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LA BEAUTÉ, LA CROIX ET LA GLOIRE DE JÉSUS-CHRIST

10 février, 2020

https://www.lanuovabq.it/it/la-bellezza-la-croce-e-la-gloria-di-gesu-cristo

la mia

(traduction google de l’italien)

LA BEAUTÉ, LA CROIX ET LA GLOIRE DE JÉSUS-CHRIST

Belle en miracles et belle en torture, belle sur la croix et dans le sépulcre. Agostino et de nombreux poètes et philosophes écrivent sur la beauté du Christ, la splendeur de la justice et de la vérité, de Iacopone da Todi à Charles Peguy, de Giovanni Reale à Karol Wojtyla. Avec des mots qui défient le « monde ».

Saint Augustin s’interroge sur Jésus-Christ: « Pourquoi avait-il aussi de la beauté sur la croix? Parce que la folie de Dieu est plus sage que les hommes; et la faiblesse de Dieu est plus forte que les hommes (Corinthiens 1,23-25) [...] Dieu est beau, Parole avec Dieu; belle dans le ventre de la Vierge, où elle n’a pas perdu la divinité et a pris l’humanité; la Parole née enfant né est belle [...]. Il est donc beau au ciel, beau sur la terre; belle dans la poitrine, belle dans les bras des parents: belle en miracles, belle en torture; belle à inviter à la vie et belle à la reprendre, belle à ne pas prendre soin de la mort, belle à abandonner la vie et à la reprendre; beau sur la croix, beau dans le sépulcre, beau dans le ciel [...]. La beauté suprême et vraie est la justice; vous ne le verrez pas beau si vous le jugez injuste; si partout est bon, partout est beau.
Le pape Jean-Paul II écrit sur les raisons de la beauté du Christ: « Jésus-Christ révèle non seulement Dieu, mais » révèle pleinement l’homme à l’homme « . En Christ, Dieu a réconcilié le monde avec lui-même […]. L’homme est racheté, le corps humain est racheté, toute la création est rachetée, dont Saint Paul a écrit qu’il « attend avec impatience la révélation des enfants de Dieu » (Romains 8:19) « . Le Christ est représenté par Saint Jean dans l’Apocalypse en disant de lui-même: « Voici, je fais toutes choses nouvelles ».
Au milieu de tant de faux prophètes qui séduisent par l’attrait de nouveaux messages et découvertes, le Christ se propose comme la seule vraie nouveauté que le monde ait connue. Toutes les autres hypothèses, après un examen attentif, sont, en réalité, des récupérations de l’ancien paganisme, qui prennent de nouveaux noms et des vêtements tentants et trompeurs, dont Saint Paul nous avertit avec acuité: «Pourquoi un temps viendra-t-il quand ils porteront une doctrine plus solide; mais par une envie de l’entendre, ils empileront les enseignants selon leurs passions, et ils se détourneront de l’écoute de la vérité et se tourneront plutôt vers les contes de fées ».
Au XIIIe siècle, dans la belle lauda Amor de caritate ,Iacopone da Todi nous éclaire sur la beauté du Christ: « Créature nova née en Cristo, / dépouillé l’ancien om, refait à neuf! / Mais dans tant d’amour monte avec ardeur, / le cœur semble se débrouiller avec un couteau; / esprit avec senno tolle une telle chaleur, / Le Christ me prend tout, tant il est beau! ». Tant l’ardeur que le poète ressent pour le Christ, comme un amant devant sa bien-aimée, va jusqu’à écrire: «Abràcciome con ello et pour l’amour oui clamo: /« Amor, auquel je désire tant, fan’me die d ‘ l’amour! « . Ce dernier verset est très beau où l’amour, devenu «une touche de soi», veut se consommer complètement par amour. C’est une confession éternelle, éternelle: « Pour toi, Amor consumome languissant / et je stridenno pour que tu embrasses; / quand tu pars, oui je vis, / je soupire et te demande de te retrouver; / je te recule, ‘mon coeur s’éteint
Lauda nous offre des moments où le drame et le pathétique atteignent des sommets tels qu’ils peuvent être facilement tolérés par le regard humain. Le mérite de ces textes est, sans aucun doute, celui de nous avoir présenté aussi le Christ comme un vrai homme, qui a subi pleinement l’ignominie de l’ingratitude humaine et la douleur de la croix. Le monde accepte plus volontiers l’idée d’un Dieu lointain, ou d’un Dieu qui est devenu présent parmi nous sans toutefois avoir pleinement souffert. Un Dieu désincarné nous rend beaucoup moins responsables de la croix que nous lui avons fait souffrir et des attitudes que nous adoptons aujourd’hui, moins responsables de la croix que nous devons porter et offrir à l’exemple de Jésus.
Iacopone da Todi représente avec une force humaine puissante la passion du Christ dans Donna de Paradiso . Ici, l’humanité de Jésus brille encore plus dans la souffrance de la mère qui assiste avec une douleur indicible dans son calvaire et qui s’exclame avec atrocité: « Fils, l’âme est partie, / fils des perdus, / fils de la disparition, / fils attaché! // Fils blanc et vermillon, / fils sans ressemblance, / fils, et à qui je tiens ma main? / Fils, même si j’ai relâché! // […] Fils doux et placent, / fils du chagrin, / fils, avec le peuple / maltraité.// Ioanni, le nouveau fils, / ton frère est mort./ Maintenant je sens le couteau / dont je profite.// Quel fils moga et compagnon / Saisir une mort, / se retrouver harcelé / mat’e et fils pendu ».
Le mal et la mort (la limite de l’existence humaine) ont été vaincus, comme le dit une célèbre séquence médiévale: « Le sacrifice de louange est élevé à la victime pascale, l’agneau a racheté le mouton, le Christ innocent a réconcilié les pécheurs avec le Père. La mort et la vie se sont affrontées dans un duel prodigieux: le Seigneur de la vie était mort, maintenant vivant, règne. Dites-nous, O Maria, qu’avez-vous vu en chemin? J’ai vu le sépulcre du Christ vivant et la gloire de celui qui est ressuscité; les anges témoins, le linceul et les robes; Christ mon espoir est ressuscité et précède le sien en Galilée. Nous sommes sûrs que Christ est vraiment ressuscité des morts. Toi, roi victorieux, aie pitié de nous. Amen. Alléluia « .
Le philosophe Giovanni Reale (1931) écrit: « Pour sauver les hommes et leur enseigner le véritable amour, Dieu » les abaissa « , et précisément dans cet » abaissement « , il offrit un agape, un amour absolu, qu’au lieu d’être « acquisitive » au plus haut degré, elle est « donative » au plus haut degré, en ce qu’elle établit une relation inversement proportionnelle entre celui qui aime et la chose aimée par rapport à la pensée platonicienne. Ensuite, si l’amour absolu coïncide avec l’abaissement absolu: Dieu s’est abaissé en Christ au point que même le plus misérable des hommes peut être sûr d’être aimé de lui. Et c’est la Beauté dans la splendeur maximale que seule peut sauver dans un sens total ».
Le Christ a commencé sa mission à trente ans, après avoir vécu comme fils, charpentier, juif: aimé jusqu’à ce moment, celui de la mission, mais détesté dès l’instant où il témoigne de la vérité, celui qui est la vérité.
Charles Péguy l’a bien dit dans Le mystère de la charité de Jeanne d’Arc : «Il était généralement aimé. / Tout le monde l’aimait. / Jusqu’au jour où il a commencé sa mission. / Ses collègues charpentiers, amis, camarades, les autorités / Les citoyens, / Le père et la mère / Ils ont trouvé tout cela très positif./ Jusqu’au jour où il a commencé sa mission./ […] Jusqu’au jour où il a été dérangé./ Et inquiétant il avait troublé le monde./ Jusqu’au jour où il s’est révélé / Le seul gouvernement au monde./ Et quand il s’est révélé à tout le monde./ Là où les égaux voyaient bien./ Qu’il n’avait pas d’égal./ Alors le monde il a commencé à trouver qu’il était trop vieux / et à lui causer des problèmes. « 
Le Maître lui-même envoie les disciples deux à deux pour enseigner le monde entier et apporter la bonne nouvelle. Dès lors, les témoins et martyrs de l’Évangile iront partout, défiant les travaux, les hostilités et les persécutions pour que le nom du Christ soit connu dans le monde entier. Jésus lui-même prédit que la prédication en son nom sera accompagnée de tribulations et de persécutions. Le «monde», en effet, n’accepte pas le Christ et ceux qui lui appartiennent. Lorsque la persécution n’est pas physique et matérielle, comme cela se produit dans de nombreux pays, elle est cependant plus subtile ou ridicule, comme dans de nombreux pays d’Europe. Dans la culture dominante, l’affirmation désormais affirmée d’une élite présumée intellectuel, organique au système de pouvoir, ouvertement ou plus clandestinement et à petites doses, a conduit à la propagation d’une mentalité déchristianisée.

BENOÎT XVI – JÉSUS CHRIST « MÉDIATEUR ET PLÉNITUDE DE TOUTE LA RÉVÉLATION »

12 décembre, 2017

https://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/audiences/2013/documents/hf_ben-xvi_aud_20130116.html

imm en e fr quattro evangelisti gesù alfa e omega - Copia

Jesus Alpha et Omega, les quatre évangélistes

ùàBENOÎT XVI – JÉSUS CHRIST « MÉDIATEUR ET PLÉNITUDE DE TOUTE LA RÉVÉLATION »

AUDIENCE GÉNÉRALE

Salle Paul VI

Mercredi 16 janvier 2013

Chers frères et sœurs,

Le Concile Vatican ii, dans la Constitution dogmatique sur la Révélation divine Dei Verbum, affirme que la vérité intime de toute la Révélation de Dieu resplendit pour nous « dans le Christ, qui est à la fois le médiateur et la plénitude de toute la Révélation » (n. 2). L’Ancien Testament nous rapporte que Dieu, après la création, en dépit du péché originel, en dépit de l’arrogance de l’homme qui veut prendre la place de son Créateur, offre à nouveau la possibilité de son amitié, en particulier à travers l’Alliance avec Abraham et le chemin d’un petit peuple, celui d’Israël, qu’Il choisit non pas selon des critères de puissance terrestre, mais simplement par amour. C’est un choix qui demeure un mystère et qui révèle le style de Dieu qui appelle certains non pas pour en exclure d’autres, mais afin qu’ils servent de pont pour conduire à Lui : une élection est toujours une élection pour l’autre. Dans l’histoire du peuple d’Israël, nous pouvons reparcourir les étapes d’un long chemin dans lequel Dieu se fait connaître, se révèle, entre dans l’histoire à travers les paroles et les actions. Pour cette œuvre, Il se sert de médiateurs, comme Moïse, les Prophètes, les Juges, qui communiquent au peuple sa volonté, rappellent l’exigence de fidélité à l’alliance et maintiennent élevée l’attente de la réalisation pleine et définitive des promesses divines.

Et c’est précisément la réalisation de ces promesses que nous avons contemplée au cours du Saint Noël : la Révélation de Dieu parvient à son sommet, à sa plénitude. En Jésus de Nazareth, Dieu visite réellement son peuple, visite l’humanité d’une façon qui va au-delà de toute attente : il envoie son Fils unique ; Dieu lui-même se fait homme. Jésus ne nous dit pas quelque chose de Dieu, il ne parle pas simplement du Père, mais il est révélation de Dieu, parce qu’il est Dieu, et il nous révèle ainsi le visage de Dieu. Dans le prologue de son Évangile, saint Jean écrit : « Nul n’a jamais vu Dieu ; le Fils unique, qui est tourné vers le sein du Père, lui, l’a fait connaître » (Jn 1, 18).

Je voudrais m’arrêter sur ce fait de « faire connaître le visage de Dieu ». À ce propos, saint Jean, dans son Évangile, nous rappelle un fait significatif que nous venons d’écouter. Alors que s’approchait la Passion, Jésus rassure ses disciples en les invitant à ne pas avoir peur et à avoir la foi ; puis il instaure un dialogue avec eux dans lequel il parle de Dieu le Père (cf. Jn 14, 2-9). À un certain moment, l’apôtre Philippe demande à Jésus : « Seigneur, montre-nous le Père et cela nous suffit » (Jn 14, 8). Philippe est très pratique et concret, il dit également ce que nous voulons dire : « Nous voulons voir, montre-nous le Père », il demande de « voir » le Père, de voir son visage. La réponse de Jésus est une réponse non seulement à Philippe, mais également à nous, et nous introduit dans le cœur de la foi christologique ; le Seigneur affirme : « Qui m’a vu a vu le Père » (Jn 14, 9). Dans cette expression est contenue de façon synthétique la nouveauté du Nouveau Testament, la nouveauté qui est apparue dans la grotte de Bethléem : il est possible de voir Dieu, Dieu a montré son visage, il est visible en Jésus Christ.

Dans tout l’Ancien Testament est bien présent le thème de la « recherche du visage de Dieu », le désir de connaître ce visage, le désir de voir Dieu tel qu’il est, si bien que le terme hébreu panîm, qui signifie « visage », y apparaît pas moins de 400 fois, dont 100 se réfèrent à Dieu : 100 fois, on se réfère à Dieu, on veut voir son visage. Et pourtant, la religion juive interdit strictement les images, parce que l’on ne peut pas représenter Dieu, comme le faisaient en revanche les peuples voisins avec l’adoration des idoles ; à travers cette interdiction des images, l’Ancien Testament semble donc exclure totalement la « vision » du culte et de la piété. Que signifie alors, pour le pieux Israélite, chercher toutefois le visage de Dieu, dans la conscience qu’il ne peut y avoir aucune image ? La question est importante : d’une part, on veut dire que Dieu ne peut se réduire à un objet, comme une image que l’on prend en main, mais on ne peut pas non plus mettre quelque chose à la place de Dieu ; d’autre part, toutefois, on affirme que Dieu a un visage, c’est-à-dire un « Toi » qui peut entrer en relation, qui n’est pas prisonnier de son Ciel à regarder l’humanité d’en haut. Dieu est certainement au delà de toute chose, mais il s’adresse à nous, il nous écoute, il nous voit, il parle, il établit une alliance, il est capable d’aimer. L’histoire du salut est l’histoire de Dieu avec l’humanité, c’est l’histoire de ce rapport de Dieu qui se révèle progressivement à l’homme, qui se révèle lui-même, qui révèle son visage.

Au début de l’année, justement, le 1er janvier, nous avons écouté, dans la liturgie, la très belle prière de bénédiction sur le peuple : « Que le Seigneur te bénisse et te garde ! Que le Seigneur fasse briller sur toi son visage, qu’il se penche vers toi ! Que le Seigneur tourne vers toi son visage, qu’il t’apporte la paix ! » (Nb 6, 24-26). La splendeur du visage divin est la source de la vie, elle est ce qui permet de voir la réalité; la lumière de son visage est le guide de la vie. Dans l’Ancien Testament, on trouve une figure qui est liée de manière toute particulière au thème du « visage de Dieu » ; il s’agit de Moïse, celui que Dieu choisit pour libérer le peuple de l’esclavage d’Égypte, lui donner la Loi de l’alliance et le conduire à la Terre promise. Or, dans le chapitre 33 du Livre de l’Exode, il est dit que Moïse avait un rapport étroit et de confiance avec Dieu : « Le Seigneur s’entretenait avec Moïse face à face, comme on s’entretient d’homme à homme » (v. 11). En vertu de cette confiance, Moïse demande à Dieu : « Laisse-moi contempler ta gloire ! », et la réponse de Dieu est claire : « Je vais passer devant toi avec toute ma splendeur, et je prononcerai devant toi mon nom… Tu ne pourras pas voir mon visage, car on ne peut pas me voir sans mourir… Voici une place près de moi… Tu me verras de dos, mais mon visage, personne ne peut le voir » (vv. 18-23). D’un côté, alors, il y a le dialogue face à face comme entre amis, mais de l’autre il y a l’impossibilité, dans cette vie, de voir le visage de Dieu, qui reste caché ; la vision est limitée. Les Pères disent que ces paroles, « tu ne peux me voir que de dos », veulent dire : tu ne peux que suivre le Christ et en le suivant tu vois depuis son dos le mystère de Dieu ; on peut suivre Dieu en le voyant de dos.

Quelque chose de totalement nouveau a lieu, toutefois, avec l’Incarnation. La recherche du visage de Dieu connaît un tournant inimaginable, parce que ce visage peut à présent être vu : c’est celui de Jésus, du Fils de Dieu qui se fait homme. En lui trouve son accomplissement le chemin de révélation de Dieu entamé avec l’appel d’Abraham, Lui est la plénitude de cette révélation parce qu’il est le Fils de Dieu, il est à la fois « le Médiateur et la plénitude de toute la Révélation » (Const. dogm. Dei Verbum, n. 2), en Lui le contenu de la Révélation et le Révélateur coïncident. Jésus nous montre le visage de Dieu et nous fait connaître le nom de Dieu. Dans la Prière sacerdotale, lors de la Dernière Cène, Il dit au Père : « J’ai fait connaître ton nom aux hommes… Je leur ai fait connaître ton nom » (cf. Jn 17, 6.26). L’expression « nom de Dieu » signifie Dieu comme Celui qui est présent parmi les hommes. À Moïse, auprès du buisson ardent, Dieu avait révélé son nom, c’est-à-dire qu’il s’était rendu invocable, il avait donné un signe concret de son « être là » parmi les hommes. Tout cela trouve en Jésus un accomplissement et une plénitude: Il inaugure d’une manière nouvelle la présence de Dieu dans l’histoire parce que celui qui le voit Lui, voit le Père, comme il dit à Philippe (cf. Jn 14, 9). Le christianisme — affirme saint Bernard — est la « religion de la Parole de Dieu » ; mais ce n’est pas « une parole écrite et muette, mais celle du Verbe incarné et vivant (Hom. super missus est, iv, 11 : pl 183, 86b). Dans la tradition patristique et médiévale, on utilise une formule particulière pour exprimer cette réalité: on dit que Jésus est le Verbum abbreviatum (cf. Rm 9, 28, se référant à Is 10, 23), le Verbe abrégé, est la Parole brève, abrégée et substantielle du Père, qui nous a tout dit de Lui. En Jésus toute la Parole est présente.

En Jésus, la médiation entre Dieu et l’homme trouve également sa plénitude. Dans l’Ancien Testament, il existe une série de figures qui ont eu cette fonction, en particulier Moïse, le libérateur, le guide, le « médiateur » de l’alliance, comme le définit également le Nouveau Testament (cf. Ga 3, 19 ; Ac 7, 35 ; Jn 1, 17). Jésus, vrai Dieu et vrai homme, n’est pas simplement l’un des médiateurs entre Dieu et l’homme, mais il est « le médiateur » de l’alliance nouvelle et éternelle (cf. He 8, 6 ; 9 ; 15 ; 12, 24) ; « car Dieu est unique — dit Paul —, unique aussi le médiateur entre Dieu et les hommes, le Christ Jésus » (1 Tm 2, 5 ; cf. Gal 3, 19-20). En Lui nous voyons et nous rencontrons le Père ; en Lui nous pouvons invoquer Dieu sous le nom d’« Abbà Père » ; en Lui nous est donné le salut.

Le désir de connaître réellement Dieu, c’est-à-dire de voir le visage de Dieu est présent en chaque homme, même chez les athées. Et nous avons peut-être inconsciemment ce désir de voir simplement qui Il est, ce qu’Il est, qui Il est pour nous. Mais ce désir se réalise en suivant le Christ, ainsi nous le voyons de dos et nous voyons enfin Dieu également comme un ami, son visage dans le visage du Christ. L’important est que nous suivions le Christ non seulement au moment où nous en avons besoin et quand nous trouvons du temps dans nos occupations quotidiennes, mais dans notre vie en tant que telle. Toute notre existence doit être orientée vers la rencontre avec Jésus Christ, vers l’amour envers Lui ; et, dans celle-ci, l’amour pour notre prochain doit aussi occuper une place centrale, cet amour qui, à la lumière du Crucifié, nous fait reconnaître le visage de Jésus chez le pauvre, celui qui est faible, qui souffre. Cela n’est possible que si le véritable visage de Jésus nous est devenu familier dans l’écoute de sa Parole, dans le dialogue intérieur, dans la pénétration de cette Parole de manière à le rencontrer réellement, et naturellement dans le Mystère de l’Eucharistie. Dans l’Évangile de saint Luc est significatif le passage des deux disciples d’Emmaüs, qui reconnaissent Jésus dans la fraction du pain, mais préparés par le chemin avec Lui, préparés par l’invitation qu’ils Lui ont adressée de demeurer avec eux, préparés par le dialogue qui a fait brûler leur cœur ; ainsi, à la fin, ils voient Jésus. Pour nous aussi l’Eucharistie est la grande école où nous apprenons à voir le visage de Dieu, où nous entrons en relation intime avec Lui ; et nous apprenons dans le même temps à tourner notre regard vers le moment final de l’histoire, quand Il nous rassasiera de la lumière de son visage. Sur la terre, nous marchons vers cette plénitude, dans l’attente joyeuse que s’accomplisse réellement le Royaume de Dieu. Merci.

LE RETOUR DE JÉSUS-CHRIST, PRÉLUDE À LA RÉSURRECTION DES MORTS ET À LA VIE ÉTERNELLE

28 novembre, 2016

http://www.bouquetphilosophique.fr/retourduChrist.html

LE RETOUR DE JÉSUS-CHRIST, PRÉLUDE À LA RÉSURRECTION DES MORTS ET À LA VIE ÉTERNELLE

Depuis plus de 2000 ans, les chrétiens du monde entier fondent leur espérance sur trois promesses capitales et étroitement liées : le retour de Jésus (appelé parousie par le Nouveau testament grec), la résurrection des morts et la vie éternelle. Dans cet article, tentons d’aborder – à la lumière de la prophétie biblique – la première partie du triptyque.

Un événement suprême
Plus de 300 passages du Nouveau Testament se rapportent au retour du Christ. En réalité, cette espérance constituait l’élément prédominant de la prédication de l’Eglise primitive. Le théologien allemand August Dorner souligne que « la parousie n’est pas une doctrine périphérique mais la doctrine centrale du salut (1) ». « C’est la clé de voûte de la foi et de l’espérance chrétienne (2) », renchérit l’autre théologien Friedrich Nitzsch.
Dans les années 80, à la vitrine d’une librairie nancéienne, on pouvait lire sur une grande affiche : « Il va venir – Il est venu – Il reviendra » ! En fait, cette formule résume à la fois l’Ancien et le Nouveau Testament. Si l’on considère la Bible comme l’histoire du salut, le retour du Christ est donc la finalité de cette histoire. « Une foi en Christ sans l’attente de la parousie évoquerait l’image d’un escalier qui ne conduirait nulle part et se terminerait dans le vide (3) » n’hésite pas à écrire le théologien protestant suisse Emil Brunner, auteur d’une Dogmatique faisant référence.

Un événement certain
Jésus a promis solennellement à ses disciples qu’il reviendrait : « Le Fils de l’homme va venir dans la gloire de son Père » (Matthieu 16.27) ; « Lorsque je serai allé vous préparer une place, je reviendrai et je vous prendrai avec moi, afin que là où je suis, vous y soyez aussi » (Jean 14.3). Devant Caïphe, il déclare : « Vous verrez désormais le Fils de l’homme assis à la droite du Tout-Puissant et venant sur les nuées du ciel » (Matthieu 26.64). Aussitôt l’ascension de Jésus, deux anges ont confirmé ce retour : « Ce Jésus qui a été enlevé au ciel du milieu de vous reviendra de la même manière que vous l’avez vu aller au ciel » (Actes 1.11).
« L’attente du retour du Christ [remarque Alfred Vaucher] a été pour les premiers chrétiens le principal stimulant à la vigilance, à la prière, à la patience, à l’activité missionnaire (Philippiens 4.5 ; Jacques 5.8-9 ; 1 Pierre 4.7 ; etc.). Le cri maranatha (le Seigneur vient : 1 Corinthiens 16.22) par lequel les chrétiens du siècle apostolique se saluaient, exprimait la vivacité et la joie de leur attente (4). » Dans sa première épître aux Thessaloniciens (4.15-17), l’apôtre Paul a pu écrire : « Voici, en effet, ce que nous vous déclarons, d’après une parole du Seigneur : nous les vivants, restés pour l’avènement du Seigneur, nous ne devancerons pas ceux qui sont décédés. Car le Seigneur lui-même, à un signal donné, à la voix d’un archange, et au son de la trompette de Dieu, descendra du ciel, et les morts en Christ ressusciteront en premier lieu. Ensuite, nous les vivants, qui serons restés, nous serons enlevés ensemble avec eux dans les nuées, à la rencontre du Seigneur » tant il avait la certitude que le retour du Christ se ferait de son temps. « Sa venue est aussi certaine que celle de l’aurore » (Osée 6.3) !

Pourtant depuis longtemps, une doctrine mise sous le boisseau !
Si effectivement l’Eglise primitive conserva – jusqu’au IIIe siècle – cette foi inébranlable au retour du Christ, « bientôt [écrit Charles Gerber] l’attente bienheureuse et parfois exaltée de l’avènement du Christ fit place, dans l’Eglise même, à une indifférence qui se développera jusqu’à la fin, ainsi que l’annonce saint Pierre : « Dans les derniers jours, il viendra des moqueurs avec leurs railleries, marchant selon leurs propres convoitises, et disant : Où est la promesse de son avènement ? Car, depuis que les pères sont morts, tout demeure comme dès le commencement de la création. » (2 Pierre 3.3-4) (5) ».
Et Charles Gerber de poursuivre : « On peut envier les chrétiens d’autrefois attendant avec vigilance le retour du Christ sans qu’il se produise, alors qu’aujourd’hui, à l’époque même où ce retour paraît imminent, il y en a si peu qui le désirent et qui vraiment l’attendent. Le cardinal Newman a dit : « S’il est vrai que les chrétiens ont attendu le Christ sans qu’il vienne, il est tout aussi vrai que, quand il viendra réellement, le monde ne l’attendra pas. S’il est vrai que les chrétiens ont imaginé les signes de sa venue, alors qu’il n’y en avait point, il est également vrai que le monde ne verra pas les signes de sa venue quand ils seront présents » (6). »
Après ces trois premiers siècles donc, petit à petit, la vigilance s’émousse et l’espérance du retour s’estompe pour diverses raisons : entrée des païens dans l’Eglise, cessation des persécutions, installation de l’Eglise et surtout le fait qu’on a eu tendance à spiritualiser très tôt le retour du Christ, à minimiser le retour physique et glorieux au profit d’un retour spirituel et symbolique.
Il faut attendre le grand mouvement réformateur du XVIe siècle avec notamment Luther et Calvin pour déceler de nouveau un intérêt particulier porté au message du retour du Christ, prédication qui retrouve finalement sa force au XIXe siècle dans certains milieux chrétiens. Toutefois, comme l’observe René Pache (ancien directeur de l’Institut biblique Emmaüs de Vennes-sur-Lausanne, Suisse) à la fin du deuxième millénaire, dans beaucoup d’Eglises cette doctrine est « laissée dans l’ombre, lorsqu’elle n’est pas considérée comme dangereuse [un constat qui reste encore valable aujourd'hui, NDLR]. Elle a cessé d’être l’espérance vivante des croyants, qui ont toutes sortes de raisons de redouter le jugement dernier, n’ayant trop souvent eux-mêmes pas d’assurance quant à leur salut. [...] Qu’il est triste de voir à quel point le monde religieux a perdu de vue cette unique espérance, pour s’attacher à toutes sortes de perspectives trompeuses qui le mènent à la ruine ! [...] Soulignons-le avec force : tous ceux qui n’attendent pas le retour de Christ sont vraiment sans espérance dans le monde. C’est pourquoi nous devons leur parler de notre attente et, avec l’aide de Dieu, les amener si possible à la partager (7) ».
Ainsi malheureusement, cette croyance est devenue une doctrine ésotérique ne concernant qu’une minorité de chrétiens qui, elle-même, semble s’être lassée d’en parler ! De plus, comme le remarque avec pertinence Dany Hameau qui enseigne à l’Institut biblique de Genève, le peu d’intérêt pour l’eschatologie n’est pas sans conséquences sur la vie et la mission de l’Eglise : « L’histoire de l’Eglise montre que lorsque celle-ci perd de vue la réalité du retour de Jésus-Christ, elle ne remplit plus sa mission. L’expérience prouve que lorsque le chrétien ne s’attend plus au retour du Seigneur, il finit par s’endormir et se laisser gagner par l’esprit du monde. Par contre, l’attente du retour de Jésus-Christ a toujours été de nature à stimuler les croyants dans la poursuite de la sainteté comme dans le souci de l’évangélisation et de l’œuvre missionnaire (8). »
Pourquoi le Christ doit-il revenir ?
« Au jour du Jugement, [peut-on lire dans le dernier catéchisme de l'Eglise catholique] lors de la fin du monde, le Christ viendra dans la gloire pour accomplir le triomphe définitif du bien sur le mal qui, comme le grain et l’ivraie, auront grandi ensemble au cours de l’histoire. En venant à la fin des temps juger les vivants et les morts, le Christ glorieux révélera la disposition secrète des cœurs et rendra à chaque homme selon ses œuvres et selon son accueil ou son refus de la grâce (9). »
« Le Christ [écrit encore Charles Gerber] doit revenir parce qu’il est le Sauveur de l’humanité et qu’il ne peut laisser son œuvre inachevée. Il doit revenir pour apporter un dénouement heureux au drame humain qui se déroule depuis la chute et, par ce dénouement, mettre un terme au péché et faire triompher définitivement la Justice et l’Amour de Dieu. [...] Il veut que les siens bénéficient d’un salut complet et soient introduits dans le royaume de la gloire et de la félicité. [...] Mais il veut aussi que le mal soit extirpé et les pécheurs punis (10). »
Ainsi le Christ doit revenir pour mettre un terme à la puissance du mal et offrir à l’homme la paix et la vie éternelle dans un monde où le péché aura disparu à jamais : « Il reviendra, mais sa seconde venue n’aura plus rien à faire avec le péché, il apparaîtra comme le Sauveur glorieux à tous ceux qui l’attendent continuellement, pour leur apporter le salut complet et définitif » (Hébreux 9.28, Parole vivante par Alfred Kuen) ; « Voici, je viens bientôt, et j’apporte avec moi ma récompense pour rendre à chacun selon son œuvre » (Apocalypse 22.12).
La parousie implique donc aussi la résurrection des morts afin que tous ceux qui ont accepté Jésus durant leur vie terrestre puissent finalement bénéficier de la vie éternelle promise. Quant à ceux qui se sont rebellés contre lui, on sait que le Christ lui-même a déclaré qu’ils ressusciteront aussi, mais pour recevoir le jugement de Dieu : « L’heure vient où tous ceux qui sont dans les tombeaux entendront sa voix et en sortiront. Ceux qui auront fait le bien ressusciteront pour la vie, mais ceux qui auront fait le mal ressusciteront pour le jugement » (Jean 5.28-29). Dans sa première lettre aux Thessaloniciens, Paul rappelle cette espérance de la résurrection : « Le Seigneur lui-même, à un signal donné, à la voix d’un archange et au son de la trompette de Dieu, descendra du ciel, et les morts en Christ ressusciteront d’abord » (1 Thessaloniciens 4.16).
« Nous admettons cependant [reconnaît le théologien Hans Heinz] que ni le retour du Christ, ni la résurrection ne peuvent être touchés du doigt, ils sont nôtres sous forme de promesses, sans explication du « comment ». Tout repose sur la fidélité de Dieu, et cela nous suffit. [...] L’immortalité, ce don de la grâce, est accordée à celui qui croit en l’œuvre salvatrice de Jésus ; il en sera revêtu quand le Seigneur reviendra et qu’à sa parole, les tombeaux s’ouvriront. Telle est la promesse de l’Evangile. Telle est aussi l’espérance chrétienne (11). »

Quand reviendra-t-il ?
Autant est certain l’avènement du Christ, autant est incertaine l’époque à laquelle il se réalisera. Jésus, en effet, ne donne aucune précision sur le jour et l’heure de son retour : « Quant au jour et à l’heure, personne ne les connaît » (Matthieu 24.36).
Ce qui est sûr, c’est que cet avènement sera soudain et inattendu, d’où l’appel solennel à la vigilance lancé par le Christ : « Ce qui arriva du temps de Noé arrivera de même au retour du Fils de l’homme. En effet, dans les jours qui précédèrent le déluge, les hommes mangeaient et buvaient, se mariaient et mariaient leurs enfants, jusqu’au jour où Noé entra dans l’arche. Ils ne se doutèrent de rien jusqu’à ce que le déluge vienne et les emporte tous. Il en sera de même au retour du Fils de l’homme. Alors, deux hommes seront dans un champ : l’un sera pris et l’autre laissé ; deux femmes moudront à la meule : l’une sera prise et l’autre laissée. Veillez donc, puisque vous ignorez à quel moment votre Seigneur viendra. [...] tenez-vous prêts, car le Fils de l’homme viendra à l’heure où vous n’y penserez pas » (Matthieu 24.37-44).
« Prenez garde à vous-mêmes, de peur que votre cœur ne s’alourdisse par les excès du manger et du boire et par les soucis de la vie, et que ce jour ne fonde sur vous à l’improviste, car il s’abattra comme un filet sur tous les habitants de la terre. Veillez donc et priez en tout temps, afin d’avoir la force d’échapper à tous ces événements à venir et de vous présenter debout devant le Fils de l’homme » (Luc 21.34-36).
Remarquons que dans sa première lettre adressée aux Thessaloniciens – comme le Christ à l’égard de ses disciples –, l’apôtre Paul invite les chrétiens de Thessalonique à se tenir toujours prêts en leur rappelant que le Seigneur reviendra de manière inattendue : « En ce qui concerne les temps et les moments, vous n’avez pas besoin, frères, qu’on vous écrive à ce sujet. Car vous savez bien vous-mêmes que le jour du Seigneur viendra comme un voleur dans la nuit. [...] Mais vous frères, vous n’êtes pas dans les ténèbres pour que ce jour vous surprenne comme un voleur. Vous êtes tous des enfants de la lumière et des enfants du jour. Nous ne sommes pas de la nuit ni des ténèbres. Ne dormons donc pas comme les autres, mais veillons et soyons sobres » (1 Thessaloniciens 5.1-6). Même exhortation de la part de l’évangéliste Marc : « Prenez garde, veillez et priez, car vous ignorez quand ce temps viendra » (Marc 13.33).
D’autre part – cette fois, c’est Pierre qui l’atteste – sachons que « pour le Seigneur, un jour est comme mille ans et mille ans sont comme un jour. Le Seigneur ne tarde pas à réaliser sa promesse, comme certains le pensent. Mais il use de patience envers vous, car il ne veut pas que qui que ce soit aille à sa perte ; au contraire, il veut que tous aient l’occasion de se détourner du mal. Cependant, le jour du Seigneur viendra comme un voleur » (2 Pierre 3.8-10, BFC) ; « Rappelez-vous que si le Seigneur est patient (s’il diffère son avènement), c’est en vue de votre salut » (2 Pierre 3.15, Parole vivante par Alfred Kuen). Quant à l’apôtre Jacques, il nous encourage à attendre patiemment le retour du Christ : « Soyez donc patients, frères, jusqu’au retour du Seigneur » (Jacques 5.7).
A ce propos, citons une nouvelle fois Dany Hameau : « Si l’Ecriture insiste si massivement sur l’imminence du retour de Jésus-Christ, cela implique qu’au jour où nous sommes, nous n’avons jamais été aussi près du but ! Et que nous pouvons attendre ce jour avec la force tranquille, confiante et sereine de celui qui compte sur la fidélité de celui qui a fait la promesse (1 Pierre 1.3-7) (12). »
Concernant cette question, notons enfin que maintes fois au cours des siècles passés – bien que la Bible ne nous encourage jamais à spéculer sur la date de cet avènement –, des hommes (13) se sont évertués, « ou bien à fixer une date pour le retour du Christ, de sorte que, bientôt déçus, ils ne veuillent plus y croire, ou bien à repousser cet événement dans un avenir si lointain qu’ils finissent par n’y plus penser du tout (14) ».
Et si l’on remonte à un passé plus éloigné – dans l’église primitive –, certains faux docteurs prétendaient même que ce jour était déjà arrivé, idée erronée que Paul tente de corriger en décrivant les faits significatifs devant précéder la venue glorieuse du Christ : « En ce qui concerne le retour de notre Seigneur Jésus-Christ et notre rassemblement auprès de lui, nous vous le demandons, frères, ne vous laissez pas facilement ébranler dans votre bon sens, ni troubler par une révélation, par une parole, ou par une lettre qui semblerait venir de nous, comme si le jour du Seigneur était déjà là. Que personne ne vous trompe d’aucune manière. Car il faut que l’apostasie arrive d’abord » (2 Thessaloniciens 2.1-3).
Comment reviendra-t-il ?
La Bible répond aussi à cette question. Aussitôt l’ascension de Jésus, alors que les apôtres « avaient les regards fixés vers le ciel pendant qu’il s’en allait, deux hommes vêtus de blanc leur apparurent et dirent : Hommes de Galilée, pourquoi restez-vous à regarder le ciel ? Ce Jésus qui a été enlevé au ciel du milieu de vous reviendra de la même manière que vous l’avez vu aller au ciel » (Actes 1.10-11) ; « Alors on verra le Fils de l’homme venir sur une nuée avec beaucoup de puissance et de gloire » (Luc 21.27) ; « Tout oeil le verra » (Apocalypse 1.7).
Contrairement à sa première venue – en tant qu’humble fils de charpentier, serviteur souffrant, rejeté de tous et finalement tué –, sa seconde venue sera donc spectaculaire, triomphale, royale et glorieuse.
Le Christ nous a donné les signes qui précèderont son retour
« Quel sera le signe de ton retour et de la fin du monde ? » (Matthieu 24.3). A cette question des disciples réunis autour de lui sur le mont des Oliviers, Jésus répond par un discours magistral dans lequel il révèle tous les signes qui doivent précéder son retour.
Tout d’abord, celui-ci nous met en garde contre la multiplication des séductions spirituelles qui marqueront les derniers temps : « Prenez garde, que personne ne vous égare. Car beaucoup viendront sous mon nom et diront : « C’est moi qui suis le Christ ». Et ils tromperont beaucoup de gens » (Matthieu 24.4-5).
Comme nous l’avons relevé dans le paragraphe précédent et contrairement à ce que d’aucuns pensent, son retour sera pour tous pleinement manifeste : « Si donc on vous dit : « Le voici, il est dans le désert », n’y allez pas, ou : « Le voilà, il est dans un lieu secret », ne le croyez pas. Car, tout comme l’éclair part de l’est et apparaît jusqu’à l’ouest, ainsi sera le retour du Fils de l’homme » (Matthieu 24.26-27).
Même si les signes prophétiques annoncés par Jésus laissent présager un avenir effrayant pour notre monde, leur accomplissement – s’inscrivant dans le plan divin – est néanmoins une évidence. Ecoutons donc le Christ lui-même nous avertir : « Vous entendrez parler de guerres et de menaces de guerres : gardez-vous d’en être effrayés, car il faut que toutes ces choses arrivent. Mais ce ne sera pas encore la fin. Une nation se dressera contre une nation et un royaume contre un royaume, et il y aura en divers endroits des famines, des pestes et des tremblements de terre. Tout cela sera le commencement des douleurs. Alors on vous livrera à la persécution et l’on vous fera mourir ; vous serez haïs de toutes les nations à cause de mon nom. Alors ce sera aussi pour beaucoup une occasion de chute et ils se trahiront, se haïront les uns les autres. Bien des faux prophètes se lèveront et ils tromperont beaucoup de gens. A cause de la progression du mal, l’amour du plus grand nombre se refroidira. Mais celui qui persévérera jusqu’à la fin sera sauvé. Cette bonne nouvelle du royaume sera proclamée dans le monde entier pour servir de témoignage à toutes les nations. Alors viendra la fin » (Matthieu 24.6-14).
« Aussitôt après ces jours de détresse, le soleil s’obscurcira, la lune ne donnera plus sa lumière, les étoiles tomberont du ciel et les puissances des cieux seront ébranlées. Alors le signe du Fils de l’homme apparaîtra dans le ciel, toutes les tribus de la terre se lamenteront et elles verront le Fils de l’homme venir sur les nuées du ciel avec beaucoup de puissance et de gloire. Il enverra ses anges avec la trompette retentissante et ils rassembleront ses élus des quatre coins du monde, d’une extrémité des cieux à l’autre. Tirez instruction de la parabole du figuier : dès que ses branches deviennent tendres et que les feuilles poussent, vous savez que l’été est proche. De même, quand vous verrez toutes ces choses, sachez que le Fils de l’homme est proche, qu’il est à la porte » (Matthieu 24.29-33).
Comme le fait remarquer avec justesse René Pache – déjà cité –, « il est exact qu’aux époques troublées, lorsque des guerres ravageaient le monde, que des pestes et des famines sévissaient, que les croyants étaient persécutés, qu’il y avait des tremblements de terre ou des phénomènes dans le ciel, on a cru reconnaître les signes de la fin des temps. [...] Mais ce qui doit constituer l’annonce de la fin, c’est d’une part l’accroissement considérable de chacun de ces signes et d’autre part leur réalisation absolument simultanée. Ces deux éléments avaient manqué jusqu’ici. Les chrétiens ont cru la fin plus proche qu’elle n’était, ne regardant qu’à l’un ou l’autre des signes les plus généraux, sans tenir compte de toutes les indications de l’Ecriture. Mais ce n’est pas une raison pour que nous fassions une erreur plus grave encore en méprisant les signes et les avertissements qui se multiplient de plus en plus (15) ».
A propos de ces signes prophétiques, laissons parler maintenant l’éminent écrivain, historien et ancien professeur, Norbert Hugedé (honoré du titre de « Docteur Européen » pour l’ensemble de son œuvre – une trentaine de livres –, celui-ci a reçu en 1999 du pape Jean-Paul II la bénédiction apostolique pour son action d’unité et de paix) qui a enseigné à la Sorbonne et à l’Université de Genève : « Il faut être aveugle pour nier que nous parvenons à la fin de l’histoire de notre monde. [...] Je lis comme vous les revues religieuses, j’écoute les chroniques radiodiffusées, et je m’aperçois que je ne suis pas le seul à me préoccuper de ce problème. Quiconque s’impose aujourd’hui de réfléchir sur les événements en vient à constater que le monde est arrivé au fond d’une impasse, économiquement, socialement, politiquement, et même religieusement, et que cette impasse est bien plus angoissante qu’on ne le pense. Je ne parlerai pas des crises de la moralité, des cataclysmes de toutes sortes, des séismes où les puissances des cieux sont ébranlées, des famines qui atteignent plus des deux tiers de l’humanité, des épidémies qui font autant de ravages que des conflits internationaux, des guerres et des bruits de guerres, sinon pour dire que je ne suis plus le seul à y voir un accomplissement quotidien des signes de la seconde venue du Christ. Les événements ne parlent plus, ils crient. Le commentaire des prophéties de l’Ecriture, ce n’est plus dans les ouvrages des théologiens qu’il faut le rechercher, mais chez votre marchand de journaux, dans les gros titres des magazines, dans les communiqués de presse, dans les revues d’information. [...] L’humanité se dirige chaque jour vers l’événement final qui doit clore l’histoire universelle, et cet événement capital, ce n’est pas tant une troisième guerre mondiale que le retour en gloire de Jésus-Christ (16). »
Et cet historien de conclure : « Je vais vous dire, sans faire de grande théologie. Le retour du Christ, c’est ce qui donne un sens à ma foi chrétienne. Sans cela, elle ne serait qu’une vague philosophie, une opinion, une de plus. [...] Le retour du Christ, c’est l’espoir de voir enfin établie cette justice vers laquelle je tends de toutes mes forces. Je sais que son royaume n’est pas de ce monde, mais il faut qu’il vienne. L’homme n’a pas été créé pour le malheur, pour la guerre, pour la souffrance, pour le deuil. Il n’a pas été créé pour ce monde. Maintenant que je sais qu’il est proche, à la porte, ma foi revit. [...] Le retour du Christ, c’est le nerf de ma foi (17). »
Que ton règne vienne !
Aujourd’hui, curieusement, il n’est pas toujours de bon ton de parler du retour du Christ… même du haut de la chaire ! Pourtant, hormis la large place que la Bible lui réserve, cette doctrine cardinale fait partie intégrante des professions de foi de la chrétienté. « Il reviendra dans la gloire, pour juger les vivants et les morts » peut-on lire dans le Symbole de Nicée-Constantinople. Trop souvent, on omet de le souligner, cette première profession de foi considérée comme œcuménique rassemble toujours l’ensemble des croyants des trois grandes confessions chrétiennes (catholicisme, orthodoxie et protestantisme). Tel un noyau de vérité, il ramène à l’essentiel de la foi chrétienne… et notamment au retour du Christ !
C’est vrai, un curieux paradoxe subsiste dans la prédication des Eglises traditionnelles : alors qu’ils sont censés adhérer à tous les articles fondamentaux de la foi chrétienne exprimés dans le Credo – particulièrement explicite au sujet de la parousie, comme nous venons de le voir –, on constate que la plupart des prédicateurs chrétiens osent rarement parler à leur auditoire du retour du Christ ! S’inscrivant plutôt dans la perspective d’une eschatologie déjà réalisée (cf. Ephésiens 2.4-7, Romains 6.1-11, Colossiens 2.12), tout juste, exhortent-ils leurs fidèles à devenir participants à la vie du Christ ressuscité et à ouvrir leur cœur à l’espérance !
Pour ce qui est des passages bibliques mentionnés précédemment pouvant laisser croire à une évolution de la pensée de Paul concernant la résurrection, notons en passant avec Michel Gourgues que l’apôtre « a seulement été amené à préciser […] un aspect particulier, à savoir le sort qui attend les croyants entre leur mort individuelle et la résurrection, que Paul n’a jamais cessé de situer à la fin des temps. Là où il faut reconnaître une évolution, c’est sur le moment de la parousie et donc de la résurrection. Non que Paul ait cessé d’attendre la venue du Seigneur. Mais il a dû envisager la possibilité qu’elle pourrait survenir plus tard qu’il ne l’avait d’abord pensé. Ce changement de perspective l’a conduit à valoriser ”l’aujourd’hui”, à souligner davantage l’aspect ”déjà réalisé” du salut et de l’union au Christ (18) ».
C’est ce qu’explique aussi Paul Wells, professeur de théologie à la Faculté libre de théologie réformée d’Aix-en-Provence : « Les premiers chrétiens pensaient à un retour presque immédiat du ressuscité. […] De nombreux interprètes donnent l’impression qu’il y avait, dans le christianisme primitif, une erreur au sujet de l’attente de l’accomplissement final. Ce n’est qu’avec le temps et la frustration éprouvée que la doctrine chrétienne s’est installée dans la durée. L’attente d’une parousie proche a été remplacée par une eschatologie de la durée, le royaume de Dieu par l’Eglise et l’événement fondateur par une institution (19). »
Par ailleurs, on peut être étonné de voir tant de chrétiens proclamer chaque jour – conformément au fondement de leur espérance et selon le modèle de prière donné par Jésus (Matthieu 6.9-13) – leur foi en la venue du Seigneur et en l’instauration de son royaume en priant « que ton règne vienne »… mais tout en reportant cette seconde venue du Christ dans un futur très lointain (ou bien en interprétant cette promesse dans un sens allégorique) ! Combien finalement aspirent de tout cœur à l’exaucement de leur demande en vivant intensément cette attente ? Il s’agit là sans doute d’un autre grand paradoxe du christianisme contemporain !
Pour autant – c’est en tout cas le sentiment d’Hans Heinz, déjà cité plus haut –, « il faut que le message du retour imminent de Jésus retentisse dans le monde entier afin que ceux qui l’entendront puissent avoir l’occasion de se décider pour le salut offert en Christ. Les signes des temps n’ont pas été donnés pour effrayer les hommes face à la fin du monde. Ils l’ont été, bien plus, pour leur montrer que le mal sur terre touche à sa fin, parce que le Christ vient pour rétablir toutes choses (20). »
En tant que chrétiens, nous n’avons pas à redouter le retour du Christ. Au contraire, faisons-lui confiance et vivons dans cette perspective… comme les premiers chrétiens qui se plaisaient à répéter la formule araméenne maranatha et pour qui la parousie constituait un des ressorts fondamentaux de leur foi.
Rappelons-le, Jésus nous a dit lui-même à ce sujet : « Ne soyez pas inquiets ; que votre cœur ne soit pas troublé. Vous avez foi en Dieu : ayez aussi foi en moi. Dans la maison de mon Père, il y a beaucoup de place ; si ce n’était pas vrai, est-ce que je vous aurais dit : je m’en vais pour vous y préparer une demeure ? Lorsque je vous aurai préparé cette demeure, je reviendrai et je vous prendrai avec moi, si bien que vous serez, vous aussi, là où je serai » (Jean 14.1-3, Parole vivante par Alfred Kuen) ; « Quand ces événements commenceront à se produire, redressez-vous et relevez la tête, parce que votre délivrance est proche » (Luc 21.28). Et dans les dernières lignes de la Bible – à trois reprises – le Christ nous répète : « Je viens bientôt » (Apocalypse 22.7, 12, 20).

Claude Bouchot

NOTE SUR LE SITE

JÉSUS FILS DE DIEU ? par: portail internet des Fraternités de Jérusalem

7 janvier, 2016

http://jerusalem.cef.fr/fraternites/comprendre-la-foi/3252-jesus-fils-de-dieu

JÉSUS FILS DE DIEU ?

par:  portail internet des Fraternités de Jérusalem

Jésus, dit-on, est le Fils de Dieu depuis toujours… Mais que faisait-il avant sa naissance ? Ma préférence intellectuelle serait de dire que Jésus est né comme tout homme, est devenu un grand prophète comme toute la lignée des grands prophètes, est devenu intime avec Dieu Père et amour et que ce Dieu l’a proclamé son Fils par l’acte de la résurrection, pour montrer que tout être humain est fils de dieu par adoption. Pouvez-vous m’éclairer sur cette interrogation ? Merci de votre question, qui reflète probablement les interrogations d’autres que vous ! La théologie trinitaire et la christologie sont d’éternels lieux de questionnement pour l’esprit humain… La théorie que vous aimeriez pouvoir soutenir, et que vous décrivez parfaitement, est bien connue de l’Église et correspond à l’une des plus anciennes hérésies qu’on appelle l’adoptianisme. Cette hérésie consiste précisément à dire que Jésus n’était pas «Dieu» de toute éternité mais un homme particulièrement remarquable et pour cela élu par Dieu pour être son Fils, c’est-à-dire adopté. Jésus serait donc «devenu» Dieu. Pourquoi pas, en effet ? Pourtant l’Église a dit non, et cela dès le IIe siècle, au premier qui a soutenu cette position de manière synthétique, un certain Noët de Smyrne. Et elle a dit à nouveau non, deux siècles plus tard quand cette vieille hérésie tentait de se reformuler à frais nouveaux sous l’égide d’un certain Arius, plus connu que le précédent… Pourquoi ? Avançons rapidement, même au risque de caricaturer les choses, une double réponse. 1. L’Écriture nous montre une égalité d’honneur entre le Père et le Fils – et même l’Esprit. Dès lors, la résurrection ne doit pas être comprise comme l’élévation en gloire de Jésus mais plutôt comme la manifestation éclatante de son identité divine. De même que sa mort a manifesté son obéissance filiale, de même sa résurrection manifeste la gloire de sa condition divine, gloire qu’il partage avec le Père et l’Esprit de totue éternité. Paul écrit de façon décsive : «Il n’y a pour nous  qu’un seul Dieu, le Père, de qui tout vient et vers qui nous allons, et un seul Seigneur, Jésus-Christ, par qui tout existe et par qui nous sommes» (1 Corinthiens 8,6). 2. Un 2e argument plus parlant encore peut-être se situe au plan de la sotériologie (c’est-à-dire de ce qui concerne notre salut). Un homme ne peut pas sauver d’autres hommes. Si Jésus n’est qu’un homme, nous ne pouvons pas être sauvés par lui. Plus, si Jésus n’est qu’un homme, Dieu n’est donc en rien révélé par lui. Il n’a rien à nous dire de Dieu – et encore moins de sa part. Nous ne connaissons pas Dieu qui reste figé dans son ciel… La foi chrétienne nous dit au contraire que Dieu s’est impliqué dans sa création au point de devenir l’un de nous, de prendre sur lui notre faiblesse et même notre mort, pour nous faire accéder par lui à la gloire de sa vie éternelle. En nous approchant de la crèche, en ce Noël, ce n’est pas un joli bébé rose que nous admirons, mais le grand Dieu et Sauveur qui se fait petit enfant, qui se fait l’un de nous, pour que nous aussi puissions «devenir Dieu», comme le dit magnifiquement saint Irénée de Lyon. Et la question qui nous est dès lors posée, c’est celle-ci : crois-tu ?

« LE CHRIST, LE PLUS BEAU DES HOMMES », PAR LE CARDINAL SCHÖNBORN

10 novembre, 2015

http://www.zenit.org/fr/articles/le-christ-le-plus-beau-des-hommes-par-le-cardinal-schonborn

« LE CHRIST, LE PLUS BEAU DES HOMMES », PAR LE CARDINAL SCHÖNBORN

Congrès des Mouvements ecclésiaux et Communautés nouvelles

1 juin 2006

ROME, Jeudi 1er juin 2006 (ZENIT.org) – « Le Christ, le plus beau des hommes » : c’est le thème de cette belle méditation du cardinal archevêque de Vienne, Christoph Schönborn, lors du congrès des Mouvements ecclésiaux et Communautés nouvelles qui se tient à Rocca di Papa en préparation à la célébration des premières vêpres de la Pentecôte autour de Benoît XVI samedi soir.

Frères et sœurs en Jésus Christ ! Nous nous préparons à la Pentecôte. Nous implorons la venue du Saint Esprit, Âme de l’Église et donateur de Vie (cf. CEC ). En plus, c’est aujourd’hui la fête de la Visitation de Marie auprès d’Élisabeth. Avec elle nous sommes invités à “méditer dans notre cœur” tous ces évènements dont le centre est le mystère du Christ (cf. Lc 2, 19-51). Je commence notre méditation avec un regard sur la fête de l’Ascension que nous venons de célébrer il y a six jours. Aux “hommes de Galilée” qui n’arrivent pas à détacher leur regard de la nuée qui cache Jésus en l’emportant, les anges disent : « Celui qui vous a été enlevé, ce même Jésus reviendra comme cela, de la même manière, dont vous l’avez vu partir vers le ciel » (Ac 1, 11). Il y a plus de 30 ans, – que le temps passe vite, et que la vie est brève !- je notais dans mon livre “L’Icône du Christ” au sujet de cette parole des anges : « Cette promesse du retour de ‘ce même Jésus, de la même manière, cette promesse confie à l’Église le soin de garder vivant le souvenir de sa Sainte Face, du visage de Celui qui, depuis, intercède pour nous auprès de son Père et notre Père. Cette promesse l’incite à confesser sa foi en l’avènement ultime du Seigneur. Or, l’icône est cette confession. Elle est le moyen terme, pour ainsi dire, entre l’Incarnation et l’Eschatologie puisqu’elle confesse la vérité des deux. Confessant en un même mouvement l’identité de Jésus de Nazareth, le Verbe incarné, et celle de son Seigneur qui reviendra juger les vivants et les morts, l’icône a sa place au cœur de la confession de foi de l’Église. Elle en est comme le résumé » (L’icône du Christ, Paris 20034, 139). L’icône du Christ : pour beaucoup de Chrétiens, la tradition orientale de l’icône, de sa peinture, de sa spiritualité, est devenue comme un point de ralliement, un point de rencontre pour tous les chrétiens. L’icône est quasi omniprésente dans l’Église, de l’Orient et de l’Occident. Son langage, sa symbolique, son rayonnement semble bien toucher les cœurs de beaucoup de nos contemporains. On s’est souvent interrogé pourquoi, de nos jours, l’art de l’icône a pu acquérir ce statut d’une expression privilégiée de la foi chrétienne. Il peut y avoir un aspect de “mode” (que certains orthodoxes reprochent aux chrétiens d’occident, ayant l’impression que leur tradition orientale soit “utilisée” abusivement par les occidentaux). Je pense qu’il y a quelque chose de plus profond. Le sensus fidei reconnaît dans la tradition iconique de l’Orient une sorte d’expression “canonique” de notre foi, une expression qui dépasse les modes et les fluctuations culturelles du langage artistique chrétien. L’icône n’est pas à-temporelle, elle connaît des variations stylistiques, des écoles, des “colorations culturelles”, elle n’est pas statique et immobile, comme on le lui a souvent reproché. Quel est donc le secret de son attrait, la clef de compréhension de son mystère, et la raison de sa grande stabilité d’expression ? Je pense que la raison ultime en est le Mystère du Christ lui-même, Verbe Incarné, Dieu fait homme, devenu “circonscriptible”, comme l’aime dire les saints défenseurs des images, S. Théodore le Studite et S. Nicéphore de Constantinople. Au-delà de toutes les influences culturelles, des attaches à des traditions iconographiques préchrétiennes, des variations artistiques il y a un fond commun, une source unique de l’art de l’icône : c’est le mystère de la Sainte Face du Christ Jésus. Il y a ce visage unique, il y a ce Jésus que les apôtres ont connu, avec qui ils ont mangé et bu, qu’ils ont vu transfiguré et bafoué, rayonnant de la gloire divine du Tabor, et flagellé et couronné d’épines. C’est ce visage unique, de Jésus, fils de Marie, Fils de Dieu, qui s’est gravé dans la mémoire de Pierre. C’est le regard de Celui que Pierre venait de renier, et qui le regardait d’une façon que rien au monde n’a pu enlever de la mémoire et du cœur de Pierre. Ce Jésus est le fondement de l’Icône, de sa fidélité (que certains caractérisent – plus exactement caricaturent – d’immobilisme), de son attrait inchangé. C’est parce que c’est l’icône du Christ, qu’elle attire. C’est parce que nous voulons voir le Christ que l’icône nous parle. C’est parce que les fidèles (et même souvent les non croyants) peuvent dire, en regardant une icône du Christ : « C’est Jésus ! » que l’icône leur parle. Ce n’est pas tant la qualité artistique, encore qu’elle soit importante et à ne pas négliger puisqu’elle est une vraie médiation pour la rencontre avec le Christ, ce n’est donc pas tant la hauteur de l’œuvre d’art qui compte, mais la force de la présence du Christ lui-même qui importe dans l’art de l’icône. Je n’entre pas ici dans les débats sur l’esthétique des icônes, sur l’aspect proprement artistique. Il y a pour cela de bonnes études savantes. J’attire votre attention sur un fait étonnant qui m’avait frappé quand j’étudiais la littérature du VIIIe et IXe siècle de la controverse iconoclaste, la grande lutte pour ou contre les saintes images en christianisme. En toute cette littérature je n’ai trouvé trace d’un débat esthétique. La question de la beauté des saintes images ne joue pratiquement pas de rôle. Du moins je n’en ai rien trouvé (cf. mon L’icône du Christ. Fondements théologiques, Paris 20034, 235). Comment expliquer cela ? J’en ai donné une première explication dans “L’icône du Christ” : « Cette absence de considérations esthétiques s’explique, nous semble-t-il, par le fait que, de part et d’autre, il n’était à aucun moment question de mettre en doute la légitimité de l’art comme tel. Le débat [de l’iconoclasme] portait uniquement sur l’extension de l’art au-delà du domaine profane, dans le domaine sacré » (loc. cit.). Les iconoclastes admettaient l’art, comme l’islam, mais il devait se limiter strictement au domaine profane. L’iconoclasme était, d’une certaine façon, une sécularisation radicale de l’art, une désacralisation de l’activité artistique, réduite au pur décor, à l’ornement de la vie profane. Mais derrière ce rejet de tout caractère de l’art il y a plus qu’une sécularisation de l’activité artistique. Il y a une certaine conception de ce qui est “chrétien” et donc de ce qu’est le Mystère du Christ. Il est significatif à cet égard de constater que tout le débat pour justifier l’art Chrétien, les images sacrées du Christ et de ses Saints, a tourné autour du Mystère du Christ. J’ai été frappé, en étudiant la controverse sur les images, par la netteté avec laquelle les défenseurs des images ont vu en ce débat non pas une question d’esthétique, mais avant tout christologique. Les pères du IIe Concile de Nicée (787) en étaient bien conscients. Pour eux, l’affirmation de la légitimité de l’icône du Christ était comme le sceau apposé à la confession de sa divinité (Nicée I) et de sa divino-humanité (Chalcédoine). L’Église Orthodoxe célèbre la victoire définitive des défenseurs des images en 843 comme “le triomphe de l’Orthodoxie”, célébré liturgiquement chaque année le premier dimanche de Carême. L’icône du Christ – résumé de la foi chrétienne ! Cela peut paraître exagéré. À regarder de plus près ce n’est nullement le cas. Permettez-moi de dire brièvement pourquoi, et cela en deux étapes. 1) Un nouveau regard À la fin de mon enquête sur les fondements théologiques de l’icône du Christ, je tirais cette conclusion : « Il y a une corrélation entre la vision du mystère divino-humain du Christ et la conception de l’art. En effet, l’Incarnation n’a pas seulement transformé la connaissance de Dieu, elle a également changé le regard de l’homme sur le monde, sur lui-même et sur ses activités dans le monde. Dès lors, l’activité créatrice des artistes ne pouvait pas ne pas être touchée, transformée par l’attrait du mystère de l’Incarnation. Si le Christ est venu pour renouveler l’homme tout entier, le recréer selon cette image dont il est lui-même le modèle, ne fallait-il pas que le regard, la sensibilité, la créativité des artistes soient, eux aussi, recréés à l’image de celui ‘pour qui tout a été créé’ ? Vu sous ce jour, l’effort pour cantonner l’art dans le ‘profane’ doit apparaître comme une crise profonde de la vision théocentrique du monde et de l’homme » (op.cit., 236).  Il y a une possibilité de vérification de cette thèse, qui est d’une actualité croissante : le rapport de l’Islam à l’art sacré. Je ne suis nullement spécialiste en cette matière, mais je fais confiance à des études compétentes. Si l’Islam rejette, en général, l’image anthropomorphique et ne laisse de la place qu’à l’ornement et surtout à l’écriture, cela n’est pas d’abord le résultat d’une théorie artistique et esthétique, mais la conséquence directe de sa vision du Dieu unique qui n’a, en ce monde, aucune similitude, que rien ne peut représenter, figurer, et même, d’une certaine façon, symboliser. J’ai été frappé, lors de mon voyage en Iran (2001), avec quelle insistance on m’a expliqué que je ne devais pas parler de l’homme-image de Dieu. Ce qui, pour la foi judéo-chrétienne, est une évidence, confirmée intensément par le mystère de l’Incarnation, que l’homme soit vraiment ad imaginem et similitudinem de son créateur, l’islam le rejette fermement. Dieu est unique et sans pareille : La Súrat al-Tawhíd (Cor. *CXII) que tout musulman prononce chaque jour, dit ceci : « Dis : il est Dieu, l’Un, Il est Dieu, l’Unique, Il n’a pas engendré, Il n’a pas été engendré. Il n’a nulle pareille » (plus exactement “nulle adéquation”). Il n’y a donc aucune représentation de Dieu dans le monde. L’aniconisme de l’Islam n’est pas d’abord une théorie esthétique. C’est une conséquence de la religion islamique d’un Dieu que rien ne peut représenter. Seule la lumière, dans la mosquée, le nikràb, serait, selon des connaisseurs, une évocation métaphorique du divin. Or la lumière est justement sans aucune forme ni figure (cf. Assadhullah Souren Melikien Chirrani, L’Islam, le Verbe et l’image, dans F. Boes pflug – N. Lossky [ed.] Nicée II. 787-1987. Douze siècles d’images religieuses, Paris 1987, 89-117). Il en est autrement de la foi chrétienne. Parce que le Créateur parle par sa créature, les traces du divin sont “lisibles”, non sans difficulté certes, mais réellement. C’est surtout l’homme, véritable lieu-tenant de Dieu dans sa création, qui est à l’image de Dieu. Son œuvre parle de Lui, surtout l’homme. L’interdiction de l’image dans l’Ancienne Alliance a un sens plus pédagogique qu’ontologique. Parce que le cœur de l’homme est une fabrique d’idoles, il fallait extirper toute tentation d’idolâtrie. Mais fondamentalement, Dieu se fait connaître par ses œuvres. C’est là la porte d’entrée de l’art sacré. Le Mystère divino-humain du Christ approfondit cet ordre de la création, lui donne sa stature définitive. Il y a vraiment un visage humain qui soit “l’icône du Dieu visible” (Col 1, 15). Parce que le Verbe s’est fait chair, parce que le Christ, de condition divine, a pris la condition d’esclave et a fait sienne son humanité concrète, les réalités humaines, les choses de ce monde sont devenues lieux de Sa présence, capables d’être son expression, sa trace, son langage. Pour moi, les tableaux du Carravaggio sont une manifestation exceptionnellement dense de ce fondement “divino-humain” de l’art qui s’est développé sur le sol chrétien. La madonna dei pelegrini de S. Agostino à Rome en est pour moi un exemple saisissant. Les pèlerins à genoux, pieds-nus (et pleins de poussière) devant cette matrone avec un enfant déjà trop grand pour être tenu dans les bras de sa mère : tout cela respire un réalisme “charnel” (dirait Charles Péguy) qui pourrait choquer (et qui a choqué) comme manquant de sens et de dimension sacrés. Or c’est précisément le réalisme de l’incarnation qui permet d’approcher le Saint, le Christ et sa Mère de cette façon si proche de la terre. La foi chrétienne en l’incarnation est à la source d’un art qui se penche avec tant d’attention sur les choses de la terre. J’ose penser que le grand développement de l’art, sacré et profane, en terre de chrétienté s’inspire (sans renier d’autres sources) avant tout de ce oui inouï à la terre qu’est l’Incarnation du Fils de Dieu. Ce Oui au concret, à la matière, au monde visible est à la racine de cette créativité explosive que connaît l’art d’Occident. J’admets bien volontiers que cette thèse mérite des approfondissements que nos groupes de travail pourront ébaucher. 2) Le Christ est la Beauté J’ose aller encore un peu plus loin. Nous connaissons l’enseignement classique sur les “transcendantaux”, le vrai, le bon, le beau. Tous ces attributs ne sont pas extérieurs à Dieu. Ils sont Dieu lui-même. Il est la Vérité et le Bien, il est Amour, il est Beauté. Vérité et Bonté, Amour et Beauté sont, comme disent les scholastiques, convertibles et coïncident avec l’Être même de Dieu. Toute beauté créée et une participation à la beauté infinie de l’être de Dieu. Si cela est vrai, il faut faire un pas de plus et dire que le Verbe, en se faisant chair, a pour ainsi dire “incarné” la bonté et l’amour, la vérité et la beauté infinie de Dieu. Le Christ est “le plus beau des enfants de l’homme” non pas à cause de ses qualités esthétiques particulières, mais parce qu’il est la beauté incarnée de Dieu. Tout son être est amour et vérité, bonté et beauté. S’il est donc vrai que le Christ peut dire de lui-même : « Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie », il peut tout aussi justement dire « Je suis la Beauté ». Le Christ peut dire de lui-même ce que seul Dieu peut dire : « Je suis ». L’Être, le Vrai et le Bien sont, selon le terme scholastique, “convertibles”. Si le Christ est la Vérité et la Bonté, il est aussi ce qui est leur splendeur : la Beauté : Splendor Veritatis, Splendor Boni ! Pour résumer ce deuxième pas de notre petite réflexion je dirai, en variant une parole de S. Irénée qui disait : « Le Christ, en venant, a apporté avec lui-même, toute nouveauté » : « Le Christ, en son Incarnation, a apporté avec lui toute Beauté. C’est Lui la mesure de la Beauté, c’est lui qui apporte, avec sa venue, un nouveau regard sur la beauté. Il est, pour ainsi dire, “le canon de la Beauté”. Il n’a pas seulement rétabli la beauté originelle de la création perdue et profanée par le péché et le mal, il a apporté, en sa propre personne, la source de toute beauté. De lui s’épanchent sur le monde les eaux vives de la beauté. Et toutes les beautés du monde, qu’elles soient beautés de la nature, de la vertu ou de l’art, sont des rayonnements de Sa Beauté. « Tu es le plus beau des hommes », cette parole du psaume royal, lue comme une annonce du Christ, ne veut pas dire que Jésus serait, selon des critères préétablis par une esthétique mondaine, le plus parfait modèle de beauté. « Tu es la source de toute beauté humaine ». En toi nous est révélé ce qu’est la beauté, et de toi nous recevons le regard pour la voir, les critères pour la discerner et la force pour l’imiter et la rayonner. 3) Le Christ nous entraîne sur le Chemin de Sa Beauté  Il nous faut donc regarder, contempler le Christ, source de la Beauté divine, rendue accessible par son Incarnation. J’ose vous proposer une conviction qui est une intuition dont je crois qu’elle se vérifie de mille manières : « Là où est le Christ, là est la beauté ». Là où les cœurs, les esprits, les vies s’ouvrent au Christ, là les vannes de la beauté s’ouvrent et se déversent comme des flots vivifiants sur un monde avili par le péché, défiguré par la laideur du mal. Depuis 2000 ans cela se vérifie, et je pense que tout le sens de notre colloque préparatoire à la rencontre de la Pentecôte a ce sens : regarder comment les semences de beauté que sème le Christ, croissent et portent du fruit. Il faudra d’abord se pencher sur ce qui est le plus beau fruit de la Beauté du Christ : la Sainteté. Il n’y a de plus forte évidence de la Vérité et de la Bonté divino-humaine du Christ que cette voie lactée, cette nuée lumineuse des saints sans nombre que le Christ a entraînée à sa suite. Il n’y a rien de plus beau au monde que la Sainteté. Des saints on peut dire ce que l’épître aux Hébreux dit du Christ : ils sont comme le “resplendissement de sa gloire” (Hebr 1, 3). Je pense qu’il suffit de le dire pour qu’on se rende à l’évidence. À maintes reprises le Cardinal Ratzinger, grand ami et connaisseur de la tradition franciscaine, a attiré l’attention sur ce fait impressionnant : le Poverello d’Assise, en ne cherchant qu’à suivre le Christ pauvre et humilié, a provoqué, non seulement un grand mouvement spirituel dans l’Église. Il a aussi suscité une traînée lumineuse de beauté artistique. Giotto, Cimabue, pour ne mentionner que ces deux-là, figurent pour une véritable explosion de créativité artistique qui constitue, jusqu’à nos jours, le plus grand trésor artistique de l’Europe, et j’ose dire, du monde. Le Christ, en suscitant par son Esprit, tant de sainteté, est aussi la source vive de tant de beauté artistique. Comment peut-on fermer les yeux devant cette évidence ? Dans sa pièce « Fratello del Nostro Dio » sur le Saint Frère Albert, Karol Wojtiła, le vénéré pape Jean-Paul II, parle de « cette autre beauté, celle de la miséricorde ». Comment ne pas voir cette évidence : le Christ a donné au monde “cette autre beauté, celle de la miséricorde”. Que serait notre monde sans la réalité de la miséricorde ? Parce que nous en vivons tous, consciemment ou inconsciemment, nous risquons de ne plus voir à quel point la beauté de la miséricorde rayonne en notre monde de dureté et d’inhumanité, à partir de ce foyer inépuisable d’amour qu’est le cœur de Jésus. Qu’il suffise ici pour la suite de nos travaux d’avoir indiqué ces trois voies lumineuses de la Beauté du Christ : la Sainteté, l’art qui en est inspiré et la miséricorde qui en rayonne. Pour conclure je vous propose d’abord un texte de S. Augustin, commentant le Psaume 44 (45), le verset 3 : « Tu es beau, le plus beau des enfants des hommes ». Il y a d’autres passages que nous pourrions citer, surtout ce texte très fort du commentaire de S. Augustin à la première lettre de S. Jean, parlant des deux textes bibliques apparemment contradictoires, celui du Psaume 45 (44), que nous venons de citer, et celui du 4ème Chant du Serviteur qui était « sans beauté ni éclat pour attirer nos regards, sans apparence qui nous aurait séduits, objet de mépris, abandonné des hommes, homme de douleurs… » (Is. 53, 2-3). Le Saint-Père les a admirablement commentés, dans un message au Meeting des Peuples à Rimini en 2002. Il y aurait bien d’autres textes des Pères sur le contraste entre ces deux oracles prophétiques, qu’il nous suffise de citer celui des Enarrationes in Ps 44 de S. Augustin : « même là, si tu veux considérer la miséricorde qui l’a fait s’incarner, il est beau ». Est beau ce qui est du Christ : c’est ainsi que nous pouvons résumer ce texte de S. Augustin. C’est beau parce que c’est du Christ. Parce que tout en Lui rayonne la justice, la miséricorde, l’amour. Comment rendre plus évidente cette affirmation ? Le Padre Pio était-il beau ? Sans doute non, selon les critères du monde ; sans doute oui selon la beauté du Christ. Sorin Dumitescu, un artiste exquis (et un éditeur courageux), peintre d’icônes contemporaines, a publié un calendrier avec douze photos en grand plan de Starez roumains orthodoxes. La beauté de ces vieux visages aux rides profondes, est une preuve éclatante de ce qu’est la beauté du Christ. Je pourrais multiplier les exemples, et vous aussi. Je m’arrête là avec deux questions qui m’inquiètent : 1) Pourquoi tant d’art sacré de nos jours est si laid ? Le musée du Vatican pour l’art sacré moderne me laisse perplexe et même interdit. Que s’est-t-il passé pour que l’art sacré soit si loin de ses grandes expressions du passé ? Est-ce la crise générale de l’art, de la culture de notre temps ? Faut-il réapprendre à trouver les expressions du Mystère du Christ chez des artistes qui peuvent sembler loin de la foi ? Y a-t-il des signes d’une reprise authentique de l’art inspiré par le mystère du Christ ? 2) Pourquoi la liturgie a-t-elle tellement perdu du sens de la beauté ? Pourquoi tant de mauvais goût dans tout ce qui entoure la célébration du Mystère de la foi ? Ne devrait-il pas générer la plus belle des beautés ? D’où vient ce “paupérisme”, ce “misérabilisme” dans tant de nos expressions liturgiques ? Est-ce la perte du sens du sacré ? Ou est-ce plus profondément un affaiblissement de la présence, de la perception du Mystère du Christ ? Manquons-nous d’enracinement dans le Christ, source de la Beauté, Beauté-même ? Deux questions qui ne laissent dans la perplexité. Il ne faut pas les esquiver, il ne faut pas non plus s’en laisser emprisonner. Car il se peut que la beauté du Christ soit cachée dans la pauvreté de nos expressions culturelles. Peut-être faut-il creuser plus profondément, pour retrouver la source de la Beauté. Elle ne cesse de couler, mais elle peut être plus cachée, plus obscure en ces temps d’obscurcissement. Laissez-moi terminer avec un souvenir-clef pour moi : [ Dominique Pomeau, lors d’un colloque sur l’art sacré au Mans : “C’est la messe” ]   Oui, le Christ est là, toute sa Beauté est là, cachée sous le voile des pauvres signes de ses sacrements ; enfoui sous le tas de nos misères pécheresses, mais réellement présent. À nous d’aller à sa recherche, de creuser pour trouver la source vive dans les déserts de notre temps. La beauté du Christ est là. J’ose paraphraser une parole du Seigneur : N’allez pas dire : elle est ici, elle est là. Ma beauté est au milieu de vous !