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31 JUILLET: IGNACE DE LOYOLA
31 juillet, 2013http://www.jesuites.org/content/ignace-de-loyola
SPIRITUALITÉ
31 JUILLET: IGNACE DE LOYOLA
VIE D’IGNACE DE LOYOLA (2 VIDÉOS SUR LE SITE)
I. ENTRE LES MURS D’UN CHÂTEAU
En 1491, au château de Loyola en Espagne, naît un enfant qu’on prénomme Inigo. Quelque trente ans plus tard, au début de ses études à Paris, Inigo changera son nom en celui d’Ignacio (Ignace, en français)
En 1506-1507, Inigo, encore adolescent, se rend à Arévalo et devient page à la cour espagnole. Le jeune noble de Loyola s’initie alors à la vie de cour et au métier des armes.
En 1521, engagé dans la défense de la forteresse de Pampelune, Inigo est blessé. Un boulet de canon lui brise la jambe droite et endommage sérieusement l’autre jambe.
Premier bouleversement
Celui qui, hier encore, rêvait d’exploits militaires et de vie chevaleresque se retrouve blessé, cloué à un lit, incapable de se déplacer seul. Un boulet de canon a soudainement bouleversé sa vie.
Opéré une première fois à Pampelune, Inigo est ramené à Loyola. On doit se rendre à l’évidence, des os mal repris ou déplacés forment une saillie qui rend la jambe difforme. Parce qu’il veut retrouver son élégante démarche d’autrefois, par deux fois et à froid Inigo accepte de se faire briser la jambe et scier les os qui dépassent. Commence une longue convalescence Ignace souffre physiquement et moralement; il s’ennuie.
Pour tuer le temps et se redonner un peu de courage, il aimerait bien lire quelques romans de chevalerie. Dans tout le château, malheureusement, on ne lui trouvera que deux livres: l’un portant sur la vie des saints et l’autre sur la vie de Jésus. Faute de mieux, le malade entreprend la lecture de ces ouvrages.
Nouveau bouleversement
En parcourant la vie des saints, Ignace en vient à se demander: » Pourquoi ne ferais je pas ce qu’ont fait saint François, saint Dominique et tant d ‘autres ? » Une conversion totale s’opère que viendra confirmer, une nuit, une vision de la Vierge Marie et de l’Enfant Jésus. Ignace poursuit ses lectures et transcrit de sa main des passages de la vie des saints et de l’Évangile. Un nouveau bouleversement vient de s’opérer et une vie bouleversante commence.
Comme son inaction lui laisse beaucoup de temps pour réfléchir, Ignace se met a prêter attention aux divers mouvements intérieurs qui l’habitent. I1 distingue en lui deux esprits: l’un provient de Dieu et apporte joie et dynamisme; l’autre vient du démon, attriste et rend malheureux. Ignace découvre alors ce que les maîtres spirituels appellent le discernement des esprits. Tout au long de sa vie par la suite et dans toutes ses entreprises, Ignace recourra sans cesse à ce discernement qu’il tentera de rendre familier à tous ceux qui se mettront à son école.
II. AU FOND D’UNE GROTTE
Transformé intérieurement, Ignace poursuit sa convalescence. A peine est-il remis sur pied qu’il décide de quitter Loyola. I1 se rend d’abord à Aránzazu pour y visiter un sanctuaire de la Vierge. De là, il prend la direction de Barcelone.
Drôle d’argument théologique
Chemin faisant, Ignace rencontre un Maure qui lui semble insulter la Vierge Marie en refusant de croire à la naissance virginale de Jésus. Après le départ du Maure, Ignace se demande s’il ne doit pas venger l’honneur de Marie en donnant au Maure » quelques bons coups de poignard « . Indécis, il laisse a sa mule le soin de trancher la question selon qu’elle prendra ou non le même chemin que le Maure. Heureusement, laissée à elle-même, la mule prit la direction opposée.
Après cet épisode, Ignace se procure un manteau de pèlerin et poursuit sa route jusqu’au sanctuaire marial de Montserrat. Notre pèlerin rencontre un bénédictin auquel il fait, longuement et en détail, une confession générale de tous ses péchés passés. Puis à la façon des chevaliers de l’époque, c’est la veillée d’armes à l’autel de Notre-Dame de Montserrat.
Au petit matin, après sa nuit de prière sur la montagne de Montserrat, Ignace se rend à Manrèse où il compte passer quelques jours pour noter des choses dans son cahier. Les quelques jours dureront une année entière.
La solitude Manrèse
À Manrèse, Ignace se retire au fond d’une grotte et il assure sa subsistance en mendiant quotidiennement. Il se livre alors à toutes sortes de pénitences et prie sept heures par jour à genoux. Il tente aussi d’entrer en contact avec des personnes spirituelles ou des ermites qu’il va visiter dans leur solitude. Il ne trouve finalement personne qui puisse l’instruire. Ignace éprouve aussi toutes sortes de mouvements intérieurs, y compris une importante crise de scrupules dont il se sortira grâce à son confesseur, auquel il ouvre entièrement son cour.
Un maître inusité
Après cette crise de scrupules, Ignace a l’impression de sortir d’une longue nuit et de s’éveiller. Dieu devient alors son maître intérieur et, comme dira plus tard Ignace, Dieu l’instruit » comme un maître d’école un enfant « . Si l’époque de Manrèse est marquée de toutes sortes de visions, il faut surtout retenir la grande vision du Cardoner, qui aura une influence déterminante sur toute la vie d’Ignace de Loyola, sur le livre des Exercices spirituels et les Constitutions de la Compagnie de Jésus.
Au terme de cette année-nous sommes en 1523-, Ignace quitte Manrèse pour Barcelone, car il a décidé de se rendre à Jérusalem.
III. D’UNE EXTRÉMITÉ À L’AUTRE DE LA MÉDITERRANÉE
Une aide providentielle
Ignace s’embarque donc à Barcelone et aborde en Italie, à Gaëte. À pied, il se dirige vers Rome. Le séjour dans la Ville éternelle n’est qu’une étape de son long voyage vers Jérusalem.
Pour manifester sa totale confiance en Dieu, Ignace voyage sans argent. Autour de lui, on crie à la folie et on tente de le dissuader d’entreprendre un tel voyage. Au plus profond de lui, il est persuadé que Dieu lui donnera le moyen d’aller à Jérusalem. De fait, le duc de Venise lui concède un laissez-passer gratuit pour la Terre Sainte. Ignace s’embarque donc et, après une escale à Chypre, atteint Jérusalem le 4 septembre 1523.
Encore un bouleversement
En Terre Sainte, Ignace vise deux buts bien précis: nourrir sa propre dévotion et aider ceux et celles qui l’entourent. Aussi serait-il bien aise de demeurer à Jérusalem. L’autorisation lui est cependant refusée par les Franciscains qui jugent la situation trop dangereuse.
Ce refus de séjour déçoit et désorganise Ignace. Il avait tellement misé sur Jérusalem! Tous ses plans sont chamboulés, toutes ses démarches antérieures sont réduites à néant.
Le dernier mot n’est pas dit
Si déçu que soit Ignace par la réponse des hommes, une pensée continue de le hanter. Dans sa retraite de Manrèse, il avait reçu l’ordre » d’attendre à Jérusalem l’Esprit Saint promis « . Comme il est manifeste que le Seigneur ne le veut pas à Jérusalem, Ignace se demande sans arrêt: » Que dois je donc faire ? «
Finalement, il se sent inspiré de se livrer aux études pendant quelque temps afin d’être utile au prochain. Il retraverse donc la Méditerranée pour revenir à Barcelone. Son voyage a duré un an.
IV. SUR LES BANCS DE L’ÉCOLE
Un étudiant qui n’étudie guère
Avec le retour à Barcelone, en 1524, commence pour Ignace une période extrêmement importante de sa vie. Cette période, en effet, le mène des études grammaticales à Barcelone jusqu’aux études d’humanités à Paris, en passant par les études philosophiques à Alcalá et à Salamanque.
À vrai dire, il faut reconnaître qu’avant Paris, Ignace ne s’adonne pas principalement aux études. Dans ses contacts avec les gens, il tente de les faire bénéficier des lumières qu’il a lui-même reçues durant sa réclusion à Manrèse. Il leur fait faire ce qu’il appelle les Exercices spirituels. Il s’agit d’activités de réflexion et de prière destinées à éclairer les âmes, à les fortifier, les plonger dans l’amour pour le Christ en vue d’en faire des instruments actifs au service de la gloire de Dieu et du salut du prochain.
C’est donc un étudiant bien particulier qu’ont vu les diverses écoles fréquentées par cet Inigo de Loyola. Un apôtre zélé qui provoque des remous et alerte les autorités ecclésiastiques.
De telles activités, on s’en doute un peu, ne furent pas toujours favorablement accueillies. Ignace a dû subir procès, prison, interrogatoires, avant d’être finalement dénoncé à l’Inquisition.
Au cours de son séjour à Barcelone, Alcalá et Salamanque, Ignace avait compris qu’apostolat et études ne faisaient pas bon ménage. À Paris, notre étudiant se mit donc sérieusement à la besogne. Il travailla si bien que, le 13 mars 1533, il fut reçu à la licence ès lettres et, le 14 mars 1535, on lui octroya le diplôme de maître ès arts.
L’étape décisive de Paris
Face à tous les harcèlements qu’on lui réserve, à tous les interrogatoires auxquels on le soumet en Espagne, surtout à Salamanque, Ignace décide de s’en aller à Paris. Pourtant, Paris ne sera guère plus tendre avec lui que les villes espagnoles. C’est à Paris, en effet, qu’Ignace sera dénoncé aux autorités.
V. DANS UNE CHAPELLE DE MONTMARTRE
À l’époque des études à Paris, l’ancien chevalier converti et devenu étudiant ne pouvait laisser complètement de côté le zèle spirituel qui le dévorait. I1 commença donc à réunir quelques compagnons autour de lui. Issus de régions différentes, ces hommes formaient sous la direction spirituelle d’Ignace un groupe d’amis dans le Seigneur. Ils s’appelaient:
INIGO LOPEZ DE LOYOLA, né à Loyola, en Espagne;
PIERRE FAVRE, né à Villaret, en France;
DIEGO LAYNEZ, né à Almázan, en Espagne;
ALFONSO SALMERÓN, né à Tolède, en Espagne;
SIMÃO RODRIGUES, né à Vouzela, au Portugal;
FRANCISCO JASSU Y JAVIER, né à Javier, en Espagne;
NICOLÁ LONSO Y PEREZ, né à Bobadilla del Camino, en Espagne.
Sur la butte de Montmartre
À l’aube du 15 août 1534, le groupe des sept amis se dirige vers la butte de Montmartre. Dans la chapelle des martyrs, ils prononcent les voux de chasteté et de pauvreté et prennent l’engagement suivant :
Aller à Venise et à Jérusalem pour dépenser leur vie et pour être utiles aux âmes. Si la permission ne leur était pas donnée de rester à Jérusalem, ils retourneraient à Rome se présenter au Vicaire du Christ pour qu’il les emploie là où il jugerait que cela serait davantage pour la gloire de Dieu et plus utile pour les âmes. (Récit du Pèlerin, n° 85)
Dans sa vieillesse, Simon Rodrigues, un des participants, rappelle avec émotion le souvenir de cette journée du 15 août 1534:
Après la cérémonie, les Pères passèrent le reste de la journée en grande liesse et exultation, près de la fontaine où saint Denys, dit-on, portant son chef, lava le sang qui lui coulait du corps… Ils devisaient de l’ardeur et de l’élan qui les poussaient à se donner à Dieu. À la tombée du jour, ils rentrèrent chez eux, louant et bénissant Dieu.
(Simon Rodrigues, Origine et développement de la Compagnie de Jésus).
VI. SOUS LE CIEL D’ITALIE
À Montmartre, Ignace et ses compagnons, en faisant le voeu d’aller à Jérusalem, s’étaient généralement engagés à attendre un an à Venise, s’il le fallait, pour passer en Terre Sainte. Le 8 janvier 1537, tous les compagnons se retrouvèrent donc à Venise, logeant dans les hôpitaux et se dévouant au soin des malades.
On prévoyait partir en juin pour Jérusalem. Or, cette année-là, contrairement à tout ce qui s’était passé au cours des trente-huit années précédentes, aucun navire n’appareilla pour la Terre Sainte en raison des rumeurs de guerre qui circulaient.
Les compagnons durent donc se résigner et patienter encore. Au cours de cette attente, en juin 1537, maître Ignace, François Xavier, Jacques Laynez, Simon Rodrigues, Alfonso Salmerón, Nicolas Bobadilla (ils étaient tous du groupe de Montmartre), ainsi qu’une nouvelle recrue, Jean Codure, furent ordonnés prêtres par un évêque italien. Après l’ordination, pour se rendre utiles pendant que se poursuivait l’attente de Jérusalem, les compagnons se dispersèrent dans les villes du nord de l’Italie pour prêcher et enseigner la doctrine chrétienne. Ignace prit la direction de Rome avec Pierre Favre et Jacques Laynez.
La Compagnie de Jésus
Un fait très important mérite d’être mentionné ici. Avant de se quitter temporairement, raconte le Père Polanco, les compagnonss’étaient demandé quelle réponse ils feraient sur eux-mêmes, si on leur demandait ce qu’était ce groupe constitué de dix membres ou un peu plus (…); ils avaient prié et réfléchi sur le nom qui leur convenait davantage. Ils avaient observé qu’ils n’avaient point entre eux d’autre chef que Jésus Christ et que c’est Lui seul qu’ils souhaitaient servir. Il leur parut donc qu’ils devaient se donner le nom de Celui qu’ils avaient pour Chef et que leur groupement s’appellerait LA COMPAGNIE DE JÉSUS. (Jean Polanco, Vie d’Ignace et les débuts de la Compagnie de Jésus )
Le 3 septembre 1539, le pape Paul III approuvait oralement cette » Compagnie de Jésus » nouvellement installée à Rome qui était venue se mettre à son service à la mi-novembre de l’année précédente. Le 27 septembre 1540, le même pape Paul III confirmait officiellement et définitivement la Compagnie de Jésus. Désormais, existe dans l’Église catholique un nouvel Ordre religieux dont les membres sont plus communément connus sous l’étiquette de JÉSUITES.
Un Général à l’oeuvre
En 1541, Ignace est élu premier Général de son Ordre. Impossible de résumer ici ce que fut la vie trépidante d’Ignace de Loyola à Rome. Rappelons simplement qu’au milieu de ses activités de toutes sortes, il fait officiellement approuver par le pape le livre des Exercices spirituels; il rédige les Constitutions de son Ordre; il entretient une correspondance énorme et voit à la naissance de la Compagnie de Jésus qui connaît des développements extrêmement rapides.
Le 31 juillet 1556, au terme d’une vie bouleversée et bouleversante, au moment où le jour se lève sur Rome, meurt Inigo-Ignace de Loyola. Il a soixante-cinq ans. Le 12 mars 1622, le pape Grégoire XV canonisera Ignace en même temps que son grand ami et compagnon, François Xavier.
VII. AU-DELÀ DE TOUTES LES FRONTIÈRES
En guise de conclusion, rappelons un événement extrêmement important survenu dans la vie d’Ignace au moment où il se rendait à Rome en compagnie de Favre et de Laynez, à la fin de 1537.
Avant d’arriver à Rome, à une quinzaine de kilomètres de la ville, Ignace et ses compagnons entrent dans une petite chapelle appelée » La Storta « . Pendant qu’Ignace est en prière, il a une vision au cours de laquelle Dieu le Père semble imprimer dans son cour les paroles suivantes: » Je vous serai propice à Rome. » En rapport avec cet événement, Ignace écrivait dans son Journal intime, à la date du 22 février 1544: » Je me souviens du jour ou 1e Père me mit avec son Fils. «
À cette expérience mystique, ajoutons les propos que le pape tint un jour à Ignace: » Pourquoi voulez-vous tellement aller à Jérusalem ? L’Italie est une bonne et vraie Jérusalem si vous voulez faire du bien dans l’Église de Dieu ! «
Ces événements nous font comprendre pourquoi Ignace laissa définitivement tomber le projet de la Terre Sainte. Désormais, la Compagnie de Jésus serait disponible pour toute besogne apostolique en n’importe quelle partie du monde. Au lieu d’être elle-même bouleversée par les événements et les hommes, comme ce fut le cas en tant d’occasions passées, la Compagnie de Jésus, par l’action et l’influence de ses membres, bouleversera les conditions de la société chrétienne:
sur le plan de la Contre-réforme du XVIe siècle;
sur le plan de l’évangélisation en terre païenne comme en terre chrétienne;
sur le plan de l’enseignement et de la formation de la jeunesse;
sur le plan de la recherche scientifique;
sur le plan de la lutte pour l’instauration de la justice et le mieux-être des défavorisés;
sur le plan de toutes les formes d’aide spirituelle aux âmes qui constituent le peuple de Dieu.
Les statistiques révèlent que la Compagnie de Jésus compte aujourd’hui environ 25 000 membres, dont près de 7 000 ouvrant dans des pays dits de mission.
Les Jésuites sont donc toujours là, actifs dans le monde contemporain, essayant de garder intact l’esprit de leur père fondateur, saint Ignace de Loyola, qui leur a proposé un seul objectif:
TOUT POUR LA PLUS GRANDE GLOIRE DE DIEU ET LE SALUT DES ÂMES.
CONNAÎTRE ET AIMER – DIEU QUI EST AMOUR ET VÉRITÉ
31 juillet, 2013http://www.teologia.pl/fr/k-f-c.htm
CONNAÎTRE ET AIMER - DIEU QUI EST AMOUR ET VÉRITÉ
CONNAISSANCE DE DIEU
Peut-on connaître Dieu avec la seule lumière de la raison?
À partir de la création, c’est-à-dire du monde et de la personne humaine, l’homme, par sa seule raison, peut avec certitude connaître Dieu comme origine et fin de l’univers, comme souverain bien, et comme vérité et beauté infinie. (C_C 3)
Suffit-il de la lumière de la raison pour connaître le mystère de Dieu?
Dans sa connaissance de Dieu par la seule lumière de sa raison, l’homme rencontre beaucoup de difficultés. De plus, il ne peut entrer par lui-même dans l’intimité du mystère divin. C’est pourquoi Dieu a voulu l’éclairer par sa Révélation, non seulement sur les vérités qui dépassent la compréhension humaine, mais aussi sur les vérités religieuses et morales, qui, tout en étant en elles-mêmes accessibles à la raison, peuvent ainsi être connues de tous, sans difficulté, avec une ferme certitude et sans risque d’erreur. (C_C 4)
CRÉATION
Qu’a créé Dieu?
La Sainte Écriture dit : « Au commencement Dieu créa le ciel et la terre » (Gn 1,1). Dans sa profession de foi, l’Église proclame que Dieu est le créateur de toutes les choses visibles et invisibles, de tous les êtres spirituels et matériels, c’est-à-dire les anges et le monde visible, et tout particulièrement l’homme. (C_C 59)
Pourquoi est-il important d’affirmer : « Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre » (Gn 1, 1)?
Parce que la création est le fondement de tous les projets divins de salut. La création est la manifestation de l’amour tout-puissant et sage de Dieu ; elle est le premier pas vers l’Alliance du Dieu unique avec son peuple ; elle est le commencement de l’histoire du salut, qui culmine avec le Christ ; elle est la première réponse aux interrogations fondamentales de l’homme sur son origine et sur sa fin. (C_C 51)
DIEU CRÉE PAR SAGESSE ET PAR AMOUR
Nous croyons que Dieu a créé le monde selon sa sagesse (cf. Sg 9, 9). Il n’est pas le produit d’une nécessité quelconque, d’un destin aveugle ou du hasard. Nous croyons qu’il procède de la volonté libre de Dieu qui a voulu faire participer les créatures à son être, sa sagesse et sa bonté : » Car c’est toi qui créas toutes choses ; tu as voulu qu’elles soient, et elles furent créées » (Ap 4, 11). » Que tes œuvres sont nombreuses, Seigneur ! Toutes avec sagesse tu les fis » (Ps 104, 24). » Le Seigneur est bonté envers tous, ses tendresses vont à toutes ses œuvres » (Ps 145, 9). (CEC 295)
LE MONDE VISIBLE
Qui a créé le monde?
Le Père, le Fils et l’Esprit Saint sont le principe unique et indivisible du monde, bien que l’œuvre de la création du monde soit particulièrement attribuée à Dieu le Père. (C_C 52)
POURQUOI DIEU A-T-IL CRÉÉ LE MONDE?
Le monde a été créé pour la gloire de Dieu, qui a voulu manifester et communiquer sa bonté, sa vérité et sa beauté. La fin ultime de la création, c’est que Dieu, dans le Christ, puisse être « tout en tous » (1 Co 15, 28), pour sa gloire et pour notre bonheur. « La gloire de Dieu, c’est l’homme vivant, et la vie de l’homme, c’est la vision de Dieu » (saint Irénée). (C_C 53)
Il existe une solidarité entre toutes les créatures du fait qu’elles ont toutes le même Créateur, et que toutes sont ordonnées à sa gloire :
Loué sois-tu, Seigneur, dans toutes tes créatures,
spécialement messire le frère Soleil,
par qui tu nous donnes le jour la lumière ;
il est beau, rayonnant d’une grande splendeur,
et de toi, le Très-Haut, il nous offre le symbole. …
Loué sois-tu, mon Seigneur, pour sœur Eau,
qui est très utile et très humble,
précieuse et chaste. …
Loué sois-tu, mon Seigneur, pour sœur notre mère la Terre
qui nous porte et nous nourrit,
qui produit la diversité des fruits
avec les fleurs diaprées et les herbes. …
Louez et bénissez mon Seigneur,
rendez-lui grâce et servez-le
en toute humilité.
(S. François d’Assise, cant.) (CEC 344)
Comment Dieu a-t-il créé l’univers?
Dieu a créé l’univers librement, avec sagesse et amour. Le monde n’est pas le produit d’une nécessité, d’un destin aveugle ou du hasard. Dieu a créé « de rien » (ex nihilo ; 2 M 7, 28) un monde ordonné et bon, qu’Il transcende à l’infini. Dieu conserve sa création dans l’être et Il la soutient, lui donnant la capacité d’agir et la conduisant vers son achèvement par son Fils et par l’Esprit Saint. (C_C 54)
Puisque Dieu peut créer de rien, il peut, par l’Esprit Saint, donner la vie de l’âme à des pécheurs en créant en eux un cœur pur (cf. Ps 51, 12), et la vie du corps aux défunts par la Résurrection, Lui « qui donne la vie aux morts et appelle le néant à l’existence » (Rm 4, 17). Et puisque, par sa Parole, il a pu faire resplendir la lumière des ténèbres (cf. Gn 1, 3), il peut aussi donner la lumière de la foi à ceux qui l’ignorent (cf. 2 Co 4, 6). (CEC 298)
Qu’enseigne la Sainte Écriture au sujet de la création du monde visible?
À travers le récit des « sept jours » de la création, la Sainte Écriture nous fait connaître la valeur de la création et sa finalité qui est la louange de Dieu et le service de l’homme. Toute chose doit son existence à Dieu, de qui elle reçoit sa bonté et sa perfection, ses lois et sa place dans l’univers. (C_C 62)
Quelle est la place de l’homme dans la création?
L’homme est le sommet de la création visible, car il est créé à l’image et à la ressemblance de Dieu. (C_C 63)
Quel type de liens existe-t-il entre les réalités créées?
Entre les créatures, il existe une interdépendance et une hiérarchie voulues par Dieu. En même temps, il existe une unité et une solidarité entre les créatures, car toutes ont le même créateur, toutes sont aimées de lui et sont ordonnées à sa gloire. Respecter les lois inscrites dans la création et les rapports découlant de la nature des choses constitue donc un principe de sagesse et un fondement de la morale. (C_C 64)
Quelle relation y a-t-il entre l’œuvre de la création et celle de la rédemption?
L’œuvre de la création culmine dans l’œuvre, plus grande encore, de la rédemption. En effet, cette dernière est le point de départ de la nouvelle création, dans laquelle tout retrouvera son sens plénier et son achèvement. (C_C 65)
L’HOMME
En quel sens l’homme est-il créé à « l’image de Dieu »?
L’homme est créé à l’image de Dieu en ce sens qu’il est capable de connaître et d’aimer librement son créateur. Sur la terre, il est la seule créature que Dieu a voulue pour elle-même et qu’il a appelée à participer à sa vie divine, par la connaissance et par l’amour. Parce qu’il est créé à l’image de Dieu, l’homme a la dignité d’une personne; il n’est pas quelque chose, mais quelqu’un, capable de se connaître, de se donner librement et d’entrer en communion avec Dieu et avec autrui. (C_C 66)
Dans quel but Dieu a-t-il créé l’homme?
Dieu a tout créé pour l’homme, mais l’homme a été créé pour connaître, servir et aimer Dieu, pour lui offrir, dans ce monde, la création en action de grâce et pour être, dans le ciel, élevé à la vie avec Dieu. (C_C 67)
Quel est donc l’être qui va venir à l’existence entouré d’une telle considération ? C’est l’homme, grande et admirable figure vivante, plus précieux aux yeux de Dieu que la création toute entière : c’est l’homme, c’est pour lui qu’existent le ciel et la terre et la mer et la totalité de la création, et c’est à son salut que Dieu a attaché tant d’importance qu’il n’a même pas épargné son Fils unique pour lui. Car Dieu n’a pas eu de cesse de tout mettre en œuvre pour faire monter l’homme jusqu’à lui et le faire asseoir à sa droite (S. Jean Chrysostome, serm. in Gen. 2, 1 : PG 54, 587D-588A). (CEC 358)
C’est seulement dans le mystère du Verbe incarné que le mystère de l’homme trouve sa vraie lumière. L’homme est prédestiné à reproduire l’image du Fils de Dieu fait homme, qui est lui-même la parfaite « image du Dieu invisible » (Col 1, 15). (C_C 67)
Saint Paul nous apprend que deux hommes sont à l’origine du genre humain : Adam et le Christ … Le premier Adam, dit-il, a été créé comme un être humain qui a reçu la vie ; le dernier est un être spirituel qui donne la vie. Le premier a été créé par le dernier, de qui il a reçu l’âme qui le fait vivre … Le second Adam a établi son image dans le premier Adam alors qu’il le modelait. De là vient qu’il en a endossé le rôle et reçu le nom, afin de ne pas laisser perdre ce qu’il avait fait à son image. Premier Adam, dernier Adam : le premier a commencé, le dernier ne finira pas. Car le dernier est véritablement le premier, comme il l’a dit lui-même : « Je suis le Premier et le Dernier » (S. Pierre Chrysologue, serm. 117, 1-2 : PL 52, 520B). (CRC 359)
Pourquoi les hommes forment-ils une unité?
Tous les hommes forment l’unité du genre humain, en raison de leur commune origine, qu’ils tiennent de Dieu. De plus, Dieu, « à partir d’un seul homme, a créé tous les peuples » (Ac 17, 26). Tous ont un unique Sauveur. Tous sont appelés à partager l’éternité bienheureuse de Dieu. (C_C 68)
Grâce à la communauté d’origine le genre humain forme une unité. Car Dieu » a fait sortir d’une souche unique toute la descendance des hommes » (Ac 17, 26 ; cf. Tb 8, 6):
Merveilleuse vision qui nous fait contempler le genre humain dans l’unité de son origine en Dieu (…) ; dans l’unité de sa nature, composée pareillement chez tous d’un corps matériel et d’une âme spirituelle ; dans l’unité de sa fin immédiate et de sa mission dans le monde ; dans l’unité de son habitation : la terre, des biens de laquelle tous les hommes, par droit de nature, peuvent user pour soutenir et développer la vie ; unité de sa fin surnaturelle : Dieu même, à qui tous doivent tendre ; dans l’unité des moyens pour atteindre cette fin ; (…) dans l’unité de son rachat opéré pour tous par le Christ (Pie XII, enc. » Summi pontificatus « ; cf. NA 1). (CEC 360)
Dans l’homme, comment l’âme et le corps ne forment-ils qu’un?
La personne humaine est un être à la fois corporel et spirituel. En l’homme, l’esprit et la matière forment une seule nature. Cette unité est si profonde que, grâce au principe spirituel qu’est l’âme, le corps, qui est matière, devient un corps humain et vivant, et prend part à la dignité d’image de Dieu. (C_C 69)
Qui donne l’âme à l’homme?
L’âme spirituelle ne vient pas des parents, mais elle est créée directement par Dieu, et elle est immortelle. Se séparant du corps au moment de la mort, elle ne meurt pas; elle s’unira à nouveau au corps au moment de la résurrection finale. (C_C 70)
Quel rapport entre l’homme et la femme Dieu a-t-il établi?
L’homme et la femme ont été créés par Dieu dans une égale dignité en tant que personnes humaines et, en même temps, dans une complémentarité réciproque en tant qu’homme et femme. Dieu les a voulus l’un pour l’autre, pour une communion de personnes. Ensemble, ils sont aussi appelés à transmettre la vie humaine, formant dans le mariage « une seule chair » (Gn 2, 24) et à dominer la terre comme « intendants » de Dieu. (C_C 71)
(C_C) = Compendium du Catéchisme de l’Église catholique
(CEC) = Catéchisme de l’Église Catholique
Our Lady of America
30 juillet, 2013DU SOUFFLE – L’ESPRIT-SAINT
30 juillet, 2013http://www.philagora.fr/religion/04-06-06.htm
DU SOUFFLE.
« L’Esprit-Saint est une voix qui parle à notre cœur. Mais nous n’entendons rien! Il Y a trop de bruit dans notre « intérieur », Mille préoccupations, matérielles, affectives. Fêter Pentecôte c’ est essayer de se désencombrer intérieurement. Faire silence en nous. Arrêter le film qui défile dans notre tête. Prendre du temps. Perdre du temps. Que faisons-nous d’ailleurs de ce temps que nous sommes si fiers d’avoir gagné ?.. Mais quand le silence se fait, où donc nous parle Dieu? Où l’Esprit fait-il entendre sa voix si discrète? Au cœur de nos désirs. Pas ailleurs qu’en nous-mêmes. Là où nous aimons, où nous cherchons, où nous attendons, où nous espérons, où nous redoutons… C’est à 11ntérieur de ce que nous vivons que parle l’Esprit pour y souffler de la nouveauté, de 11nattendu, Voilà pourquoi, sans doute, l’Écriture, dans les Actes, en parle comme d’un vent violent.
Notre désir est le moteur permanent et profond de notre existence. L’homme est un être de désir. C’est le temps du désir, disait le jésuite Denis Vasse dans un livre qui garde son actualité. Le vent, ça chasse les brumes et la poussière, le paysage soudain devient plus clair; tes faux-semblants tombent. On voit mieux la route. C’est comme un feu qui nettoie les broussailles. Ce peut être douloureux de perdre ses illusions, mais les illusions ne mènent nulle part, sinon souvent à la catastrophe. L’Esprit nous fait ‘parler un langage nouveau, d’autres langues, dit l’Écriture, toujours cette nouveauté soudain qui fait que l’on regarde sa vie d’un Œil nouveau. Prendre du recul, pour mieux avancer. Oui, le vent peut souffler si fort qu11 nous détourne d’un chemin que nous avions pris dans la brume, sans même savoir qu11 se terminait dans un gouffre mortel, pour nous transporter sur une autre route. On pourrait appeler cet heureux « détournement » la conversion.
L’Esprit au cœur de nos désirs, c’est Jésus qui nous devient enfin intérieur. Quand on connaît et que l’on aime vraiment, n’aspire-t-on pas à cette habitation par l’être aimé? Vouloir comme il veut, vouloir de sa volonté. Père, que ta volonté soit faite et non la mienne dira Jésus au temps de son agonie, ce rude combat qui le dépouille de tout sous la tempête de l’Esprit. Désirer comme tu désires et non cesser de désirer. Le chrétien n’est pas un être atone, arrêté, pétrifié. Je cours du bon combat, dira saint Paul. Oui, désirer vivre, aimer la vie, laisser se libérer en moi cette force immense capable de transporter les montagnes, force du désir, force de l’amour. Car l’Esprit est Esprit d’amour, Sous l’effet de ce vent violent, nous passons du statut de la 10i qui corsète notre désir au statut de l’amour qui est celui de La liberté. Aime et fais ce que tu veux, s’écriera saint Augustin. Si l’on aime selon l’Esprit de Jésus!
Alors les pas de notre liberté nous feront courir, passionnément, vers ces rencontres généreuses qui exaltent notre vie. les amoureux n’ont pas besoin de mots pour comprendre cela. Par l’Esprit désormais, nos désirs sont portés par l’amour qui est le lien de la Trinité. Et si toute loi est faite pour grandir elle s’accomplit parfaitement seulement quand c’est au nom de l’amour qu’elle est mise en œuvre.
Le signe éminent de cette habitation par l’Esprit, c’est la joie. On ne peut pas s’y tromper. les fausses routes, sans souffle, sans feu, sans lumière, sont tristes, et les éventuels plaisirs que l’on y prend ont toujours un arrière-goût de cendre, de vide. Paul, qui s’y connaît, lui qui a vécu une véritable révolution dans ses désirs, ardent persécuteur devenu ardent apôtre, peut énumérer les fruits de l’Esprit: « amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, foi, humilité et maîtrise de soi ». Et il peut ajouter en vérité: « face à tout cela il n’y a plus de loi qui tienne », (Épître aux Galates,S).
Être chrétien, ce n’est pas s’arrêter de vivre comme pourrait parfois le laisser penser certains comportements qui se disent de piété: c’est tout au contraire vivre plus, vivre davantage. Paul dira encore: « puisque l’Esprit nous fait vivre, laissons-nous conduire par l’Esprit ». Jésus dit l’Évangile, donne du souffle à ses amis, son souffle, celui de la vie, de la liberté, de la mobilité. Oui, l’Esprit-Saint, au cœur de nos désirs, est à l’œuvre dans tous les évènements de notre vie. Il est force dans les épreuves, les tristesses, les deuils. Il est audace pour sortir de soi et aller à la rencontre des autres, pour les aimer, et nous grandir en les faisant grandir. Il est courage au cœur du témoignage de la foi, sans crainte de parler, et surtout de parler par nos actes, des actes toujours plus traversés par l’amour libérateur de Jésus-Christ. Comme le disait Jean-Paul II : « Allez! Prenez le large avec courage, toutes voiles dehors, poussés par le souffle de l’Esprit. Vous serez ainsi heureux de tout ce que le Seigneur accomplira à travers vous »
Père BLONDEAU.
Sainte Marthe
29 juillet, 201329 JUILLET: SAINTE MARTHE, VIERGE
29 juillet, 2013http://magnificat.ca/cal/fr/saints/marthe.html
SAINTE MARTHE, VIERGE
(† VERS L’AN 81)
Sainte Marthe était soeur de Marie Madeleine et de Lazare. C’est elle qui dirigeait la maison de Béthanie et s’en montrait digne par sa douceur et son amabilité envers les siens, par sa charité envers les pauvres et par l’hospitalité si dévouée qu’elle offrait au Sauveur et à Ses disciples. Un jour, Marthe était absorbée par les soins domestiques, tandis que Madeleine se tenait aux pieds de Jésus. Marthe se plaignit:
« Seigneur, dites donc à Marie de venir m’aider, ne voyez-Vous pas qu’elle me laisse toute la charge?
- Marthe, Marthe, lui dit le Maître, vous vous agitez trop. Une seule chose est nécessaire; Marie a choisi la meilleure part, et elle ne lui sera point enlevée. »
C’est Marthe qui fit prévenir Jésus de la maladie, puis de la mort de son frère Lazare: « Seigneur, Lui dit-elle, dès qu’elle L’aperçut, si Vous eussiez été ici, mon frère ne serait pas mort. » Et Jésus lui donnant des paroles d’espérance: « Seigneur, ajouta-t-elle, je crois que Vous êtes le Christ, Fils du Dieu Vivant. »
Après la mort de la Très Sainte Vierge, Marthe subit le sort de Lazare et de Madeleine: exposée par les Juifs endurcis sur une frêle barque, à la merci des flots irrités, elle est portée avec les siens vers les beaux rivages de la Provence. Là elle participe à l’apostolat de son frère Lazare, qui devint évêque de Marseille, et à la sainte vie de Madeleine.
Marthe est devenue célèbre par l’enchaînement d’un dragon. Au moment où elle commençait à prêcher la foi sur les rives du Rhône, un monstre effroyable, connu sous le nom de Tarasque, jetait la terreur dans toute la contrée. Un jour que Marthe annonçait la parole divine dans la ville de Tarascon, la foule s’écria: « Si vous détruisez le dragon, nous embrasserons votre foi.
- Si vous êtes disposés à croire, répondit Marthe, tout est possible à celui qui croit. » Et seule elle s’avance vers la caverne du monstre. Pour combattre cet ennemi, Marthe se munit du signe de la Croix; le monstre baisse la tête et tremble. Elle s’avance, l’enlace avec sa ceinture et l’amène comme un trophée de victoire aux habitants, et bientôt la Tarasque tombe écrasée sous les coups vengeurs de tout le peuple. En triomphant de ce monstre, Marthe avait triomphé du dragon infernal.
Marthe s’établit dans la ville, devenue chrétienne, se fit la servante des pauvres, et fonda une communauté de vierges.
Abbé L. Jaud,Vie des Saints pour tous les jours de l’année, Tours, Mame, 1950.
PENSÉE ET SAGESSE D’ISRAËL
29 juillet, 2013http://www.universitepopulairedejerusalem.com/enseignement/modules/pensees-et-sagesse-d-israel/
PENSÉE ET SAGESSE D’ISRAËL
(UNIVERSITÉ POPULAIRE DE jÉRUSALEM)
L’histoire des idées n’est pas dissociable de l’histoire d’un peuple. Cela vaut pour le patrimoine intellectuel et spirituel d’Israël. Au regard de la culture dominante, l’apport culturel du peuple juif paraît aussi méconnu que ses évolutions historiques. Pourtant, il est incontestable que la culture du peuple juif est partie intégrante de son narratif, et qu’elle oriente dans une large mesure la philosophie de l’histoire d’Israël. La pensée et la sagesse d’Israël représente le versant culturel et spirituel du narratif juif. Elle est aussi bien la matière de l’historiographie scientifique, que le motif constant d’un vécu de l’histoire, tout autant que la condition d’une philosophie de l’histoire susceptible d’entrer en rivalité avec les conceptions dominantes, souvent fondées sur la contestation d’Israël. La connaissance par les textes constitue sans doute l’un des biais privilégié d’une compréhension renouvelée de l’apport hébraico-juif au développement de la civilisation. Un abord frontal, d’emblée préoccupé de solliciter les sources, de les « faire parler », est aussi la meilleure manière de déchirer le voile du préjugé, ou du lieu commun. Dans ce domaine aussi, l’enseignement privilégie le parti pris de la continuité. Cela consiste d’abord à situer les sources relativement à leur époque, compte tenu de leur mode de formation. Il ne s’agit pourtant pas de valoriser la perspective historique, ni de poser sur les textes un regard de muséographe, ni de conservateur du patrimoine seulement soucieux de préserver une somme documentaire. Disons plutôt, d’accord avec Emmanuel Lévinas, qu’il s’agit moins de « parler du texte, que de faire parler le texte ». Le souci de précision oblige à débuter l’enseignement par une initiation au Talmud, ce qui a priori peut passer pour ce qu’il y a de plus difficile. Il s’agira en l’occurrence de familiariser le public avec les deux dimensions indissociables de ce vaste corpus : son aspect légal autant que son aspect narratif, en montrant que la Halakha (Loi) demeure inséparable de la Aggadah (Récit). Il sera question d’exposer les six ordres de la Michna (ensemble des énoncés de la loi orale), et de montrer comment la Guemara (exégèse de la Michna) vient s’y rapporter. L’étude, axée sur texte, envisage nécessairement de sélectionner certains thèmes, qui trouvent toujours un écho chez le lecteur contemporain. L’une des finalités de cette initiation vise à nuancer l’idée reçue selon laquelle le Talmud ne serait qu’un commentaire de la Bible. A tout le moins, la Bible juive ne se conçoit pas indépendamment du corpus talmudique avec lequel elle forme un ensemble cohésif et cohérent. L’étape suivante consiste à familiariser le public avec l’esprit du Midrach, ou, pour être plus exact, avec l’esprit qui traverse la lettre du midrach. A commencer par l’examen du vocable même, et de ses acceptions. Il s’agira d’abord de situer le genre midrachique dans l’ensemble de la littérature rabbinique, d’en détailler les principales sources. Mais ces connaissances préalables ne sont qu’un préambule à l’examen détaillé du mode de connaissance et de compréhension du texte biblique que constitue la parole midrachique. Le Midrach est partie intégrante de la loi orale, sa rhétorique tend à pluraliser le sens du texte, à combler une lacune apparente de la littéralité, ou à dénouer un complexe de sens inapparent. Il s’agira ici de montrer en quoi la dynamique du midrach appelle d’abord une herméneutique, qui tient dans l’élaboration d’une fonction langagière de la tradition. Après quoi, pourrait-on ajouter avec une pointe d’humour, il restera à se demander comment se peut-il que d’aucuns persistent à lire la Bible sans exégèse ? L’expérience renouvelée de la Révélation n’est-elle pas renouvellement du sens de la parole ? Loin de constituer un « appendice » du texte princeps, le midrach définit son milieu premier, puisqu’il est une saisie permanente, voire un ressaisissement constant de vues verbalisées qui, autrement, menacent de se figer en aperçus désuets, ou simplistes. Chemin faisant, il sera question du lien rémanent qui relie le Midrach classique à la liberté associative des modernes. Tout cela, pourrait-on dire, nous parle d’un lieu bien « particulier », peut-être d’un « particularisme » aujourd’hui inaudible, sinon intolérable . Est-ce pourtant le cas ? En ce stade, l’enseignement posera la question de l’universel, comme étant la question à laquelle les sources juives nous font un devoir de nous confronter. Que dit Israël de l’humanité, et plus spécifiquement de la diversité humaine ? Celle-ci doit-elle être « réduite » par la conversion, ou au contraire respectée et cultivée ? Et si la différence humaine est la condition même de l’altérité, comment la sagesse d’Israël envisage-t-elle que la paix puisse régner au sein de l’humanité ? Comment cette vision de l’universel peut-elle s’accommoder, sinon appeler comme son corrélat éthique nécessaire un partage de la Loi qui ne soit pas égalité obtenue par la contrainte ? Comment la sagesse d’Israël relie-t-elle le respect de la différence à celui d’une Loi transcendante ? Ce questionnement nous invite à considérer comment, pour le judaïsme, s’articule la Torah dont l’observance incombe au seul peuple juif, et les sept préceptes des enfants de Noé dont l’observance incombe aux non-Juifs ? A quel niveau se situe l’équivalence éthique et métaphysique des deux législations ? La compréhension de la philosophie juive n’est pas moins objet de perplexité de la part du tout venant, y compris dans les sphères académiques. « Philosophie juive », n’est-ce pas une contradiction dans les termes ? Ce simple questionnement, s’il n’était encore le fruit de la méconnaissance, peut cependant s’entendre en bonne part : Il interroge, une fois de plus, une singularité de l’histoire de la pensée, également indissociable de l’histoire. L’idée de philosophie dans le judaïsme éclot assez tard dans le développement de la pensée juive : elle apparaît au 10è siècle de l’ère commune, à l’initiative de Saadia Gaon, auteur du Sefer Emounot vé deot (Livre des croyances et des opinions), à une époque où il devient nécessaire d’expliquer les principes du judaïsme, dans le langage de la philosophie, non seulement pour faire connaître ceux-ci aux nations, mais aussi pour plaider la cause de la Torah auprès des Juifs éloignés. A cet égard, la philosophie juive constitue un discours intermédiaire entre le monde de l’étude et de la transmission et celui du dialogue avec l’environnement non-juif. Le précédent créé par Saadia Gaon fait figure de paradigme. La philosophie juive connaîtra depuis lors un développement relativement autonome, caractérisé par les grands pôles intellectuels et spirituels tels que Maïmonide, Moïse Mendelshonn, Hermann Cohen, Franz Rosensweig, Martin Buber, Emmanuel Lévinas, etc. — d’autant que la plupart de ces auteurs formule ses conceptions sous l’égide d’une défense de la rationalité. L’actualité constante de la philosophie juive tient enfin au fait que ses expressions successives naissent dans des contextes culturels très distincts, qui consistent aussi à s’emparer des enjeux du moment –intellectuels et culturels, sociétaux et politiques– pour signifier un ordre de priorité éthique qu’il convient de préserver. La présentation de la sagesse juive, en tant que quintessence des enseignements du judaïsme, impose également certains choix dans le cadre d’une initiation. Cela n’empêche toutefois pas l’incursion profonde dans les textes. Il sera ici question de faire apparaître les liens de solidarité et de continuité qui se tissent entre le traité Avot du Talmud (traité communément connu sous le titre des Maximes des Pères) et la tradition du moussar (éthique) dont les fins sont avant tout pratiques, puisque ses contenus visent à doter chacun(e) des moyens du perfectionnement spirituel. Tout comme la philosophie juive, la tradition morale d’Israël connaît un développement relativement autonome, marqué par une corpus textuel des plus riches. Il n’est pas un siècle qui soit exempt d’une contribution majeure en ce domaine : Pour ne citer que les plus saillants, depuis le Sefer tikkoun Middot haNefech (Livre du perfectionnement des qualités de l’âme) de Rabbi Salomon Ibn Gavirol (12è siècle) jusqu’au Messilat Yécharim (Chemin des justes) de Rabbi Moshé Haïm Luzzatto (18è siècle) et à l’Iggeret haMoussar de Rabbi Israël Salanter (19è siècle) et de ses disciples successifs (20è et 21è siècles). Cette immense tradition, à la fois psychologique, éthique et spirituelle sous-tend et accompagne le développement du peuple juif, le rappelant à ses devoirs vis-à-vis de l’Alliance et des nations. Il sera notamment question de montrer en quoi cette sagesse, constamment professée, demeure en phase avec nombre de nos aspirations. Le dernier moment de cet suite pédagogique concerne les racines juives du sionisme. L’intention didactique est explicite : il s’agit de couper court au stéréotype négatif qui veut que le mouvement d’indépendance nationale du peuple juif soit né au 19è siècle, comme l’expression la plus tardive, et la plus atypique, du mouvement des nationalités. La perspective d’une aspiration à la souveraineté se fait jour sous la plume de Judah Halévy (12è siècle) dans le Sefer Kuzari (Livre du Kuzari), moment décisif dans la généalogie de la problématique de la renaissance nationale d’Israël. La réflexion de J. Halévy pose les jalons d’une ligne de pensée ininterrompue depuis, dont l’oeuvre du Maharal de Prague (18è siècle) : Be’er haGola (Le Puits de l’Exil), ainsi que la pensée du Rav Abraham Isaac Kook, théoricien explicite du sionisme religieux, dès la fin du 19è siècle : Orot Techouvah (Les Lumières du Retour), constituent les pôles de formulation majeurs. L’examen des conceptions de ces trois auteurs, dont la pensée a nourri des générations, sera l’occasion d’une réflexion collective sur la signification morale et politique du sionisme, compris comme réappropriation par le peuple juif, de sa propre histoire, en regard du double souci de se projeter dans l’avenir, compte tenu du legs de la tradition. La prise en compte de cette problématique est de nature à stimuler la réflexion sur les enjeux contemporains du rapport entre modernité et héritage culturel, mais aussi à avancer quelques propositions sur la caractérisation de l’identité nationale d’Israël.
Jésus enseigne à ses disciples la prière du Seigneur
27 juillet, 2013PREMIERE LECTURE – GENÈSE 18, 20-32
27 juillet, 2013http://www.eglise.catholique.fr/foi-et-vie-chretienne/commentaires-de-marie-noelle-thabut.html
Dimanche 28 juillet : commentaires de Marie Noëlle Thabut
PREMIERE LECTURE – GENÈSE 18, 20-32
Les trois visiteurs d’Abraham allaient partir pour Sodome.
20 Le SEIGNEUR dit :
« Comme elle est grande,
la clameur qui monte de Sodome et de Gomorrhe !
o Et leur faute, comme elle est lurde !
21 Je veux descendre pour voir
si leur conduite correspond à la clameur venue jusqu’à moi.
Si c’est faux, je le reconnaîtrai. »
22 Les deux hommes se dirigèrent vers Sodome,
tandis qu’Abraham demeurait devant le SEIGNEUR.
23 Il s’avança et dit :
« Vas-tu vraiment faire périr le juste avec le pécheur ?
24 Peut-être y a-t-il cinquante justes dans la ville.
Vas-tu vraiment les faire périr ?
Est-ce que tu ne pardonneras pas
à cause des cinquante justes qui sont dans la ville ?
25 Quelle horreur, si tu faisais une chose pareille !
Faire mourir le juste avec le pécheur,
traiter le juste de la même manière que le pécheur,
quelle horreur !
Celui qui juge toute la terre
va-t-il rendre une sentence contraire à la justice ? »
26 Le SEIGNEUR répondit :
« Si je trouve cinquante justes dans Sodome,
à cause d’eux je pardonnerai à toute la ville. »
27 Abraham reprit :
« Oserai-je parler encore à mon Seigneur,
moi qui suis poussière et cendre ?
28 Peut-être, sur les cinquante justes, en manquera-t-il cinq :
pour ces cinq-là, vas-tu détruire toute la ville ? »
Il répondit :
« Non, je ne la détruirai pas,
si j’en trouve quarante-cinq. »
29 Abraham insista :
« Peut-être en trouvera-t-on seulement quarante ? »
Le SEIGNEUR répondit :
« Pour quarante,
je ne le ferai pas. »
30 Abraham dit :
« Que mon Seigneur ne se mette pas en colère,
si j’ose parler encore :
peut-être y en aura-t-il seulement trente ? »
Il répondit :
« Si j’en trouve trente,
je ne le ferai pas. »
31 Abraham dit alors :
« Oserai-je parler encore à mon Seigneur ?
Peut-être en trouvera-t-on seulement vingt ? »
Il répondit : « Pour vingt, je ne détruirai pas. »
32 Il dit : « Que mon Seigneur ne se mette pas en colère :
je ne parlerai plus qu’une fois.
Peut-être en trouvera-t-on seulement dix ? »
Et le SEIGNEUR répondit :
« Pour dix, je ne détruirai pas la ville de Sodome. »
Ce texte marque un grand pas en avant dans l’idée que les hommes se font de leur relation à Dieu : c’est la première fois que l’on ose imaginer qu’un homme puisse intervenir dans les projets de Dieu. Malheureusement, la lecture liturgique ne nous fait pas entendre les versets précédents, là où l’on voit Dieu, parlant tout seul, se dire à lui-même : « Maintenant que j’ai fait alliance avec Abraham, il est mon ami, je ne vais pas lui cacher mes projets. » Manière de nous dire que Dieu prend très au sérieux cette alliance ! Voici ce passage : « Les hommes se levèrent de là et portèrent leur regard sur Sodome ; Abraham marchait avec eux pour prendre congé. Le SEIGNEUR dit : Vais-je cacher à Abraham ce que je fais ? Abraham doit devenir une nation grande et puissante en qui seront bénies toutes les nations de la terre, car j’ai voulu le connaître… » Et c’est là que commence ce que l’on pourrait appeler « le plus beau marchandage de l’histoire ». Abraham armé de tout son courage intercédant auprès de ses visiteurs pour tenter de sauver Sodome et Gomorrhe d’un châtiment pourtant bien mérité : « SEIGNEUR, si tu trouvais seulement cinquante justes dans cette ville, tu ne la détruirais pas quand même ? Sinon, que dirait-on de toi ? Ce n’est pas moi qui vais t’apprendre la justice ! Et si tu n’en trouvais que quarante-cinq, que quarante, que trente, que vingt, que dix ?… »
Quelle audace ! Et pourtant, apparemment, Dieu accepte que l’homme se pose en interlocuteur : pas un instant, le Seigneur ne semble s’impatienter ; au contraire, il répond à chaque fois ce qu’Abraham attendait de lui. Peut-être même apprécie-t-il qu’Abraham ait une si haute idée de sa justice ; au passage, d’ailleurs, on peut noter que ce texte a été rédigé à une époque où l’on a le sens de la responsabilité individuelle : puisque Abraham serait scandalisé que des justes soient punis en même temps que les pécheurs et à cause d’eux ; nous sommes loin de l’époque où une famille entière était supprimée à cause de la faute d’un seul. Or, la grande découverte de la responsabilité individuelle date du prophète Ezéchiel et de l’Exil à Babylone, donc au sixième siècle. On peut en déduire une hypothèse concernant la composition du chapitre que nous lisons ici : comme pour la lecture de dimanche dernier, nous sommes certainement en présence d’un texte rédigé assez tardivement, à partir de récits beaucoup plus anciens peut-être, mais dont la mise en forme orale ou écrite n’était pas définitive.
Dieu aime plus encore probablement que l’homme se pose en intercesseur pour ses frères ; nous l’avons déjà vu un autre dimanche à propos de Moïse (Ex 32) : après l’apostasie du peuple au pied du Sinaï, se fabriquant un « veau d’or » pour l’adorer, aussitôt après avoir juré de ne plus jamais suivre des idoles, Moïse était intervenu pour supplier Dieu de pardonner ; et, bien sûr, Dieu qui n’attendait que cela, si l’on ose dire, s’était empressé de pardonner. Moïse intervenait pour le peuple dont il était responsable ; Abraham, lui, intercède pour des païens, ce qui est logique, après tout, puisqu’il est porteur d’une bénédiction au profit de « toutes les familles de la terre ». Belle leçon sur la prière, là encore ; et il est intéressant qu’elle nous soit proposée le jour où l’évangile de Luc nous rapporte l’enseignement de Jésus sur la prière, à commencer par le Notre Père, la prière « plurielle » par excellence : puisque nous ne disons pas « Mon Père », mais « Notre Père ».. Nous sommes invités, visiblement, à élargir notre prière à la dimension de l’humanité tout entière.
« Peut-être en trouvera-t-on seulement dix ? » (Ce fut la dernière tentative d’Abraham.) « Et le SEIGNEUR répondit : Pour dix, je ne détruirai pas la ville de Sodome. » Ce texte est un grand pas en avant, disais-je, une étape importante dans la découverte de Dieu, mais ce n’est qu’une étape, car il se situe encore dans une logique de comptabilité : sur le thème combien faudra-t-il de justes pour gagner le pardon des pécheurs ? Il restera à franchir le dernier pas théologique : découvrir qu’avec Dieu, il n’est jamais question d’un quelconque paiement ! Sa justice n’a rien à voir avec une balance dont les deux plateaux doivent être rigoureusement équilibrés ! C’est très exactement ce que Saint Paul essaiera de nous faire comprendre dans le passage de la lettre aux Colossiens que nous lisons ce dimanche.