Archive pour novembre, 2013
BENOÎT XVI: ANDRÉ, LE PROTOCLET – 30 NOVEMBRE
29 novembre, 2013BENOÎT XVI
AUDIENCE GÉNÉRALE
MERCREDI 14 JUIN 2006
ANDRÉ, LE PROTOCLET – 30 NOVEMBRE
Chers frères et soeurs,
Dans les deux dernières catéchèses, nous avons parlé de la figure de saint Pierre. A présent, nous voulons, dans la mesure où les sources nous le permettent, connaître d’un peu plus près également les onze autres Apôtres. C’est pourquoi nous parlons aujourd’hui du frère de Simon Pierre, saint André, qui était lui aussi l’un des Douze. La première caractéristique qui frappe chez André est son nom: il n’est pas juif, comme on pouvait s’y attendre, mais grec, signe non négligeable d’une certaine ouverture culturelle de sa famille. Nous sommes en Galilée, où la langue et la culture grecques sont assez présentes. Dans les listes des Douze, André occupe la deuxième place, comme dans Matthieu (10, 1-4) et dans Luc (6, 13-16), ou bien la quatrième place comme dans Marc (3, 13-18) et dans les Actes (1, 13-14). Quoi qu’il en soit, il jouissait certainement d’un grand prestige au sein des premières communautés chrétiennes. Le lien de sang entre Pierre et André, ainsi que l’appel commun qui leur est adressé par Jésus, apparaissent explicitement dans les Evangiles. On y lit: « Comme il [Jésus] marchait au bord du lac de Galilée, il vit deux frères, Simon, appelé Pierre, et son frère André, qui jetaient leurs filets dans le lac: c’était des pêcheurs. Jésus leur dit: « Venez derrière moi, et je vous ferai pêcheurs d’hommes »" (Mt 4, 18-19; Mc 1, 16-17). Dans le quatrième Evangile, nous trouvons un autre détail important: dans un premier temps, André était le disciple de Jean Baptiste; et cela nous montre que c’était un homme qui cherchait, qui partageait l’espérance d’Israël, qui voulait connaître de plus près la parole du Seigneur, la réalité du Seigneur présent. C’était vraiment un homme de foi et d’espérance; et il entendit Jean Baptiste un jour proclamer que Jésus était l’ »agneau de Dieu » (Jn 1, 36); il se mit alors en marche et, avec un autre disciple qui n’est pas nommé, il suivit Jésus, Celui qui était appelé par Jean « Agneau de Dieu ». L’évangéliste rapporte: ils « virent où il demeurait, et ils restèrent auprès de lui ce jour-là » (Jn 1, 37-39). André put donc profiter de précieux moments d’intimité avec Jésus. Le récit se poursuit par une annotation significative: « André, le frère de Simon-Pierre, était l’un des deux disciples qui avaient entendu Jean Baptiste et qui avaient suivi Jésus. Il trouve d’abord son frère Simon et lui dit: « Nous avons trouvé le Messie (autrement dit: le Christ) ». André amena son frère à Jésus » (Jn 1, 40-43), démontrant immédiatement un esprit apostolique peu commun. André fut donc le premier des Apôtres à être appelé à suivre Jésus. C’est précisément sur cette base que la liturgie de l’Eglise byzantine l’honore par l’appellation de Protóklitos, qui signifie précisément « premier appelé ». Et il est certain que c’est également en raison du rapport fraternel entre Pierre et André que l’Eglise de Rome et l’Eglise de Constantinople se sentent de manière particulière des Eglises-soeurs. Pour souligner cette relation, mon Prédécesseur, le Pape Paul VI, restitua en 1964 les nobles reliques de saint André, conservées jusqu’alors dans la Basilique vaticane, à l’Evêque métropolite orthodoxe de la ville de Patras en Grèce, où selon la tradition, l’Apôtre fut crucifié. Les traditions évangéliques rappellent particulièrement le nom d’André en trois autres occasions, qui nous font connaître un peu plus cet homme. La première est celle de la multiplication des pains en Galilée. En cette circonstance, ce fut André qui signala à Jésus la présence d’un enfant avec cinq pains d’orge et deux poissons, « bien peu de chose » – remarqua-t-il – pour toutes les personnes réunies en ce lieu (cf. Jn 6, 8-9). Le réalisme d’André en cette occasion mérite d’être souligné: il remarqua l’enfant – il avait donc déjà posé la question: « Mais qu’est-ce que cela pour tant de monde! » (ibid.) -, et il se rendit compte de l’insuffisance de ses maigres réserves. Jésus sut toutefois les faire suffire pour la multitude de personnes venues l’écouter. La deuxième occasion fut à Jérusalem. En sortant de la ville, un disciple fit remarquer à Jésus le spectacle des murs puissants qui soutenaient le Temple. La réponse du Maître fut surprenante: il lui dit que de ces murs, il ne serait pas resté pierre sur pierre. André l’interrogea alors, avec Pierre, Jacques et Jean: « Dis-nous quand cela arrivera, dis-nous quel sera le signe que tout cela va finir » (Mc 13, 1-4). Pour répondre à cette question, Jésus prononça un discours important sur la destruction de Jérusalem et sur la fin du monde, en invitant ses disciples à lire avec attention les signes des temps et à rester toujours vigilants. Nous pouvons déduire de l’épisode que nous ne devons pas craindre de poser des questions à Jésus, mais que dans le même temps, nous devons être prêts à accueillir les enseignements, même surprenants et difficiles, qu’Il nous offre. Dans les Evangiles, enfin, une troisième initiative d’André est rapportée. Le cadre est encore Jérusalem, peu avant la Passion. Pour la fête de Pâques – raconte Jean – quelques Grecs étaient eux aussi venus dans la ville sainte, probablement des prosélytes ou des hommes craignant Dieu, venus pour adorer le Dieu d’Israël en la fête de la Pâque. André et Philippe, les deux Apôtres aux noms grecs, servent d’interprètes et de médiateurs à ce petit groupe de Grecs auprès de Jésus. La réponse du Seigneur à leur question apparaît – comme souvent dans l’Evangile de Jean – énigmatique, mais précisément ainsi, elle se révèle riche de signification. Jésus dit aux deux disciples et, par leur intermédiaire, au monde grec: « L’heure est venue pour le Fils de l’homme d’être glorifié. Amen, amen, je vous le dis: si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul; mais s’il meurt, il donne beaucoup de fruit » (Jn 12, 23-24). Que signifient ces paroles dans ce contexte? Jésus veut dire: Oui, ma rencontre avec les Grecs aura lieu, mais pas comme un simple et bref entretien entre moi et quelques personnes, poussées avant tout par la curiosité. Avec ma mort, comparable à la chute en terre d’un grain de blé, viendra l’heure de ma glorification. De ma mort sur la croix proviendra la grande fécondité: le « grain de blé mort » – symbole de ma crucifixion – deviendra dans la résurrection pain de vie pour le monde; elle sera lumière pour les peuples et les cultures. Oui, la rencontre avec l’âme grecque, avec le monde grec, se réalisera à ce niveau auquel fait allusion l’épisode du grain de blé qui attire à lui les forces de la terre et du ciel et qui devient pain. En d’autres termes, Jésus prophétise l’Eglise des Grecs, l’Eglise des païens, l’Eglise du monde comme fruit de sa Pâque. Des traditions très antiques voient André, qui a transmis aux Grecs cette parole, non seulement comme l’interprète de plusieurs Grecs lors de la rencontre avec Jésus que nous venons de rappeler, mais elles le considèrent comme l’apôtre des Grecs dans les années qui suivirent la Pentecôte; elles nous font savoir qu’au cours du reste de sa vie il fut l’annonciateur et l’interprète de Jésus dans le monde grec. Pierre, son frère, de Jérusalem en passant par Antioche, parvint à Rome pour y exercer sa mission universelle; André fut en revanche l’Apôtre du monde grec: ils apparaissent ainsi de véritables frères dans la vie comme dans la mort – une fraternité qui s’exprime symboliquement dans la relation spéciale des Sièges de Rome et de Constantinople, des Eglises véritablement soeurs. Une tradition successive, comme nous l’avons mentionné, raconte la mort d’André à Patras, où il subit lui aussi le supplice de la crucifixion. Cependant, au moment suprême, de manière semblable à son frère Pierre, il demanda à être placé sur une croix différente de celle de Jésus. Dans son cas, il s’agit d’une croix décussée, c’est-à-dire dont le croisement transversal est incliné, qui fut donc appelée « croix de saint André ». Voilà ce que l’Apôtre aurait dit à cette occasion, selon un antique récit (début du VI siècle) intitulé Passion d’André: « Je te salue, ô Croix, inaugurée au moyen du Corps du Christ et qui as été ornée de ses membres, comme par des perles précieuses. Avant que le Seigneur ne monte sur toi, tu inspirais une crainte terrestre. A présent, en revanche, dotée d’un amour céleste, tu es reçue comme un don. Les croyants savent, à ton égard, combien de joie tu possèdes, combien de présents tu prépares. Avec assurance et rempli de joie, je viens donc à toi, pour que toi aussi, tu me reçoives exultant comme le disciple de celui qui fut suspendu à toi… O croix bienheureuse, qui reçus la majesté et la beauté des membres du Seigneur!… Prends-moi et porte-moi loin des hommes et rends-moi à mon Maître, afin que par ton intermédiaire me reçoive celui qui, par toi, m’a racheté. Je te salue, ô Croix; oui, en vérité, je te salue! ». Comme on le voit, il y a là une très profonde spiritualité chrétienne, qui voit dans la croix non pas tant un instrument de torture, mais plutôt le moyen incomparable d’une pleine assimilation au Rédempteur, au grain de blé tombé en terre. Nous devons en tirer une leçon très importante: nos croix acquièrent de la valeur si elles sont considérées et accueillies comme une partie de la croix du Christ, si elles sont touchées par l’éclat de sa lumière. Ce n’est que par cette Croix que nos souffrances sont aussi ennoblies et acquièrent leur sens véritable. Que l’Apôtre André nous enseigne donc à suivre Jésus avec promptitude (cf. Mt 4, 20; Mc 1, 18), à parler avec enthousiasme de Lui à ceux que nous rencontrons, et surtout à cultiver avec Lui une relation véritablement familière, bien conscients que ce n’est qu’en Lui que nous pouvons trouver le sens ultime de notre vie et de notre mort.
IMPORTANCE ET LA NECESSITE DU RETOUR DE JESUS
29 novembre, 2013http://www.resurection.org/article-l-importance-et-la-necessite-du-retour-de-jesus-110121391.html
IMPORTANCE ET LA NECESSITE DU RETOUR DE JESUS
Une des plus précieuses vérités de la Bible est le retour de Jésus-Christ. Cette réalité remplit de joie le cœur du chrétien et lui donne la force et le courage de persévérer dans le combat qu’il doit mener jusqu’au bout. Elle l’élève au-dessus de ses peines, de ses craintes, de ses épreuves, au-dessus des ambitions et des convoitises de ce monde et le rend en toutes choses plus que vainqueur. La véracité du retour de Jésus-Christ a toujours été une vivante et glorieuse espérance en des temps d’authentiques réveils spirituels dans l’Eglise. Mais dès que cette flamme a commencé à baisser dans les cœurs, ce message s’est, hélas, estompé pour certains et pour d’ autres il a même complètement disparu. Ce fait semble fondamental puisque la Bible en parle plus de 300 fois dans les 260 chapitres du Nouveau Testament (ce qui fait une moyenne d’un verset sur vingt-six). L’apôtre Paul en parle au moins cinquante fois dans ses épîtres. La seconde venue de Christ est mentionnée huit fois plus souvent que sa première venue sur la terre, il y a 2000 ans. C’est sans aucun doute l’une des doctrines les plus importantes du Nouveau Testament. Si Jésus-Christ ne devait pas revenir, physiquement et littéralement, sur cette terre pour établir son royaume, le christianisme serait le plus grand canular de l’histoire. Son retour est si intimement lié aux autres doctrines fondamentales de la Bible que la validité du christianisme en dépend foncièrement. En effet, sans le retour du Seigneur, il n’y a pas de résurrection des morts, pas de jugement des chrétiens devant le tribunal de Christ, pas de récompenses, pas de ciel, pas d’éternité, pas de triomphe du bien sur le mal, pas de jugement pour les pécheurs, etc. Il est indiscutable que Jésus-Christ revient sur cette terre. C’est une prophétie biblique confirmée par la Parole infaillible de Dieu. La crédibilité de Dieu l’exige. C’est un événement à venir peut-être beaucoup plus imminent qu’on ne le pense. Ce retour s’effectuera en deux étapes distinctes, l’une cachée et l’autre publique. Premièrement, Il vient dans les airs, et deuxièmement, sur la terre en Israël, plus précisément sur le Mont des Oliviers. La première étape concerne 1‘Eglise et la seconde Israël. Sa première venue se fera avant la grande tribulation et sa deuxième après cet événement, c’est-à-dire sept années plus tard. La première sera en vue d’un « mariage », la seconde d’un jugement. Les premiers chrétiens vivaient dans la constante expectative que leur bien-aimé Sauveur et Maître allait revenir. Les apôtres y croyaient fermement et les générations suivantes ont gardé vivante cette bienheureuse espérance, comme si son retour pouvait intervenir à tout instant. Jusqu’au troisième siècle, il en a toujours été ainsi. A partir de l’époque de Constantin, cette vérité est rejetée et presque entièrement mise de côté. Au cours des cent dernières années environ, cette doctrine retrouve un intérêt majeur dans l’Eglise. Elle suscite encore de l’indifférence et des oppositions mais son intérêt va grandissant au sein du peuple de Dieu. Alors que les chrétiens fervents soupirent après sa venue et s’écrient « Viens, Seigneur Jésus ! » (Ap 22 : 20), les moqueurs continuent de dire : « Où est la promesse de son avènement ? Car, depuis que les pères sont morts, tout demeure comme dès le commencement de la création » (2 Pi 3:4). Mais l’incrédulité des moqueurs ne minimise en rien l’importance de cette doctrine qui n’en demeure pas moins stratégique et une clé de l’histoire. Que nous y croyons ou non, nous avançons inéluctablement vers l’aboutissement de toutes choses. La plupart des philosophies et religions non chrétiennes comparent l’histoire de l’humanité à « une roue », la roue de la vie, tournant indéfiniment « en rond » et n’ayant ni commencement, ni fin. Mais la Bible nous donne un point de vue différent : elle nous parle plutôt « d’une voie droite ». Il y a eu un commencement dans l’histoire de l’humanité avec deux événements cruciaux (la croix et la résurrection de Jésus), et de même, il y aura une fin. C’est ainsi que Dieu achèvera son plan pour l’humanité. Les événements mondiaux ne se répéteront pas sans cesse comme dans un processus interminable. Un jour, la société, telle que nous la connaissons, parviendra à son aboutissement. Les souffrances d’un monde brisé et anéanti par le péché, détruit par des hostilités et des guerres incessantes, se termineront par la seconde venue de Jésus-Christ, le Prince de la paix. Lorsque les nations auront fini de jouer leur rôle ici-bas dans le plan éternel de Dieu, celui-ci dira « c’est assez ! ». C’est alors que Jésus-Christ Lui-même reviendra personnellement sur la terre, qu’Il mettra de l’ordre en jugeant les nations et les hommes car Jésus-Christ est au cœur de toute l’histoire humaine. Sans Lui, notre existence n’a aucun sens.
« Car en Lui ont été créées toutes les choses qui sont dans les cieux et sur la terre, les visibles et les invisibles, trônes, dignités, dominations, autorités. Tout a été créé par Lui et pour Lui » (Col 1:16).
1ER DIMANCHE DE L’AVENT – HOMÉLIE
29 novembre, 2013http://www.homelies.fr/homelie,,3667.html
1ER DIMANCHE DE L’AVENT
DIMANCHE 1ER DÉCEMBRE 2013
FAMILLE DE SAINT JOSEPH
HOMÉLIE – MESSE
(Vous voyez souvent que je mets les mêmes noms pour l’homélie, je ne lis beaucoup avant de choisir et ceux-ci semblent, à mon avis, ceux qui offrent à la fois une préparation à la méditation de masse est un grand niveau de l’homilétique, J’aime vraiment! )
L’automne, et bientôt l’hiver, étendent leur manteau de brouillard et de bruines sur la terre. Les arbres se sont dépouillés de leurs feuilles ; la sève se retire des branches : la nature s’intériorise, se recueille. Le chant des oiseaux se fait plus discret comme pour ne pas interrompre le silence de la nuit qui se prolonge. Tout nous porte à entrer nous aussi en « retraite », comme nous y invite le temps liturgique de l’Avent. Le mot « retraite » est à prendre au sens étymologique : il s’agit de nous retirer autant que faire se peut de l’éparpillement dans nos activités débordantes, pour nous tourner vers l’intérieur, et nous mettre à l’écoute du silence. La première lecture peut nous aider à orienter notre effort : « Venez, famille de Jacob, marchons à la lumière du Seigneur ». Quelle est la lumière qui nous guide dans notre vie quotidienne ? Celle des spots publicitaires ? des flash-infos ? des bandes annonces du dernier film ? des devantures ruisselantes des magasins ? Réussissons-nous à prendre de la distance par rapport à ces multiples sollicitations extérieures ? Gardons-nous notre liberté intérieure ou sommes-nous prisonniers de notre société de consommation qui érige le bien-être et la jouissance en valeurs suprêmes ? Paradoxalement, saint Paul dans la seconde lecture compare l’agitation de cette vie trépidante à un « sommeil » dont il nous presse de sortir. L’insistance de l’apôtre nous laisse présager que la démarche ne sera pas aisée : il s’agit d’une véritable conversion, qui exige un « combat » contre la partie obscure de nous-mêmes – celle qui est complice des « activités des ténèbres » : ripailles, beuveries, orgies, débauches, disputes, jalousies – entendons : toutes les œuvres qui ne procèdent pas d’une conscience droite, c’est-à-dire d’une conscience éclairée par la lumière de l’Esprit, et qui par conséquent sont ténébreuses. Nous ne sommes pas invités à nous soustraire au monde, mais à redécouvrir notre intériorité spirituelle, afin de nous conduire comme « des fils de la lumière, des fils du jour » ; car « nous n’appartenons pas à la nuit et aux ténèbres. Dès lors – insiste à nouveau saint Paul – ne restons pas endormis comme les autres, mais soyons vigilants et restons sobres » (1 Th 5, 5-6). Le message est clair : la sobriété a pour but de nous soustraire à la fascination des sollicitations extérieures ; la vigilance doit nous garder attentifs aux motions intérieures de l’Esprit. Pour qu’une telle attitude devienne habituelle, il faut bien sûr s’y exercer en des temps privilégiés durant lesquels nous nous efforçons de nous recueillir, de nous intérioriser, de revenir à nous-mêmes. La difficulté est que nous avons perdu la clé de notre chambre intérieure ; lorsque nous essayons de faire silence, nous sommes bientôt submergés par le bruit de nos pensées en cavale et par le tintamarre de nos émotions débridées. Aussi risquons-nous de nous décourager : comment pourrions-nous revenir à nous-mêmes alors que nous ne savons plus qui nous sommes ? C’est bien pourquoi saint Paul nous invite à « revêtir le Seigneur Jésus Christ pour le combat de la lumière ». N’est-il pas le vrai visage de l’homme réconcilié avec Dieu et rétabli dans la lumière de la grâce ? N’est-il pas le chemin qui nous conduit à notre vérité profonde et à la source de la vie ? Revêtir le Seigneur Jésus Christ signifie épouser sa manière de voir les personnes, les événements ; évaluer les situations à la lumière de ses critères ; pour agir conformément à ce qu’il attend de nous. Autrement dit : pas d’oraison chrétienne qui ne soit enracinée dans la lectio divina, c’est-à-dire dans une « lecture savoureuse de la Parole », qui nous fasse entrer dans l’intimité du Seigneur Jésus, et nous donne de le connaître « en Esprit et vérité » (Jn 4, 23). Tel est bien le cœur de la conversion à laquelle nous sommes invités en ce temps béni de l’Avent : nous laisser conduire jour après jour par les textes de la liturgie, afin de retrouver l’attitude de vigilance intérieure qui convient à un disciple en attente du retour de son Maître. Comme Noé, il nous faut « entrer dans l’arche » de l’Église – de notre « église intérieure », c’est-à-dire de notre cœur – pour nous y tenir prêts à « l’avènement du Fils de l’Homme ». Mieux vaut ne pas faire étalage de notre démarche : ce serait contradictoire avec sa finalité. Saint Jean de la Croix conseillait d’éviter d’exposer trop tôt au vent du monde, la flamme encore vacillante de notre vie intérieure commençante, afin d’éviter qu’elle ne s’éteigne. L’important est de nous « tenir prêts » dans la discrétion d’un cœur vigilant et dans l’ardente espérance de la venue du « Maître de maison ». « Deux hommes seront aux champs : l’un est pris, l’autre laissé. Deux femmes seront au moulin : l’une est prise, l’autre laissée ». Nous suggérons que les hommes représentent la dimension extérieure de notre humanité – l’être « charnel » dont parle saint Paul ; et que les femmes symbolisent notre intériorité psychique, c’est-à-dire notre dimension affective et nos facultés. Chacune de ces polarités – masculine et féminine – est présentée en binôme, pour signifier que nous sommes « doubles » : notre être psychique et notre être charnel sont en partie autonomes, et en partie soumis à l’être spirituel, c’est-à-dire à l’homme nouveau, au Christ intérieur. « L’un(e) est pris(e), l’autre laissé(e) » : l’être naturel en nous ne subsistera que dans la mesure où il se sera soumis à l’Esprit, c’est-à-dire dans la mesure où il aura accueilli la grâce du salut. Peut-être pouvons-nous deviner, en filigrane des personnages masculins et féminins qui « sont pris », Joseph et Marie chez qui l’être charnel et psychique sont pleinement intégrés dans l’être spirituel, et mis au service du dessein de Dieu. Tous deux vivent dans le monde, mais ne sont pas du monde : leurs pensées, leurs paroles, leurs actions sont entièrement finalisées sur l’accueil du Sauveur. Qui mieux que Marie et Joseph pourrait nous introduire dans ce temps de conversion à l’unique nécessaire ?
« Vierge Marie, apprends-nous à tourner nos regards vers l’intérieur et à cultiver la vigilance du cœur. Saint Joseph, enseigne-nous comment travailler dans le monde sans nous disperser ou nous laisser accaparer par nos activités. De sorte que “tout ce que nous disons, tout ce que nous faisons, soit toujours accompli au nom du Seigneur Jésus Christ, en offrant par lui notre action de grâce à Dieu le Père” (Col 3, 17). » Père Joseph-Marie
Icône de Joie inattendue
28 novembre, 2013PAPE BENOÎT XVI: PREMIÈRES VÊPRES DU I DIMANCHE DE L’AVENT (année A, je crois)
28 novembre, 2013
CÉLÉBRATION DES PREMIÈRES VÊPRES DU I DIMANCHE DE L’AVENT
HOMÉLIE DU PAPE BENOÎT XVI
Basilique Vaticane
Samedi 29 novembre 2008 (année A, je crois)
Chers frères et sœurs!
Avec cette liturgie des vêpres, nous commençons l’itinéraire d’une nouvelle année liturgique, en entrant dans le premier des temps qui la composent: l’Avent. Dans la lecture biblique que nous venons d’écouter, tirée de la Première Lettre aux Thessaloniciens, l’apôtre Paul utilise précisément ce terme: « venue », qui en grec se dit « parusia » et en latin « adventus » (1 Ts 5, 23). Selon la tradition commune de ce texte, Paul exhorte les chrétiens de Thessalonique à demeurer irrépréhensibles « pour la venue » du Seigneur. Mais dans le texte original on lit « dans la venue » , comme si l’avent du Seigneur était, plus qu’un point du temps dans l’avenir, un lieu spirituel où cheminer déjà dans le présent, pendant l’attente, et au sein duquel être justement parfaitement gardés dans toutes nos dimensions personnelles. En effet, c’est précisément cela que nous vivons dans la liturgie: en célébrant les temps liturgiques, nous actualisons le mystère – dans ce cas-là, la venue du Seigneur – de manière à pouvoir, pour ainsi dire, « cheminer en elle » vers sa pleine réalisation, à la fin des temps, mais en puisant déjà sa vertu sanctificatrice, étant donné que les temps derniers ont déjà commencé avec la mort et la résurrection du Christ.
Le terme qui résume cet état particulier, où l’on attend quelque chose qui doit arriver, mais que dans le même temps l’on entrevoit et l’on pressent, est « espérance ». L’Avent est par excellence la saison spirituelle de l’espérance, et en lui, l’Eglise tout entière est appelée à devenir espérance, pour elle-même et pour le monde. Tout l’organisme spirituel du Corps mystique assume, pour ainsi dire, la « couleur » de l’espérance. Tout le peuple de Dieu se remet en chemin attiré par ce mystère: que notre Dieu est « le Dieu qui vient » et qui appelle à aller à sa rencontre. De quelle manière? Tout d’abord sous cette forme universelle de l’espérance et de l’attente qui est la prière, qui trouve son expression éminente dans les Psaumes, paroles humaines à travers lesquelles Dieu lui-même a placé et place continuellement sur les lèvres et dans le cœur des croyants l’invocation de sa venue. Arrêtons-nous donc quelques instants sur les deux Psaumes sur lesquels nous venons de prier et qui se suivent également dans le Livre biblique: le 141 et le 142, selon la numérotation juive.
« Seigneur, je t’appelle: accours vers moi! / Ecoute mon appel quand je crie vers toi! / Que ma prière devant toi s’élève comme un encens, / et mes mains comme l’offrande du soir » (Ps 141, 1-2). C’est ainsi que commence le premier psaume des premières vêpres de la première semaine du Psautier: des paroles qui, au début de l’Avent, prennent une nouvelle « couleur », parce que l’Esprit Saint les fait résonner en nous toujours à nouveau, dans l’Eglise en chemin entre le temps de Dieu et le temps des hommes. « Seigneur… accours vers moi » (v. 1). C’est le cri d’une personne qui se sent en grave danger, mais c’est aussi le cri de l’Eglise parmi les multiples pièges qui l’entourent, qui menacent sa sainteté, cette intégrité irrépréhensible dont parle l’apôtre Paul, qui doit en revanche être conservée pour la venue du Seigneur. Et dans cette invocation résonne également le cri de tous les justes, de tous ceux qui veulent résister au mal, aux séductions d’un bien-être inique, de plaisirs qui offensent la dignité humaine et la condition des pauvres. Au début de l’Avent, la liturgie de l’Eglise fait à nouveau sien ce cri, et elle l’élève à Dieu « comme un encens » (v. 2). L’offrande des Vêpres de l’encens est en effet le symbole de la prière, de l’effusion des cœurs tournés vers Dieu, vers le Très-Haut, ainsi que « les mains que j’élève, en offrande du soir » (v. 2). Dans l’Eglise, l’on n’offre plus de sacrifices matériels, comme cela advenait également dans le temple de Jérusalem, mais on élève l’offrande spirituelle de la prière, en union avec celle de Jésus Christ, qui est dans le même temps Sacrifice et Prêtre de l’Alliance nouvelle et éternelle. Dans le cri du Corps mystique, nous reconnaissons la voix même de la Tête: le Fils de Dieu qui s’est chargé de nos épreuves et de nos tentations, pour nous donner la grâce de sa victoire.
Cette identification du Christ avec le Psalmiste est particulièrement évidente dans le deuxième Psaume (142). Ici, chaque parole, chaque invocation fait penser à Jésus dans la passion, en particulier à sa prière au Père sur le Gethsémani. Lors de sa première venue, à travers l’incarnation, le Fils de Dieu a voulu partager pleinement notre condition humaine. Naturellement, il n’a pas partagé le péché, mais pour notre salut il en a souffert toutes les conséquences. En priant le Psaume 142, l’Eglise revit chaque fois la grâce de cette compassion, de cette « venue » du Fils de Dieu dans l’angoisse humaine jusqu’à en toucher le fond. Le cri d’espérance de l’Avent exprime alors, dès le début et de la manière la plus forte, toute la gravité de notre état, notre besoin extrême de salut. Comme pour dire: nous attendons le Seigneur non à la manière d’une belle décoration sur un monde déjà sauvé, mais comme unique voie de libération d’un danger mortel. Et nous savons que Lui-même, le Libérateur, a dû souffrir et mourir pour nous faire sortir de cette prison (cf. v. 8).
Ces deux Psaumes nous mettent, pour ainsi dire, à l’abri de toute tentation d’évasion et de fuite de la réalité; ils nous préservent d’une fausse espérance, qui consisterait à entrer dans l’Avent et aller vers Noël en oubliant le caractère dramatique de notre existence personnelle et collective. En effet, une espérance fiable, qui ne soit pas trompeuse, ne peut qu’être une espérance « pascale », comme nous le rappelle chaque samedi soir le cantique de la Lettre aux Philippiens, avec laquelle nous louons le Christ incarné, crucifié, ressuscité et Seigneur universel. Tournons vers Lui notre regard et notre cœur, en union spirituelle avec la Vierge Marie, Notre Dame de l’Avent. Plaçons notre main dans la sienne et entrons avec joie dans ce nouveau temps de grâce que Dieu offre à son Eglise, pour le bien de l’humanité tout entière. Comme Marie et avec son aide maternelle, soyons dociles à l’action de l’Esprit Saint, pour que le Dieu de la paix nous sanctifie pleinement, et que l’Eglise devienne signe et instrument d’espérance pour tous les hommes. Amen!
HANOUKA 2013 – FÊTE DES LUMIÈRES OU FÊTE DE LA DÉDICACE
28 novembre, 2013http://www.rosee.org/rosee/page34.html
HANOUKA
FÊTE DES LUMIÈRES OU FÊTE DE LA DÉDICACE
Elle se situe entre le 25 Kislev et le 2 Tébet. (Novembre, Décembre). Pour l’année 2009, elle aura lieu du 12 au 19 décembre (du 2 au 9 décembre pour 2010). C’est une fête mineure parce qu’elle ne figure pas dans la Torah. Elle est née de l’histoire même du peuple Juif. Cette fête dure 8 jours et commémore la victoire d’une poignée de juifs sur les puissantes forces militaires syriennes, événements qui se sont déroulés au 2eme siècle avant Jésus-Christ et sont relatés dans les livres apocryphes de 1 et 2 Maccabées. LES RITES : On allume tous les soirs de cette fête la Ménorah, une sorte de chandelier à 9 branches (non de 7 branches comme le chandelier d’or du Tabernacle ou du Temple.) Parents et enfants chantent des psaumes pour célébrer la joie de la Hanouka. C’est aussi la coutume d’offrir aux enfants des toupies ornées des initiales : NGHC (Ness-Gadol-Haya-Cham) qui signifie : ce fût un grand miracle. SIGNIFICATIONS SPIRITUELLES : Il est fait allusion à cette fête dans l’Evangile de Jean 10 :22-23. Toutes ces fêtes d’Israël ont un caractère symbolique. Elles ont toujours pour but de nous montrer une vision du ministère du Messie, si bien réalisé en, et par Jésus-Christ. Il se dépeint lui-même comme celui qui conduira son peuple en sûreté dans la lumière de Dieu. Rappelons-nous que cette fête est appelée la fête des lumières. Notre époque se dit éclairée bien qu’elle soit envahie par les ténèbres. Au milieu des embûches de toutes sortes que notre soi-disant civilisation dresse autour de nous, en face de toute cette mécanisation qui nous entoure dans le noir tunnel de la vie dans lequel nous nous débattons et trébuchons sans cesse, nous soupirons après la lumière. La lumière dissipe les craintes et les anxiétés ! Nous avons tous besoin de lumière, elle est pour nous une nécessité vitale, elle est aussi une nécessité spirituelle. Elle représente la supériorité de l’Esprit sur la chair, de l’intelligence sur la sottise. La fête de la Hanouka est le Symbole de la victoire de la lumière sur les ténèbres, de la puissance du vrai Dieu sur les faux dieux. VICTOIRE D’ISRAÊL: Hanouka commémore la lutte des Juifs contre les troupes syriennes, de 168 à 165 avant l’ère chrétienne. Leur victoire finale et l’inauguration du Temple purifié. Les Juifs étaient sous la domination du roi de Syrie. Un grand nombre de Juifs influencés par des idées nouvelles de l’époque avait adopté la culture Grecque et adoptèrent aussi les coutumes des Syriens. Deux ans après avoir pillé le Temple, les Syriens envahirent de nouveau Jérusalem. La ville entière fut ravagée par le feu, les femmes et les enfants furent emmenés en captivité. Le Temple fût profané. Antiochus donna l’ordre de mettre un terme aux holocaustes et libations. Furent interdites : l’observation du sabbat, la pratique de la circoncision, la lecture de la Thora et la célébration de toutes les fêtes. Une statue de Zeus fût érigée dans la cour du temple et une truie (animal impur pour les juifs) fut sacrifiée sur l’autel des holocaustes. C’était « l’abomination du dévastateur » prédite par Daniel 11:31. Les Israélites de tendance hellénistes se soumirent aux ordonnances royales tandis que les juifs pieux préférèrent mourir plutôt que de profaner la sainte alliance conclue avec Dieu. Un sursaut d’énergie les secoua et, à l’appel du grand prêtre Mattathias et de ses fils, ils entreprirent de chasser l’ennemi afin de rétablir le culte du Dieu unique. LE CHANDELIER ALLUME : Par une série de victoire qui tiennent du miracles, les juifs chassèrent les Syriens hors de leur pays. Le temple profané fut purifié et le sacrifice quotidien rétabli. Quand vint le moment de rallumer les lumières du chandelier à 7 branches, on ne pu retrouver qu’une seule petite cruche d’huile consacrée. La quantité d’huile contenue dans cette cruche était à peine suffisante pour assurer 24 heures de lumière. Or, 8 jours étaient nécessaire pour préparer l’huile pure, obtenue par la première goutte de chaque olive pressée. Par un miracle de Dieu (relaté dans le talmud) la lumière produite par l’huile de la petite cruche dura 8 jours, le temps indispensable à la préparation de la nouvelle huile. C’est pour cette raison que la fête de la Hanouka dure 8 jours. Tous les soirs de cette fête, chaque famille juive prend soin d’allumer et de placer bien en vue, près d’une fenêtre un lampadaire, «la hanoukia», chandelier avec 8 branches plus une, «le serviteur», pour allumer les huit autres. Toutes ces lumières cependant finissent par s’éteindre, or, une lumière plus éclatante a resplendi sur notre terre et brillera à jamais d’une clarté incomparable dans les cœurs de tous ceux qui l’auront choisie pour illuminer leur vie. Cette lumière est la véritable lumière qui éclaire tout homme soucieux de sortir des ténèbres du monde. CONCLUSION : Dans le livre de l’Apocalypse 22:16 Jésus se désigne comme l’étoile du matin car Il a apporté toute la lumière spirituelle par laquelle nous sommes sauvés. Je suis la lumière du monde, nous dit Jésus, celui qui me suis ne marchera pas dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie. Jn.8:12
HANOUKA… LA DÉLIVRANCE ET LA LUMIÈRE C’est l’hiver, le mois de kislev est déjà avancé, bientôt les collines de Judée seront enneigées, comme souvent à pareille époque. En l’ an 165 av.J-C., ce 25 Kislev va rester gravé dans l’histoire du peuple d’ Israël. Depuis plusieurs mois, le pays a été bouleversé. Les occupants syriens ne cessent d’oppresser les Juifs; ils leur ont imposé une culture étrangère, et de nombreux Juifs ne parlent plus désormais que le grec; ils oublient l’ hébreu de leurs ancêtres, et certains ont même renié les lois de Moïse. Les lâches ! Mais un certain nombre d’entre eux reste cependant fidèle au Dieu d’Israël; ils continuent d’espérer en lui, ils se souviennent comment Il a délivré leur peuple de l’esclavage de l’Egypte. Ils savent que le Tout-Puissant n’a jamais abandonné son peuple, même lorsqu’il fut emmené captif à Babylone, quatre siècles plus tôt. Le retour des enfants d’ Israël sur la terre promise n’a t-il pas montré que le Seigneur manifeste sa bonté, son pardon, son amour envers ceux qui se tournent vers Lui pour obtenir le salut ? Eh bien ! Le Dieu d’Israël ne change pas ! Il nous accordera la victoire, clament les fils du grand-prêtre Matthatias, le chef de file des résistants: ils combattent avec acharnement le parti du grand-prêtre Ménélas, qui a pactisé avec l’ennemi. Tout va mal, depuis la mort d’Alexandre survenue deux siècles auparavant. Le jeune conquérant n’a pas laissé d’héritier et ses deux principaux généraux ? Plotémée et Séleucus, se sont partagés l’empire. Ils se sont lancés ensuite dans une série de combats fratricides: chaque dynastie veut récupérer la part de l’empire qui échappe à son autorité. Les Séleucides règnent sur la Syrie, la Mésopotamie, l’Iran et depuis peu, ils ont repris la Palestine (198 av.J-C.) aux Plotémées, qui demeurent souverains sur l’ Egypte. Vers l’an 175, Antiochus IV a succédé à son père, Séleucus IV; il règne à Antioche. C’est un roi impudent, qui veut imposer aux Juifs des coutumes abominables. Matthatias, s’il n’est qu’un humble prêtre d’un village de Judée, ne veut pas se résigner: il est au contraire décidé, avec l’aide de ses cinq fils, à éliminer ce roi sacrilège qui veut anéantir la foi juive. La coupe déborde: Antiochus IV n’a t-il pas osé, ces derniers temps (vers 167 av. J-C.) dresser une statue de Zeus dans le temple ? Il a même offert des porcs sur l’autel consacré au Dieu d’Israël ! Ne serait-il pas celui dont le prophète Daniel avait annoncé la venue et le sacrilège ? A n’en pas douter, il faut se dresser contre un tel profanateur et le chasser pour toujours: le temple doit être à nouveau consacré au Seigneur, pour que le peuple d’Israël puisse adorer son Dieu que nul ne peut voir ni représenter. Hélas, Matthatias est mort, l’an passé, après qu’il eut combattu avec courage et commandé une petite troupe de résistants, malgré sa vieillesse. C’est son troisième fils, Judas, qui a pris la relève. On le surnomme le « Macchabée »: n’est-il pas semblable au marteau qui sert à tailler la pierre ? Il enfoncera les armées ennemies ! Les opérations lancées contre les occupants et les collaborateurs se sont multipliées depuis que Judas mène les troupes. Ils se rapprochent de Jérusalem. Antichus IV est parti en guerre contre la Perse; Lysias; le gouverneur de Judée, est alors plus vulnérable. Judas s’enhardit et lance ses troupes à l’assaut de la capitale. En l’an 165, en ce mois de Kislev, il reprend enfin la ville et le temple: la joie éclate au milieu du peuple d’Israël! Chacun s’affaire bientôt pour nettoyer le Temple, et l’on s’apprête à rétablir le culte interrompu depuis trois ans. Le matin du 25 Kislev, le grand-prêtre entre dans le temple et accomplit les rites ordonnés par Moïse. Tous les fidèles du Dieu d’Israël sont présents pour cette dédicace solennelle. Mais le prêtre chargé de rallumer la Ménorah, le chandelier à sept branches a l’air embarrassé. Il se retourne et contemple encore une petite jarre d’huile posée à ses pieds, presque vide. Comment n’y avait-il pas pensé plus tôt ? L’huile va manquer pour entretenir les lampes pendant les huit jours que va durer cette inauguration. Que faire ? Impossible d’en fabriquer sur l’heure, il faut utiliser une huile spéciale dont la confection ne prend pas moins de huit jours, selon la recette indiquée par Moïse! Le sacrificateur ne peut cependant reculer, il verse l’huile dans les lampes et les allumes aussitôt, au son des instruments de musique qui accompagnent les psaumes chantés par ses compagnons. Huit jours durant, il s’étonnera de voir toujours la même quantité d’huile au fond de la jarre, comme si elle ne diminuait pas ! . Au temps fixé par Dieu, en Israël, le Messie est né. Il est la véritable Lumière qui en venant dans le monde, éclaire tout homme. Il est la Parole de Dieu et le monde a été créé par elle Jean 1:6-13. A tous ceux qui l’ont reconnu et le suivent, Jésus dit : Que votre lumière rayonne au milieu des hommes… portant la Parole de vie. La Ménorah : c’est aujourd’hui les disciples du Christ répandus dans toutes les nations. Soyons donc des flambeaux dans ce monde. Puissions nous être des ambassadeurs suppliants les hommes de se réconcilier avec Dieu, 2 Corinthiens 5:20, car Nous portons ce trésor dans des vases de terre afin que cette puissance soit attribuée à Dieu, et non pas à nous. 2 Corinthiens 4:7 Les Juifs messianiques qui pratiquent cette coutume voient aussi dans ce symbole la lumière dispensée par le Messie en qui ils ont cru, et que Siméon avait contemplé dans le temple, alors qu’il tenait un enfant dans ses bras. Ce nouveau-né n’était pas seulement le fils de sa jeune mère, Marie, qui était à ses cotés. Siméon avait compris et proclamé, dans ce même temple de Jérusalem autrefois reconquis par Judas et son armée, que Jésus était bien cette « lumière qui éclaire les nations, la gloire d Israël son peuple » : il inaugurait une fête qui dure encore pour ceux qui, par la foi en ce Messie, retrouvent le chemin de la communion avec le Dieu d’ Israël…
Frédéric BAUDIN
Jésus porte la croix
27 novembre, 2013MALADIE ET GUÉRISON À TRAVERS LE JUDÉO-CHRISTIANISME – DANS LE NOUVEAU TESTAMENT
27 novembre, 2013http://www.pagesorthodoxes.net/guerison/maladie.htm
MALADIE ET GUÉRISON À TRAVERS LE JUDÉO-CHRISTIANISME
par Pierre Erny
MALADIE ET GUÉRISON DANS LE NOUVEAU TESTAMENT
Quel sens peut avoir la maladie pour celui qu’elle atteint ? Dans une vision des choses ou tout dépend de Dieu, la maladie ne fait pas exception, même si après les grandes périodes d’exil le judaïsme est devenu de plus en plus attentif à l’influence des démons. Fondamentalement, Dieu crée l’homme pour le bonheur, et la maladie, comme les autres formes de mal, est contraire à cette intention. Elle n’est entrée dans le monde avec la mort que comme une suite du péché. L’expérience que l’homme en fait a d’ailleurs assez régulièrement pour effet d’aiguiser sa conscience d’être pécheur. Dans le monde nouveau, libéré du péché, tel que l’entrevoient les prophètes, il n’y aura plus ni infirmité, ni souffrance, ni larmes. Pourtant, le lien exact qui relie péché et maladie ne se laisse pas cerner facilement. La question est posée explicitement dans Jean 9,1-3 : En passant, Jésus vit un homme qui était aveugle de naissance. « Rabbi, lui demandèrent ses disciples, qui a péché, lui ou ses parents, pour qu’il soit né aveugle ? » Jésus répondit : « Ni lui n’a péché ; ni ses parents, mais c’est afin que les oeuvres de Dieu soient manifestées en lui. » La même question occupe tout le livre de Job, lancinante. Comment expliquer que des justes soient frappés ? La réponse peut être esquisser en trois directions : • Les vues de Dieu dépassent infiniment celles de l’homme qui n’a aucune possibilité ni aucun droit de sonder les volontés divines et de demander des comptes ; il n’est pas le mieux placé pour savoir ce qui est bon pour lui. • La maladie peut être une épreuve providentielle permettant au juste de grandir et de témoigner de sa fidélité ; qu’il garde confiance même le jour où il se sentira abandonné de tous, et il sera sauvé. • Par sa souffrance, le Serviteur de Dieu prend sur lui les maladies des hommes, expie leurs fautes et guérit leurs meurtrissures. La maladie est ontologiquement un mal, reflet de l’état de sous-nature dans lequel l’homme se meut dans sa condition présente, étranger a sa véritable nature. Mais mystérieusement elle peut devenir l’occasion, la voie, le moyen d’aboutir a un bien. À condition d’être exemptes de magie, les pratiques médicales sont bonnes, et le Siracide fait l’éloge de la profession de médecin. Mais le médecin par excellence, c’est Dieu, et c’est donc a lui qu’il faut faire appel en premier. Les psaumes montrent des hommes qui dans leur souffrance et leur affliction confessent leurs péchés avec humilité et implorent avec confiance leur guérison comme une grâce. Tout au long de sa route sur terre, Jésus a rencontré des malades, des sourds, des aveugles, des estropiés. Il a été ému de compassion (Mt 20,34) et s’est émerveillé de leur foi. Il ne raisonne pas sur le mal et la maladie : Il guérit et chasse les démons. Ses miracles attestent qu’il est plus puissant que Satan, que le Royaume de Dieu est en marche, que la force divine destinée à vaincre le péché, la maladie et la mort est à l’oeuvre des à présent. Avec la foi tout devient possible. La guérison des corps est annonce et signe d’une guérison plus profonde, d’une guérison destinée à toucher toute notre nature, d’un sauvetage au plan ontologique, d’un « salut », destiné en priorité à ceux qui sont tombés le plus bas : Ce ne sont pas les bien-portants qui ont besoin du médecin, mais les malades. Je ne suis pas venu appeler les justes, mais les pécheurs (Mt 2,17). Pour libérer l’homme de ses souffrances, Jésus les prend sur lui, c’est tout le sens de sa Passion :
Vraiment ce sont nos souffrances qu’il portait, Et nos douleurs dont il était chargé ; Et nous, nous le regardions comme un puni, Frappé de Dieu et humilié. Mais lui, il a été transpercé à cause de nos péchés, Broyé à cause de nos iniquités ; Le châtiment qui nous donne la paix est sur lui, Et c’est par ses meurtrissures que nous sommes guéris.(Is, 53,4-5)
Les apôtres ont été associés d’emblée au ministère de guérison de Jésus : Ayant appelé ses douze disciples, il leur donna pouvoir sur les esprits impurs, afin de les chasser et de guérir toute maladie et toute infirmité… II les envoya après leur avoir donné ces instructions : … « Sur votre chemin annoncez ceci : Le royaume des cieux est proche ». Guérissez les malades, ressuscitez les morts, purifiez les lépreux, chassez les démons (Mt 10,1-8). Au moment de son ascension, c’est l’envoi solennel en mission : Allez par le monde entier et prêchez l’Évangile à toute la création… Voici les miracles qui accompagneront ceux qui auront cru : en mon Nom ils chasseront les démons ; ils parleront de nouvelles langues ; il prendront des serpents, et s’ils boivent quelque breuvage mortel, il ne leur fera point de mal ; ils imposeront les mains aux malades et ceux-ci seront guéris (Mc 16,15-18). Au travers de multiples signes, on voit ainsi sourdre, germer, éclater de toutes parts un monde nouveau. Le péché a rendu l’homme spirituellement malade, aveugle, sourd, paralysé. Mais voici qu’une Force se manifeste capable de le restaurer dans sa plénitude ontologique. Jésus donne à la maladie un sens nouveau : associée à sa Passion, elle peut devenir participation à l’oeuvre rédemptrice entreprise par celui qui est à la fois homme et Dieu. Dans la parabole du bon Samaritain, on voit ce voyageur verser de l’huile et du vin sur les blessures du malheureux attaqué par les brigands. Une telle onction d’huile, mais purement symbolique, est prescrite par le Christ à ses disciples dans Marc 6, 13 : Étant partis, les apôtres perchèrent que l’on se repentit. Ils chassaient beaucoup de démons, ils oignaient d’huile beaucoup de malades et ils les guérissaient. On peut voir dans ce geste comme le prélude d’un sacrement.
L’ONCTION D’HUILE Dans l’épître de l’apôtre Jacques se trouve un texte par ailleurs isolé qui sans doute décrit une pratique courante dans les premières communautés chrétiennes et peut-être même en milieu juif : L’un de vous est-il malade ? Qu’il fasse appeler les anciens (les « presbytes ») de l’Église et qu’ils prient après avoir fait sur lui une onction d’huile au Nom du Seigneur. La prière de la foi sauvera le patient. Le Seigneur le relèvera, et s’il a des péchés à son actif, il lui sera pardonné. Confessez-vous donc vos péchés les uns aux autres et priez les uns pour les autres, afin d’être guéris (Jc 5,13-16). On lit dans la Tradition apostolique rédigée par saint Hippolyte de Rome entre 218 et 235 : » Si on offre de l’huile, que l’évêque rende grâces comme pour le pain et le vin, non dans les mêmes termes, mais dans le même sens : « De même qu’en sanctifiant cette huile, par laquelle vous avez oint les rois, les prêtres et les prophètes, vous donnez la saint … et à ceux qui en usent et la reçoivent, qu’elle procure de même le réconfort à tous ceux qui en goûtent et la santé à ceux qui en font usage. » Les onctions d’huile n’étaient pas pratiquées par les seuls évêques et prêtres, mais aussi par les laïcs. En 416, le pape Innocent Ier écrivait à l’évêque de Gubbio : Il n’est pas douteux que le texte de saint Jacques doive s’entendre et se comprendre des fidèles malades qui peu vent être oints de l’huile sainte du chrême, et de cette huile, confectionnée par l’évêque, il est permis, non seulement aux prêtres, mais à tous les chrétiens, d’user dans leur nécessite, ou celle des leurs, en vue d’une onction. Après la période carolingienne, l’onction des malades a été incorporée à tout un rituel complexe comprenant la visite au malade, l’aspersion d’eau bénite, la confession, l’imposition des cendres, la récitation de psaumes et de litanies, la communion, et souvent l’office des mourants, voire de la sépulture. En Occident, on a ainsi fait peu à peu de cette onction un complément de la pénitence et une préparation à la mort, et on a oublié qu’elle était d’abord faite pour délivrer des maladies du corps. Au XIIe siècle apparaît le terme regrettable d’ » extrême onction « , qui invite à la retarder jusqu’à l’article de la mort. L’onction des malades est ainsi devenue peu à peu le sacrement de l’agonie, réservé bien entendu au seul prêtre. Dans le monde byzantin, on a assisté à une évolution en sens inverse : on en est venu à ne pas limiter l’onction aux seuls malades, mais à la dispenser à tous ceux qui souffraient d’une infirmité spirituelle, et finalement à tous les pécheurs. Dans le rite byzantin, la faculté de bénir l’huile était accordée à tout prêtre, alors qu’en Occident on en a fait une fonction proprement épiscopale. Dans le monde méditerranéen, l’huile est symbole d’aisance et de richesse. Or, la prospérité ne pouvant se concevoir sans une bénédiction divine, le lien entre huile et Esprit de Dieu devient manifeste. Celui qui en est oint est comme introduit dans la sphère divine. Or l’Oint par excellence, c’est-à-dire le Messie, le Christos, c’est Jésus, à la fois roi, prêtre et prophète. L’huile rend la nourriture savoureuse ; or la sagesse, c’est l’aptitude à goûter la saveur des choses. L’huile est aussi symbole de pureté et de lumière, puisqu’elle alimente la flamme des lampes. Comme le massage à l’huile donne aux muscles leur souplesse, elle fortifie en vue des luttes corporelles et spirituelles. Elle sert aux soins de beauté. Mais on utilisait aussi très largement, dans les pays chauds, des huiles parfumées pour la toilette des morts.
DU RITE DE GUÉRISON AU RITE FUNÉRAIRE Il y a eu ainsi tout au long de l’histoire interférence entre rites de guérison et rites funéraires. Les coptes d’Égypte oignent le cadavre avec l’huile des lampes qui brulent devant les icônes. Des textes de diverses provenances montrent que cette même huile pouvait servir et durant la maladie, et au moment de la toilette mortuaire, et pour être versée dans le cercueil. Dans la pratique grecque actuelle on répand de l’huile provenant d’une lampe dans la bière où reposera le mort. Dans le rituel slave on en verse dans la tombe avec de la cendre d’encensoir. Dans La hiérarchie ecclésiastique de Denys l’Aréopagite, nous trouvons une indication très claire de ces pratiques : Le grand prêtre, homme de Dieu, récite sur le corps une très sainte invocation. L’invocation terminée, il baise le mort, imité aussitôt par tous les assistants. Quand tous ont donné le baiser de paix, le grand prêtre enduit le corps d’huile sainte, il prie pour tous les défunts, il dépose la dépouille en terre sainte à côté de celle des autres saints, et il verse de l’huile sainte sur la dépouille du défunt. Denys situe la vie spirituelle du chrétien entre deux onctions, celle du baptême et celle de la mort : Souvenez-vous que, dans le sacrement de régénération, quand l’initié a totalement dépouillé ses vêtements anciens, sa première participation aux choses sacrées consiste en l’onction de l’huile bénite ; et, au terme de la vie, c’est encore l’huile sainte qu’on répand sur le défunt. Par l’onction du saint baptême on appelait l’initié dans la lice des saints combats ; l’huile versée sur le défunt signifie qu’il a fourni sa carrière et mis fin à ses glorieuses luttes.
LE SENS CHRÉTIEN DE LA MALADIE Le Vocabulaire de théologie biblique l’esquisse ainsi : Tant que dure le monde présent, l’humanité doit continuer de porter les conséquences du péché. Mais en prenant sur lui nos maladies lors de sa Passion, Jésus leur a donné un nouveau sens : comme toute souffrance, elles ont désormais une valeur de rédemption. Paul, qui en à fait l’expérience à maintes reprises (Ga 4,13 ; 2 Co 1,88 ss ; 12,7-10), sait qu’elles unissent l’homme au Christ souffrant : Nous portons dans nos corps les souffrances de mort de Jésus, afin que la vie de Jésus soit, elle aussi, manifeste dans notre corps (2 Co 4,10). Tandis que Job ne parvenait pas à comprendre le sens de son épreuve, le chrétien se réjouit de compléter dans sa chair ce qui manque aux épreuves du Christ pour son Corps, qui est l’Église (Col 1,24). En attendant qu’arrive ce retour au paradis où les hommes seront guéris à tout jamais par les fruits de l’arbre de Vie (Ap 22,2 ; cf. Ez 47,12), la maladie elle-même est intégrée, comme la souffrance et comme la mort, à l’ordre du salut. Non qu’elle soit facile à porter : elle demeure une épreuve, et c’est charité que d’aider le malade à la supporter en le visitant et en le soulageant. « Portez les maladies de tous », conseille Ignace d’Antioche. Mais servir les malades, c’est servir Jésus lui-même en ses membres souffrants : J’étais malade, et vous m’avez visité, dira-t-il au jour du jugement (Mt 25,36). Le malade, dans le monde chrétien, n’est plus un maudit dont on se détourne (cf. Ps 38,12 ; 41,6-10 ; 88,9) ; il est l’image et le signe du Christ Jésus. Dans le premier épître au Corinthiens, saint Paul cite, dans sa liste des charismes, celui de guérir (1 Co 12,9 et 28). L’esprit continue d’agir dans les chrétiens comme il a agi en Jésus pour soulager les hommes dans leurs maladies et témoigner ainsi que le salut est proche. C’est là un aspect des choses que les mouvements pentecôtiste et charismatique ont retrouvé de manière vivante aujourd’hui. D’ailleurs l’ensemble de la pastorale des malades et de l’éthique de la santé est aujourd’hui en profond renouvellement. Le chrétien qui souffre dans son corps et son âme est confronté à une de ces antinomies vitales caractéristiques de l’ordre nouveau instauré par le Christ : – la maladie est un mal, et il doit tout faire, au plan des soins et de la prière, pour en être délivré ; il sait que le Christ peut et veut le sauver et le libérer ; – mais en même temps, il lui faut accepter de participer de cette manière à la Passion du Maître, essayer de discerner quel appel lui est ainsi adressé et quel sens et la maladie et sa guérison peuvent prendre pour lui. C’est par le sacrement destiné spécifiquement au malade que s’opère le mieux la configuration de celui-ci au Christ : C’est dans le Christ souffrant et ressuscitant que tout se trouve… En sa passion il a courageusement combattu pour nous ; il s’est offert lui-même, étant prêtre et victime ; il est devenu dans sa mort et son sang Époux de l’Église ; il est ressuscité, oint de l’huile de la grâce. Et donc la pénitence tire son efficacité du Christ souffrant et nous configure à lui. L’ordre puise sa force au Christ s’offrant lui-même. L’Eucharistie au Christ victime. Le mariage au Christ donnant à l’Église le gage de son sang… Mais par l’onction des malades nous sommes configurés au Christ en sa résurrection ; c’est un sacrement donné au chrétien quittant ce monde en préfiguration de l’onction qu’est la gloire future, quand toute mortalité sera éloignée des élus. (Albert le Grand, XIIIe siècle)
Article paru dans la revue Le Chemin, no. 10, 1991.
VISAGES DE LA VIERGE À SAINTE-MARIE-MAJEURE
27 novembre, 2013http://www.revue-kephas.org/02/1/Fux75-80.html
VISAGES DE LA VIERGE À SAINTE-MARIE-MAJEURE
Pierre-Yves Fux *
(ICONA « SALUS POPOLI ROMANI »)
À Rome, promeneurs et pèlerins ne manquent pas de remarquer la multitude des madonnine, images de Marie intégrées dans les façades de presque chaque immeuble. La dévotion populaire semble ainsi plus vive pour la Vierge que pour ceux qui ont fait de Rome la capitale de la chrétienté : les Apôtres Pierre et Paul. Et à Rome, les sanctuaires consacrés à Marie sont nombreux : Santa Maria in Trastevere, Santa Maria in Aracoeli, Santa Maria sopra Minerva, Santa Maria degli Angeli, Santa Maria Antiqua, etc. Le principal d’entre eux est Santa Maria Maggiore, Sainte-Marie-Majeure – c’est aussi le plus accessible et souvent le premier ou le dernier que visitent les pèlerins venus en train : la gare centrale est toute proche. Cette basilique, l’une des quatre principales de Rome, a été entièrement restaurée dans les années qui précédèrent le Grand Jubilé.
Sainte-Marie-aux-Neiges Deux événements sont à l’origine de la construction de cette basilique. Le premier est un miracle survenu le 5 août 356 : une chute de neige au sommet d’une des sept collines de Rome et, durant la même nuit, le songe du pape Libère, qui ordonnera dès lors la construction de « Sainte-Marie-aux-Neiges ». Depuis, c’est le 5 août qu’est célébrée la fête de la dédicace de cette basilique, fête restée inscrite au calendrier universel de l’Église. Jadis, la commémoration solennelle de la Dédicace donnait lieu à une Messe durant laquelle, pour évoquer le miracle de la neige, on faisait tomber des hauteurs de la nef des myriades de pétales de fleurs blanches – la tradition revit aujourd’hui chaque 5 août et, dans la touffeur de l’été romain, les fidèles peuvent s’émerveiller de la naïve et poétique représentation des flocons miraculeux. La façade médiévale de la basilique illustre les épisodes de ce miracle, avec des mosaïques contemporaines du premier Jubilé, de cette année 1300 où Dante situe sa Divine Comédie. Il est aujourd’hui difficile de lire ces figures à partir de la rue, mais, depuis quelques années, la loggia construite en 1750 par-devant la façade est accessible au public. On voit alors de très près le moindre détail : le marbre blanc des flocons de neige, çà et là le rouge coq-de-roche, et l’or, partout, dans le ciel comme dans l’architecture géométrique compliquée des scènes terrestres – et enfin, le bleu aux multiples nuances dans les ailes des anges et sur la robe de Marie.
Marie, Mère de Dieu Trois générations après le miracle de la neige survient comme un second événement fondateur pour la basilique : le concile œcuménique d’Ephèse, qui définit et proclame en 431 le dogme de la maternité divine de Marie, Theotokos. À cette occasion fut reconstruit le majestueux édifice actuel où le culte n’a jamais cessé depuis. Le pape Sixte III avait fait apposer une inscription dédicatoire en vers, dont voici le début :
Virgo Maria tibi Xystus nova tecta dicavi digna salutifero munera ventre tuo. Tu genitrix ignara viri te denique feta visceribus salvis edita nostra salus.
(« Vierge Marie, à toi j’ai dédié, moi Sixte, une nouvelle demeure, digne hommage à tes entrailles qui nous ont porté le salut. Tu es une mère qui n’a pas connu d’homme, et finalement enceinte, tu as mis au monde, sans blessure à ta virginité, notre salut. ») Si cette inscription n’a perduré que jusqu’au XVIe siècle, les murs de briques et les colonnades de marbre sont restés les mêmes, et l’or des mosaïques antiques continue d’étinceler sur le grand arc triomphal qui marque la fin de la vaste nef et surplombe l’autel majeur. Sur cet arc sont représentés les mystères de l’Incarnation et de la Nativité du Christ. Les scènes narrées dans les panneaux successifs de cette grande mosaïque sont familières et en même temps étranges, par certains détails qui trahissent leur antiquité : la dignité de Marie est exprimée par son vêtement d’or ou de pourpre, celui d’une impératrice romaine, mais elle n’a pas d’auréole – contrairement à Hérode, qui porte ce qui n’était alors, dans les représentations figurées, qu’un symbole de pouvoir, non de sainteté !
Marie de Bethléem Au bas de l’arc triomphal sont esquissées deux villes entourées de murailles dorées, avec l’inscription de leur nom : Jérusalem, dont on peut reconnaître la rotonde du Saint-Sépulcre, et Bethléem. Ces villes ne font pas qu’évoquer le début et le terme de la vie terrestre du Christ : à elles deux, elles évoquent l’universalité du salut. Jérusalem représente l’ancienne Alliance et le salut pour les Juifs prêché par saint Pierre; Bethléem, c’est la Nouvelle Alliance, le salut pour toutes les autres nations, annoncé par saint Paul. Les deux Princes des Apôtres meurent martyrs à Rome, qui devient le symbole et le creuset de l’universalité et de l’unité du christianisme. Cité de Pierre et de Paul, Rome est à la fois une Bethléem et une Jérusalem. Ce message est répété dans bien des sanctuaires romains, et les mosaïstes du XIIe siècle reproduiront dans plusieurs églises, dont Saint-Clément, les représentations antiques des deux villes de Terre Sainte de part et d’autre de l’arc triomphal. Pour les Romains et pour les Romées, pèlerins venus dans la Ville éternelle, Sainte-Marie-Majeure est avant tout une Bethléem. La Jérusalem romaine est à chercher dans l’église Sainte-Croix-en-Jérusalem, construite dans les murs mêmes du palais de l’impératrice-mère Hélène, qui y avait apporté les reliques de la Passion. À Sainte-Marie-Majeure sont conservées les reliques du bois de la crèche, exposées sous l’autel principal. C’est aussi dans cette basilique que reposeraient saint Matthieu, l’Évangéliste qui raconte l’adoration des Mages, et saint Jérôme, qui traduisit la Bible en latin dans une grotte de Bethléem. La présence à Rome de la relique de la crèche est évoquée dans l’inscription « parlante » gravée sur le socle d’un obélisque tout proche. Le pape Sixte-Quint, qui l’a érigé derrière l’abside de la basilique, au XVIe siècle, fait dire au monument, prélevé sur un mausolée antique : « J’honore, très joyeux, le berceau du Christ, Dieu vivant pour l’éternité, moi qui étais asservi, malheureux, au sépulcre d’Auguste, un mort » (Christi Dei in æternum viventis cunabula laetissime colo, qui mortui sepulcro Augusti tristis serviebam). Saint François d’Assise fut l’un des premiers à faire honorer le berceau du Christ : un soir de Noël, à Gubbio, en Ombrie, il avait créé une crèche vivante. Depuis, dans toutes les régions du monde, la crèche est devenue inséparable de la célébration de Noël. L’une des crèches les plus anciennes, de peu postérieure aux temps du Poverello, se trouve encore aujourd’hui à Sainte-Marie-Majeure. Les statues de marbre de l’oratoire de la crèche ont été placées dans une crypte, sous le tabernacle monumental de la grande chapelle construite par Sixte-Quint (à droite de l’autel majeur). Le sculpteur Arnolfo di Cambio est l’auteur des statues du prophète Isaïe et du roi David, que l’on voit en entrant dans la crypte. Là, autour de la Vierge à l’enfant (refaite en marbre au XVIe siècle) se trouvent les autres figures de la crèche réalisées par Arnolfo di Cambio : Joseph, les trois Mages, l’âne et le bœuf. C’est dans l’antique chapelle de la crèche que le jour de Noël 1075 les hommes de l’empereur Henri IV tentèrent l’arrestation du Pape Grégoire VII, alors qu’il y disait la Messe. Le peuple romain s’opposa à cette voie de fait et libéra son évêque, qui put retourner dans la chapelle et achever la célébration. L’empereur avait cru pouvoir déposer le Pape – en 1077, il ira à Canossa, en pénitent, demander un pardon et une réconciliation qui seront accordés… ce qui ne l’empêchera pas de reprendre la lutte et, finalement, d’imposer à Grégoire VII un exil où il mourra, en 1085.
Marie, fille éminente de Sion Une autre Vierge à l’enfant est esquissée sur un vitrail moderne, dans le mur de façade de la basilique. Jean-Paul II a voulu y faire représenter Marie, « fille éminente de Sion », filia excelsa Sion. Marie, fille de cette Jérusalem figurée à l’autre extrémité de la nef, sur l’antique mosaïque, face à Bethléem. Jésus est né à Bethléem, Marie est née à Jérusalem, tout près du Temple (là où se trouve la basilique Sainte-Anne). Le vitrail de Sainte-Marie-Majeure est exceptionnel, à plus d’un titre. C’est, avec la colombe de l’Esprit-Saint, dans la basilique vaticane, le seul vitrail figuratif à se trouver dans les basiliques majeures de Rome, et c’est l’un des rares éléments contemporains dans le décor des sanctuaires de la ville. Ce vitrail constitue aussi un signe éclatant de la pacification des relations entre christianisme et judaïsme, durant la fin du XXe siècle, en particulier par la volonté des papes Jean XXIII et Jean-Paul II. Trônant au-dessous du vol de la colombe de l’Esprit, la Vierge à l’enfant est flanquée des symboles de l’ancienne et de la nouvelle Alliances : à droite de Marie, la Torah et la Menorah, les tables de la Loi et le chandelier du Temple; de l’autre côté, les symboles de l’Eucharistie (calice et hostie) et de la Croix. Marie, rejeton d’Abraham, mère de Jésus-Christ, est celle qui unit les deux Alliances. Fille de Jérusalem, elle a vu le jour et quitté cette vie dans la Ville sainte, où les basiliques Sainte-Anne, de la Dormition et de l’Assomption sont là pour nous le rappeler. Le chandelier à sept branches dessiné aujourd’hui sur ce vitrail, dans la lumière de Rome, répond étrangement à sa figuration sculptée sur l’arc de Titus, à l’entrée du Forum : son triomphe parachevait la ruine du Temple, prédite et pleurée par le Christ sur les flancs du mont des Oliviers. L’ancienne Alliance n’est pas abolie, mais accomplie : les symboles juifs deviennent aussi des symboles chrétiens, et la Rome victorieuse et pacifiée s’incline devant la Jérusalem du Ciel. Les images du Calice eucharistique et de la Croix, qui sont comme les pendants des symboles de la Loi et du Temple, marquent cet accomplissement dans le Corps que Marie porta en son sein et que, trente ans plus tard, elle reçut, inanimé, défiguré, décroché de l’instrument de son supplice.
Marie, Reine du Ciel Ce vitrail circulaire exalte Marie qui trône avec l’Enfant divin sur ses genoux. Exactement en face, à l’autre extrémité du sanctuaire, dans le creux de l’abside, se trouve un autre cercle, qui entoure la grande image de Marie assise aux côtés du Christ-Roi en train de la couronner. À Rome les grandes basiliques ne sont pas orientées vers le Levant, mais « occidentées ». C’est donc à l’est que se trouve l’entrée – du côté de Jérusalem, où l’on voit les racines du mystère marial, sur le vitrail moderne; à l’ouest, au Couchant, le regard contemple l’aboutissement de ce mystère dans l’éternité. La belle mosaïque date de la fin du XIIIe siècle et illustre le dernier des mystères glorieux du Rosaire, celui du Couronnement de Marie au Ciel, qui suit son Assomption. Un mystère dont l’Écriture ne dit rien d’explicite et au sujet duquel Papes et Conciles sont restés presque muets, mais un mystère qui concerne toute l’humanité, toute la Création ainsi exaltée dans son membre le plus éminent, dans la filia excelsa Sion. La liturgie et les artistes chrétiens le disent, jusque dans la légende de cette mosaïque :
Maria Virgo assumpta est ad ethereum thalamum in quo rex regum stellato sedet solio. Exaltata est sancta Dei genitrix super choros angelorum ad celestia regna.
(« La Vierge Marie a été portée jusqu’à la chambre nuptiale céleste, où le Roi des Rois siège sur son trône étoilé – La sainte Mère de Dieu a été exaltée au-dessus des chœurs angéliques jusqu’aux royaumes célestes »).
Marie, Salut du Peuple de Rome Les deux images de Marie et de son Fils en gloire semblent se répondre, de part et d’autre du sanctuaire et par-dessus sept siècles d’histoire humaine. Il est une autre image qui, de manière plus concrète, surpasse en dévotion toutes celles – marbres, bronzes, mosaïques, peintures, de toutes époques – qui ornent la basilique et y sont vénérées : l’icône de Marie, salus populi Romani, « sauvegarde du peuple romain ». Elle est conservée dans une grande chapelle à gauche du chœur. Si les historiens y voient les caractères d’une image médiévale, de type « romain orientalisant », la tradition en fait une œuvre de saint Luc, l’Évangéliste, médecin et peintre, qui aurait représenté là la Mère de Dieu d’après nature ou de mémoire, avec l’aide des anges. Innombrables sont les pèlerins qui durant des siècles ont élevé leurs yeux vers cette icône et fait monter leurs prières vers Marie, salus populi Romani et protectrice, aussi, des pèlerins. Cette icône et quelques autres furent aussi portées en procession à travers la ville, tradition que Jean-Paul II eut à cœur de restaurer, à l’occasion de solennelles et émouvantes liturgies nocturnes sur la place Saint-Pierre.
Marie, Reine de tous les Saints Marie est Regina Sanctorum omnium, et la grande basilique romaine qui lui est consacrée a déjà été visitée, pendant plus d’un millénaire et demi, par des foules innombrables de pèlerins, de saints du calendrier et des saints inconnus de la Toussaint. C’est aussi cela, la richesse du pèlerinage romain : non pas seulement la visite au « centre » de la chrétienté autour des tombes apostoliques, mais aussi l’insertion de soi et de ses prières dans la chaîne de ceux qui ont fréquenté ces lieux et ont vécu dans la même fidélité, pour la même espérance, et de la même charité. C’est à Sainte-Marie-Majeure que fut ordonné prêtre saint Méthode, futur évangélisateur des Slaves; c’est là aussi que saint Ignace de Loyola célébra sa première Messe, le jour de Noël de l’an 1538; c’est là enfin que repose la dépouille de saint Pie V, jusqu’à nos jours très vénérée des Romains. Ce Pape qui eut la tâche délicate de faire appliquer la Réforme voulue par le Concile de Trente en publiant Catéchisme, Bréviaire et Missel romains fut aussi le dominicain mystique qui, même élu sur le siège de Pierre, aimait à se retirer dans le calme du couvent de Sainte-Sabine, sur l’Aventin, et tint à garder sa robe blanche de Frère prêcheur – dès lors, les Papes seront vêtus de blanc et non, comme auparavant, de rouge. Hier, aujourd’hui et toujours… Fille éminente de Sion, Sauvegarde du peuple romain et Reine de tous les Saints, la Mère de Dieu sera et est déjà, dans l’éternité, Reine sur le trône du Christ. À tous ces titres, Marie médiatrice est là pour intercéder, maternelle et chaleureuse – c’est ainsi qu’apparaît aux fidèles d’hier et d’aujourd’hui la basilique elle-même, moins monumentale et à bien des égards moins froide que ne peuvent le sembler les autres basiliques majeures de Rome : Saint-Pierre, Saint-Paul et la cathédrale de Rome et du monde, Saint-Jean-de-Latran. La basilique Sainte-Marie-Majeure est ouverte sans interruption du matin à 7h30 au soir à 19h00. Les Messes y sont célébrées, y compris en semaine, presque à toutes les heures du matin et de la fin de l’après-midi. Que le visiteur n’oublie pas de se rendre, à deux pas de là, dans la belle basilique Sainte-Praxède, Santa Prassede, avec sa très ancienne chapelle Saint-Zénon toute en mosaïques, qui abrite aussi la colonne de la Flagellation.
* Ancien membre de l’Institut suisse de Rome, diplômé de l’École vaticane de paléographie, P.-Y. Fux a soutenu en 1997 une thèse de doctorat consacrée au poète latin Prudence. À l’occasion du Jubilé, il a publié Les Portes saintes aux éditions Ad Solem (1999).