Archive pour la catégorie 'MEDITATION POUR LE TEMPS DE L’AVENT'

NOËL SELON CHARLES PÉGUY

19 décembre, 2017

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NOËL SELON CHARLES PÉGUY

Poème pour le temps de l’Avent et de Noël de Charles Péguy (1873-1914)

Chaque poutre du toi…

Chaque poutre du toit était comme un vousseau.
Et ce sang qui devait un jour sur le Calvaire
Tomber comme une ardente et tragique rosée
N’était dans cette heureuse et paisible misère
Qu’un filet transparent sous la lèvre rosée.

Sous le regard de l’âne et le regard du bœuf
Cet enfant reposait dans la pure lumière.

Et dans le jour doré de la vieille chaumière
S’éclairait son regard incroyablement neuf.
Et ces laborieux et ces deux gros fidèles
Possédaient cet enfant que nous n’avons pas eu.

Et ces industrieux et ces deux haridelles
Gardaient ce fils de Dieu que nous avons vendu.
Et les pauvres moutons eussent donné leur laine
Avant que nous n’eussions donné notre tunique.

Et ces deux gros pandours donnaient vraiment leur peine.
Et nous qu’avons-nous mis aux pieds du fils unique ?
Ainsi l’enfant dormait sous ce double museau,
Comme un prince du sang gardé par des nourrices.

Et ces amusements et ses jeunes caprices
Reposaient dans le creux de ce pauvre berceau.
L’âne ne savait pas par quel chemin de palmes
Un jour il porterait jusqu’en Jérusalem

Dans la foule à genoux et dans les matins calmes
L’enfant alors éclos aux murs de Bethléem…
« Chaque poutre du toit… »,

Eve, Gallimard, 1913

SOLENNITÉ DE LA NATIVITÉ DU SEIGNEUR – HOMÉLIE DU PAPE BENOÎT XVI (2010)

18 décembre, 2017

http://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/homilies/2010/documents/hf_ben-xvi_hom_20101224_christmas.html

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Nativity (Novgorod)

SOLENNITÉ DE LA NATIVITÉ DU SEIGNEUR – HOMÉLIE DU PAPE BENOÎT XVI (2010)

Dieu, comme un petit enfant… il mendie, pour ainsi dire, notre amour)

MESSE DE MINUIT

Basilique Vaticane

24 décembre 2010

Chers Frères et Sœurs!

«Tu es mon Fils, moi, aujourd’hui, je t’ai engendré» – par ces paroles du Psaume deuxième, l’Église commence la liturgie de la Nuit Sainte. Elle sait qu’à à l’origine ces paroles appartenaient au rituel du couronnement des rois d’Israël. Le roi, qui en soi est un être humain comme les autres hommes, devient “ fils de Dieu” par l’appel et l’installation dans sa charge: c’est une espèce d’adoption de la part de Dieu, un acte de décision, par lequel il donne à cet homme une nouvelle existence, l’attire dans son propre être. De façon encore plus claire, la lecture tirée du prophète Isaïe, que nous venons d’entendre, présente le même procédé dans une situation de tourment et de menace pour Israël: “Un enfant nous est né, un fils nous a été donné; l’insigne du pouvoir est sur son épaule” (9, 5). L’installation dans la charge du roi est comme une nouvelle naissance. Justement comme nouveau né de la décision personnelle de Dieu, comme un petit enfant venant de Dieu, le roi constitue une espérance. Sur ses épaules repose l’avenir. Il est le détenteur de la promesse de paix. Dans la nuit de Bethléem, cette parole prophétique est devenue réalité d’une manière qui au temps d’Isaïe aurait encore été inimaginable. Oui, aujourd’hui c’est vraiment un petit enfant celui sur les épaules duquel est le pouvoir. En lui apparaît la nouvelle royauté que Dieu établit dans le monde. Ce petit enfant est vraiment né de Dieu. Il est la Parole éternelle de Dieu, qui unit l’une à l’autre humanité et divinité. Pour ce petit enfant valent les titres de dignité que le cantique de couronnement d’Isaïe lui attribue : Merveilleux Conseiller – Dieu-Fort – Père-à-jamais – Prince de la Paix (9, 5). Oui, ce roi n’a pas besoin de conseillers appartenant aux sages du monde. Il porte en lui-même la sagesse et le conseil de Dieu. Justement dans la faiblesse du fait d’être un petit enfant il est le Dieu fort et il nous montre ainsi, devant les pouvoirs prétentieux du monde, la force propre de Dieu.
Les paroles du rituel du couronnement en Israël, en vérité, étaient toujours seulement des rituels d’espérance, qui prévoyaient de loin un avenir qui aurait été donné par Dieu. Aucun des rois salués de cette façon ne correspondait à la sublimité de ces paroles. En eux, toutes les paroles sur la filiation de Dieu, sur l’installation dans l’héritage des nations, sur la domination des terres lointaines (Ps 2, 8) restaient seulement un renvoi à un avenir – presque des panneaux signalétiques de l’espérance, des indications qui conduisaient vers un avenir qui en ce moment là était encore inconcevable. Ainsi l’accomplissement des paroles qui commence dans la nuit de Bethléem est en même temps immensément plus grand et – du point de vue du monde – plus humble que ce que les paroles prophétiques laissaient entrevoir. Il est plus grand, parce que ce petit enfant est vraiment Fils de Dieu, vraiment “ Dieu né de Dieu, lumière née de la lumière, engendré, non pas créé, de même nature que le Père”. L’infinie distance entre Dieu et l’homme est dépassée. Dieu ne s’est pas seulement penché vers en bas, comme disent les Psaumes; il est vraiment “descendu”, entré dans le monde, devenu l’un de nous pour nous attirer tous à lui. Ce petit enfant est vraiment l’Emmanuel, “le Dieu-avec-nous”. Son royaume s’étend vraiment jusqu’aux confins de la terre. Dans l’étendue universelle de la sainte Eucharistie, il a vraiment érigé des îlots de paix. Partout où elle est célébrée, on a un îlot de paix, de cette paix qui est propre à Dieu. Ce petit enfant a allumé parmi les hommes la lumière de la bonté et leur a donné la force de résister à la tyrannie du pouvoir. En chaque génération il construit son royaume de l’intérieur, à partir du cœur. Mais il est vrai aussi que “le bâton du tortionnaire” n’a pas été brisé. Aujourd’hui aussi marchent, bruyantes, les chaussures des soldats et toujours encore et toujours de nouveau il y a le “manteau couvert de sang“ (Is 9, 3s). Ainsi la joie pour la proximité de Dieu fait partie de cette nuit. Nous rendons grâce parce que Dieu, comme un petit enfant, se donne entre nos mains, il mendie, pour ainsi dire, notre amour, il répand sa paix dans notre cœur. Cette joie, toutefois, est aussi une prière: Seigneur, réalise totalement ta promesse. Brise les bâtons des tortionnaires. Brûle les chaussures bruyantes. Fais que finissent le temps des manteaux couverts de sang. Réalise la promesse: “La paix sera sans fin” (Is 9, 6). Nous te rendons grâce pour ta bonté, mais nous te prions encore: montre ta puissance. Établis dans le monde la domination de ta vérité, de ton amour – le «royaume de la justice, de l’amour et de la paix».
“Marie mit au monde son fils premier-né” (Lc 2, 7). Avec cette phrase, saint Luc raconte, de manière absolument privée de pathos, le grand événement que les paroles prophétiques dans l’histoire d’Israël avaient entrevu par avance. Luc qualifie le petit enfant de “premier-né”. Dans le langage qui s’est formé dans la Sainte Écriture de l’Ancienne Alliance, “premier-né” ne signifie pas le premier d’une série d’autres enfants. La parole “premier-né” est un titre d’honneur, indépendamment de la question de savoir si ensuite suivent d’autres frères et sœurs ou non. Ainsi dans le Livre de l’Exode (4, 22), Israël est appelé par Dieu “mon fils premier-né”, et ainsi s’exprime son élection, sa dignité unique, l’amour particulier de Dieu Père. L’Église naissante savait qu’en Jésus cette parole avait reçu une nouvelle profondeur; qu’en lui sont résumées les promesses faites à Israël. Ainsi la Lettre aux Hébreux appelle Jésus “le premier-né”, simplement pour le qualifier, après les préparations de l’Ancien Testament, comme le Fils que Dieu envoie dans le monde (cf. He 1, 5-7). Le premier-né appartient de façon particulière à Dieu, et pour cela – comme dans de nombreuses religions – il devait être de façon particulière remis à Dieu et être racheté par un sacrifice substitutif, comme saint Luc le raconte dans l’épisode de la présentation de Jésus au temple. Le premier-né appartient à Dieu de façon particulière, il est, pour ainsi dire, destiné au sacrifice. Dans le sacrifice de Jésus sur la croix, la destination du premier-né s’accomplit de façon unique. En lui-même, il offre l’humanité à Dieu et unit homme et Dieu de manière telle que Dieu soit tout en tous. Saint Paul, dans les Lettres aux Colossiens et aux Éphésiens, a développé et approfondi l’idée de Jésus comme premier-né: Jésus, nous disent ces Lettres, est le Premier-né de la création – le véritable archétype de l’homme selon lequel Dieu a formé la créature homme. L’homme peut être image de Dieu parce que Jésus est Dieu et Homme, la véritable image de Dieu et de l’homme. Il est le premier-né d’entre les morts, nous disent en outre ces Lettres. Dans la Résurrection, il a abattu le mur de la mort pour nous tous. Il a ouvert à l’homme la dimension de la vie éternelle dans la communion avec Dieu. Enfin, il nous est dit: il est le premier-né de nombreux frères. Oui, aujourd’hui il est cependant le premier d’une série de frères, le premier, c’est-à-dire, qui inaugure pour nous l’être en communion avec Dieu. Il crée la véritable fraternité – non la fraternité, défigurée par le péché, de Caïn et Abel, de Romulus et Remus, mais la fraternité nouvelle dans laquelle nous sommes la famille même de Dieu. Cette nouvelle famille de Dieu commence au moment où Marie enveloppe le “premier-né” dans les langes et le dépose dans la mangeoire. Prions-le: Seigneur Jésus, toi qui as voulu naître comme premier de nombreux frères, donne-nous la vraie fraternité. Aide-nous à devenir semblables à toi. Aide-nous à reconnaître dans l’autre qui a besoin de moi, en ceux qui souffrent ou qui sont abandonnés, en tous les hommes, ton visage, et à vivre avec toi comme des frères et des sœurs pour devenir une famille, ta famille.
L’Évangile de Noël nous raconte, à la fin, qu’une multitude d’anges de la troupe céleste louait Dieu et disait: “Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes qu’il aime” (Lc 2, 14). Dans le chant du Gloria, l’Église a amplifié cette louange, que les anges ont entonnée devant l’événement de la Nuit Sainte, en en faisant une hymne de joie sur la gloire de Dieu. “Nous te rendons grâce pour ton immense gloire”. Nous te rendons grâce pour la beauté, pour la grandeur, pour ta bonté, qui en cette nuit nous deviennent visibles. L’apparition de la beauté, du beau, nous rend joyeux sans que nous devions nous interroger sur son utilité. La gloire de Dieu, d’où provient toute beauté, fait exploser en nous l’étonnement et la joie. Celui qui entrevoit Dieu éprouve de la joie, et en cette nuit nous voyons quelque chose de sa lumière. Mais le message des anges dans la Nuit sainte parle aussi des hommes: “Paix aux hommes qu’il aime”. La traduction latine de cette parole, que nous utilisons dans la liturgie et qui remonte à Jérôme, résonne autrement : “Paix aux hommes de bonne volonté”. L’expression “les hommes de bonne volonté” dans les dernières décennies est entrée de façon particulière dans le vocabulaire de l’Église. Mais quelle traduction est juste? Nous devons lire les deux textes ensemble; nous comprenons seulement ainsi la parole des anges de façon juste. Serait erronée une interprétation qui reconnaîtrait seulement l’œuvre exclusive de Dieu, comme s’il n’avait pas appelé l’homme à une réponse d’amour qui soit libre. Serait aussi erronée, cependant, une interprétation moralisante, selon laquelle l’homme avec sa bonne volonté pourrait, pour ainsi dire, se racheter lui-même. Les deux choses vont ensemble: grâce et liberté; l’amour de Dieu, qui nous précède et sans lequel nous ne pourrions pas l’aimer, et notre réponse, qu’il attend et pour laquelle, dans la naissance de son Fils, il nous prie même. L’enchevêtrement de grâce et de liberté, l’enchevêtrement d’appel et de réponse, nous ne pouvons pas le scinder en parties séparées l’une de l’autre. Les deux sont indissolublement tressés entre eux. Ainsi cette parole est en même temps promesse et appel. Dieu nous a précédés par le don de son Fils. Toujours de nouveau Dieu nous précède de façon inattendue. Il ne cesse pas de nous chercher, de nous relever chaque fois que nous en avons besoin. Il n’abandonne pas la brebis égarée dans le désert où elle s’est perdue. Dieu ne se laisse pas troubler par notre péché. Il recommence toujours à nouveau avec nous. Toutefois il attend en retour notre amour. Il nous aime pour que nous puissions devenir des personnes qui aiment avec lui et ainsi il peut y avoir la paix sur la terre.
Luc n’a pas dit que les anges ont chanté. Il écrit très sobrement: la troupe céleste louait Dieu et disait: “Gloire à Dieu au plus haut des cieux…” (Lc 2, 13s). Mais depuis toujours les hommes savaient que le parler des anges est différent de celui des hommes; que justement en cette nuit du joyeux message, il a été un chant dans lequel la gloire sublime de Dieu a brillé. Ainsi ce chant des anges a été perçu depuis le commencement comme une musique provenant de Dieu, et bien plus, comme une invitation à s’unir dans le chant, dans la joie du cœur pour le fait d’être aimés de Dieu. Cantare amantis est, dit Saint Augustin: chanter est le propre de celui qui aime. Ainsi, au long des siècles, le chant des anges est devenu toujours de nouveau un chant d’amour et de joie, un chant de ceux qui aiment. En ce moment, nous nous associons pleins de gratitude à ce chant de tous les siècles, qui unit ciel et terre, anges et hommes. Oui, nous te rendons grâce pour ton immense gloire. Nous te remercions pour ton amour. Fais que nous devenions toujours plus des personnes qui aiment avec toi et donc des personnes de paix. Amen.

 

MARIE PRÉPARE DES COEURS PURS ET ACCUEILLANTS POUR LA NAISSANCE DE JÉSUS

14 décembre, 2015

http://www.donbosco-torino.it/fra/adma/2009/11-ADMAonLine_09_T.html

MARIE PRÉPARE DES COEURS PURS ET ACCUEILLANTS POUR LA NAISSANCE DE JÉSUS

La Madone nous prépare à vivre le mystère de Noël avec l’Église. Noël est un grand évènement de grâce, qui s’est réalisé dans le passé, se répète dans l’histoire et vient revivre dans nos coeurs, parce que Jésus est notre joie, notre salut, la fin de notre vie, Celui qui nous pardonne : Jésus est notre amour ! Beaucoup vivent Noël avec une joie insouciante, une vaine joie. Nous voulons le vivre avec une joie vraie qui nous fait sentir la présence de Dieu et de son Amour. Noël est la fête de la Famille qui se retrouve en prière devant la crèche, enseigne aux enfants, à travers cette très belle tradition, l’Évangile de Noël, et se rénove dans l’amour. Il est beau de prier devant la crèche pour se préparer à l’évènement fondamental du christianisme : l’incarnation de Dieu qui vient à nous comme un enfant. C’est la fête de la famille, parce que l’icône de Noël est celle de la Sainte Famille : Marie, Joseph et Jésus au centre. Prions devant la crèche et cultivons le climat de Noël, qui est fait de paix, sérénité, sincérité, accueil réciproque, sourire, pardon. Construisons le climat de la Sainte Famille à l’intérieur de nos familles ! La Vierge Marie déposera l’Enfant Jésus non pas dans la crèche, mais en nos coeurs, vrai berceau pour le petit Jésus. Noël se célèbre, en premier lieu dans les coeurs, qui doivent être purifiés du péché moyennant la célébration du sacrement de la réconciliation, ainsi Dieu vient nous habiter. Marie rend nos coeurs accueillants envers Dieu et son Amour et envers les autres, en offrant l’Amour de Dieu que nous avons reçu et en laissant transparaître la lumière de grâce qui nous habite. Malheureusement beaucoup de personnes, même baptisées, ne célèbrent pas Noël, parce qu’elles sont loin de l’Amour de Dieu. Marie nous prépare et nous forme pour que nos coeurs soient purs et accueillants, pour que nous puissions communiquer la joie et l’amour aux personnes que nous rencontrons chaque jour, à commencer par ceux qui vivent dans notre famille. Nous devenons ainsi les mains tendues de Marie, ses mains d’amour ouvertes vers le prochain, vers tous ceux qui se sont perdus dans les marécages du mal, parmi les fausses lumières et duperies, vers ceux qui ne croient plus en Dieu, en Christ et dans le salut, qui ont perdu la foi, l’espoir, l’amour. De cette manière avec Marie nous vivrons avec un esprit nouveau, cet esprit qui fait en sorte que ce n’est plus nous qui vivons, mais le Christ en nous. Avec Marie et avec Lui nous adhérerons totalement à la volonté de Dieu de faire de toute la vie une oeuvre bonne. Nous serons « transparents » et deviendrons le « signe » de cette présence de Dieu parmi les hommes et, pour tout ce que nous ferons, la louange ne se donnera pas pour nous, mais pour le Christ présent en nous et Dieu, à travers nous, sera présent dans le monde. C’est ainsi que la voie de Marie se révèle efficace pour arriver au Christ et elle est surtout belle et joyeuse, pleine de tendre maternité et de soutien affectueux pour tous ceux qui se confient à elle. Sainte fête de Noël  Don Pier Luigi Cameroni, Animateur spirituel

PRIONS MARIE AUXILIATRICE

Confions le nouvel an à la maternelle protection de Marie, Reine de la Paix

Vierge Sainte… Nous t’adressons une suppliante et confiante prière : veille sur le Successeur de Pierre et sur l’Église confiée à ses soins… Reine de la paix, obtiens nous le don de la concorde et de la paix pour tous les peuples et pour l’entière humanité.

Vierge obéissante, Mère du Christ, qui, avec ton docile « oui » à l’annonce de l’Ange, est devenue Mère du Tout-Puissant, aide tous tes fils à seconder les projets que le Père céleste a sur chacun, pour coopérer à l’universel projet de rédemption, que le Christ a accompli en mourant sur la croix.

Vierge de Nazareth, Reine de la famille, rends nos familles chrétiennes foyers de vie évangélique, enrichies du don de nombreuses vocations au sacerdoce et à la vie consacrée. Maintiens solide l’unité de nos familles, aujourd’hui si menacées de toute part, et rends-les foyers de sérénité et de concorde, où le dialogue patient dissipe les difficultés et les contrastes. Veille surtout sur ces divisions et crises, Mère du pardon et de la réconciliation.

Vierge Immaculée, Mère de l’Église, alimente l’enthousiasme de toutes les composantes de notre Diocèse : les paroisses et les groupes ecclésiaux, les associations et les nouvelles formes d’engagement apostolique que le Seigneur suscite avec son Saint Esprit ; rends ferme et décisive la volonté que le Patron de la moisson continue à appeler comme ouvriers dans sa vigne, pour que, résistant à toute flatterie et insidieuses mondanéités, ils persévèrent généreusement en suivant le chemin entrepris, et, avec ton maternel secours, qu’ils deviennent des témoins du Christ attirés par l’éclat de son Amour, source de joie.

Vierge Clémente, Mère de l’humanité, tournes ton regard sur les hommes et les femmes de notre temps, sur les peuples et leurs gouvernants, sur les nations et les continents ; console ceux qui pleurent, qui souffrent, qui peinent à cause de l’injustice humaine, soutiens ceux qui vacillent sous le poids de la fatigue et qui regardent l’avenir sans espoir encourage ceux qui travaillent pour construire un monde meilleur où triomphera la justice et règnera la fraternité, où cesseront l’égoïsme, la haine et la violence. Que toute forme et manifestation de violence soient vaincues par la force pacificatrice du Christ!

Vierge de l’écoute, Étoile de l’espérance, Mère de la Miséricorde, source à travers laquelle est venue dans le monde Jésus, notre vie et notre joie, nous Te remercions et Te renouvelons l’offrande de la vie, certains que Tu ne nous abandonne jamais, spécialement dans les moments sombres et difficiles de l’existence. Accompagne-nous toujours : maintenant et à l’heure de notre mort. Amen!

(Benoît XVI – Viterbo, 6 Septembre 2009)

MARIE, TU AS TROUVÉ GRÂCE DEVANT DIEU – EXTRAIT DE JOHN HALFORD

2 décembre, 2015

http://www.granby.net/~santschi/noel/nh04.htm

MARIE, TU AS TROUVÉ GRÂCE DEVANT DIEU  – EXTRAIT DE JOHN HALFORD

Voici l’histoire d’une femme remarquable, et pleine de foi. TOUTE VOTRE VIE vous avez entendu parler de Marie, la mère de Jésus. Chaque Noël, vous l’avez vue dans les crèches et sur les cartes de vœux. Ou bien sur les tableaux des anciens maîtres sous les traits de la madone, couvrant d’un regard adorateur l’enfant Jésus qu’elle tient dans ses bras. Ou encore représentée peut-être par une statue au visage serein. Tout cela, en fait représente une Marie de légende idéalisée dans des oeuvres d’artistes.

La seule source historique faisant autorité en la matière est le NOUVEAU TESTAMENT, lequel reste très avare d’informations. Pourtant le peu qu’on y trouve suffit à dépeindre une femme remarquable, QUI A PLACÉ SA VIE ENTRE LES MAINS DE DIEU, et dont la vocation fut l’une des plus terribles qu’un être humain ait jamais reçue. La Marie de la Bible est un exemple merveilleux de courage, de foi et de dévouement pour tous ceux, femmes et hommes, qui ont été appelés par Dieu à accomplir Son dessein. Quand on nous présente Marie pour la première fois, elle n’a probablement pas plus d’une vingtaine d’années. Elle vit en Nazareth, ville de Galilée à flanc de collines. Et elle a au moins une sœur (Jean 19:25). Certains indices montrent qu’elle a reçu une bonne éducation, et qu’elle connaît bien les Écritures (ce que nous appelons l’Ancien Testament). Le message des prophètes lui est familier, et elle espère la venue du Messie qui doit rétablir la prospérité de son peuple. Comme d’autres juifs pieux de l’époque, elle espère que cela se produira de son vivant. Entre-temps, Marie a d’autres priorités. Dans quelques mois, elle sera fiancée à un charpentier du nom de Joseph. Elle se réjouit à l’idée de l’avenir calme, paisible et sans histoire, qui se présente à elle dans les collines de Galilée. Cependant, Dieu a d’autres plans. Le temps était accompli pour le Père(Galates 4:4) d’envoyer Son Fils. Le Fils, Dieu dans la chair, naîtrait d’une femme. Marie ne serait pas une femme ordinaire. Il lui faudrait être une femme de grande foi, de sagesse, de courage; il lui faudrait être une femme de caractère et par-dessus tout une femme de devoir. Vers la fin du règne d’Hérode, l’ange Gabriel apparut à Marie porteur d’un incroyable message: « Tu deviendras enceinte, et tu enfanteras un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus (Luc 1:31). Marie demanda: « Comment cela se fera-t-il, puisque je ne connais point d’homme? » (verset 34). Question évidente! L’ange lui expliqua que son enfant n’aurait pas un père humain: « Le Saint-Esprit viendra sur toi, et la puissance du Très-haut te couvrira de son ombre. C’est pourquoi le saint enfant qui naîtra de toi sera appelé Fils de Dieu » (verset 35). Tout ce qu’impliquait le message de l’ange commença à se presser dans l’esprit de la jeune femme. Elle allait être enceinte, et de Dieu. Et qui croirait cela? En tout cas pas Joseph! Un homme d’honneur et de principes, qui attendait de sa future femme qu’elle lui soit fidèle. Sa réponse à l’ange, réponse humble et sereine, n’en est que plus remarquable. Elle dit simplement: « Je suis la servante du Seigneur; qu’il me soit fait selon ta parole! »(Luc 1:38)

DILEMME POUR JOSEPH Tout d’abord, Joseph a vraisemblablement supposé que sa future femme lui avait été infidèle. Comment pourrait-il, dès lors, la prendre pour femme? Qu’allait-on penser d’elle? De lui aussi? Un autre à sa place, poussé par la colère, aurait pu chercher à se venger. Mais, Joseph, nous dit la Bible, était un homme de bien, et il aimait Marie. Il décida de rompre secrètement ses fiançailles (Mathieu 1:19). Mais Dieu intervint. Un ange apparut à Joseph, et lui expliqua la raison véritable de l’état de Marie. Apaisé, Joseph accepta d’épouser Marie. Marie, aussi bien que Joseph risquèrent leur réputation pour accomplir la volonté de Dieu, et les rumeurs sur Jésus, fils illégitime, persistèrent toute Sa vie. Peu après l’apparition de Gabriel, Marie se mit en route vers les montagnes de Judée pour rendre visite à une parente âgée, Élisabeth.

Élisabeth était elle aussi enceinte, miraculeusement, ayant depuis longtemps passé l’âge d’avoir des enfants. Elle aussi avait été choisie par Dieu, six mois auparavant, pour devenir la mère de Jean-Baptiste. Marie resta trois mois auprès d’Élisabeth. Ces deux femmes étaient enceintes, l’une bien trop âgée pour avoir un enfant, l’autre encore vierge. Elles vivaient ensemble un moment unique de l’Histoire, et elles avaient besoin de la présence l’une de l’autre. L’accueil d’Élisabeth à Marie, « Tu es bénie entre toutes les femmes » (Luc 1:42), reçut une admirable réponse (versets 46-55), montrant la compréhension remarquable que possédait Marie. Il semble que Marie demeurât avec Élisabeth jusqu’à la naissance de Jean, avant de retourner à Nazareth. Tandis que le temps où Marie devait accoucher approchait, un édit de César Auguste ordonna un recensement de la population. Pour Joseph, cela impliquait qu’il se rendît dans la ville de ses origines. Marie et Joseph étaient tous deux descendants du roi David; aussi se mirent-ils en route vers le Sud, vers Bethléhem.

JÉSUS EST NÉ On connaît l’histoire—-plus de place à l’auberge, il est possible que Jésus vint au monde dans un endroit habituellement réservé aux animaux qui accompagnaient les voyageurs. La Bible ne dit pas précisément qu’il s’agissait d’une étable, ni qu’il y eût des animaux. Malgré cela les conditions dans lesquelles Jésus est né étaient loin d’être idéales. Plusieurs semaines plus tard, Marie et Joseph, suivant la tradition, présentèrent Jésus au Temple, à Jérusalem. Siméon, un prêtre âgé qui avait toute sa vie attendu pour voir le Messie, bénit le petit enfant et prophétisa qu’Il serait le Sauveur de l’humanité. « Et à toi-même », annonça le prêtre à Marie, « une épée te transpercera l’âme » (Luc 2:35).

DES RÉFUGIÉS Marie et Joseph restèrent à Bethléem plusieurs mois. Leur intention de retourner à Nazareth fut brutalement remise en question, alors que Jésus n’était âgé que de quelques mois. Des mages étaient venus d’orient pour Lui rendre visite. Mais ils s’étaient, par respect, présentés d’abord devant Hérode et lui avaient demandé où ils pourraient trouver le « roi des Juifs »(Mathieu 2:2). Redoutant un rival à sa propre dynastie, Hérode ordonna de tuer tous les enfants mâles de deux ans et au-dessous, qui étaient à Bethléem. Mais un ange avertit Joseph, et tandis que les brigades meurtrières d’Hérode descendaient sur Bethléem, Joseph réveillait Marie pour s’enfuir en Égypte. Concevoir un enfant avant d’être mariée, accoucher dans des conditions dramatiques – maintenant réfugiée – certainement la foi et l’obéissance de Marie furent mises à l’épreuve. La famille demeura en Égypte jusqu’à la nouvelle de la mort d’Hérode. La première intention de Joseph fut de retourner à Bethléem. Peut-être, pensait-il s’y établir, afin d’échapper aux inévitables ragots qui couraient sur leur compte à Nazareth. Cependant, le successeur d’Hérode se révélant aussi tyrannique que son père, Joseph et sa femme retournèrent en Galilée. C’est là que Jésus grandit. Nous n’avons pas de détails sur ces années, si ce n’est l’épisode où Jésus, âgé de 12 ans, fut « perdu » pendant trois jours (Luc 2:41-52). Ses parents, bouleversés, Le retrouvèrent dans le Temple en grande discussion avec les docteurs. Après le commencement du ministère de Jésus, la Bible ne fait plus guère mention de Marie qu’à de rares occasions.

FIDÈLE JUSQUE À LA FIN Jésus fut admiré, respecté et aimé par beaucoup durant Son ministère, mais personne ne L’aima comme Marie. L’amour d’une mère pour un fils ne diminue pas à mesure que celui-ci grandit pour devenir un homme. Marie considéra Jésus d’un point de vue unique, un petit enfant qu’elle avait allaité, puis éduqué et vu se développer jusqu’à l’âge adulte. Le jour où Jésus fut crucifié à dû être la pire expérience de sa vie. Pourtant elle resta avec Lui jusqu’à la fin, elle seule pouvait ressentir Ses heures d’agonie avec une telle compréhension. Il était sa propre chair, son propre sang, pendu sur la croix. Et lorsque le soldat romain transperça Son côté, la lance transperça aussi l’âme de Marie, comme Siméon l’avait prophétisé. Son fils était mort, mais la vie devait continuer. Marie retourna à Jérusalem avec Jean, aux soins duquel Jésus avait confié Sa mère. La dernière fois qu’on aperçoit Marie, elle est parmi un groupe de croyants (Actes 1:14-15) attendant le jour de la Pentecôte où l’Église commencerait son oeuvre. Ni la date ni l’endroit de sa mort ne nous sont connus. D’une certaine façon, Marie fut la première personne chrétienne. La première à apprendre quand précisément le Messie devait venir. La première à accepter les responsabilités, les bénédictions et les tribulations de Son Évangile. Et la première à connaître la joie, l’amour, mais aussi la souffrance et l’affliction qui accompagnent une relation intime avec Lui. Beaucoup d’exemples de foi sont rapportés dans la Bible. Toutefois peu égalent la confiance et l’obéissance de la jeune vierge juive qui, devant l’une des plus terribles responsabilités jamais imposées à un être humain, répondit: « Qu’il me soit fait selon ta parole! »(Luc 1:38)

 

MEDITATION POUR LE TEMPS DE L’AVENT *

28 novembre, 2015

http://www.orthodoxa.org/FR/orthodoxie/textes/avent05.htm

MEDITATION POUR LE TEMPS DE L’AVENT *

Tous les maux et toutes les divisions viennent du cœur chaque fois qu’il perd lui-même sa paix et son unité intérieures (Mt 12/34).

Avoir pour Dieu un cœur de fils, pour le prochain un cœur de mère et pour soi-même un cœur de juge nous rappelle que tant que l’homme vit, il doit se battre sans trêve ni répit d’abord pour se vaincre soi-même . Le premier et le plus grand ennemi de l’homme, c’est l’homme lui-même, perfide à l’égard de lui-même . Et cela parce qu’il n’écoute pas l’autre ; il écoute ce que lui dit sa propre pensée . Tant que l’homme prêtera le flanc aux simagrées de son ego, il ne pourra pas entrer dans « ce monde de la Grâce », dont parle Saint Paul . Au contraire, le premier effet de la perception de la Grâce agissante est d’éloigner l’attraction que l’ ego effectue sur l’esprit humain . Sous l’effet de la Grâce, le quotidien est d’une facilité saisissante, tandis que tous nos meilleurs efforts restent lourds et pesants tant qu’ils sont accomplis selon la volonté sourde de l’ ego .
Etre chrétien, c’est d’abord adhérer personnellement au Dieu vivant, pleinement révélé par Jésus, son Fils, son Christ, c’est-à-dire son Messie . Cela veut dire qu’on ne peut pas transformer la vie spirituelle en une simple éthique sociale ni réduire le vécu chrétien à la seule philanthropie ou aux valeurs qui viseraient uniquement à faciliter le bon fonctionnement de la société . Notre vocation première, c’est de « nous consacrer nous-mêmes, les uns les autres, et toute notre vie au Christ, notre Dieu » .
Etre un disciple du Christ, c’est être un homme ou une femme libre que les menaces n’effraient pas, que l’argent n’achète pas, que les habitudes et les passions n’enchaînent pas . Une personne dont la conduite n’est pas dictée par une morale de groupe ou un conformisme social, mais par la Parole de Dieu librement accueillie et acceptée . De sorte que cette même Parole devienne notre propre langage, qu’Elle structure nos propres pensées, qu’Elle forme et reforme le cœur trop endurci de l’homme . Cela s’obtient, sous la conduite du Saint Esprit, par la lecture de la Bible. Les Saintes Ecritures en effet nous permettent d’entrer dans une communion profonde, intime avec Dieu – Père, Fils et Esprit Saint . Par Elles, le cœur et l’esprit de l’homme s’ouvrent devant le grand mystère de l’amour divin ; mystère du Dieu Père qui désire et qui cherche inlassablement à entrer en communion intime et profonde avec chaque être humain, objet de son amour ineffable et sans limites .
Cela va bien au-delà d’une simple expérience immédiate, émotionnelle de la foi, promettant la délivrance, la santé et la prospérité à travers le don et l’ascèse . Au jour du Jugement dernier, Jésus nous demandera quel Dieu nous avons adoré : l’idole de l’ambition et de la réussite ou bien le Dieu Père, le Dieu de compassion, plein de tendresse envers tous ceux qui cherchent avant tout les vertus des Béatitudes, la pureté du cœur, la paix pour le monde ? L’important donc ici est de savoir distinguer entre les critères du bien et du mal ; entre le permanent et l’éphémère, entre l’existence vraie et l’organisation de l’existence .
Aspirer à un tel état, c’est déjà commencer à le vivre . Au départ il y a la foi . La foi engendre l’ amour . Ce dernier suscite les bonnes œuvres qui, à leur tour, nous donnent d’accéder à la vision de Dieu . « Cette vision se fait au niveau du cœur . C’est pourquoi il a été dit que les cœurs purs verront Dieu . Cela ne se passera pas dans le siècle à venir, dans le Royaume, mais déjà dans le temps présent . Si l’amour de Dieu fait sa demeure en toi, si tu es conscient que tu es aimé de Lui, tu te libères de tout ( 1 Cor.7, 29-31) . » ( métropolite Georges Khodr du Mont-Liban in SOP 243, Paris 1999, pp.33-34 ) .
Se comporter de la sorte ce n’est pas quitter ce monde mais un chrétien ne doit jamais perdre de vue qu’il vit aussi dès maintenant dans le Royaume qui régit son cœur . Il ne vit plus selon la figure de ce monde puisqu’il assume celle du Christ .
On nous rétorquera sans doute : « vous oubliez que nous vivons dans un monde méchant, mensonger, vil, retors, lubrique et versatile ». Nous savons tout cela mais nous voulons quant à nous voir éclore un monde nouveau, que les hommes deviennent des créatures nouvelles . Le monde dans lequel nous vivons a sa logique et nous qui tendons vers le Royaume avons notre logique et nous savons bien que nous serons persécutés et que nous vivrons de nombreuses tribulations à cause de cela . Saint Paul, dans sa lettre aux Romains ( 5, 3-5 ) ne cesse de nous rappeler que « les tribulations produisent la constance, la constance une vertu éprouvée, la vertu éprouvée l’espérance . Et l’espérance ne déçoit point » .
Pour dire les choses simplement : il n’y a pas de vie sans effort . Tout effort étant une crucifixion, ceux qui acceptent de monter sur la croix ont choisi leur lot – celui de la Résurrection, dès ici-bas .
La logique divine, elle aussi, est simple . Elle nous demande de témoigner . Or le témoignage consiste à voir Dieu ici et maintenant et d’en être les témoins . Maintiens ton regard rivé à tout instant sur Dieu et tu Le trouveras toujours à ta droite et Il ne permettra pas que tu vacilles ( Actes 2, 25 ) et le monde ne t’ éblouira pas pour mieux t’engloutir .
En fait, que vaut le monde tout entier quand il se prive des dons qui viennent d’en haut ? Seule la lumière divine, si elle habite l’homme comme un feu et devient sa vie même, peut le relever de la mort et lui annoncer de façon probante la victoire divine de la Résurrection .
Autrement dit : tout part de Jésus et tout aboutit à Lui . C’est Lui qui assume tous les hommes . Il est à la fois cette immensité dans laquelle nous sommes membres les uns les autres et, en même temps, Il est cet Ami qui accueille chacun qui aime chacun et, comme se plaisait à le dire le Patriarche Athénagoras, qui préfère chacun . C’est pourquoi, Saint Paul n’hésitera pas à écrire : « Vous ne vous appartenez pas, vous avez été rachetés pour un prix », sous-entendu au prix du sacrifice de Jésus-Christ . Et il termine par cette invitation : « Glorifiez donc Dieu dans votre corps ( ou par votre corps) » ( 1Cor. 6, 19-20 ) .
Cet appel ou cet avertissement s’applique particulièrement aujourd’hui à la vie professionnelle menée par la vaste majorité d’entre nous . Plutôt que de nous laisser succomber à la tentation de faire une idole de nos projets, de notre travail, de nos ambitions, nous sommes appelés en premier lieu à suivre le chemin vers le Royaume des cieux, à œuvrer en vue de notre salut, à intensifier et approfondir notre vie spirituelle, c’est-à-dire notre vie dans l’Esprit de Dieu . Et enfin, nous sommes appelés à offrir toute notre vie en sacrifice de louange à la gloire de Dieu .
« Pour ceux qui sont réellement pris par l’acharnement au travail, et qui sont dépendants de l’activité professionnelle comme on peut l’être d’une drogue dure, faire une telle offrande de leur vie exige un immense retournement, une libération intérieure, une orientation tout à fait nouvelle . Cela exige d’abord un acte de repentir au niveau du cœur . Et le premier pas dans ce mouvement de repentir et de conversion à l’égard de notre vie professionnelle concerne notre famille, les relations entre époux comme entre parents et enfants… » ( Jean Breck in SOP 225, Paris 1998, p.20 ) .
Glorifier donc le Seigneur dans son corps ou par son corps, cela signifie que Dieu veut que rien ne soit perdu mais Il veut aussi que nous changions nos intentions et l’usage que nous faisons de toute chose et qu’en même temps la pureté prévale dans toutes les utilisations qui sont du ressort de notre quotidien .
Trois exigences me semblent s’imposer ici .
Première exigence : tenter de faire coïncider, au moins autant que faire se peut, le dire et le faire .
On ne peut pas changer le cours du monde . Les guerres et les péchés continuent de prévaloir . Le réalisme impose d’admettre que le monde a toujours été comme cela et que rien ne changera . Mais le réalisme ne doit pas tuer l’espérance tout comme il ne doit pas réduire ou arrêter l’effort : la figure du monde, nous le savons bien, restera toujours la même . Ce qu’il faut changer, c’est l’ordre du monde ainsi que son esprit . Les Ecritures Saintes ne disent nulle part que, lors du Second Avènement, Dieu trouvera un monde meilleur . Mais cela ne doit en aucun cas nous détourner de notre responsabilité d’œuvrer à améliorer le monde et à amener les autres, qui sont nos frères et sœurs, à une naissance nouvelle par la vérité qui est en nous . Il ne faut jamais perdre de vue que notre monde vit sur plusieurs registres . La lumière y voisine avec les ténèbres . Le chrétien doit incessamment éclairer les ténèbres et répandre la lumière autour de lui . C’est en adoptant les desseins de Dieu que le monde s’adaptera aux méthodes divines .
Deuxième exigence : essayer de penser un peu moins contre .
Ne traitons pas les autres comme nous ne souhaitons pas qu’ils nous traitent . Ils ont leur manière d’aimer le Christ ; ils ne manquent ni de sainteté, ni de création de beauté, ni d’intelligence de la foi . Nous n’avons pas à condamner mais à témoigner et à partager . Il peut en résulter un grand approfondissement pour les autres et pour nous-mêmes .
Et encore . L’autre n’est connu que de Dieu seul . Lui seul est juge. Nous n’avons pas à préfigurer le Jugement à Sa place et encore moins à jouer au juge .
« Certes, il y a les réalistes ou ceux qui se prétendent tels, qui se déclarent des maîtres de l’analyse psychologique et psychiatrique mais ils ne sont souvent que pétris de préjugés . Supposons qu’ils peuvent découvrir certains faits ou même tout ce qui concerne la personne analysée . Cela voudrait-il dire que tous ces agissements viennent réellement du cœur ? Si personne ne peut juger son propre cœur, car il n’y a qu’un seul, Dieu, qui puisse sonder les cœurs – y compris le mien – et les reins, comment puis-je me permettre d’examiner les secrets intimes des autres, quelles que soient leurs paroles ou leur comportement ? L’être humain est un mystère dont Dieu seul, qui l’a créé, peut sonder les profondeurs . Et dans la même logique, tout pécheur est aussi un mystère . Il ne m’a été donné que d’essayer de guérir les blessures du pécheur . A l’instant où je contribue plutôt à le briser, je me brise moi-même » ( métropolite Georges Khodr du Mont-Liban in SOP 241, Paris 1999, p.33 ) .
Troisième exigence : rendre au travail de l’Esprit Saint dans l’histoire sa dimension ouverte et créatrice .
L’Esprit, quand il prend la décision de souffler, trouve toujours ses propres moyens d’expression . Et ces moyens ne se limitent pas au domaine de la raison . La raison, si elle ne visite pas le cœur pour s’y illuminer et reconnaître ses propres limites et sa fragilité, sera de plus en plus acide et se contentera d’accumuler les choses sans plus . Le cœur seul est le lien entre toutes choses .
Ce que je veux dire ici, c’est que chaque être est plus important que ses œuvres . Toute organisation du monde, si elle se limite à l’esprit du monde, périra avec le monde . Il faut bien reconnaître qu’il y a par moments dans nos Eglises des réalisations notoires et des institutions florissantes qui se sont pourtant avérées étrangères à l’Esprit Saint .
De même les hommes, même au plus profond du désert, ont besoin d’être aimés . Mais qui peut prétendre agir de la sorte s’il ne croit pas en Dieu, s’il ne réalise pas qu’il est en Dieu et qu’il voit toute l’existence par son regard ? Dis-toi bien que ton frère ne se repentira que si tu l’aimes . Il faut donc l’aimer, le reconnaître meilleur que toi ; reconnaître tout pécheur, tout criminel, tout dépravé plus beau que toi car tu as été appelé pour voir les vicissitudes en toi-même et jamais dans les autres . Encore une fois : parce que l’autre n’est connu que de Dieu seul, seul Dieu peut le juger !
Objection, me direz-vous : qu’en est-il alors de la justice sociale, de la justice humaine voire même de la justice ecclésiale ? Comment fixer en soi les frontières de ce qui est permis ou non, de ce qui est possible ou non ?
Je vous répondrai par ce récit ( Père Syméon Cossek, in SOP 225, Paris 1998, pp.26 et suivantes ). Saint Jérôme, dans une vision, est interrogé par le Seigneur qui lui dit ; « Que me donnes-tu aujourd’hui, Jérôme ? – Je te donne, Seigneur ma prière. Bien, dit le Seigneur, mais encore ? -Seigneur, je te donne mon ascèse . Très bien, dit le Seigneur, et quoi d’autre ? –Seigneur, je te donne toutes mes nuits de veille . Très bien, Jérôme, et que me donnes-tu encore ? – Seigneur, je te donne tout l’amour que je porte à ceux qui viennent me visiter . Parfait, dit le Seigneur, et encore ?-Oh, Seigneur, dit Jérôme, mais je ne sais plus, je n’ai plus rien…Es-tu bien sûr, Jérôme ? – Mais oui, s’exclame Jérôme ! Alors le Seigneur dit à Jérôme : « Il y a quelque chose que tu ne m’as pas donné, ce sont tes péchés »…
C’est exactement le résumé de l’expérience de la Samaritaine et de Zachée, qui eux ont donné leurs péchés, affirme le Père Syméon . Et cela pourrait être aussi la nôtre, après tout !
Quoiqu’il en soit, le Seigneur attend que nous venions dans l’état où nous sommes, pauvres, faibles, démunis, chaotiques pour lui dire ; « Je sais que tu m’aimes et je viens dans l’état où je suis, panse mes plaies par le baume de ta miséricorde » .
Cela n’est possible que si nous nous posons sous le regard de Dieu avec humilité . L’humilité n’est pas une vertu qui nous est spontanée, elle n’est pas facile à acquérir, c’est l’antidote de l’orgueil . Or, depuis Adam jusqu’à la fin des temps, l’homme est marqué par l’orgueil .
C’est pourquoi, « la véritable thérapie de l’orgueil, c’est l’humilité . L’humilité ne peut être qu’un cadeau de Dieu qui commence par ce regard d’amour qui se pose sur nous un jour, quelles que soient les circonstances de cette rencontre avec le Seigneur . Il est nécessaire qu’un jour, dans nos vies, le Seigneur nous rencontre, nous parle, nous aime de telle façon que nous comprenions, non par notre intellect mais par le cœur que nous sommes aimés …Ceci est très important, car nous sommes tentés en permanence par le désespoir, par la révolte, face à notre faiblesse, quelle qu’en soit la forme . A certains moments nous ne voulons plus entendre parler de cette faiblesse, nous ne la supportons plus. Mais là où nous faisons erreur c’est lorsque nous prenons le chemin de la révolte ou alors de la désespérance – chemin sans issue, chemin du néant » (Père Syméon Cossec, loc.cit. ) .
Amenés à lutter contre les passions, contre notre faiblesse et notre péché, nous ne pouvons le faire que si véritablement nous avons reçu la miséricorde du Seigneur et la grâce de l’humilité . C’est alors que nous pourrons vraiment accéder au repentir et à la conversion .
D’où l’importance de l’habitude de la prière qui nous apprend comment le Christ fait participer chacun à son amour selon ses capacités .
Tout dans notre vie découle de notre capacité et de notre désir de prier . La prière nous situe toujours dans le moment présent alors que nous sommes sans cesse tentés de vivre soit dans le passé soit dans l’avenir, jamais dans le moment présent . Nous avons donc besoin d’une prière quotidienne afin de nous ramener sur terre, de nous ramener à la réalité, là où Dieu nous appelle à assumer notre vie, nos rapports et nos responsabilités vis-à-vis des autres, pour que la prière devienne le fondement de tout ce que ce nous sommes, de tout ce que nous disons, de tout ce que représente notre témoignage dans le monde et pour le monde au nom de Dieu, notre Père .
Ainsi, nous voyant sous la lumière de Dieu, nous pourrons enfin dire au Seigneur : « Purifie-moi et aide-moi à me transformer ou plutôt, transforme-moi, aide-moi à me tourner vers toi sans cesse, sans un regard en arrière ».

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* Cette méditation est une compilation à partir de divers textes parus dans la revue mensuelle SOP – Paris, n°225, 241, 243.