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SUR LES TRACES DE JÉSUS EN TERRE SAINTE

31 juillet, 2017

http://bible.archeologie.free.fr/lieuxjesus.html

SUR LES TRACES DE JÉSUS EN TERRE SAINTE dans JÉSUS EN TERRE SAINTE capharnaumsynagogue2

Les ruines de la synagogue de Capharnaum. Datant du IVe s.

SUR LES TRACES DE JÉSUS EN TERRE SAINTE

(l’étude est très longue, vous pouvez aller sur le site, de nombreuses images)

(biblelieux.com)
Visiter un pays chargé d’Histoire en suivant les pas du fondateur d’une religion aurait peu de sens si l’on ne connaissait pas sa vie et sa spiritualité. Replongeons-nous un instant dans les évangiles.
Jésus de Nazareth quitte le foyer familial vers trente ans afin de mener sa vie publique à travers la terre d’Israël. Il se rend d’abord sur les rives du Jourdain, où il est baptisé par Jean, puis il se retire dans le désert en solitaire pour se préparer à sa mission. De retour en Galilée après quarante jours, il entreprend un ministère itinérant auprès des populations rurales. Accompagné de douze apôtres qu’il a choisis, il s’adresse aux habitants avec éloquence et opère de spectaculaires guérisons miraculeuses auprès des personnes malades et handicapées. Sa renommée d’orateur et de thaumaturge se diffuse dans tout le pays et l’on vient en foule pour le rencontrer.
La théologie de Jésus s’exprime à travers des paraboles inspirées de la vie ordinaire et dotées d’un sens moral et spirituel. Il décrit la relation avec un Dieu totalement bienveillant, qui invite chaque être humain à construire sa vie sur un altruisme pacifique, l’invitant à se mettre au service de ses semblables au point de s’effacer lui-même. Aimer son prochain à l’exemple de Jésus, soutenir les personnes en difficulté, ne pas thésauriser, éviter de juger, pardonner en toutes circonstances, être confiant dans la prière : tous les efforts consentis ne seront rien devant le bénéfice réel attendu d’En-haut.
Une importance première est accordée au souci des personnes défavorisées, que Jésus délivre de leurs maux tout en leur transmettant la « bonne nouvelle », un message d’espoir pour l’Au-delà. Pourtant il ne cache pas qu’après la mort une sélection est faite entre les âmes en fonction des actes accomplis sur Terre. Le royaume céleste est promis à ceux qui font preuve d’une grande humanité. Pour cela Jésus veut sauver toutes les consciences égarées, préconisant la conversion des pécheurs par la patience et la prière plutôt que leur condamnation. Toute prière peut être exaucée avec une foi profonde, et même les miracles sont à la portée de chacun.
Jésus se réclame du judaïsme auquel il veut cependant donner une dimension nouvelle. Tout en respectant la loi hébraïque, il la libère de la rigidité d’une pratique trop littérale. La conception d’un Dieu juste et autoritaire fait place à celle d’un Dieu d’amour et de compassion. Pourtant son interprétation de la Loi dérange les habitudes des prêtres et des docteurs, dont il fustige l’hypocrisie. Il entre peu à peu en conflit avec le pouvoir religieux du Temple, celui-ci considérant qu’il blasphème lorsqu’il déclare être le fils de Dieu.
Son enseignement se transmet oralement lors des déplacements en Terre sainte à travers la Galilée, la Judée, la Samarie et occasionnellement dans les pays limitrophes.
Bien qu’il soit impossible de reconstituer l’itinéraire exact qu’il suivit, un grand nombre de lieux qu’il traversa sont aujourd’hui assez bien identifiés. Quelques-uns sont marqués par la tradition locale ou sont sortis de terre à la suite de fouilles archéologiques.
Capharnaüm
Les écritures font en quelque sorte de Capharnaüm la seconde patrie de Jésus après Nazareth. Elles rapportent en effet que Jésus s’y rendit plusieurs fois et qu’il y résida : « Puis, quittant Nazareth, il habita Capharnaüm aux bords de la mer ». Il y accomplit plusieurs miracles, notamment les guérisons du serviteur d’un centurion, de la belle-mère de l’apôtre Pierre et d’un paralytique. Il enseigna dans la synagogue de cette ville, où il guérit également un possédé.
La ville fut identifié en 1838 par l’archéologue américain Edouard Robinson au site désolé de Tel Hun, sur la rive nord-ouest du lac de Tibériade. Le terrain fut acheté par l’ordre des franciscains en 1894, qui y mena plusieurs campagnes de fouilles dont la plus importante fut conduite entre 1968 et 1986 par les pères Virgilio Corbo et Stanislao Loffreda.
L’occupation du site est attestée à partir du IIème siècle avant notre ère. Ce village de pêcheurs était également un poste-frontière avec la Transjordanie et comprenait un bureau de douane. La présence d’une garnison romaine est évoquée dans les évangiles, qui précisent que le centurion dont Jésus guérit le serviteur avait fait construire la synagogue de cette cité.
Une ancienne borne militaire trouvée en 1975 près des ruines de Capharnaüm porte les noms de plusieurs citoyens romains. Bien qu’en partie illisible, cette pierre atteste d’une présence romaine en ce point qui contrôlait la route principale vers Damas.
Les restes d’un antique bâtiment prestigieux se dressent encore dans la plaine, constitué de hautes colonnes de calcaire blanc et d’un seul pan de mur, qui tiennent sur une vaste terrasse dallée. Les parois et les chapiteaux des piliers sont ornés de nombreux motifs sculptés évoquant la liturgie hébraïque : un chandelier à sept branches, l’Arche d’Alliance et plusieurs espèces d’animaux. Il s’agit visiblement des restes d’une synagogue dont la construction remonte au IVème siècle de notre ère.
La structure repose sur un soubassement de basalte noir, qui contraste avec la clarté du dallage en calcaire. Sa position surélevée suggéra aux fouilleurs qu’elle pouvait dissimuler un monument plus ancien construit en-dessous. C’est ce que l’équipe du père Corbo tenta de révéler à partir de 1969, en retirant une partie du dallage de la terrasse. On exhuma en effet de vieux murs d’habitations et une seconde cour qui semblait appartenir à un monument public. Il s’agissait vraisemblablement d’une autre synagogue plus ancienne. Celle-ci fut datée du Ier siècle de l’ère chrétienne, ce qui permit de l’identifier à celle que Jésus devait fréquenter lorsqu’il séjournait à Capharnaüm.
Une autre découverte d’importance majeure a été faite à une trentaine mètres au sud de la synagogue. Au milieu des ruines d’anciennes habitations, la base d’une petite église byzantine du IVème siècle furent mise au jour, curieusement disposée selon un plan en deux octogones concentriques. Sous cette structure se trouvaient les restes d’une simple habitation, qui portait les traces explicites d’un christianisme primitif. Plusieurs graffiti inscrits sur les restes des murs portent en effet les noms de Jésus et de Pierre, ainsi que les mots « Messie », « Seigneur », « Dieu », de même que des dessins de croix, de navires et de poissons.
Les moines qui ont examiné ces précieuses inscriptions ont fait un rapprochement avec le contenu d’un document littéraire susceptible de se rapporter à ce site. C’est le récit de voyage de la pèlerine Egérie (IVème siècle), qui nous apprend que : « A Capharnaüm, la maison du prince des apôtres (Pierre) est devenue une église. Les murs sont restés jusqu’aujourd’hui tels qu’ils étaient ». Il est possible que ce texte concerne la maison aux graffiti, puisqu’une église paléochrétienne de l’époque d’Egérie lui est superposée. Ces éléments menèrent à la conclusion que cette maison n’était autre que la demeure de saint Pierre, et que Jésus-Christ lui-même avait vécu dans cette habitation.
Depuis la découverte de la « maison de Pierre », les vestiges de Capharnaüm sont redevenus un lieu de pèlerinage. Juste au-dessus des fouilles a été récemment construit un bâtiment contemporain surélevé, dont le plancher partiellement vitré offre de l’intérieur une vue sur les anciens murs.
Tibériade
Sur les rives du lac auquel elle a donné son nom, la ville de Tibériade fut fondée vers l’an 26 de notre ère par le tétrarque Hérode Antipas, pour honorer l’empereur romain alors en place. Elle est citée une fois dans l’évangile de Jean (6, 23) alors que Jésus parcourt la Galilée et la région du lac. Il n’est pas précisé si Jésus s’est rendu à Tibériade. Cependant, les ruines de cette cité ont réservé aux archéologues de belles surprises.
Bien identifiée sur la rive occidentale du lac (appelé également lac de Génésareth, ou mer de Galilée), elle est entourée d’une muraille du VIème siècle d’une longueur exceptionnelle, qui escalade les pentes escarpées du mont Bérénice en inclant le sommet dans son périmètre. Ce point culminant a été fouillé en 1990 par Yizhar Hischfeld, du Département des Antiquités d’Israël, qui cherchait alors le palais de la reine Bérénice de Judée. Au lieu d’un palais, c’est en fait un important complexe ecclésiastique et une superbe basilique qui l’attendaient. L’église byzantine du VIème siècle qu’il dégagea était entourée d’une vaste cour et de nombreuses salles aux sols couverts de mosaïques. Les splendides sols multicolores représentaient des oiseaux, des plantes et des motifs géométriques. Les fouilleurs se demandaient ce qui avait pu justifier la construction d’un tel complexe en un tel lieu, lorsqu’ils constatèrent qu’il dissimulait un objet inhabituel.
Sous la base de l’autel principal de la basilique, une plaque de marbre attira l’attention des chercheurs. En la soulevant, ils virent apparaître une fosse contenant une grande pierre taillée d’une manière particulière. Longue de un mètre, sa base était grossièrement taillée en pointe et son centre était percé d’un trou biconique. A quel usage cet objet était-il destiné ? De toute évidence, cette pierre était une ancre de navire. C’est son emplacement qui est le plus surprenant. Pourquoi une ancre était-elle enterrée sous l’autel de cette église ? Si l’on sait que les chrétiens placent parfois des reliques sous leurs autels, on peut supposer que cette ancre en était une. La proximité du lac de Tibériade permet d’envisager un lien avec une barque qui servit à Jésus ou à ses proches. Cependant, si cette ancre a la forme de celles des barques du Ier siècle, sa taille est en revanche nettement supérieure ; elle correspondrait plutôt à une ancre plus ancienne de quelques siècles. L’ « église à l’ancre » n’a pas fourni davantage d’explications.
Gennésareth
Une belle opération d’archéologie de sauvetage fut réalisée à la faveur d’une forte sécheresse, qui marqua l’année 1986 et qui provoqua une baisse exceptionnelle du niveau du lac de Tibériade. Ce fut pour deux pêcheurs israéliens l’occasion de réaliser un vieux rêve.
Les frères Yuval et Moshe Lufan habitaient le village de Kibboutz Ginosar, un port de pêche implanté sur la rive nord-ouest du lac. Ils pratiquaient occasionnellement l’archéologie en amateurs dans l’espoir de découvrir quelque vestige ou épave antique. Ils arpentaient les berges semi-asséchées du lac, lorsqu’ils distinguèrent les contours d’un objet ovale ayant la forme d’une barque qui affleurait dans la boue. En grattant le sable ils virent que l’objet était fait de bois vermoulu. Petite coïncidence, l’instant de la découverte s’accompagna d’un phénomène naturel extrêmement rare : un arc-en-ciel lunaire …
L’existence de l’épave fut signalée au professeur Shelley Wachsmann, spécialiste d’archéologie sous-marine au Département des Antiquités d’Israël. L’expert l’examina et confirma qu’elle semblait très ancienne et qu’elle justifiait un sauvetage. On décida d’extraire l’objet de la boue, entreprise à la fois délicate et urgente avant la remontée des eaux. Une méthode adaptée à la situation fut définie, et l’opération fut menée promptement durant onze jours et onze nuits avec la participation active des villageois.
La méthode consista à créer d’abord une digue d’assèchement, qui permit d’évacuer manuellement la glaise entourant le navire. Puis l’épave fut conditionnée dans une enveloppe de mousse polyuréthane, remise à l’eau ainsi empaquetée et remorquée jusqu’au port de Gennésareth. Arrivé à bon port, le vieux navire fut délivré de sa mousse et plongé dans un bain chimique soigneusement contrôlé. Le traitement avait pour but de remplacer progressivement l’eau imprégnant le bois par de la cire synthétique. L’épave demeura ainsi immergée pendant une durée de sept ans. Ce processus terminé, l’objet fut empaqueté de nouveau et emporté par une grue jusqu’à son lieu de conservation définitif, c’est-à-dire dans le musée Ygal Allon de Kibboutz Ginosar créé pour l’occasion.
L’examen détaillé du navire révéla que c’était un voilier de pêche d’époque romaine. Mesurant plus de huit mètres, il fut construit avec des matériaux de réemploi fixés avec des tenons et des mortaises, et avait subi plusieurs réparations avec des bois d’essences différentes. Le lieu de sa découverte était jonché de clous et d’attaches métalliques, et la coque contenait une petite lampe à huile. Le professeur Richard Steffy, de l’Université du Texas, estima son âge, d’après les techniques employées, à une période comprise entre le Ier siècle avant et le second siècle après J.-C.. Des analyses au carbone 14 complétèrent la datation en donnant une fourchette de 50 avant à 75 après J.-C.
Le navire est désormais l’une des épaves les mieux conservées de cette époque. C’est probablement un navire de ce type qu’utilisèrent Jésus et ses apôtres, ce qui a rendu cet objet célèbre sous le nom de « barque de Jésus ».
Le puits de Jacob – la Samaritaine
Tout voyageur qui se rend par voie terrestre de Judée en Galilée est obligé de traverser la région de Samarie. Si l’on remonte à l’Ancien Testament, les habitants de la Samarie étaient les héritiers de l’ancien royaume du Nord qui avait fait sécession à la mort du roi Salomon. Cette séparation avait laissé dans les esprits une forte animosité. Les Samaritains construisirent même leur propre Temple sur le mont Garizim, ce qui fut une source supplémentaire de différend. Bien que majoritairement déplacée sous la domination assyrienne, la petite communauté des Samaritains subsiste encore aujourd’hui, et a conservé sur place ses rites propres issus de leurs origines hébraïques, toujours pratiqués après trois millénaires.
Jésus traversa la Samarie à plusieurs reprises pour se rendre en Galilée. Le regard qu’il portait sur ses habitants était différent de celui des autres Juifs, comme le montre l’évangile de la femme samaritaine avec laquelle Jésus entra en conversation au bord d’un puits (Jn. 3). Celle-ci s’étonna d’abord qu’il daigne lui parler, puis réalisa sa qualité de prophète lorsqu’il devina sa vie privée. Lorsqu’elle lui demande de quelle montagne le culte devait être rendu, Jésus répondit de manière sibylline : « En esprit et en vérité ». Entendant qu’il était le messie, elle retourna hâtivement en informer les habitants de la ville.
L’évangile précise en outre que ce puits avait jadis appartenu au patriarche Jacob, et que son fils Joseph y avait été enterré au retour d’Egypte (Gn. 34 ; Js. 24, 32).
Non loin de Sichem en Samarie, il existe un « puits de Jacob » que la tradition locale rattache aux récits des deux Testaments. Les premières fouilles furent effectuées en 1893 sur le site du puits. Il est permis de rapprocher ce puits de celui de l’évangile, si l’on tient compte de plusieurs éléments. Le point d’eau semble d’abord très ancien et daterait de plusieurs siècles avant l’ère chrétienne. De plus, dans sa conversation avec Jésus la Samaritaine désigne une montagne sacrée toute proche ; or le puits de Jacob traditionnel se trouve précisément au pied du mont Garizim. La Samaritaine précise également que le puits est profond, ce qui est le cas de celui-ci qui descend à 46 mètres. Ces caractéristiques correspondent bien aux indications des textes bibliques.
L’histoire du puits de Jacob durant les siècles suivants est assez bien documentée. Au IVème siècle de notre ère, les Byzantins élevèrent au-dessus du puits une petite église grecque en forme de croix. Elle fut rasée au IXème, puis remplacée par une autre en 1150, qui se dégrada. Les moines orthodoxes grecs firent l’acquisition du site en 1860, et entamèrent une nouvelle construction qui resta inachevée. Ce n’est qu’en 2007 que fut menée à son terme la construction d’une église moderne de grandes dimensions. Si l’on descend aujourd’hui dans la crypte de ce vaste sanctuaire, on peut encore s’asseoir comme le fit le Christ sur la margelle du vénérable puits.
La montagne de la Multiplication des pains
L’un des miracles les plus célèbres semble s’être déroulé en un lieu aujourd’hui marqué par une pierre désignant l’endroit exact où il se produisit. Jésus acompagné par la foule s’était éloigné de toute habitation, et la journée était bien avancée lorsque les apôtres soulevèrent le problème du ravitaillement. La foule qui avait suivi Jésus était innombrable, au moins cinq mille personnes est-il écrit. Il prit alors les seuls cinq pains et deux poissons qu’on avait trouvés et les fit distribuer au peuple, qui en reçut en quantité plus que suffisante.
Les indications géographiques données quant au lieu du miracle sont assez floues. La multiplication des pains se serait déroulée « de l’autre côté de la mer de Galilée, de Tibériade ». Il est également précisé qu’ « Il les prit alors avec lui en direction d’une ville appelée Bethsaïde », qu’ « Ils partirent donc en barque pour gagner un lieu solitaire, isolé » et qu’ « Il y avait en cet endroit beaucoup d’herbe ». Le souvenir du lieu a été perdu au VIIème siècle, lorsque le pays fut dévasté par l’invasion perse. Sa redécouverte fut possible des siècles plus tard grâce aux écrits de la pèlerine Egérie, une voyageuse espagnole du IVème siècle. Son témoignage décrit le lieu du miracle comme un lieu verdoyant placé en bordure du lac :
« Dans ces lieux-mêmes (non loin de Capharnaüm), face à la mer de Galilée, est une terre où l’eau abonde, où pousse une végétation luxuriante, aux nombreux arbres et palmiers. A proximité se trouvent sept sources qui fournissent de l’eau en abondance. Dans ce jardin fertile Jésus nourrit cinq mille personnes avec cinq pains et deux poissons. La pierre sur laquelle le Seigneur déposa le pain devint un autel. Les nombreux pèlerins venus sur le site la brisèrent en pièces pour soigner leurs maux. »
Cette description pourrait correspondre à un lieu-dit appelé Tabgha, une vallée fertile située sur la rive nord-ouest du lac entre Capharnaüm et Magdala, et arrosée par plusieurs sources. Le nom de Tabgha est peut-être une déformation arabe du mot grec Heptapegon qui signifie « sept sources ».

 

DAMAS : MAISON DE SAINT ANANIE

22 juin, 2016

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DAMAS : MAISON DE SAINT ANANIE

La tradition chrétienne C’est une figure biblique. Les Actes des Apôtres (9,1-26 et 22,4-26) nous le présentent comme un Damascène de race juive. Il était déjà chrétien quand il baptisa Saul de Tarse ; il jouissait d’un rang et d’un prestige incontesté dans la jeune Église de Damas. C’est à lui que le Christ révéla le destin du futur Apôtre des Gentils. Son plus beau fleuron est d’avoir reçu dans l’Église naissante Saul le persécuteur et de l’avoir formé à la foi. La tradition orientale, recueillie par les Bollandistes, assure qu’Ananie était un des ‘soixante-douze’ disciples de Jésus dont parle saint Luc (10,1) et qu’il rentra à Damas après la lapidation de saint Étienne. Les Apôtres le consacrèrent évêque de cette ville. Il annonçait la Bonne Nouvelle dans les régions syriennes, quand il fut arrêté par le gouverneur Licinius et condamné à mort. Ananie mourut lapidé hors des murs d’enceinte de Damas, le premier octobre. Son corps fut transporté à l’intérieur de la cité par les chrétiens.

Le lieu À été de tout temps localisée dans l’ancienne Damas, à l’intérieur des murs. De temps immémorial, la demeure fut transformée en église, connue sous le nom de Église de la croix (en forme de croix). Nous ignorons la date précise de cette transformation, cependant nous pouvons attester qu’elle fut antérieure à la conquête musulmane (636). La revue scientifique Syrie, V, 1924 écrit que le comte Eustache De Lorey, chef de la mission archéologique en Syrie, exécuta en 1921 des fouilles à Damas en « un point appelé Hananiyeh, situé près de la porte orientale Bab El-Sherqi, là où s’élevait autrefois l’église de la Sainte Croix, ou plus exactement la Moussallabeh, une des églises dont Walid I rendit l’usage aux chrétiens, en échange de la Grande Mosquée ». Mr De Lorey en a retrouvé une des absides. Ses sondages ont révélé que cette église succédait à un temple païen, comme en témoignent une inscription grecque « au dieu céleste de Damas » et un autel où l’on voit un taureau à bosse sous un chêne. La même revue VI, 1925, 356 précise que l’autel païen date du IIe ou IIIe siècle après J.C. La découverte d’un temple païen dans un lieu vénéré par les chrétiens n’a rien de surprenant. L’histoire nous apprend que l’empereur Adrien (117-138) édifia des temples païens sur le Calvaire et sur la grotte de Bethléem, précisément pour éloigner les chrétiens de ces lieux saints. La présence d’un temple païen, dans cet emplacement sacré, ne peut donc que confirmer l’existence d’un sanctuaire chrétien de l’Église primitive. Cela est confirmé également par une église byzantine, convertie ultérieurement en mosquée. En Orient, la succession d’édifices religieux des différentes confessions dans le même emplacement est un indice sur la véracité de la tradition sur ce lieu de culte chrétien. Quelques siècles plus tard, un écrivain arabe, Ibn Asaker (1105-1176) signale à Damas une église sous le nom ‘El-Kenisset El-Moussallaba’ c’est-à-dire ‘l’Église de la Croix’. Il note que cette église se situe près des murs, entre deux portes orientales, Bab-Touma et Bab-Charqi, et qu’elle fut détruite vers l’an 700. Entre autres, le Franciscain Nicolas de Poggibonsi parle de la maison de Saint Ananie en 1347, en affirmant qu’à son temps elle était convertie en mosquée. L’écrivain arabe, Ibn Chaker écrit quelques années plus tard, en 1363, que le Calife Walid I (702-712) céda aux chrétiens les ruines de ‘l’Église de la Croix’, en échange de la Basilique de Saint Jean-Baptiste qu’il transforma en mosquée. (l’actuelle mosquée des Ommayades). Le père Boniface de Raguse, Custode de Terre Sainte, visite le lieu au XVIe s. et il annote « qu’on descend à cette église par un certain nombre de degrés ». Au début du XVIIe s. le père Quaresmius, franciscain, décrit en détail la maison de Saint Ananie : « Cette maison se trouve dans la partie orientale de la ville. C’est une habitation souterraine à laquelle on descend du côté oriental par une porte étroite et un escalier. Elle est disposée presque en triangle ; elle est très petite : sa longueur des deux côtés n’est que de vingt pieds et sa largeur de dix. Au-dessus, elle reçoit la lumière de deux fenêtres rondes » (Lib. VII, C.III). Vers 1630, le père Antonio del Castillo ofm, affirme que la maison de Saint Ananie est tenue en grande vénération par les chrétiens et les Turcs : « Les Turcs, qui en ont la charge aujourd’hui, y ont beaucoup de lampes allumées ». En 1820, les Franciscains de Terre Sainte récupérèrent et réédifièrent ce lieu vénérable, l’adaptant au culte. Tout fut détruit durant les troubles de 1860. Reconstruite en 1867, elle fut, en 1893, restaurée sous la forme actuelle et embellie en 1973. La maison de Saint Ananie, le vestige le plus sûr du passage de saint Paul à Damas, est une crypte formée par deux chambres. On y descend par un escalier de vingt trois marches. Cette situation est due à l’exhaussement du terrain, causé par les décombres accumulés pendant vingt siècles dans cette partie de la ville. Le même fait peut être observé près de la porte romaine de Bab-El-Charqi. La traditionnelle maison de Saint Ananie que les Pères Franciscains montrent aujourd’hui à la vénération des visiteurs est à n’en point douter une partie de l’ancienne église byzantine de la ‘Sainte Croix’ du V-VIe s. trouvée lors des fouilles opérées par Mr De Lorey. L’emplacement de ce lieu vénérable répond en tous points aux exigences de l’archéologie et de la tradition qui, dès les débuts de l’ère chrétienne, y a situé la maison du premier évêque de Damas.

Texte biblique – La vocation de Saül Saul était toujours animé d’une rage meurtrière contre les disciples du Seigneur. Il alla trouver le grand prêtre et lui demanda des lettres pour les synagogues de Damas, afin de faire prisonniers et de ramener à Jérusalem tous les adeptes de la Voie de Jésus, hommes et femmes, qu’il découvrirait. Comme il était en route et approchait de Damas, une lumière venant du ciel l’enveloppa soudain de sa clarté. Il tomba par terre, et il entendit une voix qui lui disait : « Saul, Saul, pourquoi me persécuter ? » Il répondit : « Qui es-tu, Seigneur ? — Je suis Jésus, celui que tu persécutes. Relève-toi et entre dans la ville : on te dira ce que tu dois faire. » Ses compagnons de route s’étaient arrêtés, muets de stupeur : ils entendaient la voix, mais ils ne voyaient personne. Saul se releva et, bien qu’il eût les yeux ouverts, il ne voyait rien. Ils le prirent par la main pour le faire entrer à Damas. Pendant trois jours, il fut privé de la vue et il resta sans manger ni boire. Or, il y avait à Damas un disciple nommé Ananie. Dans une vision, le Seigneur l’appela : « Ananie ! » Il répondit : « Me voici, Seigneur. » Le Seigneur reprit : « Lève-toi, va dans la rue Droite, chez Jude : tu demanderas un homme appelé Saul, de Tarse. Il est en prière, et il a eu cette vision : un homme, du nom d’Ananie, entrait et lui imposait les mains pour lui rendre la vue. » Ananie répondit : « Seigneur, j’ai beaucoup entendu parler de cet homme, et de tout le mal qu’il a fait à tes fidèles de Jérusalem. S’il est ici, c’est que les chefs des prêtres lui ont donné le pouvoir d’arrêter tous ceux qui invoquent ton Nom. » Mais le Seigneur lui dit : « Va ! cet homme est l’instrument que j’ai choisi pour faire parvenir mon Nom auprès des nations païennes, auprès des rois et des fils d’lsraël. Et moi, je lui ferai découvrir tout ce qu’il lui faudra souffrir pour mon Nom. » Ananie partit donc et entra dans la maison. Il imposa les mains à Saul, en disant : « Saul, mon frère, celui qui m’a envoyé, c’est le Seigneur, c’est Jésus, celui qui s’est montré à toi sur le chemin que tu suivais pour venir ici. Ainsi, tu vas retrouver la vue, et tu seras rempli d’Esprit Saint. » Aussitôt tombèrent de ses yeux comme des écailles, et il retrouva la vue. Il se leva et il reçut le baptême. Puis il prit de la nourriture et les forces lui revinrent. Il passa quelques jours avec les disciples de Damas et, sans plus attendre, il proclamait Jésus dans les synagogues, affirmant qu’il est le Fils de Dieu. Tous ceux qui l’entendaient étaient déconcertés et disaient : « N’est-ce pas lui qui, à Jérusalem, s’acharnait contre ceux qui invoquent ce nom-là, et qui était venu ici pour les faire prisonniers et les ramener devant les chefs des prêtres ? » Mais Saul, avec une force croissante, réfutait les Juifs de Damas en démontrant que Jésus est le Messie. Au bout d’un certain nombre de jours, les Juifs tinrent conseil en vue de le faire mourir. Saul fut informé de leur machination. On faisait même garder les portes de la ville de jour et de nuit pour pouvoir le faire mourir. Alors ses disciples le prirent de nuit, et, dans une corbeille, le firent descendre jusqu’en bas de l’autre côté du rempart. Arrivé à Jérusalem, il cherchait à entrer dans le groupe des disciples, mais tous avaient peur de lui, car ils ne pouvaient pas croire que lui aussi était un disciple du Christ. (Act 9,1-26)

Prière Dieu, par ton Fils ressuscité, tu as envoyé le disciple Ananie auprès de Saul de Tarse pour qu’il voie, qu’il soit rempli de l’Esprit Saint et baptisé à la prière de ce martyr, fais que tous les peuples deviennent tes disciples, reçoivent le baptême pour la rémission des péchés et le don de l’Esprit Saint. Par Jésus le Christ notre Seigneur. Amen.

 

GETHSÉMANI

12 mai, 2016

http://www.interbible.org/interBible/decouverte/archeologie/2005/arc_050916.htm

GETHSÉMANI

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Figure 2 : La grotte de Gethsémani

La tradition chrétienne, à Jérusalem, s’est surtout attachée au tombeau tout neuf que s’était fait tailler Joseph d’Arimathie; c’est là qu’il y déposa le corps de Jésus et, le matin de Pâques, que la Bonne Nouvelle de la résurrection du Christ prit son envol. Toutefois les tristes événements de l’agonie de Jésus et de la trahison de Judas n’ont pas été effacés, pour autant, de la mémoire des premiers chrétiens.      La veille de sa mort, entre la Pâque célébrée à Jérusalem avec ses disciples et son arrestation, Jésus s’était retiré, avec Pierre, Jacques et Jean, dans un lieu sans doute assez désert, appelé Gethsémani, ou « Pressoir à huile »; cette appellation seule pourrait orienter notre attention du côté du mont des Oliviers (Mt 26,36-46; Mc 14,32-42; Lc 22,40-46). Comme Jean parle d’un « jardin » (Jn 18,1), la tradition parle aussi d’un lieu dit Gansémani (« Jardin de l’huile »).      Les témoins archéologiques que nous présentons dans la présente chronique, connus depuis assez longtemps déjà, sont bien situés sur les bords de la route romaine qui reliait le mont des Oliviers à Jérusalem; des traces de cette route sont visibles dans le jardin du monastère russe juste un peu plus haut sur la pente.      C’est Eusèbe, évêque de Césarée, qui mentionne pour la première fois, vers 330, Gethsémani comme un lieu « contre le mont des Oliviers »; peu de temps après, en 333, le Pèlerin de Bordeaux parle d’un « rocher », dans le ravin (le Cédron), où on se rassemble pour prier, ce que Cyrille, évêque de Jérusalem, confirme en 347. Ces témoignages sont donc sérieux, car ils sont contemporains de ceux que Constantin a honorés au tombeau de Joseph d’Arimathie, en y construisant l’église de la Résurrection (Anastasis), en 325.

     Saint Jérôme, en 388, nous assure qu’une église a aussi été construite à Gethsémani; elle doit être l’œuvre de Théodose (379-395), qui imita Constantin en consacrant des souvenirs évangéliques par des monuments. Les fouilles archéologiques appuient fortement cet événement.      Sous 1’église actuelle, construite en 1924 (partie hachurée de la fig. 1), se cachent les vestiges de cette église de Théodose; de fait, l’architecte moderne a voulu respecter le plan de cette première église (en noir uni sur la fig. 1). On remarque facilement que le rocher où s’était retiré Jésus, pour prier, occupe presque toute l’abside. Ce plan précis de l’édifice nous montre bien que ce rocher était l’objet de vénération à l’époque : on tailla le banc rocheux pour y fonder les murs du bâtiment, en respectant le cabochon au milieu de l’abside.      La basilique est assez modeste : elle mesure 20,15 x 16,35 m. Un atrium (cour ouverte) était aménagé devant elle; et, de chaque côté de cet atrium, on a retrouvé le tracé de deux petits enclos : servaient-ils à protéger de vieux oliviers témoins de la prière de Jésus?      Cette église primitive fut assez endommagée par les Perses, en 614, puis totalement détruite par un tremblement de terre en 745; elle fut alors abandonnée.      Vers 1170, les Croisés décident de redresser cette église, qui ne présente plus que de tristes ruines. Toutefois, pour des raisons que nous ignorons, ils la construisent selon un axe différent (partie en blanc sur la fig. 1); ils y aménagent trois petites absides, présentant chacun un éperon rocheux, en souvenir de la triple prière de Jésus que les synoptiques mentionnent de façon claire. C’était une église encore plus modeste que celle du IVe siècle. Elle fut détruite par les Arabes, et laissée en ruine depuis le XIIIe siècle; on gardait toutefois le souvenir de l’agonie de Jésus sur ces ruines transformées en un jardin planté d’oliviers. Une étude récente des très vieux oliviers qui poussent toujours dans un jardin adjacent à l’église actuelle montre bien que les racines de ces oliviers courent sur le pavement de l’église médiévale : ils sont donc presque millénaires!      À un jet de pierre (Lc 22,41) du rocher inséré dans l’église, il se trouve une grotte naturelle qui fut aussi l’objet de vénération des chrétiens de Jérusalem. Une inondation récente l’a beaucoup endommagée; on profite donc de l’occasion pour l’étudier attentivement (fig. 2). Elle est assez vaste, mesurant, en gros, 13,50 x 8,50 m. On sait maintenant qu’elle fut aménagée en lieu de culte chrétien avant la fin du IVe siècle, mais en étant agrandie (17,50 x 12 m); cet aménagement est donc contemporain de la première église. C’est là que le souvenir du lieu où reposaient les disciples y était attaché; comme ce lieu était connu de Judas, il faut penser que c’est aussi là qu’il y conduisit la troupe qui exécuta l’arrestation de Jésus. Encore faut-il ajouter que certaines particularités du sol de la grotte pourraient être interprétées comme des ouvrages de pressoir à huile, justifiant donc le nom de Gethsémani attaché à ce lieu.     Il restera toujours très difficile de prouver, par l’archéologie, que nous sommes en présence du lieu vrai et précis de l’agonie de Jésus et de son arrestation, mais il reste tout aussi vrai que c’est bien là la région où ces événements se déroulèrent, le fait bien établi que les chrétiens, dès le début du IVe siècle, en ont fixé là le souvenir ne devrait pas manquer de susciter pour nous un vif intérêt.

Guy Couturier, CSC Professeur émérite, Université de Montréal

BRUITS DE JÉRUSALEM

6 avril, 2015

http://www.revue-kephas.org/02/1/Venard67-73.html

BRUITS DE JÉRUSALEM

Janvier–Mars 2002

Fr. Olivier-Thomas Venard *

« – Vous restez quinze jours dans le pays et vous avez envie d’écrire un article; un mois et vous songez à un livre. Au bout d’un an vous hésitez à écrire une page… Et au bout de quarante ans – moi ça fait quarante ans que je suis là – vous ne comprenez plus rien ! ». Ces quelques mots d’une sœur du Carmel apostolique rencontrée récemment, révoltée par les attentats atroces qui viennent d’ensanglanter Jérusalem, suffisent à décrire ce que vous allez lire ici, chers amis de Kephas : non point une analyse, non pas même un témoignage, mais de simples impressions… Il paraît que toute connaissance commence par les sens; alors, il sortira peut-être quelque lumière de ces impressions diverses ? La vérité sortira de Sion et de Jérusalem la Parole du Seigneur, prophétisait jadis Isaïe…
Ce matin, j’étais à la Grotte où Jésus fut trahi – l’une des grottes, à en croire nos frères orientaux, où le Sauveur donnait à ses amis les plus proches un enseignement mystique que les foules plus nombreuses ne pouvaient comprendre, au pied du Mont des Oliviers, dans la Vallée du Cédron. C’est un des points les plus profondément enfouis de Jérusalem sans doute, la température y est constante et l’atmosphère maternelle; là, le frère Pacifique, un vieux franciscain levantin, vous réconcilie avec le Bon Dieu et vous parle doucement du ciel et de la joie de la Vierge immaculée, dont on vénère la Dormition dans une crypte voisine.
Ce matin, un vieux moine éthiopien, visage émacié et brun, dans ses amples habits de laines sombres, y discutait avec Jésus et avec Marie, prenant à témoins leurs images sur les fresques médiocres et pieuses qui ornent la grotte, et comptant avec l’index d’une main je ne sais quoi sur les doigts de son autre grande main ouverte. Comme un aveugle qui connaît en touchant, il passe la paume de sa main sur la partie de la fresque qui représente les apôtres en prière autour de la Vierge qui s’endort, et murmure des prières : dis, quand reviendras-tu ?
En remontant, dehors, je me retrouve dans la réverbération du soleil sur les tombes innombrables des pentes de la Vieille Ville, dans l’air bleu et froid, empuanti par une circulation dense et polluante. De nombreux cars aux standings divers déversent les musulmans par dizaines, qui viennent prier dans les mosquées de la Ville sainte, plus nombreux que d’habitude en ce jour de ramadan. Car nous sommes en ramadan. Impossible de dire « ils sont » en ramadan, car tout est fait pour vous y faire entrer, de gré ou de force.
Le muezzin de ramadan, de jour et de nuit, avec une voix nasillarde, vous inculque de longs versets comme une vrille cherche à percer un trou dans un mur.
Le muezzin qui parfois vous émeut – le muezzin de deuil qui accompagne de ses déplorations la souffrance de tout un peuple privé de ses droits.
Le muezzin, surtout, qui vous exaspère.
Le muezzin qui hurle, chat dans la gorge ou pas, voix juste ou pas, derrière son mégaphone, et dont les émissions sonores vous sont balancées par de puissants haut-parleurs braqués spécialement sur vous, malheureux chrétien qui avez bâti sur cette terre un couvent, une église (tous les lieux chrétiens, même les monastères isolés se voient ainsi dotés par l’islam de persécuteurs acoustiques, jusqu’au Saint-Sépulcre qui reçoit ses doses quotidiennes de Coran, expédiées des mégaphones fixés sur l’un des deux minarets qui le flanquent symétriquement, comme deux mauvais larrons glapissants).
Les muezzins, dont les phonations se relient en une chaîne inquiétante qui trouble votre sommeil, de quatre heures à quatre heures et demi du matin, – et qui enclosent la ville dans un cordon d’effets-Larsen délirant comme des djinns enivrés.
Appels à la prière, ces nuisances sonores ?
« Ils supportent bien tes cloches » me dit-on. Certes. Je crois pourtant que la comparaison n’est pas exacte : pas plus que le mugissement du shofar – début du shabbat, le vendredi après-midi –, le son abstrait des cloches et la brièveté de leurs sonneries ne sont comparables à cette voix qui cherche à faire effraction en votre âme. Il était beau, jadis, l’effort humain du croyant qui montait en son minaret, et de toute la force de son corps de chair, cherchait à entrer en relation avec vous, cherchait à vous persuader de l’écouter, vous qui habitiez un autre corps égal au sien ! Mais la beauté de ce dialogue idéal sous le regard de Dieu est désormais défigurée par la hideuse technique qui transforme la proposition en imposition, le chant en nuisance, l’offrande en violence…
La construction en cours d’une mosquée islamiste à Nazareth, dont on se scandalise aujourd’hui dans le monde chrétien, n’est qu’un cas parmi d’autres de la grossièreté des comportements communautaires de l’islamisme, ici, mais aussi de la lente régression nationaliste du judaïsme israélien.
Le machiavélisme politique du « diviser pour régner » semble offusquer toute intelligence profonde des faits religieux musulman et chrétien dans l’administration israélienne. Si rares sont les voix juives, en Terre sainte, qui osent encore s’élever, aujourd’hui, pour continuer la tradition humaniste universaliste héritée des prophètes anciens et illustrée avec éclat par Emmanuel Lévinas au siècle dernier. « Le peuple juif », écrivait-il jadis, « était avide de sa terre et de son État, non pas à cause de l’indépendance sans contenu qu’il en attendait, mais à cause de l’œuvre de sa vie qu’il pouvait enfin commencer. Jusqu’à présent il accomplissait des commandements; il s’est forgé plus tard un art et une littérature, mais toutes ces œuvres où il s’exprimait demeurent comme les essais d’une trop longue jeunesse. Enfin arrive l’heure du chef-d’œuvre. C’était tout de même horrible d’être le seul peuple qui se définisse par une doctrine de justice et le seul qui ne puisse l’appliquer » (Je trouve ces propos dans un article de l’édition française du Jerusalem Post, le 7 janvier 1997).
L’heure du chef d’œuvre ! La réalité sociale que vous découvrez dans l’Israël d’aujourd’hui, avec ses restrictions administratives larvées, plus ou moins programmées par tel parti juif intégriste, contre la présence chrétienne dans le pays, et l’apartheid de fait sinon de droit imposé aux Palestiniens, est un démenti formel de ces paroles. Le philosophe continuait ainsi : « la subordination de l’État à ses promesses sociales articule la signification religieuse de la résurrection d’Israël comme, aux temps anciens, la pratique de la justice justifiait la présence sur une terre. C’est par là que l’événement politique est déjà débordé ». Mort en 1995, Lévinas aura eu la consolation de ne pas connaître l’extraordinaire décrue de la justice dans ce pays où la terreur d’un État sans scrupule répond au terrorisme d’une population sans espoir…
L’air de Jérusalem est saturé de bruit. Êtes-vous à l’oraison, recueilli dans la chapelle du Saint-Sacrement ? De bon matin, le vieil air d’une ballade irlandaise (oui, irlandaise !), joué sur un timbre électronique, signale le début des cours dans la Schmidtschule voisine, une pension tenue par des religieuses allemandes, pour jeune filles arabes presque plus voilées qu’elles… Avec cette mélodie enfantine, des images de petits jouets musicaux pendus au ciel d’un berceau, des impressions très douces de toute petite enfance vous reviennent… Et puis soudain la vibration sourde d’une explosion vous traverse, suivie après quelques instants de silence d’un concert affolé de sirènes… C’est seulement quelques heures plus tard, en écoutant la radio, ou au cours d’une conversation, à table, que vous avez confirmation de votre sombre pressentiment.
Un attentat.
Urgence de prier pour tant d’innocents massacrés.
Alors tout bruit finit par vous donner un coup au cœur. Les coups de canon, les explosions de pétards ou de feu d’artifices en plein jour, qui font trembler vos vitres et qui indiquent la fin du jeûne un peu forcené des musulmans et le moment de se livrer à la nourriture et à la boisson. Mais aussi la porte d’un frère qui claque, au fond du couloir de la clôture, un livre qui s’effondre sur une de vos étagères ! Un de vos volets que le vent, parfois très fort à huit cent mètres d’altitude, fait claquer…
Le timbre violent des klaxons de la Police israélienne en véhicules blindés, les cris rauques et hautains des jeunes soldats chargés du maintien de l’ordre.
Les grondements des hélicoptères qui rassurent ou intimident, selon qu’elles portent résille ou tchador, kippah ou keffieh, les populations qui vivent ici.
Les marteaux piqueurs que la folie des grandeurs techniques, décidément planétaire, utilise ici, pour défoncer un sol jamais ouvert depuis des millénaires. Bruit en rafales du métal qui attaque le roc, que je confondais, les premiers jours, avec celui des armes automatiques, au loin, du côté de Gilo et de Bethléem…
Et les sirènes d’alarmes des automobiles, exaspérantes, qui se déclenchent à chaque fois qu’un des bruits sus-dits fait par trop vibrer la voiture…
Sinistres bruissements de la mort, qui s’ébroue ici chez elle depuis deux mille ans qu’elle s’imagine s’être débarrassé de l’Innocent.
Bruits de la vie aussi.
Baignés dans des mélopées arabes occidentalisées, entêtantes comme un musc de mauvaise qualité, des enfants, de jeunes adolescents, des vieillards édentés, porte de Damas, crient pour vendre les menues marchandises venues d’Extrême Orient par pleins containers, ainsi que toute une quincaillerie de première ou de deuxième main… Parmi ces vendeurs improvisés, des universitaires, des ingénieurs palestiniens bien sûr – dans une société où soixante personnes actives sur cent n’ont pas ou plus de travail, il faut survivre ! Certains, pour couvrir les autres, ont maintenant un mégaphone et leurs boniments rejoignent les fréquences sonores des imprécations policières. Plusieurs de ces marchands improvisés ont construit des placards métalliques contre les murs; « indics » à la petite semaine, ils sont finalement tolérés par la police et l’armée de l’État israélien…
Piaillerie grouillante du souk, demandes plaintives de ces dignes femmes palestiniennes dans leurs robes traditionnelles rebrodées au petit-point, voile léger sur la tête, tapies à même le sol derrière des tas de plantes aromatiques, décibels flasques et rythmés des petits marchands de musique, cris devant ou derrière des porteurs de marchandise, sur la tête ou dans leurs petits chariots de bois.
Bruits de la vie : un petit garçon hurlant sous la tondeuse du coiffeur à côté du Saint-Sépulcre, devant un écran de télévision où passe un sitcom arabe dans lequel la femme occidentale de l’Arabe richissime glapit, battue ou trompée par son mari…
Enfin, vous y êtes, vous entrez au Saint-Sépulcre.
En vous prosternant pour baiser la pierre de l’Onction, dans l’entrée, votre médaille ou votre croix tinte contre le marbre usé et, comme une conséquence de ce tintement, comme si ce bruit infime déclenchait dans ce sombre espace une réaction en chaîne, s’élève du fond de l’édifice une mélodie familière et pourtant intrigante : les Franciscains et quelques pèlerins intrépides ont commencé la procession quotidienne en l’honneur de la Passion de Jésus. Ils avancent de station en station, dans l’espace vaste et encombré de l’édifice. Le temps d’entrer dans l’édicule de la Tombe et d’y embrasser la couche où fut posée le précieux Corps, dans le froissement de sac plastique d’une dame qui sort des chapelets pour les poser sur le lieu béni, et déjà une deuxième rumeur commence, à un autre endroit dans l’édifice. Ce sont les petits-séminaristes Arméniens qui commencent leur procession.
Rapidement, une émulation lancinante s’empare des deux cortèges, et le volume sonore s’amplifie. Le grégorien méditerranéen des franciscains prend une allure de marche militaire, les mélopées arméniennes s’enflent comme les vagues de la mer, et le brouhaha emplit l’édifice; finalement, le bruit d’une porte qui claque et la vibration d’une soufflerie puissante en décident : l’orgue des franciscains lance ses premières notes, tandis que la procession des Frères mineurs approche de la chapelle où il trône, les Arméniens sont « enfoncés », provisoirement, le temps que se termine la première procession et que la leur retrouve ses droits musicaux… À d’autres heures du jour et de la nuit, semblables étranges joutes vocales se déroulent, où les Grecs Orthodoxes jouent une partition encore plus fournie… Émulation sonore, plutôt que musicale, des diverses confessions chrétiennes au Saint Sépulcre.
Un seul refuge, souvent : les deux « chapelles » superposées des Éthiopiens, dont le monastère de bric et de broc est blotti sur le toit du Saint-Sépulcre. Dans ces pauvres pièces, où l’accumulation de vilains objets pieux souvent d’origine occidentale vous donne étonnamment envie de prier, ces moines sans revendication hululent des polyphonies pleines de l’énergie tellurique de l’Afrique et de la certitude d’une espérance qui ne vient pas de ce monde. Alle…lu…ia… : Dieu… est… avec nous… Les syllabes entrecoupées de glossolalies vous convainquent de Sa Présence aussi évidente que discrète, dans les cœurs qui simplement le cherchent.
Jérusalem, Ville de la paix, lieu biblique. Jérusalem ville archaïque doucement patinée comme une vieille page de missel, comme une antienne grégorienne paisiblement chantée dans une abbatiale séculaire. Jérusalem ville mystique pour le cœur chrétien, lieu de la Pâque de Jésus, des mystères de notre salut ! Cité alanguie dans le soleil d’Orient et la poussière antique… Non. La première impression qui frappe, à Jérusalem est la masse sonore que la ville secrète. Vous pensiez qu’on se disputait la terre, seulement, à Jérusalem. Mais à Jérusalem, on se dispute même l’espace acoustique. On comprend alors l’attrait des Hashkénazes pour la musique classique, plus vivante dans ce pays violent que partout ailleurs : un peu d’harmonie, de grâce ! On comprend que les monastères bénédictins ou cisterciens de Latroun, d’Abu Gosh, ou du Mont des Oliviers intriguent et attirent tant d’israéliens, y compris les soirs de Noël ou de Pâques !
Pourquoi tant de bruit ?
L’idée me vient qu’ici comme ailleurs, ici plus qu’ailleurs, il y a un silence que l’homme veut s’empêcher d’entendre par tous les moyens. Un silence accusateur pour toute injustice.
Le silence de l’Agneau qui expire en un bruit de très fin silence et fait enfin naître, en qui Le regarde, la conscience !
Sa voix résonne encore, ici, que l’on veut à tout prix faire taire. Pourtant, depuis ses derniers mots, tout est accompli. À Jérusalem, l’histoire des hommes ressemble à un bégaiement séculaire.
L’humanité, bouche bée, attend le retour glorieux de son Dieu.

Jérusalem, Avent 2001

* Dominicain, ancien élève de l’E.N.S. (Saint-Cloud), agrégé de Lettres modernes. Étudie l’exégèse.

LE JEUDI SAINT: QUAND A EU LIEU LA DERNIÈRE CÈNE DE JÉSUS ?

30 mars, 2015

http://www.christusrex.org/www1/ofm/easter/Jeudisaint.html

RESURREXIT SICUT DIXIT. ALLELUIA!

LE JEUDI SAINT: QUAND A EU LIEU LA DERNIÈRE CÈNE DE JÉSUS ?

Don Ariel Alvarez Valdés
(Traduit de l’espagnol par C. Bertrand)
La position de S. Jean

Le Jeudi saint, tous les catholiques du monde célèbrent le souvenir de la dernière Cène, au cours de laquelle Jésus institua l’eucharistie, lava les pieds à ses apôtres et nous laissa son commandement de l’amour. Le jour suivant, le vendredi, à 3 h de l’après-midi, il mourait cloué en croix.
Mais quand eut lieu réellement cette Cène? Pour bien poser le problème, il convient de tenir compte d’une façon de concevoir les jours qui est propre aux juifs. Alors que pour nous le jour commence à zéro h, c’est-à-dire à minuit, il commence, pour les juifs, la veille au soir, vers 17 h. Le lundi commence le dimanche soir, le mardi le lundi soir et ainsi de suite.
L’Évangile de S. Jean nous apprend que la fête de la Pâque, durant laquelle Jésus mourut, tomba cette année-là le jour du sabbat (19,31). Cela étant, les juifs devaient consommer l’agneau pascal dans la nuit du vendredi. Mais, comme Jésus savait que le vendredi, à 3 h de l’après-midi, il serait mort et ne pourrait donc pas manger la Pâque avec ses disciples à la date officiellement prévue, il le fit un jour plus tôt, dans la nuit du jeudi. C’est pourquoi S. Jean nous dit que Jésus célébra la dernière Cène « avant la fête de la Pâque » (13,1), c’est-à-dire dans la soirée du jeudi, date qui a été retenue traditionnellement dans notre liturgie.

Le point de vue différent des trois autres
Les trois autres évangélistes, tout en étant d’accord avec Jean pour dire que Jésus mourut un vendredi, à 3 h de l’après-midi (Mt 27,62; Mc 15,42; Lc 23,54), affirment cependant qu’au moment où il célébra la Cène, la fête de la Pâque était déjà en cours.
Ainsi, Matthieu et Marc soutiennent que Jésus et ses disciples se réunirent pour manger la Pâque, « le premier jour des azymes, où l’on immolait l’agneau pascal » (Mt 26,17; Mc 14,12). Et Luc, plus explicite encore, assure que le Seigneur se mit à table, lors de « la fête des azymes, appelée la Pâque » (22,1.7.14.). Le jour des « azymes » était le premier des 7 jours durant lesquels se prolongeait la fête de la Pâque.
Il est donc clair que, pour les trois évangiles synoptiques, Jésus célébra la Cène avec ses apôtres, le jour même de la Pâque. Puis, il fut arrêté et mourut crucifié, le jour suivant, alors que se déroulait la très solennelle fête de la Pâque.

La solution « Qumran »
C’est un problème déjà classique que celui de concilier les points de vue divergents des Évangiles et de vérifier si Jésus célébra sa dernière Cène la nuit même de la Pâque (vendredi), comme l’assurent les Synoptiques, ou le jour précédent (jeudi), comme l’écrit S. Jean. Diverses solutions ont été proposées au long des siècles, mais aucune n’a réussi à convaincre.
Il a fallu attendre la découverte, en 1947, des manuscrits de Qumran. Avec ces manuscrits, il semble bien qu’une nouvelle possibilité ait été offerte de résoudre le problème de manière satisfaisante.
En quoi consistent les manuscrits de Qumran? Ils font partie d’une ancienne bibliothèque du premier siècle avant J.-C., appartenant à une secte juive dite des Esséniens. Parmi les nombreux livres que contenait cette bibliothèque, on en découvrit deux (le Livre des Jubilés et le Livre d’Hénoch) qui révélèrent qu’au temps de Jésus, on se référait non pas à un seul, mais à deux calendriers distincts. L’un, désigné sous le nom de calendrier « solaire », était basé sur le cours du soleil. Il comptait 364 jours et les mois y étaient répartis de façon que les fêtes importantes tombent un mercredi. C’est ainsi que le jour du nouvel an était toujours un mercredi; de même, la fête des Tabernacles et celle de la Pâque.
Pourquoi, dans ce calendrier, l’année commençait-elle toujours un mercredi? Parce que, selon la Genèse, lorsque Dieu créa le monde, ce fut en ce quatrième jour (mercredi) qu’il fit le soleil, la lune et les étoiles, et c’est à partir d’alors que commença le cours du temps.

Le changement de calendrier
Ce calendrier fut en usage chez les juifs, durant de nombreux siècles. En effet, dans les livres de l’Ancien Testament, nous pouvons constater que les dates, les chronologies, la fête de la Pâque (toujours fixée au mercredi) et les autres festivités sont réglées par le calendrier solaire.
Mais, selon la nouvelle hypothèse, deux cents ans avant J.-C., les prêtres du Temple de Jérusalem auraient décidé de changer ce calendrier et d’en adopter un autre, basé à la fois sur le cours du soleil et sur celui de la lune, et appelé de ce fait « lunisolaire ». Ce calendrier était plus exact, vu qu’il comptait 365 jours. Il s’y trouvait cependant une variante: la fête de la Pâque y pouvait figurer n’importe quel jour de la semaine.
Petit à petit, le nouveau calendrier se répandit parmi le peuple. Mais à cette époque il fallait beaucoup de temps aux changements pour s’imposer. C’est ce qui explique le fait que, deux cents ans plus tard, au temps de Jésus, bon nombre de gens continueront de suivre l’ancien calendrier et de célébrer les fêtes aux jours fixés par lui. Même parmi les juifs, certains, tels les Esséniens de Qumran, refusèrent immédiatement d’adopter le nouveau calendrier, estimant qu’il constituait une altération inadmissible de la loi de Moïse. Ils restèrent fidèles à l’observance du calendrier primitif, comme on peut le constater en lisant leur « Manuel de Discipline », trouvé également à Qumran et où il est écrit: « Que l’on ne s’écarte point d’un pas en dehors de ce que dit la Parole de Dieu, concernant ses temps. Que les dates fixées par elle ne soient pas avancées et qu’aucune de ses fêtes ne soit retardée ».

Tous les deux avaient raison
Ainsi donc, du temps de Jésus, deux calendriers étaient en vigueur. L’un, le plus ancien, suivi par les classes populaires, et où le repas de la Pâque était toujours fixé au mercredi (c’est-à-dire à la soirée du mardi). L’autre, adopté par le sacerdoce officiel et par les classes les plus élevées, et où la fête de la Pâque pouvait tomber n’importe quel jour de la semaine. L’année où mourut Jésus, cette fête tomba précisément un samedi.
Cela étant, si nous supposons que Jésus, se référant au calendrier le plus ancien, célébra la dernière Cène avec ses apôtres le mardi soir, c’est-à-dire le jour où les gens du peuple prenaient, eux aussi, le repas pascal, la contradiction qu’on relève dans les Évangiles disparaît automatiquement.
En effet, si Jésus l’a célébrée le mardi, les évangiles synoptiques peuvent affirmer que cet événement a eu lieu « le jour même de Pâque », car ils se réfèrent au calendrier ancien. Quant à S. Jean, qui suit le calendrier officiel, il nous dit que Jésus célébra la Cène « avant la fête de la Pâque ». Les Synoptiques ont raison. S. Jean, également.

Trop peu de temps pour tant d’événements
La nouvelle hypothèse, suivant laquelle Jésus mourut un vendredi, comme l’affirment les quatre Évangiles, mais célébra la Cène le mardi précédent, non seulement élimine les contradictions qu’on relève chez ceux-ci, mais permet de résoudre d’autres difficultés, admises par tous les exégètes.
Une de celles-ci réside dans le nombre d’épisodes vécus par Jésus en si peu de temps. De fait, si la dernière Cène a eu lieu le jeudi et le crucifiement le vendredi après-midi, nous ne disposons que de 18 heures à peine pour y répartir tous les événements de la Passion.
Nous savons en effet qu’après son arrestation au jardin de Gethsémani, Jésus fut conduit chez Anne, l’ex-grand prêtre, dans la demeure duquel se déroula le premier interrogatoire (Jn 18,12). Puis on l’emmena, ligoté, chez Caïphe, le grand prêtre en charge (Jn 18,14). Là il fallut attendre que se réunisse le Sanhédrin, tribunal suprême de justice des juifs, dont faisaient partie tous les grands prêtres, les anciens et les scribes (Mc 14,53). Au cours de cette réunion nocturne, on tenta de trouver de faux témoins qui accuseraient Jésus; ce qui s’avéra laborieux, car les témoignages de ceux qui déposaient contre lui ne concordaient pas (Mc 14,55-59). Ensuite, on lui fit subir toutes sortes de vexations: coups, crachats, railleries (Mc 14,65). Au lever du jour, les 71 membres du Sanhédrin se réunirent pour la seconde fois (Mc 15,1). C’est alors qu’ils auraient décidé de condamner Jésus à mort.

Le long procès romain
Mais les choses ne se terminèrent pas là. après le procès religieux, on traîna Jésus devant Pilate, le gouverneur civil (Lc 23,1); l’entrevue dut être assez longue. Il y eut d’abord, entre le Préfet romain et les Juifs, une rencontre au cours de laquelle ces derniers présentèrent leurs accusations. Vint ensuite un interrogatoire de Jésus, à huis-clos, puis la déclaration d’innocence par Pilate et, à nouveau, des accusations insistantes de la part des juifs.
Afin de se débarrasser de l’accusé, qu’il estimait innocent, Pilate décida de l’envoyer à Hérode Antipas, gouverneur de Galilée, vu que Jésus, en tant que galiléen, relevait de sa juridiction (Lc 23,7). Cette entrevue dut, elle aussi, se prolonger un certain temps: l’Évangile dit, en effet, qu’Hérode posa beaucoup de questions à Jésus (Lc 23,9), avant de le renvoyer finalement à Pilate (Lc 23,11).
Le gouverneur romain se vit alors contraint de convoquer une nouvelle fois les grands prêtres, les magistrats et tout le peuple. Suite à un second entretien avec Jésus, il décida de soumettre à l’avis du peuple la libération éventuelle de celui-ci ou de Barabbas. Entre-temps, sa femme lui envoya un message, l’invitant à ne rien faire contre Jésus, car, durant la nuit, elle avait eu des cauchemars à propos de ce jugement. Mais, face à l’insistance de la foule, il se résolut à libérer Barabbas (Mt 27,11-25). Alors, se succédèrent la flagellation, le couronnement d’épines, les dernières tentatives de Pilate pour libérer Jésus et finalement la sentence et le lent cheminement jusqu’au Calvaire (Mt 27,27-31).

Et tout cela se serait déroulé entre la nuit du jeudi et l’après-midi du vendredi.

La nouvelle répartition
On s’en rend compte, il est absolument impossible de répartir sur si peu de temps tous les faits que nous venons de mentionner. Par contre, si l’on adopte la nouvelle date proposée pour la dernière Cène, tout s’arrange beaucoup mieux, de la manière suivante:
Mardi: dans la soirée, Jésus célèbre la Pâque. Ensuite, il va prier au mont des Oliviers, où il est arrêté. De là, il est conduit chez le grand prêtre.
Mercredi: dans la matinée, a lieu la première session du Sanhédrin, qui procède à l’audition des témoins. La nuit, Jésus la passe dans la prison des juifs.
Jeudi: seconde délibération matinale du Sanhédrin et condamnation à mort de Jésus, que l’on emmène aussitôt chez Pilate. Celui-ci l’interroge puis l’envoie à Hérode. Jésus passe la nuit dans la prison des Romains.
Vendredi: au cours de la matinée, Pilate reçoit Jésus pour la deuxième fois. Après quoi, il le fait flageller et couronner d’épines, puis il prononce la sentence et le livre aux juifs pour être crucifié. A 3 h de l’après-midi, Jésus meurt en croix.
Un jugement conforme à la Loi
La nouvelle hypothèse qui situe la dernière Cène le mardi, présente encore un autre avantage. En nous référant à la Mishna (livre sacré des juifs qui contient la législation complémentaire de l’Ancien Testament), nous pouvons constater que toute une série de lois auraient été violées, si nous nous en tenons à la date traditionnelle.
En effet, la législation juive exigeait que tout jugement se fasse de jour. Si Jésus avait célébré la Pâque le jeudi, il faudrait supposer que le Sanhédrin a siégé durant la nuit. C’eût été illégal. D’ailleurs, il est peu probable que les membres du Sanhédrin et les témoins se soient déjà trouvés réunis, pour siéger à cette heure de la nuit, sans avoir la certitude que Jésus serait appréhendé. Par contre, si la Cène a eu lieu le mardi, on peut présumer que les sessions se déroulèrent dans la matinée du mercredi et du jeudi.
La Mishna défend en outre de condamner à mort un coupable, la veille du Sabbat ou d’une fête. Selon le comput traditionnel, Jésus aurait été condamné à mort par le Sanhédrin, le vendredi matin, veille du sabbat et de la fête de la Pâque. Mais, suivant la nouvelle théorie, cette condamnation aurait eu lieu le jeudi matin, donc un jour et demi avant la Pâque et le sabbat.
La Loi juive défendait enfin de condamner quelqu’un à mort, dans les 24 heures consécutives à son arrestation, afin d’éviter que l’échauffement des esprits n’influence cette décision. Selon la chronologie brève, Jésus fut condamné à mort, quelques heures à peine après son arrestation. Mais selon la chronologie longue, il aurait été arrêté le mardi soir et condamné le vendredi matin, dans le délai prévu par la loi.
Si les juifs condamnèrent Jésus, sous prétexte qu’il avait violé la Loi, il ne paraît guère probable qu’au cours du jugement, ils aient eux-mêmes transgressé d’une manière si grossière cette Loi qu’ils prétendaient défendre.

Le silence des jours
D’autres détails, de moindre importance, deviennent eux aussi plus compréhensibles, si nous situons la dernière Cène, le mardi et la mort de Jésus, le vendredi.
Ainsi, par exemple, les Évangiles font le récit des événements qui ont marqué les derniers jours de Jésus, jusqu’en la soirée du mardi; mais ils ne disent rien de ce qui s’est passé le mercredi et le jeudi. Ce mystérieux silence a donné à penser que Jésus aurait vécu ces jours avec ses apôtres, dans l’intimité. En fait, nous savons maintenant qu’il les vécut en prison, comme une étape de sa longue Passion.

La tradition le confirme
La tradition, enfin, nous apporte une bonne confirmation de cette nouvelle hypothèse concernant la dernière Cène.
En effet, dans l’Église primitive, les chrétiens, on le sait, jeûnaient les mercredis et les vendredis. Cette coutume avait probablement son origine dans une tradition qui considérait le mercredi comme le jour de l’arrestation de Jésus et le vendredi comme le jour de sa mort.
De même, dans un ancien écrit du IIe siècle, appelé Didachè (catéchèse) des Apôtres, nos lisons: « Après avoir mangé la Pâque, le mardi dans la soirée, nous (les apôtres) nous sommes rendus au mont des Oliviers, et c’est au cours de la nuit qu’ils s’emparèrent du Seigneur. Le jour suivant, donc le mercredi, il demeura sous bonne garde dans la maison du grand prêtre… »
L’évêque Victorin de Pettau, mort vers 304, nous a laissé un texte où il dit: « Le Christ fut arrêté le quatrième jour (mardi soir, mercredi pour les juifs). Nous jeûnons le mercredi, en souvenir de sa captivité. Nous jeûnons le vendredi, en souvenir de sa Passion ».
Un autre évêque, Épiphanie de Salamine (Chypre), qui mourut en 403, écrit également: « Le Seigneur fut arrêté alors que commençait le mercredi (mardi soir), et il fut crucifié le vendredi ».
L’hypothèse selon laquelle la dernière Cène eut lieu le mardi soir, repose donc sur une tradition très ancienne, qui remonte au moins au IIIe siècle.

Fidèle jusqu’à la fin
L’Église, se référant à l’Évangile de Jean, a toujours commémoré la dernière Cène le Jeudi saint. Faudra-t-il, tenant compte de la nouvelle hypothèse (mardi), modifier la liturgie de la Semaine sainte? Non, bien sûr! La liturgie, dans l’Église, a une finalité pédagogique et non pas historique. De même que nous célébrons la naissance de Jésus, le 25 décembre, tout en sachant que cette date n’est pas historiquement certaine, nous pouvons continuer à célébrer la Dernière Cène le Jeudi saint, l’essentiel étant ici de tirer un profit spirituel de cette célébration.
La Passion du Christ fut beaucoup plus longue que nous ne le pensons généralement. Elle dura, non pas quelques heures, mais plusieurs jours. Ce qui prouve que sa mort ne fut pas le dénouement brutal de l’effervescence d’une foule excitée et irréfléchie qui, en quelques heures, décida d’en finir avec lui, mais fut la mise à exécution d’un projet prémédité, auquel les autorités juives et romaines, et le peuple tout entier donnèrent leur consentement.
La Passion du Christ apparaît ainsi entourée de circonstances bien plus dramatiques et plus terrifiantes que celles sur lesquelles nous avions coutume de méditer. Elle révèle aussi, avec une plus grande clarté, l’inexorable volonté du Seigneur d’aller jusqu’au bout, malgré les durs tourments qu’on lui infligea durant quatre jours, en vue de briser sa résistance. Jésus ne fut pas fidèle pendant quelques heures seulement, mais pendant tout le temps que dura sa Passion. Nous aussi, qui sommes ses disciples, nous ne pouvons pas nous contenter d’être fidèles, un moment. Nous devons l’être jusqu’au bout.

MONT CARMEL: SANCTUAIRE STELLA MARIS

15 juillet, 2014

http://www.fr.josemariaescriva.info/article/article-mont-carmel-sanctuaire-stella-maris

MONT CARMEL: SANCTUAIRE STELLA MARIS

TRACES DE NOTRE FOI

Jésus parcourut de nombreuses villes et villages de Palestine durant les trois années de sa vie publique pour annoncer le Royaume de Dieu.

Son ministère itinérant eut surtout lieu autour de la mer de Génésareth, à Jérusalem et lorsqu’il séjourna entres ces deux endroits, du nord au sud et du sud au nord, sur la route longée par le Jourdain ou à travers la Samarie.
« L’histoire du Carmel est intimement liée au prophète Élie qui vécut au IXème siècle avant le Christ. »
Les évangélistes nous disent aussi qu’à un moment donné, il se retira aux confins de la Galilée, dans la région de Tyr et de Sidon, l’ancienne Phénicie, devenue le Liban de nos jours (Cf. Mt 15, 21 y Mc 7, 24); nous n’avons cependant aucun indice d’un voyage sur la côte méditerranéenne où les habitants étaient des gentils pour la plupart. C’est là que se trouve le Mont Carmel, spécialement rattaché au souvenir d’Élie et d’Élisée, deux grands prophètes de l’Ancien Testament et c’est là que plus tard, à l’époque chrétienne, est né l’Ordre des Carmes.
L’histoire du Carmel est intimement liée au prophète Élie qui vécut au IXème siècle avant le Christ. Le Carmel est une chaîne de montagnes de formation calcaire, qui se détache des montagnes de Samarie pour s’avancer vers la Méditerranée et surplomber, comme une proue, la ville de Haïfa. Il a vingt cinq kilomètres de long et dix ou quinze de large, il culmine à 525 m. Son nom vient de kerem qui veut dire jardin/verger divin, vignoble de Dieu.

Et c’est bien vrai : cette chaîne est pleine de sources d’eau jaillissantes dotant ses collines et ses gorges d’une flore riche et variée, typiquement méditerranéenne : des lauriers, des myrtes, des chênes, des tamariniers, des cèdres, des pins, des caroubiers, des lentisques.
Cette fertilité proverbiale dont parlent plusieurs livres de l’Ancien Testament est le symbole de la prospérité d’Israël, mais aussi de son malheur en cas de désolation : « Yahweh rugira de Sion; de Jérusalem il fera entendre sa voix ; les pâturages des bergers seront en deuil, et le sommet du Carmel sera desséché » (Am 1, 2. Cf. Is 33, 9 et 35, 2; Jr 50, 19; et Na 1, 4). Il y a aussi plus de mille cavernes, à l’ouest surtout, dont l’accès est très réduit mais qui sont très spacieuses à l’intérieur.
D’après des traditions que rapportent les Saints Pères et les auteurs anciens, plusieurs de ces endroits étaient marqués par l’empreinte de sa présence dont une caverne sur le flanc nord, sur le cap de Haïfa où Élie puis Élisée s’étaient installés. Près de là, se trouve la caverne où ils convoquaient leurs disciples et que les chrétiens ont appelé l’École des Prophètes, El Hader, en langue arabe. Dans cette zone-là, vers l’ouest, il y a une source dite source d’Élie qu’il aurait lui-même fait jaillir du rocher. Au sud-est du massif on trouve le sommet d’El Muhraqa et le torrent du Qison, où il affronta les quatre cents prophètes de Baal : grâce à sa prière, Dieu fit descendre du feu du ciel et le peuple se détourna de l’idolâtrie comme le rapporte le premier livre des Rois (Cf. 1 R 18, 19-40).
Sur ces lieux vénérés depuis le début du christianisme, où l’on avait bâti des églises et des monastères en souvenir d’Élie, est né l’Ordre des Carmes. Vers la moitié du XII siècle, un croisé français, saint Berthold de Malifaye, rassembla quelques ermites dispersés sur El Hader, dans la zone du Mont Carmel près de Haïfa.
Ils construisirent un sanctuaire. Vers l’an 1200, ils en bâtirent un second sur le versant occidental, à Wadi es-Siah. Saint Brocard, successeur de Berthold, au tout début du XIIIème s demanda au patriarche de Jérusalem son approbation officielle et une règle pour organiser sa vie religieuse dans la solitude, l’ascèse et la prière contemplative : c’est la Règle du Carmel, appelée aussi Règle de notre Sauveur, qui est toujours en vigueur actuellement.
Des circonstances diverses firent que le pape ne l’approuve qu’en 1226, date à partir de laquelle, à cause de l’incertitude qui planait sur les chrétiens en orient, quelques carmélites rentrèrent chez eux, en Europe, où ils constituèrent de nouveaux monastères. Cet exode fut providentiel pour la survie et l’expansion de l’Ordre puisqu’en 1291 les armées d’Égypte conquirent Acre et Haïfa, brûlèrent les sanctuaires du mont Carmel et assassinèrent leurs moines.
L’histoire de l’Ordre du Carmel serait longue à raconter ici. Concernant la Terre Sainte, il suffit de dire qu’après une parenthèse au XVII siècle, cet ordre ne put s’établir de nouveau au mont Carmel qu’au début du XIX. Entre 1827 et 1836, le monastère actuel de Stella Maris fut construit à la pointe nord, sur une grotte qui rappelle la présence d’Élie. De même que le petit nuage que perçut le serviteur d’Élie apporta la pluie qui féconda la terre d’Israël, après l’épisode des faux prophètes (Cf. 1 Re 18, 44), de même le Christ naquit de la Vierge Marie par laquelle la grâce de Dieu se déverse sur toute la terre. Les bâtiments sont construits sur trois hauteurs et dans un complexe architectural rectangulaire de soixante mètres de long par trente six mètres de large.
Au nord, la vue de la baie d’Haïfa est magnifique et, par temps dégagé, on arrive à voir Acre en suivant la ligne du littoral. On pénètre dans l’église par la façade ouest : l’espace central est octogonal, recouvert d’un dôme avec des fresques d’Élie et d’autres prophètes, de la Sainte Famille, des Évangélistes et de quelques saints carmélites. Ces peintures furent réalisées en 1928.
Le revêtement de marbre de ce temple, de cette époque-là, fut terminé en 1931. Le regard est attiré vers le chœur : sur l’autel, dans une grande niche, il y a une statue de la Vierge du Carmel placée au-dessus de la grotte où, d’après la tradition, vécut Élie. Il s’agit d’une enceinte d’à peu près trois mètres sur cinq, séparée de la nef par deux colonnes en porphyre et des marches. Au fond, il y a un autel et une représentation du prophète.
Avec le sanctuaire Stella Maris, l’Ordre du Carmel a un autre temple à la pointe sud du mont Carmel, à l’El-Muhraga, dit aussi temple du Sacrifice d’ Élie : il évoque l’épisode des prophètes de Baal dont nous avons déjà parlé. L’ordre avait aussi un monastère fondé à Wadi es-Siah —actuellement Nahal Siakh— qui est en ruines.
Au fil des siècles, l’ordre du Carmel a offert à la chrétienté d’innombrables trésors spirituels. On pense en effet aux vies exemplaires et aux enseignements de sainte Thérèse d’Avila, de saint Jean de la Croix ou de sainte Thérèse de Lisieux, trois docteurs de l’Église. Parmi ces richesses se trouve le scapulaire dont saint Josémaria diffusa la coutume qu’il pratiqua lui-même : « Porte sur ta poitrine le scapulaire du Carmel. Peu de dévotions, —et il y a de nombreuses et très bonnes dévotions mariales—, sont si enracinées parmi les fidèles et ont reçu autant de bénédictions des Pontifes. Et puis ce privilège sabbatin est si maternel !» (Chemin, n. 500).
Lorsque l’on porte avec dévotion ce scapulaire on peut être assuré des secours pour persévérer dans le bien jusqu’au moment de la mort et de la grâce d’être délivrés des peines du purgatoire. L’ordre du Carmel faisait ses premiers pas en Europe et en 1251, dans des circonstances particulièrement pénibles de contradiction, cette dévotion lui apporta la consolation. C’est dans une ancienne rédaction du catalogue des saints carmélites que l’on trouve le récit de cette histoire. Un certain Simon, que l’on identifia par la suite à saint Simon Stock, prieur général anglais, avait instamment recours à Notre Dame :

Flos Carmeli /; vitis florigera / vid florida; splendor coeli /; Virgo puerpera /; singularis /; Mater mitis /; sed viri nescia /; Carmelitis /; da privilegia /; Stella Maris /.
« Ô Fleur du Carmel, Vigne fleurie, Splendeur du Ciel, Vierge féconde, Unique, Ô Douce Mère, mais qui ne connut pas d’homme, aux Carmes accorde tes faveurs, Étoile de la mer ».

À l’extrême nord du Mont Carmel, se dresse l’actuel monastère et le sanctuaire Stella Maris.
Sa prière fut exaucée et la Sainte Vierge lui apparut tenant à la main un Scapulaire. Elle le lui remit et lui dit : `Voici un signe pour toi et un privilège pour tous les Carmes : celui qui mourra dans cet habit sera préservé des flammes éternelles ». Le scapulaire faisait partie de l’habit de l’époque. À l’origine c’était un vêtement de travail que portaient les serfs et les artisans, destiné à protéger les vêtements ordinaires, normalement serré à la taille par une ceinture. Il se composait de deux pans d’étoffe, devant et derrière, tombant jusqu’aux pieds

Privilège sabbatin
« Le scapulaire devient le signe de l’alliance et de la communion réciproque entre Marie et les fidèles »
La seconde prérogative, dite privilège sabbatin, découle d’une tradition médiévale. Le saint-siège promulgua un décret en 1613 affirmant que le peuple chrétien est en droit de croire que la Sainte Vierge vient au secours des âmes des frères et des confrères de l’Ordre du Carmel décédés en grâce de Dieu qui ont porté le scapulaire, observé la chasteté selon leur état, dit le Petit Office, et, s’ils ne savent pas lire, ont observé les jeûnes et abstinences prescrits par l’Église. Notre Dame les protègera spécialement le samedi, jour consacré par l’Église à la Mère de Dieu.
Ce privilège sabbatin découle d’une vérité de la doctrine chrétienne : la sollicitude maternelle de Sainte Marie envers ses enfants qui expient leurs fautes au purgatoire pour qu’ils atteignent la gloire du Ciel le plus vite possible grâce à son intercession.
L’ordre des Carmes se développa surtout aux XVIème et XVIIème siècles ainsi que ses confrèreries. Elles attiraient beaucoup de fidèles qui tout en ne faisant pas partie des religieux, partageaient la dévotion à Notre Dame diffusée par la spiritualité des carmélites. Ils revêtaient ainsi le scapulaire dont la forme se simplifia petit à petit pour devenir deux morceaux de laine brune de forme rectangulaire ou carrée, non tricotés mais tissés, reliés entre eux par deux fils de manière à pouvoir être portés, un morceau sur la poitrine et l’autre sur le dos.
Le saint-siège, qui a tenu à plusieurs reprises à cultiver cette coutume, lui a rattaché la faculté de gagner des indulgences et a fixé quelques question pratiques : la cérémonie d’imposition est faite d’une fois pour toutes, tout prêtre peut la réaliser. On bénit un nouveau scapulaire qui remplace l’ancien trop usé. On peut remplacer le scapulaire en tissu par une médaille frappée aux images du Sacré-Cœur de Jésus et de la Sainte Vierge.
Lorsque le bienheureux Jean-Paul II, qui le portait depuis sa jeunesse, célébra le 750ème anniversaire de la remise du scapulaire lors de l’apparition de Marie à saint Simon, il évoqua ainsi sa valeur religieuse : « Il y a deux vérités évoquées par le signe du scapulaire : d’un côté la protection continuelle de la Très Sainte Vierge, non seulement sur le chemin de la vie, mais aussi dans le passage à la plénitude de la gloire éternelle et de l’autre, la conscience que la dévotion envers elle ne saurait se limiter à des prières et des hommages en son honneur en des circonstances particulières parce qu’elle doit être une « habitude », c’est-à-dire un style de vie chrétienne, tissée de prière et de vie intérieure, moyennant la pratique fréquente des sacrements et la pratique concrète des œuvres de miséricorde spirituelles et corporelles. Ainsi le scapulaire devient le « signe de l’alliance » et de la « communion réciproque » entre Marie et les fidèles, en somme, une façon concrète de traduire les paroles de Jésus en Croix à Jean, en lui confiant sa Mère, et « notre Mère spirituelle » (Bienheureux Jean-Paul II, message à l’Ordre du Carmel lors de la consécration de l’année 2001 à Marie, 25 mars 2001).
C’est le contenu de la prière que dit le célébrant dans la bénédiction du scapulaire :
« Père saint, qui aimes à nous faire grandir dans ta charité par ton Esprit qui a fécondé le sein de la Vierge Marie, tu as voulu revêtir ton Fils unique, Jésus-Christ, d’un corps semblable au nôtre ; accorde à ton fils (à ta fille) qui va endosser avec dévotion le scapulaire de la famille de la bienheureuse Vierge Marie du Mont Carmel la grâce de revêtir le Seigneur Jésus-Christ dans toutes les circonstances de la vie présente et d’avoir part ainsi à la gloire éternelle » (De benedictionibus, n. 1218).
« Le début du chemin qui conduit à la folie de l’amour de Dieu est un amour confiant envers la Très Sainte Vierge »
Lorsqu’il parlait de notre amitié avec Dieu, saint Josémaria nous encourageait souvent à nous faire tout-petits, à reconnaître que nous avons toujours besoin de l’aide de la grâce. Il nous apprit aussi à parcourir ce chemin la main dans la main de Notre Dame : « Le début du chemin qui conduit à la folie de l’amour de Dieu est un amour confiant envers la Très Sainte Vierge ». « C’est parce que Marie est Mère que sa dévotion nous apprend à être fils : à aimer vraiment, sans mesure ; à être simples, sans ces complications issues de l’égoïsme de ne penser qu’à soi ; à être joyeux, conscients que rien ne saurait démolir notre espérance. Le début du chemin qui conduit à la folie de l’amour de Dieu est un amour confiant envers la Très Sainte Vierge, ai-je écrit il y a déjà très longtemps, dans le prologue à des commentaires sur le saint rosaire et depuis, j’ai très souvent constaté la vérité de ces paroles. Je ne vais pas me livrer ici à développer cette idée : je vous invite plutôt à en faire l’expérience, à le découvrir par vous-mêmes en entourant Marie de votre amour, en lui ouvrant votre cœur, en lui confiant vos joie et vos peines, en lui demandant de vous aider à connaître et à suivre Jésus » (Quand le Christ passe, n. 143).

 

L’ÉCOLOGIE DES OLIVIERS DE GETHSÉMANI …ET SA RÉSONANCE SPIRITUELLE :

19 mars, 2014

http://plunkett.hautetfort.com/archive/2012/10/24/une-etude-scientifique-des-oliviers-de-gethsemani.html

L’ÉCOLOGIE DES OLIVIERS DE GETHSÉMANI

…ET SA RÉSONANCE SPIRITUELLE :

Patriarcat latin de Jérusalem – 22/10

<< Les explications données aux pèlerins sur le Jardin des oliviers de Gethsémani (l’un des sites les plus sacrés des chrétiens, mémoire vivante de l’agonie de Jésus avant son arrestation) vont pouvoir être plus précises : les résultats des recherches scientifiques menées sur les huit arbres millénaires du jardin sont enfin disponibles. Elles avaient été commandées par la Custodie de Terre Sainte qui nous partage les résultats.
<< Les recherches, qui ont débutées en 2009, ont duré trois ans. Elles ont été menées par une équipe de chercheurs du Conseil national italien de recherches (CNR), et diverses universités italiennes. L’étude a été présentée aujourd’hui à 11h30 dans les locaux de Radio Vatican à Rome. Les responsables des recherches sont le Fr. Massimo Pazzini, doyen du Franciscanum Studium Biblicum de Jérusalem, le Pr Giovanni Gianfrate, coordinateur du projet, agronome et spécialiste de l’histoire de l’olivier en Méditerranée et le Pr Antonio Cimato, coordinateur de recherche et premier chercheur de l’Institut pour la valorisation du bois et des espèces ligneuses (IVALSA) / CNR de Florence. Ils en ont expliqué les résultats et le sens à la presse, en présence du Custode, Fr Pierbattista Pizzaballa.
Les recherches datent le tronc de trois des huit oliviers (les seuls pour lesquels il est techniquement possible de procéder à l’étude) du milieu du XIIe siècle. Par conséquent, les arbres ont environ neuf cents ans d’âge. Il convient toutefois de préciser une chose : la date indiquée se réfère uniquement à la partie aérienne des arbres, ou pour être plus précis à la partie émergée de l’arbre, composée du tronc et du feuillage. En fait, la même recherche a montré que la partie souterraine des arbres, à savoir les racines, est certainement plus ancienne.
Les résultats des recherches doivent aussi être confrontés aux chroniques des pèlerins des temps anciens. D’après ces chroniques, la deuxième basilique de Gethsémani a été construite entre 1150 et 1170 (période durant laquelle les croisés étaient engagés dans la reconstruction des grandes églises de Terre Sainte et de Jérusalem en particulier). Lors de la construction de la basilique, le jardin a probablement été réaménagé ; on serait intervenu pour récupérer les oliviers présents à ce moment-là.
Un autre résultat très intéressant est apparu lorsque les chercheurs ont travaillé sur le patrimoine génétique des huit arbres. L’analyse de régions spécifiques de l’ADN montre «des profils génétiques similaires» : cette conclusion indique que les huit oliviers sont, pour utiliser une métaphore, “jumeaux”. Cela ne peut signifier qu’une seule chose : que les huit oliviers sont tous « fils » d’un même arbre. Ainsi, on peut soutenir qu’à un moment donné de l’histoire – au XIIe siècle, et probablement bien avant -, ont été plantés dans le jardin de Gethsémani des portions de branches plus ou moins grande (boutures) provenant d’un arbre unique. Comme le font encore les jardiniers palestiniens. Il faut alors se demander quand, au cours des siècles, ont été plantées ces boutures. Dans les évangiles, au temps de Jésus Christ, les oliviers étaient déjà là. Adultes. L’existence continue d’oliviers en ce lieu est attestée par une étude comparative des descriptions du lieu saint par les historiens et les pèlerins au fil des siècles.
Fr Pierbattista Pizzaballa, qui a présenté les résultats des recherches, a noté que « pour chaque chrétien, les oliviers du jardin de Gethsémani sont une référence “vivante” à la Passion du Christ. Ils sont le témoignage de l’obéissance absolue du Christ au Père, au sacrifice de sa personne pour le salut de l’homme, de tous les hommes. Ils sont également une indication et un rappel pour l’homme. Qui doit être disponible “à faire la volonté de Dieu”. Car c’est ce qui caractérise le croyant. En ce lieu, le Christ a prié le Père, et s’en est remis à lui pour surmonter l’angoisse de la mort, l’Agonie, la Passion et la terrible exécution de la croix. Confiant en la victoire finale : la Résurrection et la Rédemption des hommes… Ces oliviers pluriséculaires incarnent la « racine » et la « continuité générationnelle » de la communauté chrétienne de l’Église Mère de Jérusalem. Comme ces arbres qui au fil de l’histoire ont été plantés, brûlés, détruits et ont encore germés sur une souche “inépuisable”, la première communauté chrétienne en dépit des obstacles et des persécutions survit, vigoureuse et animée par l’Esprit de Dieu ».
Carlo Giorgi >>

http://www.terrasanta.net/tsx/index.jsp

Mont Thabor (Israël)

8 août, 2012

http://fr.wikipedia.org/wiki/Mont_Thabor_(Isra%C3%ABl)

Mont Thabor (Israël)

Géographie
Altitude 588 m
Coordonnées 32° 41′ 12? Nord
35° 23′ 25? Est
Administration
Pays Israël
District Nord
Géolocalisation sur la carte : Israël

Le mont Thabor, ou mont Tabor, ((he) …..) est l’un des monts les plus célèbres de Galilée, en Israël.

Du haut de ses 588 mètres, le mont Tabor domine les vallées alentour. Le voyageur Green le décrit ainsi, lors de son périple en 1854 : « Le Tabor ressemble à un autel surélevé, que Dieu aurait construit en son propre honneur. De par sa forme particulière et sa situation, il semble déclamer de toute sa puissance un chant pétri de sensibilité. Tous ceux qui s’en approchent sont soudain envoûtés. »
Le mont Tabor, surplombant les environs, est largement mentionné dans les écrits saints (Jérémie 46/18), (Psaumes 88/13).
De forme semi-circulaire, l’archéologue Robinson le compare en 1838 à l’« un des deux hémisphères terrestres. » Le voyageur Stanley le qualifie, en 1853, de « demi-sphère parfaite. »
Le sommet du mont Tabor est pourtant coiffé d’une esplanade légèrement en pente. Paradoxe dont plus d’un visiteur s’étonne, et qui permet aux moines, installés en son sommet, de cultiver une partie des terrains.
Du fait de son isolement des autres montagnes de Galilée, le mont Tabor semble, et ce de tout temps, beaucoup plus élevé qu’il ne l’est en réalité. Le voyageur Van Agmon en parle en 1720, comme du « mont le plus élevé de la terre d’Israël ».

Historique
Durant son histoire, le mont Tabor a rarement été occupé. Il revêt cependant une importance stratégique et religieuse. Les témoignages historiques y font peu allusion, mais son nom est toujours lié à des évènements dramatiques et décisifs, tantôt relatifs aux guerres, tantôt aux religions. Ainsi en est-il aux époques du Premier et du Second Temple, ainsi qu’à celles byzantine et croisée dont les Hospitaliers tiennent la forteresse de 1255 à 12631. Les étonnants vestiges archéologiques découverts en son sommet sont eux aussi de nature ou religieuse, ou stratégique, et parmi eux, des églises, des monastères et des fortifications. On ne retrouve, par contre, aucun reste d’habitation.
Le mont Tabor est mentionné dans les trois principales religions monothéistes.
Tradition juive
Dans la bénédiction que prodigue Moïse à Zabulon et Issachar (Deutéronome 33/19), allusion est faite au mont Tabor, qui représente aux yeux des tribus alentours un lieu saint (Juges 4). Il semblerait que le mont Tabor soit déjà vénéré par les Cananéens. À l’époque du Second Temple, on allumait des feux sur le sommet du mont, afin d’annoncer les débuts de mois et les jours de fêtes.
Dans la tradition rabbinique, le mont Tabor a été épargné du Déluge.
Tradition chrétienne
Dans la tradition chrétienne, le mont Tabor est lié au lieu de la Transfiguration. Bien qu’il ne soit pas mentionné dans le Nouveau Testament, le mont Tabor est lié à l’évènement depuis les temps anciens, et l’on trouve, en son sommet, plusieurs vestiges d’églises. Le mont Tabor fut occupé par un nombre non négligeable de moines et d’ermites.
Après la destruction des lieux saints chrétiens du mont au xiiie siècle, ce dernier est déserté, mais les fidèles continuent, au fil des années, d’y monter, et c’est au milieu des ruines qu’ils viennent se rappeler le miracle de la Transfiguration, fêtée le 6 août. Au xixe siècle, des moines franciscains prennent possession des lieux, où ils construisent un monastère, auquel, en 1919, s’ajoutera la construction de la basilique actuelle.
À partir de l’époque byzantine, et jusqu’à nos jours, le mont Tabor devient un lieu important de pèlerinage, malgré les dangers et les difficultés auxquels sont confrontés les pèlerins, suivant les périodes. Outre le côté religieux, bon nombre de touristes visitent le lieu pour admirer le panorama.
Dans la liturgie catholique, l’autel du Saint-Sacrement est associé au mont Thabor.

La basilique de la Transfiguration.
La basilique actuelle est construite par les Franciscains entre les années 1919 et 1924, d’après les plans de l’architecte italien Antonio Barluzzi. Ce dernier s’inspire des édifices religieux chrétiens que l’on trouve dans le Nord de la Syrie.
La basilique est composée d’une nef centrale et de deux allées latérales, et est construite sur le tracé des vestiges de l’église de l’époque croisée, bâti par le prince de Galilée Tancrède. La charpente est faite en bois de pin.
Le jour qui s’infiltre à l’intérieur de l’église est là pour rappeler la lumière divine qui entoure Jésus au moment de la Transfiguration, comme il est écrit dans les Évangiles (Matthieu 16/2). Du fait des conditions climatiques et de l’humidité présentes au sommet du mont Tabor, le toit a été recouvert d’une couche d’étain.
La mosaïque centrale, œuvre de l’artiste Vilani, représente Jésus entre Moïse et Élie, face à trois de ses disciples. L’architecte a inséré la construction de la basilique moderne dans les vestiges des constructions antérieures. Les deux tours surmontant l’entrée sont elles aussi construites sur les restes de deux chapelles de l’époque médiévale, chacune d’elles symbolisant Moïse et Élie ; dans la première, sur la gauche, est représenté Moïse tenant les Tables de la Loi sur le mont Sinaï ; dans la seconde, à droite, on voit représenté le prophète Élie lors de sa confrontation avec les disciples du dieu Baal sur le mont Carmel.
À l’entrée, recouvertes aujourd’hui d’une grille, on remarque des marches creusées dans la roche, qui, à l’époque croisée, menaient à la crypte, sur les murs de laquelle on a retrouvé des inscriptions en grec et le dessin de croix.
Autres vestiges

Les ruines situées de chaque côté du chemin menant à l’entrée de la basilique sont les vestiges du monastère St Salvador, construit à l’époque croisée par les moines bénédictins, en 1101. Il est difficile aujourd’hui de dater l’ensemble des vestiges.
Le monastère situé sur le mont Tabor est construit en 1873. Il abrite les chambres des moines franciscains, ainsi qu’une salle à manger commune réservée aux pèlerins. Des terrasses latérales, à l’extérieur de la basilique, on peut admirer le panorama sur la vallée de Jezreel, la vallée du Jourdain, les montagnes de Samarie et le mont Carmel.
Au Sud de la basilique on retrouve quelques rares vestiges de l’époque de la grande révolte des Juifs contre les Romains.
Outre la basilique catholique romaine, le mont Tabor est également surmonté d’une église orthodoxe, construite elle aussi sur des vestiges de l’époque croisée. D’après les témoignages historiques, on sait que les Bénédictins de l’époque médiévale cohabitaient avec une communauté grecque catholique. Au nord-ouest de l’église orthodoxe, on trouve une grotte que la tradition lie à la rencontre entre Abraham et le roi Melchisédech.

LES DEUX POUMONS DE LA TERRE SAINTE

11 mai, 2012

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LES DEUX POUMONS DE LA TERRE SAINTE

Homélie de Mgr William Shomali à la kehilla de Jérusalem

ROME, mardi 8 mai 2012 (ZENIT.org) – Les communautés arabophone et hébréophone sont « semblables aux deux poumons par lesquels respire l’église de Terre Sainte », a déclaré Mgr Shomali.
Mgr William Shomali, évêque auxiliaire du patriarche latin de Jérusalem, a célébré la messe à la kehilla – communauté hébréophone – de Jérusalem, dimanche 6 mai. Durant son homélie, il a encouragé la kehilla à « témoigner de Jésus-Christ au sein de la société juive israélienne », sans se décourager, rappelant à la communauté qu’elle est « la continuation de la première église, issue du judaïsme ».
Nous publions ci-dessous le texte intégral de son homélie.
Chers frères et sœurs,
Je suis plein de joie de pouvoir fêter avec vous la fête de Saint Jacques, patron de votre kehilla et de tout votre vicariat. Je voulais depuis longtemps être parmi vous et prier avec vous, et il semble que Dieu ait exaucé ma demande. Votre kehilla est importante pour l’église de Jérusalem. Importante, non par le nombre de ses fidèles, mais par la signification que revêt votre présence ici. Vous constituez la continuation de la première église, issue du judaïsme. De plus, nos communautés, arabophone et hébréophone, sont semblables aux deux poumons par lesquels respire l’église de Terre Sainte. Ou, selon la métaphore qui se trouve dans la lecture d’évangile de ce jour, nous constituons deux sarments recevant leur sève et leur force de la même vigne, laquelle est Jésus le Christ notre Sauveur. Je prie pour que vous continuiez à témoigner de Jésus Christ au sein de la société juive israélienne.
Ce n’est pas là une mission facile, pas plus qu’elle ne fut facile à l’apôtre Paul. C’est ce même Paul qui est au centre de la première lecture de ce jour. Après sa surprenante conversion, il se heurte à une résistance farouche de la part de ses frères juifs. Cependant celui qui se heurte à une résistance croît aussi en force avec l’aide du Saint Esprit. Nombreux furent parmi les Juifs et parmi les nations ceux qui découvrirent grâce à lui que Jésus est le Messie. Les difficultés et les défis qui se trouvent sur notre route, ne doivent pas nous décourager. Le fait que nous constituons une petite minorité, parmi les Musulmans comme parmi les Juifs, ne doit pas susciter en nous de complexe, ni nous porter au découragement.
La première communauté de Jérusalem était pleine de force malgré ses faiblesses et le petit nombre de ses fidèles. En cette période, elle prit de l’assurance sous l’action de l’Esprit Saint : « A cette époque, l’église était en paix dans toute la Judée, la Galilée et la Samarie. Elle se construisait et avançait dans la crainte du Seigneur, et croissait en nombre sous l’encouragement de l’Esprit Saint » (Actes 9 :31).
Si vous le permettez, j’aimerais maintenant m’arrêter un peu sur la métaphore de la vigne qui se trouve dans la lecture d’évangile de ce jour. Elle constitue pour nous une leçon merveilleuse.
Dans l’Ancien Testament, la vigne symbolise le peuple d’Israël. Lorsque Israël écoutait le Seigneur, la vigne portait du fruit. Dès l’instant où le peuple ne suivait plus la Torah du Seigneur, la vigne devenait stérile. Dans le contexte de la lecture de ce jour, la vigne est Jésus Christ, et nous avons l’honneur d’être ses sarments.
J’ai été impressionné par le nombre de fois où Jésus, selon l’évangéliste Jean, emploie le verbe « demeurer » (au sens de « rester ») pour décrire la relation de la vigne et du sarment. J’ai compté 11 occurrences. Dans la seconde lecture également ce verbe apparaît deux fois. Voilà qui indique assez l’importance de ce verbe :
Les disciples doivent demeurer dans le Christ comme lui-même demeure en eux. Le sarment doit demeurer dans la vigne. La parole de Jésus doit demeurer dans les disciples. Les disciples demeurent dans l’amour de Jésus s’ils gardent ses commandements. Le fruit des disciples doit demeurer.
Une autre expression revient avec insistance : porter du fruit. Nous la trouvons six fois dans les lectures de ce jour.
Ce n’est pas difficile à comprendre : le lien est étroit entre demeurer en Jésus et porter du fruit – c’est un lien de cause à effet. On pourrait définir ainsi le verbe « demeurer » : rester, rester uni avec, s’installer en un seul lieu et dans la situation qui est donnée, continuer d’exister, persister dans les difficultés. Ces synonymes nous aident à comprendre de quoi il s’agit. Cependant, l’évangile décrit un état surnaturel que l’on ne peut exprimer par ces mots, et la métaphore de la vigne est le meilleur chemin pour prendre conscience du lien vital merveilleux qui nous unit à Jésus.
On peut s’interroger : comment Jésus demeure-t-il en nous ? De trois manières :
1. Tout d’abord au moyen de sa parole : Jésus demeure en nous si nous demeurons dans sa parole : « Si vous demeurez en moi et que ma parole demeure en vous » (Jean 15 :7). Jésus et sa parole sont un. Lorsque nous l’entendons, nous nous unissons à lui. Ses paroles constituent la sève vitale qui jaillissent de la vigne et qui irriguent les sarments afin qu’ils portent du fruit. Demandons-nous : méditons-nous quotidiennement un passage des écritures afin que nous demeurions en lui et lui en nous ? Puisons-nous force et consolation dans la méditation quotidienne de l’évangile ? Le dernier Synode consacré au Moyen Orient demandait aux fidèles d’entretenir un lien quotidien avec la parole de Dieu. C’est cette parole qui doit être notre pain quotidien. De plus, la parole de Dieu et sa loi sont une seule chose, qu’exprime en hébreu le mot « davar ». La parole de Jésus demeure en nous lorsque nous accomplissons ses commandements. Selon la seconde lecture : « Celui qui est fidèle à ses commandements demeure en Dieu et Dieu en lui » (1 Jean 3 :24).
2. La seconde manière de demeurer en lui est l’amour. Qu’il nous suffise de citer à ce sujet Jésus lui-même : « De même que le Père m’a aimé, moi aussi je vous aime. Demeurer en mon amour. Si vous demeurez fidèles à mes commandements, vous demeurerez en mon amour, comme moi j’ai gardé les commandements de mon Père, et je demeure en son amour. Mon commandement, le voici : aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. (Jean 15 : 9-10 ; 12). À nouveau, demandons-nous : aimons-nous nos voisins et nos collègues de travail ? Sommes-nous prêts à leur pardonner le mal qu’ils nous ont fait ? Sommes-nous prêts, comme l’apôtre Paul, à marcher à la suite de Jésus et à détruire le mur de la haine ? Aimons-nous du fait d’un intérêt humain, ou pour Dieu ? Demeurer en Jésus signifie : demeurer dans son amour et dans l’amour de nos frères et sœurs.
3. La troisième façon de demeurer en Jésus est l’Eucharistie. Le mystère de l’Eucharistie révèle notre unité avec lui, mieux encore que ne le fait la métaphore de la vigne. L’image de la nourriture est une image particulièrement forte. Quoi de plus fort que la manducation de ce pain qui, dans l’acte de le manger, devient partie intégrante de notre corps ? Quoi de plus fort que de boire ce vin qui s’incorpore à notre sang ? Combien forte est l’expression de Jésus: Mangez ma chair et buvez mon sang ! Cette expression marquante est destinée à nous délivrer le message de son unité avec nous. L’image ici dit plus que les mots. L’image produit ce qu’elle désigne, et éclaire à la fois ce qu’elle produit.
Pour conclure : j’aimerais discuter des fruits que portent les sarments : que sont ces fruits ? Ce sont ces mêmes fruits que mentionne l’épître aux Galates : « Voici les fruits de l’Esprit : amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, foi, humilité et maîtrise de soi. » (Galates 5 :22). Tous, nous aspirons à porter de tels fruits dans nos vies. Quelles sont les conditions pour porter du fruit ? La condition est de demeurer dans la vigne et d’être purifié. Quelle est la condition de porter des fruits d’amour, de joie, de paix, de patience, de générosité, de bonté etc. ? La condition est de demeurer dans l’unité avec Jésus en écoutant sa parole, en demeurant fidèle à son amour, en gardant ses commandements, en accueillant les difficultés de la vie au moyen desquelles le Seigneur nous purifie.
Chers frères et sœurs,
Nous approchons du moment de la communion. Désirons ensemble ce moment où Jésus lui-même, vigne spirituelle, vient s’unir à nous, faibles sarments. C’est là le paradoxe qu’implique notre foi : dans la nature, le sarment est greffé sur la vigne, mais ici c’est la vigne qui vient faire vivre le sarment. La métaphore nous enseigne combien le Seigneur nous aime. C’est lui qui nous a aimés le premier, et lui le premier à demeurer à jamais fidèle à ses promesses. C’est pourquoi nous sommes invités à le louer dans le psaume : « Au sein de l’assemblée je te louerai » (Ps 22 :23). Je vous demande de redire avec moi ces mots : « Au sein de l’assemblée je te louerai ».

+ William Shomali

TERRE SAINTE : HOMÉLIE PASCALE DU PATRIARCHE FOUAD TWAL

20 avril, 2012

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TERRE SAINTE : HOMÉLIE PASCALE DU PATRIARCHE FOUAD TWAL

Le patriarche latin dit sa confiance dans les jeunes

ROME, vendredi 20 avril 2012 (ZENIT.org) – Le patriarche latin de Jérusalem, S. B. Fouad Twal manifeste son soutien à l’espérance des jeunes chrétiens, et sa confiance en eux, dans son homélie pour la nuit de Pâques au Saint-Sépulcre.
« Autour de nous dans les pays arabes, une jeunesse enthousiaste a secoué la poussière de ses pieds et d’une histoire obscure, misérable et totalitaire. Elle s’est armée de courage, cherchant une nouvelle vie faite de justice, de liberté et de dignité. C’est une nouvelle génération qui cherche la résurrection, et la réforme pour leur peuple. La forte volonté de ces jeunes et leur confiance dans un avenir meilleur, sont les seuls outils de ces changements », dit notamment le patriarche.
Homélie de Pâques 2012
Saint-Sépulcre
Monsieur le Cardinal William Levada,
Chers frères dans l’épiscopat et le sacerdoce,
Chers religieux et religieuses, chers fidèles de Terre Sainte,
Chers pèlerins venus du monde entier, chers fidèles présents par les médias,
En ce jour glorieux, nous revivons dans cette Basilique du Saint-Sépulcre la joie de Pâques, celle du Christ ressuscité, vraiment ressuscité et qui « nous précède en Galilée » (Mt 28, 7).
A tous je souhaite une belle et sainte fête de la Résurrection, en sachant que les évènements qui se déroulent au Moyen-Orient menacent notre région, nos peuples et nos chrétiens, et rendent cette joie pascale plus terne.
1 – Trois femmes disciples de Jésus vont au tombeau pour oindre d’aromates le corps du Crucifié descendu de la Croix (Mc 16, 1-2). Mais alors qu’elles s’aperçoivent que le tombeau est déjà ouvert et que le Corps de Jésus n’y est plus, un « homme vêtu de blanc » leur dit « vous cherchez Jésus de Nazareth, le Crucifié ? Il est ressuscité : il n’est pas ici » (Mc 16, 6-7). Ces femmes sont saisies par la peur, sous le choc et l’étonnement. Cependant elles quittent le tombeau pour rapporter aux disciples ce qu’elles ont vu et entendu (Mt 28, 8).
Aujourd’hui, nous sommes des milliers à chercher le visage du Christ, sa Parole et sa Paix. Et nous sommes dans la peine quand nous ne parvenons pas à Le trouver ni dans les discours politiques, ni dans le monde économique, ni dans la famille. Et la peur nous envahit devant ce vide, tout comme elle a envahi les femmes devant le tombeau vide.
Effectivement, ce tombeau ne contient plus le corps du Crucifié. Et pourtant, le Christ veut que par la foi et la charité, l’humanité toute entière revienne à lui. Il nous demande de diffuser la nouvelle de sa venue de son Royaume ?comme Il a demandé aux femmes d’annoncer sa Résurrection aux disciples. Aujourd’hui, nous aussi nous sommes témoins de sa Résurrection et nous n’avons pas de raison d’avoir peur ni de douter : le Tombeau est vide, le Crucifié est vivant. Désormais, personne ne peut se L’approprier : Aucun lieu, aucun pays, aucun peuple.
2 – Aujourd’hui, Le Ressuscité d’entre les morts nous demande à notre tour, d’être les annonciateurs de la Bonne Nouvelle autour de nous, et de répandre la joie pascale. Malgré que le Vendredi saint et le poids de la mort a duré longtemps pour nous et notre pays, faisons désormais entendre le chant de la Résurrection : le Christ est ressuscité, Alléluia.
3 – Chers Frères, nous disciples modernes et descendants des femmes de Jérusalem, nous devons nous armer de foi, de courage, et de la joie de notre rencontre avec Jésus, pour annoncer à tous nos frères sa Résurrection et sa victoire. Cela est particulièrement vrai pour les fidèles de nos pays voisins qui ont peur.
Peur due aux agitations qui se déroulent dans nos régions ; peur d’un avenir incertain voir même obscur. Les politiques et la Communauté internationale ne se préoccupent que peu de notre liberté et de notre sort. Les intérêts personnels écrasent la bonne volonté de ceux qui cherchent à avancer vers la paix et la justice.
Les martyrs contemporains témoignent de la Résurrection du Christ, tout comme les processions, les pierres de Jérusalem, les prisonniers au nom du Christ sont des témoignages. Par notre conduite et notre conscience, nous devons être un témoignage vivant pour les habitants de notre pays, nos pèlerins et nos touristes.
Proclamons avec foi que le Christ est Ressuscité, qu’Il est vivant et que nous en sommes témoins.
4 – Nombreux sont ceux qui viennent en Terre Sainte pour chercher le Christ, tout en essayant de trouver ou retrouver leurs racines. Nous sommes les racines, nous sommes l’Eglise-Mère. Et toutes les difficultés et les malheurs qui nous ont frappés, et qui vont nous frapper de nouveau, ne feront pas chanceler notre foi mais augmenter notre persévérance, notre sens d’appartenance à Jérusalem et à notre Eglise. Le Christ vivant triomphe toujours du mal.
5 – Tout au long de l’histoire, les disciples du Christ ont eu à témoigner de leur rencontre et de leur expérience avec Lui. A leur exemple, une foule immense, dont vous et moi faisons partie, suit depuis deux mille ans le Christ.
Bien souvent, les disciples du Christ ne trouvent en face d’eux ni compréhension, ni acceptation, ni répondants. Dans l’histoire de l’Eglise, beaucoup ont payé de leur vie le prix de leur témoignage : des hordes de martyrs ont versé leur sang pour la seule raison d’être chrétien et d’avoir annoncer la Bonne Nouvelle de la Résurrection et la victoire du Christ. Et cet élan n’a jamais cessé jusqu’à aujourd’hui et ne cessera jamais.
L’homme contemporain demande sans arrêt des preuves visibles et tangibles de la Résurrection. Il n’est pas convaincu par le Tombeau vide, ni par le Linceul sacré, ni par ce qu’on rapporté les soldats.
Frères et sœurs, en fait, le premier miracle de la Résurrection, c’est le changement radical du cœur, comme en témoigne cette parole du centurion romain : « Vraiment, cet homme était le Fils de Dieu » (Mc 15, 39).
C’est aussi ce qu’on appelle la conversion. Celle des soldats, mais aussi celle des disciples qui étaient réunis au Cénacle et qui avaient fermés toutes les portes par peur. La résurrection les a transformés et ils sont devenus témoins, témoins heureux de souffrir pour le Christ.
6 – Autour de nous dans les pays arabes, une jeunesse enthousiaste a secoué la poussière de ses pieds et d’une histoire obscure, misérable et totalitaire. Elle s’est armée de courage, cherchant une nouvelle vie faite de justice, de liberté et de dignité. C’est une nouvelle génération qui cherche la résurrection, et la réforme pour leur peuple. La forte volonté de ces jeunes et leur confiance dans un avenir meilleur, sont les seuls outils de ces changements.
Nous les aidons par nos prières, nos encouragements, nos conseils pour qu’ils s’arment de raison en restant fidèles à leur patrie et aux acquis de cette patrie.
Nous espérons chanter avec eux un jour notre Alléluia malgré le danger et les risques qui les menacent, qui nous menacent ainsi que les nombreux intéressés qui veulent cueillir les fruits de cette révolution sans y avoir pris part. Il n’empêche que désormais la réforme est indispensable.
Enterrons donc dans le tombeau du Christ nos inclinations mondaines, nos divisions religieuses, nos actes de violence, nos manques de foi et nos peurs. Nous vivrons ainsi une vie nouvelle, selon la « Nouvelle Evangélisation », accomplissant ainsi le souhait du Maître de sa Sainte Eglise dans l’esprit du Synode d’octobre prochain.
Nous devons nous « dépouiller du vieil homme (…) et revêtir l’Homme Nouveau qui a été crée selon Dieu, dans la justice et la sainteté de la vérité » (Ep 4, 22), créant le bon citoyen qui croit au bien, à la paix, et à « la vie en abondance » (Jn 10,10). Un citoyen qui vit et qui laisse vivre les gens.
De ce Tombeau sont sorties la Lumière et la Paix. Et aujourd’hui, ici, la Lumière et la Paix doivent jaillir de nouveau. Demandons au Seigneur de réaliser notre rêve, pour la Terre Sainte et pour le monde entier.
7 – Chers Frères et Sœurs, chers amis malades, âgés, prisonniers, A vous tous qui souffrez de l’injustice…
A vous chers fidèles qui sentez que le Vendredi Saint ne semble pas se terminer, à cause de la violence et de l’injustice…
A tous ceux qui ne peuvent pas vivre leur joie de Pâques…
A vous qui n’avez pas pu arriver jusqu’à ce Saint Sépulcre pour partager avec nous cette fête…
Pour vous, j’élève ma prière avec l’espoir que vous jouissiez de la Paix de la Résurrection. Que cette Paix emplisse votre cœur d’amour, de solidarité, par la force du Christ ressuscité qui veut nous ressusciter avec Lui (Col 2-3).
Le Seigneur est Ressuscité. Allez et annoncez cette Bonne Nouvelle au monde entier.
Oui Jésus est vraiment ressuscité. Amen. Alléluia.

+ Fouad Twal
Patriarche latin de Jérusalem

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