à la ruine ; celle de la croix du Christ à la rencontre avec lui », qui « est si belle ! ». Mais comment se rendre compte si l’on glisse vers la mondanité, vers la citoyenneté mondaine ? François a tout d’abord souligné qu’il s’agit d’« un processus qui se fait en nous ». Il s’agit d’« une tentation : on glisse vers la mondanité ». Les signes pour comprendre ce vers quoi nous allons « sont dans ton cœur : si tu aimes et si tu es attaché à l’argent, à la vanité et à l’orgueil, tu prends la mauvaise route ; si tu cherches à aimer Dieu, à servir les autres, si tu es doux, si tu es humble, si tu es le serviteur des autres, tu prends la bonne route ». Et ainsi « ta carte de citoyenneté est bonne : c’est celle du ciel ». En revanche, « l’autre est une citoyenneté qui te portera malheur ». C’est précisément « ce que Jésus demandait tant, dans la conversation qu’il avait avec ses disciples, au Père : il demandait de les sauver de l’esprit du monde, de cette mondanité qui conduit à la perdition ». C’est pourquoi « le conseil de Paul » est de demander aujourd’hui la grâce de rester « solides dans le Seigneur et dans l’exemple de la croix du Christ : humilité, pauvreté, douceur, service aux autres, adoration, prière ».

 

PAUL DE TARSE ET MARIE DE NAZARETH DE STEFANO DE FIORES, SMM

11 février, 2019

http://www.stpauls.it/madre/1003md/1003md08.htm

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La Vierge et l’Enfant

PAUL DE TARSE ET MARIE DE NAZARETH DE STEFANO DE FIORES, SMM

(traduction Google de l’italien)

Dans ce texte, un vrai sage, la doctrine de l’apôtre pour la mariologie est abordée.
Il est rare de trouver la combinaison de Paul de Tarse et de Marie de Nazareth, deux figures bibliques sans lien évident ou référence nécessaire. Il suffit de consulter le Dictionnaire de Paul et ses lettres (GF Hawthorne, CR Martin et D. Reid, édité par R. Penna, San Paolo 2000, p. 1886, 61,97 €), pour se rendre compte que le nom de Marie est complètement ignorée, même en tant que femme qui a engendré le Fils de Dieu (Gal 4: 4), une étape est même omise dans la Lettre aux Galates.
À première vue, il semble qu’en réalité, il n’ya rien de commun entre les deux personnalités de l’Église primitive. Paul est le missionnaire théologique, l’apôtre des peuples et le représentant d’un christianisme libre de la loi de Moïse et ouvert à l’hellénisme; Marie est une femme très estimée en tant que mère du Christ, mais professant, comme Pierre et Jacques, un judéo-christianisme fidèle aux exigences légales en vigueur dans la communauté de Jérusalem.
Pourtant, le lien entre Paul et Marie existe, puisque nous devons à l’apôtre le premier texte du Nouveau Testament où nous parlons du Christ comme « né d’une femme » (Ga 4: 4). En réfléchissant au plan du salut et en particulier à l’incarnation, Paul ne peut s’empêcher de se référer à cette femme d’Israël qui a généré le Messie.
Le cadre normatif pour l’annonce de Marie dans l’Église. Comme on le sait, les discours kérygmatiques de Pierre (Actes 2: 14-39; 3.12-26; 4.12-12; 5.29-32; 10.34-46) et de Paul (Actes 13: 16- 30; 17,22-31), visent à communiquer le contenu essentiel de l’histoire du salut: le Christ mort et ressuscité. Une seule fois, on fait référence à l’activité de guérison et d’exorcisation de Jésus après le baptême de Jean (Actes 10:38) et une seule fois est mentionnée la descendance davidique de Christ: « D’après sa lignée [David], conformément à la promesse, Dieu a amené un sauveur en Israël « (Actes 13:23).
Dans cette première phase, Maria n’est jamais nommée. La raison de ce silence sur la mère de Jésus est compréhensible: cela fait partie du silence plus général qui entoure toute l’histoire du Christ (qui fera l’objet d’une attention particulière de la part des évangélistes), car le centre d’intérêt des apôtres est: l’annonce du mystère pascal.
Paul brise le silence sur l’offrande de Marie dans Gal 4.4, le plus ancien témoignage marial du Nouveau Testament, qui remonte à 49 ans ou tout au plus à 57 ans après le Christ, soit vingt ans après l’Ascension.
L’occasion de la lettre aux Galates est l’infiltration de chrétiens judaïsants dans les communautés de Galatie, en Asie Mineure (Turquie actuelle), qui ont enseigné la validité de la loi juive qui n’a pas été abolie par le Christ. À ces derniers, il oppose son Évangile, c’est le salut par la foi en Christ. En tant que théologien authentique, Paul pose le dilemme suivant: qui nous sauve, Christ ou la loi?Si le salut vient de la loi, alors « Christ est mort en vain » (Gal 2, 21). Mais si Christ est le sauveur, la loi perd alors sa fonction et sa nécessité, de sorte que le peuple puisse croire et se faire baptiser sans passer de l’obéissance aux prescriptions de la mosaïque. Avec cette solution, qui rassemble l’accord des apôtres et des communautés, le christianisme cesse d’être un simple groupe juif (tout en maintenant sa foi monothéiste et sa profonde spiritualité) pour devenir une communauté universelle.
Dans ce contexte controversé contre les judaïsants, Paul introduit le texte de grand intérêt christologique dans lequel il mentionne « de manière tangentielle et anonyme » de Marie, la « femme » de laquelle est né Jésus: « Quand la plénitude du temps arriva, Dieu envoya son Fils, né d’une femme née sous la loi, pour racheter ceux qui étaient sous la loi, afin que nous puissions recevoir l’adoption en tant que fils « (Ga 4: 4).
Malgré sa brièveté , le texte est considéré comme le plus grand intérêt marial, presque « un mariologie dans l’œuf », comme « noyau germinale » ouvert « à l’acquisition ultérieure du Nouveau Testament. »
L’historien des dogmes mariaux, Georg Söll, vient d’affirmer: « Du point de vue dogmatique, la déclaration de Gal 4,4 est le texte mariologique le plus significatif du NT, même si son importance n’a pas été pleinement ressentie par certains théologiens aujourd’hui. Avec Paolo commence l’engagement de la mariologie avec la christologie, précisément à travers l’attestation de la maternité divine de Marie et la première intuition d’une considération historique-salvifique de son sens ».
L’ importance du texte paulinien est donnée par le fait qu’il a une structure trinitaire et historique-salvifique.
Paul fait clairement référence au système d’envoi . Le sujet de la phrase est le Père, qui détermine la plénitude du temps, c’est-à-dire le moment propice au salut après la période de sujétion et de maturation (Gal 4: 1-2), et décide de l’envoi de son Fils. Ceux – ci, l’ ordre préexistant à envoyer, est dans le temps selon deux méthodes et les objectifs intimement liés et en face: né dans un état fragile ( né de la femme ) l’ esclavage edi ( né sous la loi ) en vue de la libération de l’ esclavage ( pour racheter ceux qui étaient sous la loi ) et du don de filiation divine rendu possible par l’Esprit (pourquoi nous avons reçu l’adoption d’un enfant , Gal 4,6).
Marie est la femme qui insère le Fils de Dieu dans l’histoire dans un état d’abaissement, mais elle se situe dans la plénitude du temps et se trouve impliquée dans le plan historique et salvifique de la transformation des hommes en fils de Dieu.
Dans les deux versets (Gal 4: 4-6), les personnes de la Trinité sont présentes dans un horizon historique salvifique, afin que nous puissions constater à juste titre que la femme dont est né le Christ est incompréhensible en dehors de sa relation avec les trois personnes divines et avec l’histoire du salut.
Le « mystère » de la femme dans Gal 4: 4f est totalement inséré dans un plan christologique-trinitaire-ecclésial et placé comme une garantie de la liberté effective des enfants de Dieu.
La femme, dont le nom n’est pas mentionné, est entièrement au service de l’événement salvifique qui engage toute la Trinité et profite à tous les hommes.
Nous pourrions dire que Marie est impliquée dans le « complot » de Dieu, mieux dans son « dessein » mystérieux et surprenant, pour le salut des êtres humains: « [Marie] est-elle qui porte Jésus-Christ en elle; mais il ne veut pas le garder pour lui-même, car c’est finalement celui qui l’amène au monde: en ce sens, il participe – comme l’Église – à ce qu’on pourrait appeler le « complot » de Dieu pour sauver le monde, et il peut être célébré comme celui qui il a introduit secrètement le Christ parmi les hommes, en qui le royaume de Dieu est présent ».
Le genre paradoxal pour parler de la mère du Christ. Dans la même étape courte de Gal 4.4 Paul utilise le sexe paradoxale, qui lui est cher (1 Co 1,21 à 31; 2 Co 5,21; 8,9; Rm 8,3 à 4), en mettant la réalité ensemble mixte ( paradoxe , du grec pará dóxa = à côté de l’opinion ): esclavage-rédemption, fragilité-filiation divine. Il existe en fait une relation antithétique entre la manière dont le Fils de Dieu se présente au monde et le but de sa venue.
En pratique, Paul applique à l’envoi de la Parole dans la condition humaine la loi historique et salvifique de l’ abaissement de l’exaltation qui lie la première alliance au Testament définitif.
Le renversement du destin est le message du livre d’Esther, où il est intronisé et répudié par Vasti, Mardochée est exalté et Amman assassiné. C’est surtout chez le Serviteur de JHWH que l’antithèse d’ abaissement-exaltation est réalisée : il est humilié par la persécution et la souffrance, mais est ensuite « exalté et grandement élevé » (Is 50: 6, 52, 13).
Lorsque la communauté chrétienne cherche un principe qui rend compréhensible l’histoire de Jésus, elle le trouve dans le schéma du juste souffrant et exalté. Dans cette ligne, il y a le célèbre hymne christologique pré-paulien de Phil 2,6-11, où nous passons de la phase d’humiliation qui atteint son apogée dans la mort de la croix à l’exaltation de Jésus en tant que Seigneur.
En ce qui concerne le texte de Paul, certaines questions se posent spontanément: comment le Christ « soumis à la loi » peut-il libérer ceux qui attendent d’être libérés? Et comment une « femme née », comme tous les êtres humains, peut-elle conférer la dignité d’enfants de Dieu?
Paul ne dissout pas ces énigmes, mais laisse ouvert le discours sur la façon dont le Christ vient au monde (par exemple, virginal et la puissance de l’Esprit , comme spécifié par les évangiles de l’enfance) ou est soumis à la loi (c’est-à-dire volontairement , sans être nécessaire). Le discours reste également ouvert sur le moment où il passera de l’humiliation à l’exaltation; un tel passage se produira sûrement pour Paul dans le mystère pascal, mais dans le passage de Gal 4,4, il reste implicite.
M air est lié à la kénose du Fils , c’est-à-dire à son incarnation dans un état de vide et de faiblesse, dont elle devient un élément indispensable.
Quatre siècles plus tard, Augustin reconnaîtra à Marie la mère de la « faiblesse » du Christ, « pas de sa divinité », l’ayant engendrée dans la condition humaine. De plus, les études bibliques et théologiques du XXe siècle relativisent la Vierge de Nazareth dans l’histoire spirituelle de son petit peuple, méprisé et piétiné par les grandes puissances. Elle fait partie des « pauvres de JHWH », le sommet spirituel d’Israël, en tant que femme à l’écoute de Dieu qui se révèle, à qui elle se donne totalement.
Bien qu’elle ait généré le Seigneur de l’univers, elle mène une vie sans privilèges terrestres, dans des situations de pauvreté et d’absence de pouvoir et d’influence. Sa kénose suprême est atteinte au Calvaire lorsqu’il éprouve l’épée de douleur. Cependant, le principe kénotique « serait incomplet et incomplet s’il n’était pas attribué à la Mère de Jésus, mais aussi à sa conséquence nécessaire qui est l’exaltation ».
L à kénose du Christ, qui participe Maria, n’est pas que le premier panneau d’un diptyque qui prévoit également l’état glorifié des deux. Theologumeno historique-salvifique de l’abaissement-exaltation que la Vierge applique à son affaire dans le Magnificat(Lc 1,47-48), peut aujourd’hui se traduire par marginalisation-promotion, passivité-insertion active dans l’histoire, vide des valeurs-plénitude de sens: Dieu a transformé son insignifiance en un moment de salut messianique. L’image kénotique de Marie contrebalance sa tendance glorifiante, qui l’a privée de sa consistance concrète en tant que femme insérée dans l’histoire du judaïsme, atteignant une certaine déshumanisation de sa silhouette.

Stefano De Fiores, smm

HOMÉLIE POUR LE 5E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE ANNÉE C « LAISSANT TOUT, ILS LE SUIVIRENT »

8 février, 2019

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pêche miraculeuse

HOMÉLIE POUR LE 5E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE ANNÉE C « LAISSANT TOUT, ILS LE SUIVIRENT »

Les ados d’aujourd’hui comme ceux d’hier se demandent tous un jour ou l’autre ce qu’ils feront daans la vie. C’est une question qu’ils porteront pendant de nombreuses années pour certains et certaines. Pour d’autres la voie est toute tracée. Leur choix ne les préoccupe pas. Ils suivront les traces d’un père ou d’une mère. Ils se lanceront dans un domaine qui les passionne déjà. Pour plusieurs, le chemin sera plus long. Il se fera à travers des hauts et des bas. Des essais et des échecs. C’est la vie dira-t-on… Nous sommes ici sur le terrain du choix d’un travail ou d’une profession.
Il en va ainsi pour la personne croyante qui désire décuvrir son chemin, sa vocation car, comme le dit le Concile Vatican II, chacun et chacune a un appel personnel de Dieu à vivre, une vocation personnelle (Constitution sur l’Église nos 40 et 41), ce que le pape François décrit ainsi : « Ce qui importe, écrit-il, c’est que chaque croyant discerne son propre chemin et mette en lumière le meilleur de lui-même, ce que le Seigneur a déposé de vraiment personnel en lui (cf. 1 Co 12, 7) et qu’il ne s’épuise pas en cherchant à imiter quelque chose qui n’a pas été pensé pour lui. » (Exhortation Gaudete et Exsultate sur la sainteté n. 11)
Nous avons dans les trois textes des lectures d’aujourd’hui trois récits de vocations qui ont été vécues par des personnes comme nous qui ont été l’objet d’un choix particulier de Dieu. À cause de circonstances particulières, le chemin déjà poursuivi a pris pour elles une direction nouvelle et inattendue. C’est ce qui est arrivé à Isaïe, à saint Paul et aux apôtres Pierre, Jacques et Jean.

I – La vocation du prophète Isaïe
Commençons par Isaïe. Quelle description flamboyante que celle de la vocation du prophète Isaïe! On sait qu’il a vécu au temps du roi Ozias (ou Aazrias) vers 760 avant Jésus-Christ. Il était un juif pieux, dévoué pour les autres et sa vie se déroulait paisiblement. C’est alors qu’est survenu ce moment de rencontre avec Dieu où il entend un appel qu’il ne peut refuser.
Le cadre de cet appel le situe au service de son peuple que Dieu veut stimuler pour qu’il vive mieux l’Alliance conclue avec Abraham. Il sera comme le tisonnier qui ranime la flamme. Il devra parler haut et fort au nom de Dieu, une mission qu’il n’avait jamais entrevue, une mission pour laquelle il se sent démuni.
Et pourtant le Seigneur l’a choisi. Comme plusieurs autres avant lui , notamment le prophète Samuel (cf. Samuel 3, 9-10) sa réponse sera « Me voici : envoie-moi ! »
Sa vie aura basculé pour toujours. Il sera un des quatre grands prophètes de l’Ancien Testament qui sont, en plus de lui, Jérémie, Ézéchiel et Daniel.

II – Le cas de saint Paul
La deuxième vocation particulière qui nous est présentée aujourd’hui est celle de saint Paul comme prédicateur de l’Évangile, un ministère qu’il a rempli pendant de nombreuses années autour de la Méditerranée avant d’être amené à Rome comme prisonnier et d’y être mis à mort.
Son histoire que vous connaissez commence avec une implication comme jeune juif pharisien consacré à l’étude de la Loi et des Écritures Saintes. Il semble y avoir pris beaucoup de plaisir. Et c’est pour défendre cette Loi qu’il devient persécuteur des juifs convertis au message de Jésus, les chrétiens, qui apportent le message d’une Loi Nouvelle reçue d’un certain Jésus de Nazareth. Puis c’est la rencontre de ce Jésus sur le chemin de Damas. Il en sera transformé pour le restant de sa vie. Il deviendra l’apôtre des païens et il passera son temps désormais à annoncer la Bonne Nouvelle reçue en Jésus, son Évangile qui devient sa seule raison de vivre cf. I Corinthiens 9, 16, Philippiens 3, 3-8.
Il sera le plus grand des évangélisateurs, des missionnaires de la religion chrétienne qui nous inspire encore aujourd’hui par ses lettres que nous lisons à chaque dimanche. Humblement mais fièrement, il revendique le nom d’Apôtre au même titre que les Douze choisis par Jésus. La deuxième lecture que nous venons d’entendre en témoigne : « Car moi, je suis le plus petit des Apôtres, je ne suis pas digne d’être appelé Apôtre, puisque j’ai persécuté l’Église de Dieu. Mais ce que je suis, je le suis par la grâce de Dieu, et sa grâce, venant en moi, n’a pas été stérile. Je me suis donné de la peine plus que tous les autres ; à vrai dire, ce n’est pas moi, c’est la grâce de Dieu avec moi ».

III – Les apôtres Pierre, Jacques et Jean
Venons maintenant à l’évangile qui nous raconte un appel particulier pour les trois apôtres dont il est question dans ce récit de la pêche miraculeuse que nous venons d’entendre. Ce sont Pierre qui s’appelait Simon avant que Jésus le nomme Pierre pour signifier qu’il est le roc sur lequel les autres pourront s’appuyer et les deux frères, Jacques et Jean, remplis d’énergie dont le surnom était « Boanergès » (Marc 3, 17) qui veut dire « fils du tonnerre ».
Ces trois pêcheurs se connaissent depuis longtemps. Ils œuvrent ensemble et se donnent la main pour leur métier. Ils ont déjà rencontré Jésus auparavant en fréquentant Jean-Baptiste. Ils ont décidé de suivre Jésus tout en continuant leur métier. La belle-mère de Pierre a été guérie par Jésus qui fréquentait la maison de Pierre à Capharnaüm. Ce ne sont donc pas des étrangers pour Jésus. Ils sont déjà des gens qui ont choisi de le suivre. Ils ont une totale confiance en lui et sur sa parole ils relancent leurs filets : « Maître, dit Pierre, nous avons peiné toute la nuit sans rien prendre ; mais, sur ta parole, je vais jeter les filets. »
Tout surpris, Ils ramènent plein de poissons. Pour Jésus cette pêche miraculeuse est le signe de ce qu’il attend d’eux. Il dit alors à Pierre « « Sois sans crainte, désormais ce sont des hommes que tu prendras. » », Jésus renvoie ainsi Pierre, Jacques et Jean à l’image de leur métier, mais il en change la teneur. Ils parcourrons la mer du monde pour y rencontrer les gens de toutes nations, de toutes cultures et de tous pays et leur annoncer la Bonne Nouvelle.
Ce qui se passe dans cet épisode de la pêche miraculeuse est un virage majeur que prend leur vie qui ne sera plus jamais la même : leur vocation désormais sera celle d’être apôtres, protagonistes et diffuseurs du message de Jésus. « Et, laissant tout, ils le suivirent ».
Ce qu’ils ont fait avec cœur puisqu’après la Pentecôte ils sont partis chacun de son côté et ils ont jeté les bases de l’Église que nous connaissons aujourd’hui. Ils sont vénérés par tous les chrétiens comme les piliers de l’Église. C’est leur témoignage de la Résurrection de Jésus qu’ils avaient suivi sur les routes de Galilée qui allumera la foi de leurs compatriotes puis des générations subséquentes. L’Évangile grâce à eux et à leurs successeurs se répandra dans le monde entier selon le souhait de leur Maître « « Allez dans le monde entier. Proclamez l’Évangile à toute la création ». (Marc 16, 15)

Conclusion
Ces trois récits présentent des vocations spéciales, qui peuvent nous inspirer nous aussi dans la découverte de notre vocation personnelle. Comme Isaïe, Paul, Pierre, Jacques et Jean nous pouvons être ou devenir des personnes qui répondent avec empressement à des appels clairs de Dieu dans nos vies. Ces appels ne sont peut-être pas aussi éclatants que ceux d’Isaïe, de Paul ou de Pierre, Jacques et Jean, mais ils sont bien là. Si on prend le temps d’écouter la voix de l’Esprit en nous, nous découvrirons comment vivre aujourd’hui dans l’amour de Dieu avec confiance et avec conviction. Point n’est besoin de quitter son emploi ou de laisser son foyer. Il suffit de vivre l’instant présent sous le regard de Dieu.
Pour ce faire, je vous conseille, une pratique qui consiste à répéter une ou des phrases qui nous inspirent comme « À toi Seigneur, la gloire, l’honneur et la louange » ou encore la prière dite la prière de Jésus « Seigneur Jésus, Fils de Dieu, aie pitié de moi pécheur » ou encore « Je te rends grâce, Seigneur, pour telle personne que je viens de rencontrer, pour le soleil qui brille aujourd’hui, pour… etc. »
Que notre messe soit pour nous une action de grâces pour ce que Dieu fait en nous et un moment où nous lui redisons notre disponibilité pour le servir de la façon qu’il a prévue pour nous. « Seigneur me voici! »
Amen!

Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l’Université Laval
Séminaire de Québec
5 février 2019
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