Archive pour mars, 2017

La Résurrection de Lazare – Van Gogh

31 mars, 2017

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HOMÉLIE DU 5E DIMANCHE DE CARÊME A

31 mars, 2017

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HOMÉLIE DU 5E DIMANCHE DE CARÊME A

Ez 37, 12-14 ; Rm 8, 8-11 ; Jn 11, 1-45

La Bible parle beaucoup de vie et de mort. Ce qui n’a rien d’étonnant. De leur côté, les évangélistes nous révèlent le Christ, vainqueur de la mort et ressuscité. Mais pour décrire l’indescriptible, toutes les civilisations utilisent le symbole. La Révélation n’est pas une Parole qui tombe du ciel. Il faut donc partir d’en bas, de l’expérience humaine.
Voyez Ezéchiel, exilé avec des milliers d’autres juifs. Durant des années, il a vu dans le désert des charniers où les cadavres de ses compatriotes se décomposaient au soleil. Il a constaté que les chairs pourrissent, mais que les os résistent. Ce qui lui fera penser au meilleur de lui-même et de son peuple, l’âme et l’esprit. D’où, l’idée d’utiliser cette découverte pour nourrir l’espérance des exilés et prophétiser le retour au pays. Plus tard, c’est l’un de ses disciples qui va traduire son message en une grande fresque symbolique : « La vision des ossements desséchés ». Elle représente le peuple d’Israël, mis en pièces et sans espérance. Mais ces débris vont brusquement retrouver nerfs, chair et peau, puis le souffle de vie (lisez le chapitre 37, versets 1 à 14 du livre d’Ezéchiel).
Dans l’évangile de Jean, c’est Jésus qui déclare à Marthe : « … Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra ; et tout homme qui vit et qui croit en moi ne mourra jamais… ». … Il n’empêche que Lazare est mort. Jésus dira plus précisément qu’il dort. Ce qui lui donnera l’occasion de le réveiller. A l’époque, les témoins vont se diviser en deux camps : les pour et les contre. Yeshoua ben Josef, prophète pour les uns, mais suppôt de Satan pour les autres. Alors que, pour l’occupant romain, il s’agit en tout cas d’un homme dangereux.
Notre handicap aujourd’hui, c’est d’être trop sensibles aux aspects physiques des miracles et trop peu aux enseignements qui s’adressent à la foi. Les évangiles parlent généralement de « signes ». Là où un évangéliste, c’est-à-dire un catéchète, a voulu donner un enseignement, nous lisons un événement réel et historique. Ce qui n’est pas nécessairement le cas. Il faut donc inlassablement se rappeler qu’il ne s’agit pas de reportage pris sur le vif. Les évangiles, écrits plusieurs dizaines d’années après la mort de Jésus, font écho à la prédication des apôtres, à la catéchèse, à l’expérience des premières communautés chrétiennes. Nous sommes au cœur même du monde de la foi, de l’enseignement religieux, du langage symbolique et du témoignage.
Si Jean avait été journaliste, il n’aurait pas raconté l’épisode de l’aveugle-né en consacrant au miracle 2 versets sur 41. Et il aurait plutôt interviewé Lazare sur ses impressions de réanimé, après 4 jours vécus au-delà de la mort. Un scoop !
Mais les vedettes du récit évangélique ne sont ni Lazare ni l’aveugle. C’est Jésus qui est au centre. Et ici, c’est la mort du Seigneur et sa résurrection qui sont évoquées et préfigurées. Jean a fait de l’épisode de Lazare une page essentielle de la catéchèse baptismale. Il s’adresse à ceux et celles qui vont descendre dans l’eau de la rivière ou du lac, comme dans le tombeau de la mort, pour en ressortir re-nés, ressuscités pour une vie nouvelle. Le baptême est déjà une re-naissance, une résurrection. Non pas en un instant, car c’est aussi une affaire de temps. C’est chaque jour que le Christ nous permet de mourir au péché et de ressusciter avec lui.
Et que proclame saint Paul ? C’est l’Esprit qui est votre vie. C’est lui qui ouvre nos tombeaux dans lesquels nous entraînent l’orgueil et la vanité, l’esclavage de nos intérêts et de nos jalousies, nos peurs et nos gourmandises. Et dans ce cercueil, nous pouvons déjà sentir mauvais sans être physiquement morts. Autrement dit : nous sommes nos propres fossoyeurs. Nous creusons notre tombe quand nous faisons confiance aveugle à nos seules lumières et à nos seules forces. Chaque fois que nos options, nos décisions, nos actions, sont inspirées par l’esprit du monde et non pas par l’Esprit du Christ.
Il n’empêche que la chair est singulièrement digne et respectable, puisque le Verbe de Dieu s’est fait chair. De par sa nature, elle est certes destinée à la mort. Mais l’être humain est capable de se laisser éclairer et guider par l’Esprit qui est à l’œuvre en ceux et celles qui l’accueillent. La résurrection n’est-elle pas déjà à l’œuvre chaque fois que nous nous laissons inspirer par cet Esprit qui nous conduit à la recherche de ce qui fait vraiment vivre : amour et paix, justice et vérité. Tout ce qui humanise davantage l’humanité.
La campagne de carême organisée par « Entraide et Fraternité » concrétise parfaitement cet objectif majeur en nous invitant, notamment, à découvrir « un monde où règnent la famine et la malnutrition », alors qu’il y a « suffisamment d’alimentation produite pour nourrir la planète »… « Donnez-leur vous-mêmes à manger, nous répète sans doute Jésus aujourd’hui… Ce qu’il a dit jadis à ses disciples.

P. Fabien Deleclos, franciscain (T)

1925 – 2008

je change maison..

19 mars, 2017

pour une dizaine de jours je ne pourrai pas travailler, puis retour, vous attendez que je redeviens vrai?

La Samaritaine

16 mars, 2017

La Samaritaine  dans images sacrée Samaritana_al_pozzo

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HOMÉLIE DU 3E DIMANCHE DE CARÊME, A

16 mars, 2017

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HOMÉLIE DU 3E DIMANCHE DE CARÊME, A

Ex 17, 3-7 ; (Rm 5, 1-2, 5-8 ) ; Jn 4, 5-42

Avez-vous remarqué dans les textes proclamés que tout le monde est fatigué, et tout le monde a soif : soif d’eau et soif d’amour. Autrement dit,  » en manque « . Ce qui peut entraîner découragement et récriminations, comme les Hébreux au désert :  » Le Seigneur est-il vraiment au milieu de nous, ou bien n’y est-il pas ? « .
Dans la Bible, il y a toujours un lien très étroit entre les événements de la vie et les perspectives de la foi. Autrement dit, la foi nous fait découvrir des interpellations de Dieu dans les événements.
Le futur saint Augustin, au 4e siècle, se demandait pourquoi la Bible se perdait en détails de géographie, de vêtement, de parfum. Est-il possible que l’inspirateur des Saintes Ecritures ait perdu son temps à des préoccupations aussi futiles ? Certainement pas. Mais si le récit s’appesantit sur de nombreux détails, explique Augustin, c’est pour nous avertir de les lire au sens figuré, comme un symbole.
Aujourd’hui, on se rend mieux compte que  » la distance culturelle entre le monde de la Bible et le nôtre est considérable. Ce qui était clair et compréhensible en ce temps-là, nous est aujourd’hui inconnu ou étrange « . D’autant plus que dans cette civilisation ancienne, le symbolisme est roi. Alors que la nôtre ne jure que par le pratique, le rationnel et l’efficace. Il ne suffit donc pas de lire, mais de comprendre. Et il n’est pas facile de comprendre si on se contente de lire ou d’écouter de temps en temps quelques lignes isolées de leur contexte, comme c’est le cas chaque dimanche.
Selon le mythe fondateur d’Israël, les Hébreux ont fui l’esclavage égyptien. Ils sont dans le désert, soumis à l’épreuve de la soif. Sans eau, ils sont condamnés à mort. Durant cette période éprouvante, ils ont donc connu des moments de doute, de désespoir et même de révolte. A qui la faute ? Sinon au chef qui les a entraînés dans cette aventure. Moïse a sans doute failli plus d’une fois être lynché. Heureusement, il a trouvé de l’eau. Le peuple a repris confiance, et en Moïse et en Dieu. Peu importe ce qui s’est passé réellement dans le détail. La leçon du récit est dans la richesse symbolique de l’ensemble.
Ces tribus nomades ont vécu douloureusement l’importance vitale de l’eau. Elle était dès lors un élément sacré. Mais il n’y a pas que la vie physique. Pour que la vie sociale soit possible, les Hébreux ont adopté le Décalogue, Dix Paroles d’amour, offertes par Moïse au nom de Dieu. Dix règles de vie, aussi sacrées que l’eau de source. Et toutes deux indispensables pour vivre. Les Hébreux parleront donc de l’eau de la Loi.
Selon les vieilles traditions bibliques, Dieu aurait révélé à Moïse non seulement les Dix Paroles de Vie, mais également des lois rituelles, l’organisation du peuple, et jusqu’aux plans du Temple et de son ameublement, etc. Tout cela, en une seule fois au Sinaï, l’Horeb, la Montagne de Dieu. C’est pourquoi, le Dieu d’Israël sera appelé le Rocher d’où jaillit l’eau de la Loi. La Loi est donc une parole qui abreuve. Le Seigneur est bien  » le rocher qui nous sauve « , car c’est du rocher que jaillit l’eau vive.
Plus tard, quand Paul évoquera l’eau jaillissant du rocher dans le désert, il dira :  » C’est une figure de Jésus. Ce rocher, c’était le Christ « . Et en saint Jean, le Christ déclare :  » Qu’il boive, celui qui croit en moi ! « . C’est dans cette même perspective qu’il nous faut méditer l’épisode de la Samaritaine. On y trouve à nouveau l’humble réalité quotidienne : la fatigue, le doute. Ajoutez-y la soif d’eau et la soif d’amour, et vous avez tout un ensemble de signes. Autrement dit, la moindre requête humaine, même matérielle, le moindre événement de l’actualité, n’est jamais sans parenté avec les réalités spirituelles. On éclaire sa route avec la Bible et le journal.
L’épisode de la Samaritaine (1), très probablement symbolique, en est un magnifique exemple. Au départ, c’est le pur hasard. Ce qui veut dire que bien des choses étonnantes peuvent être amorcées à l’occasion d’une rencontre, d’une démarche toute ordinaire, ou incongrue, ou interdite. Par exemple, qu’un Juif s’adresse à une Samaritaine. Non seulement c’est une femme, mais elle est de la région nord, et lui de la région sud. Deux provinces en conflit pour des raisons religieuses. Lui c’est un pur, elle c’est une schismatique, une quasi païenne. Or, Jésus n’est pas arrêté par ces barrières artificielles de conventions ethniques, sexistes, politiques et religieuses, qui, souvent, séparent, condamnent et divisent. Jésus ne va pas l’accabler de leçons morales à cause de ses aventures amoureuses. Mais, en partant de cette soif d’amour, il lui dira comment la sublimer, la dépasser, en allant jusqu’au bout de son désir. Il éveillera la femme à la soif d’un amour plus généreux, sans frontières. La soif du Royaume, de la Bonne Nouvelle. A tel point qu’elle deviendra capable d’étancher elle aussi la soif des gens qu’elle rencontrera. Et même en commençant par ceux et celles qui la méprisaient… Voyez tout ce qui peut nous arriver et nous être révélé dans nos déserts intérieurs…
La campagne de carême n’a pas repris pour autant le thème de l’eau pour orienter nos partages vers tant d’êtres humains de par le monde, qui en manquent dangereusement, ou en sont trop souvent privés. Mais il est tout autant urgent de « faire reculer la faim ! ». On parle aujourd’hui de 850 millions de personnes souffrant de la faim, dont, étonnamment, deux tiers sont des agriculteurs ! (2)… Mais il ne suffit pas de s’en émouvoir, mais bien d’y répondre par une initiative de partage « pour que la Terre tourne plus juste », comme nous y invite « Entraide et Fraternité ».

P. Fabien Deleclos, franciscain (T)
1925 – 2008

Voir aussi : Un livre du cardinal Danneels « Si tu connaissais le don de Dieu » – commentaire pastoral de saint Jean, Ed. Fidélité, 271 pp., 19,50 €.
« Juste Terre ! » n° 61, mars-avril 2008, bimestriel d’Entraide et Fraternité. rue du Gouvernement Provisoire, 32 – B – 1000 Bruxelles, tél. 02 227 66 80, www.entraide.be

Transfiguration du Seigneur

9 mars, 2017

Transfiguration du Seigneur dans images sacrée 2b527bd26098455be7011a0905e72156

 

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HOMÉLIE DU 2E DIMANCHE DE CARÊME, A

9 mars, 2017

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HOMÉLIE DU 2E DIMANCHE DE CARÊME, A

Gn 12, 1-4a ; 2 Tm 1, 8b-10 ; Mt 17, 1-9

En introduction à la liturgie de ce dimanche, le psaume 26 (8-9) nous invite à dire du fond du cœur :  » Je cherche ton visage. Ton visage, Seigneur, je le cherche… « .
Savez-vous qu’Abraham a cherché Dieu ? Il a même proclamé son credo avec ses pieds. C’est en marchant qu’il a cru… Et ce n’est pas une simple boutade… parce que la foi, comme la Vérité, n’est pas un point fixe, immobile et immuable, c’est un chemin à parcourir. La foi a une histoire. Elle a sa croissance et son développement. Elle a même, a-t-on écrit,  » son âge bête et son âge ingrat. Elle a ses boutons et autres maladies infantiles. Elle a ses jeux d’enfants, ses plaisanteries gamines et même douteuses… Toujours en recherche d’elle-même, elle ne tient pas en place « .
C’est pourquoi, la Bible n’est pas un traité savant, ni une doctrine proclamée de toute éternité. C’est une histoire sainte, mais totalement humaine, tapissée de roses et d’épines, de merveilles et d’horreurs. Jésus y est présent. Il s’y définit comme le Chemin, la Vérité et la Vie. Trois synonymes de mouvement. C’est pourquoi Abraham est considéré comme le père et le modèle des croyants. Un nomade, pèlerin, immigré, qui a connu les tâtonnements dans l’obscurité et l’incertitude quotidienne. De grands moments de joie quand il pouvait planter sa tente. Puis, le déchirement d’un nouveau départ pour d’autres haltes rafraîchissantes et d’autres ruptures crucifiantes.
Le chrétien, lui aussi, est un pèlerin, un éternel voyageur. Le temps du carême est le symbole de cette aventure, celle du peuple hébreu et la nôtre… De quoi s’agit-il ? De s’arracher au passé et de se tourner vers l’avenir. L’avenir, c’est la terre promise et la résurrection. Entre les deux, les risques de la Passion… Le programme ?, c’est d’écouter et de se détacher, de jeûner et de se nourrir de la Parole.
Le livre de la Genèse nous a présenté la foi comme un don, une initiative constante. Celle de Dieu et la nôtre. Car il nous appartient de l’accueillir, d’accorder un crédit à la Parole de Vie. Dieu est présenté comme un Dieu qui parle. A tel point que son Verbe, sa Parole, est incarnée en Jésus Christ… Et que le Père nous répète encore aujourd’hui comme aux disciples d’hier :  » Ecoutez-le « . Le christianisme est moins une religion du Livre qu’une religion du Verbe, c’est-à-dire de la Parole à manger, à ruminer, à digérer.
La foi n’est pas pour autant un saut dans l’absurde, mais dans la confiance, c’est-à-dire dans une relation, dans une Alliance de partenaires. La foi n’est pas uniquement une affaire de cœur. Elle est tout autant une affaire de raison.  » Je sais pourquoi je crois « . Le livre de la foi des évêques de Belgique, par exemple, publié en 1987, était une invitation à  » mieux savoir ce que l’on croit « .
Ainsi, l’aventure d’Abraham nous apprend que la foi est l’acte de liberté par excellence. Je fais crédit à Dieu. Je lui offre une adhésion libre.  » Pars de ton pays… Et Abraham partit « . La foi est une expérience de dépouillement, de pauvreté. Une libération qui transforme l’existence.
Pour Abraham, pour le peuple hébreu, pour les disciples de Jésus, comme pour nous-mêmes, la route de la foi est souvent inconfortable. Les détours y sont nombreux. Les surprises aussi. On est souvent obligé de changer de vitesse pour ne pas faire caler le moteur. Comme les apôtres, il nous arrive de proclamer solennellement notre foi, de la chanter, de l’applaudir. De reconnaître Jésus comme Messie et Parole de Dieu. Et cependant, presque aussitôt, nous pouvons être choqués, voire même révoltés par certaines conversions qu’il nous demande, et par les risques qu’elles entraînent.
Quand Jésus évoque contradictions, épreuves et possibilités de mort violente, Pierre proteste (Mt 16, 21-23). Nous aussi. Ce que l’on qualifie de  » transfiguration  » se déroule dans ce contexte de doutes et de peurs. Pour ces hommes désemparés et déstabilisés, l’aura d’amour transfigurant Jésus est venue comme le plus puissant des réconforts.
Avant d’être témoin d’un Christ défiguré, ils l’ont contemplé quelques instants transfiguré. Les témoins de la gloire sur la montagne, c’est-à-dire le rayonnement de la richesse intérieure de Jésus, seront peu de temps après témoins de sa faiblesse au jardin des Oliviers. On peut donc parler d’un instant de paradis et de réconfort. Non pas pour s’installer, mais pour pouvoir continuer. Après l’extase, il faut redescendre dans la plaine, où l’important est d’écouter Jésus, pour réaliser ce qu’il dit.
Nous pouvons, nous aussi, avoir dans notre vie des instants de transfiguration, le sentiment fugitif que Dieu est évident. Des instants où rien ne fait vraiment problème. Où quelque chose, brusquement, nous donne des ailes… Et puis, tout à coup, nous voici vulnérables à toutes les objections, plongés dans le doute. Ce n’est plus l’éclat du soleil, mais la grisaille de la morne plaine. Le chemin ordinaire. Alors, l’essentiel, c’est de garder l’oreille et l’esprit grands ouverts à la Parole, au Verbe… et aussi de prier…  » Tu nous a dit, Seigneur, d’écouter ton Fils bien aimé. Fais nous trouver dans ta Parole les vivres dont notre foi a besoin : Et nous aurons le regard assez pur pour discerner ta gloire « ….  » Relevez-vous, dit le Seigneur, et n’ayez pas peur. Laissez-vous transfigurer « .
En somme, les vraies rencontres avec le Christ sont toujours des rencontres positives, capables de faire jaillir la flamme, même d’un tas de cendres.

P. Fabien Deleclos, franciscain (T)

1925 – 2008-

Jésus crucifié, la tuile

6 mars, 2017

1 Gesù crocifisso, 1996, Terracotta - Copia

 » MON DIEU, MON DIEU, POURQUOI M’AS-TU ABANDONNÉ ?

6 mars, 2017

http://www.bible-service.net/extranet/current/pages/1361.html

 » MON DIEU, MON DIEU, POURQUOI M’AS-TU ABANDONNÉ ?

« Théologie

Approfondir
D’après Marc et Matthieu, Jésus meurt en criant le début du Ps 22 : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?  » Où est Dieu ?
D’après les évangélistes Marc et Matthieu, Jésus meurt en criant le début du Ps 22 : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » Bien des croyants sont troublés par cette interrogation ultime. Le salut est-il loin du crucifié ? Où est Dieu ? Libre réflexion sur des questions qui provoquent la foi.
Jésus de Nazareth, le Christ de Dieu, meurt et le ciel est vide. L’homme qui nommait Dieu « Père » tourne son être vers Lui au moment du grand passage, et le Père n’est pas là. L’a-t-il abandonné ? Celui qui en Galilée et à Jérusalem parlait comme Dieu, celui qui parlait de Dieu, celui qui, en inventant les paraboles, montrait le Royaume de Dieu, révélait le visage de Dieu, celui-là meurt dans un cri qui est prière ; dans sa mort il fait sienne la prière de son peuple.

Scandale et folie
Scandale et folie, voilà la mort de Jésus le Christ en croix. Depuis ce jour, les chrétiens sont familiers de la croix du Christ ; mais le scandale est toujours là, croix plantée sur nos chemins. Depuis ce jour, les chrétiens se sont habitués à entendre, à lire, à proclamer cette Parole mais ils ne supportent pas plus que l’antique psalmiste le silence de Dieu, ils ne supportent pas qu’Il reste loin. Et pourtant le Dieu de Job, le Dieu du Serviteur souffrant, le Dieu des exilés à Babylone est le Dieu du silence.
Le Dieu de nos pères, le Dieu « Père » est un Dieu absent, un Dieu qui reste loin. La première page de la Genèse nous le montre : Dieu crée par sa Parole et, en même temps, il s’éloigne de la création, il s’absente, il abandonne, le septième jour, la création belle et bonne. Dieu abandonne l’humain, mâle et femelle, à lui-même. Loin de l’infantiliser, de le garder sous sa dépendance, Dieu se retire pour que l’être humain ait sa place. On le sait, être un homme ou une femme c’est mesurer dans sa chair, dans son cœur, dans son intelligence, l’absence de l’autre ; mesurer, par la parole, l’absence de l’autre ; mesurer la différence qui sépare de l’autre, cette différence qui sépare et qui, seule, rend l’unité possible. Être croyant c’est mesurer dans sa chair, dans son cœur, dans son intelligence, l’absence de Dieu ; être croyant c’est se tourner vers celui qui est loin, vers le Tout Autre.

La mort volée
La mort de Jésus n’aurait pu être qu’un fait divers relégué aux oubliettes de l’histoire, la mort banale d’un innocent, or elle est la mort du seul Juste. On lui vole jusqu’au sens de sa mort : il est condamné pour blasphème (contre Dieu, contre le Temple) et non pas lapidé mais cloué, hors les murs, au poteau de l’infamie avec, au dessus de la tête, une inscription qui se veut dérisoire. Pire, on lui vole même le sens de son dernier cri : les passants croient qu’il appelle Élie. Seul un homme ne se trompe pas : le centurion romain anonyme de l’Évangile de Marc. Dans l’homme qui expire, abandonné par ses disciples, rejeté dans sa prédication, l’homme qui crie vers le ciel vide, il reconnaît : « Vraiment cet homme était le Fils de Dieu » (Mc 15, 39).
« Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » Ce cri est la prière du Juste, cri de Révélation, parole vers Dieu, parole qui humanise, Parole de Dieu.

Voici l’homme
En dehors du centurion, un autre romain a prononcé une parole décisive ; l’Église ne cesse de rappeler son nom dans le Credo : Ponce Pilate. Dans l’Évangile de Jean, Pilate a ce mot terrible : « Ecce homo, voici l’homme » ; voici l’homme tel qu’il est, voici un homme qui va mourir, voici l’être pour la mort. Terrible parole : elle juge et condamne, elle classe, se résigne, prononce une sentence qui se veut dérisoire ; elle déshumanise car elle montre du doigt, désolidarise un humain de tous les autres, divise, diabolise. Terribles paroles que nous prononçons quand défilent les images des camps d’exterminations nazis ou cambodgiens, des massacres de la région des Grands Lacs africains, quand nous évoquons la guerre au Sud Soudan ou l’assassinat d’un enfant. « Ecce homo », disons-nous : « voici l’homme, ce qu’il fait, ce qu’il peut faire ». Et nous ajoutons : « Mais Seigneur, nous ne sommes pas comme cela, pas comme eux, nous sommes ici ensemble à regarder la télévision, pas comme eux, ces assassins, ces monstres… » Paroles qui croient juger les autres et qui nous jugent. Et nous nous lavons les mains…
« Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?… Le salut est loin de moi, loin des mots que je rugis. »

Abaissement
L’être humain explique, dissèque, argumente, dénonce, se met en avant, se justifie, se croit juste. Dieu, lui, se tait. Dans cette absence qui n’est pas indifférence il se révèle comme le Tout Autre, il se révèle comme Parole sur fond de silence. Il n’est pas un Dieu bavard qui dit tout, explique tout, a son avis sur tout ! Il n’est surtout pas un Dieu qui explique le mal… Et si le Dieu du Christ était ce Dieu qui se tait, qui parle peu ? Un Dieu qui croit que l’homme est adulte, un Dieu Père, un Dieu qui refuse la fusion, un Dieu qui veut la séparation, la liberté de ses enfants ?
Nous le croyons en Église : Dieu s’est abaissé pour se révéler ; après Paul, avec Paul, les théologiens ont nommé cet abaissement d’un mot étrange : kénose (d’un mot grec qui signifie « se dépouiller, se vider de soi-même »). Le Christ, Parole de Dieu, est kénose. L’homme de Nazareth a vécu plusieurs dizaines d’années, et de cette vie, il ne reste que quelques paroles, quelques gestes, quelques journées ; le reste est effacé, à jamais enseveli, pur passé. Le Christ Parole de Dieu a parlé et parce que nous sommes négligents, oublieux, peu attentionnés, cette Parole est presque oubliée. Dieu a parlé, Dieu nous a parlé et il ne nous reste que quelques bribes ; La Parole de Dieu a pris le risque d’être trahie, d’être néantisée, de sombrer.
Le Christ Jésus meurt, la Parole va s’éteindre : « Le salut est loin de moi, loin des mots que je rugis… » Mort scandaleuse, paroles scandaleuses pour la foi, et pourtant, en même temps, mort d’un homme qui révèle Dieu, parole divine qui révèle l’homme.

Le cri
Qui donc est Dieu ? Dieu de l’exode ou Dieu de l’exil ? Dieu qui agit avec puissance ou Dieu qui se tait ? Il est tout à la fois celui qui laisse son fils s’enfoncer dans la mort et celui qui va répondre. Son fils est un homme qui meurt sur une croix et un homme que Dieu a ressuscité.
« Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?… Le salut est loin de moi, loin des mots que je rugis. » L’angoisse résonne vers le ciel, prière lancée dans le silence, hurlement dans les nuits de nos hôpitaux, dans les solitudes de nos maisons de retraites, sur les barbelés des camps de la mort. La Parole de Dieu meurt dans ce souffle, cette prière. Qui donc est Dieu ? Dieu des vivants, Dieu qui meurt sur une croix ? Dieu de Moïse ou Dieu de Job ? Qui donc est Jésus de Nazareth : le prophète des Béatitudes qui s’adresse aux foules ou l’homme seul face à Pilate ? Qui donc est Jésus le Christ : l’homme mort qu’on ensevelit dans un tombeau neuf ou celui qu’on prend pour le jardinier ? Qui donc est l’homme ?
Le cri du Ps 22 est le cri solidaire du Christ avec chaque homme, chaque femme, chaque enfant, le cri de l’homme qui souffre et qui meurt ; cri de l’homme qui n’attend pas une réponse automatique de Dieu ; cri vers Dieu, vers Dieu Père, vers le Tout-Autre, le Dieu qui me surprend et qui m’apprend à vivre, le Dieu silence qui me parle. Le cri du Ps 22 déroute : Dieu n’est pas celui que j’imagine, pas le Dieu dont je rêve… Dans le crucifié, nous reconnaissons notre Dieu.

Mat 4,1 – Tempation and freedom – the Third Temptation »,

3 mars, 2017

 Mat 4,1 - Tempation and freedom - the Third Temptation

http://www.artbible.net/3JC/-Mat-04,01-Temptation_and_freedom_Tentation_et_%20liberte/slides/19%20BLAKE%20THE%20THIRD%20TEMPTATION.html

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