Archive pour la catégorie 'Jean-Marie Lustiger'

L’héritage du cardinal Lustiger

31 janvier, 2009

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L’héritage du cardinal Lustiger

Aug 12, 2007

Un quart de siècle de « mission » du cardinal Lustiger à la tête du diocèse de Paris a bouleversé l’Eglise de France.

(Le Monde, 10.08.07) Chaque évêque est théoriquement patron de son diocèse et n’a de comptes à rendre qu’au pape. Mais par son tempérament, son autorité intellectuelle, son rayonnement médiatique, Jean-Marie Lustiger, au risque d’agacer beaucoup de monde, s’était posé en véritable patron de la « fille aînée » de l’Eglise. Sa disparition oblige à s’interroger sur son héritage.

Il a imposé une triple rupture, théologique, intellectuelle, pédagogique. Il faisait partie de ce petit noyau d’évêques d’envergure internationale promus et protégés par Jean Paul II, à la fois enfants du concile Vatican II (1962-1965), mais réservés devant l’engouement qui l’a suivi, n’en retenant que l’interprétation la moins novatrice, sans frayer pour autant avec les traditionalistes. Ce sont des hommes de gouvernement, portés sur la plus stricte orthodoxie doctrinale, apôtres d’une « nouvelle évangélisation » du monde et d’une réaffirmation d’un catholicisme rêvé comme bastion face à la « dictature du relativisme » (Joseph Ratzinger) et à la laïcisation de la société moderne.

Pendant vingt-cinq ans, en dépit des résistances, le cardinal Lustiger aura incarné et imposé la ligne d’un catholicisme de conversion et d’affirmation qui puise dans ces « monuments » de la théologie du XXe siècle que furent Henri de Lubac, Hans-Urs von Balthasar, Joseph Ratzinger (devenu Benoît XVI). Un catholicisme qui ne craint pas d’afficher son identité, qui se transmet dans des structures disciplinées de formation de prêtres et de laïcs, prône une annonce directe de la foi, une visibilité de l’institution et du témoignage, un idéal de sainteté cultivé par des habitudes de dévotion à l’ancienne, des pèlerinages et rassemblements fervents.

Comme Jean Paul II sur le plan mondial, le cardinal Lustiger aura brouillé en France les frontières idéologiques entre catholiques de droite et de gauche, conservateurs et progressistes. Il est libéral et moderne sur la morale sociale, les droits de l’homme, mais raide sur le dogme, l’enseignement, la liturgie. Son catholicisme cherche des cautions à Rome et déteste toute bureaucratie ecclésiastique. Jean-Marie Lustiger était célèbre pour ses imprécations contre les structures jugées trop lourdes de la Conférence des évêques, un clergé fonctionnarisé, des mouvements d’action catholique (Jeunesse étudiante, Jeunesse ouvrière, etc.) jugés dépassés.

Cette ligne identitaire a rompu avec le catholicisme de l’ »enfouissement » qui prévalait en France avant et juste après VaticanII, écartant l’annonce trop explicite de la foi, prônant une évangélisation par milieu social, misant sur des réformes de structures et une décentralisation de l’Eglise, sur des alliances avec les « forces de progrès » (partis, syndicats, associations). Aujourd’hui, la hiérarchie n’a pas surmonté toutes ses divisions, mais le choix des hommes que l’archevêque de Paris a « placés » dans l’épiscopat (un tiers), la transformation opérée en France par les six voyages de Jean PaulII et le poids de la discipline romaine ne laissent aucun doute sur la postérité de la ligne Lustiger.

La deuxième rupture fut d’ordre intellectuel. Le cardinal Lustiger a renoué avec des milieux et des disciplines réputés éloignés de l’Eglise : l’art, la culture, les sciences humaines, les affaires, la science. Pour les Journées mondiales de la jeunesse (JMJ) de 1997 à Paris, il avait créé la surprise en sollicitant des stylistes comme Castelbajac, des architectes comme Portzamparc, Duthilleul, Wilmotte. Il était entouré d’un club de philosophes ou normaliens (Jean-Luc Marion, Jean Duchesne, Rémi Brague, Jean-Robert Armogathe, etc.) qui l’aidaient à se frotter aux débats de la société civile et du gotha intellectuel, à entrer dans d’autres cercles où il rencontrait des Robert Badinter, Jean Daniel, Michel Serres, Philippe Meyer, André Glucksmann, Alain Finkielkraut, Serge Klarsfeld, etc. Ou des « pointures » aujourd’hui disparues comme Paul Ricœur, Emmanuel Levinas, René Rémond.

Conscient que le destin de l’homme moderne était de vivre en ville, ce Parisien de naissance était fasciné par les grandes métropoles urbaines, où se jouait, selon lui, l’avenir de la foi chrétienne. Il avait pris acte de l’effondrement de la « civilisation paroissiale » liée à la société rurale et relancé une « évangélisation » des villes. Avec les archevêques de Bruxelles, de Lisbonne, de Vienne, il avait pris l’initiative de campagnes de « mission » dans les capitales européennes. A Paris, à la Toussaint 2004, il avait appelé les catholiques à se rendre, pendant une semaine, dans les « lieux de vie » des Parisiens, cafés, salles de spectacle, hôpitaux, prisons, pour y témoigner de leur foi. Ainsi bousculait-il des habitudes, agaçait-il des confrères évêques plus timorés, repliés sur les réseaux d’Eglise plus classiques.

Là où il a le plus innové et irrité, c’est en créant ses propres structures de formation et de communication, désavouant de fait celles qui existaient. Il a ouvert des séminairesà Paris, alors que les séminaires interdiocésains se vidaient, mais avec des résultats : un dixième des prêtres ordonnés chaque année en France viennent de son diocèse. De même, Radio Notre-Dame est restée isolée face au réseau national des Radios chrétiennes de France (RCF). La station de télé KTO a été créée en concurrente directe du « Jour du Seigneur » sur la chaîne publique. Le Studium Notre-Dame, troisième faculté de théologie à Paris, a été érigé sans craindre de désavouer le vieil Institut catholique ou le brillant Centre Sèvres des jésuites.

Le bulldozer Lustiger a défriché, élargi des horizons, ouvert des plaies qui ne sont pas toutes cicatrisées. Il laisse une Eglise de France en plein chantier, où les différences de sensibilité sont plutôt moins tranchées qu’autrefois, mais où la gestion de la pénurie de prêtres et de pratiquants semble avoir stérilisé l’innovation, éteint les voix, comme la sienne, fortes et prophétiques.

Entre le cardinal Jean-Marie Aaron Lustiger et moi, l’histoire d’une amitié judéo-chrétienne

15 juin, 2008

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http://www.cardinalrating.com/cardinal_54__article_5977.htm

Entre le cardinal Jean-Marie Aaron Lustiger et moi, l’histoire d’une amitié judéo-chrétienne
Aug 12, 2007
Par Alain Goldmann, Grand rabbin du Consistoire israélite de Paris.

(Le Figaro, 11 août 2007) La disparition, cette semaine, du cardinal Lustiger, archevêque émérite de Paris, m’a soudainement ramené plus de vingt-cinq ans en arrière. En effet, lors de sa nomination au diocèse de Paris en février 1981, le plus important du catholicisme français, alors que je venais à peine de prendre mes fonctions de grand rabbin de Paris, nous nous sommes vus pour la première fois. En effet, dès sa prise de fonctions, nous avons pu nous rencontrer dans les locaux du Consistoire israélite de Paris. Mgr Lustiger venait rendre une visite au nouveau grand rabbin de France, René-Samuel Sirat. Elle faisait suite à celle que le prédécesseur de ce dernier, le grand rabbin Jacob Kaplan, avait effectuée quelques mois auparavant auprès du cardinal Marty, auquel le nouvel archevêque venait de succéder. Le caractère protocolaire de cette rencontre interconfessionnelle fut très courtois. Cependant, une certaine gêne de part et d’autre pouvait être perçue.

Il est vrai que la nomination de Mgr Lustiger à un poste aussi sensible et en vue que le sien pouvait alors soulever bien des questions. Quelles étaient les pensées secrètes du pape Jean-Paul II, en décidant de procéder à une telle nomination ? Un évêque revendiquant une double filiation spirituelle, désigné pour exercer son ministère près de la communauté juive la plus importante et la plus organisée du continent européen, la seconde après les juifs russes encore sous le joug du communisme : cela pouvait paraître surprenant, voire provocateur. Devrais-je rappeler ici le gros titre d’un journal du soir, commentant cette nomination, se référant à la prise de position sans équivoque du grand rabbin Kaplan, peu suspect de mauvaises intentions envers le monde chrétien ? L’article en question portait le titre suivant : « On ne peut être juif et chrétien à la fois. » C’était évidemment une réponse à la position personnelle clairement annoncée du nouvel archevêque. Bien entendu, au fil des ans, les relations personnelles de toutes les parties concernées ont beaucoup évolué pour une meilleure compréhension entre les autorités juives et chrétiennes. À différentes reprises, des communiqués communs ont pu être élaborés pour répondre à tel ou tel fait de société.

À la sortie de la rencontre que je viens de mentionner, j’ai pu, en raccompagnant l’éminent visiteur, lui faire part de mes sentiments personnels. Nous avions effectivement quelques points communs. Ses parents juifs, venus de Pologne, s’étaient installés à Paris où devait naître leur fils. Les miens, également originaires de cette région, s’étaient, presque à la même époque, installés à Strasbourg où je suis né. Cela dit, étant donné que tous deux nous avions connu les années noires de l’occupation allemande en France, lui, avec la déportation de sa mère, moi-même avec celle d’un grand nombre de personnes proches de ma famille, nous avons pu échanger quelques propos sur nos souffrances respectives. Cela a sans doute contribué à notre rapprochement personnel.

Depuis cette première rencontre et durant le quart de siècle où il resta en charge du diocèse de Paris, avec toutes les obligations qui furent les siennes, les activités multiples et harassantes qu’il sut mener, nous avons tout de même eu bien des occasions de nous revoir, et d’avoir des échanges toujours aussi riches. Nos regards presque de connivence en disaient long sur la qualité profonde et respectueuse de nos relations personnelles.

De façon unanime, il a été fait mention ces derniers jours de la part prépondérante prise par le cardinal pour renforcer les liens entre les représentants de nos deux croyances. Sans doute, les relations exceptionnelles qu’il entretenait avec le pape Jean-Paul II y ont contribué pour une large part. J’ai pu à différentes reprises en mesurer l’efficacité. En premier lieu, lorsque le monde juif, surpris et choqué, avait appris l’existence du carmel d’Auschwitz. Je suis alors intervenu comme d’autres responsables juifs, pour que les carmélites soient déplacées vers un autre lieu, moins symbolique de la souffrance indicible du peuple juif. Le cardinal m’a d’abord écrit pour m’assurer qu’il entreprendrait avec d’autres de ses collègues toutes les démarches possibles afin que nos craintes soient dissipées. Quelques mois plus tard, le transfert de ce carmel eut lieu, montrant bien combien le monde chrétien avait compris nos inquiétudes. En d’autres occasions encore, nous échangions des courriers pour nous entretenir de questions susceptibles de nous rapprocher davantage encore. Le thème général tournait toujours autour de la notion de paix.

Telles sont les impressions que je garde de toutes ces années où nous avons pu nous rencontrer et nous apprécier. Je rappellerai ici ce qu’il écrivait dans une interview parue dans Tribune juive du 4 septembre 1981. Parlant de nos deux religions, il disait : « Dans le monde d’aujourd’hui, nous nous retrouvons partenaires dans un témoignage commun. » Depuis, il n’a jamais varié. Sur ce plan, nos deux chemins se sont souvent rencontrés. J’en garde un souvenir ému, regrettant seulement de n’avoir pu le revoir une dernière fois avant son départ vers l’au-delà

Mgr Jean-Marie Lustiger – Le choix de Dieu

4 février, 2008

du site: 

http://www.spiritualite2000.com/page.php?idpage=1663 

Mgr Jean-Marie Lustiger – Le choix de Dieu 

Entretiens avec Jean-Louis Missika et Dominique Wolton 

Un homme se souvient. Un croyant témoigne. L’archevêque de Paris, nommé à cette fonction par Jean-Paul II, a accepté de répondre sans faux-fuyants à ces deux interlocuteurs sans complaisance. Et voici que surgissent trois histoires entremêlées. Celle de Jean-Marie Aron Lustiger, fils d’immigrés juifs polonais, jeté dans la France de l’avant-guerre et de l’occupation. Celle d’un Eglise qui, deux mille ans après sa naissance, affronte les idéologies, les ruptures, les dérives, le défi des Lumières et les désillusions du progrès. Celle enfin de la Parole de Jésus-Christ, prodigieuse promesse d’un salut pour les vivants et pour les morts, confrontée aux athéismes modernes.

 La conversion

 J.-M. L. – Je ne suis vraiment pas certain de la chronologie. 

J’ai demandé à un témoin très proche de corroborer mes souvenirs. Il m’a répondu qu’il était aujourd’hui trop âgé et que sa mémoire le trahissait. Je n’ai pas non plus gardé de traces matérielles de c.e qui s’est passé. Je voudrais pouvoir vérifier ce qui n’est qu’impressions fugaces ou incertitudes, souvenirs et oublis de ce que j’ai pu faire ou penser à tel moment. Ce qui m’échappe, c’est l’enchaînement des événements mais j’ai gardé le souvenir précis et assuré des expériences intérieures. 

Les faits d’abord: mes parents nous ont repris pour nous ramener à Paris au moment de la « drôle de guerre ». La menace paraissait moindre, avant que ne se produise l’exode de l’été. Ce retour à Paris a été de brève durée. Je me suis retrouvé avec mon meilleur ami en troisième, au lycée Montaigne. Notre séparation avait provoqué un échange de correspondance passionnant, des lettres que j’ai gardées pendant longtemps. Ce retour était-il dû au fait que j’avais déjà déclaré à mes parents mon intention de devenir chrétien? Je n’en suis plus certain. Mon père et ma mère étaient présents quand je leur ai dit mon désir d’être baptisé. Or, au moment de l’exode, mon père était absent puisqu’il était pris dans la débâcle. A quel moment de cette année 40 ai-je dit à mes parents mon intention de demander le baptême et mon désir qu’ils m’y autorisent? Je ne sais plus. 

J’ai cependant un repère chronologique précis du moment où j’ai désiré le baptême. Cela s’est passé dans la cathédrale d’Orléans, au cours de la semaine sainte, juste avant Pâques 40. La débâcle est venue en juin, donc le retour à Paris a dû avoir lieu entre avril et juin. 

J .- L. M. – Comment cela s’est-il passé? 

J .-M. L. – J’ai partagé l’existence quotidienne de chrétiens convaincus. Ils savaient parfaitement que nous étions juifs et ont manifesté à mon égard une discrétion exemplaire. 

J.-L. M. – Quand vous dites« discrétion exemplaire », cela veut dire absence de prosélytisme? 

J.-M. L. – Aucun, absolument aucun. J’ai découvert de nouveau, de l’intérieur, l’univers chrétien, non plus allemand mais français, à la fois la culture, la pensée, la vie, la conduite. En même temps, il y avait un brutal changement, assez étrange pour moi : j’étais un petit Parisien qui n’avait jamais connu la campagne, hormis les mois d’été. Et Orléans était un jardin. Un jardin, et aussi l’image d’une France provinciale. Comme j’étais curieux et observateur, j’ai posé toutes sortes de questions au gré de la découverte de lieux extraordinaires: Germigny-des-Prés, une église carolingienne; Cléry, une église gothique avec le tombeau de Louis XI; les bords de Loire; les monuments et les églises d’Orléans. Bref, tout cela faisait partie du paysage. Et en même temps, un certain contenu du christianisme me devenait accessible de l’intérieur par les moyens de la culture et de la vie. 

Ce n’est pas le plus important ni ce qui fut décisif; mais je cherche à expliquer où sont les sas. Les camarades du lycée ont été un autre sas, bien que le problème de la religion ne fût jamais abordé entre nous. 

D. W. – Les autres élèves savaient-ils que vous étiez juzf, à Orléans? 

J.-M. L. – Bien sûr. Je m’appelais Aron. 

J.-L. M. – Y avait-il d’autres juifs au lycée d’Orléans? 

J .-M. L. – Oh certainement, mais je n’en ai pas de souvenirs. 

Dans ma classe, j’étais le seul. 

J.-L. M. – Votre mère venait régulièrement vous voir? 

J .-M. L. – Oui, toutes les semaines. Les contacts avec mes camarades du lycée ont donc fourni un autre terrain d’échange avec le christianisme. Mais il me semble que la familiarité avec des jeunes chrétiens de mon âge a été postérieure à mon baptême. Toujours est-il que je me souviens très bien avoir demandé à la personne chez qui nous logions de me donner un Nouveau Testament. J’ai commencé par l’évangile selon saint Matthieu qui est en tête. Je lisais Pascal pendant cette même période. Je le lisais assidûment. J’ai commencé à recopier l’évangile de saint Matthieu à la main. J’ai souligné certains passages qui me frappaient. J’avais en ma possession une petite édition de la Bible de Crampon, en fascicules séparés contenant chacun un évangile. Je ne suis pas allé jusqu’au bout, j’ai copié seulement quelques chapitres. Cela devait se passer vers Noël. C’était l’hiver, je m’en souviens. 

Et puis j’ai posé des questions sur le christianisme à qui me tombait sous la main, certainement à la personne chez qui nous logions et à d’autres personnes aussi. 

D. W. – Votre sœur était avec vous? 

J.-M. L. – Oui. Elle était élève dans une école libre. 

J .- L. M. – Et vous parliez de cela avec votre sœur? 

J.-M. L. – Je ne le pense pas. Et puis, quelques mois après, je suis entré un jour dans la cathédrale, qui était sur le chemin quotidien du lycée. Au centre d’une place, alors non bâtie, venteuse, un énorme édifice, à la beauté austère et dépouillée, toujours en réparation. Je suis entré un jour que je sais aujourd’hui être le jeudi saint. Je rne suis arrêté au transept sud, où brillait un foisonnement ordonné de fleurs et de lumières. Je suis resté un grand moment, saisi. Je ne savais pas pourquoi j’étais là, ni pourquoi les choses se passaient ainsi en moi. J’ignorais la signification de ce que je voyais. Je ne savais pas quelle fête on célébrait, ni ce que les gens faisaient là en silence. Je suis rentré dans ma chambre. Je n’ai rien dit à personne. 

Le lendemain je suis retourné à la cathédrale. Je voulais revoir ce lieu. L’église était ~ vide. Spirituellement vide aussi. J’ai subi l’épreuve de ce vide : je ne savais pas que c’était le vendredi saint – je ne fais que vous décrire la matérialité des choses, et à ce moment-là j’ai pensé : je veux être baptisé. Du coup, je me suis adressé à la personne chez qui je logeais. C’était le plus simple. Je savais qu’elle était catholique, qu’elle allait à la messe: je la voyais, je savais qui elle était. 

Elle m’a dit: « Il faut demander à vos parents. » Elle m’a adressé à l’évêque d’Orléans, Mgr Courcoux. C’était un oratorien très cultivé; il m’a instruit dans le christianisme, me donnant des leçons particulières. Dès le début de nos rencontres, il m’a invité à demander la permission de mes parents. La chronologie m’échappe, mais je me souviens très bien du jour où j’ai averti mes parents – une scène extrêmement douloureuse, parfaitement insupportable. Ils ont fini par accepter. Mais cela, c’est une autre histoire. 

D. W. – Ils ont refusé tous les deux? 

J.-M. L. – Bien sûr. Mon père devait être là en permission. Je leur ai expliqué que ma démarche ne me faisait pas abandonner la condition juive, mais bien au contraire la trouver, recevoir pour elle une plénitude de sens. Je n’avais pas du tout le sentiment de trahir, ni de me camoufler, ni d’abandonner quoi que ce soit, mais au contraire de trouver la portée, la signification de ce que j’avais reçu dès ma naissance. Cela leur paraissait complètement incompréhensible, dément et insupportable, la pire des choses, le pire des malheurs qui pouvaient leur arriver. Et j’avais une conscience très aiguë que je leur causais une douleur, tout à fait intolérable. J’en étais déchiré et ne l’ai fait vraiment que par nécessité intérieure. Une autre solution aurait consisté à tout enfouir en moi-même, à ne rien dire et à attendre. Mais cette solution-là, je n’ai pas voulu l’envisager. 

Mgr Courcoux était un homme très respectueux d’autrui. Je ne sais pas s’il se rendait compte de ce que cela représentait pour mes parents; je ne sais pas, aujourd’hui, quelle était sa connaissance des juifs de notre genre. Il était très cultivé et intelligent. Les juifs qu’il connaissait étaient les juifs libéraux de l’intelligentsia française dont Bergson était un représentant … Finalement, mes parents ont accepté. Pour ma sœur et pour moi. 

J.-L. M – Parce que votre sœur voulait se convertir aussi? 

J.-M. L. – Elle m’a suivi. Mais elle m’a suivi par conviction. Pourtant nous n’en avons jamais parlé. 

J.-L. M. – Vous avez tous les deux suivi la même évolution à Orléans, pendant cette période? 

J .-M. L. – En tout cas, la même instruction. Celle que donnait l’évêque. J’ai jeté les fascicules – je le regrette – des cours d’instruction religieuse qu’il avait fait imprimer pour un collège. Comme il était oratorien, je ne sais s’il avait donné des cours à Juilly ou à Saint-Martin de Pontoise, avant d’être curé à Saint-Eustache à Paris. Quoi qu’il en soit, ses cours étaient d’un niveau remarquable. Dès cette époque, j’ai été initié à l’étude des origines chrétiennes, à la connaissance des textes les plus anciens, avec une grande rigueur historique; bref, j’ai reçu une initiation chrétienne d’une qualité intellectuelle et spirituelle rarement proposée à un adolescent. Elle confirmait l’intuition très vive que j’avais de la continuité du christianisme et du judaïsme. Mgr Courcoux m’a parlé de bien des sujets; entre beaucoup d’autres, il me nommait le Père Teilhard de Chardin, abordait aussi les relations entre la science et la foi. C’est vous dire que je n’étais pas mal traité. 

D. W. – Vous aviez de la chance. 

J .-M .. L.- Je ne me souviens d’avoir rencontré alors en ce domaine que des gens qui m’ont inspiré le respect. 

D.W. ,-, Pourquoi vous a-t-il paru évident d’aller du judaïsme au christianisme plutôt que de vous tourner vers la religion juive? J .-M. L. – Mais le christianisme est un fruit du judaïsme! Pour être plus c1air, j’ai cru au Christ, Messie d’Israël. Quelque chose s’est cristallisé que je portais en moi depuis des années sans que j’en aie parlé à personne. Je savais que le judaïsme portait en lui l’espérance du Messie. Au scandale de la souffrance répondait l’espérance de la rédemption des hommes et de l’accomplissement des promesses que Dieu a faites à son peuple. Et j’ai su que Jésus est le Messie, le Christ de Dieu.

D. W. -,’. A ce moment-là, n’y a-t-il pas eu en vous un sentiment de révolte?
J … M. L.’- C’était la découverte du Messie d’Israël et du Fils de Dieu, et donc celle de Dieu aussi, confirmée. C’était encore pour moi l’âge métaphysique et déjà l’âge du doute. « Est-ce que Dieu existe? » Question de la rationalité critique, question lancinante ou subliminaire de la pensée; il m’a fallu quinze ans, vingt ans pour en sorti, compte tenu de la culture à laquelle j’avais part et de mon évolution personnelle. 

J.-L. M. – Mais au moment même de la conversion, ou de cette prise de conscience, y avait-il ce doute ? 

J .-M. L. – La certitude absolue que Dieu existe et sa négation radicale qui fait dire: Dieu n’existe pas; les deux pensées m’habitaient successivement et parfois simultanément. Mais je savais au fond, même lorsque je n’étais plus certain de croire, que Dieu existait, puisque j’étais juif. 

D. W. – Pourquoi cela? 

J.-M. L. – Mais parce que je savais bien que Dieu nous avait choisis pour montrer qu’il existe! 

J.-L. M. – Vous insistez beaucoup, et je le comprends, sur le fait qu’il n’y avait pas de prosélytisme dans le milieu qui vous a accueilli. 

J .-M. L. – J’insiste là-dessus parce que le prosélytisme est la première idée qui vient à l’esprit dans une situation pareille. Gest aussi ce que mes parents ont tout de suite incriminé. 

J.-L. M. -Je vais dire la même chose: est-ce que le prosélytisme réussi n’est pas celui qui se fait oublier? 

J.-M. L. – Je n’en sais rien. Tout ce que je peux vous dire, c’est que j’étais un gamin insupportable, très orgueilleux et d’une personnalité accusée. Il ne fallait pas me marcher sur les pieds. J’imagine qu’on peut me manipuler – tout le monde est manipulable – mais les interlocuteurs que j’avais là étaient des hommes et des femmes d’une évidente honnêteté. Ils m’ont, de plus, rendu le service d’être critiques à mon égard, de me remettre à ma place. 

D. W. – Vos parents ne vous ont-ils pas proposé une solution alternative: approfondir la foi Juive ? 

J.-M. L. – Oui, bien sûr. Nous avons eu une entrevue avec un personnage célèbre du judaïsme, une discussion qui a duré deux heures, chez lui. Je lui ai « démontré» que Jésus est le Messie. Au moment où nous sortions il a dit à mes parents: «Vous ne pouvez rien; laissez-le faire. » 

D. W. -Le conflit familial a dû être très violent. Vous avez trouvé du réconfort auprès de votre mère ou auprès de votre Père? 

J.-M. L. – C’est très compliqué. Ma mère est morte trop tôt. 

Ma mère a été déportée et est morte à Auschwitz. Avec mon père il y a une évolution qui n’a pas pu se produire avec ma mère : la réponse n’est donc pas possible. Mon père était plutôt avare de paroles. Quand il parlait, la force était énorme, mais contenue. Ma mère, au contraire, était expansive, plus nerveuse, plus expressive. 

J.-L. M. – Vos parents auraient pu aussi considérer que cette conversion n’était peut-être pas une mauvaise chose, dans le contexte historique? 

J .-M. L. – Ils ont fait ce calcul. Ils y ont vu une protection, face à la présence des Allemands. Je crois que c’est pour cela qu’ils l’ont acceptée. Je leur ai dit : « Ça ne servira à rien. » 

J.- L. M. – Et vous-même, ces circonstances historiques ne vous gênaient-elles pas ? Je veux dire : n’est-il pas difficile de quitter le judaïsme au moment où les juifs sont persécutés. 

J .-M. L. – Je n’ai pas fait de raisonnement politique. Pour moi, il n’était pas un instant question de renier mon identité juive. Bien au contraire. Je percevais le Christ, Messie d’Israël, et je voyais des chrétiens qui avaient de l’estime pour le judaïsme. 

J.-L. M. – N’avez-vous jamais rencontré de chrétiens dépourvus d’estime à l’égard du judaïsme? 

J .-M. L. – A mes yeux, les antisémites n’étaient pas fidèles au christianisme. 

J.-L. M. – Cela ne fait pas beaucoup de chrétiens en France! 

J .-M. L. – Cétaient des goyim, des païens; ils n’étaient pas chrétiens. 

J.-L. M. – Les choses pour vous se passaient sur un plan spirituel, mais la réalité historique était-elle présente? 

J .-M. L. – La réalité historique était au contraire extrêmement forte, mais elle n’intervenait pas sous forme d’opportunité politique dans mon chemin. Peu d’années après, j’ai lu les cahiers clandestins de Témoignage chrétien où je retrouvais clairement mes convictions. De Lubac, Fessard et Journet, qui écrivaient dans la clandestinité sur la résistance au paganisme nazi et sur le judaïsme, ont dit ce qu’il fallait dire. 

D. W. – Vous souvenez-vous de la date de votre communion? 

J.-M. L. -. Baptême et communion, le 25 août 1940; et la confirmation, le 15 septembre 1940, par l’évêque d’Orléans, dans la chapelle de l’évêché d’Orléans où j’ai célébré la messe comme évêque près de quarante ans plus tard. 

J . – L. M. – Vous avez changé de prénom· à cette occasion?  J.-M. L. – Non. J’ai gardé mon prénom d’état civil, Aron, qui est le prénom de mon grand-père paternel. La tradition voulait que, quand le grand-père mourait, l’un des petits-fils prenne son nom, et je l’ai gardé comme nom de baptême parce que c’était mon nom et qu’Aron, le Grand Prêtre, figure avec Moïse au calendrier chrétien. Et j’ai ajouté Jean et Marie. Jean était le prénom de mon parrain.
 

27 JANVIER JOUR DE LA MEMOIRE: JEAN MARIE LUSTIGER PARLE DE LA SHOAH

27 janvier, 2008

du site:

http://www.cardinalrating.com/cardinal_54__article_680.htm  

Le cardinal Lustiger parle de la Shoah 

Jan 28, 2005 


L’archevêque de Paris représentera Jean-Paul II aux commémorations de la libération du camp d’Auschwitz. Il s’est expliqué sur le sens de cette «mission»

Le cardinal Lustiger ne voulait plus retourner à Auschwitz. Lui qui s’y était rendu en 1983, en compagnie de Mgr Albert Decourtray, ancien archevêque de Lyon, ne souhaitait plus revenir sur «ce lieu de mort». Là même où sa mère, et plus d’une trentaine de membres de sa famille paternelle, ont été assassinés.

À Auschwitz pourtant, l’archevêque de Paris sera bien présent, jeudi 27 janvier. Parce que «le Pape le lui a demandé». Parce qu’il doit le représenter aux commémorations du 60e anniversaire de la libération du camp d’extermination. C’est ainsi que Jean-Marie Lustiger situe le cadre de ce qu’il appelle sa «mission».

Il ne se rendra pas à Auschwitz à titre personnel – «je ne suis pas un ancien déporté», glisse-t-il avec pudeur, «même si je fais partie de ceux qui auraient dû, auraient pu être embarqués» – mais comme responsable, avec d’autres, des hommes croyants et des hommes incroyants. Par devoir. Pour «qu’on ne se trompe pas sur l’importance de cet anniversaire».

Mgr Lustiger veut souligner la portée universelle de la Shoah
Dès vendredi 21 janvier, devant quelques journalistes, il s’est attelé à ce travail d’explicitation et de mémoire. L’archevêque de Paris a déjà plus d’une fois évoqué la singularité de la Shoah, mais cette fois-ci, c’est sa portée universelle qu’il a tenu à souligner.

Face à «au moins trois entreprises de falsification de la réalité de l’extermination» – la première par les nazis eux-mêmes, la seconde par le régime stalinien, et la troisième par les révisionnistes occidentaux –, il lui paraît urgent de bien prendre la mesure de l’événement, pour l’humanité tout entière. La Shoah est certes d’abord l’affaire du peuple juif, estime-t-il. Mais elle est aussi celle des bourreaux. Et au-delà encore, elle concerne «l’ensemble de l’humanité».

La Shoah, c’est «l’extermination technique, moderne, délibérée d’un peuple, souligne le cardinal. Elle est le symptôme décisif, singulier, unique en son genre, de ce qu’est capable de faire l’humanité, quand elle déraisonne et met au service de la folie sa puissance.» La Shoah montre jusqu’où peut aller la folie humaine, et il faut que les générations à venir soient éduquées à cette responsabilité. Non comme une culpabilité, mais comme une «mise en garde».

À son ton devenu brusquement plus grave, on sent combien la question préoccupe le cardinal : «Comment graver dans les consciences des générations à venir qu’ils ont à gérer leur liberté pour qu’elle ne soit pas folle ?», s’interroge-t-il.

Universelle, la Shoah l’est aussi par ceux qu’elle a voulu exterminer, poursuit Mgr Lustiger : il n’y a aucune explication sociale, économique, démographique, culturelle à une telle volonté de supprimer le peuple juif. Si ce peuple a été tué, développe Mgr Lustiger reprenant là une idée qui lui est chère, c’est parce qu’il est porteur de cette loi morale fondamentale que sont les dix commandements (les droits de l’homme). C’est en ce qu’il est porteur de l’idée d’une transcendance que l’athéisme peut nier «mais dont toute personne humaine de la civilisation occidentale porte la trace, ne serait-ce que dans son histoire».

On a voulu «tuer le messager pour supprimer le message»
La loi nazie était une loi de prétention divine, analyse l’archevêque de Paris. Avec le peuple juif, il «s’agissait de tuer le témoin». De «tuer le messager pour supprimer le message». En cela aussi, la portée d’Auschwitz est universelle, conclut le cardinal : « Auschwitz dévoile ce que nous refusons de voir dans tous les malheurs, toutes les tragédies humaines, les massacres et les guerres : tous relèvent du même mépris de l’homme. Cet homme qui est, pour les croyants, l’image de la représentation de Dieu.»

Et ici, la Shoah peut servir de clé de lecture pour lire les autres événements qui touchent l’homme, souligne Jean-Marie Lustiger. Elle reste, par sa dimension religieuse et technique, à la cime des destructions humaines, l’événement qui permet de voir le défi posé à l’humanité. Avec la disparition progressive des derniers témoins, observe encore le responsable du diocèse de Paris, «nous allons passer du souvenir à l’histoire».

Il y a urgence à comprendre cette histoire, estime le cardinal. D’où l’utilité de tous ces témoignages de rescapés dont sont emplis les journaux depuis une semaine. D’où l’importance, aux yeux du cardinal, de la commémoration du 60e anniversaire de la libération d’Auschwitz. 

Homélie de Mgr André Vingt-Trois – Messe des obsèques du cardinal Lustiger

11 septembre, 2007

du site: 

http://catholique-paris.cef.fr/vingttrois/homelies/lustiger-obseques.php

Archevêque et prêtres > L’Archevêque de Paris

Homélie de Mgr André Vingt-Trois,
Archevêque de Paris

Vendredi 10 août 2007,
Messe des obsèques du cardinal Lustiger
Messe en la cathédrale Notre-Dame de Paris

 « Rien n’est impossible à Dieu… »

Cette parole de l’ange Gabriel à Marie, rapportée par l’évangile de saint Luc que nous venons d’entendre, éclaire l’existence de chacun de ceux que Dieu appelle et qu’Il accueille dans son alliance. Elle éclaire particulièrement la vie du cardinal Jean-Marie Lustiger que nous accompagnons aujourd’hui tandis qu’il entre dans la lumière de Dieu et avant que son corps ne repose dans cette cathédrale, sa cathédrale. A travers ce que sa discrétion et sa pudeur ont laissé paraître de son histoire personnelle, nous comprenons que les enchaînements d’une vie peuvent toujours être déchiffrés de manière différente, selon la clé de lecture que l’on utilise. On peut évidemment lire l’histoire de la famille Lustiger dans la seule logique des bouleversements européens du XX° siècle qui conduisirent une famille juive à s’expatrier de Pologne en France, puis à subir la chasse meurtrière des nazis. On peut aussi la lire comme un chemin au long duquel les épisodes douloureux et les épreuves atroces sont comme la partie visible et cruellement éprouvée d’une alliance entre Dieu et l’humanité, entre Dieu et son Peuple élu, entre Dieu et chacun des humains dont Il veut faire ses fils.

Cette lecture croyante de l’histoire d’une vie est celle que Jean-Marie Lustiger a voulu partager dans les quelques ouvrages où il a levé un voile sur son histoire. Ce n’était pas chez lui un besoin de se justifier, moins encore un exercice apologétique. C’était un acte de foi et d’action de grâce : la volonté de témoigner du ressort ultime de son existence. Pouvons-nous quelques instants le suivre sur cette voie de la foi et de l’action de grâce pour évoquer quelques traits de cette personnalité si riche ? Pour ceux qui ont eu la chance de l’approcher et de le connaître personnellement, ce n’est ni son intelligence, ni l’acuité de son esprit, ni l’amplitude de sa culture, toutes réelles qu’elles fussent, qui frappaient d’abord, mais plutôt la vigueur et la force de sa foi. Avant tout, il était un croyant. Que ce soit dans l’accueil de la Parole de Dieu, dans l’expérience vécue des sacrements de l’Église, dans l’annonce de l’Évangile ou dans la conduite quotidienne de sa vie, tout était reçu de Dieu et tout était rapporté à Dieu. Sa découverte et sa rencontre en Jésus-Christ du Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, avaient établi définitivement sa vie dans le régime de la grâce, du don reçu gratuitement et sans autre motif que la miséricorde du Dieu tout-puissant.

Persuadé d’avoir tout reçu gratuitement, il était passionné du désir d’annoncer à tous la surabondance de l’amour de Dieu pour l’humanité et de transmettre l’appel du Christ à vivre de cet amour. Depuis son premier ministère auprès des étudiants jusqu’à ses dernières initiatives apostoliques comme archevêque de Paris, toute son activité, foisonnante et incessante, était animée par ce désir. Des chemins de la Terre Sainte aux routes de Chartres, des appels paroissiaux à « Agir par la Foi » aux initiatives diocésaines couronnées par « Paris-Toussaint 2004 », toutes ces entreprises dans lesquelles il s’est engagé e sans réserve visaient à faire connaître le Christ, Sauveur du monde. Loin de se laisser enfermer dans le monde ecclésiastique, il avait dans la société française et dans le monde entier d’innombrables contacts: dans l’université comme dans le monde économique, dans les milieux politiques comme dans l’univers culturel. Son élection à l’Académie Française établit avec cette illustre compagnie des liens qui n’étaient pas seulement de convenance. Ce tissu serré de relations était comme une sorte de paroisse universelle où il voulait exercer son ministère de prêtre du Christ et de témoin de la foi. Créé cardinal par le regretté Pape Jean-Paul II, il portait avec lui le souci pastoral de l’Église entière en partageant profondément sa vision de l’homme dans le monde de ce temps.

Avec l’encouragement et le soutien de Jean-Paul II, il a posé pour le développement des relations entre les juifs et les chrétiens des actes décisifs que peut-être lui seul pouvait engager. Son histoire personnelle le conduisait à se reconnaître comme un témoin privilégié de la vocation universelle de l’Alliance conclue au Sinaï entre Dieu et son Peuple. Quelles que soient les incompréhensions bien explicables quelles que soient les souffrances secrètes dont il fût blessé, jamais il ne renonçait à ce qu’il comprenait comme sa mission propre. Ce que l’acuité de l’analyse et la perspicacité de l’intelligence lui révélaient comme une fulgurance se traduisait immédiatement en projet d’action et d’évangélisation. Ce qui lui advenait devait servir à l’accomplissement de la mission avec une exigence dont tous ses collaborateurs ont été les témoins et les acteurs sous son impulsion. Dans une période de la vie de l’Église Catholique où les regrets et les lassitudes risquaient de réduire les ambitions apostoliques à la mesure des moyens supposés, il discernait, – et pas seulement pour le plaisir intellectuel du paradoxe -, des opportunités nouvelles , il engageait de nouveaux projets, quitte à perturber la quiétude même des moins timorés. Ce n’était chez lui ni le désir de promouvoir ses œuvres propres, ni l’impatience d’agir, comme certains pouvaient l’en soupçonner. Cette tension permanente vers des objectifs à atteindre relevait de l’espérance raisonnée et d’une lecture des « signes des temps ».

En un quart de siècle cette passion de l’évangélisation s’est exprimée par des fondations qui trouvent peu à peu leur maturité : création de nouvelles paroisses, constructions d’églises, École cathédrale, Radio Notre-Dame, Séminaire diocésain, Fraternité Missionnaire des Prêtres pour la Ville, télévision KTO, Faculté Notre-Dame, Collège des Bernardins sont autant de ces projets dont l’articulation et la cohérence apparaissent à mesure qu’ils se développent. Il faut aussi évoquer les Journées Mondiales de la Jeunesse de Paris en 1997 et leur rayonnement tant en France que dans le monde et le lancement des Congrès pour l’évangélisation dont Budapest sera la prochaine étape en septembre 2007. Cette activité était enracinée dans une vie de communion au Christ. Prêtre, puis évêque d’Orléans et Archevêque de Paris, Jean-Marie Lustiger fut vraiment un maître spirituel. Il ne fut pas seulement un prédicateur talentueux et écouté, il avait le souci de la qualité de la prière dans l’Église, jusque dans la perfection de la mise en œuvre liturgique, conscient que Dieu agit à travers les gestes et les signes donnés aux hommes. Les moins avertis pouvaient bien n’y voir qu’un travers de maniaquerie ; en fait, ce qui l’animait était le souci de vivre par la pureté et la beauté des signes le sens profond des rites et d’aider les fidèles à y entrer. Comment pourrions-nous l’oublier dans cette cathédrale dont il a souhaité et réalisé le réaménagement que nous voyons et où il a si souvent présidé la Messe dominicale, célébré la Messe chrismale, ordonné les prêtres et les diacres du diocèse ?

Si le temps de l’historien n’est pas encore venu, nous sommes déjà dans le temps de l’action de grâce. Nous rendons grâce à Dieu d’avoir envoyé sur notre chemin un témoin tel que Jean-Marie Lustiger. Les fruits de son ministère parmi nous ne révèlent pas seulement une personnalité exceptionnelle ; ils sont à reconnaître comme des signes de l’œuvre de Dieu dans l’histoire humaine. Ils nous encouragent à comprendre comment nos limites et nos faiblesses, les difficultés rencontrées et les épreuves subies, sont autant d’occasions de reconnaître la puissance de Dieu agissant dans la faiblesse de ses serviteurs. Quelle que soit la valeur de la « poterie », pour reprendre l’expression de Paul, c’est de Dieu, – nous en sommes convaincus -, que vient la puissance extraordinaire du trésor qui nous est confié. C’est Dieu Lui-même qui se penche sur la faiblesse de ses serviteurs et de ses servantes pour les couvrir de l’ombre de son Esprit et les associer à l’enfantement mystérieux auquel participe la création tout entière. Le 8 décembre 1979, lors de sa consécration épiscopale à Orléans, la liturgie de la fête de l’Immaculée Conception proposait le récit de l’Annonciation dans l’évangile selon saint Luc. Est-ce cette occasion providentielle ou un choix plus délibéré qui conduisit Jean-Marie Lustiger à prendre le message de l’ange comme une phrase de référence, sinon comme une devise : « Rien n’est impossible à Dieu ! » ? Toujours est-il qu’il aimait revenir à cette profession de foi en la puissance de Dieu à travers la faiblesse des comportements humains. Ses entreprises les plus hardies n’ont-elles pas été marquées par cette confiance que Dieu seul construit et conduit son Église selon sa volonté ? S’il s’émerveillait, ce n’était ni de la notoriété, des charges ou des honneurs, ni non plus des incompréhensions, des jalousies ou des méchancetés, qui constituent la face visible de l’existence de quiconque approche des sommets des organisations humaines. Ce qui était la source de sa joie et de son action de grâce, c’était de voir que la Providence accomplissait son œuvre par des voies qui nous restent souvent mystérieuses mais que la foi apprend à reconnaître. Il ne recherchait pas l’approbation du monde, mais il cherchait toujours avec confiance et obstination à déchiffrer cet itinéraire par lequel Dieu veut conduire son Peuple.

Par le témoignage de sa vie, comme de celle de tant de disciples du Christ depuis deux mille ans, nous avons la preuve quotidienne que, vraiment, « rien n’est impossible à Dieu. » Ce qui a été vrai dans la vie de la Vierge Marie, ce qui a été vrai dans la vie de Jean-Marie Lustiger, est vrai aussi dans chacune de nos existences, et donc chacune et chacun d’entre nous, nous sommes appelés avec lui à reprendre à notre compte la réponse de Marie au message de l’ange : « Voici la servante du Seigneur ; que tout se passe pour moi selon ta parole. »

+ André Vingt-Trois

Archevêque de Paris

par Zenith le texte integral de le telegramme du Pape Benoît pour le Card. Lustiger:

17 août, 2007

par Zenith le texte integral de le telegramme du Pape Benoît pour le Card. Lustiger:

http://www.zenit.org/article-15946?l=french++

Hommage de Benoît XVI au défunt card. Lustiger

Un « pasteur passionné par la recherche de Dieu et par l’annonce de l’Evangile »

ROME, Jeudi 16 août 2007 (ZENIT.org) – Un « pasteur passionné par la recherche de Dieu et par l’annonce de l’Evangile » : c’est en ces termes que le pape Benoît XVI a rendu hommage au cardinal Lustiger dans un télégramme adressé à l’archevêque de Paris, Mgr André Vingt-Trois.

A l’occasion des funérailles du cardinal Jean-Marie Lustiger, archevêque émérite de Paris, présidées par son successeur, Mgr Vingt-Trois, le pape Benoît XVI a en effet rendu un hommage appuyé au cardinal défunt dans un message confié à son envoyé spécial, le cardinal Paul Poupard, président du conseil pontifical de la Culture.

Le message du pape a été lu par le cardinal Poupard au terme de la célébration, à Notre Dame de Paris, le 10 août dernier.

« Apprenant avec une vive émotion le décès du cardinal Jean-Marie Lustiger, archevêque émérite de Paris, je tiens à vous exprimer ma profonde union de prière avec l’archidiocèse de Paris, avec les proches du défunt et avec tous ceux que touche la disparition de cette grande figure de l’Eglise en France », dit le télégramme.

« Je confie à la miséricorde de Dieu le cher cardinal Lustiger qui consacra généreusement sa vie au service du peuple de Dieu dans le diocèse d’Orléans et dans l’archidiocèse de Paris. Je rends grâce au Seigneur pour son ministère épiscopal, gardant présent le souvenir de ce pasteur passionné par la recherche de Dieu et par l’annonce de l’Evangile au monde. De son ministère auprès des étudiants, il avait gardé le souci des jeunes. Dans les communautés qui lui ont été confiées, il contribua à développer l’engagement missionnaire des fidèles et il s’attacha particulièrement à renouveler la formation des prêtres et des laïcs », soulignait le pape.

Benoît XVI ajoutait: « Homme de foi et de dialogue, il se dépensa généreusement afin de promouvoir des relations toujours plus fraternelles entre chrétiens et juifs ».

La prière juive des endeuillés, le kaddish, a en effet été priée sur le parvis de la cathédrale Notre-Dame par Arno Lustiger, cousin du cardinal et la communauté juive présente, avant les funérailles chrétiennes, en présence de la soeur du cardinal, Arlette et d’autres membres de sa famille.

Jonas Moses-Lustiger, arrière-petit cousin du cardinal a déposé sur le cercueil de la terre de Terre sainte recueillie en deux lieux différents symbolisant les deux peuples qui habitent cette terre: au monastère Saint-Georges-Kosiba près de Jéricho, et à Jérusalem, au jardin situé au sommet du Mont des Oliviers.

Avant d’être scellée dans un coffret, cette terre a été portée au Kotel le mur occidental de soubassement de l’ancien temple d’Hérode le Grand, appelé aussi Mur des Lamentations, puis en la basilique du Saint-Sépulcre, au Calvaire – ou Golgotha, lieu de la mort du Christ – et au tombeau du Christ, lieu de la résurrection.

Le cercueil du cardinal portait cette inscription: « Aron Jean-Marie cardinal Lustiger 1926 1981 2005 + 2007 ».

Jonas Moses-Lustiger a lu le Psaume 113 en hébreu puis en français. C’est le cardinal Lustiger qui lui avait demandé ce geste de verser cette terre dans une coupe, sur son cercueil, terre de la « Terre Sainte », où il avait pensé accomplir son ministère sacerdotal.

« Intellectuel clairvoyant, il sut mettre ses dons au service de la foi, pour rendre présent l’Evangile dans tous les domaines de la vie de la société », insistait encore le pape dans son télégramme.

« En gage de réconfort, je vous accorde, Monseigneur, la bénédiction apostolique, ainsi qu’à vos auxiliaires, aux proches du cardinal défunt, aux prêtres, aux diacres, aux personnes consacrées, aux fidèles de l’archidiocèse et à toutes les personnes qui prendront part aux obsèques », concluait Benoît XVI.

Après avoir salué le président de la République et les autorités présentes, Mgr Vingt-Trois s’est adressé au cardinal Poupard, représentant du pape Benoît XVI en ces termes : « Le pape Benoît XVI, par sa délicate attention, nous apporte le réconfort de son amitié et de sa prière. Eminence, nous sommes très touchés du choix que le Saint Père a fait en vous envoyant parmi nous et nous vous prions de bien vouloir lui exprimer notre reconnaissance et notre affection respectueuse ».

Le cardinal Lustiger avait choisi les textes de la messe, dont l’évangile de l’Annonciation à Marie, celui de sa messe d’ordination comme évêque à Orléans en 1979. Il en avait tiré sa devise épiscopale: « Rien n’est impossible à Dieu », a souligné Mgr Vingt-Trois.

Le cardinal Jean-Marie Lustiger a marqué d’une empreinte très profonde l’Eglise de Paris – qu’il laissait complètement renouvelée au moment de passer le témoin à Mgr Vingt-Trois, nommé le 11 février 2005 -, mais aussi de France et du monde, en particulier au cours de ses quelque 25 ans d’épiscopat et de cardinalat (il avait été créé cardinal au cours du consistoire du 2 février 1983, après avoir été nommé archevêque de Paris le 31 janvier 1981). Il s’est éteint à Paris, le dimanche 5 août, en la fête de la dédicace de la basilique Sainte-Marie Majeure, à la maison médicale Jeanne Garnier.

Atteint d’un cancer des os et des poumons, il était hospitalisé dans cette unité de soins palliatifs depuis le mois d’avril. Une unité dont il avait posé la dernière pierre. A un ami qui lui demandait s’il souffrait, le cardinal avait répondu : « Je ne souffre pas, mais j’ai des douleurs… ». Quatre personnes de différents continents qui l’ont accompagné jour après jour ces derniers mois ont allumé des cierges autour de son cercueil au début de la célébration à laquelle participaient, dans la cathédrale comble et sur le parvis Jean-Paul II, quelque 5000 personnes, de différentes confessions et religions, dont le président français Nicolas Sarkozy et l’ancien président polonais Lech Walesa, et des évêques du monde entier.

La célébration a été transmise par Radio Notre-Dame et sur la chaîne de télévision KTO, medias qu’il a fondés et où l’on peut réentendre différents hommages.

Le site du diocèse de Paris (catholique-paris.cef.fr) permet de lire les hommages de l’Académicien Maurice Druon – au « cardinal juif » – de Benoît XVI, ainsi que l’homélie de Mgr Vingt-Trois, collaborateur du cardinal Lustiger dès son ministère en paroisse à Sainte-Jeanne de Chantal, et de revoir les obsèques.

Le cardinal Lustiger repose en la crypte de la cathédrale Notre-Dame – dans le caveau des archevêques – auprès du coffret de Terre sainte avec cette inscription voulue par lui :

« Je suis né juif.
J’ai reçu le nom
de mon grand-père paternel, Aron.
Devenu chrétien
par la foi et le baptême,
je suis demeuré juif
comme le demeuraient les Apôtres.
J’ai pour saints patrons
Aron le Grand Prêtre,
saint Jean l’Apôtre,
sainte Marie pleine de grâce.
Nommé 139e archevêque de Paris
par Sa Sainteté le pape Jean-Paul II,
j’ai été intronisé dans cette cathédrale
le 27 février 1981,
puis j’y ai exercé tout mon ministère.
Passants, priez pour moi ».

L’hommage de la nation au cardinal Lustiger

10 août, 2007

 du site:

http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3224,36-943377@51-942139,0.html

L’hommage de la nation au cardinal Lustiger

LE MONDE | 10.08.07 | 11h29  •  Mis à jour le 10.08.07 | 12h56

Porté par six séminaristes, le cercueil traverse la foule présente sur le parvis de Notre-Dame de Paris, sa cathédrale, avant d’être posé sur le pavé. C’est la première image des obsèques, vendredi matin 10 août, de Jean-Marie Lustiger. Le cardinal, qui avait lui-même réglé le détail de la cérémonie, voulait ainsi saluer une dernière fois son « peuple » – fidèles, parisiens, étrangers – quand son « peuple » saluerait son défunt.

L'hommage de la nation au cardinal Lustiger dans Jean-Marie Lustiger Image72

Il avait voulu faire de ses funérailles un acte d’alliance des deux religions issues d’Israël. Son arrière-petit cousin, Jonas Moses-Lustiger, lit en hébreu et en français un psaume, dépose sur le cercueil un vase de terre ramassée à Jéricho et Jérusalem, transportée au Mur des lamentations et au Saint-Sépulcre. Comment mieux résumer l’enracinement dans la Terre sainte et le parcours si singulier de ce « prince de l’Eglise » qui n’avait jamais renié son judaïsme? Toujours sur le parvis, penché sur le cercueil, l’historien Arno Lustiger, son cousin, récite en araméen le « kaddish des endeuillés », la prière juive des défunts, accompagné de rabbins et de personnalités juives venus rendre hommage à leur « frère » archevêque. « Dieu, que ton Royaume vienne. Que ton nom soit loué pour les siècles des siècles » : ces paroles ne sont pas étrangères à des oreilles chrétiennes. Certains ont regretté que le kaddish n’ait pas été récité à l’intérieur de la cathédrale. « Il ne fallait pas choquer. Le cardinal lui-même n’aimait pas le mélange des genres », répond un prêtre parisien.

Puis la maîtrise de Notre-Dame entonne le Requiem. Porté cette fois par six prêtres en étole violette, le cercueil remonte la nef de la cathédrale. La cérémonie tourne à l’hommage de toute une nation, au-delà de ses communautés et croyances, pour une haute figure morale et spirituelle. Arlette Lustiger, sœur du défunt, et sa famille, Mgr André Vingt-Trois, son successeur à Paris, conduisent le deuil. Au premier rang, le chef de l’Etat, Nicolas Sarkozy, revenu de ses vacances aux Etats-Unis, exprime la sympathie de la République. François Fillon, de nombreux ministres, Bernadette Chirac, Bertrand Delanoë, la France officielle sont là. La communauté juive aussi, conduite par Richard Prasquier, président du CRIF et d’autres amis du cardinal comme Ady Steg, le président de l’alliance israélite universelle ou Serge Klarsfeld, qui a eu le privilège de le voir peu de temps avant sa mort.

Le cercueil est posé à même la dalle de pierre devant le maître-autel, pour signifier le dépouillement. Des religieuses allument quatre cierges en signe d’espérance de la Résurrection. Les insignes de l’évêque – la crosse, la mitre – et du prêtre – l’aube et l’étole – sont disposés sur le cercueil ou autour. Le cardinal avait aussi choisi les textes de sa messe de funérailles, notamment l’Evangile de l’Annonciation à Marie qui avait été celui de sa consécration comme évêque à Orléans en 1979, dans lequel figure cette formule « Rien n’est impossible à Dieu », dont il avait fait sa devise épiscopale. C’est ce thème que développera Mgr Vingt-Trois dans son homélie.UN MESSAGE DU PAPE

L’armée des célébrants qui bénissent le corps et montent à l’autel est impressionnante. Image de l’Eglise universelle dont l’archevêque de Paris fut l’un des « ténors » pendant un quart de siècle. Une quarantaine de ses amis évêques et cardinaux, français et étrangers, sont là, venus de Pologne (Franciszek Macharski, Josef Glemp, Josef Zycinski), de Vienne (Christophe Schönborn), de Rome (Camillo Ruini), de Bruxelles (Godfried Danneels), de Washington (Theodor Mac Carrick), de Westminster (Cormac Murphy O’Connor), de Cologne (Joachim Meissner), etc. Ils ont « rendu grâce » pour l’homme de foi, le passeur de frontières que fut le cardinal Lustiger.

Le Vatican est représenté par le cardinal Paul Poupard, président du conseil pour la culture, envoyé personnel du pape, et Jean-Louis Tauran, chargé à la Curie du dialogue interreligieux. Le premier devait lire un message de Benoît XVI, dont il était proche, louant à son tour « une grande figure de l’Eglise, respectée de tous (…), passionnée par la recherche de Dieu et par l’annonce de l’Evangile ». Le dernier intervenant devait être Maurice Druon, secrétaire perpétuel de l’Académie française.

Henri Tincq

h_9_ill_943379_lustiger dans Jean-Marie Lustiger

http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3224,36-943377@51-942139,0.html

la suite de le passage du livre de Lustiger posté hier

8 août, 2007

je continue où j’ai laissé hier la lecture du livre « Le choix de Dieu », e reporte seul les deux pages suivantes au but de finir le discours entreprise, page 595:

D.W. – Qu’en est- il de l’histoire humaine? Dieu fait l’histoire, sait l’histoire, voit l’histoire des hommes?

J.M.L. – C’est un difficile problème à maîtriser en peu de mots, parce qu’il sous-entend le rapport de la volonté divine et de la liberté des hommes. Les représentations trop simplistes consistent à s’imaginer les hommes comme marionnettes dont Dieu tirerait les ficelles. Une autre vision, non moins simpliste, consiste à se représenter un principe tellement transcendant qu’il est absent, c’est-à-dire qu’il ne s’occupe de rien. Ecartez ces deux caricature de la contingence des libertés humaines et de l’absolu de la liberté divine, du temps et de l’éternité, et vous découvrirez la position intuitive du croyant. Le croyant « sait » qu’il a reçu sa liberté de Dieu et que le champ de l’expérience humaine est un lieu de liberté; il « sait » que sa liberté se déploie avec d’autant plus de puissance qu’il entre dans une plus grande soumission à Dieu. C’est une affirmation paradoxale: Dieu agit d’autant plus qu’il donne à l’homme une plus grande et souveraine liberté d’agir. Loin de se présenter comme deux entités antinomiques et contradictoires, exclusives l’une de l’autre, la liberté de l’homme se reçoit de la liberté de Dieu. Alors, « Dieu sait » et « Dieu voit »? Oui, ce sont des paroles de l’Ecriture qu’il faut garder et que qui sont d’une puissante consolation, d’une grande force! « Dieu sait », oui, Dieu sait même ce que l’homme ne sait pas, et Dieu voit ce qui échappe au regard des hommes. Cette référence à l’Alliance est une fantastique source de liberté.

D.W. – Ce que vous appelez liberté n’est en général pas vécu comme cela.

J.M.L. – Je pense à cette phrase de Victor Hugo :  » l’œil était dans la tombe et regardait Caïn » C’est une très belle phrase; elle a pourtant le défaut de transporter dans le registre de la culpabilité le regard paternel de Dieu. C’est donc en contresens, car la culpabilité exprime précisément l’absence de liberté de l’homme pécher.

D.W. – Voulez-vous dire que la liberté, c’est de se savoir pécheur?

J.M.L. – La liberté, c’est de se savoir pécheur pardonné, alors que la culpabilité, c’est finalement le refus de reconnaître et le péché er le pardon; elle fait de Dieu l’image de son propre tourment. « L’œil était dans la tombe et regardait Caïn. » Ce qui regardait Caïn, suivant le poète, c’était son crime, sa culpabilité, ce n’était pas le pardon! Et l’œil était « dans la tombe »! Cette phrase est admirable, mais elle est fausse, car Dieu n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants.

Jean-Marie Lustiger, un passage du livre : « La choix de Dieu », Edition de Fallois, 1987, page 594 ;

7 août, 2007

Hier je suis allé à l’église de Saint Louis de France, église National de France a Rome, je peux allé avec un autobus seulement, on prier pour le Cardinal Lustiger le prêtre, le leur souvenir et da part de l’Ambassade de France a Rome ;

Je désire poster un passage d’un livre du Lustiger, vous comprends que je ne me peu pas m’attarder trop, mais le passage que j’ai choisis ait besoins de le final, il n’st pas trop longe, après il commence en autre part de le chapitre, demain je vous le mis sur le Blog ;

Jean-Marie Lustiger, un passage du livre : « La choix de Dieu », Edition de Fallois, 1987, page 594 ;

Je peu intitulé ce passage : « l’Histoire humaine et l’histoire saint »

C’est en entretien avec Jean-Louis Missika et Dominique Wolton :

« Demande de D.W. – Mais y a-i-il une ou deux histoires et quel sont les rapport entre L’histoire humaine et l’histoire surnaturelle ?

Réponse de J.M.L. – il n’y a qu’une seule histoire, mais il y a plusieurs manières de la voir et de la vivre. Ce qu’on appelle l’histoire humaine c’est l’histoire telle que les hommes la voient ; et l’Histoire sainte, c’est l’histoire telle que Dieu la voit et la fait avec les hommes. Tant que Dieu ne nous a pas donné Sa Lumière, nous ne pouvons en avoir que des pressentiments, et nous aurions tort d’imaginer voir l’histoire comme Dieu la voit tout entière et prendre la place que lui seul peut occuper, la place de juge.

L’Histoire sainte est à la fois l’histoire de la rédemption des hommes et celle du jugement opéré au cours de cette histoire. L’histoire événementielle que les hommes se racontent est celle où nous accumulons, sans être d’ailleurs capable de les maîtriser, des souvenirs qui se détruisent au fur et à mesure qu’ils s’accumulent. Nous ne pouvons pas avoir la mémoire de toute l’histoire et c’est une poignante douleur de penser que nous perdons la mémoire de ceux qui nous précèdent. Les civilisations anciennes pensaient se souvenir des ancêtres, mais ce n’est pas vrai ! On oublie. On oublie pace qu’il est impossible de garder l’écoulement de la vie et en souvenir. Et quand bien même nous aurions mis en mémoire sur ordinateur la totalité des noms recueilles dans tous les états civils du monde, cela ne constitue pas une mémoire vivante. Il y a vraiment une espèce de fuite, de retombée dans l’abîme du néant. La mémoire humaine n’est pas capable de se souvenir de l’humanité, de toute l’humanité. C’est une chose qui me fascine, la pensée qu’étant homme appartenant à l’espèce humaine, je suis incapable de connaître e reconnaître la totalité des hommes qui existent de par ce monde. Comment accepter d’être limité au point de ne connaître que quelques être humains et de les connaître si mal et si peu, alors qu’ils sont mes frères? L’humanité est oublieuse d’elle-même, inéluctablement oublieuse d’elle-même. C’est ne pas une reproche, c’est un constat pur et simple. Il y a là une expérience qui peut être surmontée dans l’espérance du Salut où la foule innombrable sera reconnue et connue. Dieu seul peut avoir ce regard sur l’humanité entière.

 

Eglise chatolique de Paris – Hommeges au Cardinal Lustiger

7 août, 2007

de l’Eglise chatolique de Paris:

http://catholique-paris.cef.fr/diocese/lustiger/hommages.php

Hommages au Cardinal Lustiger

Sa Sainteté le Pape Benoît XVI

 Apprenant avec une vive émotion le décès du cardinal Jean-Marie Lustiger, archevêque émérite de Paris, je tiens à vous exprimer ma profonde union de prière avec l’archidiocèse de Paris, avec les proches du défunt et avec tous ceux que touche la disparition de cette grande figure de l’Eglise en France. Je confie à la miséricorde de Dieu le cher cardinal Lustiger qui consacra généreusement sa vie au service du peuple de Dieu dans le diocèse d’orléans et dans l’archidiocèse de Paris. Je rends grâce au Seigneur pour son ministère épiscopal, gardant présent le souvenir de ce pasteur passionné par la recherche de Dieu et par l’annonce de l’Evangile au monde. De son ministère auprès des étudiants, il avait gardé le souci des jeunes. Dans les communautés qui lui ont été confiées, il contribua à développer l’engagement missionnaire des fidèles et il s’attacha particulièrement à renouveler la formation des prêtres et des laïcs. Homme de foi et de dialogue, il se dépensa généreusement afin de promouvoir des relations toujours plus fraternelles entre chrétiens et juifs. Intellectuel clairvoyant, il sut mettre ses dons au service de la foi, pour rendre présent l’Evangile dans tous les domaines de la vie de la société. En gage de réconfort, je vous accorde, Monseigneur, la bénédiction apostolique, ainsi qu’à vos auxiliaires, aux proches du cardinal défunt, aux prêtres, aux diacres, aux personnes consacrées, aux fidèles de l’archidiocèse et à toutes les personnes qui prendront part aux obsèques.Nicolas Sarkozy
Président de la République

Je viens d’apprendre avec tristesse la disparition du Cardinal Jean-Marie Lustiger, la France perd une grande figure de la vie spirituelle, morale, intellectuelle et naturellement religieuse de notre pays.
Sa personnalité était à l’image des épreuves que la vie lui avait fait traverser et qui furent d’abord celles de l’Europe au cours du 20ème siècle. Elles avaient forgé un homme de caractère, mais aussi d’engagement et de liberté d’esprit.

Dans toutes les responsabilités qui lui furent confiées, Jean-Marie Lustiger ne se donna jamais à moitié. Archevêque de Paris, il renouvela profondément la vie du diocèse, dynamisa les paroisses, transforma la formation des prêtres et des laïcs. Cardinal, il fut le relais inlassable de l’esprit de la génération Jean-Paul II, en particulier à l’occasion des Journées mondiales de la Jeunesse à Paris en 1997, dont il fut l’artisan principal.

Pour ma part, j’ai toujours apprécié de pouvoir trouver en lui un interlocuteur authentique, qui ne dissimulait pas ses convictions, et dont la liberté de ton était pour moi un signe du respect et des attentes qu’il avait à l’égard des responsables publics.

Pour tous les hommes et toutes les femmes de foi, mais aussi pour tous ceux qui s’interrogent sur le rôle du fait religieux dans l’histoire de l’humanité, le parcours spirituel du Cardinal Lustiger restera à la fois un exemple et un grand mystère. Ayant vécu dans sa chair la continuité entre le judaïsme et le christianisme, mais aussi l’originalité du message chrétien qui conduit certains à faire le don absolu et exigeant de leur personne, Jean-Marie Lustiger était l’image même de l’homme de foi et de vie intérieure.

Lors des échanges téléphoniques que j’ai eus avec Jean-Marie Lustiger au cours des dernières semaines, j’ai trouvé un homme de grand courage, lucide sur son état, mais plein de l’Espérance de rencontrer bientôt Celui auquel il avait consacré sa vie.

Je m’associe à la peine des catholiques de France, des religieux et des religieuses, des prêtres et des évêques, qui savent gré au Cardinal Lustiger d’avoir toujours cherché à conforter les valeurs morales, la force spirituelle et l’exigence intellectuelle du catholicisme français. Je sais aussi que leur espérance les soutient dans l’épreuve qu’ils traversent.

Cardinal Jean-Pierre Ricard
président de la Conférence des évêques de France

Alors que le cardinal Jean-Marie Lustiger vient de s’éteindre, bien des images me reviennent à l’esprit pour évoquer sa riche et forte personnalité.
Jean-Marie Lustiger a d’abord été un homme de Dieu. Il a été comme saisi par Dieu lorsqu’il l’a rencontré. Elevé dans la conscience de son identité juive, c’est dans la lecture de la Bible, et en particulier de l’Evangile, qu’il a découvert le Christ, Messie d’Israël et lumière des nations.

Tout au long de son ministère de prêtre puis d’évêque, conscient d’avoir été appelé et choisi par Dieu, il a voulu témoigner avec passion de Celui qui, par sa mort sur la croix, sauve l’humanité.

Son intelligence vive, son intérêt pour la pensée et la culture contemporaines, sa perception du sens de l’histoire, dont il connaissait intimement le tragique, sa curiosité insatiable, ses intuitions fulgurantes sur l’évolution de la civilisation occidentale et les dangers qui pouvaient la menacer, ont fait de lui une voix écoutée, non seulement par les chrétiens, mais aussi par tous ceux qui oeuvrent au respect de la conscience humaine et s’interrogent sur le devenir de notre culture et de notre société.

Evêque d’Orléans puis archevêque de Paris pendant vingt quatre ans, il a profondément marqué et renouvelé son diocèse, en particulier dans le domaine de la formation, avec la création du séminaire de Paris et de l’Ecole cathédrale, et dans le domaine de la communication, avec Radio Notre-Dame et le lancement de la chaîne KTO.

Au sein de la conférence épiscopale, il tenait une place spécifique. Son acuité intellectuelle et sa profondeur spirituelle lui permettaient d’enrichir la réflexion et les débats de ses analyses et de ses propositions pour la mission de l’Eglise aujourd’hui.

Nommé cardinal en 1983, il a été membre de plusieurs congrégations pontificales. La confiance et l’amitié qui le liaient au pape Jean-Paul II ont fait de lui un conseiller écouté et une figure de l’Eglise catholique au-delà des frontières de notre pays. Profondément concerné par la transmission de la Foi aux jeunes générations, il a été un ardent promoteur des Journées Mondiales de la Jeunesse (JMJ) dont le succès en 1997 à Paris lui doit beaucoup.

Invitant les catholiques à mieux redécouvrir leurs racines spirituelles dans la première Alliance, il a poursuivi jusqu’au bout le dialogue avec le judaïsme, aidant à la relecture historique, favorisant les liens, invitant à dépasser les préjugés.

Mgr Christoph Schönborn
Archevêque de Vienne
Mémento pour le Cardinal Jean-Marie Lustiger
Un grand homme, un grand chrétien, un grand évêque.

Certes, « Dieu seul est grand ». Mais Sa grandeur se manifeste dans le don qu’il fait d’y participer. Le Cardinal Lustiger en est un témoin privilégié. Par son appartenance au Peuple élu d’abord. La trajectoire de sa vie a manifesté à quel point le choix de Dieu est concret, incontournable. Sa vie et celle de sa famille, celle de sa mère en particulier, est tellement liée à tout le destin du Peuple élu en ces temps modernes, en ce « siècle des loups » comme l’appelait le poète juif et russe, Osip Mandestam. P
our moi, Jean-Marie Lustiger incarnait d’une façon bouleversante le drame et la beauté des racines juives de la foi et la vie chrétienne. Le Cardinal était pour moi l’image vivante de cette parole du Christ nous invitant à prendre Son joug et à porter Son fardeau, légers tous les deux, accomplissant de cette disponibilité, cette volonté et du choix de Dieu. L

e Christ Jésus, gloire d’Israël et lumière des Nations, est sans aucun doute au cœur de cette vie qui vient d’achever sa part terrestre en la vigile de la Transfiguration. Saisi par le Christ, Jean-Marie Lustiger lui a rendu, remis, tous ses dons, riches, d’intelligence, d’intuition, d’action, de ténacité, de courage, de force. Rencontres décisives pour lui, pour l’Eglise, entre beaucoup d’autres, celles du P. Hans von Balthasar, et (par lui ?) du Pape Jean-Paul II, dont il restera un des très proches jusqu’à la fin.

Grâce soit rendue à l’intuition de Jean-Paul II de l’avoir appelé au siège de Paris ! Ces 24 ans marquent un avant et un après de l’Eglise qui est à Paris. En cette Europe qui a tant besoin qu’on lui dise d’où elle vient, qui elle est et où est sa responsabilité, la voix et l’action du Cardinal Lustiger est de la qualité des grands prophètes du Peuple élu. Ses nombreux fils spirituels savent qu’ils doivent plus qu’un souvenir nostalgique.

J’ai pu visiter le Cardinal deux semaines avant son départ. A la fin, il disait : « Au revoir, ici ou là-haut ». Jusqu’à cet au revoir, il faut y aller, son exemple oblige –et donne du courage. Et son aide ne manquera pas !

Hommages au Cardinal Lustiger adressés à Mgr Vingt-Trois,br>archevêque de Paris

Monseigneur Jean-Pierre Blais
évêque auxiliaire et vicaire général de Québec

À l’Archidiocèse de Québec, nous avons appris avec regret le décès de Monsieur le Cardinal Jean-Marie Lustinger. Même si nous savions déjà que son état de santé allait en se détériorant, son départ nous attriste beaucoup.
En l’absence de Monsieur le Cardinal Marc Ouellet, en son nom et au nom des évêques auxiliaires de l’Archidiocèse de Québec, Monseigneur Jean-Pierre Blais, évêque auxiliaire et vicaire général, tient à exprimer à l’Archidiocèse de Paris leur profonde sympathie et l’assurance de leur fraternelle prière.

Puisse ce grand serviteur du Seigneur et de l’Église que fut Monsieur le Cardinal Lustinger goûter maintenant l’éternel repos !

Rabbin Daniel FARHI
Mouvement Juif Libéral de France

‘ai appris avec une immense tristesse la disparition de votre prédécesseur à l’Archevéché de Paris, Mgr Jean-Marie Lustiger (z »l = zikhrono liverakha: que son souvenir nous soit bénédiction). Je vous prie d’accepter ici l’expression de mes très sincères condoléances.
Comme vous vous en souviendrez, vous êtes vous-même venu à la cérémonie du Yom Hashoa que notre communauté, le MJLF organise depuis 1991 en procédant à la récitation ininterrompue de 24 heures des noms des déportés juifs de France. À ce titre, Mgr Lustiger était venu de nombreuses fois honorer cette cérémonie de sa présence et aussi – parfois en pleine nuit – lire lui-même les noms du convoi dans lequel se trouvait sa mère, Gisèle Lustiger, déportée sans retour à Auschwitz. Il s’est, à ces occasions, entretenu avec moi.

Lorsque je l’ai su hospitalisé à la maison médicale Jeanne Garnier (toute proche de notre synagogue du 15ème), je lui ai fait savoir, par M. Lambert, que je souhaitais lui rendre visite. Il avait accepté, mais malheureusement, son état empirant, ça n’a pas été possible. Du moins ai-je la consolation qu’il l’ait su.

Mgr Maurice Fréchard
archevêque émérite d’Auch

Au nom de la communauté des chapelains de la Basilique du Sacré Coeur de Montmartre et des prêtres qui les aident durant l’été, au nom aussi des adorateurs de Montmartre, je t’adresse mes condoléances fraternelles et émues alors que nous avons appris tard hier soir le retour à Dieu du cher Cardinal Jean-Marie LUSTIGER, au soir du Jour du Seigneur. Avec l’Eglise qui est à Paris, nous avons prié pour le Cardinal durant la dure épreuve de santé qui fut la sienne. Au matin de la fête de la Transfiguration du Seigneur, nous confions notre ancien pasteur à la miséricorde et à la tendresse du Père qui transfigurera nos pauvres corps à l’image du corps glorieux de son Fils. Nous prions aussi pour notre Archevêque actuel.
Mgr Michel Méranville
archevêque de Fort-de-France-Saint-Pierre (Martinique)

Associés au deuil du peuple de Dieu dans l’hexagone et bien au-delà, partout où a rayonné la grande figure du Cardinal Lustiger, nous voulons partager aussi l’espérance qui a donné la plénitude de son sens à toute sa vie.
Dans l’Eucharistie de demain qui sera célébrée à son intention, nous demanderons au Seigneur de lui donner dans son « Royaume la place préparée pour lui depuis toujours ».
Mgr Antoine Ganye
Président de La Conférence Episcopale du Bénin
Excellence,
La nouvelle de la subite disparition de Son Eminence Jean-Marie Lustiger Cardinal Lustiger nous est parvenue au Bénin comme une douleur aussi poignante qu’une incision dans la chair vive.
Archevêque Emérite de Paris et Membre à l’Académie Française, le Cardinal Lustiger était connu des Béninois pour sa grande renommée, sa générosité sans mesure et surtout pour son zèle pastoral à travers sa visite au Bénin en août 2004 lors du cinquantenaire du pèlerinage national marial de Dassa-Zoumè qu’il accepta de présider et au cours duquel il a couronné la Patronne du Sanctuaire de la Grotte d’Arigbo, Marie, Notre Dame de la Paix.
La mémoire du Cardinal Lustiger désormais immortelle nous porte à voir dans sa disparition le signe du grain tombé en terre pour que germent d’innombrables générations porteuses de beaux fruits et remplies de témoins de l’Amour du Christ.
En ces jours de douleur, la Conférence des Evêques du Bénin voudrait vous exprimer ses sincères condoléances, ainsi qu’à toute la famille éplorée. Elle tient à manifester à tout le peuple français sa profonde compassion et sa communion de prières et d’espérance en la résurrection du cher disparu.
Métropolite Emmanuel, de France, Métropole Grec-orthodoxe de France, Exarchat du Patriarcat Œcuménique.

Votre Eminence,
La nouvelle de la « dormition » du serviteur de Dieu Cardinal Jean-Marie Lustiger en vigile de la fête de la Transfiguration de Notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ, et juste neuf jours avant la vigile de la Dormition de la Mère de Dieu et toujours Vierge Marie, nous touche beaucoup.
Nous prions le Seigneur afin qu’il fasse reposer son âme parmi les justes, et le confions particulièrement à la Protection de la Vierge Marie dont il portait le prénom.
En effet, toute son œuvre était centrée sur le soutien de l’Eglise qu’il aimait tant, et qu’il voulait pure et sans tâche.
Nos pensées vont aussi vers vous afin que le Seigneur vous donne sa force pour conduire les funérailles de votre bien-aimé prédécesseur, parmi les chants des anges proclamant Saint Dieu, Saint Fort, Saint Immortel, aie pitié de nous.
Veuillez agréer, Eminence, l’assurance de mes ferventes prières.

Archimandrite Arsenios Kardamakis, Vicaire général, Métropole Grec-Orthodoxe de France Exarchat du Patriarcat Œcuménique )

Votre Eminence,
Monseigneur Emmanuel et moi-même avons rencontré Monseigneur Jean-Marie Lustiger à plusieurs reprises et tenons à vous assurer de nos condoléances et de nos prières pour le repos de son âme.
La douloureuse maladie qui l’a atteint et lui a donné la possibilité de visiter consciemment l’enfer tout en gardant la prière, est sans doute le chemin permis mais non désiré par Dieu, afin qu’il entre désormais dans son Royaume, là où il n’y plus ni douleur, ni gémissement ni tristesse, mais la vie éternelle.
Veuillez agréer, Votre Eminence, l’expression de ma haute considération et mes condoléances les plus sincères.

Frère Alois
Communauté de Taizé

Cher père archevêque, Au moment où la Cardinal Lustiger est entré dans la vie d’éternité, je voudrais vous dire que nous, les frères de Taizé, nous partageons la peine de sa famille, comme de l’Eglise de France, et nous prions en particulière communion avec les prêtres et les fidèles des diocèses d’Orléans et de Paris.
Sa mort nous touche. Notre frère Roger l’a rencontré à Paris, à Rome, à Taizé. Nous avons eu aussi plusieurs occasions de collaborer avec lui. Au long des années de son ministère, quatre fois notre rencontre européenne de jeunes a eu lieu à Paris et en Ile-de-France. Il a alors ouvert des paroisses de son diocèse, il nous a rejoint pour la prière commune, la dernière fois il a célébré à cette occasion la messe à Notre-Dame de Paris.
Maintenant, déjà le Cardinal contemple l’invisible et il prie pour nous tous.
A vous-même, cher père Archevêque, et au diocèse de Paris, j’adresse mes plus cordiaux messages et ma sympathie fraternelle.
Mgr Alain Planet
évêque de Carcassonne

L’évêque de Carcassonne & Narbonne s’associe à la peine et à l’espérance de l’Eglise qui est à Paris. Il n’oublie pas que dans des conditions particulièrement difficiles c’est à Narbonne que le cardinal a prononcé sa dernière homélie qui fut d’une particulière élévation.
Bertrand Delanoé
Maire de Paris

La disparition du cardinal Jean-Marie Lustiger est une grande perte pour Paris. Archevêque de la capitale pendant un quart de siècle, après avoir été aumônier de la Sorbonne et curé de la paroisse Sainte-Jeanne de Chantal, il a aimé cette ville et l’a admirablement comprise, dans toutes ses dimensions, spirituelle, intellectuelle culturelle et sociale. Ses paroles exprimaient la force de ses convictions, sa vaste culture, son intelligence rigoureuse, sa lucidité. Lui qui avait éprouvé cruellement l’une des plus grandes tragédies du XXème siècle, portait partout un message d’espérance. Il était attentif à tous. Il ne laissait personne indifférent, au-delà même des catholiques et des croyants.
Je mesure la perte que sa disparition représente pour le diocèse de Paris et aussi pour l’Eglise universelle. Il était écouté du Pape Jean-Paul II. Son implication personnelle dans le rapprochement entre l’Eglise catholique et le judaïsme a été décisive. En Allemagne, aux Etats-Unis, en Afrique, dans les Eglises et dans les Universités, ses interventions étaient reçues avec la plus grande attention.
A vous qui avez été l’un de ses plus proches, comme vicaire puis comme évêque auxiliaire, j’exprime mes très sincères condoléances.
Je vous prie aussi de bien vouloir transmettre le témoignage de ma sympathie aux membres de sa famille, ainsi qu’aux prêtres et aux fidèles du diocèse de Paris.
Veuillez agréer, Monseigneur, l’expression de ma haute considération.
Johanne Gurfinkie
Secrétaire général de la CICAD – Coordination Intercommunautaire Contre l’Antisémitisme et la Diffamation

C’est avec émotion que la CICAD tient à rendre hommage au Cardinal Jean-Marie Lustiger décédé ce dimanche 5 août 2007.
La CICAD garde la mémoire d’un Homme qui a su agir pour que le respect et l’amitié entre Catholiques et Juifs prévalent après des siècles d’enseignement du mépris.

Acteur clé de la réconciliation, il avait participé aux côtés du Cardinal Georges-Marie Cottier, le 29 juin 2006 à la célébration, organisée par la CICAD, de la Déclaration Nostra Aetate.

Son intervention restera gravée dans nos souvenirs comme un moment d’intense émotion.

La CICAD veut rendre hommage à l’œuvre de l’Homme exceptionnel, un Homme de cœur et d’engagement.

Philippe Bordeyne,
Doyen de la Faculté de Théologie et de Sciences Religieuses à l’Institut Catholique

Cher Père,
Apprenant ce matin le décès du Cardinal Lustiger, notre ancien Chancelier, je m’associe avec la Faculté de théologie de l’IPC à la peine et à l’espérance du diocèse de Paris, je partage l’émotion de l’Eglise de France et de si nombreux Français qu’il avait su toucher par sa parole et son témoignage de foi. Il nous a souvent provoqué à pousser plus loin la réflexion sur nos choix et nos orientations, nous rappelant qu’il ne peut y avoir de demi-mesures dans la suite du Christ et dans la réponse à l’Amour de Dieu. Que dans sa pâque, il puisse goûter la joie de la promesse faite à Moïse et à Elie, pleinement réalisée en Jésus.
A vous-même qui avez été son compagnon de route et d’agir pastoral, j’adresse mes sincères condoléances.

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