Archive pour janvier, 2019

HOMÉLIE POUR LE 4E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE ANNÉE C « MAIS LUI ALLAIT SON CHEMIN »

31 janvier, 2019

http://www.hgiguere.net/Homelie-pour-le-4e-dimanche-du-temps-ordinaire-Annee-C-Mais-lui-allait-son-chemin_a877.html

imm ciottoli e fr

le prophète Elie et la veuve de Sarepta

HOMÉLIE POUR LE 4E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE ANNÉE C « MAIS LUI ALLAIT SON CHEMIN »

Jérémie 1, 4-5.17-19, I Corinthiens 12, 31-13,13 et Luc 4, 21-30.

C’est l’évangile de Luc qui nous accompagnera tout au cours de cette année pour les dimanches du temps ordinaire car, comme vous le savez, le choix des lectures des évangiles dominicaux en cette année liturgique qu’on désigne comme l’« Année C » nous réfère à l’évangile de Luc. Pour l’« Année A » on utilise celui de Mathieu et pour l’« Année B » celui de Marc.
Saint Luc développe son exposé en empruntant le thème de la route, des déplacements de Jésus. Il structure son évangile en suivant Jésus sur les chemins de la Palestine. Il présente trois grands périples de Jésus avec ses apôtres. Ce matin commence le premier de ces périples qui se passe dans sa Galilée natale (4, 14 – 9, 51), les autres seront sa montée vers Jérusalem en trois étapes (9, 51 – 13, 21) puis son entrée et son enseignement dans la Ville Sainte avant la Passion (13, 22 – 21, 38).

I – Le message et le messager
Le passage de l’évangile de saint Luc que je viens de lire prend place au tout début du parcours de la vie publique de Jésus. Intentionnellement, saint Luc le situe à Nazareth où Jésus a grandi, alors que saint Marc le situe plus tard dans le ministère de Jésus (cf. Marc 6,1-6a).
Les deux visites diffèrent beaucoup. Celle de saint Luc, placée dès le début de la prédication et du ministère de Jésus, est tragique et se termine presque par une tentative d’assassinat. Celle de saint Marc, après la tempête apaisée, sera plus anodine.
De quoi est-il question ici ? Pour saint Luc, la mise en scène qu’il utilise lui permet de situer les réactions non seulement au message que Jésus apporte, mais au messager qu’il est. Et on voit que ses concitoyens entendant son message sont prêts à tirer sur le messager, comme on dit.
Et pourtant Jésus se situe dans la foulée des prophètes qui l’ont précédé. On peut lui appliquer ce qui est dit de Jérémie dans la première lecture : « Je t’ai consacré ; je fais de toi un prophète pour les nations ». Jésus est conscient qu’il avance lui aussi sur un chemin rempli d’embûches. Sa visite à Nazareth est comme un test.

II – Les destinataires du message
Comment vont réagir les destinataires du message de Jésus, de la Bonne Nouvelle de Dieu pour son peuple ?
Dans un premier temps, on voit que les gens sont touchés par les paroles de Jésus qui se situent dans la foulée de l’Alliance de Dieu avec son peuple, une Alliance qui offre un salut qui n’est la propriété de personne, mais qui est pour tous ceux et celles qui veulent bien le recevoir.
Saint Luc qui a peut-être des informations particulières sur les réactions des concitoyens de Jésus à Nazareth – car il dit au début de son évangile qu’il a fait des recherches personnelles avant de l’écrire (cf. Luc 1, 3 « après avoir recueilli avec précision des informations ») – note que « tous lui rendaient témoignage et s’étonnaient des paroles de grâce qui sortaient de sa bouche ».
Mais à mesure que Jésus parle, un mouvement de refus se dessine. Il ne peut être comme les prophètes. Il est un simple ouvrier, un artisan que les gens de son village connaissent bien. Ils manifestent alors leur opposition à son discours, à sa prédication : « À ces mots, dans la synagogue, tous devinrent furieux. »
Ils seraient peut-être prêts à accepter le message mais ils ne veulent rien savoir du messager. Or dans le plan de Dieu, le message c’est aussi le messager, pas moyen de séparer l’un de l’autre. Jésus annonce la Bonne nouvelle et il est la Bonne Nouvelle.

III – Nos lenteurs et nos fermetures
Ces réactions des gens de Nazareth sont très éclairantes pour nous aujourd’hui. Ce qui est en cause ici c’est la foi. Les gens de Nazareth ne veulent pas faire le pas nécessaire pour accueillir le message, la Bonne Nouvelle ou l’Évangile qui est le terme grec pour dire Bonne Nouvelle (note: le mot« évangile » est emprunté au grec ancien e?a??????? / euaggélion qui se traduit littéralement par « bonne nouvelle »).
Pourquoi? Parce qu’ils la réduisent à des enseignements seulement, à des lois et des préceptes comme ils sont habitués de le faire avec leurs Écritures. Or la Loi Nouvelle qu’annonce Jésus est au-delà des normes et des obligations auxquels ils sont habitués, elle est la Loi de l’Amour. Les disciples de saint Jean le comprendront très bien lorsqu’ils écriront dans une lettre qui nous a été conservée : « Celui qui n’aime pas n’a pas connu Dieu, car Dieu est amour. Voici comment l’amour de Dieu s’est manifesté parmi nous : Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde pour que nous vivions par lui… ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, mais c’est lui qui nous a aimés » (I Jean 4, 8-10).
Voilà l’essentiel du message de Jésus. Pour le recevoir, il faut accepter de se laisser dépouiller de ses fermetures et de ses sécurités. Il faut prendre le risque de la foi. Il faut sortir de ses certitudes pour faire confiance à quelqu’un qui nous aime, un Dieu bon et miséricordieux qui ne saurait nous écraser car il nous regarde tous et toutes comme ses enfants.
L’amour si bellement décrit par saint Paul dans la deuxième lecture prend ses racines dans cet amour infini de Dieu qui nous aime. « S’il me manque l’amour, je ne suis rien. J’aurais beau distribuer toute ma fortune aux affamés, j’aurais beau me faire brûler vif, s’il me manque l’amour, cela ne me sert à rien. etc. »
Devant la contestation violente des gens de Nazareth, Jésus, rempli de l’Esprit de Dieu, s’élève au-dessus de leurs réactions mesquines. Il les met de côté ostensiblement en fendant la foule d’un pas assuré et il va son chemin. « Mais lui, passant au milieu d’eux, allait son chemin ».
C’est sur d’autres routes qu’il continuera sa prédication jusqu’à celle du Calvaire où la Croix l’attend.

Conclusion
Le Dieu Amour prêché par Jésus attend de nous une réponse de foi et de confiance malgré les incertitudes et les questionnements. Même lorsque nous sommes déroutés, nous pouvons regarder Jésus qui sera notre modèle, notre frère, notre ami tout en demeurant notre Seigneur et notre Maître.
Que cette célébration eucharistique nous renouvelle dans notre adhésion de foi à Jésus, messager de la Bonne Nouvelle qui est lui-même. Ressuscité et bien vivant, il est présent dans tous les rassemblements dominicaux comme le nôtre qui se tiennent dans le monde entier.
Unissons-nous à nos frères et sœurs qui, en ce moment, comme nous, font mémoire de la présence vivifiante du Seigneur Ressuscité en partageant son Corps et son Sang sous les espèces Pain et du Vin.

Amen!

Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l’Université Laval
Séminaire de Québec

PAPE FRANÇOIS – AUDIENCE GÉNÉRALE 21 mai 2014- un autre don de l’Esprit Saint, le don de science.

30 janvier, 2019

http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/audiences/2014/documents/papa-francesco_20140521_udienza-generale.html

http://ibtrussia.org/ftpmirror/pub/multimedia_original_cd/22.html

Popiashvili David, Good Shepherd

PAPE FRANÇOIS – AUDIENCE GÉNÉRALE 21 mai 2014- un autre don de l’Esprit Saint, le don de science.

Place Saint-Pierre

Mercredi 21 mai 2014

Chers frères et sœurs, bonjour.

Aujourd’hui, je voudrais mettre en lumière un autre don de l’Esprit Saint, le don de science. Lorsque l’on parle de science, la pensée se tourne immédiatement vers la capacité de l’homme de connaître toujours mieux la réalité qui l’entoure et de découvrir les lois qui régissent la nature et l’univers. La science qui vient de l’Esprit Saint, toutefois, ne se limite pas à la connaissance humaine : c’est un don spécial, qui nous conduit à saisir, à travers la création, la grandeur et l’amour de Dieu et sa relation profonde avec chaque créature.
Lorsque nos yeux sont illuminés par l’Esprit, ils s’ouvrent à la contemplation de Dieu, dans la beauté de la nature et dans la grandeur de l’univers, et nous conduisent à découvrir que toute chose nous parle de Lui et de son amour. Tout cela suscite en nous un très grand émerveillement et un profond sentiment de gratitude ! C’est la sensation que nous éprouvons également lorsque nous admirons une œuvre d’art ou toute autre merveille qui est le fruit du génie et de la créativité de l’homme : face à tout cela, l’Esprit nous conduit à louer le Seigneur du plus profond de notre cœur et à reconnaître, dans tout ce que nous avons et sommes, un don inestimable de Dieu et un signe de son amour infini pour nous.
Dans le premier chapitre de la Genèse, précisément au début de toute la Bible, est mis en évidence le fait que Dieu est satisfait de sa création, en soulignant de façon répétée la beauté et la bonté de chaque chose. Au terme de chaque journée, il est écrit : « Dieu vit que cela était bon » (1, 12.18.21.25) : si Dieu voit que la création est une bonne chose, est une belle chose, nous aussi nous devons adopter cette attitude et voir que la création est une chose bonne et belle. Tel est le don de science qui nous fait voir cette beauté, louons donc Dieu, en lui rendant grâce de nous avoir donné tant de beauté. Et lorsque Dieu finit de créer l’homme, il ne dit pas : « Dieu vit que cela était bon », mais il dit que cela était « très bon » (v. 31). Aux yeux de Dieu, nous sommes la chose la plus belle, la plus grande, la meilleure de la création : les anges aussi sont au-dessous de nous, nous sommes plus que les anges, comme nous l’avons entendu dans le livre des Psaumes. Le Seigneur nous aime ! Nous devons lui rendre grâce pour cela. Le don de la science nous place en profonde harmonie avec le Créateur et nous fait participer à la limpidité de son regard et de son jugement. Et c’est dans cette perspective que nous réussissons à saisir dans l’homme et la femme le sommet de la création, comme accomplissement d’un dessein d’amour qui est imprimé en chacun de nous et qui nous fait reconnaître comme frères et sœurs.
Tout cela est un motif de sérénité et de paix et fait du chrétien un témoin joyeux de Dieu, sur les pas de saint François d’Assise et de nombreux saints qui ont su louer et chanter son amour à travers la contemplation de la création. Dans le même temps, toutefois, le don de la science nous aide à ne pas tomber dans certains comportements excessifs ou erronés. Le premier est constitué par le risque de nous considérer comme les propriétaires de la création. La création n’est pas une propriété, que nous pouvons dominer à notre guise ; ni la propriété de quelques-uns, d’une poignée de personnes : la création est un don, c’est un don merveilleux que Dieu nous a fait, afin que nous en prenions soin et que nous l’utilisions au profit de tous, toujours avec un grand respect et gratitude. Le deuxième comportement erroné est représenté par la tentation de nous arrêter aux créatures, comme si celles-ci pouvaient offrir la réponse à toutes nos attentes. À travers le don de la science, l’Esprit nous aide à ne pas tomber dans cette erreur.
Mais je voudrais revenir sur la première voie erronée : dominer la création au lieu de la protéger. Nous devons protéger la création parce qu’il s’agit d’un don que le Seigneur nous a fait, c’est le don que Dieu nous a offert ; nous sommes gardiens de la création. Lorsque nous exploitons la création, nous détruisons le signe de l’amour de Dieu. Détruire la création signifie dire à Dieu « cela ne me plaît pas ». Et cela n’est pas bon : voilà le péché.
La protection de la création est précisément la protection du don de Dieu et cela signifie dire à Dieu : « Merci, je suis gardien de la création mais pour la faire progresser, jamais pour détruire ton don ». Cela doit représenter notre attitude à l’égard de la création : la protéger parce que si nous détruisons la création, la création nous détruira ! N’oubliez pas cela. Un jour, j’étais à la campagne et j’ai entendu un dicton prononcé par une personne simple, qui aimait beaucoup les fleurs et qui en prenait soin. Elle m’a dit : « Nous devons protéger ces belles choses que Dieu nous a données ; la création nous a été donnée pour que nous l’utilisions bien ; pas pour l’exploiter, mais pour la préserver, parce que Dieu pardonne toujours, nous les hommes nous pardonnons parfois, mais la création ne pardonne jamais et si on n’en prend pas soin, elle nous détruira ».
Cela doit nous faire réfléchir et doit nous faire invoquer de l’Esprit Saint le don de la science pour bien comprendre que la création est le plus beau don de Dieu. Il a fait tant de bonnes choses pour la meilleure chose qu’est la personne humaine.
Je salue cordialement les francophones, en particulier les pèlerins des diocèses de Pointe Noire, au Congo, de Sens et de Fréjus, ainsi que les sœurs de la Sainte Famille de Bordeaux.
Je vous invite à contempler souvent la beauté de la création afin d’y découvrir la grandeur et l’amour de Dieu pour nous. Qu’il remplisse vos cœurs de reconnaissance et que cela vous encourage à accueillir sa volonté dans votre vie

LA SOUFFRANCE DES INNOCENTS – QUE DIT LA BIBLE SUR LA SOUFFRANCE DES INNOCENTS ?

29 janvier, 2019

https://www.taize.fr/fr_article1077.htm

fr

LA SOUFFRANCE DES INNOCENTS – QUE DIT LA BIBLE SUR LA SOUFFRANCE DES INNOCENTS ?

L’objection d’Ivan Karamazov, dans le célèbre roman de Dostoievski, reste pour beaucoup le plus grand obstacle à la foi en un Dieu d’amour : peut-on avoir confiance en Dieu dans un monde où des enfants sont torturés ? Si Dieu est bon, comment peut-il permettre la souffrance des innocents ?
Témoin de la recherche spirituelle des humains à travers les siècles, la Bible est elle-même aux prises avec cette question. Les psaumes nous présentent le désarroi des fidèles face au bonheur des méchants et au malheur des justes : « Pourquoi aurais-je gardé un cœur pur, lavant mes mains en l’innocence ? Quand j’étais frappé tout le jour, et j’avais mon châtiment chaque matin ?… Je crie vers toi, Seigneur, le matin ma prière te prévient ; pourquoi repousses–tu mon âme, caches-tu loin de moi ta face ? » (Psaume 73,13-14 ; 88,14-15). Manifestement, la vieille explication qui lie peine et péché ne fonctionne pas toujours, il existe des cas innombrables où la souffrance n’est pas la conséquence d’une existence loin de Dieu.
Au cœur des Écritures hébraïques, la figure de Job est le type même de cette interrogation. Homme juste et pieux, abreuvé d’épreuves, il refuse de lâcher aussi bien l’affirmation de son innocence, que sa relation avec le Seigneur. Restant accroché à ces deux pôles jusqu’au bout, Job voit sa dispute avec le Seigneur déboucher sur une percée nouvelle. Il ne s’agit pas d’une explication intellectuelle, voire d’une justification de la souffrance, chose monstrueuse que Dieu ne peut jamais offrir, mais plutôt la révélation d’un contexte où tout change de couleur. Job saisit que la tentative de solution qui rejette sur Dieu la responsabilité de la souffrance conduit à une impasse, à la plus totale des méprises. Cette fausse piste écartée, le champ est désormais déblayé pour une vision plus vraie.
En fait, cette vision est là depuis les débuts de la révélation biblique. Le premier innocent que nous rencontrons dans les pages de la Bible est Abel, injustement tué par son frère Caïn. Or l’auteur de la Genèse écrit à son propos des paroles stupéfiantes : « Le Seigneur dit à Caïn : Qu’as-tu fait ! Écoute le sang de ton frère crier vers moi du sol ! » (Genèse 4,10). Dans la Bible le sang, c’est la vie (voir Lévitique 17,11.14), et cette vie écrasée par la malice humaine retrouve paradoxalement une voix. Loin d’être étouffé par la violence des hommes, le désir de vie qui habite le cœur de la victime est libéré par son innocence blessée. Son cri parvient jusqu’à Dieu et provoque son intervention.
Cette même dynamique entre au cœur de l’histoire du salut dans le récit de l’Exode. Ce qui fait descendre Dieu sur terre n’est pas quelque acte de prouesse ou de dévouement de la part des humains, mais bien le cri qui jaillit de leur oppression. Le gémissement des esclaves met en route un vaste processus de libération à travers lequel Dieu se rend présent (voir Exode 2,23-25).
Avec les prophètes d’Israël, un pas de plus est accompli. Ils expérimentent jusque dans leur chair que Dieu, l’Innocent par excellence, est rejeté par un peuple qui se veut autosuffisant. Tel Osée, contraint de supporter avec patience la trahison de sa bien-aimée, image de la fidélité de Dieu à son peuple infidèle. Tel Jérémie, en butte à l’exclusion et à la persécution, « homme de querelle et de discorde pour tout le pays », condamné à rester seul avec une « blessure incurable » (Jérémie 15,10.17-18). Il faudrait du temps pour comprendre que ces hommes nous donnent, en fait, un aperçu du cœur de Dieu lui-même, lorsqu’ils souffrent de ne pas être écoutés ni compris.
Si la vie des prophètes révèle que la souffrance des innocents n’est pas seulement une incitation à l’action de Dieu pour rétablir la justice, mais aussi le lieu privilégié où les humains peuvent entrer dans son mystère, une figure mystérieuse qu’on trouve en Isaïe 40–55 exprime cette vérité en toutes lettres. Il s’agit d’un être, décrit comme le dernier des derniers, « objet de mépris », qui attire comme un aimant toute la malice des autres pour la transformer en souffrance (voir Isaïe 53). Mais voici que cet homme apparemment rejeté est en fait le Serviteur de Dieu, c’est-à-dire quelqu’un qui réalise sur terre le dessein divin de salut. Si « le Seigneur s’est plu à l’écraser par la souffrance » (Isaïe 53,10), c’est afin de l’exalter à la vue de tous, pour que tous voient en lui l’activité de Dieu lui-même : Dieu réconcilie avec lui ceux qui le rejettent en se chargeant lui-même des conséquences de leur infidélité.
Est-ce que la vie de Jésus nous dit quelque chose de plus ?
Ce n’est pas un hasard si les premiers chrétiens se sont attardés sur ces chapitres d’Isaïe, quand ils cherchaient dans les Écritures des lumières pour comprendre le sort de leur maître, Jésus. Les guérisons qu’il accomplit témoignent déjà de sa volonté d’assumer par amour les souffrances des autres (voir Matthieu 8,16-17). Mais c’est surtout sa façon d’affronter une mort atroce qui rompt le cercle infernal du mal. La condamnation d’un juste qui répond par le pardon (voir Luc 23,47.34) permet l’accomplissement du dessein de Dieu qui est de rendre justes les multitudes (voir Isaïe 53,10-11). Autrement dit, la souffrance d’un innocent vécue jusqu’au bout rend à tous les humains la légèreté d’une innocence retrouvée. Le sang de Jésus est « plus éloquent que celui d’Abel » (Hébreux 12,24) parce qu’il obtient la venue de Dieu sur terre comme source intarissable d’une vie nouvelle.
Le dernier livre de la Bible, l’Apocalypse de saint Jean, explicite ce processus au chapitre 6, à travers sa vision du déroulement de l’histoire humaine. Il s’agit d’un livre scellé de sept sceaux. Les quatre premiers décrivent l’humanité laissée à elle-même, suivant une courbe inexorable qui descend vers la mort. Avec le cinquième sceau nous entrons dans le mouvement inverse, l’activité salvatrice de Dieu. Et cela commence justement avec le cri des « âmes de ceux qui furent égorgés… » (Apocalypse 6,9-11), en qui il faut voir non seulement les martyrs chrétiens, mais « tout le sang innocent répandu sur la terre, depuis le sang de l’innocent Abel » (Matthieu 23,35 ; voir Apocalypse 18,24). En Dieu, le sang des innocents reçoit une efficacité qui contrecarre les effets destructeurs de la violence. Leur apparente défaite inaugure un mouvement de libération qui culmine dans la croix du Christ.
C’est cela qui est manifesté par l’ouverture du sceau suivant, où il s’agit du « grand Jour de la colère de l’Agneau » (Apocalypse 6,17). La « colère de Dieu » est le terme technique utilisé dans la Bible pour exprimer sa réponse au péché qui vise le rétablissement de la justice bafouée. Ici, il se réfère à l’acte par lequel Jésus prend sur lui tout le mal humain en en subissant les conséquences jusqu’à l’extrême, dans son propre corps (voir 1 Pierre 2,21-24).
En donnant sa vie jusqu’au bout, Jésus partage le sort de toutes les victimes innocentes et assure ainsi que leur peine n’a pas été vaine. Il porte leurs souffrances à l’intérieur de sa propre relation avec celui qu’il appelle abba, Père, et, puisque le Père l’écoute toujours (voir Jean 11,42), nous avons la garantie que cette souffrance n’est pas perdue. Elle entraîne la disparition de l’ancien ordre mondial marqué par l’injustice, et l’apparition « de nouveaux cieux et d’une nouvelle terre, où la justice habitera » (2 Pierre 3,13). Voici la réponse définitive, parce que vécue, donnée à Ivan Karamazov et à Job. Loin de tolérer ne fût-ce qu’un seul instant la souffrance des innocents, dans son Fils unique Dieu boit avec eux cette coupe amère jusqu’à la lie et, ce faisant, la transforme en coupe de bénédiction pour tous.

Lettre de Taizé : 2003/6

HOMÉLIE POUR LE 3E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE ANNÉE ANNÉE C : « IL PRIT LE LIVRE »

24 janvier, 2019

http://www.hgiguere.net/Homelie-pour-le-3e-dimanche-du-temps-ordinaire-Annee-Annee-C-Il-prit-le-livre_a876.html

fr

« Aujourd’hui cette parole de l’Écriture, que vous venez d’entendre, est accomplie. »

HOMÉLIE POUR LE 3E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE ANNÉE ANNÉE C : « IL PRIT LE LIVRE »

Textes: Néhémie 8, 2-4a.5-6.8-10, 1 Corinthiens 12, 12-30 et Luc 1, 1-4 ; 4, 14-21.

Les lectures d’aujourd’hui sont d’une telle richesse qu’on souhaiterait pouvoir reprendre chacune pour elle-même et la commenter longuement. Comme elles sont été choisies pour accompagner notre liturgie de ce dimanche, essayons d’en voir les applications qui s’en dégagent pour nous et notre assemblée. Notre fil conducteur sera le livre ouvert.

I – Une lecture qui surprend
Lorsque Jésus ouvre le livre à la synagogue, il lit un passage des plus importants qui décrit par avance sa mission avec les mots du prophète Isaïe. « L’Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction. Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux captifs leur libération, et aux aveugles qu’ils retrouveront la vue, remettre en liberté les opprimés, annoncer une année favorable accordée par le Seigneur ». On s’imagine facilement tout l’émoi qu’il a ressenti en prononçant ces paroles. Il ne pouvait pas ne pas en être touché à ce moment-là.
Saint Luc continue de nous faire suivre Jésus sur les chemins de Galilée. Celui-ci s’est éloigné de sa famille et il a commencé à prêcher la Bonne Nouvelle. Il a été baptisé par Jean-Baptiste comme on l’a célébré l’avant-dernier dimanche. Il a déjà appelé quelques disciples et les foules le suivent pour l’entendre et pour lui présenter leurs maladies car il opère de nombreuses guérisons. Il fait déjà figure de personnage hors norme. Il revient dans son village.
Le texte d’Isaïe qu’il lit s’applique à lui parfaitement. Les gens ne sont pas sans se rendre compte qu’ils sont devant quelque chose de nouveau et d’inédit. Avec Jésus il se passe quelque chose de spécial. Il est déjà celui qui libère les pauvres, qui fait voir les aveugles, qui fait entendre les sourds, comme le proclame Isaïe.
Jésus en ouvrant le livre s’inscrit dans une histoire et recueille un héritage. Sa mission en est une qui rejoint les attentes de son peuple. Il n’est plus seulement le fils du village. Il est le porteur du salut pour son peuple et pour l’humanité. Il en est maintenant très conscient. Tous ont les yeux fixés sur lui. Il n’hésite pas et il plonge. Il leur dit : « Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre ». Voilà!
Cet épisode que saint Luc nous raconte campe dès les débuts de la prédication de Jésus un personnage rempli d’assurance, décidé à accomplir la volonté de Dieu sur lui quelle qu’en soit l’issue. Il vit dans l’aujourd’hui de Dieu.

II – La célébration d’Esdras
La première lecture nous présente un temps fort de cet aujourd’hui de Dieu lors du retour des juifs de leur exil à Babylone (vers 459 avant Jésus-Christ). C’est un des leurs, Esdras qui se charge d’en faire la célébration qui nous est rapportée avec plein de détails. Nous avons ici un autre moment charnière de l’histoire du salut où dans le livre ouvert comme à Nazareth se rencontrent les espoirs et les attentes d’un peuple, son héritage et son avenir.
Le prêtre et scribe Esdras dresse un podium pour que la proclamation de la Parole de Dieu retrouvée dans le livre de la Parole de Dieu (le livre de la Loi) soit entendue de tout le monde. L’ouverture du livre de la Parole de Dieu est tout un cérémonial. Le livre est ouvert en grande pompe pour que les personnes se laissent rejoindre par ce qu’elles entendront. « Esdras ouvrit le livre ; tout le peuple le voyait, car il dominait l’assemblée. Quand il ouvrit le livre, tout le monde se mit debout. Alors Esdras bénit le Seigneur, le Dieu très grand, et tout le peuple, levant les mains, répondit :  » Amen ! Amen ! » ».
Dans cette célébration, c’est l’ouverture à la Parole de Dieu qui est ce qui est le plus important. Esdras lit un passage dans le livre de la Loi (de la Parole de Dieu), puis les Lévites (ses assistants) traduisent, donnent le sens, et l’on peut comprendre.
Traduire, donner le sens et comprendre, trois mots qui s’appliquent encore aujourd’hui à notre lecture de la Parole de Dieu. Car celle-ci n’est pas une lettre morte, mais une parole vivante qui contient toujours des choses nouvelles. Comme au temps d’Esdras, la Parole de Dieu est notre album de famille qui contient les récits des événements importants de l’histoire de la rencontre de Dieu avec l’humanité à travers de grands témoins de ces rencontres comme Abraham, Moïse, David et les prophètes de l’Ancien Testament. Ils sont suivis du précurseur de Jésus, Jean-Baptiste, puis des apôtres avec au premier rang saint Pierre et saint Paul dont on a conservé de nombreuses lettres que nous lisons encore aujourd’hui à la messe. Ces lettres s’ajoutent aux autres écrits du Nouveau Testament notamment les évangiles qui rapportent les faits et gestes de Jésus qu’on a recueillis après sa Résurrection.
Tous ces récits et ces textes sont pour nous les sources principales de notre foi. C’est pourquoi, il est important de se le dire et de se le redire souvent, de les ouvrir et de les écouter dans la foi.

III – Le Corps Mystique
La meilleure façon de le faire est de se rassembler ensemble pour, comme au temps d’Esdras et de Jésus, entendre la Parole de Dieu ensemble. Celle-ci a une force particulière lorsqu’elle est proclamée et célébrée en communauté. Les juifs le faisaient à la synagogue comme on le voit dans la scène qui nous est racontée par saint Luc ce matin. Les premiers chrétiens, eux, le faisaient en se réunissant dans les maisons des uns et des autres et même parfois dans les catacombes (des lieux de sépulture souterrains où ils ensevelissaient leurs morts dont plusieurs peuvent encore être visitées à Rome).
Encore de nos jours, le livre de la Parole de Dieu, continue de rassembler. Dans nos célébrations on porte ce livre avec respect, on le montre à l’assemblée, on le baise. La liturgie nous en fournit des extraits bien choisis à chaque dimanche dans cette partie de la messe qu’on appelle la Liturgie de la Parole.
C’est dans l’écoute de la Parole de Dieu que se forme et que vit ce corps dont parle saint Paul qui est l’assemblée des personnes croyantes, l’Église. La Parole de Dieu rassemble et nourrit chaque membre du Corps mystique du Christ qui est l’Église où tous sont sur un pied d’égalité et ont la même importance. « [Dieu] a voulu ainsi qu’il n’y ait pas de division dans le corps, mais que les différents membres aient tous le souci les uns des autres. Si un seul membre souffre, tous les membres partagent sa souffrance ; si un membre est à l’honneur, tous partagent sa joie ».

Conclusion
Frères et sœurs, que ces scènes du livre ouvert des Écritures, de la Parole de Dieu soient pour nous une invitation à nous tourner toujours de plus en plus vers Jésus, Parole de Dieu incarnée. Comme le dit le début de la Lettre aux Hébreux c’est toujours par Lui que Dieu parle aujourd’hui comme alors : « À bien des reprises et de bien des manières, Dieu, dans le passé, a parlé à nos pères par les prophètes ; mais à la fin, en ces jours où nous sommes, il nous a parlé par son Fils qu’il a établi héritier de toutes choses et par qui il a créé les mondes ».
« En ces jours où nous sommes »… Jésus, le Fils du Père est bien au milieu de nous ce matin par sa Parole et par le Pain et le Vin consacrés. Accueillons-le avec un cœur aimant et avec une foi totale.

Amen !
Mgr Hermann Giguère P. H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l’Université Laval
Séminaire de Québec

CONVERSION DE SAINT PAUL – HOMÉLIE – 25 JANVIER

23 janvier, 2019

http://www.saint-martin-arlon.be/homelies-2009/796-homelie-du-dimanche-25-janvier-2009-conversion-de-saint-paul

conversion 1

Conversion de Saint Paul

HOMÉLIE DU DIMANCHE 25 JANVIER – CONVERSION DE SAINT PAUL

En cette fête de la conversion de saint Paul, c’est Paul lui-même qui nous raconte, ce matin, sa conversion. Il nous dit, dans la première lecture : « Comme j’étais en route et que j’approchais de Damas, vers midi, une grande lumière venant du ciel m’enveloppa soudain. Je tombais sur le sol, et j’entendis une voix qui me disait : ‘‘Saul, Saul, pourquoi me persécuter’’ ?» Ac.22,6.

Il faut se dire que toute véritable conversion commence toujours par une initiative de Dieu. C’est lui qui vient nous chercher dans le concret de notre vie, (dans le concret) de notre quotidien, sur nos chemins vers Damas.
Et souvent, la première chose que Dieu doit faire pour nous aider à nous convertir, à ouvrir nos yeux sur ce qui est essentiel, c’est, finalement, de nous les fermer tout un temps. Voilà pourquoi, il est important pour Dieu, quelque part, de nous ‘‘désarçonner’’, c’est-à-dire de venir nous secouer du haut de nos certitudes, là où nous sommes cramponnés et totalement centrés sur nous-mêmes. Et cela, il va le faire par des événements qui nous déstabilisent, et à la suite desquels nous nous retrouvons parfois les fesses par terre, c’est vrai, c’est le cas de le dire.
Je ne crois pas non plus que ce soit un hasard si Paul, dans le récit de sa conversion, a choisi de mettre en évidence ce qui pourrait ne sembler qu’un détail. Il dira, en effet : « vers midi, une grande lumière venant du ciel m’enveloppa ».
Ce ‘‘midi’’, c’est bien plus qu’un indicateur de temps chronologique. Sur le chemin de la vie, c’est plutôt un indicateur d’ordre existentiel. Il nous renvoie à une étape très précise de vie, caractérisée bien souvent par toute une série de remises en question. C’est cette fameuse crise du milieu de vie, cette crise de la quarantaine.
Il y a, en effet, des moments charnières dans la vie, où nous sommes plus sensibles à cette remise en question.
Il est intéressant de voir qu’on appelle souvent ces moments : ‘‘crises’’, parce qu’ils nous secouent, dans ce qui jusque-là était pour nous des repères, des évidences.
On a parlé de la crise des 40 ans, mais avant celle-ci, qui ne se souvient plus de sa crise d’adolescence? Et même si vous l’avez oubliée, allez demander à vos parents, je crois qu’eux sont loin de l’avoir oubliée. (Ils en ont bavé)
Ce sont les deux crises majeures dont on parle le plus souvent. Mais n’oublions pas une troisième crise, qui peut survenir, plus tard. Elle aussi, comme les deux autres, peut nous déstabiliser très sérieusement ; par exemple lorsque le temps de la retraite arrive, ou que l’on fait l’expérience de la vieillesse, de la séparation du conjoint, de la maladie…
Et bien, qu’elle arrive avant les 15 ans, ou entre les 35-45 ans, ou après les 65 ans, cette étape peut être vécue comme un moment très riche et très beau. Elle ne devient une vraie crise, au sens négatif du terme, avec tout son caractère dramatique et désespérant, que si on n’arrive pas à faire le deuil de l’étape de vie précédente.
C’est pourquoi il faut bien comprendre, que tourner la page ne veut pas dire arracher la page !
Trop souvent, je rencontre des personnes qui traversent l’une ou l’autre de ces crises majeures et qui sont confrontées à une tentation très dangereuse : celle de vouloir tout arrêter et de tout recommencer à zéro. Cela peut commencer tout simplement par un changement de coiffure, un changement de voiture, un changement de fréquentations, pour en arriver à un changement radical de travail, un changement de pays, voir même un changement de partenaire, par le divorce.
Comprenons que si arracher la page précédente est de l’ordre de la rupture, tourner la page est de l’ordre de la continuité, de l’évolution, de la maturité.
Prenez l’exemple de notre fameuse chrysalide. A un moment donné, elle aussi passe par une crise de croissance. Elle doit choisir de rester toute sa vie une chrysalide, en assumant le risque d’étouffer dans une carapace qui ne sait plus la contenir, ou bien passer à autre chose.
Toute la question est de savoir vers où aller. Pour cette chrysalide, vouloir devenir un oiseau serait de l’ordre de la rupture, tandis que devenir un papillon est de l’ordre de la continuité. Quelle est la différence entre les deux choix ? Les deux ouvrent sur un changement, mais seul le deuxième, celui de l’évolution et de la maturité, respecte profondément la chrysalide dans ce qu’elle est au plus intime d’elle-même.
C’est la même chose pour saint Paul. À un moment donné, lui aussi est confronté à une remise en question très sérieuse. C’est le jour où il doit reconnaître qu’il porte en lui plus de questions que de réponses : « Qui es-tu, Seigneur ? » et plus loin : « Que dois-je faire ? ».
C’est seulement à ce moment là que pour Paul s’ouvre la possibilité de la vraie conversion, celle qui ‘‘décoiffe’’ !
Et il ne fera pas sa petite crise d’ado, en claquant la porte et en allant vendre des kebabs dans une friterie de Jérusalem. Non. Il ne rejettera pas toute son éducation pharisienne et sa culture romaine, mais il les intégrera profondément et il s’en servira pour les mettre au service de sa vraie vocation : l’amour pour les païens, pour les lointains.
Ce n’est pas lui, Paul, qui a changé, mais son regard ! À partir de ce moment, son critère ultime ne sera plus la règle, la Loi, mais l’amour. La règle sera toujours là, mais elle retrouvera sa juste place dans sa vie, comme moyen de tenir sur la durée et non pas comme but d’une vie.
Et s’il y a des ruptures inévitables à faire, dans notre vie, des distances à prendre, ce n’est que pour nous permettre de retrouver notre vraie identité, notre vraie place dans la vie. Non pas pour nous coller dessus encore un autre masque, pour nous cacher derrière une autre identité ou pour nous protéger derrière une autre carapace.
Je souhaite pour nous tous dans cette remise en question, mais à plus forte raison pour ceux qui se reconnaissent dans cette étape de croissance qui est la crise, que cette phase de conversion les ouvre sur un temps de discernement. Que cette crise personnelle, tant au niveau du cœur, qu’à celui de l’argent, du travail, de la santé, ou de la conscience ne nous décourage pas. Peut-être que le Seigneur n’est pas si loin et qu’il nous attend pour ouvrir, devant nous, un nouvel horizon.
Mais surtout ne laissons pas ou ne laissons plus notre argent, notre pouvoir, notre plaisir, notre esprit de contradiction, notre sensualité, ou notre colère être le moteur de notre vie et décider pour nous, à notre place.
Que nous sachions tourner la page, oui, mais sans l’arracher.
Et que le Seigneur mette toujours sur notre chemin des ‘‘Ananie’’, c’est-à-dire ces témoins inspirés de son amour et capables de nous écouter en profondeur et de nous encourager à oser faire des choix d’authenticité, qui nous respectent.

Abbé Pietro CASTRONOVO – Vicaire de Saint-Martin

MADELEINE DELBRÊL. L’ÉVANGILE COURT LA BANLIEUE

22 janvier, 2019

http://www.spiritualite2000.com/2001/04/madeleine-delbrel-levangile-court-la-banlieue/

fr Gesù chiama pietro

Jésus appelle Pierre

MADELEINE DELBRÊL. L’ÉVANGILE COURT LA BANLIEUE

Il fallait oser! Le 15 octobre 1935, trois Jeunes femmes s’apprêtent à embarquer pour une « terre étrangère ».

Nul besoin de passeport, ni de billet de train, pas de mers à traverser ni de jungle à affronter. Le voyage risque pourtant d’être long et les rencontres plutôt inattendues. Avec l’insouciance de la jeunesse, Madeleine Delbrêl et ses deux amies traversent les boulevards « Maréchaux » de Paris comme on franchit le Rubicon. Destination Ivry-sur-Seine. Dans l’entourage des trois ex-cheftaines scoutes, on crie au casse-cou. Car c’est, ni plus ni moins, dans la « capitale » du communisme français que ces trois chrétiennes ont décidé de s’installer. Elles veulent être missionnaires dans la cité « rouge » aux trois cents usines, là où le seul « credo » est celui du marxisme et où les réunions de cellule ont, depuis longtemps, supplanté la messe dominicale.
Ce projet fou, Madeleine Delbrêl a pris le temps de le mûrir avec son aumônier, l’abbé Jacques Lorenzo. Pour abattre le mur qui sépare l’Eglise de la classe ouvrière, cette jeune bourgeoise que rien ne préparait à un tel choix décide de s’installer en plein fief du parti communiste. Pour la plupart des catholiques de l’époque, le communisme, c’est le diable. On reproche aux premiers prêtres-ouvriers de passer un pacte avec Satan. Malgré toutes les embûches, Madeleine franchit le fossé, celui qui divise la ville d’Ivry, rejetant les catholiques d’un côté et les prolétaires de l’autre.
Loin d’avoir peur du communisme, elle choisit de faire de l’athéisme le lieu de sa propre conversion. « Jamais Dieu n ‘a dit : Vous devez aimer votre prochain comme des frères, excepté les communistes, que vous devez haïr… », lance-t-elle dans un meeting.
Au début de son Installation à Ivry, Madeleine a encore des idées bien « pieuses » : « Priez pour Ivry où le péché officiel laïcisme rouge s’est affreusement affiché », dit-elle à ses amis dans les premiers jours. Mais, très vite, elle prend conscience qu’en restant à l’intérieur du cocon de sa paroisse, elle passe à côté de l’essentiel. À l’époque, les théologiens ne parlent pas encore « d’inculturation ». Mais c’est bien pourtant de cela dont il s’agit : II faut apprendre le langage de l’autre, s’ouvrir à la différence, fût-elle celle de l’athéisme marxiste.
En 1935, la petite communauté fondée par Madeleine Delbrêl s’installe près de la mairie communiste. Elle ne cherche ni à convertir ni à lancer des anathèmes. Elle mène la vie ordinaire des hommes et des femmes de ce quartier ouvrier et elle gagne leur confiance. Le maire adjoint communiste d’Ivry lui ouvre sa porte et son amitié. Bientôt, Madeleine saisit l’occasion de travailler au service social de la mairie. Elle découvre alors la misère et l’injustice, cibles du combat communiste.
Cette confrontation quotidienne avec l’athéisme marxiste va désormais faire partie de sa foi chrétienne. « Les communautés ont gagné mon amitié par leur volonté onéreuse de devenir ce qu’ils avaient choisi d’être », écrit-elle, mais sans que cela entraîne chez elle une fascination pour le marxisme. Très tôt, Madeleine sent l’incompatibilité fondamentale entre le marxisme et le christianisme. Il ne faut pas confondre l’émancipation du prolétariat avec l’idéal évangélique, dit-elle en substance. Ce qui ne l’empêche pas de lutter aux côtés des communistes.
Elle est de tous les combats pour les pauvres et pour la justice. Pour Madeleine, l’Eglise doit sortir de ses sacristies, parler le langage des hommes et les rejoindre. Elle vient souvent consulter le père Lorenzo, l’un des maîtres spirituels du séminaire de Lisieux.
Il lui cède souvent la place pour qu’elle fasse une « lecture spirituelle »… Une lecture nourrie, enrichie de ce qu’elle vît à Ivry. C’est à Madeleine que beaucoup de jeunes séminaristes devront leur « conversion », leur passage d’un catholicisme appris à une foi vivante.
« Conversion », le mot a pris un sens très fort pour Madeleine. Née en 1904 à Mussidan en Dordogne, elle a grandi de gare en gare, son père étant employé de chemin de fer. Jusqu’à ce jour de 1916 où sa famille s’installe à Paris. Quatre ans plus tard, la jeune fille qui, entre-temps, a fait sa communion, ne trouve plus ni sens, ni intérêt à la religion. « Dieu ut mort », lance-t-elle en proclamant son nouvel athéisme.
A la Sorbonne, elle suit les cours de philosophie de Léon Brunschvicg. Puis Madeleine se fiance à un catholique convaincu. Un jour, il lui annonce son entrée chez les dominicains. Madeleine ne se mariera jamais. Après cette séparation, elle remet en cause son athéisme affiché et proclamé. « Et s’il n’était pas absurde que Dieu existe ? » finit-elle par se demander. Madeleine cherche la réponse et décide de prier. Un acte volontaire et, en même temps, un geste terriblement pauvre. Elle prie à genoux pour, dit-elle, casser en elle toutes les emprises de l’idéalisme. Elle revient à la foi, aidée par la lecture de sainte Thérèse d’Avila qui, toute sa vie, restera une référence.
Ce passage par l’athéisme a sans doute permis à Madeleine de mieux comprendre ses futurs compagnons d’ivry. Elle expérimente une façon totalement libre de vivre sa foi. Pour Madeleine, aimer n’est ni un « devoir », ni une vertu, mais une « folie ». La foi ne nécessite ni crainte ni visage fermé et triste. «Nous sommes tous prédestinés à l’extase, tous appelés à sortir de nos pauvres combinaisons pour surgir heure après heure dans le plan (de Dieu). Nous ne sommes jamais de lamentables laissés-pour-compte», affirme-t-elle. Un véritable courant d’air frais, un cadeau précieux : subitement, la foi cesse de n’être qu’une dogmatique abstraite réunie en archives pour prendre le goût de sel d’une aventure.
La petite communauté de .Madeleine conjugue intériorité et engagement. Un moment tentée par la création d’un nouvel ordre religieux, elle y renonce finalement pour demeurer « nomade ». « La condition qui nous est donnée, c’est une insécurité universelle vertigineuse », une insécurité au parfum de liberté, celle-là même du Christ.
En 1942, Madeleine précise sa pensée : « Nous sommes de vraies laïques n’ayant pas d’autres voux que les promesses de notre baptême. » Un groupe « féminin laïc, quoique chacune de nous soit entièrement données au Christ pour essayer de le vivre et d’être au milieu de ceux qui ne le connaissent pas. » Et elle ajoute : « Par le seul fait de sa naissance, tout homme devient le frère de tous les autres hommes. Lorsque, par nos actes, nous nions être son frère, nous nions à la fois et ce que Dieu crée et ce que nous sommes. »
Madeleine Delbrêl nous apprend que chaque homme et chaque femme est une cathédrale assez grande pour que nous allions nous y mettre à genoux dans la rencontre de Dieu. Désormais, chaque visage humain est un monastère et chaque rue de nos villes est devenue un cloître.

BENOÎT XVI – La conversion de Paul (3.9.2008)

21 janvier, 2019

http://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/audiences/2008/documents/hf_ben-xvi_aud_20080903.html

imm fr parmigianino-744x1024

Conversion de Saint Paul, Parmigianino

BENOÎT XVI – La conversion de Paul (3.9.2008)

AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercredi 3 septembre 2008

Chers frères et sœurs,

La catéchèse d’aujourd’hui sera consacrée à l’expérience que saint Paul fit sur le chemin de Damas et donc sur ce que l’on appelle communément sa conversion. C’est précisément sur le chemin de Damas, au début des années 30 du i siècle, et après une période où il avait persécuté l’Eglise, qu’eut lieu le moment décisif de la vie de Paul. On a beaucoup écrit à son propos et naturellement de différents points de vue. Il est certain qu’un tournant eut lieu là, et même un renversement de perspective. Alors, de manière inattendue, il commença à considérer « perte » et « balayures » tout ce qui auparavant constituait pour lui l’idéal le plus élevé, presque la raison d’être de son existence (cf. Ph 3, 7-8). Que s’était-il passé?
Nous avons à ce propos deux types de sources. Le premier type, le plus connu, est constitué par des récits dus à la plume de Luc, qui à trois reprises raconte l’événement dans les Actes des Apôtres (cf. 9, 1-19; 22, 3-21; 26, 4-23). Le lecteur moyen est peut-être tenté de trop s’arrêter sur certains détails, comme la lumière du ciel, la chute à terre, la voix qui appelle, la nouvelle condition de cécité, la guérison comme si des écailles lui étaient tombées des yeux et le jeûne. Mais tous ces détails se réfèrent au centre de l’événement: le Christ ressuscité apparaît comme une lumière splendide et parle à Saul, il transforme sa pensée et sa vie elle-même. La splendeur du Ressuscité le rend aveugle: il apparaît ainsi extérieurement ce qui était sa réalité intérieure, sa cécité à l’égard de la vérité, de la lumière qu’est le Christ. Et ensuite son « oui » définitif au Christ dans le baptême ouvre à nouveau ses yeux, le fait réellement voir.
Dans l’Eglise antique le baptême était également appelé « illumination », car ce sacrement donne la lumière, fait voir réellement. Ce qui est ainsi indiqué théologiquement, se réalise également physiquement chez Paul: guéri de sa cécité intérieure, il voit bien. Saint Paul a donc été transformé, non par une pensée, mais par un événement, par la présence irrésistible du Ressuscité, de laquelle il ne pourra jamais douter par la suite tant l’évidence de l’événement, de cette rencontre, avait été forte. Elle changea fondamentalement la vie de Paul; en ce sens on peut et on doit parler d’une conversion. Cette rencontre est le centre du récit de saint Luc, qui a sans doute utilisé un récit qui est probablement né dans la communauté de Damas. La couleur locale donnée par la présence d’Ananie et par les noms des rues, ainsi que du propriétaire de la maison dans laquelle Paul séjourna (cf. Ac 9, 11) le laisse penser.
Le deuxième type de sources sur la conversion est constitué par les Lettres de saint Paul lui-même. Il n’a jamais parlé en détail de cet événement, je pense que c’est parce qu’il pouvait supposer que tous connaissaient l’essentiel de cette histoire, que tous savaient que de persécuteur il avait été transformé en apôtre fervent du Christ. Et cela avait eu lieu non à la suite d’une réflexion personnelle, mais d’un événement fort, d’une rencontre avec le Ressuscité. Bien que ne mentionnant pas de détails, il mentionne plusieurs fois ce fait très important, c’est-à-dire que lui aussi est témoin de la résurrection de Jésus, de laquelle il a reçu directement de Jésus lui-même la révélation, avec la mission d’apôtre. Le texte le plus clair sur ce point se trouve dans son récit sur ce qui constitue le centre de l’histoire du salut: la mort et la résurrection de Jésus et les apparitions aux témoins (cf. 1 Co 15). Avec les paroles de la très ancienne tradition, que lui aussi a reçues de l’Eglise de Jérusalem, il dit que Jésus mort crucifié, enseveli, ressuscité, apparut, après la résurrection, tous d’abord à Céphas, c’est-à-dire à Pierre, puis aux Douze, puis à cinq cents frères qui vivaient encore en grande partie à cette époque, puis à Jacques, puis à tous les Apôtres. Et à ce récit reçu de la tradition, il ajoute: « Et en tout dernier lieu, il est même apparu à l’avorton que je suis » (1 Co 15, 8). Il fait ainsi comprendre que cela est le fondement de son apostolat et de sa nouvelle vie. Il existe également d’autres textes dans lesquels la même chose apparaît: « Nous avons reçu par lui [Jésus] grâce et mission d’Apôtre » (cf. Rm 1, 5); et encore: « N’ai-je pas vu Jésus notre Seigneur? » (1 Co 9, 1), des paroles avec lesquelles il fait allusion à une chose que tous savent. Et finalement le texte le plus diffusé peut être trouvé dans Ga 1, 15-17: « Mais Dieu m’avait mis à part dès le sein de ma mère, dans sa grâce il m’avait appelé, et, un jour, il a trouvé bon de mettre en moi la révélation de son Fils, pour que moi, je l’annonce parmi les nations païennes. Aussitôt, sans prendre l’avis de personne, sans même monter à Jérusalem pour y rencontrer ceux qui étaient les Apôtres avant moi, je suis parti pour l’Arabie; de là, je suis revenu à Damas ». Dans cette « auto-apologie » il souligne de manière décidée qu’il est lui aussi un véritable témoin du Ressuscité, qu’il a une mission reçue directement du Ressuscité.
Nous pouvons ainsi voir que les deux sources, les Actes des Apôtres et les Lettres de saint Paul, convergent et s’accordent sur un point fondamental: le Ressuscité a parlé à Paul, il l’a appelé à l’apostolat, il a fait de lui un véritable apôtre, témoin de la résurrection, avec la charge spécifique d’annoncer l’Evangile aux païens, au monde gréco-romain. Et dans le même temps, Paul a appris que, malgré le caractère direct de sa relation avec le Ressuscité, il doit entrer dans la communion de l’Eglise, il doit se faire baptiser, il doit vivre en harmonie avec les autres apôtres. Ce n’est que dans cette communion avec tous qu’il pourra être un véritable apôtre, ainsi qu’il l’écrit explicitement dans la première Epître aux Corinthiens: « Eux ou moi, voilà ce que nous prêchons. Et voilà ce que vous avez cru » (15, 11). Il n’y a qu’une seule annonce du Ressuscité car le Christ est un.
Comme on peut le voir, dans tous ces passages Paul n’interprète jamais ce moment comme un fait de conversion. Pourquoi? Il y a beaucoup d’hypothèses, mais selon moi le motif était tout à fait évident. Ce tournant dans sa vie, cette transformation de tout son être ne fut pas le fruit d’un processus psychologique, d’une maturation ou d’une évolution intellectuelle et morale, mais il vint de l’extérieur: ce ne fut pas le fruit de sa pensée, mais de la rencontre avec Jésus Christ. En ce sens, ce ne fut pas simplement une conversion, une maturation de son « moi », mais ce fut une mort et une résurrection pour lui-même: il mourut à sa vie et naquit à une autre vie nouvelle avec le Christ ressuscité. D’aucune autre manière on ne peut expliquer ce renouveau de Paul. Toutes les analyses psychologiques ne peuvent pas éclairer et résoudre le problème. Seul l’événement, la rencontre forte avec le Christ, est la clé pour comprendre ce qui était arrivé; mort et résurrection, renouveau de la part de Celui qui s’était montré et avait parlé avec lui. En ce sens plus profond, nous pouvons et nous devons parler de conversion. Cette rencontre est un réel renouveau qui a changé tous ses paramètres. Maintenant il peut dire que ce qui auparavant était pour lui essentiel et fondamental, est devenu pour lui « balayures »; ce n’est plus un « gain », mais une perte, parce que désormais seul compte la vie dans le Christ.
Nous ne devons toutefois pas penser que Paul ait été ainsi enfermé dans un événement aveugle. Le contraire est vrai, parce que le Christ ressuscité est la lumière de la vérité, la lumière de Dieu lui-même. Cela a élargi son cœur, l’a ouvert à tous. En cet instant il n’a pas perdu ce qu’il y avait de bon et de vrai dans sa vie, dans son héritage, mais il a compris de manière nouvelle la sagesse, la vérité, la profondeur de la loi et des prophètes, il se l’est réapproprié de manière nouvelle. Dans le même temps, sa raison s’est ouverte à la sagesse des païens; s’étant ouvert au Christ de tout son cœur, il est devenu capable d’un large dialogue avec tous, il est devenu capable de se faire tout pour tous. C’est ainsi qu’il pouvait réellement devenir l’apôtre des païens.
Si l’on en revient à présent à nous-mêmes, nous nous demandons: qu’est-ce que tout cela veut dire pour nous? Cela veut dire que pour nous aussi le christianisme n’est pas une nouvelle philosophie ou une nouvelle morale. Nous ne sommes chrétiens que si nous rencontrons le Christ. Assurément, il ne se montre pas à nous de manière irrésistible, lumineuse, comme il l’a fait avec Paul pour en faire l’apôtre de toutes les nations. Mais nous aussi nous pouvons rencontrer le Christ, dans la lecture de l’Ecriture Sainte, dans la prière, dans la vie liturgique de l’Eglise. Nous pouvons toucher le cœur du Christ et sentir qu’il touche le nôtre. C’est seulement dans cette relation personnelle avec le Christ, seulement dans cette rencontre avec le Ressuscité que nous devenons réellement chrétiens. Et ainsi s’ouvre notre raison, s’ouvre toute la sagesse du Christ et toute la richesse de la vérité. Prions donc le Seigneur de nous éclairer, de nous offrir dans notre monde de rencontrer sa présence: et qu’ainsi il nous donne une foi vivace, un cœur ouvert, une grande charité pour tous, capable de renouveler le monde.

HOMÉLIE POUR LE 2E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE ANNÉE C : « FAITES TOUT CE QU’IL VOUS DIRA »

18 janvier, 2019

http://www.hgiguere.net/Homelie-pour-le-2e-dimanche-du-temps-ordinaire-Annee-C-Faites-tout-ce-qu-il-vous-dira_a875.html

fr nozze di cana pinacoteca nazionale di bologna

Mariage à Cana, Pinacothèque nationale de Bologne

HOMÉLIE POUR LE 2E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE ANNÉE C : « FAITES TOUT CE QU’IL VOUS DIRA »

Textes: Isaïe 62, 1-5, I Corinthiens 12, 4-11 et Jean 2, 1-11.

Il y a quelque temps un de mes neveux a fait son mariage à la manière hindoue à cause de son épouse et des parents de celle-ci qui le désiraient ardemment.
Ce fut une célébration grandiose qui dura deux jours. Toute une fête. Il ne s’agissait pas seulement de l’échange de consentements, mais il s’agissait d’un événement social pour la famille, les amis et amies et les personnes invitées.

I – Les noces de Cana
Je pense qu’il s’agit de quelque chose de semblable aux noces de Cana. Jésus s’y présente au mariage d’une connaissance avec sa mère Marie. C’est tout un évènement pour les personnes invitées et pour les gens de Cana.
Ce n’est pas pour rien que le premier miracle de Jésus se joue dans ce contexte. Saint Jean veut lui donner un relief et une publicité qui attirent l’attention, car il est le signe que Jésus se laisse arracher à sa vie antérieure pour aller vers ce que saint Jean appelle son Heure c’est-à-dire la réalisation de sa mission sur la terre.
Ce miracle est donc le signe du don que Jésus fera lorsque cette Heure sera venue où ce ne sera plus du vin qui coulera mais son sang versé pour le salut du monde.

II – Le rôle de Marie, mère de Jésus
Dans ce premier miracle de Jésus que raconte saint Jean, celui-ci a voulu donner à la mère de Jésus, Marie, une place particulière. Ses paroles nous interpellent ainsi que la réponse de Jésus.
« Ils n’ont plus de vin » dit Marie. Elle l’a remarqué comme toute personne habituée à recevoir de la visite à la maison. Elle le constate et le dit à Jésus en sollicitant implicitement qu’il fasse quelque chose. Elle ne le demande pas carrément, mais elle fait état de la situation. Jésus semble indifférent : « Femme que me veux-tu? » et pourtant la suite de la scène montre qu’il est touché par cette constatation de sa mère. Celle-ci, connaissant bien Jésus et sachant qu’il s’est désormais lancé dans sa mission d’annoncer la Bonne nouvelle, dit aux serveurs : « Faites tout ce qu’il vous dira ».
Cette indication de Marie a traversé les siècles Elle nous est répétée encore aujourd’hui. C’est le message principal de cette scène unique dans les évangiles où l’on voit Marie et Jésus en interaction.
Marie qui est aussi notre mère nous dit la même chose à chaque fois que nous nous tournons vers elle : « Faites tout ce qu’il vous dira ». Rendue dans la gloire du ciel avec son Fils, elle ne cesse de nous soutenir par son intercession pour réaliser ce que Jésus désire pour nous.

III- Le rassemblement dominical
Ce miracle qui a lieu dans un grand rassemblement est aussi le signe du rassemblement que nous avons en communauté à chaque dimanche dans la célébration de l’Eucharistie.
L’Eucharistie est le signe que nous sommes membres d’une communauté, d’un corps où chaque personne l’enrichit par ses dons comme dit saint Paul dans la deuxième lecture : « Les dons de la grâce sont variés, écrit saint Paul aux fidèles de Corinthe, mais c’est le même Esprit. Les services sont variés, mais c’est le même Seigneur. Les activités sont variées, mais c’est le même Dieu qui agit en tout et en tous ». Par la suite, saint Paul fait une énumération détaillée de ce qu’il a pu observer chez les Corinthiens et dans les autres communautés qu’il a fondées. Cette liste peut nous être encore bien utile aujourd’hui.
Un baptisé n’est pas un être isolé dans sa recherche et dans sa foi. Il est solidaire de tous ceux et celles qui comme lui cherchent et croient en Jésus. Il le manifeste, en particulier, par le signe de l’Eucharistie qui est le sacrement où Jésus se donne à nous, le sacrement qui rappelle sa Mort et sa Résurrection et qui nous rassemble dans son amour.
Comme le mariage de Cana, le rassemblement des baptisés est un rassemblement social, mais il est aussi un échange, la rencontre de l’Église, Épouse du Christ, avec son Époux, le Christ lui-même. Il est une fête pour les fidèles qui s’y retrouvent et il est, comme le dira saint Paul, l’annonce du Royaume à venir (I Corinthiens 11, 26), des noces éternelles dans la gloire du Père.

Conclusion
Nous avons parcouru rapidement cette belle scène des noces de Cana. Retenons la conclusion qu’en tire saint Jean : « Tel fut le commencement des signes que Jésus accomplit… Il manifesta sa gloire, et ses disciples crurent en lui. »
Jésus continue de manifester sa gloire dans chaque Eucharistie et aussi dans notre monde de diverses façons, mais plus particulièrement à travers les pauvres qui sont aussi sa présence parmi nous. Comme ses disciples, croyons en lui et il nous le rendra de mille manières en faisant déborder nos outres de bon vin. C’est ce que je nous souhaite à toutes et à tous.
Amen!

Mgr Hermann Giguère P.H.
Séminaire de Québec
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l’Université Laval

 

PAPE FRANÇOIS – AUDIENCE GÉNÉRALE – Catéchèse sur le ‘Notre Père’: 4. Frappez et cela vous sera ouvert

16 janvier, 2019

http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/audiences/2019/documents/papa-francesco_20190109_udienza-generale.html

pens

The Last Supper

PAPE FRANÇOIS – AUDIENCE GÉNÉRALE – Catéchèse sur le ‘Notre Père’: 4. Frappez et cela vous sera ouvert

Salle Paul VI

Mercredi 9 janvier 2019

Chers frères et sœurs, bonjour!

Les catéchèses d’aujourd’hui font référence à l’Evangile de Luc. En effet, c’est surtout cet Evangile, dès les récits de l’enfance, qui décrit la figure du Christ dans une atmosphère riche de prière. Il contient les trois hymnes qui rythment chaque jour la prière de l’Eglise: le Benedictus, le Magnificat et le Nunc dimittis.
Et dans cette catéchèse sur le Notre Père, nous allons de l’avant, nous voyons Jésus comme orant. Jésus prie. Dans le récit de Luc, par exemple, l’épisode de la transfiguration jaillit d’un moment de prière. «Et il advint, comme il priait, que l’aspect de son visage devint autre, et son vêtement, d’une blancheur fulgurante» (9, 29). Mais chaque étape de la vie de Jésus est comme mue par le souffle de l’Esprit qui le guide dans toutes ses actions. Jésus prie lors du baptême au Jourdain, dialogue avec le Père avant de prendre les décisions les plus importantes, se retire souvent dans la solitude pour prier, intercède pour Pierre qui d’ici peu, le reniera. Il dit: «Simon, Simon, voici que satan vous a réclamés pour vous cribler comme le froment; mais moi j’ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille pas» (Lc 22, 31-32). Cela réconforte: savoir que Jésus prie pour nous, pour chacun de nous afin que notre foi ne défaille pas. Et cela est vrai. «Mais, père, le fait-il encore?». Il le fait encore, devant le Père. Jésus prie pour moi. Chacun de nous peut le dire. Et nous pouvons aussi dire à Jésus: «Tu pries pour moi, continue de prier, parce que j’en ai besoin». Comme cela: courageux.
Même la mort du Messie est plongée dans un climat de prière, au point que les heures de la passion apparaissent marquées par un calme surprenant: Jésus console les femmes, prie pour ceux qui l’ont crucifié, promet le paradis au bon larron, et expire en disant: «Père, en tes mains je remets mon esprit» (Lc 23, 46). La prière de Jésus semble atténuer les émotions les plus violentes, les désirs de vengeance et de revanche, réconcilie l’homme avec son ennemie acharnée, réconcilie l’homme avec cette ennemie, qui est la mort.
C’est toujours dans l’Evangile de Luc que nous trouvons la requête, exprimée par l’un des disciples, de pouvoir être éduqués par Jésus lui-même à la prière. Et il dit: «Seigneur, apprends-nous à prier» (Lc 11, 1). Ils le voyaient prier. «Apprends-nous — pouvons-nous dire nous aussi au Seigneur — Seigneur, tu pries pour moi, je le sais, mais apprends-moi à prier, afin que moi aussi, je puisse prier».
De cette requête — «Seigneur, apprends-nous à prier» — naît un enseignement assez étendu, à travers lequel Jésus explique aux siens avec quelles paroles et avec quels sentiments ils doivent s’adresser à Dieu.
La première partie de cet enseignement est précisément le Notre Père. Priez ainsi: «Notre Père qui es aux cieux». «Père»: ce mot si beau à dire. Nous pouvons demeurer tout le temps de la prière avec ce mot uniquement: «Père». Et sentir que nous avons un père: pas un maître, ni un beau-père. Non: un père.
Dans cet enseignement que Jésus donne à ses disciples, il est intéressant de s’arrêter sur certaines instructions qui entourent le texte de la prière. Pour nous donner confiance, Jésus explique certaines choses. Celles-ci insistent sur les comportements du croyant qui prie. Par exemple, il y a la parabole de l’ami importun, qui va déranger toute une famille qui dort parce qu’une personne est arrivée à l’improviste d’un voyage et il n’a pas de pain à lui offrir. Que dit Jésus à celui-ci qui frappe à la porte, et réveille son ami? «Je vous le dis — explique Jésus — même s’il ne se lève pas pour les lui donner en qualité d’ami, il se lèvera du moins à cause de son impudence et lui donnera tout ce dont il a besoin» (Lc 11, 8). A travers cela, il veut nous enseigner à prier et à insister dans la prière. Et immédiatement après, il donne l’exemple d’un père qui a un fils qui a faim. Vous tous, pères et grands-pères, qui êtes ici, quand votre fils ou votre petit-fils demande quelque chose, a faim, et demande, et demande encore, puis pleure, crie, il a faim: «Quel est d’entre vous le père auquel son fils demandera un poisson, et qui à la place du poisson lui remettra un serpent?» (v. 11). Et vous avez tous fait l’expérience quand le fils demande, vous donnez à manger ce qu’il demande, pour son bien.
Avec ces paroles, Jésus fait comprendre que Dieu répond toujours, qu’aucune prière ne restera sans être écoutée, pourquoi? Parce qu’Il est Père, et il n’oublie pas ses enfants qui souffrent.
Certes, ces affirmations nous remettent en question, parce qu’un grand nombre de nos prières semblent n’obtenir aucun résultat. Combien de fois avons-nous demandé et pas obtenu, — nous en avons tous fait l’expérience — combien de fois avons-nous frappé et trouvé une porte fermée? Jésus nous recommande, dans ces moments, d’insister et de ne pas nous avouer vaincus. La prière transforme toujours la réalité, toujours. Si les choses ne changent pas autour de nous, au moins nous, nous changeons, et notre cœur change. Jésus a promis le don de l’Esprit Saint à chaque homme et à chaque femme qui prie.
Nous pouvons être certains que Dieu répondra. L’unique incertitude est due aux temps, mais ne doutons pas qu’il répondra. Peut-être nous faudra-t-il insister toute la vie, mais il répondra. Il nous l’a promis: Il n’est pas comme un père qui donne un serpent à la place d’un poisson. Il n’y a rien de plus certain: le désir de bonheur que nous portons tous dans le cœur se réalisera un jour. Jésus dit: «Et Dieu ne ferait pas justice à ses élus qui crient vers lui jour et nuit?» (Lc 18, 7). Oui, il fera justice, il nous écoutera. Quel jour de gloire et de résurrection ce sera alors! Prier est dès à présent la victoire sur la solitude et sur le désespoir. Prier. La prière change la réalité, ne l’oublions pas. Ou bien elle change les choses, ou bien elle change notre cœur, mais elle change toujours. Prier est dès à présent la victoire sur la solitude et sur le désespoir. C’est comme voir chaque fragment de la création qui bouillonne dans la torpeur d’une histoire dont parfois, nous ne comprenons pas la cause. Mais elle est en mouvement, elle est en chemin, et à la fin de chaque route, qu’y a-t-il à la fin de notre route? A la fin de la prière, à la fin d’un temps au cours duquel nous prions, à la fin de la vie, qu’y a-t-il? Il y a un Père qui attend tout et qui attend tous les bras grands ouverts. Regardons ce Père.

Je suis heureux de saluer les pèlerins venus de France et de divers pays francophones, en particulier les séminaristes et leurs formateurs de l’Archidiocèse de Paris et du diocèse aux Armées, accompagnés de Mgr Aupetit, Archevêque de Paris, et de ses Auxiliaires, et de Mgr de Romanet, Évêque aux Armées. Je salue aussi le groupe des Apprentis d’Auteuil. Que l’Esprit Saint nous aide à être insistants dans la prière et à ne jamais nous donner comme perdants. Nous pouvons être sûrs que Dieu répondra à notre prière, parce qu’il est notre Père et qu’il nous attend avec les bras grands ouverts. Que Dieu vous bénisse !

 

LE MONDE EST « UN VESTIGE DE LA SAGESSE DE DIEU » BONAVENTURE DE BAGNOREGIO

15 janvier, 2019

http://disf.org/bonaventura-libro-natura-dio

imm fr MAPPA MUNDI in JEAN MANSEL La Fleur des Histoires. Valenciennes, 1459-1463,

mappa mundi in Jean mansel: la fleur des histoires.-valenciennes-1459-1463

LE MONDE EST « UN VESTIGE DE LA SAGESSE DE DIEU » BONAVENTURE DE BAGNOREGIO

(traduction Google de l’italien)

Le livre de la nature

Donnez des conférences en Hexameron, 12, 14-17 – 13, 12

En se référant implicitement à la vision du livre dans Apocalypse 5.1 et peut-être Ez 2.9, pour Bonaventura, la nature, ou créature sensible, est un livre écrit; Créatures rationnelles, ils sont un livre écrit à l’intérieur, parce qu’ils ont une conscience. La Sainte Écriture est un livre écrit à la fois à l’intérieur (significations implicites à dessiner) et à l’extérieur (significations explicites). Ce sont les trois « aides » par lesquelles la raison et la foi montent à la contemplation des idées exemplaires du Créateur.
14. La raison et la foi conduisent toutes deux à la prise en compte de ces splendides spécimens, mais il existe également une triple aide supplémentaire pour la réalisation de raisons exemplaires; et c’est l’aide de la créature sensible , l’aide de la créature spirituelle et l’aide de l’Écriture sacramentelle , qui contient les mystères. En ce qui concerne le monde sensible, le monde entier est ombre, loin, vestige; et c’est le livre écrit à l’extérieur . En fait, dans chaque créature brille le spécimen divin; mais brille j’autorise les ténèbres; et c’est comme une certaine opacité mélangée à de la luminosité. De plus, le monde entier est aussi un moyen menant dans le spécimen. Comme vous pouvez le constater, un rayon de lumière entrant par une fenêtre est coloré différemment selon les couleurs des différentes parties. ainsi le rayon divin brille différemment dans les créatures individuelles et dans les différentes propriétés. Il est dit dans la Sagesse: Dans ses manières, il se manifeste [Sis 6:16]. Encore une fois, le monde est un vestige de la sagesse de Dieu, de sorte que la créature n’est qu’un certain simulacre de la sagesse de Dieu, et presque une certaine sculpture. Et de tout cela, le monde est comme un livre écrit à l’extérieur .
15. Quand donc l’âme cherche ces choses, il lui semble qu’il faut passer de l’ ombre à la lumière, du chemin au but, du vestige à la vérité, du livre à la vraie science qui est en Dieu. Lire ce livre est possible. seulement aux hommes de la plus haute contemplation ; mais ce n’est pas possible pour les philosophes naturels, qui ne connaissent que la nature des choses; mais ils ne le reconnaissent pas comme un vestige .
16. Une autre aide pour atteindre l’exemple éternel est offerte par la créature spirituelle , qui est comme la lumière , comme un miroir , comme une image , comme un livre écrit à l’intérieur . En fait, chaque créature ou substance spirituelle est lumière ; d’où il est dit dans le Psaume: La lumière de ta face brille sur nous, Seigneur [Psaumes 4: 7]. Mais avec cela, la substance spirituelle est aussi un miroir , car elle accueille et représente en elle-même toutes les choses; il a aussi la nature de la lumière , afin de pouvoir aussi juger des choses. En fait, le monde entier se décrit dans l’âme. De plus, la substance spirituelle est aussi une imagede l’éternel exemplaire; parce que, en fait, ce sont la lumière et le miroir qui collectent les images des choses, pour cette raison, c’est aussi une image. Finalement, la substance spirituelle est aussi le livre écrit à l’intérieur . D’où personne et rien ne peuvent entrer dans l’ intimité de l’âme, à l’exception des simples . Cela signifie alors entrer dans les pouvoirs de l’âme; parce que, selon Augustin [ De Trinitate , XII, 1, 1], l’intimité de l’âme est son sommet; et plus un pouvoir est intime, plus il est sublime. Les aides de Pharaon ont aussi ces aides.
17, les magiciens de Pharaon ne bénéficièrent toutefois pas de la troisième aide, celle des Ecritures sacramentelles . Maintenant, toute l’Écriture est le cœur de Dieu, la bouche de Dieu, la plume de Dieu, le livre écrit à l’extérieur et à l’intérieur . Il est dit dans le psaume: Mon cœur est plein de paroles joyeuses, je chante mon poème au roi. Ma langue est un style de scribe rapide [Ps 44.2]. Où tout est indiqué: le coeur est de Dieu; la bouche est du père; la langue est du Fils; le style est du Saint-Esprit. En fait, le Père parle à travers la Parole ou la langue; mais celui qui le complète et le confie à sa mémoire est le style du scribe . Les Ecritures sont donc la bouche de Dieu; Alors Isaïe reproche: Malheur à toi! … Tu es parti pour aller en Égypte [Is 30.1-2]. C’est-à-dire que vous vous consacrez aux sciences du monde et que vous n’avez pas interrogé la bouche de Dieu [Is 30,2], c’est-à-dire, ne remettez pas en question la Sainte Écriture. En fait, il ne doit pas chercher refuge et faire confiance à d’autres sciences pour connaître la vérité avec certitude s’il n’a pas le témoignage en amont; c’est-à-dire le témoignage de Christ, d’Elie, de Moïse; le témoignage du nouveau testament, des prophètes et de la loi. De plus, les Ecritures sont le langage de Dieu. d’où il est dit dans le cantique:Il y a du miel et du lait sous la langue [Cf 4.11]; et dans le Psaume: Que tes mots sont doux à mon palais! plus que du miel pour ma bouche [Ps 118,103]. Cette langue donne de la saveur aux aliments. Cette Écriture est donc comparée à du pain qui goûte et rafraîchit. Encore une fois, les Ecritures sont la plume de Dieu et c’est le Saint-Esprit. En tant qu’écrivain, je peux actuellement écrire des choses passées, des choses présentes et des choses futures. ainsi les choses passées, les choses présentes et les choses futures sont contenues dans les Écritures. C’est pourquoi les Ecritures sont le livre écrit à l’ extérieur, car elles contiennent de beaux récits historiques et des enseignements sur les propriétés des choses. Et c’est aussi le livre écrit à l’ intérieurparce qu’il contient des mystères et des lectures différentes.
Il est certain que l’homme-mort connaissait les choses créées et qu’à travers leur représentation, il s’était dirigé vers Dieu pour le louer, le vénérer et l’aimer. C’est pourquoi les créatures sont et sont donc ramenées à Dieu. Mais l’homme, qui se décomposait à cause du péché, a perdu cette connaissance et il n’y avait plus personne qui ramenait les choses à Dieu. Ce livre, c’est-à-dire le monde, a été comme mort et annulé. Il fallait donc un autre livre, à travers lequel le livre du monde était éclairé et qui accueillait les métaphores des choses. Maintenant, les Ecritures sont juste ce livre qui met en évidence les similitudes, les propriétés et les métaphores des choses, écrites dans le livre du monde. Par conséquent, le livre des Écritures est le restaurateur du monde entier: connaître, louer et aimer Dieu.

Bonavenutura di Bagnoregio, Collationes in Hexämeron , tr. le.: La sagesse chrétienne. Le collationes à Hexaemeron , sous la garde de V. Cherubino Bigi et I. Biffi, Jaca Book, Milan 1985, pp. 175-177, 183-184

 

12