DES COLLABORATEURS POUR LA MISSION
14 juin, 2016http://croire.la-croix.com/Definitions/Bible/Saint-Paul/Des-collaborateurs-pour-la-mission
DES COLLABORATEURS POUR LA MISSION
Paul est-il aussi isolé que certains le prétendent ? Il est vrai que sa personnalité et son parcours le placent sur une autre trajectoire que celle des compagnons historiques de Jésus, Pierre, Jacques et les autres. Les conflits qu’il a connus avec eux, l’ont amené à prendre ses distances avec Antioche et même partiellement avec Jérusalem. Avec ses frères juifs aussi les relations sont douloureuses (cf. Romains 9,1-5). Paul a compris qu’il est fait pour défricher des terrains vierges. Il n’entend pas «se glorifier des travaux des autres» (2 Corinthiens 10,16), ni «construire sur les fondations d’un autre» (Romains 15,20). C’est une personnalité puissante qui a vocation à être un leader. Mais il ne faut pas en conclure qu’il est isolé. Le courant helléniste d’Antioche, ouvert sur le monde non-Juif, est venu le chercher parce qu’il reconnaissait dans le jeune converti l’un d’entre eux (Actes 11,19-20). Rappelons-nous que Paul a passé une douzaine d’années dans la communauté d’Antioche. C’est dire qu’il a participé à un vaste mouvement d’évangélisation dans lequel il a beaucoup reçu, et aussi beaucoup apporté.
Barnabé, Silas, Timothée Les Actes racontent sa collaboration avec Barnabé dans la première campagne missionnaire. Celui-ci a été son mentor, l’introduisant parmi les disciples de Jérusalem (Actes 9,26-27), allant le chercher à Tarse (Actes 11,24), et choisi avec lui pour la première campagne missionnaire (Actes 13,2-3). Dans les Actes, on repère la transition entre Barnabé/Paul et Paul/Barnabé». Paul s’impose alors comme le chef de file, prédicateur efficace, dont la parole touche Juifs et païens. Pourtant Paul laisse à Barnabé la responsabilité des Églises nées dans cette première mission, préférant aller sans lui vers des terres vierges dont il se sentira vraiment responsable. À partir du second voyage, Paul s’attache les service de Silas et surtout de Timothée qu’il choisit à Derbé (Actes 16,1-3). Celui-ci devient un collaborateur étroit. Dans ses relations difficiles avec la communauté de Corinthe, Paul utilise Timothée, son «fils chéri et fidèle» comme intermédiaire (1 Corinthiens 4,17). Il veille sur lui au point de prévenir les Corinthiens turbulents : «Si Timothée vient chez vous, soyez attentifs à ce qu’il soit libéré de toute peur parmi vous, car c’est à l’œuvre du Seigneur qu’il travaille tout comme toi.» (1 Corinthiens 16,10).
Paul dit sa reconnaissance Paul utilise quelquefois l’expression : «ceux qui se sont fatigués» pour dire sa reconnaissance aux hommes et aux femmes qui l’ont aidé dans sa mission : «qui ont peiné dans le Seigneur» (Romains 16,12). Plus souvent il parle de collaborateurs «en Christ» (Romains 16,3) «dont les noms sont inscrits dans le livre de vie» (Philippiens 4,3). La formule laisse place assez vite dans la communauté chrétienne à des termes plus techniques : «Par la suite, l’emploi du mot « collaborateur » semble comme disparaître du vocabulaire néotestamentaire. Ce titre ministériel, à l’extension devenue trop large, tomba en désuétude.» (Charles Perrot). Signalons enfin que dans l’adresse de ses lettres pourtant si personnelles, Paul garde le souci de s’associer ceux qui ont travaillé avec lui : Silvain et Timothée (1 Thessaloniciens 1,1), Sosthène (1 Corinthiens 1,1), Timothée (2 Corinthiens 1,1), tous les frères qui sont avec moi (Galates 1,2), Timothée (Phimippiens 1,1). Paul a connu des épreuves, il a souvent travaillé dans une certaine solitude. Il a rencontré des résistances, il a souffert au point d’écrire une lettre aux Corinthiens dans les larmes (2 Corinthiens, 2,4). Il a parfois dû se battre contre «de faux frères» (2 Corinthiens 11,26) qui cherchaient à démolir ce qu’il avait construit. Mais, par sa passion pour l’Évangile, il a construit autour de lui des communautés fidèles au service de l’Évangile.
Père Alain Marchadour, bibliste -Février 2009