HOMÉLIE POUR LE 4E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE ANNÉE B « IL ENSEIGNAIT AVEC AUTORITÉ » TEXTES : DEUTÉRONOME 18, 15-20, I CORINTHIENS 7, 32-35 ET MARC 1, 21-22.
29 janvier, 2021HOMÉLIE POUR LE 4E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE ANNÉE B « IL ENSEIGNAIT AVEC AUTORITÉ »
TEXTES : DEUTÉRONOME 18, 15-20, I CORINTHIENS 7, 32-35 ET MARC 1, 21-22.
Vous avez sûrement rencontré des personnes qui en imposent comme on dit. Ce sont des gens dont émane un quelque chose de spécial. On voit dans l’évangile de ce jour que Jésus était de ce type de personnes. Saint Marc l’exprime en disant qu’il enseignait en homme qui a autorité.
I – Une autorité particulière
Le charisme de ces personnes qui les fait sortir du groupe peut provenir de diverses sources. Cela peut provenir, par exemple, de leurs richesses, de leurs connaissances ou encore de leur carrière dans le spectacle. On en a eu un exemple dans la médiatisation impressionnante des funérailles de Johnny Halliday en décembre 2016. Son image a rejoint non seulement ses fans mais aussi toutes les classes de la société. Il est apparu comme un personnage hors normes.
Ce matin Jésus est présenté par saint Marc comme un personnage hors normes lui aussi. Il apparaît au tout début de ses prédications comme quelqu’un qui n’est pas dans la foulée des prédicateurs du temps qu’on appelait les scribes. Ceux-ci étaient reconnus pour leurs connaissances des Écritures qu’ils transcrivaient, qu’ils enseignaient et qu’ils interprétaient. Qu’est-ce qui différencie Jésus des scribes ? D’où lui vient cette assurance qui impressionne les personnes qui l’entendent ? Pourquoi dégage-t-il autant d’autorité ?
La réponse de saint Marc tient en un mot : Jésus transpire la puissance divine de partout. Ses paroles ne sont pas de simples arguments rationnels, elles sont pleines d’un sens profond qui en fait des paroles de Dieu qui rejoignent tout le monde. Elles sont remplies de la puissance de Dieu.
Cette action de la puissance divine qui se sent dans les paroles de Jésus est manifeste pour saint Marc dans les autres signes que sont les miracles et les guérisons, car pour saint Marc Jésus ne se contente pas de parler, il pose des gestes qui sont autant de signes révélateurs de son identité profonde, de ce qu’il est. C’est ce qui se passe dans la deuxième partie de notre évangile où Jésus procède à un exorcisme pour chasser le démon.
II – Un signe percutant : un exorcisme
Dans la synagogue où Jésus parlait, il se trouvait un pauvre type diminué dans son esprit, tourmenté intérieurement par l’esprit impur c’est-à-dire par une présence du mal et du péché que Jésus vient combattre. Cette présence se manifeste de diverses façons. On la voit ici comme une manifestation de Satan, l’Adversaire de Jésus.
Jésus connaît cette présence. Il la rencontre à tout moment. Comment la combattra-t-il ? En l’affrontant directement. On le voit ici dans un face à face où il écrase l’Adversaire « Tais-toi et sors de cet homme » commande-t-il.
Sa victoire est telle que les personnes dans la synagogue n’en reviennent pas. « Qu’est-ce que cela veut dire ? ». On reconnaît alors que ce geste comme son enseignement illustre la présence divine qui est en lui et qui en impose. Autour de lui, on constate que l’enseignement de Jésus est nouveau, donné avec autorité et que Jésus commande même aux esprits impurs et que ceux-ci lui obéissent.
Il y a, chez Jésus, une unité entre son enseignement avec autorité et son activité de guérisseur et d’exorciste lorsqu’il chasse les démons. Dans les deux cas, c’est la puissance de Dieu qui se manifeste en lui.
III- Application
Ce qu’il est important de retenir ce matin c’est que Jésus trouve non seulement en lui les paroles et les gestes qui attirent les gens, mais qu’il les puise dans une source divine.
Pour l’évangéliste saint Marc et pour les premiers chrétiens auxquels il s’adresse, la figure de Jésus dépasse tout ce qu’ils voient autour d’eux. Il y a en lui ce quelque chose de spécial que les autres prédicateurs n’ont pas. Des prophètes puissants sont venus comme nous le rappelle la première lecture. En Jésus cependant il y a une nouvelle présence de Dieu qui le met sur un registre unique. Déjà au tout début de son ministère Jésus sort du rang. Dans la suite de son évangile saint Marc racontera comment concrètement s’est vécu cette lancée qui, comme on le sait, conduira Jésus sur la croix du Calvaire.
Les paroles et les gestes de Jésus rejoignent les attentes et les besoins des gens. Il leur annonce un chemin de vérité, de paix, de bonheur, de partage dans une société divisée et malmenée par l’occupant romain. Voilà pourquoi, sa renommée se répand rapidement car la ville de Capharnaüm est une ville où passent de nombreux commerçants et où les échanges avec l’extérieur sont nombreux. Ainsi la renommée de Jésus dépasse sa Galilée natale. Il deviendra le porte-étendard des pauvres et des petits. Il se présentera comme l’Envoyé de Dieu qui a reçu l’onction pour annoncer la Bonne Nouvelle que les aveugles voient, que les sourds entendent, que les prisonniers sont libérés, que la justice est rétablie. (Luc 4, 18-19 voir la citation complète à la fin). Jésus, l’Envoyé de Dieu, est porteur de la puissance divine qu’il met au service de ses frères et sœurs en enseignant et en guérissant.
On peut être surpris de la place importante des guérisons et des miracles dans saint Marc. Il y a une raison bien simple : ce sont des signes visibles de l’action de Dieu présente en Jésus. On peut, bien sûr, analyser ces signes avec des données plus modernes où ce qui apparaissait comme un miracle est bien explicable par des causes naturelles. Toutefois, n’oublions jamais le but de ces récits qui se proposent de manifester la puissance divine à l’œuvre en Jésus. C’est le message de foi qu’ils proposent qui est pour nous l’essentiel.
Conclusion
On peut se demander si aujourd’hui nous y croyons à cette puissance divine en Jésus. Est-ce que nous reconnaissons qu’il parle avec autorité et que ce qui nous a été transmis de lui mérite d’être continuellement présent à notre cœur ? Comment y arriver ? En relisant souvent les paroles de l’Évangile, en les méditant et en les laissant produire en nous leurs fruits de grâce et de lumière.
C’est ce que nous faisons à chaque Eucharistie dans la première partie qui s’appelle la Liturgie de la Parole. L’Église a choisi des textes des évangiles susceptibles de nous aider dans ce sens. Elle les accompagne d’autres textes de l’Écriture tirés de l’Ancien Testament et des Lettres de saint Paul. Faisons confiance à l’Esprit Saint qui nous fera retenir telle ou telle parole reçue dans ces textes, qui la fera mûrir en nous et qui nous enseignera comment la mettre en pratique.
Amen!
Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l’Université Laval
Séminaire de Québec