Archive pour février, 2020

HOMÉLIE POUR LE 1ER DIMANCHE DU CARÊME ANNÉE A : JÉSUS AU DÉSERT

28 février, 2020

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HOMÉLIE POUR LE 1ER DIMANCHE DU CARÊME ANNÉE A : JÉSUS AU DÉSERT

Textes: Genèse 2, 7-9; 3,1-7a, Romains 5, 12-19 et Mathieu 4, 1-11.

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Les lectures de ce premier dimanche du Carême nous présentent comme c’est l’habitude le récit de la tentation de Jésus au désert. On en a cette année le récit selon l’évangile de saint Mathieu. On y ajoute dans la première lecture celui du péché d’Adam. Ces deux récits ont comme cadre deux lieux où se joue un drame semblable.

I – Deux lieux de tentation
Le premier lieu, celui dont nous parle la première lecture, est le jardin d’Éden, le « paradis terrestre » comme on le dit couramment. Ce jardin créé par Dieu, selon le récit de la création que l’on trouve dans le livre de la Genèse, devient, dans notre récit, le jardin de la tentation. Nous y voyons Adam, l’ancêtre de l’humanité, subir la tentation où il est amené à choisir entre sa volonté propre et le respect de celle de son créateur qui lui a interdit de se substituer à lui en mangeant le fruit de l’arbre du bien et du mal. Adam va franchir les limites inscrites par Dieu lui-même en cédant au tentateur sous la forme d’un serpent.
La tentation de se prendre pour Dieu sera plus forte que son attachement à son créateur. Il désire se faire égal à Dieu et c’est le drame. Il en paiera les conséquences entraînant avec lui toute sa descendance Par lui, comme le dit saint Paul dans la deuxième lecture, le péché est entré dans le monde dès les origines.
Regardons maintenant un autre décor. C’est celui du désert où se retire Jésus. Le désert est lui aussi le lieu de la tentation. Dans l’histoire d’Israël on voit le peuple juif succomber plusieurs fois dans l’idolâtrie au cours de son séjour au désert. Le désert est ainsi un lieu où se joue le combat entre Dieu et Satan, entre Dieu et l’Adversaire.
En se retirant au désert, Jésus accepte d’entrer dans ce combat, d’affronter le tentateur directement. Après quarante jours, celui-ci survient et le récit nous raconte les trois approches choisies et le refus radical de Jésus de se laisser entraîner à mettre Dieu de côté comme Adam. Au contraire, il manifeste sa totale obéissance à Dieu et ainsi par l’obéissance d’un seul la multitude sera rendue juste comme le dit saint Paul. Rien ne pourra remettre en cause ce oui de Jésus qui est vainqueur du tentateur au désert.
II – Le choix de Jésus
Comment se manifeste la victoire de Jésus ? Le récit tout simple de saint Mathieu est très riche d’enseignement sur ce point.
Les trois tentations décrites nous ramènent à trois tendances de notre nature humaine, sources d’innombrables déroutes, de conflits et de misères. Ces tendances sont toujours à l’œuvre et Jésus les affronte parce qu’en lui c’est nous aussi qui sommes soumis aux avances de l’Adversaire. « Dans le Christ c’est toi qui était tenté » dit saint Augustin dans son commentaire du psaume 60.
La première tentation est représentée par la faim. Se nourrir est nécessaire pour toute personne. Sans nourriture pas de vie. C’est nécessaire pour la conservation de sa vie. Et le tentateur prend appui sur cette besoin inné dans l’humain pour le replier sur lui-même et lui fermer la porte du désir de transcendance, de l’invisible. Jésus est radical dans sa réponse « L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu ».
La seconde tentation fait appel à un orgueil démesuré, la vaine gloire, pour que Jésus se confronte à Dieu : « Si tu es Fils de Dieu, jette-toi en bas ». Et encore cette fois-ci, Jésus répond au tentateur en lui opposant la Parole de Dieu « Tu ne mettras pas à l’épreuve le Seigneur ton Dieu ».
La troisième tentation est celle du pouvoir sous toutes ses formes représenté par les « rois de la terre ». Et pour la troisième fois, Jésus se réclame de la Parole de Dieu pour repousser cette tentation : « C’est le Seigneur ton Dieu que tu adoreras, à lui seul tu rendras un culte ».
III – Application
Que retenir de ces deux récits, celui de la première lecture et celui de l’évangile ? La réponse se trouve dans la seconde lecture. Saint Paul y explique aux chrétiens de Rome que Jésus est le seul et unique Sauveur d’un monde qui hélas! à la suite du premier homme, Adam, s’est perdu dans le péché et la mort. « Ainsi la mort est passée en tous les hommes, étant donné que tous ont péché » écrit saint Paul. Cet situation d’éloignement de Dieu ne pouvait être brisée que par quelqu’un qui, lui, créerait de nouveaux liens et rétablirait la vie et l’amour dans le monde.
C’est Jésus, Fils de Dieu parmi ses frères et sœurs, qui sera le nouvel Adam et c’est par lui que toute créature sera réconciliée avec Dieu. Saint Paul l’affirme clairement lorsqu’il écrit « De même que la faute commise par un seul a conduit tous les hommes à la condamnation, de même l’accomplissement de la justice par un seul a conduit tous les hommes à la justification qui donne la vie ».
Conclusion
Le début d’un nouveau Carême qui est toujours une belle montée vers Pâques est l’occasion pour nous de nous laisser entraîner dans le mouvement du Mystère du Salut que nous recevons en Jésus. Le pape Francois y insiste dans son message de Carême cette année : « Le fait que le Seigneur nous offre, une fois de plus, un temps favorable pour notre conversion, ne doit jamais être tenu pour acquis. Cette nouvelle opportunité devrait éveiller en nous un sentiment de gratitude et nous secouer de notre torpeur. Malgré la présence, parfois dramatique, du mal dans nos vies ainsi que dans la vie de l’Église et du monde, cet espace offert pour un changement de cap exprime la volonté tenace de Dieu de ne pas interrompre le dialogue du salut avec nous » (numéro 3).
Comme on nous l’a dit mercredi dernier, le jour du Mercredi des Cendres, « Convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle ». Que notre Eucharistie aujourd’hui soit un moment de recueillement spécial et qu’elle nous aide à cheminer avec une ardeur renouvelée tout au cours du Carême en union avec Jésus, Celui qui est pour nous la Voie, la Vérité et la Vie (Jean 14, 6).
Amen!

Mgr Hermann Giguère P. H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l’Université Laval
Séminaire de Québec

PAPE FRANCOIS – AUDIENCE GÉNÉRALE 26 février 2020 – Catéchèse – Carême: entrez dans le désert

26 février, 2020

http://www.vatican.va/content/francesco/it/audiences/2020/documents/papa-francesco_20200226_udienza-generale.html

PAPE FRANCOIS – AUDIENCE GÉNÉRALE 26 février 2020 – Catéchèse – Carême: entrez dans le désert

LITURGIA PENITENZIALE – « 24 ORE PER IL SIGNORE » – 29 marzo 2019

OMELIA DEL SANTO PADRE FRANCESCO

(traduction google de l’italien)

Place Saint-Pierre

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Début du carême

Chers frères et sœurs, bonjour!

Aujourd’hui, mercredi des Cendres , nous commençons le voyage du Carême, un voyage de quarante jours vers Pâques, vers le cœur de l’année liturgique et de la foi. C’est un chemin qui suit celui de Jésus, qui au début de son ministère s’est retiré pendant quarante jours pour prier et jeûner, tenté par le diable, dans le désert. À propos de la signification spirituelle du désert, je voudrais vous parler aujourd’hui. Ce que le désert signifie spirituellement pour nous tous, même nous qui vivons dans la ville, ce que signifie le désert.
Imaginons que nous soyons dans un désert. La première sensation serait de nous retrouver entouré d’un grand silence: pas de bruit, à part le vent et notre souffle. Ici, le désert est le lieu du détachement du bruit qui nous entoure. C’est l’absence de mots pour faire place à une autre Parole, la Parole de Dieu, qui caresse notre cœur comme une brise légère (cf. 1 Rois 19:12). Le désert est le lieu de la Parole , avec une majuscule. En fait, dans la Bible, le Seigneur aime nous parler dans le désert. Dans le désert, il donne à Moïse les « dix mots », les dix commandements. Et quand le peuple se détourne de lui, devenant comme une épouse infidèle, Dieu dit: «Voici, je vais la conduire dans le désert et parler à son cœur. Là, il me répondra, comme au temps de sa jeunesse « (Os 2,16-17). Dans le désert, nous entendons la Parole de Dieu, qui est comme un son léger. Le Livre des Rois dit que la Parole de Dieu est comme un fil de silence sonore. Dans le désert, on trouve l’intimité avec Dieu, l’amour du Seigneur. Jésus aimait se retirer chaque jour dans des endroits désertés pour prier (cf. Lc 5 , 16). Il nous a appris à chercher le Père qui nous parle en silence. Et ce n’est pas facile de garder le silence dans le cœur, car on essaie toujours de parler un peu, d’être avec les autres.
Le Carême est le bon moment pour faire place à la Parole de Dieu, c’est le temps d’éteindre la télévision et d’ouvrir la Bible. C’est le moment de se déconnecter du téléphone portable et de se connecter à l’Évangile. Quand j’étais enfant, il n’y avait pas de télévision, mais j’avais l’habitude de ne pas écouter la radio. Le Carême est désert, c’est le moment d’abandonner, de se détacher du téléphone portable et de se connecter à l’Evangile. C’est le moment d’abandonner les mots inutiles, les bavardages, les rumeurs, les commérages, de parler et de vous donner « le Seigneur ». C’est le moment de vous consacrer à une écologie cardiaque saine, nettoyer là-bas. Nous vivons dans un environnement pollué par trop de violence verbale, par de nombreux mots offensants et nuisibles, que le réseau amplifie. Aujourd’hui, il s’insulte comme s’il disait « Bonjour ». Nous sommes inondés de mots vides, de publicités, de messages subtils. Nous sommes habitués à tout entendre sur tout le monde et nous risquons de glisser dans une mondanité qui atrophie notre cœur et il n’y a pas de contournement pour guérir cela, mais seulement le silence. Nous luttons pour distinguer la voix du Seigneur qui nous parle, la voix de la conscience, la voix du bien. Jésus, nous appelant dans le désert, nous invite à écouter ce qui compte, l’important, l’essentiel. Au diable qui le tenta, il répondit: « L’homme ne vivra pas seulement de pain, mais de chaque parole qui vient de la bouche de Dieu » ( Mt4.4). Comme le pain, plus que du pain, nous avons besoin de la Parole de Dieu, nous devons parler avec Dieu: nous devons prier . Parce que c’est seulement devant Dieu que les inclinations du cœur se révèlent et que la duplicité de l’âme tombe. Voici le désert, un lieu de vie et non de mort, car le dialogue en silence avec le Seigneur nous redonne vie.
Essayons de penser à nouveau à un désert. Le désert est le lieu de l’essentiel . Regardons nos vies: combien de choses inutiles nous entourent! Nous chassons mille choses qui semblent nécessaires et qui ne le sont en réalité pas. Comme il serait bon pour nous de nous débarrasser de tant de réalités superflues, de redécouvrir ce qui compte, de retrouver les visages de ceux qui nous entourent! Jésus donne également l’exemple à ce sujet, le jeûne. Le jeûne, c’est savoir renoncer au vain, au superflu, pour aller à l’essentiel. Le jeûne n’est pas seulement pour la perte de poids, le jeûne va à l’essentiel, il cherche la beauté d’une vie plus simple.
Enfin, le désert est le lieu de la solitude . Aujourd’hui encore, près de nous, il existe de nombreux déserts. Ce sont des personnes seules et abandonnées. Combien de pauvres et de personnes âgées se tiennent à nos côtés et vivent en silence, sans faire d’histoires, marginalisés et jetés! Parler d’eux ne fait pas de public . Mais le désert nous conduit à eux, à ceux qui, réduits au silence, demandent silencieusement notre aide. De nombreux regards silencieux qui demandent notre aide. Le chemin dans le désert du Carême est un chemin de charité vers les plus faibles.
Prière, jeûne, œuvres de miséricorde: voici la route dans le désert du Carême.
Chers frères et sœurs, avec la voix du prophète Isaïe, Dieu a fait cette promesse: « Voici, je fais une chose nouvelle, je vais ouvrir une route dans le désert  » ( Is 43,19). La route qui nous mène de la mort à la vie s’ouvre dans le désert. Nous entrons dans le désert avec Jésus, nous sortons en savourant Pâques, la puissance de l’amour de Dieu qui renouvelle la vie. Cela nous arrivera quant aux déserts qui fleurissent au printemps, faisant germer soudainement les bourgeons et les plantes « de nulle part ». Courage, nous entrons dans ce désert du Carême, nous suivons Jésus dans le désert: avec lui nos déserts fleuriront.

 

VI DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE (ANNÉE A) (16/02/2020)

14 février, 2020

https://www.qumran2.net/parolenuove/commenti.php?mostra_id=47911

fr

Je n’ai pas trouvé où se trouve cette sculpture (je pense)

(traduction google de l’italien)

VI DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE (ANNÉE A) (16/02/2020)

Christ accomplissement de l’ancienne loi
père Antonio Rungi

La parole de Dieu en ce sixième dimanche du temps ordinaire est pleine de réflexions et de stimuli qui peuvent aider à changer notre vie.
Dans le texte de Matthieu proclamé dans la liturgie de la parole de Dieu, Jésus parle de beaucoup de choses à ses disciples, leur indiquant ce qu’ils doivent faire pour être cohérents avec leur condition de croyants et de disciples, qui connaissent bien les textes bibliques. , la loi ancienne et qui sont prêts à l’intérieur pour achever un chemin de perfection de l’amour, du respect et de l’attention envers les autres et surtout envers les femmes.
Dans une culture comme la nôtre, ce passage de l’Évangile se fait en passant pour soutenir cette voie culturelle, morale, spirituelle, sociale, juridique qui accorde une attention maximale et promeut le respect des femmes dans tous les environnements, y compris ecclésiaux.
Commençons par ce que Jésus dit à propos de ce thème: « Vous avez compris qu’il était dit: » Vous ne commettrez pas d’adultère.  » Mais je vous le dis: quiconque regarde une femme pour la désirer a déjà commis un adultère avec elle dans son cœur. « 
Le respect de la femme part du cœur et de l’esprit de l’homme, c’est lui qui doit changer son attitude et son comportement envers un être humain, d’un sexe différent, qui mérite tout amour et respect, dans toutes ses situations personnelles.
Ce n’est pas un hasard si Jésus ajoute un autre dispositif de l’ancienne norme « Il a également été dit: » Quiconque divorce de sa femme, lui donne l’acte de répudiation « . Mais je vous le dis: quiconque divorce de sa femme, sauf dans le cas d’une union illégitime, l’expose à l’adultère, et quiconque épouse une femme divorcée commet l’adultère. « 
Nous comprenons l’importance du lien émotionnel et définitif entre un homme et une femme et en termes très explicites de la valeur du mariage.
La soi-disant clause du matin de l’autorisation de la répudiation et donc du divorce, selon ce que Moïse avait établi, ne trouve pas d’acceptation dans la morale et la pratique chrétiennes: le mariage est monogame et est définitif et unique.
Il n’y a pas d’alternative. Laisser une femme se souvenir de Jésus l’expose à l’adultère, c’est-à-dire la mettre dans une condition de fragilité sociale et morale, qui peut engendrer un comportement de la part d’autres hommes indignes d’être classés comme tels.
Jésus revendique donc un comportement de respect total envers une femme mariée ou liée sentimentalement à un homme ou libre de tout lien affectif.
Comme il est facile à comprendre, le problème est à la racine, c’est-à-dire à la base de certains choix qui sont faits dans le cadre de la vie conjugale et affective. Jésus ne légitime donc pas les divorces ou autres formes de coexistence entre homme et femme ou de toute autre nature, mais rappelle simplement la grandeur et la beauté d’une vie relationnelle, basée sur l’amour entre homme et femme qui est définitif et non occasionnel ou temporel.
La possibilité de quitter et de prendre facilement une femme ou un homme parce qu’on ne s’entend plus ne fait pas partie de la vision d’un mode de vie chrétien. Les ententes conjugales, affectives et familiales sautent parfois aux absurdités, à la jalousie et à la banalité de toutes sortes.
Aujourd’hui, nous sommes confrontés à des violences systématiques contre les femmes, des féminicides et des délits de toutes sortes à leur encontre.
Assez de cette destruction de la dignité de la femme et nous faisons de la place, dans notre culture, qui renvoie tant à la foi chrétienne, à l’accueil total de chaque homme et femme dans un projet d’amour qui part du respect et de la protection du mariage et la famille.
Les droits civils acquis au fil du temps, dans certains contextes culturels et politiques, n’ont rien à voir avec la dignité et le caractère sacré du mariage et de la famille, qui n’est pas un choix temporaire, ni un contrat civil temporaire, mais un choix définitif basé sur l’amour et le respect mutuel.
Aucune violence n’est légitimée, mais seulement un grand amour et respect, même dans des situations délicates caractérisées par certaines faiblesses et fragilités. Jésus revendique donc une attitude et un comportement différents envers les femmes et les familles.
L’éthique conjugale doit emprunter d’autres voies, celles que le Christ a tracées, qui sont les voies de l’amour et du partage, de l’acceptation et du respect.
Dans le texte de l’Évangile de ce dimanche, d’autres questions sont ensuite examinées et traitées, comme celle du meurtre.
Jésus se souvient: «Vous avez compris qu’il a été dit aux anciens:« Vous ne tuerez pas; quiconque tue doit être jugé.  » Mais je vous le dis: toute personne qui se fâche contre son frère devra être jugée. Celui qui dit alors à son frère: « Stupide » doit être soumis au Sanhédrin; et celui qui lui dira « Fou » sera destiné au feu de Geènna « .
Nous devons faire attention non seulement à ne pas lever la main pour tuer, mais aussi à utiliser la langue et la bouche, qui ne doivent pas offenser ou dénigrer les autres.
Certaines expressions que nous utilisons normalement dans notre langage quotidien adressé à d’autres personnes doivent disparaître de la bouche et surtout du cœur et de l’esprit de tout chrétien authentique.
Jésus aborde ensuite la question du pardon et de la réconciliation. En fait, cela nous rappelle comment se comporter en cas de conflits avec les gens, surtout si vous fréquentez le même environnement culte et liturgique: «Si donc vous présentez votre offre à l’autel et là vous vous souvenez que votre frère a quelque chose contre vous, laissez-le là votre cadeau devant l’autel, allez d’abord vous réconcilier avec votre frère puis recommencez à offrir votre cadeau. Soyez rapidement d’accord avec votre adversaire pendant que vous marchez avec lui, afin que l’adversaire ne se rende pas au juge et le juge au garde, et vous soyez jeté en prison. En vérité, je vous le dis: vous ne sortirez de là que lorsque vous aurez payé le dernier centime! « .
Jésus demande donc un comportement qui réconcilie les parties et n’alimente pas un différend pendant des années, comme cela arrive souvent dans les différents tribunaux et dans les différentes situations sociales, politiques, économiques, législatives et pénales.
Parvenir à un accord entre les parties au conflit est toujours une étape de réconciliation, même si les accords signés sont souvent pires que les désaccords eux-mêmes. Il suffit de voir ce qui s’est passé dans l’histoire de l’humanité après les différents conflits locaux et mondiaux.
Derrière tout ce raisonnement de Jésus, il y a un message clair et précis qui est souligné par ses propres mots, cités au début de ce passage évangélique: «Ne croyez pas que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes; Je ne suis pas venu pour abolir, mais pour donner pleinement satisfaction. En vérité, je vous le dis: jusqu’à ce que le ciel et la terre soient passés, pas un seul iota ou un seul tiret de la loi ne passera, sans que tout soit arrivé. Par conséquent, quiconque transgresse l’un de ces préceptes minimaux et enseigne aux autres à faire de même, sera considéré comme minimal dans le royaume des cieux. Ceux qui les observent et les enseignent, en revanche, seront considérés comme grands dans le royaume des cieux. Car je vous le dis, si votre justice ne dépasse pas celle des scribes et des pharisiens, vous n’entrerez pas dans le royaume des cieux. « 
Un avertissement explicite à la conversion, au renforcement de notre foi, à vivre la charité et l’amour dans la plénitude d’un cœur marqué par la passion et la résurrection de notre Seigneur.
Sur ce même ton s’articule la première lecture, tirée du livre de Siràcide: respect de la loi de Dieu, mais aussi liberté d’agir pour le bien ou le mal, pour la vie ou pour la mort. Rien n’est inconnu du Seigneur, mais tout est connu, mais de tous, même de ceux qui ne croient pas. «En fait, ses yeux sont sur ceux qui le craignent, il connaît toutes les œuvres des hommes. Personne n’a ordonné d’être méchant et personne n’a donné la permission de pécher.  » Si nous commettons des erreurs et des péchés, c’est uniquement et exclusivement une responsabilité personnelle et subjective. Nous ne pouvons pas toujours attribuer nos erreurs et nos erreurs aux autres, nous acquitter de nos responsabilités et ne pas prendre les décisions qui conduisent à faire le bien. Ainsi, comme le rappelle saint Paul Apôtre dans la deuxième lecture de ce dimanche, tirée de sa première lettre aux Corinthiens, il s’agit d’être sage et de développer une connaissance de soi et de Dieu, qui nous amène à ne pas commettre d’erreur dans la vie, à être fidèle et cohérent avec notre choix de foi, jusqu’au dernier moment de notre vie sur terre. Nous devons développer cette humilité d’esprit et de cœur qui nous amène à agir avec fidélité et cohérence envers notre choix de foi, effectué librement et consciemment.
L’orgueil et la domination ne favorisent pas, mais détruisent l’être humain, ils le mettent dans une condition de fragilité existentielle, que chaque mot et chaque conseil ne valent rien, si le cœur est fermé à Dieu et ne s’ouvre pas avec humilité à quoi Il nous communique en toutes circonstances, heureux ou triste dans notre vie. Il est toujours là et sera toujours pour toute l’humanité qui veut marcher vers l’éternité.

Psaume 32 – LA CONSCIENCE DE VOTRE PROPRE PÉCHÉ

11 février, 2020

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Prière de Jésus dans le jardin des olives

Psaume 32 – LA CONSCIENCE DE VOTRE PROPRE PÉCHÉ

(traduction google de l’italien)

1 Par David. Maskil.

Béni soit l’homme absous de culpabilité
Tu as enlevé ma culpabilité
pardonnée du péché
2 béni est l’homme à qui le Seigneur
n’impute pas la transgression
et dans l’esprit duquel il n’y a pas de tromperie.

3 Tant que je me taisais, mes os étaient
usés et je rugissais toute la journée,
4 ta main pesait sur moi le
jour et la nuit,
mes forces se desséchaient comme dans la chaleur de l’
été.

5 Alors je vous ai avoué mon péché,
je n’ai pas caché ma culpabilité,
j’ai dit: « Je confesserai
ma révolte contre le Seigneur contre moi « 
et vous avez amené la culpabilité et mon péché.

6 Ainsi, chaque croyant vous prie à l’heure décisive,
s’il éclate des eaux torrentielles,
il ne pourra pas l’atteindre,
7 vous êtes un refuge pour moi: libérez- moi de l’angoisse,
entourez-moi de chants de libération.

8 « Je vais vous instruire et vous montrer la voie à suivre
Je vous conseillerai en veillant sur vous:
9 ne soyez pas comme le cheval et le mulet
sans discernement
seulement avec la morsure et la bride
leur impétuosité est apprivoisée ».

10 De nombreux tourments attendent le méchant
mais l’amour entoure le croyant au Seigneur
11 réjouissez-vous dans le Seigneur et réjouissez-vous, ou tout simplement les
cœurs justes crient de joie.

Le Psaume 32 est une action de grâces pénitentielle et, en même temps, une sage exhortation, qui résulte de la confession de ses péchés à Dieu, de la rémission du pardon. Le chemin tracé dans ce psaume, considéré par la tradition chrétienne comme «la voix de celui qui fait pénitence» (titres anciens, série II) et prévu dans la liturgie baptismale actuelle, peut être résumé comme suit:
Prologue de la sagesse: félicité du pardon (vv. 1- 2).
Chant du pardon: misère du péché (vv. 3-4, passé); confession et pardon reçus (v. 5, présent); la paix qui en découle, même au milieu des tribulations (vv. 6-7, futur).
Instruction de sagesse prononcée par Dieu (vv. 8-9).
Après un dernier enseignement, basé sur la théorie de la rémunération (v.10), le texte se termine par une antienne à ténor liturgique, qui invite les justes et les droits de cœur à se réjouir avec le psalmiste (v.11).
Si le psaume 1 s’ouvre en proclamant «béni l’homme» (Ps 1,1) qui se bat pour ne pas tomber dans le péché, ici le bonheur décrit la poursuite réaliste de cette méditation. En fait, des péchés sont commis tôt ou tard, mais le chemin qui mène au bonheur n’est pas interdit à ceux qui font des erreurs, sinon ce serait un chemin vide! L’important est d’admettre ses fautes, de ne pas faire semblant de ne pas être pécheurs: c’est ce qui plaît à Dieu, qui « aime la sincérité du cœur humain » (cf. Ps 50, 8) et « ne rejette pas un cœur contrit et brisé « (cf. Ps 50, 19), mais lui donne librement son pardon.
La sagesse du psalmiste provient du fait d’avoir remédié à sa propre histoire à la lumière du regard affectueux de Dieu. Une histoire d’erreur qu’il sait définir clairement, en utilisant les trois termes classiques du lexique du péché, qui constitueront le fil rouge du Psaume 50 (51): dans son comportement il y a de la culpabilité, c’est-à-dire la transgression désobéissante envers les commandements de Dieu; le péché, qui indique l’échec de la cible; transgression, c’est-à-dire errant sur des chemins erronés et perdus. Le priant reconnaît ses propres défauts, il ne vit pas dans la tromperie, dans la simulation hypocrite de ceux qui se retrouvent têtus comme un animal sans discernement.
Grâce à cette intelligence de l’être humain, à cette compréhension réaliste de sa propre faillibilité, le Seigneur lui ôte sa culpabilité, pardonne son péché en l’annulant, ne lui impute pas la transgression. Il oublie tout cela, comme les prophètes osent le révéler: « J’efface vos péchés pour moi-même, et je ne me souviens plus de vos péchés » (Is 43,25); « Tout le monde me connaîtra, du plus petit au plus grand, car je pardonnerai leur culpabilité et je ne me souviendrai plus de leur péché » (Jér 31,34). Ce n’est pas que le repentir et l’effort de conversion soient la cause du pardon de Dieu: simplement, sans cet aveu préalable de culpabilité, qui se traduit par une confession sincère, l’être humain ne peut pas s’ouvrir au pardon préventif du Seigneur. C’est une expérience commune, qui a aussi des répercussions physiques et psychologiques bien peintes dans notre psaume: ceux qui ne veulent pas reconnaître leurs erreurs sont rongés par un tourment invisible, décrit ici avec les images des os qui sont consommés et la vigueur qui est moins due au manque d’eau. De cette façon, il finit par s’isoler dans une solitude mortelle, marquée par un rugissement intérieur, plus bruyant plus les lèvres se taisent. Et ainsi il perd la paix et finit par se sentir lourd sur lui-même de la main du Seigneur, qui n’attend à la place que pour pouvoir la soulever … marqué par un rugissement intérieur d’autant plus bruyant que les lèvres se taisent. Et ainsi il perd la paix et finit par se sentir lourd sur lui-même de la main du Seigneur, qui n’attend à la place que pour pouvoir la soulever … marqué par un rugissement intérieur d’autant plus bruyant que les lèvres se taisent. Et ainsi il perd la paix et finit par se sentir lourd sur lui-même de la main du Seigneur, qui n’attend à la place que pour pouvoir la soulever …
La théologie sous-jacente à ce psaume est clairement présente dans toute l’Écriture: « Celui qui cache ses fautes ne réussira pas dans la vie, celui qui les avouera trouvera miséricorde » (Pr 28,13). Le disciple bien-aimé fait écho: «Si nous disons que nous sommes sans péché, nous nous trompons et la vérité n’est pas en nous. Si nous confessons nos péchés, Dieu, qui est fidèle et juste, pardonne nos péchés et nous purifie de toute iniquité « (1 Jn 1, 8-9). Mais c’est surtout Paul qui cite notre psaume comme la pierre angulaire du principe de justification par la foi: «David proclame béni l’homme à qui Dieu attribue la justice indépendamment des œuvres:« Heureux ceux dont les iniquités ont été pardonnées et les péchés ont été couverts; Heureux l’homme à qui le Seigneur ne tient pas compte du péché »(Rm 4, 6-8). Ce psaume est donc « le chant de la grâce de Dieu et de notre justification, dont nous jouissons non pas à cause de notre mérite mais parce que la miséricorde du Seigneur nous en empêche » (Augustin). On ne peut manquer de mentionner à cet égard un passage passionné de Luther, qui illustre l’intelligence à laquelle le Psaume 32 invite, plaçant ces paroles dans la bouche du Christ.
Pas vous, pas une créature, mais moi, avec mon Esprit et ma Parole, je veux vous montrer comment vous devez marcher; ce n’est pas l’œuvre choisie par vous, ni la souffrance imaginée par vous, mais celle qui apparaît contraire à votre pensée et à votre désir: suivez-moi, voici mon disciple, il y a le bon moment, il n’y a pas comme un cheval ou animal sans intellect. Suivez-moi et abandonnez-vous à moi!
Vraiment, « il n’y a pas de condamnation pour ceux qui sont en Jésus-Christ » (Rm 8, 1)! Les croyants individuels et l’église dans son ensemble peuvent se réfugier en lui et être rassurés par lui: « Je garderai les yeux rivés sur toi, afin que tu puisses rester ferme dans ma lumière d’amour » (Jérôme).
La vérité de cette relecture théologique est enracinée dans le comportement de Jésus, dans son don à ceux qui ont rencontré le salut par la rémission des péchés. Souvenez-vous de sa rencontre avec la femme pécheresse dans la maison du pharisien Simon. Aux gestes insistants d’amour et de contrition de la femme, Jésus répond en lui accordant le pardon des péchés, tandis que Simon est scandalisé par la rafale inattendue d’amour qu’il voit devant lui (cf. Lc 7,36-50). Ou pensez à la parabole du pharisien et du percepteur d’impôts au temple. La prière qui plaît à Dieu est celle de ce dernier: « Ô Dieu, aie pitié de moi, un pécheur » (Lc 18, 13). Ayant pu s’humilier en reconnaissant ses propres fautes, il « rentre chez lui justifié, contrairement aux autres » (cf. Lc 18, 14). Voici la prédilection de Jésus pour la compagnie des pécheurs publics, plus exposés au blâme et donc plus ouverts à la contrition: Jésus avait compris que les collecteurs d’impôts et les prostituées (cf. Mt 21, 31) sont un « sacrement » de la condition de pécheur commune à tout être humain, qui en eux n’est que plus explicite et immédiatement visible. C’est pourquoi il a dit: « Il y aura de la joie dans le ciel pour un pécheur converti, plus que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n’ont besoin d’aucune conversion » (Lc 15, 7).
Oui, « l’amour entoure ceux qui croient au Seigneur » et, poussé par une telle confiance, il n’a pas peur d’accomplir lucidement un acte de vérité: reconnaître son propre péché, découvrir que Dieu lui demande seulement d’accepter qu’il le recouvre de la son pardon. C’est pourquoi «la première chose à comprendre, l’intelligence décisive est de se reconnaître comme pécheur» (Augustin). Mais en sommes-nous convaincus?

Libère-nous, Seigneur,
de la tribulation qui nous entoure.
Nous reconnaissons notre péché et nos injustices:
vous nous pardonnez.
( Prière du Psaume de tradition africaine , seconde moitié du Ve siècle)

 

LA BEAUTÉ, LA CROIX ET LA GLOIRE DE JÉSUS-CHRIST

10 février, 2020

https://www.lanuovabq.it/it/la-bellezza-la-croce-e-la-gloria-di-gesu-cristo

la mia

(traduction google de l’italien)

LA BEAUTÉ, LA CROIX ET LA GLOIRE DE JÉSUS-CHRIST

Belle en miracles et belle en torture, belle sur la croix et dans le sépulcre. Agostino et de nombreux poètes et philosophes écrivent sur la beauté du Christ, la splendeur de la justice et de la vérité, de Iacopone da Todi à Charles Peguy, de Giovanni Reale à Karol Wojtyla. Avec des mots qui défient le « monde ».

Saint Augustin s’interroge sur Jésus-Christ: « Pourquoi avait-il aussi de la beauté sur la croix? Parce que la folie de Dieu est plus sage que les hommes; et la faiblesse de Dieu est plus forte que les hommes (Corinthiens 1,23-25) [...] Dieu est beau, Parole avec Dieu; belle dans le ventre de la Vierge, où elle n’a pas perdu la divinité et a pris l’humanité; la Parole née enfant né est belle [...]. Il est donc beau au ciel, beau sur la terre; belle dans la poitrine, belle dans les bras des parents: belle en miracles, belle en torture; belle à inviter à la vie et belle à la reprendre, belle à ne pas prendre soin de la mort, belle à abandonner la vie et à la reprendre; beau sur la croix, beau dans le sépulcre, beau dans le ciel [...]. La beauté suprême et vraie est la justice; vous ne le verrez pas beau si vous le jugez injuste; si partout est bon, partout est beau.
Le pape Jean-Paul II écrit sur les raisons de la beauté du Christ: « Jésus-Christ révèle non seulement Dieu, mais » révèle pleinement l’homme à l’homme « . En Christ, Dieu a réconcilié le monde avec lui-même […]. L’homme est racheté, le corps humain est racheté, toute la création est rachetée, dont Saint Paul a écrit qu’il « attend avec impatience la révélation des enfants de Dieu » (Romains 8:19) « . Le Christ est représenté par Saint Jean dans l’Apocalypse en disant de lui-même: « Voici, je fais toutes choses nouvelles ».
Au milieu de tant de faux prophètes qui séduisent par l’attrait de nouveaux messages et découvertes, le Christ se propose comme la seule vraie nouveauté que le monde ait connue. Toutes les autres hypothèses, après un examen attentif, sont, en réalité, des récupérations de l’ancien paganisme, qui prennent de nouveaux noms et des vêtements tentants et trompeurs, dont Saint Paul nous avertit avec acuité: «Pourquoi un temps viendra-t-il quand ils porteront une doctrine plus solide; mais par une envie de l’entendre, ils empileront les enseignants selon leurs passions, et ils se détourneront de l’écoute de la vérité et se tourneront plutôt vers les contes de fées ».
Au XIIIe siècle, dans la belle lauda Amor de caritate ,Iacopone da Todi nous éclaire sur la beauté du Christ: « Créature nova née en Cristo, / dépouillé l’ancien om, refait à neuf! / Mais dans tant d’amour monte avec ardeur, / le cœur semble se débrouiller avec un couteau; / esprit avec senno tolle une telle chaleur, / Le Christ me prend tout, tant il est beau! ». Tant l’ardeur que le poète ressent pour le Christ, comme un amant devant sa bien-aimée, va jusqu’à écrire: «Abràcciome con ello et pour l’amour oui clamo: /« Amor, auquel je désire tant, fan’me die d ‘ l’amour! « . Ce dernier verset est très beau où l’amour, devenu «une touche de soi», veut se consommer complètement par amour. C’est une confession éternelle, éternelle: « Pour toi, Amor consumome languissant / et je stridenno pour que tu embrasses; / quand tu pars, oui je vis, / je soupire et te demande de te retrouver; / je te recule, ‘mon coeur s’éteint
Lauda nous offre des moments où le drame et le pathétique atteignent des sommets tels qu’ils peuvent être facilement tolérés par le regard humain. Le mérite de ces textes est, sans aucun doute, celui de nous avoir présenté aussi le Christ comme un vrai homme, qui a subi pleinement l’ignominie de l’ingratitude humaine et la douleur de la croix. Le monde accepte plus volontiers l’idée d’un Dieu lointain, ou d’un Dieu qui est devenu présent parmi nous sans toutefois avoir pleinement souffert. Un Dieu désincarné nous rend beaucoup moins responsables de la croix que nous lui avons fait souffrir et des attitudes que nous adoptons aujourd’hui, moins responsables de la croix que nous devons porter et offrir à l’exemple de Jésus.
Iacopone da Todi représente avec une force humaine puissante la passion du Christ dans Donna de Paradiso . Ici, l’humanité de Jésus brille encore plus dans la souffrance de la mère qui assiste avec une douleur indicible dans son calvaire et qui s’exclame avec atrocité: « Fils, l’âme est partie, / fils des perdus, / fils de la disparition, / fils attaché! // Fils blanc et vermillon, / fils sans ressemblance, / fils, et à qui je tiens ma main? / Fils, même si j’ai relâché! // […] Fils doux et placent, / fils du chagrin, / fils, avec le peuple / maltraité.// Ioanni, le nouveau fils, / ton frère est mort./ Maintenant je sens le couteau / dont je profite.// Quel fils moga et compagnon / Saisir une mort, / se retrouver harcelé / mat’e et fils pendu ».
Le mal et la mort (la limite de l’existence humaine) ont été vaincus, comme le dit une célèbre séquence médiévale: « Le sacrifice de louange est élevé à la victime pascale, l’agneau a racheté le mouton, le Christ innocent a réconcilié les pécheurs avec le Père. La mort et la vie se sont affrontées dans un duel prodigieux: le Seigneur de la vie était mort, maintenant vivant, règne. Dites-nous, O Maria, qu’avez-vous vu en chemin? J’ai vu le sépulcre du Christ vivant et la gloire de celui qui est ressuscité; les anges témoins, le linceul et les robes; Christ mon espoir est ressuscité et précède le sien en Galilée. Nous sommes sûrs que Christ est vraiment ressuscité des morts. Toi, roi victorieux, aie pitié de nous. Amen. Alléluia « .
Le philosophe Giovanni Reale (1931) écrit: « Pour sauver les hommes et leur enseigner le véritable amour, Dieu » les abaissa « , et précisément dans cet » abaissement « , il offrit un agape, un amour absolu, qu’au lieu d’être « acquisitive » au plus haut degré, elle est « donative » au plus haut degré, en ce qu’elle établit une relation inversement proportionnelle entre celui qui aime et la chose aimée par rapport à la pensée platonicienne. Ensuite, si l’amour absolu coïncide avec l’abaissement absolu: Dieu s’est abaissé en Christ au point que même le plus misérable des hommes peut être sûr d’être aimé de lui. Et c’est la Beauté dans la splendeur maximale que seule peut sauver dans un sens total ».
Le Christ a commencé sa mission à trente ans, après avoir vécu comme fils, charpentier, juif: aimé jusqu’à ce moment, celui de la mission, mais détesté dès l’instant où il témoigne de la vérité, celui qui est la vérité.
Charles Péguy l’a bien dit dans Le mystère de la charité de Jeanne d’Arc : «Il était généralement aimé. / Tout le monde l’aimait. / Jusqu’au jour où il a commencé sa mission. / Ses collègues charpentiers, amis, camarades, les autorités / Les citoyens, / Le père et la mère / Ils ont trouvé tout cela très positif./ Jusqu’au jour où il a commencé sa mission./ […] Jusqu’au jour où il a été dérangé./ Et inquiétant il avait troublé le monde./ Jusqu’au jour où il s’est révélé / Le seul gouvernement au monde./ Et quand il s’est révélé à tout le monde./ Là où les égaux voyaient bien./ Qu’il n’avait pas d’égal./ Alors le monde il a commencé à trouver qu’il était trop vieux / et à lui causer des problèmes. « 
Le Maître lui-même envoie les disciples deux à deux pour enseigner le monde entier et apporter la bonne nouvelle. Dès lors, les témoins et martyrs de l’Évangile iront partout, défiant les travaux, les hostilités et les persécutions pour que le nom du Christ soit connu dans le monde entier. Jésus lui-même prédit que la prédication en son nom sera accompagnée de tribulations et de persécutions. Le «monde», en effet, n’accepte pas le Christ et ceux qui lui appartiennent. Lorsque la persécution n’est pas physique et matérielle, comme cela se produit dans de nombreux pays, elle est cependant plus subtile ou ridicule, comme dans de nombreux pays d’Europe. Dans la culture dominante, l’affirmation désormais affirmée d’une élite présumée intellectuel, organique au système de pouvoir, ouvertement ou plus clandestinement et à petites doses, a conduit à la propagation d’une mentalité déchristianisée.

HOMÉLIE POUR LE 5E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE ANNÉE A « SEL DE LA TERRE ET LUMIÈRE DU MONDE »

7 février, 2020

https://www.hgiguere.net/Homelie-pour-le-5e-dimanche-du-temps-ordinaire-Annee-A-Sel-de-la-terre-et-lumiere-du-monde_a935.html

fr le béatitudes

HOMÉLIE POUR LE 5E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE ANNÉE A « SEL DE LA TERRE ET LUMIÈRE DU MONDE »

Textes: Isaïe 58, 7-10, I Corinthiens 2, 1-5 et Mathieu 5, 13-16.

Dans ce passage du Discours de Jésus sur la montagne les disciples ont été accrochés par deux mots : « sel » et « lumière ». Ces deux mots se retrouvaient dans le thème de la Journée mondiale de la jeunesse tenue à Toronto (Canada) en 2002 « Vous êtes le Sel de la terre…vous êtes la Lumière du monde ». Ces deux mots ont été repris pour désigner la chaîne catholique de télévision canadienne (Sel+Lumière TV). C’est dire combien ces deux mots sont encore inspirateurs pour nous aujourd’hui comme pour les premiers chrétiens qui les ont conservés précieusement.

I – Un héritage transmis au cours des siècles
Un des moyens que les premiers chrétiens ont mis en place pour assurer la transmission de cet héritage se trouve dans la célébration liturgique du Baptême. Lors du baptême d’un enfant ou d’un adulte, comme il arrive de plus en plus souvent aujourd’hui, le célébrant, après le geste de verser l’eau sur le front de la personne qui est baptisée, remet aux parents, au parrain et à la marraine un cierge en disant lorsque c’est un enfant : « C’est à vous, ses parents, son parrain et sa marraine, que cette lumière est confiée. Veillez à l’entretenir pour que N., illuminé (e) par le Christ, avance dans la vie en enfant de lumière et persévère dans la foi. Ainsi, quand viendra le Seigneur, il (elle) pourra aller à sa rencontre dans le Royaume, avec tous les saints du ciel. » Et jusqu’au Concile Vatican II, on avait aussi, avant le geste du Baptême, celui de l’imposition de quelques grains de sel dans la bouche du futur baptisé pour rappeler ainsi qu’il avait à devenir le sel de la terre.
Les disciples de Jésus qui ont accepté cet héritage les invitant à être le sel de la terre et la lumière du monde ne l’ont pas fait pour leur propre gloire dans un esprit de vanité ou d’ostentation. Ils l’ont fait pour que Dieu soit ainsi glorifié par ceux et celles qui les entouraient. Aucune prétention de supériorité, mais une conscience de partager un don à nul autre pareil, celui d’être disciple de Jésus, frères et sœurs du Fils bien-aimé et de porter la Bonne Nouvelle que ce don ne leur est pas réservé, mais qu’il est proposé à tous et à toutes. Quelle belle mission!

II- Une invitation à accueillir l’action de l’Esprit
Le parcours de disciples qui sont « sel » et « lumière » ne peut se réaliser que s’ils sont convaincus qu’ils ne sont, eux ou elles, que les reflets de Celui qui est le « Vrai Sel » et la « Vraie Lumière ». Qu’ils se gardent de s’approprier ce qu’ils ont reçu. Qu’ils regardent celui qui s’est fait le Serviteur de tous. Qu’ils s’exercent à laver les pieds de leurs frères et sœurs comme leur Maître leur en a donné l’ordre le Jeudi Saint en disant après l’avoir fait à ses apôtres « Faites de même vous aussi » (Jean 13, 1-15).
La première lecture du prophète Isaïe met de l’avant cette dynamique du service lorsqu’il dit aux Hébreux : « Partage ton pain avec celui qui a faim, accueille chez toi les pauvres sans abri, couvre celui que tu verras sans vêtement, et ne déroge pas à ton semblable. Alors ta lumière jaillira comme l’aurore »
Ce chemin du service, qui rend les disciples « sel » et « lumière », à la suite de Jésus, se vit en s’appuyant non pas sur la sagesse des hommes, mais sur la puissance de l’Esprit comme le dit saint Paul aux Corinthiens dans la 2e lecture. « Mon langage, ma proclamation de l’Évangile, n’avaient rien d’un langage de sagesse qui veut convaincre; mais c’est l’Esprit et sa puissance qui se manifestaient, pour que votre foi repose, non pas sur la sagesse des hommes, mais sur la puissance de Dieu. »

III – Une mission toujours actuelle
L’invitation de Jésus retenue par les premiers chrétiens est toujours actuelle. Dans notre monde de la modernité et de la post-modernité au Québec, on a besoin d’hommes et de femmes qui, sans orgueil ni vanité, auront le courage d’afficher leur choix de vie à la suite de Jésus. Ils le feront de diverses façons, selon leur milieu de vie et selon leur cultures, mais toujours, ils auront à cœur de témoigner du message reçu de Jésus qui se concentre comme le dit l’apôtre Jean dans le « Aimez-vous les uns les autres » (Jean 13, 34).
Leur engagement de foi derrière Jésus fera qu’ils seront de plus en plus le sel de la terre et la lumière du monde. C’est ce que je souhaite du plus profond de mon cœur. Des questions se poseront, comme celles du film Silence de Martin Scorcese sur les martyrs du Japon au XVIIe siècle. Jusqu’où aller ? Aller jusqu’au martyre ? Plusieurs de nos devanciers et devancières l’on fait. D’autres se sont contentés d’un témoignage au ras du sol dans une vie transformée par la présence vivifiante de l’Esprit de Dieu, d’autres se sont lancés dans des œuvres de toutes sortes ou des projets missionnaires. Les portes sont ouvertes aujourd’hui à toutes les initiatives car notre monde attend la manifestation de la gloire de Dieu qui lui offre la vraie vie et l’amour en plénitude.

Conclusion
J’aime bien un chant repris souvent dans nos célébrations liturgiques. C’est celui composé par Odette Vercruysse et interprété par John Littleton « Je cherche le visage » où on chante « Vous êtes le Corps du Christ Vous êtes le Sang du Christ. Vous êtes l’Amour du Christ. Alors! qu’avez-vous fait de Lui? » Je le transpose et je vous dis en terminant « Vous êtes le sel du Christ, vous êtes la lumière du Christ, alors qu’en avez-vous fait? »

Amen!

Mgr Hermann Giguère P. H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l’Université Laval
Séminaire de Québec

PAPE FRANÇOIS – AUDIENCE GÉNÉRALE – catéchèses sur les Béatitudes dans l’Evangile de Matthieu (5, 1-11) (29.1.20)

5 février, 2020

http://www.vatican.va/content/francesco/fr/audiences/2020/documents/papa-francesco_20200129_udienza-generale.html

fr philippe-lejeune-Le-sermon-sur-la-montagne-1992

fr Philippe Lejeune – Le Sermon sur la montagne – 1992

PAPE FRANÇOIS -AUDIENCE GÉNÉRALE – catéchèses sur les Béatitudes dans l’Evangile de Matthieu (5, 1-11) (29.1.20)

Salle Paul VI
Mercredi 29 janvier 2020

Chers frères et sœurs, bonjour!

Nous commençons aujourd’hui une série de catéchèses sur les Béatitudes dans l’Evangile de Matthieu (5, 1-11). Ce texte qui ouvre le «Discours sur la montagne» et qui a illuminé la vie des croyants, et aussi de nombreux non-croyants. Il est difficile de ne pas être touché par ces paroles de Jésus, et le désir de les comprendre et de les accueillir toujours plus pleinement est juste. Les Béatitudes contiennent la «carte d’identité» du chrétien — c’est notre carte d’identité — parce qu’elles définissent le visage de Jésus lui-même, son style de vie.
Maintenant, présentons globalement ces paroles de Jésus; au cours des prochaines catéchèses, nous commenterons chaque Béatitude, une par une.
Avant tout, il est important de savoir comment a lieu la proclamation de ce message: Jésus, en voyant les foules qui le suivent, monte sur la douce pente qui entoure le lac de Galilée, s’assoit et, s’adressant à ses disciples, annonce les Béatitudes. Le message s’adresse donc aux disciples, mais à l’horizon se trouve la foule, c’est-à-dire toute l’humanité. C’est un message pour toute l’humanité.
En outre, la «montagne» renvoie au Sinaï, où Dieu donna les Commandements à Moïse. Jésus commence à enseigner une nouvelle loi: être pauvres, être doux, être miséricordieux… Ces «nouveaux commandements» sont beaucoup plus que des normes. En effet, Jésus n’impose rien, mais dévoile le chemin du bonheur — son chemin — en répétant huit fois le mot «Heureux».
Chaque Béatitude se compose de trois parties. Il y a tout d’abord toujours le mot «heureux»; puis vient la situation dans laquelle se trouvent les bienheureux: la pauvreté d’esprit, l’affliction, la faim et la soif de justice, et ainsi de suite; enfin, il y a le motif de la béatitude, introduit par la conjonction «car»: «Heureux ceux-ci car, heureux ceux-là car…». C’est ainsi que se présentent les huit Béatitudes et il serait beau de les apprendre toutes par cœur et de les répéter, pour avoir précisément à l’esprit et dans le cœur cette loi que nous a donnée Jésus.
Faisons attention à ce fait: le motif de la béatitude n’est pas la situation actuelle, mais la nouvelle condition que les bienheureux reçoivent en don de Dieu: «car le Royaume des Cieux est à eux», «car ils seront consolés», «car ils posséderont la terre» et ainsi de suite.
Dans le troisième élément, qui est précisément le motif du bonheur, Jésus utilise souvent un futur passif: «ils seront consolés», «ils posséderont la terre», «ils seront rassasiés», «ils obtiendront miséricorde», «ils seront appelés fils de Dieu».
Mais que signifie le mot «heureux»? Pourquoi chacune des huit Béatitudes commence-t-elle par le mot «heureux»? Le terme original n’indique pas quelqu’un qui a le ventre plein ou qui a la belle vie, mais c’est une personne qui est dans une condition de grâce, qui progresse dans la grâce de Dieu et qui progresse sur le chemin de Dieu: la patience, la pauvreté, le service aux autres, la consolation… Ceux qui progressent dans ces choses sont heureux et seront bienheureux.
Dieu, pour se donner à nous, choisit souvent des voies impensables, parfois celles de nos limites, de nos larmes, de nos échecs. C’est la joie pascale, dont parlent nos frères orientaux, celle qui a les stigmates mais qui est vivante, a traversé la mort et a fait l’expérience de la puissance de Dieu. Les Béatitudes te conduisent à la joie, toujours; elles sont la voie pour atteindre la joie. Il nous fera du bien aujourd’hui de prendre l’Evangile de Matthieu, chapitre cinq, versets un à onze, et de lire les Béatitudes — peut-être d’autres fois encore pendant la semaine — pour comprendre ce chemin si beau, si sûr du bonheur que le Seigneur nous propose.
Je salue cordialement les pèlerins de langue française, les groupes venus de Belgique et de France, particulièrement les jeunes venus de Paris et de Saint Cloud. Les Béatitudes nous enseignent que Dieu, pour se donner à nous, choisit souvent des chemins impensables, ceux de nos limites, de nos larmes, de nos défaites. Demandons au Seigneur l’esprit des Béatitudes afin que nous puissions faire l’expérience de la puissance de Dieu qui se manifeste dans nos souffrances quotidiennes. Que Dieu vous bénisse !

 

BENOÎT XVI – AUDIENCE GÉNÉRALE – Psaume 33 (5.10.2011)

3 février, 2020

http://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/audiences/2011/documents/hf_ben-xvi_aud_20111005.html

Ave verum corpus nato de virgine Maria

Ave verum corpus, nato de virgine Maria

BENOÎT XVI – AUDIENCE GÉNÉRALE – Psaume 33 (5.10.2011)

Place Saint-Pierre
Mercredi 5 octobre 2011

Chers frères et sœurs,

S’adresser au Seigneur dans la prière implique un acte radical de confiance, dans la conscience de s’en remettre à Dieu qui est bon, «Dieu de tendresse et de pitié, lent à la colère, riche en grâce et en fidélité» (Ex 34, 6-7; Ps 86, 15; cf. Jl 2, 13; Gn 4, 2; Ps 103, 8; 145, 8; Né 9, 17). C’est pourquoi je voudrais aujourd’hui réfléchir avec vous sur un Psaume plein de confiance, dans lequel le Psalmiste exprime sa sereine certitude d’être guidé et protégé, mis à l’abri de tout danger, parce que le Seigneur est son pasteur. Il s’agit du Psaume 23 — selon la datation gréco-latine 22 — un texte familier à tous et aimé de tous.
«Le Seigneur est mon berger, rien ne me manque»: c’est ainsi que débute cette belle prière, évoquant le contexte nomade de l’élevage des brebis et l’expérience de la connaissance réciproque qui s’établit entre le pasteur et les brebis qui composent son petit troupeau. L’image rappelle une atmosphère de confidence, d’intimité, de tendresse: le pasteur connaît ses brebis une par une, il les appelle par leur nom et elles le suivent parce qu’elles le reconnaissent et qu’elles se fient à lui (cf. Jn 10, 2-4). Il prend soin d’elles, il les garde comme des biens précieux, prêt à les défendre, à en garantir le bien-être, à les faire vivre dans la tranquillité. Rien ne peut leur manquer si le pasteur est avec elles. C’est à cette expérience que fait référence le Psalmiste en appelant Dieu son pasteur, en se laissant guider par Lui vers des pâturages sûrs :
«Sur des prés d’herbe fraîche il me parque. / Vers les eaux du repos il me mène, / il y refait mon âme; il me guide aux sentiers de justice / à cause de son nom» (vv. 2-3).
La vision qui s’ouvre sous nos yeux est celle de prés verts et de sources d’eau limpide, une oasis de paix vers laquelle le pasteur accompagne le troupeau, symboles des lieux de vie vers lesquels le Seigneur conduit le Psalmiste, qui se sent comme les brebis étendues sur l’herbe à côté d’une source, au repos, non en tension ou en état d’alerte, mais confiantes et tranquilles, parce l’endroit est sûr, l’eau est fraîche, et le pasteur veille sur elles. Et n’oublions pas ici que la scène évoquée par le Psaume se passe dans une terre en grande partie désertique, battue par un soleil cuisant, où le pasteur semi-nomade du Moyen-Orient vit avec son troupeau dans les steppes desséchées, qui s’étendent autour des villages. Mais le pasteur sait où trouver l’herbe et l’eau fraîche, essentielles pour la vie, il sait conduire à l’oasis où l’âme «se raffermit» et où il est possible de reprendre des forces et de nouvelles énergies pour se remettre en chemin.
Comme le dit le Psalmiste, Dieu le guide vers les «prés d’herbe fraîche» et les «eaux du repos», où tout est surabondant, tout est donné de façon copieuse. Si le Seigneur est le pasteur, même dans le désert, lieu d’absence et de mort, la certitude d’une présence radicale de vie ne fait pas défaut, au point de pouvoir dire: «rien ne me manque». Le pasteur, en effet, a à cœur le bien de son troupeau, il adapte ses propres rythmes et ses propres exigences à celles de ses brebis, il marche et il vit avec elles, en les guidant sur des sentiers «justes», c’est-à-dire adaptés à elles, attentif à leurs besoins et non aux siens. La sécurité de son troupeau est sa priorité et c’est à elle qu’il obéit quand il le conduit.
Chers frères et sœurs, nous aussi, comme le Psalmiste, si nous marchons derrière le «bon Pasteur», aussi difficiles, tortueux ou longs que puissent apparaître les parcours de notre vie, souvent aussi dans des zones spirituellement désertiques, sans eau et sous le soleil d’un rationalisme cuisant, sous la conduite du bon pasteur, le Christ, nous sommes certains d’aller sur les routes «justes», que le Seigneur nous guide et qu’il est toujours proche de nous et qu’il ne nous manquera rien.
C’est pourquoi le Psalmiste peut déclarer une tranquillité et une sécurité sans incertitudes ni craintes :
«Passerais-je un ravin de ténèbres, / je ne crains aucun mal car tu es près de moi; / ton bâton, ta houlette sont là qui me consolent» (v. 4).
Qui passe avec le Seigneur dans le ravin de ténèbres de la souffrance, de l’incertitude et de tous les problèmes humains, se sent en sécurité. Tu es avec moi: telle est notre certitude, celle qui nous soutient. L’obscurité de la nuit fait peur, avec ses ombres changeantes, la difficulté à distinguer les dangers, son silence rempli de bruits indéchiffrables. Si le troupeau se déplace à la nuit tombée, quand la visibilité se fait incertaine, il est normal que les brebis soient inquiètes, le risque existe de trébucher ou de s’éloigner et de se perdre, et il y a encore la crainte de possibles agresseurs qui se cachent dans l’obscurité. Pour parler de ce ravin de «ténèbres», le Psalmiste utilise une expression en hébreu qui évoque les ténèbres de la mort, pour lequel la vallée à traverser est un lieu d’angoisse, de terribles menaces, de dangers de mort. Et pourtant, l’orant continue avec certitude, avec assurance, sans peur, parce qu’il sait que le Seigneur est avec lui. Ce «tu es avec moi» est une proclamation de confiance, inébranlable, et elle synthétise l’expérience d’une foi radicale; la proximité de Dieu transforme la réalité, le ravin de ténèbres perd toute dangerosité, se vide de toute menace. Le troupeau à présent peut cheminer tranquille, accompagné par le bruit familier du bâton qui frappe le terrain et signale la présence rassurante du pasteur.
Cette image réconfortante termine la première partie du Psaume et laisse place à une scène différente. Nous sommes encore dans le désert, où le pasteur vit avec son troupeau, mais à présent nous sommes transportés sous sa tente, qui s’ouvre pour donner l’hospitalité:
«Devant moi tu apprêtes une table / face à mes adversaires; / d’une onction tu me parfumes la tête, / ma coupe déborde» (v. 5).
Maintenant, le Seigneur est présenté comme Celui qui accueille l’orant, avec les signes d’une hospitalité généreuse et pleine d’attentions. L’hôte divin prépare la nourriture sur la «table», un terme qui en hébreu indique, dans son sens primitif, la peau de bête qui était étendue par terre et sur laquelle on posait les plats pour le repas commun. Il s’agit d’un geste de partage non seulement de la nourriture, mais également de la vie, dans une offrande de communion et d’amitié qui crée des liens et exprime la solidarité. Et ensuite, il y a le don munificent de l’huile parfumée sur la tête, qui procure un soulagement contre la brûlure du soleil du désert, qui rafraîchit et adoucit la peau et réjouit l’esprit de son parfum. Enfin, le calice débordant ajoute une note de fête, avec son vin exquis, partagé avec une générosité surabondante. Nourriture, huile, vin: ce sont les dons qui font vivre et qui donnent la joie car ils vont au-delà de ce qui est strictement nécessaire et expriment la gratuité et l’abondance de l’amour. Le Psaume 104 proclame, en célébrant la bonté providentielle du Seigneur: «Tu fais croître l’herbe pour le bétail et les plantes à l’usage des humains, pour qu’ils tirent le pain de la terre et le vin qui réjouit le cœur de l’homme, pour que l’huile fasse luire les visages et que le pain fortifie le cœur de l’homme» (vv. 14-15). Le Psalmiste est l’objet de nombreuses attentions, c’est pourquoi il se voit comme un voyageur qui trouve refuge sous une tente hospitalière, alors que ses ennemis doivent s’arrêter pour regarder, sans pouvoir intervenir, car celui qu’ils considéraient comme leur proie a été mis en sécurité, il est devenu un hôte sacré, intouchable. Et nous sommes nous-mêmes le Psalmiste, si nous sommes réellement croyants en communion avec le Christ. Quand Dieu ouvre sa tente pour nous accueillir, rien ne peut nous faire de mal.
Ensuite, lorsque le voyageur repart, la protection divine se prolonge et l’accompagne au cours de son voyage :
«Oui, grâce et bonheur me pressent / tous les jours de ma vie; / ma demeure est la maison du Seigneur / en la longueur des jours» (v. 6).
La bonté et la fidélité de Dieu sont l’escorte qui accompagne le Psalmiste qui sort de la tente et se remet en chemin. Mais c’est un chemin qui acquiert un sens nouveau, et devient pèlerinage vers le Temple du Seigneur, le lieu saint où l’orant veut «demeurer» pour toujours et auquel il veut également «retourner». Le verbe hébreu utilisé ici a le sens de «revenir» mais, au moyen d’une petite modification de voyelle, il peut être entendu comme «demeurer» et et c’est ainsi qu’il est rendu par les antiques versions et par la majorité des traductions modernes. Les deux sens peuvent être maintenus: retourner au Temple et y demeurer est le désir de chaque Israélite, et habiter près de Dieu dans sa proximité et sa bonté est le désir et la nostalgie de tout croyant: pouvoir habiter réellement là où est Dieu, près de Dieu. Se placer à la suite du Pasteur conduit à sa maison, tel est le but de tout chemin, oasis recherchée dans le désert, tente où se réfugier en fuyant ses ennemis, lieu de paix où faire l’expérience de la bonté et de l’amour fidèle de Dieu jour après jour, dans la joie sereine d’un temps sans fin.
Les images de ce Psaume, avec leur richesse et leur profondeur, ont accompagné toute l’histoire et l’expérience religieuse du peuple d’Israël et accompagnent les chrétiens. La figure du pasteur, en particulier, évoque le temps originel de l’Exode, le long chemin dans le désert, comme un troupeau guidé par le Pasteur divin (cf. Is 63, 11-14; Ps 77, 20-21; 78, 52-54). Et sur la terre promise, c’était le roi qui avait le devoir de paître le troupeau du Seigneur, comme David, pasteur choisi par Dieu et figure du Messie (cf. 2 S 5, 1-2; 7, 8; Ps 78, 70-72). Puis, après l’exil de Babylone, presque dans un nouvel exode (cf. Is 40, 3-5.9-11; 43, 16-21), Israël revient dans sa patrie comme une brebis égarée et retrouvée, reconduite par Dieu vers de verts pâturages et des lieux de repos (cf. Ez 34, 11-16, 23-31). Mais c’est dans le Seigneur Jésus que toute la force évocatrice de notre Psaume atteint sa plénitude, trouve sa pleine signification: Jésus est le «Bon Pasteur» qui va à la recherche de la brebis égarée, qui connaît ses brebis et donne sa vie pour elles (cf. Mt 18, 12-14; Lc 15, 4-7; Jn 10, 2-4.11-18). Il est le chemin, la juste voie qui nous conduit à la vie (cf. Jn 14, 6), la lumière qui illumine la vallée obscure et vainc chacune de nos peurs (cf. Jn 1, 9; 8, 12; 9, 5; 12, 46). C’est Lui l’hôte généreux qui nous accueille et nous met à l’abri des ennemis en préparant la table de son corps et de son sang (cf. Mt 26, 26-29; Mc 14, 22-25; Lc 22, 19-20) et celle définitive du banquet messianique au Ciel (cf. Lc 14, 15sq; Ap 3, 20; 19, 9). C’est Lui le Pasteur royal, le roi dans la douceur et dans le pardon, intronisé sur le bois glorieux de la croix (cf. Jn 3, 13-15; 12, 32; 17, 4-5).
Chers frères et sœurs, le Psaume 23 nous invite à renouveler notre confiance en Dieu, en nous abandonnant totalement entre ses mains. Demandons donc avec foi que le Seigneur nous accorde, même sur les chemins difficiles de notre temps, de marcher toujours sur ses sentiers comme un troupeau docile et obéissant, qu’il nous accueille dans sa maison, à sa table et qu’il nous conduise vers des «eaux tranquilles» afin que, dans l’accueil du don de son Esprit, nous puissions nous abreuver à ses eaux, sources de l’eau vive «jaillissant en vie éternelle» (Jn 4, 14; cf. 7, 37-39). Merci.