Archive pour février, 2012
BONHOEFFER – SUIVRE JÉSUS (une étude en trois parties)
27 février, 2012http://tommyab.wordpress.com/2011/02/28/bonhoeffer-lobeissance-simple/
BONHOEFFER – SUIVRE JÉSUS
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une étude en trois parties:
1. La croix
2. L’appel à suivre le Christ
3. L’obéissance simple
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Suivre Jésus : La croix
Ce quatrième chapitre débute par le passage de Marc 8 dans lequel Jésus annonce sa mort et sa résurrection et, suite à la tentative de Pierre de le reprendre, il enseigne à ses disciple que ceux-ci doivent se charger de leur croix.
L’appel à suivre le Christ est ici en rapport avec l’annonce des souffrances de Jésus.
Il souligne le caractère particulier des souffrance de la croix, qui impliquent aussi le rejet.
La souffrance, tragique, pourrait encore porter en soi sa propre valeur, son propre honneur, sa propre dignité. Mais Jésus est le Christ rejeté dans la souffrance. Le fait d’être rejeté enlève à la souffrance toute dignité et tout honneur.
… Souffrir et être rejeté, voilà l’expression qui résume la croix de Jésus.
Et il spécifie que la croix n’est pas, comme le veut l’expression populaire, n’importe quelles souffrances (soulignements ajoutés par moi).
La croix, ce ne sont pas des maux et un destin pénible, c’est la souffrance qui résulte pour nous uniquement du fait que nous sommes attachés à Jésus.
… La croix est une souffrance liée non à l’existence naturelle, mais à la condition du chrétien. La croix n’est nullement essentiellement souffrance, mais souffrance et rejet, à comprendre ici aussi littéralement: il s’agit d’un rejet à cause de Jésus Christ, et non à cause de n’importe quelle autre conduite ou confession de foi.
Il énumère ensuite les souffrances du chrétien.
La première souffrance du Christ, dont chacun de nous doit faire l’expérience, est l’appel qui nous convie à sortir des attachements de ce monde. C’est la mort du vieil homme…
… Le chrétien se transforme en porteur de fardeaux – portez les fardeaux les uns les autres et vous accomplirez ainsi la loi du Christ (Gal 6,2). De même que le Christ porte notre fardeau, nous devons porter les fardeaux de nos frères…
Il termine le chapitre en parlant de l’Église.
Ainsi la souffrance devient-elle la marque distinctive de ceux qui obéissent au Christ.
… l’Église… la communauté de ceux “qui sont persécutés et martyrisés à cause de l’Évangile”.
… Suivre Jésus, c’est être lié au Christ souffrant. C’est pourquoi la souffrance des chrétiens n’a rien de déconcertant.
… la communauté sait aussi maintenant que la souffrance du monde est à la recherche de quelqu’un qui la porte. De sorte que, dans l’obéissance au Christ, la souffrance retombe sur la communauté, et elle la porte en étant elle-même portée par le Christ. La communauté de Jésus Christ se tient devant Dieu à la place du monde dans la mesure où elle le suit sous la croix.
Dieu est un Dieu qui porte… Celui qui obéit est également appelé à porter: être chrétien consiste à se charger.
Bonhoeffer – L’appel à suivre le Christ
Dans ce deuxième chapitre, Bonhoeffer se sert de l’exemple de l’appel de Lévi (Matthieu) et des autres disciples pour faire la comparaison entre l’obéissance du disciple et la religion.
Parlant de Lévi:
La réponse du disciple ne consiste pas dans une confession de foi en Jésus, mais dans un acte d’obéissance.
… C’est lui qui appelle, et c’est la raison pour laquelle le péager obéit.
… Ce qui est ancien demeure en arrière, complètement abandonné. Le disciple est arraché à la sécurité relative de la vie et jeté dans l’incertitude totale (c’est-à-dire, en vérité, dans la sécurité et la retraite absolues de la communauté de Jésus); arraché au domaine du prévisible, de ce que l’on peut évaluer (c’est-à-dire, en vérité, totalement imprévisible), et jeté dans celui du totalement imprévisible, du pur hasard (c’est-à-dire, en vérité, dans le domaine de ce qui seul est nécessaire et appréciable);…
… la rupture totale de tout programme, de toute idéalité, de tout légalisme. C’est pourquoi aucun autre contenu n’est possible, Jésus Christ étant le seul contenu. À côté de Jésus, il n’y a, ici, plus de contenu. Lui seul l’est.
Bonhoeffer s’attarde dans ce chapitre à démontrer que la foi et l’obéissance sont une “unité indissoluble”, et que l’obéissance précède bien souvent la croyance, que celui qui attend de croire avant d’obéir attend en vain. Il parle de Pierre qui demande à Jésus de lui ordonner d’aller sur les eaux.
Celui qui n’est pas obéissant ne peut pas croire.
… Si tu crois, fais le premier pas! Il conduit à Jésus Christ. Si tu ne crois pas, fais ce même pas, il t’est commandé. On ne te pose pas la question de savoir si tu crois ou non, on te commande un acte d’obéissance à accomplir immédiatement. C’est par cet acte qu’est donnée la situation où la foi devient possible et existe réellement.
… il faut que Pierre s’aventure sur la mer incertaine afin de pouvoir croire. En bref, la situation est donc la suivante: avec la phrase selon laquelle “seul le croyant est obéissant”, l’être humain s’est intoxiqué de grâce à bon marché. Il demeure dans la désobéissance et se console avec un pardon qu’il se promet à lui-même, se fermant de la sorte à la Parole de Dieu.
Du point de vue de la formation de disciples, cela est fondamental.
Ayant accompli ce premier pas, celui qui marche à la suite de Jésus est placé dans une situation qui lui permet de croire. S’il ne suit pas, s’il demeure sur place, il n’apprendra pas à croire.
… Il faut que Pierre sorte du bateau et marche sur l’eau incertaine, afin de faire l’expérience de son impuissance et de toute la puissance de son Seigneur.
Il conclut par l’entretien de Jésus avec le jeune homme riche, et avec le docteur de la loi, qui tous deux ont posé la question un peu semblable “que dois-je faire?”.
La seule issue qui lui reste est: fais ce que tu sais, et tu vivras.
… “Et qui est mon prochain?” … Toute l’histoire du bon Samaritain n’est que l’opposition de Jésus à cette question, qui la démolit parce que c’est une question satanique; c’est une question sans fin, sans réponse.
… Certes, je veux être obéissant, mais Dieu ne me dit pas comment faire. Le commandement de Dieu est équivoque, il me laisse au milieu d’un éternel conflit. La question “que dois-je faire?” constituait la première imposture; la réponse est: accomplis le commandement que tu connais! Tu ne dois pas poser de questions mais agir.
… Il me faut agir, il me faut obéir, il me faut être le prochain de l’autre…
… Ce qu’est l’obéissance, c’est en obéissant que je l’apprends, non en posant des questions; ce n’est que dans l’obéissance que je reconnais la vérité.
Bonhoeffer – L’obéissance simple
Dans ce troisième chapitre, Bonhoeffer compare ce qu’il appelle “l’obéissance simple”, seul voie pour recevoir la foi, à “justification de soi-même” par des réflexions “pseudo-théologiques”. Partant de l’exemple du jeune homme riche, il écrit:
Si Jésus Christ parlait de la sorte aujourd’hui à l’un de nous par l’Écriture sainte, il est probable que nous discuterions de la façon suivante: Jésus commande, il est vrai, quelque chose de tout à fait particulier. Toutefois, quand Jésus commande, je dois savoir qu’il n’exige jamais une obéissance légaliste, mais qu’il requiert de moi une seule chose: que je croie. Et ma foi n’est pas liée à la pauvreté ou à la richesse, ou à quelque chose de ce genre; bien plus, dans la foi, j’ai la possibilité d’être les deux à la fois: pauvre et riche. Ce qui importe, ce n’est pas que je n’aie pas de biens, mais que je les aie comme si je ne les avais pas, et que je sois intérieurement libre à leur égard, que je n’attache pas mon cœur à ma fortune. Jésus dira donc, par exemple “Vends tes biens!”, mais il veut dire: “En réalité, ce qui importe, ce n’est pas que tu accomplisses extérieurement le commandement, bien plus, conserve tranquillement tes biens, mais aie-les comme si tu ne les avais pas; n’attache pas ton cœur à tes biens.” Notre obéissance à la parole de Jésus consisterait alors à refuser l’obéissance simple, parce qu’elle serait légaliste, mais que nous soyons obéissants “dans la foi”. En cela, nous nous distinguons du jeune homme riche. Dans sa tristesse, il n’a pas réussi à se tranquilliser en se disant: “Il est vrai que, malgré la parole de Jésus, je vais rester riche, mais intérieurement, je vais me libérer de ma richesse, dans toute mon insuffisance, mettre mon espoir dans le pardon des péchés, et, dans la foi, être en communion avec Jésus”; au contraire, il s’en alla tout triste; en même temps que l’obéissance, la foi lui avait échappé. Le jeune homme a ainsi été parfaitement honnête. Il s’est séparé de Jésus, et, certes, cette honnêteté contient plus de promesse qu’un simulacre de communion avec Jésus reposant sur l’absence d’obéissance.
…
Là où l’obéissance simple est fondamentalement éliminée, la grâce qui coûte provenant de l’appel de Jésus s’est transformée en grâce à bon marché, celle de la justification de soi-même.
PAPE BENOIT ANGELUS: FORTIFIER LA RELATION À DIEU PAR LA PRIÈRE QUOTIDIENNE
27 février, 2012http://www.zenit.org/article-30258?l=french
FORTIFIER LA RELATION À DIEU PAR LA PRIÈRE QUOTIDIENNE
Angélus du 26 février 2012, allocution de Benoît XVI
ROME, dimanche 26 février 2012 (ZENIT.org) – « Le temps du carême est le moment favorable (…) pour rendre notre rapport avec Dieu plus solide, grâce à la prière quotidienne », a indiqué Benoît XVI avant l’angélus de ce dimanche 26 février, premier dimanche de carême.
Le pape a en effet présidé la prière de l’angélus depuis la fenêtre de son bureau qui donne place Saint-Pierre, en présence de milliers de visiteurs – et d’auditeurs de radios ou de téléspectateurs – et sous un soleil voilé. Le pape a expliqué le sens du carême en commentant l’Evangile des tentations de Jésus au désert.
« Le temps du carême est le moment propice pour renouveler et rendre plus solide notre rapport avec Dieu, grâce à la prière quotidienne, des gestes de pénitence, des actes de fraternité », a expliqué Benoît XVI en italien.
Le pape a fait observer que le désert revêt deux significations : la solitude ou la protection. « Il peut indiquer, a-t-il expliqué, l’état d’abandon et de solitude, le « lieu » de la faiblesse de l’homme où il n’y a ni soutiens ni sécurités, où la tentation se fait plus forte. Mais il peut aussi indiquer un lieu de refuge et un abri – comme il l’a été pour le peuple d’Israël qui avait échappé à l’esclavage d’Egypte ». C’est le lieu où l’on peut « faire l’expérience de la présence de Dieu d’une façon particulière ».
Le pape invite à « la patience » et à « l’humilité » pour « suivre chaque jour le Seigneur en apprenant à construire notre vie non pas en dehors de lui, ou comme s’il n’existait pas, mais en lui et avec lui, parce qu’il est la source de la vie véritable ».
Il décrypte cette tentation de la société de « supprimer Dieu, de mettre tout seuls de l’ordre en nous-mêmes et dans le monde, en comptant sur nos seules capacités ».
Or, dans la prédication du Christ, le pape lit cette annonce « qu’en lui il se passe quelque chose de nouveau : Dieu s’adresse à l’homme de façon inattendue, dans une proximité concrète, pleine d’amour ; Dieu s’incarne et entre dans le monde de l’homme pour prendre sur lui le péché, pour vaincre le mal et ramener l’homme dans le monde de Dieu ».
Et puis, il y a cet appel à la liberté humaine pour « correspondre » au « don » accordé : « une invitation à avoir foi en Dieu et à convertir chaque jour notre vie à sa volonté, en orientant toute notre action et notre pensée vers le bien ».
Le pape a confié le carême des catholiques à la Vierge Marie et il leur a demandé la prière pour sa retraite annuelle d’entrée en carême qui commence ce soir au Vatican, avec la première méditation du cardinal Laurent Monsengwo Pasinya, archevêque de Kinshasa (RDC).
Anita Bourdin
-Mat-04,01 Tentation_et_ liberte
25 février, 2012Premier Dimanche de Carême: L’Alliance de Dieu avec tous les êtres vivants
25 février, 2012http://www.scourmont.be/Armand/chapters/2009/090301-alliance-ts-vivants.htm
Chapitre du 1 mars 2009
Premier Dimanche de Carême
L’Alliance de Dieu avec tous les êtres vivants
Le 9ème chapitre du livre de la Genèse – dans son récit mythologique du déluge — propose une nouvelle voie de communion. La logique destructrice des empires mésopotamiens, faite d’agressions, d’oppressions, d’exploitation de l’homme par l’homme avait conduit à la punition du déluge. Après quoi Dieu établit une alliance avec ce qui reste de l’humanité et cette alliance s’exprime dans la promesse : « Il n’y aura plus de déluge » — promesse scellée par l’arc-en-ciel. C’était la fin – ou en tout cas c’aurait dû être la fin – de la religion de la peur, remplacée par la certitude de l’amour de Dieu pour l’humanité. Cette alliance primordiale de Dieu, toujours valide, a été faite en effet avec l’humanité dans son entièreté et non avec un peuple « choisi ». Elle est antérieure au choix d’Abraham, d’Isaac et de Jacob et à l’apparition du peuple d’Israël.
Noé est le représentant de l’humanité entière dans cette Alliance. Il apparaît comme le juste par excellence, dont la justice lui vaut d’échapper à la ruine d’un monde condamné et de réconcilier avec Dieu la terre et ses habitants. Son histoire sera réinterprétée par la tradition sapientielle (le Siracide et le Livre de la Sagesse en particulier), qui élaboreront sur sa base le thème du « Reste ». Noé est le type de ce « reste », qui constitue à lui seul le peuple juste et qui préfigure le Juste par excellence, le Messie, qui sauvera le Monde du désastre comme Noé l’avait fait. Le Livre de la Sagesse parle, dans un langage très poétique (14,6), de « l’espoir de l’univers [qui] se réfugia sur un frêle esquif… et laissa au monde le germe d’une génération nouvelle ». Noé est mentionné plus d’une fois dans le Nouveau Testament, en particulier dans la Lettre aux Hébreux (11,7) qui le présente comme le juste qui crut sur la seule garantie de la Parole de Dieu
Cette Alliance de Dieu est présentée, dans le récit de la Genèse, comme une alliance non seulement avec Noé et ses fils, mais aussi avec tous les êtres vivants — oiseaux, animaux domestiques, bêtes sauvages. Cela montre bien à quel point la vie est importante pour Dieu. De même, dans la seconde lecture, Pierre nous dit que le Christ, après avoir été mis à mort a été rendu à la vie et est allé proclamer son message à ceux qui étaient prisonniers de la mort depuis le temps du déluge.
De nos jours, face au danger de plus en plus grand et quasi irréversible que les hommes font courir à la planète, se développe au sein de l’humanité une certaine conscience écologique. Cette conscience écologique est généralement fondée presque uniquement sur la crainte d’une catastrophe planétaire. Or, on pourrait trouver un fondement biblique et théologique de cette préoccupation écologique dans l’ Alliance faite entre Dieu et tous les vivants après le déluge. Les hommes ont constamment rompu cette alliance, à laquelle Dieu a été fidèle. D’où le besoin d’une conversion. Le souci de sauver la planète de notre gaspillage est un appel à une conversion à la fois personnelle et collective dans l’usage que nous faisons des ressources naturelles.
Dans l’Évangile d’aujourd’hui, avec la manifestation de Jésus lors de son baptême, une page importante est tournée dans la vie de Jean-Baptiste. Il peut désormais disparaître et il est effectivement enlevé et mis en prison. Il sera bientôt tué. Une page importante est aussi tournée dans la vie de Jésus et un nouveau chapitre commence dans la vie de l’humanité. Il y a là pour nous une leçon. Nous devons savoir reconnaître les tournants importants dans notre vie, aussi bien individuelle que collective. Souvent la fidélité à notre vocation ou à notre mission nous appelle à mettre le point final à un chapitre, à tourner la page et à commencer décidément le chapitre suivant, comme l’a fait Jésus. Or, comme il arrive souvent dans les livres imprimés, il peut y avoir une page blanche entre deux chapitres. C’est le moment du désert, de la tentation, de la lutte contre les bêtes sauvages à l’intérieur comme à l’extérieur de nous-mêmes, mais aussi un moment où il faut savoir reconnaître les anges ou les messagers que Dieu nous envoie pour nous assister, nous conseiller, nous guider.
Toute la prédication de Jésus et le message qu’il répétera tout au long de sa vie publique, Marc les résume dans l’Évangile d’aujourd’hui en quelques phrases lapidaires : « Les temps sont accomplis — le règne de Dieu est tout proche — convertissez-vous et croyez à la bonne nouvelle ». La Bonne Nouvelle (Marc 1,1) est celle de la possibilité d’une humanité nouvelle, pratiquant la justice et l’amour et vivant dans la paix. Cette société nouvelle n’est possible que si les hommes renoncent à l’injustice et à la guerre, ainsi qu’à l’exploitation irrationnelle de la planète; que s’ils se convertissent, c’est-à-dire laissent Dieu transformer leur coeur.
C’est alors que se réalisera pleinement l’alliance signifiée par l’arc-en-ciel après le déluge lorsque Dieu dit : « J’établis mon alliance avec vous, avec tous vos descendants, et avec tous les êtres vivants qui sont autour de vous.
C’est toute l’histoire de cette Alliance de Dieu avec l’humanité que l’Évangéliste Marc fait revivre à Jésus au début de son Évangile, en quelques lignes dont le fil conducteur est le Jourdain, le désert et la Galilée. Jésus commence la libération de l’humanité par quarante jours au désert rappelant les quarante années de l’Exode. Il y rencontre la tentation du pouvoir dominateur personnifié sous le nom de Satan. Il y vit, comme il le fera durant toute sa vie publique, entre les bêtes sauvages, c’est-à-dire les forces qui s’opposeront à sa mission – essentiellement les Scribes, les Pharisiens et les Chefs religieux du Peuple – et les anges, c’est-à-dire les hommes et les femmes qui se feront ses disciples. On peut également penser que cette présence –alors paisible – des bêtes et des anges près de Jésus au désert est aussi l’anticipation du retour à l’harmonie originelle du paradis terrestre.
L’arrestation – et bientôt la décapitation – de Jean-Baptiste démontrent que ce n’est là que l’annonce d’une victoire qui est encore loin. Aussi, les premiers mots de la prédication de Jésus en Galilée seront : « convertissez-vous » – c’est-à-dire renoncez à la tentation du pouvoir – et « croyez à la bonne nouvelle » de la libération.
Les nombreux foyers de conflits dans notre monde contemporain, engendrés par la soif du pouvoir et le déferlement d’une violence meurtrière en de si nombreux points de la planète montrent bien que les forces du mal et la tentation du pouvoir, personnifiés dans l’Évangile de Marc par « Satan », sont toujours bien vivantes. Si nous y regardons de près nous verrons sans doute que cette tentation du pouvoir est présente non seulement dans les relations entre les peuples et les nations, mais aussi en chacun de nos cœurs, tout au long de notre vie de tous les jours.
En ce début de Carême, demandons à Dieu la lucidité qui nous permettra de reconnaître dans le désert de nos vies toutes les tentations de pouvoir. Écoutons le message de Jésus nous appelant à nous convertir et à croire à la Bonne Nouvelle utopique d’une harmonie entre les personnes et entre les peuples. L’instauration définitive de cette harmonie globale, qui nous semble encore si loin, dépendra de la petite contribution que chacun de nous y aura apportée.
Armand VEILLEUX
Homélies du 1er dimanche de carême B
25 février, 2012http://parolesdudimanche.blogs.lalibre.be/
Homélies du 1er dimanche de carême B
Gn 9, 8-15 ; 1P 3, 18-22 ; Mc 1, 12-15
Retour aux racines de notre histoire, retour à la source du baptême, le carême est une chance à saisir, une épreuve à risquer. Cette quarantaine spirituelle n’est pas une mise à l’écart, mais bien une cure de santé, un bain de vérité, une redécouverte de l’essentiel. Une remise à neuf.
« Convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle ». Opération retournement !… Se détourner des idoles et des chemins sans issue, fuir les mirages fascinants mais trompeurs, opérer un demi-tour et se trouver face à celui qui nous apprend à vivre. Une Bonne Nouvelle à recevoir dans la foi, à incarner dans le quotidien, à répandre autour de soi.
L’heure est au renouvellement de l’alliance conclue au baptême et qui nous rappelle les épousailles de Dieu avec la création tout entière après le drame du déluge. Promesse de bienveillance et de fidélité. C’est la fin des « hostilités ». L’arc « qui rassasie sa corde de flèches » (Hab 3, 9) sera pendu, inoffensif, au plafond du ciel. Souvenir et garantie, comme les ex-voto sur les murs du temple.
Miséricorde, pardon et patience de Dieu, offerts aussi au baptême pour qui accepte de « s’engager envers Dieu avec une conscience droite ». Guérison, liberté et salut, donnés à qui épouse le Christ, ses projets et sa destinée, pour participer ainsi à sa résurrection. Une alliance et le début d’une aventure d’amour.
Ni magie cependant, ni miracle, ni lune de miel quotidienne… Un pèlerinage où se côtoient la faiblesse et le pardon, l’enthousiasme et le découragement, la soumission et la révolte, l’exaltation des certitudes et le lancinement du doute. Un temps de combat, de foi et d’espérance, de tentation et de conversion.
Nous n’avons pas d’autre existence ni d’autre choix. Pardonnés et libérés par le baptême dans l’eau et dans l’esprit, plongés dans la mort du Christ et ressuscités avec lui, il nous faut encore chaque jour renouveler et vivre l’alliance, subir l’assaut d’un orgueil toujours renaissant, le chant troublant des sirènes, le charme enivrant des publicités du monde, l’attrait envoûtant des idoles de l’argent, du plaisir, du pouvoir.
Jésus n’a pas échappé à cette périlleuse aventure et aux pièges quotidiens de notre route. A peine baptisé, l’Esprit le pousse au désert, ce lieu traditionnel qui évoque le silence propice à la méditation, à la prière et au jeûne qui l’accompagne. Lieu évocateur aussi de la fidélité à Dieu et de l’affrontement avec l’esprit du mal qui hante l’endroit où l’on envoie le « bouc émissaire ». Parfaitement homme, le Christ n’a pas été épargné.
Symbole et réalité, le carême s’offre à nous comme un temps de lucidité et de vérité, de prière et de purification. Au cœur de nos lassitudes et de nos médiocrités, voici une pressante invitation au retour à l’essentiel, un nouvel apprentissage de l’Evangile, une remise à neuf de l’alliance conclue au baptême.
Le carême n’est pas d’abord ni uniquement pénitence. Il est conversion jusqu’au changement de mode de vie. Il est une redécouverte du message évangélique, la chance de pouvoir re-choisir la route inaugurée au baptême. Se convertir et croire à la Bonne Nouvelle qu’est Jésus Christ, c’est infiniment plus et mieux qu’un ensemble de courageuses privations, un partage matériel généreux et un bienfaisant supplément de prière. Se convertir et croire, c’est oser confronter ses choix, ses options, son style de vie avec l’Evangile et opter pour de nouveaux comportements. Une opération vérité, un retournement qui peut faire mal, mais aussi l’épanouissante libération des démons de l’avoir et du pouvoir, qui nous font bien mal utiliser nos richesses.
Avec le psaume 24, la liturgie nous offre une belle prière : « Rappelle-toi Seigneur ta tendresse. Oublie les révoltes, les péchés de ma jeunesse. Enseigne-moi tes voies. Fais-moi connaître ta route. Dirige-moi par ta vérité, enseigne-moi, car tu es le Dieu qui me sauve. »
Aujourd’hui encore retentit l’appel à une vie renouvelée : « Convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle ». Ecouterons-nous la voix du Seigneur ?
P. Fabien Deleclos, franciscain (T)
1925 – 2008
Three Temptations of Christ, detail, (1481-82), fresco by Sandro Botticelli (1445-1510), Sistine Chapel, Vatican
24 février, 2012L’entrée dans le Carême avec saint Léon le Grand…
24 février, 2012http://www.salve-regina.com/salve/L’entr%C3%A9e_en_car%C3%AAme_avec_St_L%C3%A9on_le_Grand
L’entrée dans le Carême avec saint Léon le Grand.
(le sermon de saint Léon le Grand continue, vous pouvez continuer à lire sur le site)
Nous possédons douze sermons que le pape saint Léon le Grand (440-461) a prononcés au début du Carême, à l’occasion du premier dimanche. Les idées qu’il y développe, les conseils qu’il y donne, sont une expression authentique de la tradition de l’Église pour la pratique de ce temps liturgique. Sans doute en avait-il reçu les éléments des Pères qui l’ont précédé, saint Augustin surtout, mais on peut dire qu’il leur a donné un tour achevé, dans cette belle langue oratoire qui est la sienne, encore proche du latin classique. Ces idées, ces conseils, sont simples et peu nombreux, la doctrine en est ferme, éloignée des subtilités philosophiques ou théologiques auxquelles son esprit, avant tout pratique, était peu porté ; l’expression en est multiforme, car il revient souvent sur les mêmes sujets et ne craint pas de se répéter ; aussi nous est-il facile de choisir parmi les textes ceux qui conviennent le mieux à notre dessein, lequel sera de rechercher dans quelles dispositions doit se mettre le chrétien abordant le Carême, s’il veut retirer de la pratique de ce temps salutaire tout le fruit spirituel qu’on en peut attendre.
Qu’est-ce que le carême ?
Et tout d’abord saint Léon donne-t-il des définitions du Carême ? Si oui, elles pourront nous éclairer sur l’idée qu’il s’en fait. Effectivement, il l’appelle un « service plus empressé du Seigneur » (1,3)[1], une « compétition de saintes œuvres » (ibid.), un « stade où l’on combat par le jeûne » (1,5), un « accroissement de toute la pratique religieuse » (II, 1), un « temps où la guerre est déclarée aux vices, où s’accroît le progrès de toutes les vertus » (II, 2), « le plus grand et le plus sacré des jeûnes » (IV, 1 ; XI, 1), un « entraînement de quarante jours » (IV, 1), les « jours mystiques et consacrés aux jeûnes salutaires » (IV, 2), les jours « plus spécialement marqués par le mystère de la restauration humaine » (VI, 1), etc. Autant d’expressions qui suggèrent les idées d’exercice, de lutte, de ferveur religieuse, d’espérance aussi. Nous allons les retrouver, ces idées, tout au long de l’analyse détaillée qu’il nous faut entreprendre maintenant.
Il faut se réveiller par l’attention
En premier lieu, c’est un appel à l’attention, à l’intérêt, au désir, que saint Léon, avec la liturgie du premier dimanche, adresse à son auditeur, l’empruntant à l’Apôtre : « C’est maintenant le temps vraiment favorable, c’est aujourd’hui le jour du salut. » Sans doute c’est en tout temps que Dieu nous appelle, c’est en tout temps que « la grâce de Dieu nous ménage l’accès à sa miséricorde » (IV, 1). Cependant cette grâce est plus abondante à présent, car nous allons nous préparer à célébrer le plus grand de tous les mystères, plus grand que toutes ses préparations, le mystère de notre Rédemption, « vers lequel convergent tous les sacrements de la divine miséricorde » (XI, 4). Or l’appel d’en haut ne s’adresse pas seulement à ceux qui vont recevoir à Pâques le sacrement de la régénération, et « passer à une vie nouvelle par le mystère de la mort et de la résurrection du Christ » (V, 3) ; non, cet appel retentit pour tous les membres du peuple chrétien :
Les uns ont besoin de cette sanctification pour recevoir ce qu’ils ne possèdent pas encore, les autres pour conserver ce qu’ils ont déjà reçu (ibid.).
Certes un mystère si sublime, à l’influence duquel nul temps de l’année n’échappe, devrait être constamment présent à l’esprit des chrétiens, et exigerait une dévotion sans défaillance et un respect sans relâche, en sorte que nous demeurions toujours, sous le regard de Dieu, tels que nous devrions nous trouver en la fête même de Pâques. Mais une telle vertu n’est le fait que d’un petit nombre : les pratiques plus austères se relâchent par suite de la faiblesse de la chair et le zèle se détend au milieu des activités variées de cette vie ; il est dès lors inévitable que les âmes pieuses elles-mêmes se laissent ternir par la poussière du monde (IV, 1).
Or ne croyons pas que ces impuretés ne soient que superficielles ; elles entrent en nous plus avant que nous ne le soupçonnons :
A quoi bon une recherche extérieure qui affiche les apparences de l’honorabilité, si l’intérieur de l’homme est souillé par l’infection de quelque vice ? Donc tout ce qui ternit la pureté de l’âme et le miroir de l’esprit doit être soigneusement effacé et en quelque sorte gratté pour que l’on retrouve l’éclat premier (II1, 1).
Nous ne devrons donc pas nous contenter de rechercher une correction tout extérieure, non, il va falloir pénétrer dans les replis du cœur, et, s’il faut « gratter » le miroir de l’âme que les fautes et les négligences ont laissé se ternir, cela n’ira pas sans souffrance.
Or si cela est nécessaire aux âmes les plus délicates, combien davantage doivent le rechercher celles qui ont passé presque tout le temps de l’année avec plus de confiance en elles-mêmes ou peut-être plus de négligence (V, 3) ?
D’où l’utilité pour tous de l’institution divine du carême, institution éminemment bienfaisante qui a prévu, pour rendre la pureté à nos âmes, le remède d’un entraînement de quarante jours au cours duquel les fautes des autres temps pussent être rachetées par les bonnes œuvres et consumées par les saints jeûnes (IV, 1).
Utilité pour tous, avons-nous dit, car c’est à tous que s’adresse l’avertissement du Prophète : « Préparez la route du Seigneur, rendez droits ses sentiers. » C’est, en effet, un « passage » de Dieu, la Pâque, et malheur à qui n’y est pas attentif !
Se reprendre en main par la résolution
En vue de ce passage, que toute vallée soit comblée, continue le Prophète, toute montagne ou colline abaissée ; que les chemins tortueux deviennent droits et les rocailleux unis. Or la vallée signifie la douceur des humbles, la montagne et la colline l’élèvement des superbes (VII, 1).
Il faut arriver à ce résultat que, sur ces hauteurs aplanies, le pied puisse se poser sans craindre les chutes et que les chemins n’offrent plus rien de tortueux : ce sera alors une joie d’avancer pour celui qui foulera une route affermie par l’empierrement des vertus et non un chemin rendu mouvant par le sable des vices.
L’âme a été rendue mouvante et versatile par les habitudes vicieuses, il va falloir l’affermir par les habitudes des vertus. Car le péché originel et les fautes personnelles ont déséquilibré la créature raisonnable faite à l’image de Dieu dans la rectitude. L’âme spirituelle doit reconquérir son empire naturel qui est tout l’homme ; faute de quoi, c’est l’anarchie et rien de bon ne se fait. Saint Léon, après saint Paul, trace un tableau des luttes d’influences qui se livrent en nous :
Il se livre en nous bien des combats : autres sont les visées de la chair sur l’esprit, autres celles de l’esprit sur la chair. Que, dans cette lutte, les convoitises du corps soient les plus fortes, et la volonté raisonnable perdra honteusement la dignité qui lui est propre, et, pour son plus grand malheur, deviendra l’esclave de celui qu’elle était faite pour commander. Si au contraire l’esprit soumis à son Souverain et prenant plaisir aux faveurs célestes foule aux pieds les provocations des voluptés terrestres et ne permet pas au péché de régner dans son corps mortel, la raison alors gardera le rang qui lui convient par excellence, le premier… Car il n’y a pour l’homme de vraie paix et de vraie liberté que lorsque son corps est soumis à l’âme comme à son juge et l’âme conduite par Dieu comme par son supérieur (1, 2).
Voilà donc l’objectif tracé : rétablir toutes choses à leur place et rétablir l’homme dans la paix qui est « tranquillité de l’ordre » ; en somme l’unifier, car tous les vices sont des manifestations individualistes qui s’opposent autant à l’unité intérieure qu’à l’unité des saints, où tous sont épris de la même chose, tous ont le même sentiment, où il n’y a place ni pour les superbes, ni pour les envieux, ni pour les avares (X, 2).
Se regarder dans la Vérité
Les forces de désagrégation qui sont en nous, qui y sont par suite de la déchéance originelle et que nous avons laissées se fortifier par nos péchés et notre négligence, voilà ce que nous allons devoir réduire pour que ne soit plus troublé l’ordre naturel voulu par Dieu à l’origine. Or ces forces anarchiques, il faut les appeler par leur nom : ce sont les vices. Le carême apparaît donc, dès le début, comme une « guerre déclarée aux vices » (II, 2). Œuvre toute négative, mais par laquelle il faut commencer. Or, pour combattre ces tendances pernicieuses, il faut d’abord les connaître. D’où la nécessité de l’examen de conscience. C’est, faisant suite à la résolution, la première pratique du Carême.
Que toute âme chrétienne s’observe de toutes parts elle-même ; que par un sévère examen, elle scrute le fond de son cœur (1, 5).
A chacun de scruter sa conscience et de se présenter soi-même devant soi pour un jugement personnel rigoureux (111, 1).
Saint Léon a donné plusieurs schémas détaillés d’une telle inquisition ; en voici un, entre autres :
Que le chrétien voie si, dans le secret de son cœur, il trouve cette paix que donne le Christ, si le désir spirituel n’est combattu en lui par aucune convoitise charnelle, s’il ne méprise pas ce qui est humble, s’il ne désire pas les grandeurs, s’il ne se réjouit pas d’un profit injuste, s’il ne met pas sa satisfaction dans l’accroissement immodéré de ses richesses, si enfin le bonheur d’autrui ne le fait pas brûler d’envie ou le malheur d’un ennemi tressaillir de joie. Si peut-être il ne trouve en lui aucun de ces mouvements déréglés, qu’il recherche soigneusement, dans un sincère examen, de quelle nature sont ses pensées habituelles : ne consent-il jamais aux représentations des vanités, retire-t-il au plus tôt son esprit de celles qui flattent dangereusement (III, 1) ? On voit apparaître ici ce que la théologie ascétique appellera plus tard la recherche du « défaut dominant » ; ce sont nos pensées habituelles qui nous permettront de le discerner. Le critère de ce jugement, quel sera-t-il ?
Que chacun place tout son comportement dans la balance des divins commandements : là, en face de ce qu’il est prescrit de faire et de ce qui est défendu et à ne pas faire, il pèsera sa conduite en la mettant en regard de ce double poids, recherchant dans un juste examen ce qu’en décide l’aiguille de la balance (XI, 4).
Cependant il est une matière sur laquelle il convient de s’examiner plus particulièrement, c’est la charité. S’appuyant sur les paroles du Seigneur : « C’est à l’amour que vous aurez les uns pour les autres que tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples », ou de l’Apôtre Jean : « Mes bien-aimés, aimons-nous les uns les autres, car l’amour vient de Dieu et quiconque aime est né de Dieu et connaît Dieu ; qui n’aime pas n’a pas connu Dieu, car Dieu est amour », saint Léon recommande de scruter son âme et de soumettre à un examen sincère les sentiments intimes du cœur ; si l’on trouve en bonne place dans la conscience quelque chose qui vienne des fruits de la charité, il ne faut pas douter que Dieu s’y trouve (X, 3).
Se reconnaitre dans l’humilité
Le premier fruit de l’examen de conscience sera, avec la connaissance des mauvaises tendances de l’âme et grâce à elle, l’humilité. Vertu négative encore, du moins à ce stade, en tant qu’elle détruit l’orgueil. Ces premières démarches du Carême, nous le voyons, sont toutes négatives, mais il faut commencer par détruire les mauvaises proliférations dans le jardin intérieur, si l’on veut que puissent ensuite pousser les semences des vertus (1, 5). Saint Léon a insisté fortement sur la nécessité de l’humilité, condition préalable à tout le reste ; il sait bien que, sans ce solide fondement, l’édifice spirituel serait fort exposé à la ruine, d’autant qu’il faut avoir la noble ambition de l’élever aussi haut que possible, la grâce de Dieu aidant. Arrêtons-nous un moment sur les considérations de notre auteur touchant cette vertu. Il va rechercher et développer avec complaisance les motifs qui doivent nous en donner l’estime.
Il y a d’abord la défiance de soi, qui, au début du Carême, fera désirer de progresser dans les vertus :
Telle est la vraie justice des parfaits qu’ils n’osent jamais se croire parfaits, de peur qu’abandonnant leur résolution de poursuivre le chemin avant d’être au but, ils ne succombent au danger de défaillir au moment même où ils perdraient le désir d’avancer (II, 1).
Vient ensuite l’évidence de tous les périls moraux qui nous environnent en cette vie et doivent nous inspirer une salutaire prudence :
Qui donc, placé dans l’incertain de cette vie, se trouvera exempt de tentation ou libre de faute ? Qui donc ne souhaiterait de se voir ajouter quelque chose dans le domaine de la vertu ou retrancher quelque chose dans celui du péché ? Car l’adversité nuit et la prospérité corrompt, et il n’y a pas moins de péril à manquer de ce qu’on désire qu’à regorger de ce qu’on nous accorde. Des guet-apens sont cachés dans l’abondance des richesses, des guet-apens encore dans la gêne de la pauvreté : par celles-là, on est élevé et rendu orgueilleux, par celle-ci, on est poussé aux plaintes. La santé est cause de tentation, la maladie cause de tentation, la première étant matière à négligence et la seconde sujet de tristesse. Un piège se dissimule dans la sécurité, un piège dans la crainte, et il importe peu que l’âme possédée d’un amour terrestre soit absorbée par la joie ou par les soucis, puisque la maladie est la même, qu’on languisse sous l’effet d’une volupté vaine ou qu’on se fatigue sous l’effet d’une sollicitude inquiète (XI, 1).
A cela s’ajoute l’incertitude de notre jugement moral :
Dans la poursuite des vertus, le juste milieu est imprécis et incertain le discernement (V, 2).
Lorsqu’on est placé à la limite du bien et du mal, il est bien difficile de garder la mesure dans le plus subtil des jugements. Tout cela confirme la parole de la Vérité qui nous apprend qu’étroite et ardue est la voie qui mène à la vie.
Il faut en prendre conscience au début du Carême, alors que nous portons notre choix sur l’une des voies qui s’ouvrent à nous, soit la route large qui entraîne à la mort, soit le chemin des vertus qui est en quelque façon caché et secret, car ce n’est qu’en espérance que nous sommes sauvés, et la vraie foi aime par-dessus tout ce qui ne tombe pas sous le sens de la chair (XI, 2).
Ces derniers mots sont une invitation à intérioriser notre recherche vertueuse et à travailler en profondeur.
Notre humilité se nourrira enfin de la conscience plus vive de notre condition de pécheur :
C’est orgueil que de prétendre éviter facilement le péché, puisque cette présomption même est péché, selon la parole du bienheureux apôtre Jean : Si nous nous prétendons sans péché, nous nous trompons nous-mêmes, et la vérité n’est pas en nous (III, 1).
Notre cheminement de Carême continue en compagnie de Saint Joseph.
24 février, 2012http://trinite-sainte-et-mariemamere.over-blog.com/25-categorie-10794582.html
Les DIX Commandement de Dieu, les connaissons-nous ? 1 partie N°1
Introduction du jour :
Notre cheminement de Carême continue en compagnie de Saint Joseph.
Nous allons lui demander de nous aider à nous ouvrir à Dieu.
L’Intervention Divine en nous requiert notre assentiment et collaboration. Et l’étude des Dix Commandements n’est qu’un premier pas que nous devons faire durant notre traversée du désert.
Elle se fera par étape, le but étant de parvenir à l’assimiler progressivement.
Entre temps nous aurons d’autres textes à étudier dont certains faisant référence à Saint Joseph, et ainsi que je vous l’ai déjà dit d’enseignements que j’ai pu bénéficier lors de retraites.
Je remercie Zagara pour l’intérêt manifesté à l’étude des dix Commandements, mais j’apporte une correction à son commentaire : Il ne s’agit point du premier Commandement, mais que de quelques aspects du premier Commandement, dont nous poursuivons l’étude aujourd’hui et la fois prochaine.
Notre société est devenue fort complexe et aberrante. Pour devenir « technicien de surface », il sera bientôt demandé le bac avec mention, mais en ce qui concerne notre Devenir Éternel, nous avons voulu le réduire à la supposée connaissance de textes qui nous régissent en notre qualité de croyant, en les réduisant de plus en plus à leur plus simple expression.
Forcément à la longue, nous ne connaissons plus rien et la question colle à l’heure actuelle c’est de demander à un chrétien de nous énoncer sans y passer la journée les dix Commandements !
Comment alors espérer croître dans notre foi quand déjà nous ne savons pas en quoi consiste le culte à rendre à Dieu et que chacun y va de sa petite cuisine maison ?
Les ouvrages de catéchisme ont suivi le même processus que les manuels scolaires. Les livres sont hyper gros et structurés, mais en fait les enfants sont de plus en plus incultes spirituellement et très souvent ne connaissent aucunes des prières qui dans le temps étaient sues par tout enfant de 7ans. Ils viennent au caté sans avoir, ne serait-ce, qu’ouvert leur manuel avant de se présenter à la séance d’étude. Les parents pour la plus part ne s’en préoccupent pas et souvent n’ont aucune pratique religieuse commune en famille. Comment s’étonner de cette crise de la foi, alors que nous sommes passé à côté du Message Évangélique qui est d’apprendre chacun à connaître Dieu pour parvenir à cultiver la relation, l’aimer, l’adorer et devenir son intime en Sa qualité de Notre Créateur qui par pur Amour désire nous le faire partager , et vise gratuitement notre béatitude éternel ?
Je vous ai fait part l’an dernier des manifestations de « possessions » qui ont eu lieu lors de l’apparition du 15 Août de la Gospa et bien maintenant c’est de plus en plus fréquent durant les réunions dans les groupes de prières ou lors d’adorations. Et l’on se rend compte alors comment le mal lui est actif parmi nous, parfois même à notre insu.
L’an dernier une jeune qui poursuit ses études en Belgique, durant le voyage pour nous rendre à Medjugorje, m’a fait part d’avoir du mal à prier surtout le Rosaire et de ses difficultés même à se concentrer sur ses études. Lors de l’apparition de 02 Août, je n’étais pas avec elle, mais en allant plus tard à son hôtel, sa sœur m’a informée qu’il s’était « passée des choses » durant l’apparition. Finalement j’ai su plus tard par elles qu’au moment précis où la Madone est arrivée, cette jeune fille a été prise d’une « crise convulsive délirante », par chance un médecin était près d’elle et a dit à sa sœur de prier sans intervenir car manifestement pour lui il s’agissait d’une libération qui était en train de s’opérer.
La jeune fille en question m’a avoué qu’elle avait eu le sentiment d’une présence auprès d’elle et aussitôt avait ressenti que « quel que chose » qui était en elle résistait à s’en aller. Puis ne plus savoir ce qui s’est passé… ensuite s’être senti vidée, mais avec une joie inexplicable en elle. Effectivement c’était une jeune fille particulièrement triste et elle m’apparaissait métamorphosée. Sa sœur m’a dit qu’à son avis, il y avait une malédiction proférée à l’encontre de sa famille par un proche, une succession d’évènements l’avaient conduite à le penser et à venir l’an dernier à Medjugorje comme y attirée et elle en avait tiré bénéfice sur tout ses plans de vie, d’où la raison pour laquelle elle était revenue en compagnie de son fils et de sa sœur, mais … sans supposer que cette dernière subissait elle aussi des contrecoup de manifestations négatives.
Je leur ai dit de faire de façon à ce que l’intrus ne revienne pas avec une cohorte pour faire légion. Je ne sais pas ce qu’elles sont devenues depuis lors…
Il est impératif que nous accordions plus d’intérêt à notre fin dernière et cela passe par un réel approfondissement de notre foi, afin d’éviter que n’importe qui d’infesté, ou pleinement collaborateur du cornu, ne vienne nous induire en erreur en raison de notre inqualifiable faiblesse due souvent à une totale méconnaissance dotée d’une cécité spirituelle.
Si nous voulons apprendre à « AIMER LE SEIGNEUR NOTRE DIEU DE TOUT NOTRE CŒUR, DE TOUTE NOTRE AME ET DE TOUT NOTRE ESPRIT », nous devons comprendre le pourquoi et surtout le comment.
Seule la Parole de vie de Dieu peut nous le permettre, et c’est dans cette direction que nous nous laisserons guidés durant ces 3o jours environ de traversée du désert qui nous reste à aborder dans la plus totale confiance en Dieu si réellement nous faisons route avec Lui.
Comme étude de textes au cours de cette semaine nous allons faire ce que le Ciel nous propose dans le message à Louise Tomkiel, mais aussi à travers ceux donnés à Père Melvin Doucette.
Durant notre temps de Carême allons entamer Isaie.