Archive pour mai, 2014

Mosaïque d’une des chapelles de la Basilique Notre-Dame du Rosaire (niveau inférieur) : l’Ascension.

30 mai, 2014

Mosaïque d'une des chapelles de la Basilique Notre-Dame du Rosaire (niveau inférieur) : l'Ascension. dans images sacrée ND_Rosaire_mosa%C3%AFque_03

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/0/04/ND_Rosaire_mosa%C3%AFque_03.jpg

L’ASCENSION DE NOTRE SEIGNEUR, DIEU ET SAUVEUR JÉSUS-CHRIST (1984)

30 mai, 2014

http://blog.orthodoxesdansloise.fr/index.php?post/L-Ascension-de-notre-Seigneur%2C-Dieu-et-Sauveur-J%C3%A9sus-Christ

L’ASCENSION DE NOTRE SEIGNEUR, DIEU ET SAUVEUR JÉSUS-CHRIST (1984)

[1] PRONONCÉE PAR LE PÈRE BORIS À LA CRYPTE LE 31 MAI 1984

Dieu est monté au milieu des acclamations, le Seigneur, au son de la trompette. (Ps 46,6)

Textes du pentécostaire
Lucernaire – ton 1

Le Seigneur est monté vers les cieux* pour envoyer au monde le Paraclet, * son trône est préparé dans le ciel ; * les nuages lui servent de marchepied, * les Anges s’étonnent de voir un homme au-dessus d’eux, * le Père accueille celui qui demeure éternellement dans son sein ; * l’Esprit ordonne par ses messagers : * Portes, levez vos frontons, * tous les peuples, battez des mains, * car le Christ est monté là où d’abord il était. (2 fois)
Seigneur, en ton Ascension, * les Chérubins furent saisis de stupeur * à te voir remontant sur les nuages, * toi le Dieu qui sièges au-dessus d’eux ; * et nous glorifions ta douce bonté : Seigneur, gloire à toi. (2 fois)
Sur la montagne sainte contemplant, * ô Christ, ton exaltation, * de ton visage, Reflet de la splendeur paternelle, * nous chantons l’aspect lumineux ; * nous prosternant devant ta Passion * et vénérant ta sainte Résurrection, * nous glorifions ton Ascension ; prends pitié de nous. (2 fois)
Seigneur, lorsque les Apôtres t’ont vu * enlevé au-dessus des nuées, * le cœur rempli de larmes et de chagrin, * ô Christ source-de-vie, ils te dirent en pleurant : * Maître, ne laisse pas orphelins * les serviteurs que tu aimas d’un tendre amour ; * mais, comme tu nous l’as promis, * envoie sur nous ton saint Esprit, * pour qu’il fasse briller sur nos âmes ta clarté. (2 fois)
Seigneur, ayant accompli le mystère du salut, * tu pris tes Disciples avec toi, * pour les mener sur le mont des Oliviers ; * et tu gravis le firmament du ciel ; * Seigneur qui pour moi t’es appauvri * jusqu’à revêtir mon humanité * et qui montes vers la gloire dont tu n’étais point séparé, * envoie du ciel ton saint Esprit * pour faire briller sur nos âmes ta clarté. (2 fois)

Gloire au Père … et maintenant …
Sans quitter le sein paternel, * partageant sur terre notre humanité, * très-doux Jésus, tu remontes en ce jour vers le ciel * glorieusement depuis la montagne des Oliviers, * relevant par compassion notre nature déchue * pour l’asseoir à côté du Père avec toi ; * les puissances incorporelles dans les cieux, * frappées d’admiration et d’effroi, * magnifient l’amour dont tu aimes les humains ; * et nous sur terre, avec elles nous glorifions * ta condescendance envers nous * et ton Ascension en disant : * Seigneur qui remplis d’une ineffable joie, * au jour de ton Ascension, * tes Disciples et la Mère de Dieu qui t’enfanta, * donne-nous aussi, par leurs prières, la joie de tes élus * et la grâce du salut.

Lecture des actes des Apôtres
(Ac I,1-12)
Mon premier livre, Théophile, je l’ai consacré à tout ce que Jésus s’est mis à faire et à enseigner jusqu’au jour où, après avoir donné ses ordres aux apôtres qu’il avait choisis, il fut enlevé au ciel par le Saint Esprit. Après sa passion, il leur apparut vivant, et leur en donna plusieurs preuves, se montrant à eux pendant quarante jours, et parlant des choses qui concernent le royaume de Dieu. Au cours d’un repas qu’il prenait avec eux, il leur recommanda de ne pas s’éloigner de Jérusalem, mais d’attendre ce que le Père avait promis, « ce que je vous ai annoncé, leur dit-il ; car Jean a baptisé d’eau, mais vous, dans peu de jours, vous serez baptisés du Saint Esprit. » Alors les apôtres réunis lui demandèrent : « Seigneur, est-ce en ce temps que tu rétabliras le royaume d’Israël ? » Il leur répondit : « Ce n’est pas à vous de connaître les temps ou les moments que le Père a fixés de sa propre autorité. Mais vous recevrez une puissance, le Saint Esprit descendant sur vous, et vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée, dans la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre. » Après avoir dit cela, il fut élevé pendant qu’ils le regardaient, et une nuée le déroba à leurs yeux. Et comme ils avaient les regards fixés vers le ciel pendant qu’il s’en allait, voici que deux hommes vêtus de blanc leur apparurent et dirent : « Hommes Galiléens, pourquoi vous arrêtez-vous à regarder au ciel ? Ce Jésus, qui a été enlevé au ciel du milieu de vous, viendra de la même manière que vous l’avez vu aller au ciel. » Alors, depuis le mont des oliviers, qui est près de Jérusalem, à la distance d’un chemin de sabbat, ils s’en retournèrent à Jérusalem.

Lecture de l’Évangile selon Saint Luc
(Lc XXIV, 36-53)
Tandis que les disciples parlaient , Jésus se présenta au milieu d’eux, et leur dit : « La paix soit avec vous ! » Saisis de frayeur et d’épouvante, ils croyaient voir un esprit. Mais il leur dit : « Pourquoi êtes-vous troublés, et pourquoi pareilles pensées s’élèvent-elles dans vos cœurs ? Voyez mes mains et mes pieds, c’est bien moi ; touchez-moi et voyez : un esprit n’a ni chair ni os, comme vous voyez que j’en ai. » Et en disant cela, il leur montra ses mains et ses pieds. Comme, dans leur joie, ils ne croyaient point encore, et qu’ils étaient dans l’étonnement, il leur dit : « Avez-vous ici quelque chose à manger ? » Ils lui présentèrent du poisson rôti et un rayon de miel. Il en prit, et il mangea devant eux. Puis il leur dit : « C’est là ce que je vous disais lorsque j’étais encore avec vous, qu’il fallait que s’accomplît tout ce qui est écrit de moi dans la loi de Moïse, dans les prophètes, et dans les psaumes. » Alors il leur ouvrit l’esprit, afin qu’ils comprennent les Écritures. Et il leur dit : « C’est comme il est écrit : le Christ souffrira, et il ressuscitera des morts le troisième jour, et la repentance et le pardon des péchés seront prêchés en son nom à toutes les nations, à commencer par Jérusalem. Vous êtes témoins de ces choses. Et moi, j’enverrai sur vous ce que mon Père a promis ; mais vous, restez dans la ville jusqu’à ce que vous soyez revêtus de la puissance venue d’en haut. » Il les conduisit jusque vers Béthanie, et, ayant levé les mains, il les bénit. Pendant qu’il les bénissait, il se sépara d’eux, et fut enlevé au ciel. Quant à eux, après l’avoir adoré, ils retournèrent à Jérusalem avec une grande joie ; et ils étaient continuellement dans le temple, louant et bénissant Dieu.

Homélie[1]
Au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit,
Depuis la Pentecôte jusqu’à la fin des temps l’Église se souvient, elle se souvient de chaque moment de la venue, de la vie sur terre de Jésus. Elle s’en souvient avec amour et elle nous invite et nous entraîne à pénétrer, toujours de plus en plus profondément, dans chacune de ces étapes de la vie de Jésus. Ces étapes sont elles-mêmes des étapes fondamentales pour notre propre existence, pour notre salut et pour la vie de l’Église, pour la vie du monde, pour la vie de l’homme.
Ce mystère de l’Ascension que l’Église célèbre aujourd’hui n’est pas moins important pour notre salut que la venue de Jésus, que l’Incarnation du Fils de Dieu que nous fêtons avec gloire et éclat. Bien souvent l’Ascension, surtout en Occident, passe inaperçue, du moins quant à son sens, à son contenu religieux, théologique, spirituel. Nous avons même tendance à la réduire à un récit mythologique ou légendaire. Il est vrai que ce mystère de l’Ascension ne peut pas être réduit à un événement purement historique, car s’il y a d’une part le moment même de l’élévation de Jésus, de sa séparation d’avec les apôtres, comme le dit l’Évangéliste Luc : « Il fut séparé d’eux », il y a d’autre part aussi une autre réalité dont aucun témoin oculaire ne pouvait et n’aurait jamais pu attester la véracité, la vérité qui dépasse toute compréhension humaine, c’est la traversée des cieux par Jésus, comme le chantent les textes liturgiques à la suite des psaumes, à la suite de l’épître aux Hébreux : « Il traversa les Cieux ». Là aussi il n’y a pas simplement la conception archaïque de la composition du cosmos et des cieux et d’un Dieu habitant le septième ciel, Jésus traversa les cieux, comme le confesse à la fin de son évangile saint Marc, Il fut élevé, Il fut enlevé au ciel et Il s’assit à la droite de Dieu. Tous les symboles de foi réitèrent cette confession de l’évangéliste Marc qui dit de manière absolument nette et tranchée : « Il fut élevé au ciel et s’est assis à la droite de Dieu » . De même dans la liturgie eucharistique que nous célébrons de dimanche en dimanche, ou dans les fêtes, l’Église se souvient également de celui qui a été élevé au ciel et qui est assis à la droite du Père. Nous sommes, je pourrais le dire, imbriqués dans ce mystère de l’Ascension, il n’est pas extérieur à nous et nous ne sommes pas extérieur à lui, c’est un mystère qui englobe et qui embrasse l’existence du cosmos tout entier. C’est dans la mesure où Jésus est élevé au ciel qu’il nous attire à Lui et qu’il nous entraîne derrière Lui dans ce mouvement ascensionnel qui est un aspect fondamental du salut et de la vie de l’Église et de chacun de nous. Quand le Fils de l’homme, disait Jésus, sera élevé de terre Il attirera tous les hommes à Lui, et l’Évangéliste ajoute « Il disait cela montrant de quelle mort Il devait mourir. »
Si nous allons au cœur même de cette image de l’Ascension, c’est-à-dire de l’élévation, il y a non seulement la Gloire mais aussi la Croix, ou plutôt, pour mettre ensemble ces deux réalités il y a la croix glorieuse, mais aussi on peut le dire autrement, il y a la gloire “kénotique”, c’est-à-dire la gloire souffrante, la gloire à travers la souffrance. Les deux sont tellement liés, tellement un, qu’on ne peut pas les décomposer en des moments différents. Bien sûr, nous vivons d’abord le Vendredi Saint et puis la Pâque, mais nous savons de toute notre certitude que la victoire du Christ sur les forces du mal et sur les ténèbres est déjà réalisée, est déjà accomplie au Vendredi Saint. Maintenant le Fils de l’Homme est glorifié et le Père est glorifié en Lui, maintenant le prince de ce monde est chassé dehors et la voix du Père se fait entendre : « Je l’ai glorifié et je le glorifierai encore » : Donc nous sommes ici complètement dérangés de nos habitudes et de notre conception d’un temps spatial fait de moments qui se succèdent. Le mystère du Salut est un mystère unique dans lequel Dieu descend pour nous accueillir, pour nous assumer là où nous sommes, dans notre misère, dans notre déchéance, dans notre souffrance aussi et pour nous ramener vers le Père. L’image de l’Ascension c’est l’image de la montée que Jésus emploie souvent dans l’évangile de saint Jean. C’est une dimension constante de la prédication évangélique. Mais l’image de l’Ascension peut être aussi complétée par d’autres images comme, par exemple, celle de la parabole dans les synoptiques, du bon pasteur, du bon berger qui s’en va dans la montagne à la recherche de la brebis égarée et qui, l’ayant trouvée, la prend sur ses épaules et la ramène dans le bercail et il y a là une grande joie parmi les anges. On sent ici, dans les paraboles de Jésus, cette exultation évangélique particulièrement manifestée aujourd’hui dans la célébration de l’Ascension.
L’Ascension est ainsi un aspect essentiel du mystère du Salut. Un aspect incompréhensible, je dirais même plus difficile presque à accepter que l’Incarnation. Parce que l’Incarnation signifie une vérité qui nous est coutumière, trop coutumière peut-être, que Dieu s’est fait homme, que le Fils de Dieu s’est incarné dans le sein de la Vierge Marie, qu’Il a grandi, qu’Il est devenu adulte et qu’Il a assumé les souffrances, et qu’Il est mort et est ressuscité. Mais parler de l’Ascension ce n’est pas simplement parler du retour du Fils de Dieu, de ce Fils de Dieu qui n’a d’ailleurs jamais quitté le sein du Père. Il y a là une contradiction dont nous devons tenir ensemble les deux termes : d’une part le Fils ne s’est jamais séparé du Père, mais d’autre part Il est descendu jusqu’à nous et Il est entré dans ce chemin étroit de la nature humaine abîmée par le péché. Et lorsque Jésus revient vers le Père, Il ne revient pas seul. C’est bien sûr le Bon Pasteur qui prend la brebis égarée, mais cette brebis égarée fait un avec le Bon Pasteur, de telle manière que le Bon Pasteur Lui-même s’appellera l’Agneau. Par conséquent il y a cette unité, cette unité merveilleuse, cette unité incompréhensible, cette unité scandaleuse pour la raison humaine et pour celle des anges qui refuseront cette révélation et qui s’éloigneront de Dieu dans les domaines de l’enfer. Cette unité de la nature divine et de la nature humaine – de cette nature humaine créée bonne et belle par Dieu – a été assumée par Jésus, et Jésus s’élève avec elle, c’est-à-dire potentiellement, initialement déjà avec nous dans un chemin où Il entre comme le Précurseur, comme Celui qui ouvre la voie. Ce n’est plus Jean-Baptiste qui est précurseur de Jésus, mais c’est Jésus Lui-même qui devient notre précurseur, le plus grand devient humble pour nous ouvrir le chemin et désormais ce chemin est ouvert pour toujours.
Par conséquent dans notre propre vie ecclésiale, liturgique, spirituelle, personnelle, dans notre engagement dans le monde, cette Ascension devient un mouvement, un dynamisme nécessaire ; nous ne pouvons pas nous désigner par nous-mêmes, l’homme ne peut pas se désigner comme un être clos, comme un “en soi” qui entrerait ensuite dans une relation toujours difficile, toujours impossible avec un Dieu lointain. Non seulement Dieu est devenu proche, mais Il nous entraîne vers Sa transcendance, Il nous entraîne à travers les chemins infinis de la montée vers la gloire, et la lumière, et la joie, et vers l’amour de Dieu. C’est ce que la liturgie nous rappelle, elle le rappelle avec force, non seulement dans ce que nous appelons l’anamnèse – ou le mémorial de la liturgie – lorsque nous nous souvenons de l’événement de Jésus, mais lorsqu’elle nous invite à notre tour : « élevons nos cœurs », dit le prêtre, et l’Église entière par la voix de la chorale répond : « nous les élevons, nous les avons vers le Seigneur ». C’est à la fois une affirmation et aussi bien sûr une adhésion. Cette invitation de l’Église est une invitation de l’Esprit Saint Lui-même à élever nos cœurs. Nous faisons cette invitation nôtre, nous voulons maintenant véritablement déposer tous les soucis de ce monde, nous voulons élever nos cœurs vers le Royaume, vers le Trône de Dieu et de l’Agneau. Élever nos cœurs dans ce mouvement d’ascension qui appartient à la substance même de la liturgie, de la prière commune ou personnelle, élever nos cœurs c’est difficile parce que nos cœurs sont remplis à la fois de choses bonnes et mauvaises. Dans l’Évangile Jésus nous l’apprend que c’est dans le cœur de l’homme que se nichent toutes les passions, les pensées, les soucis, les désirs, la charité. À la fois les choses bonnes et mauvaises. Mais c’est ce cœur tel qu’il est, tel que nous ne pourrons pas par nous-mêmes encore le rétablir, le purifier, le renouveler, que nous élevons vers Dieu, avec nos proches qui sont dedans. Le cœur est un monde immense qui contient toute la réalité, toute la souffrance, tous les drames du monde entier qui font – que nous le sachions ou pas, d’ailleurs – écho en nous-mêmes. Par conséquent c’est ce cœur que nous élevons, et tous ensemble nous nous élevons d’un seul cœur, d’une seule voix et d’une seule âme vers le trône de Jésus, et alors par la grâce et la puissance de l’Esprit Saint s’opère la purification du cœur. C’est cela aussi la liturgie, l’Eucharistie, la purification du cœur durant laquelle le Seigneur brûle en nous tout ce qui n’a pas place dans le Royaume.
Voilà donc quelques aspects de ce mystère de l’Ascension. Il faut savoir aussi que cette purification, cette brûlure des choses mauvaises et cette illumination du cœur où il ne reste plus que la Grâce de Dieu se fait par la puissance de l’Esprit Saint. Dans le temps de la vie de Jésus, Jésus est d’abord monté pour nous envoyer l’Esprit Saint dans notre vie à nous, et depuis que l’Esprit Saint est en nous, nous sommes désormais attirés par une force d’attraction vers le haut, force qui contrebalance la force d’attraction vers le bas, d’où le dilemme et le choix entre la pesanteur et la grâce. La grâce est aussi une attraction, elle est l’attraction véritable vers le lieu de notre existence, vers Dieu, vers le Seigneur par la puissance de l’Esprit Saint. Par conséquent nous sommes maintenant dans l’attente de l’Esprit Saint ; Jésus s’élève et nous sommes dans un temps tout à tait unique de ces dix jours, de ces quelques jours où Jésus semble absent mais où les apôtres demeurent dans la joie, où ils sont dans une prière unanime et ils savent que par la promesse de Jésus que l’Esprit Saint va venir et qu’Il va les remplir. Ils sont ainsi dans l’attente et nous aussi maintenant nous sommes dans l’attente de l’Esprit Saint qui va nous remplir pour réanimer, pour réactiver notre mouvement d’ascension.
Sachons aussi que lorsque nous nous élevons vers le Père par Jésus, nous ne pouvons pas le faire seuls, car on ne s’élève pas seul.
Nous ne pouvons nous élever et nous sanctifier que tous ensemble, cela n’est possible que si nous le faisons d’un seul cœur, d’un seul amour. Nous avons beaucoup à faire .

 

TEXTES DE SAINT JOSÉMARIA : L’ASCENSION DU SEIGNEUR

30 mai, 2014

http://www.fr.josemariaescriva.info/article/l27ascension-du-seigneur

SAINT JOSÉMARIA TEXTES DE SAINT JOSÉMARIA

L’ASCENSION DU SEIGNEUR

La liturgie nous propose, une fois de plus, le dernier mystère de la vie de Jésus-Christ parmi les hommes : son Ascension au ciel.
Quand le Christ passe , 117

Comment ne nous manquerait-Il pas ?
Il m’a toujours paru logique que la Très Sainte Humanité de Jésus-Christ monte dans la gloire du Père, et cela m’a toujours rempli de joie, mais je pense aussi que cette tristesse, propre au jour de l’Ascension, est une marque de l’amour que nous ressentons pour Jésus Notre Seigneur. Lui qui, étant Dieu parfait, s’est fait homme, homme parfait, chair de notre chair et sang de notre sang, nous quitte pour aller au ciel. Comment ne nous manquerait-Il pas ?
Quand le Chrtist passe , 117
Entreprendre cette tache dans le monde
La fête de l’Ascension du Seigneur nous suggère aussi une autre réalité : ce Christ, qui nous pousse à entreprendre cette tache dans le monde, nous attend au ciel. En d’autres termes, cette vie terrestre, que nous aimons, n’est pas définitive ; car nous n’avons pas ici-bas de cité permanente, mais nous cherchons celle de l’avenir, la cité immuable.
Mais prenons garde de ne pas interpréter la Parole de Dieu en l’enfermant dans l’étroitesse de nos horizons. Le Seigneur ne nous demande pas d’être malheureux lors de notre chemin sur terre, et de n’attendre notre consolation que de l’au-delà. Dieu nous veut heureux ici-bas, mais dans l’attente impatiente de l’accomplissement définitif de cet autre bonheur que Lui seul peut nous donner entièrement.
Sur cette terre, la contemplation des réalités surnaturelles, l’action de la grâce dans nos âmes, l’amour du prochain, fruit savoureux de l’amour de Dieu, supposent déjà une anticipation du ciel, le début de quelque chose qui doit croître de jour en jour. Nous, chrétiens, nous n’admettons pas de double vie, nous maintenons dans notre vie une unité simple et forte, dans laquelle se fondent et se mêlent toutes nos actions.
Le Christ nous attend.
Nous vivons déjà comme des citoyens du ciel, tout en étant pleinementau citoyens de la terre, au milieu des difficultés, des injustices et des incompréhensions, mais aussi avec la joie et dans la sérénité de qui se sait l’enfant bien-aimé de Dieu. Persévérons au service de notre Dieu et nous verrons augmenter en nombre et en sainteté cette armée chrétienne de paix, ce peuple de corédempteurs. Soyons des âmes contemplatives, à tout moment en dialogue constant avec le Seigneur : de la première pensée de la journée à la dernière, dirigeant sans cesse notre cœur vers Jésus-Christ Notre Seigneur, auquel nous parvenons par notre Mère Sainte Marie, et, par Lui, au Père et à l’Esprit Saint.
Accourons à sa Mère
Si, malgré tout, l’Ascension de Jésus au ciel nous laisse dans l’âme un arrière-goût d’amertume et de tristesse, accourons à sa Mère, comme le firent les apôtres : ils retournèrent alors à Jérusalem… et ils priaient d’un seul cœur… avec Marie, Mère de Jésus.
Quand le Christ passe , 126
Pensons maintenant à ces journées qui suivirent l’Ascension, dans l’attente de la Pentecôte. Les disciples remplis de foi par le triomphe du Christ ressuscité et d’un ardent désir de l’Esprit Saint, veulent se sentir unis, et nous les trouvons cum Maria Matre Iesu , avec Marie, la Mère de Jésus (cf. Ac 1, 14). La prière des disciples accompagne celle de Marie, car c’était la prière d’une famille unie.
Quand le Christ passe , 142
Servir, donc ; l’apostolat n’est rien d’autre
Jésus est monté au ciel, disions-nous. Mais le chrétien peut Le fréquenter dans la prière et l’Eucharistie, comme le firent les douze premiers apôtres, s’enflammer de zèle apostolique pour accomplir avec Lui ce service de corédemption qui consiste à semer la paix et la joie. Servir, donc ; l’apostolat n’est rien d’autre. Si nous comptons seulement sur nos propres forces, nous n’arriverons à rien dans le domaine surnaturel ; si nous sommes instruments de Dieu, nous parviendrons à tout : je peux tout en celui qui me rend fort (Ph 4, 13). Dieu, en son infinie bonté, a voulu se servir de ces instruments maladroits. C’est ainsi que l’apôtre n’a pas d’autres fins que de laisser faire le Seigneur, de se montrer entièrement disponible, pour que Dieu réalise son œuvre de salut à travers ses créatures et à travers l’âme qu’il a choisie.
Quand le Christ passe , 120

7E DIMANCHE DE PÂQUES – HOMÉLIE

30 mai, 2014

http://www.homelies.fr/homelie,,3850.html

7E DIMANCHE DE PÂQUES

DIMANCHE 1ER JUIN 2014

FAMILLE DE SAINT JOSEPH

HOMÉLIE – MESSE

Nous sommes au cœur de la prière sacerdotale. L’évangéliste nous fait entrer dans l’intimité de la prière filiale de Jésus : « Père, l’heure est venue où je dois accomplir l’œuvre que tu m’as confiée et révéler aux hommes de quel amour tu les aimes. Certes, en tant que Verbe éternel, je partageais ta gloire avant le commencement de la création, puisque tu m’engendres éternellement de ta propre substance et me fais vivre de ton Esprit. Mais conformément à ton dessein de salut, j’ai pris chair en ce monde, je me suis revêtu de l’humanité mortellement blessée par le péché, afin de la délivrer de son impuissance et la restaurer dans sa faculté d’aimer.
C’est pourquoi je te demande, Père, de me glorifier, c’est-à-dire de répandre sur mon humanité ta puissance infinie d’amour, pour que je puisse à mon tour te glorifier non seulement en tant que Fils de Dieu, mais en tant que Fils de l’homme.
Tu m’as donné autorité sur tout être vivant afin de les conduire sur le chemin de la vie, en leur révélant ton visage de Père. Donne-moi la force de l’Esprit pour pouvoir t’offrir le sacrifice parfait grâce auquel l’humanité pourra à nouveau s’ouvrir à ta grâce et vivre de ta vie. »
Double est l’œuvre du Fils en notre faveur : il satisfait en notre nom à la justice divine en offrant à Dieu le parfait sacrifice d’amour qui compense surabondamment pour tous nos manquements à la charité ; et il nous libère de l’esclavage du vieil homme qu’il a définitivement cloué sur la croix. Réconciliés avec le Père, nous pouvons à nouveau accueillir son Esprit d’amour pour vivre en enfants de Dieu.
Hélas, même si par la foi et la grâce baptismale nous sommes effectivement nés à la vie divine, le vieil homme ne s’avoue pas pour autant vaincu ! De plus, nous vivons encore au cœur du monde, où le combat entre la lumière et les ténèbres continue de faire rage. Ce combat nous traverse au plus intime, et nous oblige sans cesse à rechoisir le Christ, ce qui ne se fait pas sans souffrance ; car le choix de l’Évangile va à contre-courant des tendances spontanées de notre nature. Loin de nous en attrister, saint Pierre nous exhortait tout au contraire dans la deuxième lecture à nous réjouir des épreuves que nous avons à subir en raison de notre appartenance au Christ, puisqu’elles sont pour nous l’occasion de lui manifester notre fidélité, et même de communier à sa Pâque. Chaque fois en effet que nous résistons aux sollicitations du monde ou du vieil homme – qui tous deux veulent nous détourner de l’Évangile – nous proclamons la seigneurie du Christ dans nos vies, et nous attirons sur nous « l’Esprit de gloire, l’Esprit de Dieu ».
L’état de disciple suppose donc une vigilance de chaque instant. Or il n’est pas facile de demeurer en tenue de combat au cœur de notre culture hédoniste. Pourtant c’est encore saint Pierre qui nous avertit : « Le démon, comme un lion qui rugit, va et vient, à la recherche de sa proie. Résistez-lui avec la force de la foi » (1 P 5, 8). Entendons bien ce que dit l’apôtre : notre force ne réside pas dans nos propres ressources, mais dans la vertu théologale de la foi, c’est-à-dire dans la puissance de l’Esprit qui combat pour ceux qui s’ouvrent à sa présence et à son action.
Avec le psalmiste, le chrétien peut dire en vérité : « Le Seigneur est ma lumière et mon salut ; de qui aurais-je crainte ? Le Seigneur est le rempart de ma vie ; devant qui tremblerais-je ? » (Ps 26).
En toutes circonstances, notre unique recours devrait être le Seigneur. Jésus ne nous a-t-il pas dit : « Demeurez en moi comme je demeure en vous, car hors de moi vous ne pouvez rien faire » (Jn 15, 4-5) ? La vie chrétienne devrait être une vie en Christ, ce qui signifie que nous nous laissons conduire à chaque instant par l’Esprit.
Pour que nous puissions venir à lui en toute sécurité, le Père nous a donné deux « Défenseurs » (Jn 14, 16) : son Fils, dont la Parole trace l’itinéraire tout en dénonçant les embûches ; et son Esprit, qui nous « rend fort pour vaincre le Mauvais » (1 Jn 2, 14). Ne croyons pas pouvoir progresser sur le chemin de la vérité et de la vie, sans avoir recours à eux !
On dit parfois en milieu catholique, que l’Esprit est « l’oublié des Trois » ; pourtant, la place de l’Esprit est essentielle dans nos vies. C’est bien pourquoi l’Eglise nous invite à nous préparer avec une ferveur particulière à la fête de la Pentecôte désormais toute proche. Comme les apôtres, montons au Cénacle, et d’un seul cœur, rassemblés autour de Marie, persévérons dans la prière :

« Ecoute, Seigneur je t’appelle ! Pitié ! Réponds-moi ! Mon cœur m’a redit ta parole : “Cherchez ma face” » (Ps 26). C’est ta face Seigneur que je cherche. Envoie du haut du ciel un rayon de ta lumière bienheureuse ; qu’elle remplisse jusqu’à l’intime nos cœurs, pour que nous puissions discerner la volonté de notre Dieu, et l’accomplir avec la force que tu nous communiques. Glorifie-nous Père, pour que tes enfants te glorifient par une vie conforme à celle de ton Fils. »
Père Joseph-Marie

Jesus Christ – the King of Glory,

29 mai, 2014

Jesus Christ – the King of Glory, dans images sacrée Christ-enthroned

http://stjosaphat.ab.ca/about-us/church-tours/sanctuary/

JÉSUS SELON MATTHIEU : LE MAÎTRE UNIQUE

29 mai, 2014

http://www.bible-service.net/extranet/current/pages/1560.html

JÉSUS SELON MATTHIEU : LE MAÎTRE UNIQUE

Le Nouveau Testament commence avec l’évangile de Matthieu…

Le Nouveau Testament commence avec l’évangile de Matthieu. Il nous présent l’image de Jésus maître qui enseigne et qui forme ses disciples ; qui guérit et qui annonce le règne des cieux. Jésus est le nouveau Moïse. Il est le Messie annoncé par les prophètes.
L’évangile de Matthieu est bien placé. Avec ses nombreuses citations bibliques, il assure la transition avec l’Ancien Testament. Sans cesse, dans la bouche du narrateur ou placées dans celle de Jésus, reviennent des formules comme : « Il est écrit » ou « Il a été dit » ou « Pour que s’accomplisse ce qui a été dit par le prophète ». Matthieu dessine l’image de Jésus avec des éléments puisés dans la tradition. Ce qui figurait déjà, comme en filigrane, dans la Loi de Moïse et les écrits des prophètes se révèle maintenant dans sa plénitude. En Jésus les Écritures s’accomplissent.

Jésus, Dieu avec nous
Au premier chapitre de l’Évangile on trouve le récit de « l’origine de Jésus Christ » avec la citation d’Isaie : « Voici que la vierge concevra et enfantera un fils auquel on donnera le nom d’Emmanuel, ce qui se traduit par Dieu avec nous. » Au dernier chapitre, Jésus ressuscité dit : « Moi je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps ». L’évangile tout entier s’inscrit ainsi entre ces deux affirmations : Dieu est avec nous, en la personne de Jésus.

Le maître de la Loi
Dans l’évangile de Matthieu, Jésus commence son activité par un grand discours. Il choisit ses disciples, qui le suivent sans hésiter. Puis il monte sur la montagne, comme Moïse. Il s’assied, selon la coutume des maîtres en Israël et il enseigne. Trois longs chapitres sont consacrés à ce discours sur les principaux points d’une loi à la fois ancienne et nouvelle : « Je ne suis pas venu abroger la Loi ou les Prophètes, mais les accomplir ».
Les huit béatitudes, regroupées au début du texte, donnent le ton du discours : « Heureux les pauvres…les doux…ceux qui pleurent…les miséricordieux…;les artisans de paix…ceux qui sont persécutés pour la justice …  » C’est à la fois traditionnel et nouveau. Chaque proclamation, en effet, fait écho à ce qui se trouve déjà dans l’Écriture, mais en ordre dispersé, noyé au milieu d’autres textes qui affirment bien souvent le contraire. Les huit béatitudes, énoncées à la suite, se renforcent et s’éclairent mutuellement. Elles constituant une charte inédite, celle du Royaume des cieux.
Jésus les commente et enseigne une nouvelle façon d’être juste : « Vous avez appris qu’il a été dit….et moi je vous dis ». Il reprend les commandements de la Loi et, loin de les remettre en cause, il demande qu’ils soient mis en pratique jusqu’au bout, respectés non seulement à la lettre, mais dans leur esprit. La Loi interdit le meurtre. Jésus condamne aussi la colère contre un frère et l’injure destructrice.
Il ne s’oppose pas aux oeuvres traditionnelles de piété que sont l’aumône, la prière et le jeûne, bien au contraire. Mais il demande qu’elles soient pratiquées devant le Père des cieux et non pour s’attirer les louanges des hommes. Il invite à faire la vérité partout : dans la façon de croire, de juger et de vivre. Et tout cela, il le fait avec assurance et autorité en ne rabâchant pas ce qui a toujours été dit. Jésus est le maître de la Loi et non pas simple répétiteur.

Le médecin pour toute maladie
Dans l’évangile de Matthieu Jésus ne parle pas seulement, il agit. Il opère beaucoup de guérisons. Après l’enseignement sur la montagne, il purifie un lépreux. C’est le début de toute une série de guérisons : le serviteur du centurion, la belle-mère de Pierre, de nombreux démoniaques, dont deux Gadaréniens très dangereux, un paralysé, une femme souffrant d’hémorragies, deux aveugles, un possédé muet … Il associe les Douze à son pouvoir et leur donne autorité sur les esprits impurs pour qu’ils fassent comme lui : « Guérissez les malades, ressuscitez les morts, purifiez les lépreux, chassez les démons » (Mt 10,8). Matthieu insiste plusieurs fois sur le pouvoir de guérison de Jésus qui dépasse la simple guérison des corps. Quand Jésus partage le repas de Matthieu, le collecteur d’impôts, il déclare : « Ce ne sont pas les bien-portants qui ont besoin de médecin, mais les malades …Je suis venu appeler non pas les justes, mais les pécheurs »(Mt 9,12).
Ainsi va le Jésus de Matthieu, « proclamant la Bonne Nouvelle du Royaume et guérissant toute maladie et toute infirmité ». Parole et action. L’une ne va pas sans l’autre. Les foules s’émerveillent et disent : « Jamais rien de tel ne s’est vu en Israël ».

L’annonceur du Royaume des cieux
Le Royaume des cieux est le thème central de la prédication de Jésus. Il commence son ministère en annonçant : « Le Règne des cieux s’est approché »(4,17). Dans le discours sur la montagne il proclame : « Heureux les pauvres de coeur, car le Royaume des cieux est à eux ». « Heureux les persécutés pour la justice : le Royaume des cieux est à eux » (5,3.10). « Il ne suffit pas de me dire : ‘Seigneur, Seigneur’ pour entrer dans le Royaume des cieux ; il faut faire la volonté de son Père qui est aux cieux. » (7,21) Il enseigne à prier « Notre Père qui es aux cieux » (6,9).
Dans ses paraboles il dit que le Royaume des cieux est comparable à un homme qui a semé du bon grain dans son champ (13,24), à une graine de moutarde (13,31), à du levain (13,33), à un trésor (13,44), etc. …Il invite ses disciples à devenir comme des enfants pour entrer dans le Royaume des cieux (18,1-5).
Remarquons que dans l’évangile de Matthieu, Jésus ne parle pas du Royaume de « Dieu » mais du Royaume des « Cieux ». L’auteur respecte ainsi la sensibilité de ses premiers lecteurs qui sont des chrétiens d’origine juive et qui répugnent à prononcer le nom divin.
Par ses paraboles, Jésus raconte le Royaume des cieux, si différent des royaumes de la terre. Par ses guérisons il l’inaugure en puissance. Par ses conseils à ses disciples il leur apprend à y vivre. Avec Jésus « le royaume des cieux s’est approché ».

Le maître et ses disciples
Les quatre évangiles montrent Jésus avec ses disciples, mais chacun à sa manière. Matthieu privilégie la relation enseignant-enseignés. Il aime noter que, lorsque Jésus se met à enseigner les foules, les disciples s’approchent de lui. À la différence de l’évangile de Marc et de Luc, Matthieu n’insiste pas sur l’incompréhension des disciples. Ils peuvent être des « hommes de peu de foi » (8,26 ; 14,31), mais ils sont quand même les modèles de tous les disciples qui suivront Jésus au fil des siècles.
À la fin de l’évangile, comme au début, Jésus les convoque sur une montagne pour leur donner ses dernières consignes : « Allez donc, de toutes les nations faites des disciples…leur apprenant à garder tout ce que je vous ai prescrit » (28,19). Ils ont à transmettre ce qu’ils ont entendu de la bouche même du Maître quand il était avec eux sur les routes de Palestine. Jésus les a formés. Il les quitte maintenant tout en ne les abandonnant pas : « Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps ».

SBEV. Madeleine Le Saux

LE MYSTÈRE DE LA MORT ET L’ÉTERNITÉ

29 mai, 2014

http://www.bible-et-histoire.com/le-mystere-de-la-mort-et-leternite1.html

LE MYSTÈRE DE LA MORT ET L’ÉTERNITÉ

SOMMAIRE

L’ÉVOLUTION DE LA SÉPULTURE ÉGYPTIENNE
CONCEPTION DE L’HOMME EN ÉGYPTE
LES CÉRÉMONIES RELIGIEUSES ET LEURS RAISONS D’ÊTRE
LE JUGEMENT
LA BIBLE ET L’IMMORTALITÉ
RÉSURRECTION ET VIE ÉTERNELLE
DES RESSEMBLANCES, DES DIVERGEANCES : POURQUOI ?

RÉSUMÉ

LE MYSTÈRE DE LA MORT ET L’ÉTERNITE

L’ÉVOLUTION DE LA SÉPULTURE ÉGYPTIENNE

Les recherches archéologiques ont permis de découvrir les plus anciennes tombes égyptiennes. Le mort était placé en position contractée dans une simple excavation dans le sol surmontée d’un tertre marquant l’emplacement de la tombe. Quelques objets personnels et des offrandes étaient placés à côté du corps. Rapidement, les Egyptiens se rendirent compte que ce type de tombeau ne pouvait résister à l’éternité, il ne pouvait devenir la « demeure éternelle » du défunt.
Dès les premières dynasties, nobles et rois commencèrent à solidifier le tertre primitif en établissant à la place une construction de petite hauteur réalisée en brique crue, et plus tard en pierre. Ce type de tombeau est appelé « mastaba ».
Avec le temps, les hommes ont donné plus d’importance à cette « demeure éternelle » et plusieurs pièces furent ajoutées. C’était un véritable appartement.
En 2700 avant J.C., le pharaon Djéser, avec son architecte Imhotep, conçurent un mastaba beaucoup plus grand qui devint après plusieurs transformations, la première pyramide, la pyramide à degrés. Snéfrou, fondateur de la IVe dynastie, cinquante ans environ après le pharaon Djéser, reprend la technique des mastabas superposés les uns sur les autres pour édifier sa première pyramide à Meïdoum. Il entreprit la construction d’une autre pyramide à Dachour. On ignore la raison pour laquelle cette pyramide appelée la « pyramide romboïdale » a été construite avec deux pentes d’inclinaison différente. Elle était entièrement recouverte d’une pierre lisse calcaire. Probablement non satisfait de ces deux premières constructions, il entreprit la construction d’une troisième pyramide sur le site de Dachour. Cette fois les architectes approchaient de la forme idéale recherchée.
Kheops, fils de Snéfrou, réussit à construire la pyramide aux formes parfaites, avec une base carrée et recouverte d’un revêtement calcaire qui a disparu aujourd’hui. Sur le plateau de Guiza, à côté de la grande pyramide, les pharaons Khephren et Mykérinos ont également fait construire la leur.
Avec l’affaiblissement du pouvoir des pharaons de l’ancien empire, les pyramides sont devenues de plus en plus modestes. Les pyramides d’Ounas et de Téti sur le site de Saqqarah sont néanmoins célèbres pour les textes des pyramides qu’elles contiennent. Il s’agit de textes rituels, de formules magiques, de prières destinées à assurer au souverain défunt, la jouissance des offrandes, l’assistance contre les mauvais génies et les serpents dont le monde infernal est rempli ; ils le préservaient de la mort définitive.
Sous le Nouvel Empire, les rois et les reines n’auront plus de pyramides, ils seront ensevelis dans la vallée des rois et des reines, à l’ouest de Thèbes.

CONCEPTION DE L’HOMME EN ÉGYPTE
Pour les Egyptiens, l’être était composé de plusieurs éléments dont les principaux étaient le corps, le ka et le ba. Le corps n’avait pas le caractère irremplaçable qu’a le nôtre. A la mort, le ka quittait le corps pour habiter la statue ou la peinture représentant le défunt. Ces représentations permettaient d’assurer la survie au défunt. Maspéro expliquait le ka en disant qu’il était le « double ». En fait, il représentait l’ensemble des qualités, la personnalité. Mourir, c’était donc passer à une autre forme d’existence. C’était un changement de forme de vie et non une cessation de vie.
Le ba avait un caractère plus intellectuel que le ka. C’était un peu la conscience de l’être. Il se déplaçait dans la tombe, il pouvait aller dans le monde des vivants mais il devait pouvoir réintégrer le corps s’il en avait envie. C’est la raison pour laquelle les Egyptiens pratiquaient la momification.

LES CÉRÉMONIES RELIGIEUSES ET LEURS RAISONS D’ÊTRE
Pour les Egyptiens, la mort n’est pas une fin, au contraire, on pourrait même dire que la mort c’est l’espoir, l’espoir d’une autre vie qui serait peut-être meilleure. Christiane Desroches Noblecourt a écrit ces quelques lignes au sujet de la conception de la mort chez les Egyptiens :
« Pour tout Egyptien, la mort est la transformation souhaitée, le passage qui mène à la vraie vie, la vie éternelle ; ce n’est pas une fin, mais la transition inévitable, presque désirée, au cours de laquelle on doit veiller à ce que le voyage s’effectue dans les meilleures conditions pour accéder à l’immortalité. L’aménagement de la tombe était la préoccupation essentielle » (Vie et mort d’un pharaon p. 216). Cependant cette pensée doit être nuancée car les Egyptiens redoutaient aussi la mort, certaines déclarations montrent qu’elle était haïe. Les Egyptiens pensaient que l’au-delà était aussi habité par des puissances hostiles.
Il est néanmoins très clair que les Egyptiens avait une réelle soif de vivre, de vivre éternellement. Cette aspiration qui apparaît aussi chez tous les autres peuples de la terre trouve une explication dans un texte du livre de l’Ecclésiaste, dont l’auteur est le roi Salomon :
« Dieu a mis dans le cœur de l’homme la pensée de l’éternité. » (Ecclésiaste 3.11)
Les Egyptiens ont expliqué le passage dans la vie de l’au-delà avec la légende d’Osiris, ce dieu bon qui fut tué par son frère Seth qui découpa le cadavre en morceaux qu’il répandit dans toute l’Egypte. L’épouse d’Osiris, Isis, réussit à rassembler ces morceaux et, avec l’aide d’Anubis, elle les maintint avec des bandelettes de tissu : c’est l’origine de la momification.
Malgré ses nombreux pouvoirs, Isis fut incapable de ramener Osiris à la vie, il devint le dieu de l’au-delà, le monde où les autres dieux n’avaient qu’un droit de transit lorsque la barque solaire y pénétrait la nuit.
Après la mort, il était donc possible à tous de rejoindre Osiris pour passer l’éternité dans l’autre monde mais pour cela il y avait un processus à suivre.
La première étape du retour à la vie se faisait pendant la momification qui durait 70 jours. Cette pratique était faite dans le but de revigorer le cadavre du défunt. L’atelier de la momification s’appelait « la maison de la vigueur », le verbe embaumer pourrait être traduit par « redonner vigueur » ou « vitalité ». La dernière phrase du rituel d’embaumement était : « Tu revis, tu revis pour toujours, te voici de nouveau jeune à jamais ».
Revêtue de son masque funéraire, la momie était placée dans le sarcophage. Le transport jusqu’à la tombe se faisait en barque sur le Nil où plusieurs cérémonies avaient lieu, puis sur les canaux, enfin le sarcophage était tiré sur une sorte de traîneau.
Dans la tombe, il fallait procéder aux cérémonies « d’ouverture de la bouche et des yeux », pour redonner au défunt l’usage de ses sens.
L’ensemble des cérémonies et les formules magiques étaient inscrites sur les livres des morts. Avant de laisser le défunt dans sa « demeure éternelle », les serviteurs apportaient l’ensemble du mobilier funéraire, les offrandes, les statues : tout ce dont le défunt aurait besoin pendant la vie éternelle. Puis la tombe était scellée. Le défunt pouvait commencer sa nouvelle vie.
Le voyage qui devait le conduire dans le royaume d’Osiris était parsemé d’embûches. Les divinités représentées sur les parois de la tombe assuraient sa protection et le conduisaient dans son voyage.
Avant de comparaître devant Osiris, le défunt devait être jugé. Son cœur, siège de l’intelligence, devait être en équilibre avec la justice, symbolisée par la plume de la déesse Maât, déesse de la justice qui présidait au jugement. Thot, le scribe divin prenait note. Le monstre Ammout était prêt à dévorer le défunt si celui-ci était reconnu coupable. Le défunt prononçait alors une déclaration d’innocence. Voici celle de Béki, directeur des greniers du pharaon sous le Nouvel Empire :
« Je fus un homme droit et juste, exempt de déloyauté, qui a placé Dieu dans son cœur, instruit de sa puissance. Je suis arrivé à cette cité d’éternité après avoir fait le bien sur la terre. Je n’ai pas provoqué d’affliction. On n’a pas eu à me faire de reproches. Mon nom n’a jamais été prononcé en aucune circonstance abaissante, à propos d’un défaut quel qu’il soit. Je me réjouis de dire Maât, car je sais qu’elle est utile pour qui la pratique sur terre de la naissance au trépas et que c’est une défense solide pour qui l’a dit, en ce jour où il parvient au tribunal qui juge le misérable et découvre le caractère, punit le coupable et décapite son âme. J’existe comme un être irréprochable sans accusateur et sans qu’il y ait un péché de ma part devant eux, de façon que je sorte de là triomphant, en tant que loué au milieu des imakhou qui sont passés à leur ka. » (Dieux et hommes en Egypte Christiane Zivie-Coche, p. 185)
Cette déclaration d’innocence et toutes les formules magiques qui l’accompagnaient étaient destinées à contraindre les dieux à faire accéder le défunt à une destinée éternelle.
Après le jugement, le défunt reçoit le collier de la justice des mains de Maât. Il est alors justifié, purifié, il peut entrer dans le royaume de l’occident. Le défunt innocent apporte ensuite ses offrandes à Osiris qui seul peut permettre à quelqu’un d’entrer dans son royaume. A ce stade, le défunt a atteint l’état de perfection. Désormais, il est en droit de réclamer un culte et la pérennité de son nom. La vie éternelle commençait et le défunt revivait alors une vie semblable à celle qu’il avait connue sur la terre.
Tous ces rites, toutes ces formules magiques, ces statues, ces amulettes, ces peintures, avaient pour objet de faire passer le défunt par une sorte de résurrection en lui permettant d’accéder à une vie nouvelle qui serait éternelle. Une éternité qui pouvait se compter en millions d’années car dans la conception égyptienne, un jour, hommes et dieux, retourneront dans la non-existence.
Arrivé à ce point, on ne peut s’empêcher de faire quelques comparaisons avec la Bible.

LE JUGEMENT
Elle affirme par exemple dans l’Ancien et le Nouveau Testament, qu’il y aura un jugement :
« Dieu jugera le juste et le méchant, car il a fixé un temps ou il prononcera son jugement sur toute action, sur toute chose. » (Ecclésiaste 3.17)
Dans le texte de l’évangile de Jean, Jésus s’adresse à ses disciples en disant :
« Ne vous étonnez pas de cela ; car l’heure vient où tous ceux qui sont dans les sépulcres entendront sa voix, et en sortiront. Ceux qui auront fait le bien ressusciteront pour la vie, mais ceux qui auront fait le mal ressusciteront pour le jugement. » (Jean 5.28, 29)
Le livre de l’Apocalypse n’est pas étranger à l’idée que quelqu’un a écrit dans un livre les actes des êtres humains.
« Et je vis les morts, les grands et les petits, qui se tenaient devant le trône. Des livres furent ouverts. Et un autre livre fut ouvert celui qui est le livre de vie. Et les morts furent jugés selon leurs œuvres, d’après ce qui était écrit dans ces livres. » (Apocalypse 20.12)

LA BIBLE ET L’IMMORTALITE

La Bible enseigne aussi la doctrine de l’immortalité :
« Dieu, qui rendra à chacun selon ses œuvres : réservant la vie éternelle à ceux qui, [...] recherchent [...] l’immortalité. » (Romains 2.7)
Les tombes des Israélites sont simples. Aucune représentation sur les murs, aucun culte n’est fait aux morts. Pour eux, la mort est un sommeil :
« L’homme meurt et il perd sa force ; l’homme expire ; et alors où est-il ? [...] L’homme se couche, et il ne se relèvera pas ! Tant qu’il y aura des cieux, il ne se réveillera pas de son sommeil. » (Job 14.10-12)
Le psaume 13 donne le même enseignement au sujet du sommeil de la mort avec l’expression « le sommeil de la mort ». La Bible enseigne qu’après la mort, il y a un état d’inconscience totale de l’homme. Aucune survie n’est envisagée par les auteurs de l’Ancien Testament. Mille ans avant J.C., le psalmiste écrivait :
« Ce ne sont pas les morts qui loueront l’Eternel, ni aucun de ceux qui descendent dans le lieu du silence. » (Psaume 115.17)
Envisageant la fin du monde, le prophète Daniel nous explique ce qu’il en sera de la vie éternelle :
« En ce temps-là, ceux de ton peuple qui seront trouvés inscrits dans le Livre seront sauvés. Plusieurs de ceux qui dorment dans la poussière de la terre se réveilleront les uns pour la vie éternelle, les autres pour l’opprobre et la honte éternelle. Ceux qui auront été intelligents brilleront comme la splendeur du ciel, et ceux qui auront enseigné la justice à la multitude brilleront comme des étoiles, à toujours et à perpétuité. » (Daniel 12.1-3)
Dans le Nouveau Testament, l’évangile de Jean nous rapporte la pensée de Jésus à propos de la mort :
« Lazare, notre ami, dort ; mais je vais le réveiller. Les disciples lui dirent : Seigneur, s’il dort, il sera guéri. Jésus avait parlé de sa mort, mais ils crurent qu’il parlait de l’assoupissement du sommeil. Alors Jésus leur dit ouvertement : Lazare est mort. » (Jean 11.11-14)

RESURRECTION ET VIE ETERNELLE
Pour les Egyptiens, Osiris est le dieu de la résurrection qui est symbolisée par le scarabée représenté dans la tombe par des peintures murales, par des amulettes et des bijoux. Osiris était un dieu vivant mis à mort et ressuscité. A cause de sa résurrection, il était devenu le dieu sauveur, celui qui donne la vie éternelle.
La Bible nous enseigne que cette résurrection et la vie éternelle sont en Jésus-Christ qui dira :
« Je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi vivra, même s’il meurt. » (Jean 11.25)
Quarante ans après J.C., l’église chrétienne garde encore fidèlement la même notion d’une mort totalement inconsciente dont l’être humain se réveillera par la résurrection pour être jugé et obtenir soit la vie éternelle soit l’anéantissement éternel :
« Nous ne voulons pas frères, que vous soyez dans l’ignorance au sujet de ceux qui dorment, afin que vous ne vous affligiez pas comme les autres qui n’ont point d’espérance. Car, si nous croyons que Jésus est mort et qu’il est ressuscité, croyons aussi que Dieu ramènera par Jésus et avec lui ceux qui sont morts. » (1 Thessaloniciens 4.13)

DES RESSEMBLANCES, DES DIVERGENCES : POURQUOI ?
Il y a manifestement des parallèles entre la religion égyptienne et la Bible et par conséquent le christianisme. Mais les divergences sont si considérables dans la conception de l’au-delà et la manière dont il faut l’atteindre, qu’il est évident que ces deux manières d’approcher la vie après la mort sont en totale opposition.
L’Egyptien redoute la mort. Pour lui, les menaces, les luttes, les combats ne sont pas terminés. Il est épouvanté par l’idée de retourner dans l’état de non-existence d’où la nécessité de s’entourer de mille formules magiques et d’amulettes pour assurer sa survie dans un monde infernal. On peut se demander si cette conception de la vie dans l’au-delà apportait véritablement la paix.
Le Dieu de la Bible nous propose d’entrer dans le repos (Cf. Hébreux 4.3), dans un monde de paix et de justice :
« Dieu essuiera toute larme de leurs yeux, et la mort ne sera plus ; il n’y aura plus ni deuil, ni cri, ni douleur, car les premières choses ont disparu. » (Apocalypse 21.4)
La seule condition requise par Dieu est notre foi. Une fois vivante et conséquente qui se traduira par une vie quotidienne dans ce monde en harmonie avec les principes divins.
Le seul combat qui doit être mené est celui de la foi. Voici ce que Paul déclare :
« J’ai combattu le bon combat, j’ai achevé la course, j’ai gardé la foi. Désormais, la couronne de justice m’est réservée. » (2 Timothée 4.7, 8)
Au terme de son existence terrestre, l’apôtre avait l’assurance et la confiance qu’il entrerait dans le royaume de paix, de justice et d’amour promis par Dieu. Son combat était terminé.
Comment expliquer ces conceptions à la fois parallèles et contradictoires entre la Bible et l’Egypte antique ?
Nous pouvons dire que la Bible dans son ensemble répond à cette question de la manière suivante :
Comme Dieu a placé dans le cœur de l’homme la pensée de l’éternité, il y a aussi mis un idéal de justice, d’amour ainsi qu’une aspiration profonde à la paix et à l’harmonie.
Dès l’aube de l’histoire, ces conceptions élevées étaient connues de tous et révélées à tous ainsi que les vérités touchant aux questions existentielles. Puis, à cause de l’orgueil des hommes d’une part et de la transmission orale d’autre part, ces vérités se modifièrent, s’altérèrent, se transformèrent, pour s’adapter aux souhaits des hommes.
En Israël, les vérités divines ont été données et conservées par une révélation écrite. Par toutes sortes de facteurs, Dieu a permis à ces vérités d’être conservées sans altération à travers l’histoire de l’humanité jusqu’à nos jours car « il veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité. » (Cf. 1 Timothée 2.4)
Cette révélation a également évité aux hébreux d’élever de simples mortels, fussent-t-ils des rois, au rang de divinité. Il y a donc parenté entre la religion égyptienne et la Bible, mais si nous voulons vraiment comprendre le mystère de la mort et de l’éternité, en ce qui nous concerne personnellement, seule la Parole du Dieu éternel pourra nous donner les réponses que nous cherchons.

Dieu le Père Tout-Puissant

28 mai, 2014

Dieu le Père Tout-Puissant dans images sacrée dio20padre2001a

 

A PROPOS DE L’ESPÉRANCE AU TEMPS DE L’ANCIEN TESTAMENT

28 mai, 2014

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A PROPOS DE L’ESPÉRANCE AU TEMPS DE L’ANCIEN TESTAMENT

Au regard de l’espérance lumineuse qui fait courir les chrétiens aujourd’hui, celle des hommes de l’Ancien Testament paraît bien terne ! On peut en effet être surpris que l’auteur du livre de l’Ecclésiaste – qui se présente comme un sage sous les traits du roi Salomon – reconnaisse avec lucidité et grande vénération que Dieu a « implanté au tréfonds de l’être humain le sens de l’éternité » (Ecclésiaste 3.11, La Bible du Semeur)… avant de confesser finalement l’aspect décevant de la vie humaine qui s’achève par la vieillesse et la mort (Ecclésiaste 12.1-7, 3.19-20) !
Paradoxalement, tandis que depuis longtemps les adeptes de certaines religions polythéistes de l’ancien Orient croient fermement à la résurrection et à une vie future, les enfants d’Israël, eux, s’ouvrent en dernier à cette croyance… et semblent voués inexorablement à la désespérance quant à l’au-delà ! Ce n’est en fait que tardivement, vers la fin de l’Exil (soit entre 550 et 539 avant Jésus-Christ), qu’ils découvrent – ou redécouvrent (1) – progressivement l’idée d’éternité. Un comble pour le peuple qui deviendra celui de l’espérance ! Attardons-nous un instant sur ces questions.

Une vision d’éternité commune à tous les peuples anciens
La croyance en une « survie de l’individu » après la mort semble remonter aux origines de l’espèce humaine et de tout temps, dans toutes les civilisations, ce qui peut paraître étonnant, une grande majorité s’est ralliée à l’idée que l’homme est immortel par nature.
« Ce qui est commun aux religions, [écrit le scientifique et ancien ministre Claude Allègre] depuis celles des Sumériens ou des Égyptiens en passant par celles des Perses, des Babyloniens, des Assyriens, des Indiens ou des Chinois jusqu’à celles qui inspirent les Sepik de Nouvelle-Guinée ou les Indiens d’Amazonie, c’est qu’elles ont toutes développé le concept de dieu, de transcendance et d’au-delà, faisant toutes espérer aux meilleurs, l’immortalité (2). »
Plus de 2000 ans avant J.-C., l’Egypte pharaonique est certainement l’une des premières civilisations à s’édifier dans la perspective de l’éternité. Les Egyptiens en effet, tout en reconnaissant la brièveté du temps terrestre, croient en une autre forme d’existence. Osiris, mort et ressuscité, devenu dieu de l’au-delà, leur apporte l’assurance d’une survie éternelle.
Environ 13 siècles plus tard, sur la base d’une espérance similaire, le philosophe persan Zoroastre (fondateur du zoroastrisme, ancienne religion de la Perse) promet à ses disciples l’avènement d’un sauveur suprême, Saoshyant, qui présidera à la résurrection et à l’émergence d’une vie éternelle après la mort. Notons que le zoroastrisme, religion dualiste fondée sur la lutte permanente entre un Dieu bon (Ahura Mazdâ) et un démon (Ahriman) enseigne aussi le libre arbitre, le jugement final, l’enfer, le paradis et la victoire finale du bien sur le mal. Ce qui représente, soit dit en passant, une sorte de préfiguration du christianisme… en tout cas, une incontestable révolution religieuse au début du VIIe siècle avant J.-C. !
Curieusement donc, en ce qui concerne cette idée de survie post mortem, les Hébreux restent imperméables à toute influence, égyptienne notamment. Face à la vision d’éternité commune à beaucoup de religions antiques, ils ne se lassent pas de nourrir une vague espérance dont ils semblent se satisfaire, mais qui toutefois se précise graduellement au cours des siècles.

De l’espérance terrestre à l’espérance céleste
Ce n’est en effet qu’à l’époque de la rédaction du livre de Daniel que le peuple juif arrive enfin à croire peu à peu en la résurrection et en une vie après la mort. Durant de très nombreux siècles, étonnamment celui-ci se contente d’une espérance terrestre sans vision d’éternité, ou tout au plus d’une espérance en une survie nationale.

Tout d’abord, une espérance à courte vue
Ainsi, pendant longtemps, c’est le modèle de la rétribution – strictement terrestre – qui dicte la pensée des enfants d’Israël. Ceux-ci croient que Dieu « rétribue » ici-bas les hommes selon leurs actes, autrement dit que les justes sont récompensés par une longue vie tranquille et prospère tandis que les pécheurs sont condamnés à une vie malheureuse, courte et sans descendance… en attendant avec frayeur – justes comme pécheurs, d’ailleurs – le sort qui les attend, le sheol (3) où tous resteront abandonnés à jamais.
Mentionnons à cet égard quelques textes bibliques attestant cette espérance à courte vue : « Les jours de nos années s’élèvent à soixante-dix ans, et pour les plus robustes, à quatre-vingt ans. […] Enseigne-nous à bien compter nos jours, […] Rassasie-nous chaque matin de ta bonté, et nous serons toute notre vie dans la joie et l’allégresse. Réjouis-nous autant de jours que tu nous as humiliés, autant d’années que nous avons vu le malheur » (Psaume 90.10-15) ; « Donne-nous encore des jours comme ceux d’autrefois ! » (Lamentations 5.21) ; « Voici ce que je veux repasser en mon cœur, ce qui me donnera de l’espérance. Les bontés de l’Éternel ne sont pas épuisées, ses compassions ne sont pas à leur terme » (Lamentations 3.21-22) ; « Soutiens-moi pour que je vive, tu l’as promis, ne déçois pas mon espérance » (Psaume 119.116, BFC) ; « Oui, le bonheur et la grâce m’accompagneront tous les jours de ma vie, et j’habiterai dans la maison de l’Eternel jusqu’à la fin de mes jours » (Psaume 23.6) ; « L’Eternel m’a châtié, mais il ne m’a pas livré à la mort » (Psaume 118.18).
Comme il se dégage de nombreux passages de l’Ancien Testament, Dieu – dans un premier temps – répond à ses enfants sans leur proposer davantage : « Je te sauverai, et tu ne tomberas pas sous l’épée, ta vie sera ton butin, parce que tu as eu confiance en moi, dit l’Éternel » (Jérémie 39.18) ; « Celui qui m’écoute […] vivra tranquille et sans craindre aucun mal » (Proverbes 1.33) ; « Il m’invoquera, et je lui répondrai. Je serai avec lui dans la détresse, je le délivrerai et je le glorifierai. Je le rassasierai de longs jours, et je lui ferai voir mon salut » (Psaume 91.15-16) ; « N’oublie pas mes enseignements, […] car ils prolongeront les jours et les années de ta vie, et ils augmenteront ta paix » (Proverbes 3.1-2) ; « Ils [les justes] ne sont pas confondus au temps du malheur, et ils sont rassasiés aux jours de la famine » (Psaume 37.19) ; « Ceux qui espèrent en l’Éternel posséderont le pays » (Psaume 37.9) ; « Aimez le Seigneur votre Dieu, obéissez-lui, restez-lui fidèlement attachés, c’est ainsi que vous pourrez vivre et passer de nombreuses années dans le pays que le Seigneur a promis de donner à vos ancêtres Abraham, Isaac et Jacob » (Deutéronome 30.20, BFC)… Pour ne citer que ces versets !

L’espérance collective, une perspective nouvelle pour Israël
Bien que la croyance en la rétribution soit historiquement ancrée dans la réalité quotidienne du peuple d’Israël, certains en voyant « le bonheur des méchants » (Psaume 73.3) – ou en quelque sorte, l’inversion de cette théorie de la rétribution – ont du mal à comprendre la justice de Dieu et se mettent à réfléchir. C’est le cas du roi David (Psaume 37) et du psalmiste Asaph (Psaume 73).
Job, héros des temps anciens, fait aussi partie de ceux qui osent remettre en cause la croyance classique (Job 12.13-25). « Contre cette corrélation rigoureuse [la liaison entre la souffrance et le péché personnel], Job s’élève avec toute la force de son innocence. Il ne nie pas les rétributions terrestres, il les attend, et Dieu les lui accordera finalement […] Mais c’est pour lui un scandale qu’elles lui soient refusées présentement et il cherche en vain le sens de son épreuve. Il lutte désespérément pour retrouver Dieu qui se dérobe et qu’il persiste à croire bon (4). »
Dans l’un de ses « grands textes », il arrive finalement à la conclusion que le bien et le mal ont leur sanction outre-tombe plutôt qu’ici-bas, une avancée théologique considérable ! C’est ainsi qu’au-delà de l’espoir d’être délivré de ses maux en ce monde, il ose affirmer – certes, de façon imprécise, la traduction de ce passage reste difficile – son espérance en la résurrection : « Pour ma part, je sais que celui qui me rachète est vivant et qu’il se lèvera le dernier sur la terre. Quand ma peau aura été détruite, en personne je contemplerai Dieu. C’est lui que je contemplerai, et il me sera favorable. Mes yeux le verront, et non ceux d’un autre » (Job 19.25-27).
Pour d’autres hommes de l’Ancien Testament également confrontés à l’injustice, l’espérance individuelle se mue alors en espérance collective. Si la réussite des méchants offre un spectacle révoltant, « le Seigneur s’intéresse à la vie de ceux qui sont irréprochables, le pays dont ils sont les héritiers leur est acquis pour toujours » (Psaume 37.18, BFC). Au VIIIe siècle av. J.-C., le prophète Esaïe à même l’intuition que son peuple « ressuscitera » : « Mon peuple, tes morts reprendront vie, alors les cadavres des miens ressusciteront ! Ceux qui sont couchés en terre se réveilleront et crieront de joie » (Esaïe 26.19). Vers la même époque, Osée, un autre porte-parole de Dieu, invite Israël à se repentir et évoque l’espérance d’une rénovation nationale : « Venez, retournons à l’Eternel ! Car il a déchiré, mais il nous guérira. Il a frappé, mais il bandera nos plaies. Il nous rendra la vie […] il nous relèvera, et nous vivrons devant lui » (Osée 6.1-2).
Mais c’est en réalité la grande épreuve de la déportation à Babylone qui amène les Juifs à s’interroger sur la « juste rétribution » de Dieu. En cette période particulièrement troublée, le prophète Jérémie, toujours soucieux du bien de ses compatriotes, se demande pourquoi ceux-ci lui manifestent tant de haine : « Seigneur, tu es trop juste pour que je m’en prenne à toi. Pourtant, j’aimerais discuter de justice avec toi. Pourquoi le chemin des méchants les mène-t-il au succès ? Et ceux qui te sont infidèles, pourquoi vivent-ils tranquilles ? » (Jérémie 12.1, BFC).
« Au-delà de la ruine qu’il voit approcher pour le peuple infidèle, il [Jérémie] entrevoit une sorte de résurrection dans le cadre d’une nouvelle alliance avec Dieu [le retour des survivants d’Israël et la reconstruction de Jérusalem, chapitre 31]. Il témoigne alors de sa confiance en la victoire de Dieu par un surprenant geste d’espoir [l’acquisition d’un champ, acte symbolique, chapitre 32] (5). »
Après le châtiment, il y aura donc un rétablissement, un avenir pour le peuple de Dieu… de quoi raviver l’espérance : « Je rétablirai le peuple de Juda et le peuple d’Israël, et je les rétablirai dans leur ancienne situation » (Jérémie 33.7, BFC). « Je multiplierai les descendants de mon serviteur David […] ils seront aussi nombreux que les étoiles qu’on ne peut compter dans le ciel » (Jérémie 33.22, BFC).
Quant à Ezéchiel – en dépit des circonstances dramatiques de l’époque –, il est l’un des rares prophètes de l’Ancien Testament à proclamer aussi explicitement qu’il y a une espérance pour Israël. Ainsi, dans sa célèbre vision des ossements desséchés (Ezéchiel 37.1-14), la renaissance de la nation d’Israël s’exprime pleinement. Bien qu’il s’agisse plutôt là d’une promesse de survie collective pour le peuple d’Israël, autrement dit d’une « résurrection nationale », on peut y voir en outre l’amorce de l’idée de résurrection individuelle. Citons quelques extraits de ce passage intéressant : « Voici ce que dit le Seigneur, l’Eternel : Esprit, viens des quatre vents, souffle sur ces morts et qu’ils revivent ! […] Je vais ouvrir vos tombes et je vous en ferai sortir, vous qui êtes mon peuple, et je vous ramènerai sur le territoire d’Israël » (Ezéchiel 37.9-12).

En route vers l’espérance céleste
En fait, le point de départ – discret – de ce lent cheminement vers le ciel peut être relevé dans le livre des Psaumes où certains versets portent en germe la notion de résurrection : « Non, Seigneur, tu ne m’abandonnes pas à la mort, tu ne permets pas que moi, ton fidèle, je m’approche de la tombe. Tu me fais savoir quel chemin mène à la vie. On trouve une joie pleine en ta présence, un plaisir éternel près de toi » (Psaume 16.10-11, BFC) ; « Eternel, tu as fait remonter mon âme du séjour des morts, tu m’as fait revivre loin de ceux qui descendent dans la tombe » (Psaume 30.4) ; « Dieu sauvera mon âme du séjour des morts » (Psaume 49.16) ; « Ta bonté envers moi est grande, et tu délivres mon âme des profondeurs du séjour des morts » (Psaume 86.13) ; « C’est lui qui délivre ta vie de la tombe, qui te couronne de bonté et de compassion » (Psaume 103.4).
Mais c’est surtout le livre de Daniel (6) qui nous éclaire un peu plus sur l’évolution de la conception de l’au-delà chez les Juifs. C’est bien d’une résurrection personnelle suivie d’une vie éternelle que les justes hériteront : « A cette époque-là [pouvons-nous lire dans Daniel 12.1-3] se dressera Michel, le grand chef, celui qui veille sur les enfants de ton peuple. Ce sera une période de détresse telle qu’il n’y en aura pas eu de pareille depuis qu’une nation existe jusqu’à cette époque-là. A ce moment-là, ceux de ton peuple qu’on trouvera inscrits dans le livre seront sauvés. Beaucoup de ceux qui dorment dans la poussière de la terre se réveilleront, les uns pour la vie éternelle, les autres pour la honte, pour l’horreur éternelle. Ceux qui auront été perspicaces brilleront comme la splendeur du ciel, et ceux qui auront enseigné la justice à beaucoup brilleront comme les étoiles, pour toujours et à perpétuité. »
Cependant, ce n’est vraiment qu’à partir du deuxième siècle avant Jésus-Christ que l’espérance en la résurrection devient une réalité pour le peuple juif. A la mort d’Alexandre le Grand, la Palestine « passe sous l’autorité des monarchies hellénistiques, des Lagides d’Egypte d’abord, puis des Séleucides de Syrie. La politique d’hellénisation radicale instaurée par Antiochus IV Epiphane (175-164 av. J.-C.), doublée d’une intolérance agressive vis-à-vis des Juifs, suscite un grand mouvement de révolte. Ce mouvement, à la fois national et religieux, est conduit par le prêtre Mattathias et son fils Judas, dit Maccabée. […] Antiochus IV s’efforce d’imposer aux Juifs les mœurs et la religion grecques. La pratique du judaïsme devient passible de mort (7) ».
Dans ce contexte de résistance et de répression féroce – où le dogme de la rétribution ici-bas est tragiquement mis en échec –, les nombreux martyrs, fidèles à la loi de Moïse, s’interrogent sérieusement sur la justice divine. Torturés et mis à mort pour leur foi, ils finissent par croire réellement que Dieu les ressuscitera et que leur rétribution sera d’outre-tombe.
Le deuxième livre des Maccabées, probablement écrit vers 120-100 avant J.-C., décrit justement l’héroïque résistance de sept frères « Maccabées » et de leur mère (modèles des premiers martyrs juifs) qui préfèrent être torturés à mort plutôt que de toucher à la viande de porc interdite par la loi. Citons ici quelques versets de ce livre deutérocanonique de l’Ancien Testament témoignant de cette foi naissante en la résurrection :
« Au moment de rendre le dernier soupir, il [le second supplicié] dit : Scélérat que tu es, tu nous exclus de la vie présente, mais le roi du monde, parce que nous serons morts pour ses lois, nous ressuscitera pour une vie éternelle » (2 Maccabées 7.9, TOB).
« On soumit le quatrième aux mêmes tortures cruelles. Sur le point d’expirer, il dit : Mieux vaut mourir de la main des hommes en attendant, selon les promesses faites par Dieu, d’être ressuscité par lui » (2 Maccabées 7.13-14, TOB).
« Eminemment admirable et digne d’une excellente renommée fut la mère, qui voyait mourir ses sept fils en l’espace d’un seul jour et le supportait avec sérénité, parce qu’elle mettait son espérance dans le Seigneur. Elle exhortait chacun d’eux dans la langue de ses pères. Remplie de nobles sentiments et animée d’un mâle courage, cette femme leur disait : Je ne sais pas comment vous avez apparu dans mes entrailles ; ce n’est pas moi qui vous ai gratifiés de l’esprit et de la vie, […] Aussi bien le Créateur du monde, qui a formé l’homme à sa naissance et qui est à l’origine de toute chose, vous rendra-t-il dans sa miséricorde et l’esprit et la vie, parce que vous vous sacrifiez maintenant vous-mêmes pour l’amour de ses lois » (2 Maccabées 7.20-23, TOB).
Enfin, on peut mentionner le livre de la Sagesse, autre apocryphe rédigé vers la même époque (Ier siècle avant J.-C.) dans lequel on trouve, quoique de façon larvée, le thème de la résurrection : « Les âmes des justes, elles, sont dans la main de Dieu et nul tourment ne les atteindra plus. Aux yeux des insensés, ils passèrent pour morts, et leur départ sembla un désastre, […] Pourtant, ils sont dans la paix. Même si, selon les hommes, ils ont été châtiés, leur espérance était pleine d’immortalité » (Sagesse 3.1-4).
Comme le remarque Jean Civelli, prêtre à Fribourg (Suisse), « cette idée d’une résurrection des morts ne devait plus s’oublier dans le judaïsme. Ce sont les Pharisiens qui la recueillirent, contrairement au parti des Sadducéens, parti des prêtres et de la noblesse du Temple de Jérusalem, qui, eux, n’acceptèrent pas ce qu’ils considéraient comme une doctrine fausse, car ils ne la trouvaient pas dans la Loi de Moïse (cf. Marc 12.18 et Actes 23.8). […] Le sceau définitif de cette foi en la résurrection sera donné par Jésus lui-même, dans sa propre résurrection (8) ».
« La croyance en la résurrection, qui va se développer dans le monde sémitique, [affirme de son côté, Marie Lucien, docteur en théologie de l'Université de Strasbourg] apparaît comme une nouveauté radicale et impressionnante […] La résurrection personnelle de chaque homme deviendra alors l’espérance commune aux trois religions monothéistes issues du monde sémitique, le judaïsme, le christianisme et l’islam (9). »
Après avoir ainsi esquissé à grands traits l’histoire de l’espérance religieuse en Israël, une question demeure cependant : pourquoi cette dernière est restée si longtemps une piètre espérance… avant que finalement le Nouveau Testament ne la porte à son plus haut degré ? A défaut de pouvoir répondre ici avec certitude à cette question, nous voulons par contre dire toute notre admiration pour les hommes de l’Ancien Testament ayant fait le bon choix de faire confiance à Dieu et de marcher avec lui en se contentant de sa faveur et de l’assurance du pardon de leurs péchés… portés seulement par l’espérance d’une longue vie prospère – ici-bas – et en dépit du système simpliste des rétributions temporelles ne fonctionnant pas toujours.
Alors que nous, croyants du XXIe siècle, pouvons nous enorgueillir de notre belle espérance (10) solidement ancrée dans la résurrection de Jésus-Christ – ce qui ne nous laisse plus aucune excuse pour notre incrédulité –, puissions-nous également faire nôtres les propres louanges de ces héros de la foi… pourtant adressées à un Dieu qu’ils n’imaginaient pas si généreux : « Je chanterai l’Eternel tant que je vivrai, je célébrerai mon Dieu tant que j’existerai. […] Je veux me réjouir en l’Eternel » (Psaume 104.33-34).

Claude Bouchot

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1. En effet, il est raisonnable de penser qu’Adam et les premiers patriarches bénéficièrent déjà d’une révélation divine particulière concernant l’au-delà qui leur était réservé. En tout cas, l’auteur de l’épître aux Hébreux en est convaincu lorsqu’il fait l’éloge de la foi des ancêtres illustres tels qu’Abel, Hénoc, Noé et Abraham : « C’est dans la foi que tous ces hommes sont morts. Ils n’ont pas reçu les biens que Dieu avait promis, mais ils les ont vus et salués de loin. Ils ont ouvertement reconnu qu’ils étaient des étrangers et des exilés sur la terre. Ceux qui parlent ainsi montrent clairement qu’ils recherchent une patrie. […] En réalité, ils désiraient une patrie meilleure, c’est-à-dire la patrie céleste » (Hébreux 11.13-16, BFC). Hélas, les Hébreux semblent avoir vite oublié « l’espérance de la vie éternelle, promise avant tous les siècles par le Dieu qui ne ment point » (Tite 1.2).
2. Claude Allègre, Dieu face à la science, Paris : Fayard, 1997, p. 223 (LP).
3. « Sheol est un terme hébraïque intraduisible, désignant le « séjour des morts », la « tombe commune de l’humanité », le puits, sans vraiment pouvoir statuer s’il s’agit ou non d’un au-delà. La Bible hébraïque le décrit comme une place sans confort, où tous, justes et criminels, rois et esclaves, pieux et impies se retrouvent après leur mort pour y demeurer dans le silence et redevenir poussière » (L’encyclopédie libre Wikipédia, « Sheol », [En ligne] http://www.wikipedia.org/, (consulté en février 2013).
4. La Bible de Jérusalem, « Introduction au livre de Job », Paris : Editions du Cerf, 1981, p. 650.
5. La Bible Expliquée, « Introduction au livre de Jérémie », Villiers-le-Bel : Société biblique française, 2004, p. 897-AT.
6. A noter que, presque unanimement, les théologiens libéraux contemporains mettent en doute l’authenticité historique du livre de Daniel en datant celui-ci du IIe siècle av. J.-C. seulement et en l’attribuant à un auteur inconnu, alors que la tradition juive et chrétienne – reposant à cet égard sur un solide fondement – le situait au VIe siècle avant notre ère… c’est-à-dire à l’époque où vivait justement Daniel !
7. Marcel Simon, « 2000 ans de christianisme », Vol. 1, Le monde juif, berceau du christianisme, Paris : Aufadi – S.H.C. International, 1975, p. 14, 18.
8. Jean Civelli, La résurrection des morts : et si c’était vrai ?, Saint-Maurice : Editions Saint-Augustin, 2001, p. 24-25.
9. Marie Lucien, Le message de Jésus : une spiritualité universelle inusitée, Paris : Editions L’Harmattan, 2009, p. 135-136.
10. Depuis plus de 2000 ans, les chrétiens du monde entier fondent en effet leur espérance sur trois promesses capitales et étroitement liées : le retour de Jésus, la résurrection des morts et la vie éternelle. Cependant, il faut reconnaître avec Claude Geffré, théologien dominicain, que « l’époque contemporaine connaît le fait remarquable de chrétiens nominaux qui confessent le Dieu de Jésus-Christ sans pour autant croire à la promesse d’un au-delà de la mort » (Claude Geffre, « Vie éternelle », Dictionnaire critique de théologie, Paris : Quadrige / PUF, 2007, p. 1492-1494)… ce qui souligne l’ambiguïté de la notion d’espérance dans l’esprit d’un certain nombre de chrétiens d’aujourd’hui !

‘’ LA SOUFFRANCE EST UN MYSTÈRE QUI ENGAGE LE MYSTÈRE DE DIEU ET LE MYSTÈRE DE L’HOMME

28 mai, 2014

http://www.leffortcamerounais.info/2012/10/abbe-jean-pierre-batoum-la-souffrance-est-un-myst%C3%A8re-qui-engage-le-myst%C3%A8re-de-dieu-et-le-myst%C3%A8re-de-.html

ABBE JEAN PIERRE BATOUM:

‘’ LA SOUFFRANCE EST UN MYSTÈRE QUI ENGAGE LE MYSTÈRE DE DIEU ET LE MYSTÈRE DE L’HOMME ‘’

Propos recueillis par Gildas Mouthé

(La suite dans notre prochaine édition), [Je ne peux pas trouver la suite]

Pour amener les chrétiens à aborder avec foi le mystère de la souffrance, le Père Jean Pierre Batoum vient de publier une deuxième édition sur la souffrance rapportée à l’expérience de Job, personnage biblique bien connu des croyants et non croyants qui a connu toutes les formes de souffrances qu’un homme puisse connaître. Nous avons choisi le Père Batoum pour cet essai d’explication qu’il a menée sur le livre de Job pour le mettre à la portée de tous. Nous l’avons aussi choisi pour son expérience pastorale auprès des malades et des personnes en détresse.
L’homme peut-il éviter la souffrance, ou alors elle est nécessaire pour une meilleure compréhension du mystère de la Croix ?
L’homme peut éviter, j’allais dire des souffrances particulières : en respectant par exemple le bien d’autrui, en s’appliquant à bien faire ce qu’il doit faire, etc. Mais de façon générale, l’homme ne peut éviter la souffrance, car elle n’est pas un problème qu’on puisse résoudre de l’extérieur. La souffrance est un mystère qui engage le Mystère de Dieu et le mystère de l’homme. Dans la souffrance de l’être humain, Dieu est engagé, et c’est ce qu’enseigne le livre de Job, lu évidemment à la lumière de la Passion de Jésus Christ. Malheureusement le Mystère de Jésus, c’est-à-dire sa Passion, sa Mort et sa Résurrection, est classé dans l’histoire de l’humanité comme une religion, existant à côté d’autres religions. En réalité, le Mystère de Jésus engage l’histoire de chaque homme et de chaque femme, et explique le projet de Dieu sur chacun de nous, c’est- à- dire qu’il ne s’agit pas de fuir la souffrance, il ne s’agit pas de lutter avec acharnement contre la souffrance, au risque d’en créer d’autres souffrances plus graves, mais accueillir la souffrance et en faire un instrument de salut, de bonheur. De cette manière, ceux qui n’accueillent pas le Mystère de Jésus, ceux qui ne sont pas du Christ, ceux qui ne sont pas chrétiens, n’y comprennent rien et parlent de dolorisme, de masochisme, etc. Mais lorsque Gandhi ou Martin Luther King parlent de la non-violence, tout le monde comprend et adhère, et même tout le monde est séduit. Mais au fond, il y a un peu de cela dans le Mystère de Jésus, dans la souffrance comme Mystère, il y a un peu de non violence. Celle-ci suppose d’abord se faire violence pour refuser d’être violent, donc, accepter de souffrir la violence qu’on subit, mais sans subir cette souffrance. Sans subir la violence qu’on me fait, je ne subis pas la violence qu’on me fait, mais je transforme la souffrance qui est engendrée par cette violence comme occasion, comme moyen de libération. C’est pour cela que je dis qu’il y a un peu de cela dans le Mystère de Jésus, dans la souffrance comme mystère, comme pont.

On a souvent l’impression que l’Eglise fait l’apologie de la souffrance. Que veut –elle donner comme enseignement aux chrétiens ?
Effectivement, on pense que l’Eglise fait l’apologie de la souffrance, mais parce qu’il y a d’abord un problème de communication, de langage, mais aussi et surtout un problème de foi. L’enseignement de l’Eglise n’est pas une simple idéologie en présence de plusieurs autres idéologies, mais Parole de Dieu transmise aux hommes. Et c’est là que se pose le problème de la communication. A partir du moment où nous devons transmettre aux hommes de ce temps la Parole de Dieu, il faudrait que nous fassions des efforts d’amélioration dans la communication. Nous devons pouvoir parler au monde dans un langage que les gens de ce temps comprennent, dans des termes que les hommes et les femmes comprennent, quitte à forger des expressions qui collent à la réalité, quitte même à prendre les termes de ce temps, de les vider de leurs sens, et de les remplir d’un autre sens. C’est ce que tous les Pères de l’Eglise ont fait, c’est ce que Paul et les autres auteurs inspirés de l’Ecriture ont fait. On n’a pas créé au départ des termes, on avait pris au départ des termes païens, on les a vidés, on les a remplis d’un sens. Donc, nous ne devons pas rester enfermés dans notre jargon théologique, qui est clair pour nous les prêtres, mais très obscur pour les fidèles laïcs, et plus obscur encore pour ceux qui ne croient pas. Si nous restons là dedans, on va toujours dire que l’Eglise fait l’apologie de la souffrance.
L’Eglise, en parlant de la souffrance, veut en réalité expliquer tout simplement la Parole de Dieu. Jésus dit « celui qui veut être mon disciple, qu’il prenne sa croix chaque jour et qu’il me suive ». Evidemment si on en fait un slogan passe-partout pour se débarrasser de ceux qui souffrent, il y aura toujours malentendu. Prendre sa croix, porter sa croix ne signifie pas et ne peut pas signifier : « souffre et tais-toi, si tu es un bon chrétien ! ». Je crois que Jésus veut appeler chacun de ses disciples à faire comme Lui, c’est-à-dire faire de sa souffrance, non pas un obstacle ou une occasion de division ou de séparation, ou même de conflit, mais plutôt un pont, un instrument de paix, de rencontre et de réconciliation. Saint Paul dit que dans sa chair, Jésus a aboli le mur qui séparait les justes des païens, c’est-à-dire ceux qui croient et ceux qui ne croient pas. Et là, ce n’est ni de la poésie ni de l’utopie : tous ceux qui souffrent ont la possibilité de se comprendre, même sans parler. Celui ou celle qui a fait de sa souffrance un pont est capable de comprendre ceux qui souffrent.

Quel rapport y a-t-il entre la souffrance et la croix ?
Cette question me permet de poursuivre la réflexion précédente. Jésus en remplissant la souffrance de sa présence en a fait une manière d’être et de vivre. Jésus qui souffre devient serviteur, et Jésus fait donc de la souffrance un service, et invite chacun de ses disciples à être serviteur, c’est ce que j’appelle une manière d’être et de vivre : être serviteur. Que celui qui veut être le plus grand soit le dernier de tous. C’est la raison pour laquelle la Croix n’est pas seulement le résumé de la vie de Jésus, elle est le résumé de l’Evangile, donc le résumé de la vie du chrétien. C’est l’occasion justement de saisir le sens de la Croix dans sa symbolique. Nous avons le bras vertical qui relie l’homme à Dieu et le bras horizontal qui relie l’homme à son prochain. En Jésus crucifié, mort et ressuscité, l’accès à Dieu est ouvert à tout homme, et le mur de la haine, de la division est abattu entre tout homme et son semblable. Désormais, en Jésus, par Jésus et avec Jésus, il n’ y a plus ni juifs ni païens. Pour rester Camerounais, il n’y a plus de Bamiléké, Bassa, Ewondo, Yambassa, Bakweri…, il y a l’être humain qui est en face de moi, qu’il soit chrétien ou pas. Il est d’abord un être humain, Jésus est mort pour lui, puisque Jésus est mort pour tout homme, il n’est pas seulement mort pour les chrétiens. Moi qui suis chrétien parce que je suis du Christ, j’appartiens à Christ, alors, je suis ouvert à tous. Autrement dit, intégrer la souffrance, servir par la souffrance, c’est-à-dire en réalité être chrétien du Christ, c’est devenir serviteur de la réconciliation et de la paix. A mon humble avis, lorsque que je dis que je suis chrétien, cela signifie que j’accepte d’être serviteur des autres par ma souffrance, comme Jésus. Lorsque je dis que je suis chrétien, cela veut dire que j’intègre la souffrance comme faisant partie de ma mission, de mon être chrétien. La souffrance devient un instrument, un pont, et justement, si je suis chrétien, je deviens donc serviteur de la réconciliation et de la paix.

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