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MESSAGE DE SA SAINTETÉ BENOÎT XVI – SI TU VEUX CONSTRUIRE LA PAIX, PROTEGE LA CREATION – 1.1.2010 (extrait, 14 points)

4 septembre, 2018

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prière du matin et du soir

MESSAGE DE SA SAINTETÉ BENOÎT XVI – SI TU VEUX CONSTRUIRE LA PAIX, PROTEGE LA CREATION – 1.1.2010 (extrait, 14 points)

POUR LA CÉLÉBRATION DE LA JOURNÉE MONDIALE DE LA PAIX

1er JANVIER 2010

1.Au début de cette nouvelle année, je désire adresser mes vœux de paix les plus fervents à toutes les communautés chrétiennes, aux responsables des Nations, aux hommes et aux femmes de bonne volonté du monde entier. J’ai choisi comme thème pour cette XLIIIème Journée Mondiale de la Paix: Si tu veux construire la paix, protège la création. Le respect de la création revêt une grande importance, car «la création est le début et le fondement de toutes les œuvres de Dieu»[1] et, aujourd’hui, sa sauvegarde devient essentielle pour la coexistence pacifique de l’humanité. Si, en effet, à cause de la cruauté de l’homme envers l’homme, nombreuses sont les menaces qui mettent en péril la paix et le développement intégral authentique de l’homme – guerres, conflits internationaux et régionaux, actes terroristes et violations des droits de l’homme – les menaces engendrées par le manque d’attention – voire même par les abus – vis-à-vis de la terre et des biens naturels, qui sont un don de Dieu, ne sont pas moins préoccupantes. C’est pour cette raison qu’il est indispensable que l’humanité renouvelle et renforce «l’alliance entre l’être humain et l’environnement, qui doit être le miroir de l’amour créateur de Dieu, de qui nous venons et vers qui nous allons».[2]
2. Dans l’Encyclique Caritas in veritate, j’ai souligné que le développement humain intégral est étroitement lié aux devoirs qui découlent du rapport de l’homme avec l’environnement naturel, considéré comme un don de Dieu fait à tous, dont l’exploitation comporte une commune responsabilité à l’égard de l’humanité tout entière, en particulier envers les pauvres et les générations à venir. J’ai noté, en outre, que lorsque la nature et, en premier lieu, l’être humain sont considérés simplement comme le fruit du hasard ou du déterminisme de l’évolution, la conscience de cette responsabilité risque de s’atténuer dans les esprits.[3] Au contraire, considérer la création comme un don de Dieu à l’humanité nous aide à comprendre la vocation et la valeur de l’homme. Avec le psalmiste, pleins d’émerveillement, nous pouvons proclamer en effet: «À voir ton ciel, ouvrage de tes doigts, la lune et les étoiles que tu fixas, qu’est-ce que l’homme pour que tu penses à lui, le fils d’un homme, que tu en prennes souci?» (Ps 8, 4-5). Contempler la beauté de la création nous aide à reconnaître l’amour du Créateur, Amour qui, comme l’écrit Dante Alighieri, «meut le soleil et les autres étoiles».[4]
3. Il y a vingt ans, en consacrant le Message de la Journée Mondiale de la Paix au thème La paix avec Dieu créateur, la paix avec toute la création, le Pape Jean-Paul II attirait l’attention sur la relation que nous avons, en tant que créatures de Dieu, avec l’univers qui nous entoure. «À l’heure actuelle, on constate – écrivait-il – une plus vive conscience des menaces qui pèsent sur la paix mondiale […] à cause des atteintes au respect dû à la nature». Et il ajoutait que la conscience écologique ne doit pas être freinée, mais plutôt favorisée, «en sorte qu’elle se développe et mûrisse en trouvant dans des programmes et des initiatives concrets l’expression qui convient».[5] Auparavant, d’autres parmi mes Prédécesseurs avaient déjà fait allusion à la relation existant entre l’homme et l’environnement. Par exemple, en 1971, à l’occasion du quatre-vingtième anniversaire de l’Encyclique Rerum Novarum de Léon XIII, Paul VI avait souligné que «par une exploitation inconsidérée de la nature, (l’homme) risque de la détruire et d’être, à son tour, la victime de cette dégradation». Et il ajoutait qu’ainsi «non seulement l’environnement matériel devient une menace permanente: pollutions et déchets, nouvelles maladies, pouvoir destructeur absolu, mais c’est le cadre humain que l’homme ne maîtrise plus, créant ainsi pour demain un environnement qui pourra lui être intolérable: problème social d’envergure qui regarde la famille humaine tout entière».[6]
4. Bien qu’évitant d’entrer dans des solutions techniques spécifiques, l’Église, «experte en humanité», s’empresse de rappeler avec force l’attention sur la relation entre le Créateur, l’être humain et la création. En 1990, Jean-Paul II parlait de «crise écologique» et, en soulignant que celle-ci avait un caractère principalement éthique, il indiquait «la nécessité morale urgente d’une solidarité nouvelle».[7] Cet appel est encore plus pressant aujourd’hui, face aux manifestations croissantes d’une crise qu’il serait irresponsable de ne pas prendre sérieusement en considération. Comment demeurer indifférents face aux problématiques qui découlent de phénomènes tels que les changements climatiques, la désertification, la dégradation et la perte de productivité de vastes surfaces agricoles, la pollution des fleuves et des nappes phréatiques, l’appauvrissement de la biodiversité, l’augmentation des phénomènes naturels extrêmes, le déboisement des zones équatoriales et tropicales? Comment négliger le phénomène grandissant de ce qu’on appelle les «réfugiés de l’environnement»: ces personnes qui, à cause de la dégradation de l’environnement où elles vivent, doivent l’abandonner – souvent en même temps que leurs biens – pour affronter les dangers et les inconnues d’un déplacement forcé? Comment ne pas réagir face aux conflits réels et potentiels liés à l’accès aux ressources naturelles? Toutes ces questions ont un profond impact sur l’exercice des droits humains, comme par exemple le droit à la vie, à l’alimentation, à la santé, au développement.
5. Toutefois, il faut considérer que la crise écologique ne peut être appréhendée séparément des questions qui s’y rattachent, étant profondément liée au concept même de développement et à la vision de l’homme et de ses relations avec ses semblables et avec la création. Il est donc sage d’opérer une révision profonde et perspicace du modèle de développement, et de réfléchir également sur le sens de l’économie et de ses objectifs, pour en corriger les dysfonctionnements et les déséquilibres. L’état de santé écologique de la planète l’exige; la crise culturelle et morale de l’homme le requiert aussi et plus encore, crise dont les symptômes sont évidents depuis un certain temps partout dans le monde.[8] L’humanité a besoin d’un profond renouvellement culturel; elle a besoin de redécouvrir les valeurs qui constituent le fondement solide sur lequel bâtir un avenir meilleur pour tous. Les situations de crise qu’elle traverse actuellement – de nature économique, alimentaire, environnementale ou sociale – sont, au fond, aussi des crises morales liées les unes aux autres. Elles obligent à repenser le cheminement commun des hommes. Elles contraignent, en particulier, à adopter une manière de vivre basée sur la sobriété et la solidarité, avec de nouvelles règles et des formes d’engagement s’appuyant avec confiance et avec courage sur les expériences positives faites et rejetant avec décision celles qui sont négatives. Ainsi seulement, la crise actuelle devient-elle une occasion de discernement et de nouvelle planification.
6. N’est-il pas vrai qu’à l’origine de celle que nous appelons la «nature» dans son sens cosmique, il y a «un dessein d’amour et de vérité»? Le monde «n’est pas le fruit d’une nécessité quelconque, d’un destin aveugle ou du hasard […]. Le monde tire son origine de la libre volonté de Dieu, qui a voulu faire participer les créatures à son être, à sa sagesse et à sa bonté».[9] Dans ses premières pages, le Livre de la Genèse nous reconduit au sage projet du cosmos, fruit de la pensée de Dieu, au sommet duquel sont placés l’homme et la femme, créés à l’image et à la ressemblance du Créateur pour «remplir la terre» et pour «la soumettre» comme des «intendants» de Dieu lui-même (cf. Gn 1, 28). L’harmonie entre le Créateur, l’humanité et la création, que l’Écriture Sainte décrit, a été rompue par le péché d’Adam et d’Ève, de l’homme et de la femme, qui ont désiré prendre la place de Dieu, refusant de se reconnaître comme ses créatures. En conséquence, la tâche de «soumettre» la terre, de la «cultiver et de la garder» a été altérée, et entre eux et le reste de la création est né un conflit (cf. Gn 3, 17-19). L’être humain s’est laissé dominer par l’égoïsme, en perdant le sens du mandat divin, et dans sa relation avec la création, il s’est comporté comme un exploiteur, voulant exercer sur elle une domination absolue. Toutefois, la véritable signification du commandement premier de Dieu, bien mis en évidence dans le Livre de la Genèse, ne consistait pas en une simple attribution d’autorité, mais plutôt en un appel à la responsabilité. Du reste, la sagesse des anciens reconnaissait que la nature est à notre disposition, non pas comme «un tas de choses répandues au hasard»,[10] alors que la Révélation biblique nous a fait comprendre que la nature est un don du Créateur, qui en a indiqué les lois intrinsèques, afin que l’homme puisse en tirer les orientations nécessaires pour «la garder et la cultiver » (cf. Gn 2, 15).[11] Tout ce qui existe appartient à Dieu, qui l’a confié aux hommes, mais non pour qu’ils en disposent arbitrairement. Quand, au lieu d’accomplir son rôle de collaborateur de Dieu, l’homme se substitue à Lui, il finit par provoquer la rébellion de la nature «plus tyrannisée que gouvernée par lui».[12] L’homme a donc le devoir d’exercer un gouvernement responsable de la création, en la protégeant et en la cultivant.[13]
7. Malheureusement, on doit constater qu’une multitude de personnes, dans divers pays et régions de la planète, connaissent des difficultés toujours plus grandes à cause de la négligence ou du refus de beaucoup de veiller de façon responsable sur l’environnement. Le Concile œcuménique Vatican II a rappelé que «Dieu a destiné la terre et tout ce qu’elle contient à l’usage de tous les hommes et de tous les peuples».[14] L’héritage de la création appartient donc à l’humanité tout entière. Par contre, le rythme actuel d’exploitation met sérieusement en danger la disponibilité de certaines ressources naturelles non seulement pour la génération présente, mais surtout pour les générations futures.[15] Il n’est pas difficile dès lors de constater que la dégradation de l’environnement est souvent le résultat du manque de projets politiques à long terme ou de la poursuite d’intérêts économiques aveugles, qui se transforment, malheureusement, en une sérieuse menace envers la création. Pour contrer ce phénomène, en s’appuyant sur le fait que «toute décision économique a une conséquence de caractère moral»,[16] il est aussi nécessaire que l’activité économique respecte davantage l’environnement. Quand on utilise des ressources naturelles, il faut se préoccuper de leur sauvegarde, en en prévoyant aussi les coûts – en termes environnementaux et sociaux –, qui sont à évaluer comme un aspect essentiel des coûts mêmes de l’activité économique. Il revient à la communauté internationale et aux gouvernements de chaque pays de donner de justes indications pour s’opposer de manière efficace aux modes d’exploitation de l’environnement qui lui sont nuisibles. Pour protéger l’environnement, pour sauvegarder les ressources et le climat, il convient, d’une part, d’agir dans le respect de normes bien définies, également du point de vue juridique et économique, et, d’autre part, de tenir compte de la solidarité due à ceux qui habitent les régions plus pauvres de la terre et aux générations futures.

PAIX DANS LE MONDE, DIALOGUE ENTRE LES CHRÉTIENS ET LES AUTRES RELIGIONS (2002)

23 avril, 2018

http://www.vatican.va/roman_curia/pontifical_councils/chrstuni/documents/rc_pc_chrstuni_doc_20020107_peace-kasper_fr.html

PAIX DANS LE MONDE, DIALOGUE ENTRE LES CHRÉTIENS ET LES AUTRES RELIGIONS (2002) dans PAIX (LA) Saint_Bonnet_le_Ch%C3%A2teau-Anges_musiciens_04

Saint Bonnet le Château-Anges musiciens

CONSEIL PONTIFICAL POUR LA PROMOTION DE L’UNITÉ DES CHRÉTIENS

PAIX DANS LE MONDE, DIALOGUE ENTRE LES CHRÉTIENS ET LES AUTRES RELIGIONS (2002)

La paix, shalom, est au centre du message de l’Ancien et du Nouveau Testament. Paix, shalom dans la Bible, n’est pas seulement le salut normal que serait une formule de politesse; paix, shalom, est une promesse eschatologique venant de Dieu et un souhait de bénédiction entre les hommes. En effet, Jésus-Christ lui-même est notre paix (cf. Ep 2, 1). Bénis par Dieu en Jésus-Christ, les chrétiens doivent être entre eux une bénédiction et une bénédiction pour toutes les nations. « Heureux les artisans de la paix, car ils seront appelés fils de Dieu » (Mt 5, 9). L’Eglise est donc appelée à être le signe, l’instrument et le témoin de la paix, paix avec Dieu et entre les hommes (cf. Lumen gentium, nn. 1 et 13).
Paix, justice et pardon
La paix entre les hommes, cette tranquillitas ordinis enseignée par saint Augustin, à laquelle le Pape Jean-Paul II s’est référé dans son Message pour la Journée de la Paix du 1er janvier (cf. n. 3), ne doit toutefois pas être entendue seulement au sens de silence des armes et absence de guerre. Elle est le fruit de l’ordre insufflé par son fondateur dans la société humaine (cf. Gaudium et spes, n. 78), et elle présuppose un engagement constant pour instaurer la justice dans le monde. Comme l’affirme l’Ecriture, la paix véritable est le « fruit de la justice » (Is 32, 17; cf. Jc 3, 18).
Par justice, il faut entendre la reconnaissance de la dignité de chaque personne, ses droits fondamentaux en tant qu’être humain, la liberté de chacun, l’absence de discrimination au nom de la foi, de l’origine, de la culture, du sexe. Par justice, il faut entendre le droit de chaque créature humaine à la vie, à la terre, à la nourriture, à l’eau, et à une éducation qui la rende plus pleinement consciente des droits qui sont les siens, et capable d’autodétermination dans sa propre vie. Ce bien de la personne présuppose le bien commun, la justice sociale, surtout pour les pauvres, l’équilibre social et la stabilité de l’ordre social et politique.
Face à un monde marqué par le péché, l’égoïsme et l’envie, un monde qui trop souvent nie avec violence la justice, et bouleverse, dans le cercle vicieux des conflits, la tranquillitas ordinis, qui est la condition nécessaire et la substance même de la paix, il est impossible d’instaurer la paix sans la « sollicitude miséricordieuse et providentielle de Dieu, qui connaît les chemins permettant d’atteindre les coeurs les plus endurcis et de tirer de bons fruits même d’une terre aride et inféconde » (Message pour la Journée mondiale de la Paix, 1er janvier 2002, n. 1, cf. ORLF n. 50 du 11 décembre 2001). La paix est le don du pardon, de la rédemption et de la nouvelle création; tout comme l’amour, la joie, la pénitence, la bienveillance, la bonté, elle est le fruit de l’Esprit (cf. Ga 5, 22). Le Royaume de Dieu est justice, paix et joie dans l’Esprit (cf. Rm 14, 17).
Cette espérance doit toujours plus profondément animer notre prière. La paix doit être constamment implorée, afin qu’elle puisse nous être accordée et être sauvegardée. Mais l’arme de la prière renforce aussi notre engagement à renverser les situations d’injustice, et à agir ensemble pour l’édification d’un monde plus juste. Guidés par la mansuétude de Celui qui a prédit la justice pour les pauvres du Royaume, les chrétiens savent que « la capacité de pardonner est à la base de tout projet d’une société à venir plus juste et solidaire » (ibid. n. 9).
Les chrétiens savent que la haine ethnique, raciale, religieuse, cette spirale de la violence qui frappe indistinctement victimes et bourreaux, peut avoir un antidote: le pardon. Seul le pardon, en effet, nous situe au-dessus des accusations; nous permet de ne pas rendre coupables à cause de quelques uns, des peuples entiers; de ne pas faire retomber sur les fils les fautes des pères. Le pardon, qui dépend de chacun de nous, peut rétablir la justice et nous conduire d’une situation de guerre à un état de paix.
Réconciliation et paix entre les chrétiens
C’est précisément à propos de ce lien entre la paix, la justice et le pardon qu’il faut souligner l’importance du dialogue oecuménique et de la collaboration entre tous les chrétiens. « Aux yeux du monde l’action conjuguée des chrétiens dans la société revêt alors la valeur transparente d’un témoignage chrétien rendu en commun au nom du Seigneur » (Ut unum sint, n. 75). Mais il y a plus. Accablés par leur histoire, faite de disputes et d’affrontements, coupables d’avoir quelquefois prêché et imposé l’Evangile du Christ également par les armes, les chrétiens se sont engagés, particulièrement au cours de ce siècle, sur le chemin lent et difficile de leur pardon réciproque. Il n’y a pas d’oecuménisme sans conversion et sans pardon (cf. ibid., n. 15s, n. 33). La honte et le repentir intérieur pour le scandale de la division, un repentir suscité par l’Esprit, sont à la base du mouvement oecuménique (cf. Unitatis redintegratio, n. 1).
Aujourd’hui, les chrétiens ont franchi le seuil du troisième millénaire, et se trouvent face à un choix responsable, difficile, essentiel. L’engagement oecuménique, la promotion de l’unité des chrétiens est l’un des grands défis et des devoirs les plus urgents au début du nouveau millénaire (cf. Novo millennio ineunte, nn. 12 et 48). Les chrétiens sont appelés à « promouvoir une spiritualité de la communion » (ibid. n. 43s), et être ainsi « lumière du monde », « ville sise au sommet d’un mont » (Mt 5, 14).
Ils prêchent le pardon, cette forme particulière de l’amour (cf. Message, op. cit., n. 2) et, peu à peu, se l’appliquent à eux-mêmes, à leurs Eglises en Orient et en Occident. Dialoguer, se rencontrer, purifier leurs mémoires, est pour les Eglises un acte de courage et un engagement exigeant. Elles savent que « la cohérence et l’honnêteté des intentions et des affirmations de principe se vérifient quand on les applique à la vie concrète » (Ut unum sint, n. 74). Cela les pousse, dans la situation actuelle, à avoir entre elles un comportement exemplaire, qui offre au monde un témoignage de pardon, de concorde, de dialogue, qui exige d’être d’autant plus profond que les divergences semblent insurmontables.
Malgré les divisions persistantes, les Eglises, grâce à l’expérience du dialogue qu’elles sont en train de vivre, ont pu, jusqu’à aujourd’hui, démontrer au moins que le processus de purification de la mémoire de leur passé entraîne peu à peu une évolution qui fait prévaloir « la « Loi nouvelle » de l’esprit de charité. La « fraternité universelle » des chrétiens est devenue une ferme conviction oecuménique » (ibid., n. 42). Ils vivent déjà dans une communion réelle et profonde, même si elle n’est malheureusement pas encore parfaite (cf. ibid., nn. 11-14). Pour servir la paix et en donner l’exemple, ils peuvent et doivent, dès aujourd’hui, collaborer étroitement entre eux.
Dialogue oecuménique et dialogue interreligieux
L’attitude des Eglises et la prédisposition au pardon, qu’elles appliquent à leurs relations réciproques, doivent les conduire à dialoguer ensemble avec les autres religions et les autres cultures afin que la morale oecuménique, qu’elles recherchent dans leurs actions, se reflète dans les rapports et dans le dialogue avec les autres religions, en vue d’une collaboration qui vise à réaffirmer les valeurs de la vie et de la culture humaine.
Le dialogue oecuménique et le dialogue interreligieux sont liés l’un à l’autre, mais ils ne se confondent pas l’un avec l’autre. Il existe entre les deux une différence spécifique et qualitative, et c’est pour cette raison qu’il faut bien les distinguer. Le dialogue oecuménique ne se fonde pas seulement sur la tolérance et le respect dû à chaque conviction humaine et en particulier religieuse; pas plus qu’il ne se fonde seulement sur un philanthropisme libéral ou une simple politesse bourgeoise; au contraire, le dialogue oecuménique s’enracine dans la foi commune en Jésus-Christ et dans la reconnaissance réciproque du baptème au moyen duquel tous les baptisés sont membres de l’unique Corps du Christ (cf. Ga 3, 28; 1 Co 12, 13; Ut unum sint, n. 42) et ils peuvent prier ensemble comme nous l’a enseigné Jésus, « notre Père ». Dans les autres religions, l’Eglise reconnaît un rayon de cette vérité « qui éclaire chaque homme » (Jn 1, 9), mais qui n’est révélée pleinement qu’en Jésus-Christ; lui seul est « le Chemin, la Vérité et la Vie » (Jn 14, 6; cf. Nostra aetate, n. 2). C’est pour cela qu’il est ambigu de parler du dialogue interreligieux en terme de macrooecuménisme ou d’une phase nouvelle et plus large de l’oecuménisme.
Les chrétiens et les partisans des autres religions peuvent prier, mais ils ne peuvent prier ensemble. Tout syncrétisme est exclu. Néanmoins, ils partagent le sens et le respect de Dieu ou du Divin et le désir de Dieu ou du Divin; le respect pour la vie, le désir de la paix avec Dieu ou avec le Divin, entre les hommes et dans l’univers; ils partagent beaucoup de valeurs morales. Ils peuvent et doivent collaborer pour défendre et promouvoir ensemble, au profit de tous les hommes, la justice sociale, les valeurs morales, la paix et la liberté. Cela est particulièrement vrai pour les religions monothéistes, qui voient en Abraham leur père dans la foi.
L’invitation pour la Journée de prière pour la paix dans le monde est une façon de réaffirmer tout cela. L’Eglise catholique voit dans cette participation une occasion utile pour témoigner ensemble que « les chrétiens se sentent toujours plus interpellés par la question de la paix » (Ut unum sint, n. 76). En respectant les critères de la recherche de leur propre unité, les chrétiens respectent les autres religions. Ils savent que la « loi nouvelle » de l’esprit de charité encourage à accueillir les autres, n’exclut pas la légitime diversité. Ils savent qu’ils ont en commun avec les autres religions l’arme de la prière pour implorer la paix.
Face à ce mal terrible qu’est l’absence de paix, face à la chaîne infinie de deuils qu’apporte la guerre, ils savent qu’il n’y a qu’une seule alternative: donner un témoignage de pardon réciproque et de tranquillitas ordinis entre eux. Ainsi, nous demandons à tous de parcourir avec nous le même chemin d’espoir vers la justice, la réconciliation et la paix.

Cardinal Walter Kasper,
Président du Conseil pontifical pour l’Unité des Chrétiens

O Dieu notre Père Tu es source de tout don. De Toi vient la lumière, la vie, l’amour, De Toi vient la Paix. La Paix est notre désir, notre rêve.

21 novembre, 2015

http://maisondelapaix-normandie.org/paix-de-quoi-sagit-il/prieres-pour-la-paix/

 O Dieu notre Père Tu es source de tout don. De Toi vient la lumière, la vie, l’amour, De Toi vient la Paix. La Paix est notre désir, notre rêve. dans PAIX (LA)

O DIEU NOTRE PÈRE, TU ES SOURCE DE TOUT DON

(Mgr Joseph Rozier, évêque de Poitiers (1973-1994)

O Dieu notre Père
Tu es source de tout don.
De Toi vient la lumière, la vie, l’amour,
De Toi vient la Paix.
La Paix est notre désir, notre rêve.

Elle manque tellement à notre monde.
Elle manque à nos cœurs qui se ferment et se révoltent.
Elle manque entre les peuples qui s’opposent et se déchirent.
Elle manque entre les Eglises qui s’ignorent et qui se blessent.
Elle manque dans les familles qui se brisent.

O Père, donne-nous ta Paix.
O Christ, c’est en Toi que la Paix a pris nom et visage.

Tu es notre Paix.
Tu as, dans ta chair, tué la haine et donné le pardon.
Tu as, dans ton message,
brisé l’indifférence et appelé au dialogue.
Tu as, dans ta vie, banni la violence et instauré la tendresse.
Ta croix victorieuse est le signe de cette communion
Toujours offerte à la multitude de tes frères.
Ta naissance et ta résurrection ont fait
resplendir sur le monde la promesse de la Paix.
« Paix sur la terre aux hommes qu’il aime ».
« La Paix soit avec vous ».

O Christ, donne-nous la Paix.
Esprit Saint, c’est Toi qui inscrits en nous
le Mystère de la Paix.
Tu répands dans nos cœurs
la Paix comme tu y répands l’amour.

Cette communion de vie et d’amour du Père et du Fils,
Tu en es l’expression dans le mystère divin
Tu en es l’effusion dans l’histoire du monde.
De Toi jaillit la source de la Paix
Et son ruissellement dans le monde.

Cette Paix se fait souffle pour renverser les barrières.
Elle se fait feu pour briser les indifférences.
Elle se fait don pour délivrer de la suffisance.
Elle se fait pardon pour éteindre la vengeance.
Elle se fait abandon pour désarmer l’orgueil.
Elle se fait justice pour abolir le mépris.

Cette Paix se fait silence pour nous tourner vers le Père.
Elle se fait amour pour nous donner
le goût et la passion du prochain.
Tu es l’Esprit qui change la face de la terre
Et qui, depuis l’origine, à travers les tourments de l’histoire,
Ne cesse de reconstruire le monde,
Un monde de Paix.
O Saint-Esprit de Dieu donne-nous la Paix.