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SUR LES TRACES DES MAGES D’ORIENT

5 janvier, 2015

http://bible.archeologie.free.fr/roismages.html

SUR LES TRACES DES MAGES D’ORIENT

(bib-arch.org)

« Jésus étant né à Bethléem de Judée, au temps du roi Hérode, voici que des mages venus d’Orient arrivèrent à Jérusalem et demandèrent : « Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Nous avons vu son astre à son lever et nous sommes venus lui rendre hommage » (Mt. 2. 1-2).
Les mages qui avaient suivi l’étoile prophétique rendirent visite au roi de Judée Hérode le Grand. Ils le consultèrent au sujet du nouveau roi, et les prêtres leur indiquèrent la ville de Bethléem. Les mages se rendirent donc à Bethléem, où ils trouvèrent un enfant couché dans une crêche à qui ils offrirent des présents. A leur retour ils ne s’arrêtèrent pas chez Hérode, ce qui déplut fortement au roi. L’impitoyable monarque ordonna en représailles un infanticide général, destiné à éliminer le nouveau-né, mais celui-ci fut mis à l’abri en Egypte par ses parents et y demeura jusqu’à la mort d’Hérode (Mt. 2).
Le terrible forfait commis par le roi de Judée est conforme au caractère impitoyable du personnage tel qu’il apparaît dans l’Histoire. Quant aux mages, quelles motivations avaient poussé ces voyageurs de haut rang à se déplacer depuis un pays lointain pour s’incliner devant un enfant de Bethléem ? D’où venaient-ils ? Quel astre avaient-ils vu ? Aujourd’hui, leur identité et leur histoire se révèlent peu à peu.
L’évangile de Matthieu n’est pas le seul document d’époque à relater la visite de ces mages en Judée. Un témoignage moins connu nous vient de l’historien Flavius Josèphe (37-100), un prêtre juif qui tenta de promouvoir un rapprochement diplomatique entre les peuples juif et romain. Son oeuvre politique fut un échec, mais son travail d’historien constitue une source d’informations de première importance sur son époque. Elle est d’autant plus précieuse qu’il fait plusieurs fois référence au personnage de Jésus de Nazareth, et qu’il est le premier à le citer. Ainsi, dans son ouvrage « La guerre des Juifs », il parle des mages rendant visite à un enfant-roi dont la naissance est annoncé par une étoile, dans une version très proche de celle de Matthieu :
« Des sages venus de Perse visitent Hérode. « Nous venons de Perse, nos ancêtres ont recueilli des Chaldéens l’astronomie qui est notre science et notre art… » L’étoile leur est apparue et signifie la naissance d’un roi qui dominera sur l’Univers. L’étoile les conduit à Jérusalem mais disparaît. Hérode leur recommande de lui indiquer qui est la personne désignée par l’étoile, mais les Perses ne reviennent pas et Hérode fait massacrer 63 000 enfants de moins de trois ans. »
Si Josèphe semble confirmer la terrible réalité du massacre des enfants, avançant même un nombre possible de victimes, il précise également que le pays d’origine des mages était la Perse.
L’empire perse est le berceau d’une autre religion monothéiste, le zoroastrisme, qui avait été prêchée cinq cents ans plus tôt par son fondateur Zarathoustra. Cette croyance demeura la religion officielle de la Perse jusqu’à l’arrivée de l’islam au VIIème siècle. Elle partageait quelques points communs avec le christianisme. Son dieu appelé Ahura Mazda aurait créé l’Univers, et adopté le feu comme symbole. Le zoroastrisme était fondé sur un combat entre le bien et le mal, et annonçait la venue prochaine d’une sorte de messie, le « Saoshyant », qui devait naître d’une vierge et rétablir la justice en régénérant le monde. La démarche des mages de la crèche s’inscrit de manière cohérente dans la pensée zoroastrienne.
D’autres sources documentaires liées à l’Orient semblent se faire l’écho de la mémoire de ces personnages. Au Moyen-âge, le marchand vénitien Marco Polo (1254-1323) se rendit en Chine par la route de la soie. En chemin il dit s’être arrêté dans une ville de Perse appelée Saba (ou Saveh), où étaient vénérées les tombes traditionnelles des trois mages.
Le carnet de voyages de Marco Polo, connu sous le titre de « Livre des merveilles du monde », précise que l’un des trois mages aurait été roi de Saveh, le second de Diaveh et le troisième de Chiz. Saveh aurait été leur point de départ pour la Terre sainte, mais aussi leur lieu de leur sépulture. Marco Polo affirme y avoir visité leurs tombeaux en explorant le pays :
« En Perse est la ville de Saba (Saveh), de laquelle les trois rois mages sont partis [...] et dans cette ville ils sont enterrés, dans trois grands et beaux monuments. Et parmi ceux-là existe un bâtiment carré, magnifiquement conservé. Les corps sont toujours entiers, avec leurs cheveux et leurs barbes ».
Saveh est aujourd’hui une ville moderne, implantée à 130 km au sud-ouest de Téhéran. Ce fut dans l’Antiquité un centre urbain important à partir de l’empire mède (env. VIIIème siècle av. J.-C.). Les fouilles les plus récentes de ses ruines furent effectuées en 2009, à l’initiative d’une équipe du centre iranien de recherches archéologiques dirigée par Pouriya Khadish. Entre autres vestiges, on dégagea les ruines de longs aqueducs et de plusieurs forteresses et relais caravaniers datant des dynasties parthe et sassanide (IIIe siècle av. J.-C. – VIIIe s. ap. J.-C.). Saveh posséda en outre l’une des plus importantes bibliothèques de Perse, qui fut détruite par les Mongols au XIIIème siècle. A ce jour, personne n’a retrouvé la trace des sépultures décrites par Marco Polo. Mais nous savons par l’étude du terrain que la cité était prospère au tournant de l’ère chrétienne.
Le voyageur vénitien recueillit sur place une curieuse légende, qui circulait dans le pays et qui évoque inévitablement l’évangile de la Nativité. Trois rois partirent un jour de Saveh pour voir un prophète nouveau-né en Palestine, à qui ils offrirent des présents. Celui-ci leur donna en échange une boîte à ne pas ouvrir. Sur le chemin du retour cependant, les mages ouvrirent le coffre malgré l’interdiction, et trouvèrent à l’intérieur une simple pierre. Déçus, ils la jetèrent dans un puits, mais voilà qu’il en surgit miraculeusement une grande flamme. Ils en prélevèrent une partie qu’ils rapportèrent à Saveh pour la placer dans un sanctuaire appelé le « château des adorateurs du feu », et dès lors les habitants de Saba vénérèrent ce feu qui ne devait jamais s’éteindre.
Ce récit fabuleux qui existe en plusieurs variantes, semble étrangement illustrer certaines données de terrain. A 400 km au nord-ouest de Téhéran, un site étonnant pourrait correspondre à la forteresse que Marco Polo appelle le « château des adorateurs du feu » : le Takht e Suleiman. Au milieu d’une grande plaine fertile, une colline de faible hauteur est entourée par une enceinte fortifiée ayant un vaste lac en son centre. Ce lieu particulier et riche en vestiges fut fouillé dans les années 1970 par Rudolf Naumann et Dietrich Huff, de l’Institut allemand d’archéologie. Les chercheurs dégagèrent un vaste complexe architectural, comprenant plusieurs temples antiques, dont l’un était visiblement dédié à l’eau et l’autre au feu. Une « salle du feu » bâtie en forme de croix présente en son centre un foyer de forme carrée. Tout autour se trouvent d’autres constructions, dont une salle carrée avec un dôme et des salles à colonnes.
Le Takht e Suleiman fut l’un des lieux les plus sacrés de l’ancienne Perse, car il passe pour avoir été le lieu de naissance de Zarathoustra. Il fut occupé dès le Ier millénaire av. J.-C. et jusqu’à sa destruction en 624 par l’empereur byzantin Héraclius. De vieux documents arabes ont permis d’établir que ce site n’était autre que l’ancienne ville de Chiz à laquelle Marco Polo fait référence. Par la suite son histoire s’est enrichie de diverses légendes, mettant en scène des personnages fameux comme Crésus et Salomon, avec des histoires de monstres lacustres et de trésors engloutis.
Si l’on se dirige davantage vers le nord-ouest de l’Iran, on atteint le lac d’Urmia près duquel est implanté un autre lieu associé aux rois mages. Au sein de la ville d’Urmia, l’église byzantine Sainte Marie (Mart Maryam) passe pour être très ancienne, et bâtie sur la tombe de l’un d’eux. Elle date du IVème siècle et serait la seconde plus ancienne église du monde après celle de Bethléem. Certaines sources disent même qu’elle fut érigée « juste après l’Ascension du Christ ». Ce petit bâtiment carré fait de pierres et de briques, détruit et reconstruit plusieurs fois de suite, abrite plusieurs galeries et tombes souterraines. La possibilité qu’elle cache celle de l’un des mages de la crêche n’est pas inconcevable, à moins qu’elle ne commémore plus vraisemblablement qu’une simple étape de leur voyage.
En 1987, le jeune historien britannique William Dalrymple fit un voyage en Asie sur les traces de Marco Polo, excursion qu’il compléta à son retour par une recherche documentaire sur le pays des mages. Dans son livre intitulé « In Xanadu », il relève quelques traits caractéristiques de la Perse que l’on retrouve de manière frappante dans l’évangile de la Nativité. Ainsi, les mages constituaient une classe de prêtres zoroastriens pratiquant l’astronomie et l’interprétation des rêves. Le terme de mage (magos) est d’origine perse, et il apparaît non traduit dans l’évangile en grec de Matthieu. Les trois présents offerts à l’enfant Jésus (or, myrrhe, encens) étaient des matières fréquemment apportées en offrandes dans les rites perses. Quant au site de Saveh, il fut l’un des plus importants observatoires astronomiques de l’Asie.
Les éléments précédents nous éclairent de manière significative sur la civilisation persane d’où les rois mages seraient issus. Cependant, le mystère de leur sépulture dans leur pays d’origine demeure. Pourtant cette absence peut partiellement s’expliquer par l’existence d’une autre piste, digne du plus grand intérêt.
La filière en question nous ramène en Occident, au cœur de la vieille Europe et plus précisément dans la cathédrale de Cologne, où les reliques supposées des trois mages sont conservées. Trois squelettes quasiment complets reposent en effet dans la cathédrale allemande et sont considérés le plus sérieusement du monde comme étant ceux des visiteurs orientaux de la crêche de Bethléem.
Comment ces corps seraient-ils parvenus jusque-là ? Dans son « Histoire des rois mages », le religieux Jean de Hildesheim (env. 1315-1375) a écrit que les corps des trois mages avaient été exhumés en Orient vers l’an 330 par l’impératrice sainte Hélène, mère de l’empereur Constantin.
« La reine Hélène (…) commença à penser aux corps de ces trois rois. Elle s’équipa elle-même et, accompagnée de quelques gardes, partit pour le pays d’Ind(…). Après avoir trouvé les corps de Melchior, Balthasar et Gaspar, la reine Hélène les plaça dans un coffre, qu’elle décora richement et qu’elle transporta à Constantinople (…), où elle le déposa dans une église appelée Sainte Sophie ».
Les archives historiques occidentales permettent de suivre à la trace le parcours de ces reliques depuis le IVème siècle. Au XIIème siècle, les précieux ossements furent déplacés de Constantinople à Milan, offerts à la ville par le souverain byzantin Manuel Ier Comnène. En 1162 l’empereur germanique Frédéric Barberousse assiégea et prit Milan, où il trouva les reliques des rois mages et les offrit à la ville de Cologne. Dans cette ville d’Allemagne fut alors construite pour les abriter une somptueuse cathédrale gothique, où elles se trouvent encore aujourd’hui.
Une châsse d’or exposée dans le choeur de la cathédrale contient les ossements de trois hommes, enveloppés dans une pièce de tissu. Le reliquaire fut ouvert une première fois en 1863 et révéla un ensemble d’ossements mélangés, qui permirent de reconstituer trois squelettes masculins. L’observation des sutures osseuses de leurs crânes conduisit à distinguer trois âges différents, conformément aux représentations traditionnelles des mages.
Des examens plus approfondis furent menés au siècle suivant, en 1981, lorsque l’évéché de Cologne s’adressa à un spécialiste des tissus antiques, le professeur Daniel de Jonghe, du musée royal d’art et d’histoire de Bruxelles, pour qu’il soit procédé à un examen détaillé de la toile entourant les reliques. Les conclusions des analyses qui furent effectuées s’avérèrent fort instructives.
L’étoffe est composée de fils de soie de Chine croisés avec des fils d’or. Elle est teinte avec de la pourpre, un colorant hautement précieux extrait de coquillages, et en l’occurence cette pourpre provient de la région de Tyr. Par analogie avec un autre tissu rigoureusement identique trouvé à Palmyre dans un édifice occupé entre 103 et 272, on a pu conclure qu’elle fut confectionnée entre le Ier et le IIIème siècles de notre ère.
Des lambeaux de vêtements trouvés sur les ossements furent également analysés. Ce sont des étoffes précieuses qui relèvent de trois fabrications différentes : deux sont en tissu damassé et un en taffetas. Toutes viennent du Proche-Orient et datent aussi de l’Antiquité tardive. Ces résultats sont cohérents avec ce que l’on sait de l’histoire de ces objets, s’il est exact qu’ils remontent à l’époque romaine.
L’histoire des rois mages occupe une grande place dans la tradition chrétienne occidentale. On peut retracer l’évolution des croyances qui leur sont attachées dès les premiers siècles de notre ère, à travers les écrits de plusieurs érudits. L’écrivain carthaginois Tertullien (160-225) leur a donné pour la première fois le titre de rois. Le théologien Origène d’Alexandrie (185-253) estima leur nombre à trois, pour qu’il corresponde aux trois présents offerts à l’Enfant Jésus (Mt. 2, 11). A partir du VIème siècle, apparaissent les noms propres qui leur furent attribués : Gaspar, Balthazar, Melchior.
La manière dont les premiers chrétiens se représentaient physiquement les rois mages se traduit également dans l’iconographie. L’une de leurs plus anciennes représentations se trouve sur la célèbre mosaïque de l’église Saint-Apollinaire de Ravenne (VIème siècle), où l’on peut voir trois hommes avançant à grands pas en apportant des plats à la Vierge et à l’Enfant. Détail révélateur, les vêtements qu’ils portent sont typiques des habits perses de l’époque antique : pantalon, tunique courte avec ceinture et bonnet phrygien caractéristique des prêtres du dieu Mithra.
D’autres images de ce type sont même antérieures à la mosaïque de Ravenne et lui ressemblent beaucoup. La plus ancienne, préservée depuis le IIIème siècle dans la catacombe Sainte Priscille de Rome, est une peinture murale ébauchée en hauteur sur l’arcade d’une voûte. Elle figure trois silhouettes humaines, toujours dans la même position et dans des tons différents. Ces images, sans doute des oeuvres clandestines réalisées au temps des persécutions contre les chrétiens, nous montrent comment la mémoire des rois mages se transmettait deux cents ans seulement après leur venue à Bethléem.

Références :
[1] – « Les rois mages ». (1000questions.net).
[2] – « L’histoire des rois mages ». Film documentaire, Atlantic Productions, 2002.
[3] – N. Mirshahi, S. Mirshahi : « Les rois mages et la galette des rois ». Association Farhang é Iran, 15 janv. 2006 (fravahr.org).
[4] – M.O. Mergnac : « Qui sont les rois mages ? ». (notrefamille.com).
[5] – M. Rose : « The Three Kings and the Star ». Archaeology, dec. 21, 2004 (archaeology.org).
[6] – G. Frangi : « The Rest of the Magi ». Traces, dec. 1999 (traces-cl.com).
[7] – N. Mirshahi, S. Mirshahi : « Les rois mages et la galette des rois ». Association Farhang é Iran, 15 janv. 2006 (fravahr.org).
[8] – D. Scherm : « Die Reliquen der drei Heiligen könige im Kölner Dom ». Web.archive, 2000 (wen.archive.org).
[9] – « Saveh » (fr.wikipedia.org).
[10] – « Takht-e Sulaiman ». Unesco, convention du patrimoine mondial (whc.unesco.org).
[11] – A.V. Williams Jackson : « Persia past and present : a book of travel and research, with more than two hundred illustrations and a map ». The Macmillan Company, New York 1906, pp. 102-103 (archive.org).

 

LE DERNIER RÊVE DU CHÊNE – ANDERSEN – (UN HISTOIRE DE NOËL)

3 janvier, 2015

http://feeclochette.chez.com/Andersen/chene.html

LE DERNIER RÊVE DU CHÊNE – ANDERSEN – (UN HISTOIRE DE NOËL)

Au sommet de la falaise haute et ardue, en avant de la forêt qui arrivait jusqu’aux bords de la mer, s’élevait un chêne antique et séculaire. Il avait justement atteint trois cent soixante-cinq ans ; on ne l’aurait jamais cru en voyant son apparence robuste.
Souvent, par les beaux jours d’été, les éphémères venaient s’ébattre et tourbillonner gaiement autour de sa couronne ; une fois, une de ces petites créatures, après avoir voltigé longuement au milieu d’une joyeuse ronde, vint se reposer sur une des belles feuilles du chêne.
- Pauvre mignonne ! dit l’arbre, ta vie entière ne dure qu’un jour. Que c’est peu ! Comme c’est triste !
- Triste ! répondit le gentil insecte, que signifie donc ce mot que j’entends parfois prononcer ? Le soleil reluit si merveilleusement ! l’air est si bon, si doux ! je me sens tout transporté de bonheur.
- Oui, mais dans quelques heures, ce sera fini ; tu seras trépassé.
- Trépassé ? s’écria l’éphémère. Qu’est-ce encore que ce mot ? Toi, es-tu aussi trépassé ?
- Non, j’ai déjà vécu bien des milliers de jours ; nos journées ce sont, à dire vrai, des saisons entières. Mais comment te faire comprendre cela ? C’est une telle longueur de temps que cela doit dépasser tout ce que tu peux imaginer.
- En effet, je ne me figure pas bien, reprit l’insecte, ce que cela peut durer, mille jours. N’est-ce pas ce qu’on appelle l’éternité ? En tout cas, si tu vis si longtemps, mon existence compte déjà mille moments où j’ai été joyeux et heureux. Et, quand tu mourras, est-ce que tout ce bel univers périra en même temps ?
- Non certes, répliqua le chêne, il durera bien plus longtemps que moi ; à mon tour, je ne puis me le figurer.
- Eh bien ! alors nous en sommes au même point, sauf que nous calculons d’une façon différente.
Et l’éphémère reprit sa danse folle et s’élança dans les airs, s’amusant de l’éclat de ses ailes transparentes qui brillaient comme le plus beau satin ; il respirait à pleins poumons l’air embaumé par les senteurs de l’églantier, des chèvrefeuilles, du sureau, de la menthe et par l’odeur du foin coupé ; et l’insecte se sentait comme enivré, à force de respirer ces parfum. La journée continua à être splendide ; l’éphémère se reposa encore plusieurs fois pour recommencer à tournoyer en ronde avec ses compagnons. Le soleil commença à baisser et l’insecte se sentit un peu fatigué de toute cette gaieté ; ses ailes faiblissaient, et tout lentement il glissa le long du chêne jusque sur le doux gazon. Il vint à choir sur la feuille d’une pâquerette, et souleva encore une fois sa petite tête pour embrasser d’un regard la campagne riante et la mer bleue. Puis ses yeux se fermèrent ; un doux sommeil s’empara de lui : c’était la mort.
Le lendemain, le chêne vit renaître d’autres éphémères ; il s’entretint avec eux aussi et il les vit de même danser, folâtrer joyeusement et s’endormir paisiblement en pleine félicité. Ce spectacle se répéta souvent ; mais l’arbre ne le comprenait pas bien ; il avait cependant le temps de réfléchir : car si, chez nous autres hommes, nos pensées sont interrompues tous les jours par le sommeil, le chêne, lui, ne dort qu’en hiver ; pendant les autres saisons, il veille sans cesse. Le temps approchait où il allait se reposer ; l’automne était à sa fin. Déjà les taupes commençaient leur sabbat. Les autres arbres étaient déjà dépouillés, et le chêne aussi perdait tous les jours de ses feuilles.
« Dors, dors, chantaient les vents autour de lui. Nous allons te bercer gentiment, puis te secouer si fort que tes branches en craqueront d’aise. Dors bien, dors. C’est ta trois cent soixante-cinquième nuit. En réalité, comparé à nous, tu n’es qu’un enfant au berceau. Dors, dors bien ! Les nuages vont semer de la neige ; ce sera une belle et chaude couverture pour tes racines.
Et le chêne perdit toutes ses feuilles, et, en effet, il s’endormit pour tout le long hiver ; et il eut bien des rêves, où sa vie passée lui revint en souvenir.
Il se rappela comment il était sorti d’un gland ; comment, étant encore un tout mince arbuste, il avait failli être dévoré par une chèvre. Puis il avait grandi à merveille ; plusieurs fois, les gardes de la forêt l’avaient admiré et avaient pensé à le faire abattre pour en tirer des mâts, des poutres, des planches solides. Il était cependant arrivé à son quatrième siècle, et aujourd’hui personne ne songeait plus à le faire couper ; il était devenu l’ornement de la forêt ; sa superbe couronne dépassait tous les autres arbres; et, de loin on l’apercevait de la mer et il servait de point de repère aux marins. Au printemps, dans ses hautes branches, les ramiers bâtissaient leur nid; le coucou y était à demeure et faisait, de là, résonner au loin son cri monotone. L’automne, quand les feuilles de chêne, toutes jaunies, ressemblent à des plaques de cuivre, les oiseaux voyageurs s’assemblaient de toutes parts sur ce géant de la forêt et s’y reposaient une dernière fois avant d’entreprendre le grand voyage d’outre- mer.
Maintenant donc, l’hiver était venu ; après avoir longtemps résisté aux aquilons, les feuilles du chêne étaient presque toutes tombées ; les corbeaux, les corneilles venaient se percher sur ses branches et taillaient des bavettes sur la dureté des temps, sur la famine prochaine qui s’annonçait pour eux.
Survint la veille du saint jour de Noël, et ce fut alors que le vieux chêne rêva le plus beau rêve de sa vie. Il avait le sentiment de la fête qui se préparait partout sur la terre, là où il y a des chrétiens ; il sentait les vibrations des cloches qui sonnaient de toutes parts. Mais il se croyait en été, par une splendide journée. Et voici ce qui lui apparut :
Sa haute et vaste couronne était fraîche et verte; les rayons de soleil y jouaient à travers les branches et le feuillage, et projetaient des reflets dorés. L’air était embaumé de senteurs vivifiantes; des papillons aux milles couleurs voltigeaient de toutes parts et jouaient à cache-cache, puis à qui volerait le plus haut. Des myriades d’éphémères donnaient une sarabande.
Voilà qu’un brillant cortège s’avance : c’étaient les personnages que le vieux chêne avait vus tour à tour passer devant lui pendant la longue suite d’années qu’il avait vécues. En tête marchait une cavalcade, des pages, des chevaliers aux armures étincelantes, qui revenaient de la croisade, des châtelains vêtus de brocart sur des palefrois caparaçonnés, et tenant sur la main des faucons encapuchonnés; le cor de chasse retentit, la meute aboyait, le cerf fuyait. Puis arriva une troupe de reîtres et de lansquenets, aux vêtements bouffants et bariolés, armés de hallebardes et d’arquebuses; ils dressèrent leur tente sous le vieux chêne, allumèrent le feu et, au milieu d’une orgie, ils entonnèrent des chants de guerre et des refrains bachiques.
Toute cette bande bruyante disparut, et l’on vit s’avancer en silence un jeune couple; ils avaient des cheveux poudrés et la dame était couverte de rubans aux couleurs tendres; et le monsieur tailla dans l’écorce du chêne les initiales de leurs deux noms; et ils écoutèrent avec ravissement les sons doux et étranges de la harpe éolienne qui était suspendue dans les branches de l’arbre.
Et, tout à coup, le chêne éprouva comme si un nouveau et puissant courant de vie partant des extrémités de ses racines le traversait de part en part, montant jusqu’à sa cime, jusqu’au bout de ses plus hautes feuilles.
Il lui semblait qu’il grandissait comme autrefois, que, du sein de la terre, il puisait une nouvelle vigueur; et, en effet, son tronc s’élançait, sa couronne s’étendait en dôme, et montait toujours plus haut vers le ciel; et plus le chêne s’élevait, plus il éprouvait de bonheur, et il ne désirait que monter encore au-delà, jusqu’au soleil, dont les rayons brillants le pénétraient d’une chaleur bienfaisante. Et sa couronne était déjà parvenue au-dessus des nuages qui, comme une troupe de grands cygnes blancs, flottaient sous le bleu firmament.
C’était en plein jour, et cependant les étoiles devinrent visibles ; elles luisaient de leur plus bel éclat ; elles rappelaient au vieux chêne les yeux brillants des joyeux enfants qui souvent étaient venus s’ébattre autour de lui.
Au spectacle de cette immensité, on était transporté de la félicité la plus pure. Mais le vieux chêne sentait qu’il lui manquait quelque chose; il éprouvait l’ardent désir de voir les autres arbres de la forêt, les plantes, les fleurs et jusqu’aux moindres broussailles enlevées comme lui et mises en présence de toutes ces splendeurs. Oui, pour qu’il fût entièrement heureux, il les lui fallait voir tous autour de lui, grands et petits, prenant part à sa félicité.
Et ce sentiment agitait, faisait vibrer ses branches, ses moindres feuilles ; sa couronne s’inclina vers la terre, comme s’il avait voulu adresser un signal aux muguets et aux violettes cachés sous la mousse, aussi bien qu’aux autres chênes, ses compagnons.
Il lui sembla apercevoir tout à coup un grand mouvement ; les cimes de la forêt se soulevaient, les arbres se mirent à pousser, à grandir jusqu’à percer les nues. Les ronces, les plantes, pour s’élever plus vite, quittaient terre avec leurs racines et accouraient au vol. Les plus vite arrivés, ce furent les bouleaux; leurs troncs droits et blancs traversaient les airs comme des flèches, presque comme des éclairs. Et l’on vit arriver les joncs, les genêts, les fougères, et aussi les oiseaux qui, émerveillés du voyage, chantaient à tue-tête leurs plus beaux airs de fête. Les sauterelles juchées sur les brins d’herbes jouaient leur petite musique, accompagnées par les grillons, le susurrement des abeilles et le faux bourdon des hannetons. Tout ce joyeux concert faisait une délicieuse harmonie.
- Mais, dit le chêne, où est donc restée la petite fleur bleue qui borde le ruisseau, et la clochette, et la pâquerette ?
- Nous y sommes tous, tous ! disaient en chœur les fleurettes, les arbres, les plantes, les habitants de la forêt.
Le vieux chêne jubilait.
- Oui, tous, grands et petits, disait-il, pas un ne manque. Nous nageons dans un océan de délices ! Quel miracle !
Et il se sentit de nouveau grandir; soudainement ses racines se détachèrent de terre. « C’est ce qu’il y a de mieux, pensa-t-il ; me voilà dégagé de tous liens ; je puis m’élancer vers la lumière éternelle et m’y précipiter avec tous les êtres chéris qui m’entourent, grands et petits, tous !
- Tous ! dit l’écho. Ce fut la fin du rêve du vieux chêne. Une tempête terrible soufflait sur mer et sur terre. Des vagues énormes assaillaient la falaise, enlevant des quartiers de roche; les vents hurlaient et secouaient le vieux chêne; sa vigueur éprouvée luttait contre la tourmente, mais un dernier coup de vent l’ébranla et l’enleva de terre avec sa racine; il tomba, au moment où il rêvait qu’il s’élançait vers l’immensité des cieux. Il gisait là; il avait péri après ses trois cent soixante-cinq ans, comme l’éphémère après sa journée d’existence.
Le matin, lorsque le soleil vint éclairer le saint jour de Noël, l’ouragan s’était apaisé. De toutes les églises retentissait le son des cloches; même dans la plus humble cabane régnait l’allégresse. La mer s’était calmée; à bord d’un grand navire qui, toute la nuit, avait lutté, tous les mâts étaient décorés, tous les pavillons hissés pour célébrer la grande fête.
- Tiens, dit un matelot, l’arbre de la falaise, le grand chêne, qui nous servait de point de repère pour reconnaître la côte, a disparu. Hier encore, je l’ai aperçu de loin; c’est la tempête qui l’a abattu.
- Que d’années il faudra pour qu’il soit remplacé, dit un autre matelot. Et encore, il n’y aura peut-être aucun autre arbre assez fort pour grandir, comme lui.
Ce fut l’oraison funèbre prononcée sur la fin du vieux chêne, qui était étendu sur la nappe de neige qui lui servait de linceul; elle était toute à son honneur et bien méritée, ce qui est si rare.
A bord du navire, les marins entonnèrent les psaumes et les cantiques de Noël, qui célèbrent la délivrance des hommes par le Fils de Dieu, qui leur a ouvert la voie de la vie éternelle: « La promesse est accomplie, chantaient-ils. Le Sauveur est né. Oh! joie sans pareille ! Alléluia ! alléluia ! »
Et ils sentaient leurs cœurs élevés vers le ciel et transportés, tout comme le vieux chêne, dans son dernier rêve, s’était senti entraîné vers la lumière éternelle.

BENOÎT XVI – (LE MYSTÈRE DE NOËL)

29 décembre, 2014

http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/audiences/2010/documents/hf_ben-xvi_aud_20101222_fr.html

BENOÎT XVI – (LE MYSTÈRE DE NOËL)

AUDIENCE GÉNÉRALE

Salle Paul VI

Mercredi 22 décembre 2010

Chers frères et sœurs,

Avec cette dernière Audience avant les fêtes de Noël, nous nous approchons, impatients et remplis d’émerveillement, du «lieu» où pour nous et notre salut, tout a commencé, tout a trouvé son accomplissement, où se sont rencontrées et croisées les attentes du monde et du cœur humain à travers la présence de Dieu. Nous pouvons d’ores et déjà avoir un avant-goût de la joie, à cause de la petite lueur que l’on entrevoit et qui, de la grotte de Bethléem, commence à rayonner sur le monde. Nous avons été accompagnés sur le chemin de l’Avent, que la liturgie nous a invités à vivre, pour accueillir avec disponibilité et reconnaissance le grand Avènement de la venue du Sauveur et contempler emplis d’émerveillement son entrée dans le monde.
L’attente joyeuse, caractéristique des jours qui précèdent Noël, est certainement l’attitude fondamentale du chrétien qui désire vivre de façon féconde la rencontre renouvelée avec Celui qui vient habiter parmi nous: Jésus Christ, le Fils de Dieu fait homme. Retrouvons cette disposition du cœur, et faisons-la nôtre, chez ceux qui en premier accueillirent la venue du Messie: Zacharie et Elisabeth, les pasteurs, le peuple simple, et en particulier Marie et Joseph, qui ont ressenti en première personne la trépidation, mais surtout la joie pour le mystère de cette naissance. Tout l’Ancien Testament constitue une unique grande promesse, qui devait s’accomplir avec la venue d’un sauveur puissant. C’est ce dont témoigne en particulier le livre du prophète Isaïe, qui nous parle des tourments de l’histoire et de toute la création pour une rédemption destinée à redonner de nouvelles énergies et une nouvelle orientation au monde entier. Ainsi, à côté de l’attente des personnages des Saintes Ecritures, trouve un espace et une signification, à travers les siècles, également notre attente, celle qu’en ces jours nous vivons et celle qui nous maintient éveillés sur tout le chemin de notre vie. En effet, toute l’existence humaine est animée par ce profond sentiment, par le désir que ce que nous avons entrevu et perçu de plus vrai, de plus beau et de plus grand avec notre esprit et notre cœur, puisse venir à notre rencontre et devant nos yeux devienne concret et nous apporte un réconfort.
«Voilà que vient le Seigneur tout-puissant: il sera appelé Emmanuel, Dieu-avec-nous» (Antienne d’ouverture, Messe du 21 décembre). Ces jours-ci, nous répétons souvent ces paroles. Dans le temps de la liturgie, qui réactualise le Mystère, est désormais tout proche Celui qui vient nous sauver du péché et de la mort, Celui qui, après la désobéissance d’Adam et Eve, nous embrasse à nouveau et ouvre pour nous l’accès à la vraie vie. C’est ce qu’explique saint Irénée, dans son traité «Contre les hérésies», lorsqu’il affirme: «Le fils même de Dieu s’est fait “à la ressemblance de la chair du péché” pour condamner le péché et, ainsi condamné, l’expulser de la chair, et pour appeler d’autre part l’homme à lui devenir semblable, l’assignant ainsi pour imitateur à Dieu, l’élevant jusqu’au royaume du Père et lui donnant de voir Dieu et de saisir le Père» (III, 20, 2-3).
Ainsi nous apparaissent certaines des idées préférées de saint Irénée, selon lesquelles Dieu avec l’Enfant Jésus nous appelle à la ressemblance avec lui-même. Nous voyons comment Dieu est. Et ainsi, cela nous rappelle que nous devrions être semblables à Dieu. Et nous devons l’imiter. Dieu s’est donné, Dieu s’est donné entre nos mains. Nous devons imiter Dieu. Et enfin, l’idée qu’ainsi, nous pouvons voir Dieu. Une idée centrale de saint Irénée: l’homme ne voit pas Dieu, il ne peut pas le voir, et ainsi, il est dans l’obscurité de la vérité, de lui-même. Mais l’homme qui ne peut voir Dieu, peut voir Jésus. Et ainsi, il voit Dieu, ainsi, il commence à voir la vérité, ainsi il commence à vivre.
Le Sauveur vient donc pour réduire à l’impuissance l’œuvre du mal et tout ce qui peut encore nous tenir éloignés de Dieu, pour nous restituer à l’antique splendeur et à la paternité primitive. Avec sa venue parmi nous, Dieu nous indique et nous assigne également une tâche: précisément celle de lui ressembler et de tendre à la vraie vie, d’arriver à la vision de Dieu dans le visage du Christ. Saint Irénée affirme encore: «Le Verbe de Dieu installa son habitation parmi les hommes et se fit Fils de l’homme, pour habituer l’homme à percevoir Dieu et pour habituer Dieu à installer sa demeure dans l’homme, selon la volonté du Père. C’est pourquoi Dieu nous a donné comme «signe» de notre salut celui qui, né de la Vierge, est l’Emmanuel» (ibid.). On trouve ici aussi une très belle idée centrale de saint Irénée: nous devons nous habituer à percevoir Dieu. Dieu est normalement éloigné de notre vie, de nos idées, de notre action. Il est venu près de nous et nous devons nous habituer à être avec Dieu. Et Irénée ose dire avec audace que Dieu aussi doit s’habituer à être avec nous et en nous. Et que Dieu devrait peut-être nous accompagner à Noël, nous habituer à Dieu, comme Dieu doit s’habituer à nous, à notre pauvreté et à notre fragilité. La venue du Seigneur ne peut donc avoir d’autre but que celui de nous enseigner à voir et à aimer les événements, le monde et tout ce qui l’entoure, avec les yeux mêmes de Dieu. Le Verbe fait enfant nous aide à comprendre la manière d’agir de Dieu, afin que nous soyons capables de nous laisser toujours plus transformer par sa bonté et par son infinie miséricorde.
Dans la nuit du monde, laissons-nous encore surprendre et illuminer par cet acte de Dieu, qui est totalement inattendu: Dieu se fait Enfant. Laissons-nous émerveiller, illuminer par l’Etoile qui a inondé l’univers de joie. Que Jésus Enfant, en parvenant jusqu’à nous, ne nous trouve pas non préparés, uniquement occupés à rendre la réalité extérieure plus belle. Que le soin que nous mettons pour rendre plus resplendissantes nos rues et nos maisons nous pousse encore davantage à prédisposer notre âme à rencontrer celui qui viendra nous rendre visite, qui est la véritable beauté et la véritable lumière. Purifions-donc notre conscience et notre vie de ce qui est contraire à cette venue: pensées, paroles, attitudes et actions, en nous incitant toujours à accomplir le bien et à contribuer à réaliser dans notre monde la paix et la justice pour chaque homme et à marcher ainsi à la rencontre du Seigneur.
La crèche est un signe caractéristique de ce temps de Noël. Place Saint-Pierre aussi, selon la coutume, elle est presque prête et elle se tourne de manière idéale vers Rome et le monde entier, représentant la beauté du Mystère du Dieu qui s’est fait homme et a planté sa tente parmi nous (cf. Jn 1, 14). La crèche est l’expression de notre attente, que Dieu s’approche de nous, que Jésus s’approche de nous, mais elle est également l’expression de l’action de grâce à Celui qui a décidé de partager notre condition humaine, dans la pauvreté et dans la simplicité. Je me réjouis car elle reste vivante et on redécouvre même la tradition de préparer la crèche dans les maisons, sur les lieux de travail, dans les lieux de rassemblement. Que ce témoignage authentique de foi chrétienne puisse offrir également aujourd’hui à tous les hommes de bonne volonté une icône suggestive de l’amour infini du Père envers nous tous. Que les cœurs des enfants et des adultes puissent encore être émerveillés face à elle.
Chers frères et sœurs, que la Vierge Marie et saint Joseph nous aident à vivre le Mystère de Noël avec une gratitude renouvelée à l’égard du Seigneur. Au milieu de l’activité frénétique de notre époque, que ce temps nous donne un peu de calme et de joie et nous fasse toucher du doigt la bonté de notre Dieu, qui se fait Enfant pour nous sauver et nous apporter un nouveau courage et une nouvelle lumière sur notre chemin. Tel est mon vœu pour un saint et joyeux Noël: je l’adresse avec affection à vous tous ici présents, à vos familles, en particulier les malades et les personnes qui souffrent, ainsi qu’à vos communautés et à ceux qui vous sont chers.

MÉDITATION POUR NOËL – PADRE PIO

27 décembre, 2014

http://saint.padre.pio.free.fr/meditation-noel.htm

MÉDITATION POUR NOËL – PADRE PIO

Présentation
Cette présentation de Noël pourra sembler au premier abord sombre, à l’encontre de la douceur qui inondait le coeur de Padre Pio et transparaissait sur son visage. Mais sans doute faut-il, au-delà des images et de certains mots, aller jusqu’au bout de ce mystère de l’incarnation : Padre Pio ne s’arrête pas, tant qu’il n’en a pas atteint le coeur ; et ce coeur, c’est l’amour: « Tout cela, il l’a fait par amour ; il ne nous invite qu’à l’amour, il ne nous parle que d’amour, il ne nous donne que des preuves d’amour ». Ainsi qu’il l’écrit, même si nous ne comprenons pas tout, chacun est capable d’en percevoir, d’en entendre quelque chose.
Le reste découle de cela. Le reste, ce n’est pas une vision misérabiliste, moralisatrice ou rigoriste, mais le débordement de l’amour comme humilité : humilité de Jésus et, en réponse, notre humilité. l’accent à plusieurs reprises sur la tendresse doit être noté ; il évite toute dérive hors de ce sublime mystère de Dieu devenu enfant

TEXTE
C’est au cœur de la nuit, au cours de la saison la plus rigoureuse, dans la grotte la plus glaciale, habitation des troupeaux plus que d’une créature humaine, que vint à la lumière, à la plénitude des temps, le Messie promis – Jésus – le Sauveur des hommes.
Aucun bruit autour de lui ; un bœuf et un âne réchauffent le pauvre Enfant nouveau-né ; une femme humble, un homme pauvre et fatigué en adoration devant lui.
Ne se font entendre que les vagissements et les pleurs de Dieu devenu enfant. Et par ces pleurs, par ces vagissements, il offre à la justice divine la première rançon pour notre réconciliation.
Depuis plus de quarante siècles il est attendu ; c’est avec des soupirs que les Patriarches en avaient invoqué la venue ; les auteurs sacrés avaient prophétisé clairement et le lieu et l’époque de sa naissance… Pourtant tout est silence et il semble que nul ne sait rien de ce grand avènement. Un peu plus tard seulement, des bergers qui gardaient leurs troupeaux dans les champs viennent lui rendre visite. Ils ont été avertis par des esprits célestes de cet avènement grandiose, et invités à se rendre à la grotte où il se trouve.
Qu’ils sont nombreux et importants, ô chrétiens, les enseignements qui partent de la grotte de Bethléem ! Oh, comme notre cœur doit se sentir brûlant d’amour pour celui qui s’est fait toute tendresse pour nous ! Comme nous devrions avoir au cœur le désir de conduire le monde entier à cette humble grotte, refuge du roi des rois, plus grande que tout palais humain, parce que trône et demeure de Dieu ! Demandons à ce divin Enfant de nous revêtir d’humilité, parce que seule cette vertu nous fera goûter ce mystère rempli de tendresse divine.
Les palais de l’Israël orgueilleux scintillent, mais ce n’est pas en eux qu’est venue au monde la Lumière ! Mettant leur assurance dans la grandeur humaine, baignant dans l’or : ainsi sont les notables de la nation juive ; les prêtres du temple sont pleins de vaine gloire et de superbe ; à l’encontre du sens véritable de la révélation divine ils attendent un Sauveur rabougri, venant dans le monde selon la grandeur humaine et la puissance.
Mais Dieu, qui a toujours à cœur de confondre la sagesse de ce monde, balaie leurs projets et, à l’encontre de l’attente de ceux qui sont privés de la sagesse divine, descend parmi nous dans la plus grande abjection, renonçant à naître dans l’humble maison de Joseph ou même dans celle d’un parent ou d’une connaissance dans la ville de Juda ; et, en quelque sorte rejeté par les hommes, il demande asile et secours à de vils animaux, choisissant leur demeure comme lieu de sa naissance, leur paille pour réchauffer son petit corps délicat. Il fait en sorte que le premier hommage lui soit rendu par de pauvres et rustres bergers qu’il a lui-même, par l’intermédiaire de ses anges, informés de ce grand mystère.
O sagesse et puissance de Dieu ! nous sentions le devoir de nous exclamer – entrés en extase avec ton Apôtre – combien tes jugements sont incompréhensibles et insondables tes voies ! Pauvreté, humilité, abjection et mépris entourent le Verbe fait chair ; nous, cependant, nous comprenons une chose de cette obscurité dans laquelle le Verbe fait chair est enveloppé, nous entendons une parole, nous entrevoyons une vérité sublime : Tout cela, il l’a fait par amour ; il ne nous invite qu’à l’amour, il ne nous parle que d’amour, il ne nous donne que des preuves d’amour.
L’Enfant céleste souffre et gémit dans la crèche, afin que la souffrance nous devienne aimable et méritoire, afin que nous la recherchions : il manque de tout afin que nous apprenions de lui le renoncement aux biens terrestres, il prend plaisir en ces pauvres et humbles adorateurs, pour nous pousser à aimer la pauvreté et à préférer la compagnie des petits et des simples à celle des grands de ce monde.
Ce petit Enfant, qui est tout mansuétude et douceur, veut insuffler en nos cœurs, par son exemple, ces vertus sublimes, afin que dans ce monde déchiré et bouleversé surgisse une ère de paix et d’amour. Par sa naissance il nous indique notre mission : mépriser ce que le monde aime et recherche.
Oh ! Prosternons-nous devant la crèche, et avec le grand saint Jérôme, le saint enflammé d’amour pour Jésus enfant, offrons-lui tout notre cœur, sans réserve ; et promettons-lui de suivre les enseignements qui viennent à nous depuis la grotte de Bethléem, et peuvent presque se résumer en ceci : Vanité des vanités, tout est vanité.

 

NATIVITÉ DU SEIGNEUR 2014 – HOMÉLIE POUR LA MESSE DE MINUIT

23 décembre, 2014

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NATIVITÉ DU SEIGNEUR

JEUDI 25 DÉCEMBRE 2014

HOMÉLIE POUR LA MESSE DE MINUIT

Le ciel et la terre se sont donnés rendez-vous. Les cieux se déchirent et la gloire du Seigneur illumine la nuit de Palestine.
A qui s’adresse cette théophanie ? A quelque roi ou grand prêtre ?
L’empereur Octave Auguste est bien trop occupé par son recensement de la planète. D’ailleurs pourquoi s’intéresserait-il au ciel puisqu’il s’est auto-proclamé « divin empereur ».
Peut-être les messagers de Dieu viennent-ils délivrer quelque message aux Grands Prêtres ?
Mais ces messieurs n’aiment pas beaucoup être bousculés dans leurs habitudes. A vrai dire, depuis qu’un des leurs a cru avoir bénéficié d’une vision durant son service dans le sanctuaire, ils sont plutôt méfiants. De l’avis des chefs religieux, le ciel prend un peu trop de libertés ces temps-ci : les interventions divines échauffent les esprits, et réveillent les exaltés. Rien de tel pour agacer les Romains qui sont déjà assez énervés comme ça avec le recensement.
Mais alors pour qui les Anges se sont-ils déplacés ?
On ose à peine le dire : pour porter un message à « des bergers qui passaient la nuit dans les champs pour garder leurs troupeaux ». Quand on pense à la réputation de ces hommes frustres et peu versés dans les Ecritures, on croit rêver.
Si encore les Envoyés du Très Haut venaient les reprendre sur leur manque de piété ou de fidélité à la Loi ; mais il n’en est rien : les bergers sont choisis pour accueillir de la part de Dieu une « bonne nouvelle, une grande joie pour tout le peuple : aujourd’hui vous est né un Sauveur dans la ville de David. Il est le Messie, le Seigneur ».
Nous ne mesurons sans doute pas ce que cette situation a de choquant : non seulement le ciel ne respecte ni la hiérarchie ni le protocole, mais il s’adresse à des gens de croyance et de mœurs douteuses pour annoncer l’avènement du Messie !
Comment les responsables religieux pourraient-ils donner quelque crédit à de telles sornettes ? Et dire qu’ils n’en sont qu’au début de leurs surprises ! Car l’aventure qui commence cette nuit est la plus déconcertante de toute l’histoire de l’humanité.
Ainsi donc le Messie de Dieu serait annoncé à des bergers quelque part au fin fond de la Palestine. Et où est-il donc ce Messie ? Va-t-il descendre des cieux porté sur les nuées et entouré d’une multitude d’Etres célestes ?
Pas du tout ! « Voilà le signe qui vous est donné : vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire » ! Le « Messie », le « Seigneur », le « Sauveur », « couché dans une mangeoire », « car il n’y avait pas de place dans la salle commune pour sa mère qui devait enfanter ».
Dieu a clairement choisi son camp. Entre les grands de ce monde qui déploient insolemment leur luxe et exercent orgueilleusement leur pouvoir, et les petits qui sont privés de l’hospitalité élémentaire et sont obligés de chercher un abri au milieu des animaux, il n’hésite pas. Dans sa liberté souveraine, le Sauveur du monde a voulu naître d’une jeune fille de modeste condition, donnée en mariage à un artisan d’une bourgade inconnue de Galilée appelée Nazareth. C’est dans ce foyer apparemment quelconque, que « la grâce de Dieu s’est manifestée pour le salut de tous les hommes ».
Nous sommes avertis : si le Seigneur est venu pour « nous apprendre à rejeter le péché et les passions d’ici-bas » (2nd lect.), il faut s’attendre à ce qu’il bouscule nos habitudes et nos façons trop humaines de penser.
A vrai dire, c’est à une nouvelle naissance qu’il nous invite, afin de « vivre dans le monde présent en hommes raisonnables, justes et religieux » (Ibid.). L’aventure qui commence cette nuit risque donc de nous entraîner très loin, si du moins nous persévérons à la suite de cet « enfant qui nous est né, de ce fils qui nous est donné ». Car « pour faire de nous son peuple, un peuple ardent à faire le bien », le « Prince de la paix » n’hésitera pas à « se livrer pour nous, afin de nous purifier et de nous racheter de toutes nos fautes ». « Voilà ce que fait l’amour invincible du Seigneur de l’univers » (1ère lect.) pour ceux qui accueillent la Révélation déconcertante de sa gloire dans un petit enfant.
Cette nuit, le Seigneur vient ; « sur ceux qui habitent le pays de l’ombre, sur l’humanité qui marche dans les ténèbres, une lumière resplendit » (Ibid.). Saurons-nous la discerner et l’accueillir ?
Avec les bergers mettons-nous en route : l’Enfant-Dieu nous attend au fond de l’étable de nos vies. Puissions-nous nous y unir à l’adoration de Marie et Joseph, et chanter avec les Anges : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes qu’il aime ».

Père Joseph-Marie

LE « MYSTÈRE DE NOËL » SELON EDITH STEIN, PAR ERIC DE RUS

22 décembre, 2014

http://www.zenit.org/fr/articles/le-mystere-de-noel-selon-edith-stein-par-eric-de-rus

LE « MYSTÈRE DE NOËL » SELON EDITH STEIN, PAR ERIC DE RUS

LA NAISSANCE DU SAUVEUR ET SON ACTUALITÉ

22 décembre 2011

ROME, jeudi 22 décembre 2011 (ZENIT.org) – « Noël est le début d’une aventure qui n’est autre que celle de la grâce en nos vies »: cette lecture du « Mystère de Noël » et de son actualité pour nous, à l’école d’Edith Stein, la sainte carmélite juive – Thérèse bénédicte de la Croix -, assassinée à Auschwitz en 1942, a été réservée aux lecteurs de ZENIT pour Noël par Eric de Rus, professeur agrégé de philosophie dans l’enseignement catholique (Rueil Malmaison).
Ecrivain, il a publié deux recueils de poésie ainsi que des essais consacrés à la pensée d’Édith Stein et à la démarche artistique.

« Le Mystère de Noël »
En 1931, à Ludwigshafen (Allemagne), la philosophe catholique Edith Stein prononça une conférence sur le thème du Mystère de Noël. Cette méditation nous ouvre à la profondeur inouïe du mystère de la naissance du Sauveur et à son actualité dans nos vies et pour le monde.
Edith Stein nous situe immédiatement dans la contemplation de « l’Enfant qui apporte la paix à la terre ». Mais ne nous y trompons pas : l’étoile qui luit, haute et pure dans la nuit de Noël, nous signifie que la venue de la Lumière parmi nous n’est pas immédiatement reçue en raison de l’épaisseur du péché. Noël c’est ce grand mystère de l’Amour semé dans l’obscurité, et finalement victorieux ! « C’est là une vérité difficile et grave, que l’image poétique de l’Enfant dans la crèche ne doit pas nous masquer. »
Edith Stein déchiffre l’éclat de l’étoile suivie par les bergers dans la nuit comme un appel qui doit se frayer douloureusement son chemin dans nos cœurs. Car Noël est déjà l’écrin de l’appel du Sauveur que les disciples entendront résonner : « Suis-moi ». Et d’ajouter : « Il le dit aussi pour nous, et nous place devant le choix entre lumière et ténèbres. »
En d’autres termes, Noël est le début d’une aventure qui n’est autre que celle de la grâce en nos vies. Edith Stein a appris à l’école des maîtres du Carmel, Thérèse de Jésus et Jean de la Croix en particulier, que la grâce veut se déployer en nous comme une semence de vie qui nous transforme en nous faisant communier à la Vie même de Dieu. Et c’est précisément en Jésus que s’accomplit ce mystère, Lui dont nous devenons, par le baptême, les membres vivants de son Corps qui est l’Eglise.
C’est pourquoi la suite de la méditation d’Edith Stein insiste sur les signes fondamentaux d’une existence humaine unie à Dieu : l’amour de charité envers le prochain, – « qu’il soit parent ou non, que nous le trouvions sympathique ou non, qu’il soit ou non moralement digne de notre aide » –, et la remise de notre volonté entre les mains du Père. Faire la volonté de Dieu c’est « mettre nos mains dans celles de l’Enfant divin » à l’imitation de la Vierge Marie, de saint Joseph et de tous les saints. Dans sa contemplation de l’Enfant-Dieu Edith Stein nous entraîne sur les chemins d’une véritable configuration au Christ et au mystère du salut. Car accueillir l’Enfant-Dieu c’est participer à la disposition fondamentale du Cœur du Christ tout entier amoureusement remis au Père, comme son enfant bien-aimé, dans une confiance « inébranlable ».

Par conséquent, l’enjeu de Noël est de laisser la grâce « pénétrer de vie divine toute une vie d’homme ». Ce qui suppose d’« être chaque jour en relation avec Dieu » par l’écoute de sa parole, par la prière intérieure et liturgique, par la vie sacramentelle. A l’école de l’Enfant-Dieu nous apprenons à vivre en « enfant de Dieu » afin de « naître à l’immensité de la vie du Christ. » Tel est « le chemin ouvert à chacun de nous, à l’humanité tout entière. »
Dans cette conférence d’Edith Stein nous retrouvons, encore et toujours, la pédagogue et phénoménologue qui éduque notre regard intérieur. Ici il s’agit de déchiffrer sous l’apparente insignifiance de la crèche la grandeur d’un immense appel : celui de prendre part au « grand œuvre du Rédempteur ».
Si Noël est la fête de la joie c’est sans doute parce que la joie est un mouvement qui nous tire hors de nous-mêmes. La contemplation de Jésus dans la crèche réalise précisément cette sortie de nous-mêmes. L’émerveillement devant la beauté cachée du Sauveur nous libère de nous-mêmes et nous ouvre au monde qui attend que lui nous annoncions par nos vies « la Lumière éternelle qui est Amour et Vie ».
Edith Stein avait une amie très estimée en la personne de la poétesse et résistante allemande Gertrud von le Fort. De bien belle manière la poétesse résume cet appel que Noël fait tinter au cœur de chaque chrétien : « Chantez-le dans l’attente de l’aube, chantez-le doucement, doucement à l’oreille des ténèbres du monde ! »

Eric de Rus

*
Quelques publications d’Eric de Rus :
« Intériorité de la personne et éducation chez Edith Stein » (Cerf, 2006);
« L’art d’éduquer selon Edith Stein : Anthropologie, éducation, vie spirituelle » de Eric de Rus et Marguerite Léna (Cerf, 2008);
« La personne humaine en question : Pour une anthropologie de l’intériorité » de Eric De Rus (Cerf, 2011).

D’Edith Stein, on pourra lire aussi :
« La crèche et la Croix » (Ad Solem, 1995)

Sur Edith Stein :
Cécile Rastoin, « Edith Stein (1891-1942). Enquête sur la source » (Cerf, 2007)

BENOÎT XVI: MESSE DE MINUIT SOLENNITÉ DE LA NATIVITÉ DU SEIGNEUR – (2009 Année A)

22 décembre, 2014

http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/homilies/2009/documents/hf_ben-xvi_hom_20091224_christmas_fr.html

MESSE DE MINUIT SOLENNITÉ DE LA NATIVITÉ DU SEIGNEUR - (Année A)

HOMÉLIE DU PAPE BENOÎT XVI

Basilique Vaticane

24 décembre 2009

Chers Frères et Sœurs,

«Un enfant nous est né, un fils nous a été donné» (Is 9, 5). Ce qu’Isaïe, regardant de loin vers l’avenir, dit à Israël comme consolation dans ses angoisses et dans l’obscurité, l’Ange, nimbé de lumière, l’annonce aux bergers comme présent: «Aujourd’hui vous est né un Sauveur, dans la ville de David. Il est le Messie, le Seigneur» (Lc 2, 11). Le Seigneur est présent. À partir de ce moment, Dieu est vraiment un «Dieu avec nous». Il n’est plus le Dieu lointain qui, à travers la création et au moyen de la conscience, peut de quelque façon être entrevu de loin. Il est entré dans le monde. Il est le Proche. Le Christ ressuscité l’a dit aux siens, à nous: «Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde» (Mt 28, 20). Pour vous est né le Sauveur: ce que l’Ange a annoncé aux bergers, Dieu aujourd’hui nous le rappelle par l’Évangile et par ses messagers. C’est une nouvelle qui ne peut nous laisser indifférents. Si elle est vraie, tout est changé. Si elle est vraie, elle me concerne moi aussi. Alors, comme les bergers, je dois dire moi aussi: Allez, je veux aller à Bethléem et voir la Parole qui, là, est advenue. L’Évangile ne nous raconte pas sans raison l’histoire des bergers. Ces derniers nous montrent comment répondre de façon juste à ce message qui nous est aussi adressé. Que nous disent alors ces premiers témoins de l’incarnation de Dieu?
Des bergers, il est dit avant tout qu’ils étaient des personnes vigilantes et que le message pouvait les rejoindre précisément parce qu’ils étaient éveillés. Nous devons nous réveiller, parce que le message est arrivé jusqu’à nous. Nous devons devenir des personnes vraiment vigilantes. Qu’est-ce que cela signifie? La différence entre celui qui rêve et celui qui est éveillé consiste tout d’abord dans le fait que celui rêve se trouve dans un monde particulier. Avec son moi, il est enfermé dans ce monde du rêve qui, justement, n’est que le sien et ne le relie pas aux autres. Se réveiller signifie sortir de cet état particulier du moi et entrer dans la réalité commune, dans la vérité qui, seule, nous unit tous. Les conflits dans le monde, les difficultés relationnelles proviennent du fait que nous sommes enfermés dans nos propres intérêts et dans nos opinions personnelles, dans notre minuscule monde intérieur. L’égoïsme, celui du groupe comme celui de l’individu, nous tient prisonnier de nos intérêts et de nos désirs, qui s’opposent à la vérité et nous séparent les uns des autres. Réveillez-vous, nous dit l’Évangile. Venez dehors pour entrer dans la grande vérité commune, dans la communion de l’unique Dieu. Se réveiller signifie ainsi développer sa sensibilité pour Dieu, pour les signes silencieux par lesquels il veut nous guider, pour les multiples indices de sa présence. Il y a des personnes qui disent être «religieusement privées d’oreille musicale». L’aptitude à percevoir Dieu semble presque un don qui est refusé à certains. Et en effet – notre manière de penser et d’agir, la mentalité du monde contemporain, l’éventail de nos diverses expériences sont de nature à affaiblir la sensibilité à Dieu, à nous «priver d’oreille musicale» pour Lui. Et pourtant dans toute âme est présente, de façon cachée ou ouverte, l’attente de Dieu, la capacité de le rencontrer. Pour obtenir cette vigilance, cet éveil à l’essentiel, nous voulons prier, pour nous-mêmes et pour les autres, pour ceux qui semblent être «privés d’oreille musicale» et chez qui, cependant, le désir que Dieu se manifeste est vif. Le grand théologien Origène a dit: si j’avais eu la grâce de voir comme a vu Paul, je pourrais à présent (durant la Liturgie) contempler une multitude d’anges (cf. in Lc 23, 9). En effet – dans la sainte Liturgie, les anges de Dieu et les saints nous entourent. Le Seigneur lui-même est présent au milieu de nous. Seigneur, ouvre les yeux de nos cœurs, afin que nous devenions vigilants et voyants et qu’ainsi nous puissions aussi porter ta proximité aux autres.
Revenons à l’Évangile de Noël. Celui-ci nous raconte que les bergers, après avoir entendu le message de l’ange, se dirent l’un à l’autre: «Allons jusqu’à Bethléem … Ils y allèrent, sans délai» (Lc 2, 15ss). «Il se hâtèrent» dit littéralement le texte grec. Ce qui leur avait été annoncé était si important qu’ils devaient se mettre en route immédiatement. En effet, ce qui leur avait été dit là, allait absolument au-delà de l’ordinaire. Cela changeait le monde. Le Sauveur est né. Le Fils de David attendu est venu au monde dans sa ville. Que pouvait-il y avoir de plus important? Bien sûr, la curiosité les poussait aussi, mais par-dessus tout la fébrilité liée à la grande réalité qui leur avait été communiquée précisément à eux, des petits et des hommes apparemment insignifiants. Ils se pressèrent – sans hésitation. Dans notre vie ordinaire, il n’en va pas ainsi. La majorité des hommes ne considère pas comme prioritaires les affaires de Dieu, celles-ci ne nous pressent pas immédiatement. Et nous aussi, pour l’immense majorité, nous sommes disposés à les renvoyer à plus tard. Avant tout nous faisons ce qui, ici et maintenant, apparaît urgent. Dans la liste des priorités, Dieu se retrouve souvent presqu’à la dernière place. Il sera toujours temps – pense-t-on – de s’en préoccuper. L’Évangile nous dit: Dieu a la plus grande priorité. Si quelque chose dans notre vie mérite urgence, c’est, alors, seulement la cause de Dieu. Une maxime de la Règle de saint Benoît dit: «Ne rien placer avant l’œuvre de Dieu (c’est-à-dire avant l’office divin)». La Liturgie est, pour les moines, la priorité première. Tout le reste vient après. Toutefois, au fond, cette phrase vaut pour chaque homme. Dieu est important, il est dans l’absolu la réalité la plus importante de notre vie. C’est précisément cette priorité que nous enseignent les bergers. Nous voulons apprendre d’eux à ne pas nous laisser écraser par toutes les choses urgentes de la vie quotidienne. Nous voulons apprendre d’eux la liberté intérieure de mettre au second plan les autres occupations – pour importantes qu’elles soient – pour nous approcher de Dieu, pour le laisser entrer dans notre vie et dans notre temps. Le temps consacré à Dieu et, à partir de Lui, à notre prochain n’est jamais du temps perdu. C’est le temps dans lequel nous vivons vraiment, dans lequel nous vivons en tant que personnes humaines.
Certains commentateurs font remarquer que ce sont, en premier lieu, les bergers, les âmes simples qui sont venus auprès de Jésus dans la crèche et qui ont pu rencontrer le Rédempteur du monde. Les sages venus d’Orient, les représentants de ceux qui ont rang et renommée, viendront beaucoup plus tard. Les commentateurs ajoutent : ceci va de soi. Les bergers, en effet, habitaient à côté. Ceux-ci n’avaient qu’à « traverser » (cf. Lc 2, 15) comme on parcourt une courte distance pour se rendre chez les voisins. Les savants, en revanche, habitaient loin. Ceux-ci devaient parcourir un chemin long et difficile, pour arriver à Bethléem. Et ils avaient besoin d’un guide et d’indication. Eh bien, aujourd’hui encore, existent des âmes simples et humbles qui demeurent toutes proches du Seigneur. Celles-ci sont, pour ainsi dire, ses voisins et peuvent facilement aller chez Lui. Mais la majeure partie de nous, hommes modernes, vit loin de Jésus Christ, de Celui qui s’est fait homme, du Dieu venu au milieu de nous. Nous vivons dans les réflexions, dans les affaires et dans les occupations qui nous absorbent entièrement et depuis lesquelles le chemin vers la crèche est très long. De multiples manières, Dieu doit sans cesse nous pousser et nous aider, afin que nous puissions sortir de l’enchevêtrement de nos pensées et de nos engagements et trouver le chemin qui va vers Lui. Mais pour tous, il y a un chemin. Pour tous, le Seigneur dispose des signes adaptés à chacun. Il nous appelle tous, pour que nous aussi puissions dire: Allons, «traversons», allons jusqu’à Bethléem – vers ce Dieu, qui est venu à notre rencontre. Oui, Dieu s’est mis en chemin vers nous. De nous-mêmes, nous ne pourrions le rejoindre. Le chemin dépasse nos forces. Mais Dieu est descendu. Il vient à notre rencontre. Il a parcouru la plus grande partie du chemin. Maintenant, il nous demande: Venez et voyez combien je vous aime. Venez et voyez que je suis ici. Transeamus usque Bethleem, dit la Bible latine. Allons ! Dépassons-nous nous-mêmes! Faisons-nous, de mille manières, voyageurs vers Dieu en étant intérieurement en route vers Lui. Mais aussi par des chemins très concrets – dans la Liturgie de l’Église, dans le service du prochain, où le Christ m’attend.
Écoutons encore une fois directement l’Évangile. Les bergers se dirent l’un à l’autre la raison pour laquelle ils se mettent en chemin: «Voyons ce qui est arrivé». Littéralement, le texte grec dit: «Voyons cette Parole, qui, là, est advenue». Oui, telle est la nouveauté de cette nuit: la Parole peut être contemplée. Puisqu’elle s’est faite chair. Ce Dieu dont on ne doit faire aucune image, parce que toute image ne pourrait que l’amoindrir, et même le déformer, ce Dieu s’est rendu, Lui-même, visible en Celui qui est sa véritable image, comme dit Paul (cf. 2 Co 4, 4; Col 1, 15). Dans la figure de Jésus Christ, dans toute sa vie et son agir, dans sa mort et dans sa résurrection, nous pouvons regarder la Parole de Dieu et donc le mystère du Dieu vivant Lui-même. Dieu est ainsi. L’ange avait dit aux bergers: «Voilà le signe qui vous est donné: vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire» (Lc 2, 12; cf. 16). Le signe de Dieu, le signe qui est donné aux bergers et à nous, n’est pas un miracle bouleversant. Le signe de Dieu est son humilité. Le signe de Dieu est qu’Il se fait petit; devient enfant; se laisse toucher et sollicite notre amour. Comme nous désirerions, nous les hommes, un signe différent, un signe imposant, irréfutable du pouvoir de Dieu et de sa grandeur. Mais son signe nous invite à la foi et à l’amour, et en conséquence, nous donne l’espérance: ainsi est Dieu. Il possède le pouvoir et Il est la Bonté. Il nous invite à devenir semblables à Lui. Oui, nous devenons semblables à Dieu, si nous nous laissons façonner par ce signe; si nous apprenons, nous-mêmes, l’humilité et ainsi la vraie grandeur; si nous renonçons à la violence et ne recourrons qu’aux seules armes de la vérité et de l’amour. Origène, suivant une parole de Jean-Baptiste, a vu l’expression de l’essence du paganisme dans le symbole de la pierre: le paganisme est un manque de sensibilité, il signifie un cœur de pierre qui est incapable d’aimer et de percevoir l’amour de Dieu. Origène dit des païens: «Privés de sentiment et de raison, ils se transforment en pierres et en bois» (in Lc 22,9). Le Christ veut, cependant, nous donner un cœur de chair. Quand nous le voyons Lui, le Dieu qui est devenu enfant, notre cœur s’ouvre. Dans la Liturgie de la Sainte Nuit, Dieu vient à nous en tant qu’homme, afin que nous devenions vraiment humains. Écoutons encore Origène: «En effet, à quoi bon pour toi que le Christ soit venu une fois dans la chair, s’Il ne venait pas jusqu’en ton âme? Prions pour qu’il vienne quotidiennement à nous et que nous puissions dire: je vis, mais ce n’est plus moi, c’est le Christ qui vit en moi (Ga 2, 20)» (in Lc 22,3).
Oui, nous voulons prier pour cela au cours de cette Sainte Nuit. Seigneur Jésus Christ, toi qui es né à Bethléem, viens à nous! Entre en moi, dans mon âme. Transforme-moi. Renouvelle-moi. Fais que moi et nous tous, de pierre et de bois, devenions des personnes vivantes, dans lesquelles ton amour se rende présent et le monde soit transformé.

TRÊVE DE NOËL DANS LES TRANCHÉS – GUERRE DE 14-18

15 décembre, 2014

http://vincent.detarle.perso.sfr.fr/catho/guerre_14_18.html

TRÊVE DE NOËL DANS LES TRANCHÉS – GUERRE DE 14-18

La Trêve de Noël est un terme utilisé pour décrire plusieurs et brefs cessez-le-feu non officiels qui ont eu lieu pendant le temps de Noël et le Réveillon de Noël entre les troupes allemandes, britanniques et françaises dans les tranchées lors de la Première Guerre mondiale, en particulier celles entre les troupes britanniques et allemandes stationnées le long du front de l’Ouest en 1914, et dans une moindre mesure en 1915. En 1915, il y eut une trêve de Noël similaire entre les troupes allemandes et françaises. En 1915 et 1916, une trêve eut aussi lieu à Pâques sur le front de l’Est.

Contexte historique :
La Première Guerre mondiale implique la plupart des grandes puissances, la Triple-Entente contre les Empires centraux. Le 3 août 1914, le Royaume-Uni déclare la guerre à l’Allemagne suite à l’ultimatum contre la Belgique, pays dont elle garantit la neutralité.
Les troupes allemandes avancent jusqu’à 70 km de Paris en passant par le territoire belge et l’ouest de la France. Du 6 au 12 septembre 1914, lors de la première bataille de la Marne, les Français et les Britanniques réussissent à forcer une retraite allemande en exploitant une lacune entre la 1re et la 2e armée, mettant fin à l’avance allemande en France.
L’armée allemande retraite au nord de la rivière Aisne et se fortifie, instituant les débuts d’un front statique à l’Ouest qui durera trois ans. Suite à cet échec, les forces en opposition tenteront de se déborder dans une course vers la mer, et étendront rapidement des réseaux de tranchées de la mer du Nord à la frontière suisse.

La trêve
Les soldats du front occidental étaient épuisés et choqués par l’étendue des pertes humaines qu’ils avaient subies depuis le mois d’août. Au petit matin du 25 décembre, les Français et les Britanniques qui tenaient les tranchées autour de la ville belge d’Ypres entendirent des chants de Noël (Stille Nacht) venir des positions ennemies, puis découvrirent que des arbres de Noël étaient placés le long des tranchées allemandes. Lentement, des colonnes de soldats allemands sortirent de leurs tranchées et avancèrent jusqu’au milieu du no man’s land, où ils appelèrent les Britanniques à venir les rejoindre.
Les deux camps se rencontrèrent au milieu d’un paysage dévasté par les obus, échangèrent des cadeaux, discutèrent et jouèrent au football le lendemain matin. Un chanteur d’opéra, le ténor Walter Kirchhoff, à ce moment officier d’ordonnance, chanta pour les militaires un chant de Noël. Les soldats français ont applaudi jusqu’à ce qu’il revienne chanter.
Ce genre de trêve fut courant là où les troupes britanniques et allemandes se faisaient face, et la « fraternisation » (il s’agit plus d’une trêve de fait qu’une fraternisation volontaire6) se poursuivit encore par endroits (notamment on prévient l’autre camp de se protéger des bombardements d’artillerie ou on pratique des trêves pour pouvoir enterrer ses morts) pendant une semaine jusqu’à ce que les autorités militaires y mettent un frein.
Il n’y eut cependant pas de trêve dans les secteurs où seuls des Français et des Allemands s’affrontaient.
La trêve s’est déroulée à Frelinghien (principalement) où une plaque commémorative est érigée lors d’une cérémonie le 11 novembre 2008.
Malgré la destruction des photos prises lors de cet événement, certaines arrivèrent à Londres et firent la une de nombreux journaux, dont celle du Daily Mirror, portant le titre An historic group: British and German soldiers photographed together le 8 janvier 1915. Aucun média allemand ou français ne relate cette trêve.
L’État-major fait donner l’artillerie pour disperser les groupes fraternisant les jours suivants et fait déplacer les Unités « contaminées » sur les zones de combat les plus dures.
Sur le front de l’Est, les conséquences sont plus graves : la répression des fraternisations du côté russe entraîne des mutineries et concourt à la décomposition du front russe. Lors de l’insurrection de Petrograd en 1917, les soldats fraternisent avec les ouvriers, ce qui va dans le sens de la bolchevisation de l’armée.
(Texte extrait de Wikipedia)

Et j’entendis cette phrase : « À partir du 10 septembre (1914), le vent va tourner… Dieu va sauver la France
Madame Fraya (http://fr.wikipedia.org/)

Valentine Dencausse (21 mai 1871 – février 1954), connue sous le pseudonyme de Madame Fraya, est une voyante française de la fin du XIXe et du début du XXe siècle.
Elle s’acquit un grand renom au début de la Belle Époque en annonçant que l’Allemagne déclencherait une guerre mondiale qu’elle finirait par perdre, l’empereur Guillaume II finissant ses jours en exil. Cette annonce préfigurait la Première Guerre mondiale où l’Allemagne fut effectivement vaincue.
C’est lors de ce conflit que Madame Fraya fut convoquée au ministère de la guerre. Devant Aristide Briand, Albert Sarraut et Théophile Delcassé, elle annonça que les Allemands qui se trouvaient à moins de 100 kilomètres de Paris n’investiraient pas la capitale, car ils seraient repoussés in extremis au-delà de l’Aisne. La première armée allemande occupait Compiègne, Senlis et Creil étaient en flammes, tandis que des milliers de Parisiens affolés fuyaient la capitale pour Bordeaux.
À partir du 5 septembre 1914, suite aux réquisitions de taxis dans Paris (les fameux taxis de la Marne), les batailles qui firent rage donnèrent raison à la devineresse. Contre toute attente, l’armée allemande fut repoussée de cent kilomètres en six jours, ce qui mettait effectivement fin à son plan d’invasion rapide.
Interrogée par Alexandre Millerand, alors ministre de la guerre, quant aux raisons de son optimisme naturel, madame Fraya avait également déclaré « Sur un rêve que j’ai eu la nuit dernière, j’ai vu les Allemands reculer. Une date, en gros plan, s’imposait à moi. Le 10 septembre. Et j’entendis cette phrase : « À partir du 10 septembre, le vent va tourner… Dieu va sauver la France. »
Cette vision ne manqua pas de surprendre, mais elle s’avéra parfaitement exacte. Les généraux Joffre et Galliéni obligèrent la première armée allemande placée sous le commandement du général von Kluck à battre en retraite. Les troupes de Franchet d’Espérey en firent autant avec la IIe armée allemande. Enfin, et au prix de nombreuses pertes, le général Joffre parvint également à obliger la IIIe armée allemande à se retrancher au-delà des limites prévues.
Au début de l’année 1914, elle annonça au Prince Félix Youssoupoff, membre de la haute aristocratie russe, cousin par alliance du tsar Nicolas II, « qu’il assassinerait quelqu’un de ses mains et qu’il aurait l’impression de faire une bonne action. » Le 16 décembre 1916 à Moscou, Youssoupov tua de ses mains Raspoutine, le conseiller occulte de Nicolas II après l’avoir attiré dans les sous-sols de son hôtel particulier. Bien des années plus tard, Youssoupov, alors en exil à Paris, confirma la réalité de la prédiction.
Chiromancienne renommée, Madame Fraya a lu dans les mains de toutes les célébrités de la Belle Époque, de Sarah Bernhardt, à Jean Jaurès. Elle prédit à Marcel Proust une réussite éclatante à une époque où il en était réduit à publier ses manuscrits à compte d’auteur.
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(…) La veille de sa mort, un père jésuite vint la confesser. Elle lui confia qu’elle ne s’accusait que d’une chose : de lire l’avenir dans les mains. Le père jésuite lui répondit : « Ce n’est pas un péché. Dans les livres saints, il est écrit : que celui qui a le don de prophétie prophétise. »

La Vierge de la Marne
La bataille de la Marne, 5-8 septembre 1914
(Texte trouvé sur internet)
Après l’échec du plan Joffre en Lorraine, l’échec de la bataille des frontières, l’invasion et la retraite, l’armée française recule, mais quel facteur pourrait la sauver du désastre ?
La 1e Armée von Klück, chargée d’investir Paris, délaisse la ville pour participer à la curée des armées adverses. Le demi-tour des Français le 6 septembre, brusque, inattendu, frappe de stupeur les Allemands. Il faut se battre, or les homme sont sous-alimentés, épuisés, les pieds meurtris. Le trou entre les 1e et 2e Armées atteint 30 kilomètres, il faut ressouder les armées allemandes sur l’Aisne, le 9 l’ordre de repli général est donné. La vérité historique est simple, von Klück trop sûr de son armée a pris l’initiative de la poursuite de forces qu’il estimait en déroute.
Extraits de http://www.missionet.fr/y_sacre_coeur_suite.htm

Mais laissons Dominique D. être notre guide…
La Vierge de la Marne – (Portemont, le 16 octobre 2008)
Un silence d’une intensité égale à celle des bombardements sur Verdun lors de la Grande Guerre couvre un événement dont pourtant l’on aurait pensé qu’il susciterait, dès qu’avéré, mieux que de la curiosité, de la reconnaissance. Or ni curiosité ni reconnaissance : un oubli presque absolu, la dalle scellée d’un tombeau.
Quelle page de l’histoire voudrais-je ici revisiter ? Car il s’agit de notre histoire, même si elle passe par une intervention surnaturelle : il s’agit de la victoire remportée lors de la première bataille de la Marne en septembre 1914. Obstinément, on se refuse à reconnaître une intervention historique qui eut une importance décisive, sans pour autant dévaloriser l’efficacité de l’Armée française.
Quels furent les faits ? Ils se déroulent du 5 au 8 septembre. Comment les connaissons-nous ? Par des témoignages convergents qui émanent des deux côtés du front d’alors.
Il n’est pas question pour moi, en cette simple note, de faire le relevé de tous ces témoignages : simplement indiquer que quelque chose d’important a eu lieu qui a modifié d’une façon claire l’évolution de la bataille de ces jours-là et accentué la formation d’une brèche entre les Ie et IIe Armées allemandes ; elle est attribuée à l’Armée anglaise commandée par le général French et à une erreur stratégique de l’État major allemand, sans oublier l’action de commando d’une division de la cavalerie française sur la rive occupée de l’Ourcq, mais le sentiment général fut alors un immense étonnement si bien que l’on parlât même de miracle du côté français… La brèche en question menaçait de devenir béante : elle motiva donc le retrait allemand vers le Nord, soustrayant ainsi la capitale française à la menace directe que faisait peser sur elle la première de ces armées ennemies (1).
Je n’ai pas encore pu retrouver le numéro du Monde et la Vie de février 1965 où fut publiée une lettre intitulée : « Le miracle de la Marne, miracle de la Sainte Vierge ». Mais il m’est possible d’en citer certains passages :
« Je voudrais vous parler d’une rumeur qui parcourut le front et les tranchées en 1915 et 1916 relative à la bataille de la Marne. Cette rumeur faisait allusion à des apparitions de la Sainte Vierge au moment du 8 septembre qui aurait joué un rôle décisif dans ce retournement de la situation difficilement explicable, humainement parlant, à cause de l’état de délabrement moral et physique des combattants. Je peux en parler en connaissance de cause, ayant participé à la retraite depuis la Belgique jusqu’aux abords de Paris. Les comptes-rendus des journaux parus fin août et commencement de septembre derniers (2) faisaient allusion au « Miracle de la Marne », en se contentant d’exalter le sursaut des combattants de 1914 qui, le 8 septembre, avait refoulé l’envahisseur.
» Pour quelqu’un qui a pris part à ces événements, ce sursaut est impensable et aurait pu tout juste permettre un coup d’arrêt de 24 ou 48 heures.
» Le document que je joins à cette lettre et qui est entièrement tombé dans l’oubli, éclaire ces événements d’un jour nouveau et donne l’explication de ce mystère du retournement complet de la situation le 8 septembre 1914 (3).
» C’est une coupure du journal de l’époque, Le Courrier de la Manche, numéro du 8 janvier 1917, qui relate ce qu’auraient dit des Allemands faits prisonniers après les combats du 5 au 8 septembre 1914. » (…)
Voici un témoignage précis, de Madame Tripet-Nizery, veuve du Capitaine Tripet, mort au combat le 4 septembre 1916 : elle déclara qu’étant infirmière dans l’ambulance de l’École Polytechnique, de fin 1914 à juin 1916, elle y reçut un blessé qui avait participé à la bataille de la Marne du côté français ; il lui confia : « Quand nous avons eu l’ordre de repartir en avant, une femme en blanc, devant la tranchée, nous entraînait ».
Le Courrier, journal de Saint-Lô, publia le 8 janvier 1917 une lettre datée quant à elle du 3 janvier 1915.
« Un prêtre allemand, blessé et fait prisonnier à la bataille de la Marne, est mort dans une ambulance française où se trouvaient des religieuses. Il leur a dit : « Comme soldat, je devrais garder le silence ; comme prêtre, je crois devoir dire ce que j’ai vu. Pendant la bataille, nous étions surpris d’être refoulés car nous étions légion comparés aux Français, et nous comptions bien arriver à Paris.
» Mais nous vîmes la Sainte Vierge toute habillée de blanc, avec une ceinture bleue, inclinée vers Paris… Elle nous tournait le dos et, de la main droite, semblait nous repousser. »
Deux officiers allemands, prisonniers et blessés, témoignèrent comme l’avait fait le prêtre mort le 3 janvier 1915. Que dit l’un d’entre eux ? Ceci :
« Si j’étais sur le front, je serais fusillé, car défense a été faite de raconter, sous peine de mort ce que je vais vous dire : vous avez été étonnés de notre recul si subit quand nous sommes arrivés aux portes de Paris. Nous n’avons pas pu aller plus loin, une Vierge se tenait devant nous, les bras étendus, nous poussant chaque fois que nous avions l’ordre d’avancer. Pendant plusieurs jours nous ne savions pas si c’était une de vos saintes nationales, Geneviève ou Jeanne d’Arc. Après, nous avons compris que c’était la Sainte Vierge qui nous clouait sur place.
Le 8 septembre, Elle nous repoussa avec tant de force, que tous, comme un seul homme, nous nous sommes enfuis. Ce que je vous dis, vous l’entendrez sans doute redire plus tard, car nous sommes peut-être 100.000 hommes qui l’avons vue. » (5)
Des prêtres, des religieuses… Est-ce que l’on va se mettre à croire en des racontars de bigots quand on écrit l’histoire ? Voici pourtant un autre témoignage : il provient de deux officiers allemands blessés. Une bénévole infirmière les accompagne dans l’ambulance de la Croix Rouge française et jusqu’à la salle de l’hôpital où ils allaient être soignés. Entrés là, ils aperçoivent une statue de la Vierge de Lourdes et l’un d’eux s’écrit : « Die Frau von der Marne ! » (Oh ! La Vierge de la Marne !) . Son compagnon lui désigna l’infirmière afin qu’il se taise car elle les écoutait. Elle tenta, mais vainement, de les faire parler alors qu’elle leur prodiguait ses soins.
Ce récit en recoupe un autre, écrit par une religieuse qui soigne les blessés à Issy-les-Moulineaux.
Que rapporte-t-elle ? Ceci :
« C’était après la bataille de la Marne. Parmi les blessés soignés à l’ambulance d’Issy, se trouvait un Allemand très grièvement atteint et jugé perdu. Grâce aux soins qui lui furent prodigués, il vécut encore plus d’un mois. Il était catholique et témoignait de grands sentiments de foi. Les infirmiers étaient tous prêtres. Il reçut les secours de la religion et ne savait comment témoigner sa gratitude. Il disait souvent : « Je voudrais faire quelque chose pour vous remercier ». Enfin, le jour où il reçut l’extrême-onction, il dit aux infirmiers :
 » Vous m’avez soigné avec beaucoup de charité, je veux faire quelque chose pour vous en vous racontant ce qui n’est pas à notre avantage mais qui vous fera plaisir. Je payerai ainsi un peu ma dette. Si j’étais sur le front, je serais fusillé car défense a été faite d’en parler. » Il parla de cette visite de la Vierge qui épouvanta les soldats allemands et provoqua leur fuite.
Dans une autre ambulance fut noté un témoignage semblable : un soldat allemand se mourait. Il avait été frappé par le dévouement parfait de la religieuse française qui le soignait. Il lui dit donc :
« Ma sœur, c’est fini, bientôt je serai mort. Je voudrais vous remercier de m’avoir si bien soigné, moi un ennemi. Alors je vais vous dire une chose qui vous fera grand plaisir. En ce moment, nous avançons beaucoup en France mais, malgré tout, à la fin c’est votre pays qui gagnera.
Comment le savez-vous ?
À la bataille de la Marne, nous avons vu la Sainte Vierge nous repousser. Elle vous protège contre nous. Les officiers nous ont défendu, sous peine de mort, de parler de cette vision. Mais maintenant je suis fini. Quand je serai mort vous pourrez raconter la chose, pourvu que vous ne me nommiez pas » Il devait craindre des représailles contre sa famille.
« Pendant plusieurs jours, toute notre division a vu devant elle, dans le ciel, une Dame blanche avec une ceinture bleue flottant et un voile blanc. Elle nous tournait le dos et nous effrayait beaucoup. Le 5 septembre 1914, nous avons reçu l’ordre d’avancer et nous avons essayé de le faire (7) : mais la Dame a paru tellement éblouissante et nous repoussait de ses deux mains de façon si terrifiante que nous nous sommes tous enfuis. »
À Liège, juste après l’armistice, un soldat se confia à son hôtesse qui s’empressa de noter ses propos :
« Oh ! dès le commencement de la guerre je savais bien qu’à la fin nous serions battus. Je peux bien vous dire ça car je sais bien que vous ne le répèterez pas à nos officiers. » L’ancienne interdiction tenait donc toujours.
Il ajouta : « À la première bataille de la Marne, nous avions devant nous, dans le ciel, une Dame blanche qui nous tournait le dos et nous repoussait de ses deux mains. Malgré nous, nous étions pris de panique, nous ne pouvions plus avancer. Trois de nos divisions au moins ont vu cette apparition. C’était sûrement la Sainte Vierge !
À un moment, Elle nous a tellement épouvantés que nous nous sommes tous enfuis, les officiers comme les autres. Seulement, le lendemain ils ont défendu d’en parler sous peine de mort : si toute l’armée l’avait su, elle aurait été démoralisée. Pour nous, nous n’avions plus le cœur à nous battre puisque Dieu était contre nous. C’était sûr qu’on allait à la mort pour rien mais il fallait bien marcher quand même. Nous ne pouvions pas faire autrement. C’est dur la guerre ! »
Mais en France, que disait-on ? Le silence fut-il la seule réponse officielle ? Certes, l’Église de France fut attentive, du moins au début. Des évêques tels Mgr Gibier et Mgr Tissier, parmi d’autres, évoquèrent en chaire le « miracle de la Marne », mais avec réserve puisque l’interdiction de parler de l’événe-ment faite aux soldats allemands, sous peine du pire, empêchait toute enquête qui aurait permis d’établir un dossier précis. Leurs auditeurs cependant étaient enthousiastes et assurés de l’exac-titude des faits. Après, une fois l’horreur passée, sans doute a-t-on pensé à autre chose… Quant à l’État français, il se tut naturellement, de même l’Armée française, ce qui étonne, et les historiens qui ont étudié cette campagne, ce qui surprend.
Que faire aujourd’hui ? Il faut susciter les derniers témoignages encore possibles (8), faire des recherches dans les archives, établir promptement le dossier et dire aux Français comme aux Allemands ce qui s’est réellement passé ces jours-là. Ne serait-ce que pour remercier Celle qui s’est ainsi dévouée en notre faveur : juste assez pour empêcher l’écroulement de la France sans que soit atteinte la liberté des hommes.

(1) – Il est vrai que le général Foch, une fois ses ordres donnés, s’était retiré sous sa tente pour s’y mettre en prière…
(2) – Donc en 1964.
(3) – Le 8 septembre est fêté la Nativité de la Vierge Marie.
(4) – Lire à ce sujet mes deux ouvrages : Le Linceul du ressuscité aux éditions du Sarment (Paris 2004) et Le Linceul en question ?, aux éditions Andas (Troyes 2007).
(5) – Extraits du Courrier de la Manche, du dimanche 14 janvier 1917 à propos du retournement incompréhensible de la bataille de la Marne (5-8 septembre 1914).
(7) – Il s’agit de la bataille de l’Ourcq, qui dura du 5 au 8 septembre.
(8) – Hélas, il ne reste plus que quatre ou cinq survivants, qui n’ont sans doute pas connu la première bataille de la Marne.

BENOÎT XVI: NOUS ATTENDONS LE SEIGNEUR AFIN QU’IL INSTAURE LA JUSTICE DANS CE MONDE (2007) (Noël est proche)

10 décembre, 2014

http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/audiences/2007/documents/hf_ben-xvi_aud_20071219_fr.html

BENOÎT XVI

AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercredi 19 décembre 2007

NOUS ATTENDONS LE SEIGNEUR AFIN QU’IL INSTAURE LA JUSTICE DANS CE MONDE

Chers frères et sœurs!

Au cours de ces journées, alors que nous nous approchons de la grande fête de Noël, la liturgie nous pousse à intensifier notre préparation, en mettant à notre disposition de nombreux textes bibliques de l’Ancien et du Nouveau Testament, qui nous incitent à bien cerner le sens et la valeur de cette fête annuelle. Si, d’une part, Noël nous fait commémorer le prodige incroyable de la naissance du Fils unique de Dieu de la Vierge Marie dans la grotte de Bethléem, de l’autre, il nous exhorte également à attendre, en veillant et en priant, notre Rédempteur lui-même, qui au dernier jour « viendra juger les vivants et les morts ». Peut être qu’aujourd’hui, nous aussi en tant que croyants, nous attendons réellement le Juge; nous attendent cependant tous la justice. Nous voyons tant d’injustice dans le monde, dans notre petit monde, chez nous, dans notre quartier, mais également dans le grand monde des Etats, des sociétés. Et nous attendons que justice soit faite. La justice est un concept abstrait: on fait justice. Nous attendons que vienne concrètement celui qui peut faire la justice. Et nous prions en ce sens: Viens, Seigneur, Jésus Christ comme Juge, viens selon ta manière. Le Seigneur sait comment entrer dans le monde et instaurer la justice. Nous prions afin que le Seigneur, le Juge, nous réponde, qu’il instaure réellement la justice dans le monde. Nous attendons la justice, mais cela ne peut pas être seulement l’expression d’une certaine exigence à l’égard des autres. Attendre la justice au sens chrétien indique surtout que nous commençons nous-mêmes à vivre sous le regard du Juge, selon les critères du Juge; que nous commençons à vivre en sa présence, en réalisant la justice dans notre vie. Ainsi, en réalisant la justice, en nous mettant en présence du Juge, nous attendons la justice dans la réalité. Tel est le sens de l’Avent, de la vigilance. La vigilance de l’Avent signifie vivre sous le regard du Juge et nous préparer ainsi nous-mêmes et le monde à la justice. De cette façon, en vivant sous le regard du Dieu-Juge, nous pouvons ouvrir le monde à la venue de son Fils, préparant notre cœur à accueillir « le Seigneur qui vient ». L’Enfant, que les pasteurs adorèrent dans la grotte de Bethléem il y a environ deux mille ans, ne se lasse jamais de nous rendre visite dans la vie quotidienne, alors que nous marchons en pèlerinage vers le Royaume. Dans son attente, le croyant se fait alors l’interprète des espérances de l’humanité tout entière; l’humanité aspire à la justice et ainsi, bien que parfois de manière inconsciente, elle attend Dieu, elle attend le salut que Dieu seul peut nous donner. Pour nous chrétiens cette attente est marquée par la prière assidue, comme cela apparaît dans la série particulièrement suggestive d’invocations qui nous sont proposées, au cours de ces jours de la Neuvaine de Noël, que ce soit dans la Messe, dans le chant de l’Evangile, ou dans la célébration des Vêpres avant le cantique du Magnificat.
Chacune des invocations, qui implorent la venue de la sagesse, du Soleil de justice, du Dieu-avec-nous, contient une prière adressée à l’Attendu des nations, afin qu’il hâte sa venue. Invoquer le don de la naissance du Sauveur promis, signifie cependant également s’engager à en préparer la voie, à lui préparer une demeure digne non seulement là où nous vivons, mais surtout dans notre âme. En nous laissant guider par l’évangéliste Jean, cherchons donc au cours de ces journées à tourner notre esprit et notre cœur vers le Verbe éternel, vers le logos, la Parole qui s’est faite chair et de la plénitude duquel nous avons reçu grâce après grâce (cf. 1, 14.16). Cette foi dans le Logos Créateur, dans la Parole qui a créé le monde, en Celui qui est venu comme un Enfant, cette foi et sa grande espérance apparaissent aujourd’hui malheureusement éloignées de la réalité de la vie vécue chaque jour, publique ou privée. Cette vérité apparaît trop grande. Nous nous arrangeons nous-mêmes selon les possibilités que nous trouvons, c’est tout au moins ce qu’il semble. Mais de cette façon, le monde devient toujours plus chaotique et aussi violent: nous le voyons chaque jour. Et la lumière de Dieu, la lumière de la Vérité, s’éteint. La vie devient obscure et sans boussole.
Comme il est alors important que nous soyons réellement chrétiens et qu’en chrétiens nous réaffirmions avec force, à travers notre vie, le mystère du salut que contient la célébration du Noël du Christ! A Bethléem s’est manifestée au monde la Lumière qui illumine notre vie, la voie qui nous conduit à la plénitude de notre humanité nous a été révélée. Si l’on ne reconnaît pas que Dieu s’est fait homme, quel sens cela a-t-il de fêter Noël? La célébration devient vide. En tant que chrétiens nous devons tout d’abord réaffirmer avec une conviction profonde et sincère la vérité du Noël du Christ, pour témoigner face à tous de la conscience d’un don inouï, qui est une richesse non seulement pour nous, mais pour tous. C’est de là que naît le devoir de l’évangélisation qui est précisément la communication de cet « eu-angelion », de cette « bonne nouvelle ». C’est ce qui a récemment été rappelé par le document de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, intitulé Note doctrinale sur quelques aspects de l’Évangélisation, que je désire soumettre à votre réflexion et à votre approfondissement personnel et communautaire.
Chers amis, dans cette préparation désormais actuelle de Noël, la prière de l’Eglise devient plus intense, afin que se réalisent les espérances de paix et de salut dont aujourd’hui encore le monde a un besoin urgent. Nous demandons à Dieu que la violence soit vaincue par la force de l’amour, que les oppositions cèdent le pas à la réconciliation, que la volonté de domination se transforme en désir de pardon, de justice et de paix. Que les vœux de bonté et d’amour que nous nous échangerons au cours de ces journées touchent tous les domaines de notre vie quotidienne. Que la paix soit dans nos cœurs, afin qu’ils s’ouvrent à l’action de la grâce de Dieu. Que la paix demeure dans les familles et que celles-ci puissent passer Noël unies devant la crèche et l’arbre décoré de lumières. Que le message de solidarité et d’accueil qui provient de Noël, contribue à créer une sensibilité plus profonde à l’égard des anciennes et des nouvelles formes de pauvreté, envers le bien commun, auquel tous sont appelés à participer. Que tous les membres de la communauté familiale, en particulier les enfants, les personnes âgées, les personnes les plus faibles, puissent sentir la chaleur de cette fête et qu’elle demeure ensuite tous les jours de l’année.
Que Noël soit pour tous la fête de la paix et de la joie: la joie pour la naissance du Sauveur, Prince de la paix. Comme les pasteurs, hâtons dès à présent notre pas vers Bethléem. Au cœur de la Nuite Sainte, nous pourrons alors nous aussi contempler le « nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire », avec Marie et Joseph (Lc 2, 12.16). Demandons au Seigneur d’ouvrir notre âme, afin de pouvoir entrer dans le mystère de son Noël. Que Marie, qui a donné son sein virginal au Verbe de Dieu, qui l’a contemplé enfant entre ses bras maternels, et qui continue à l’offrir à tous comme Rédempteur du monde, nous aide à faire du prochain Noël une occasion de croissance dans la connaissance et dans l’amour du Christ. C’est le souhait que je formule avec affection pour vous, ici présents, pour vos familles et pour toutes les personnes qui vous sont chères.

Bon Noël à tous!

MÉDITATION POUR LE TEMPS DE NOËL

3 décembre, 2014

http://wordpress.catholicapedia.net/joyeuses-et-saintes-fetes-de-noel-et-meditation-pour-le-temps-de-noel-3/

MÉDITATION POUR LE TEMPS DE NOËL

« Il est venu chez lui, mais les siens ne l’ont pas reçu. »
(Jn 1,11)

par Abbé Paul Schoonbroodt, Steffeshausen, Belgique

L’Incarnation
Dans le prologue de l’évangile selon St. Jean se trouve exprimé l’essentiel du mystère de Noël par les paroles : « Et le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous« . L’annonce de la Nativité de Notre-Seigneur s’imbrique, comme un brillant, dans le centre d’un grand tableau dont les lignes partent de l’éternité. Le Verbe éternel, le Fils du Père, est Dieu, et par lui tout a été fait. Il est la vraie Lumière qui illumine tout homme venant en ce monde. Par sa foi en lui, l’homme peut devenir enfant de Dieu. Par l’Incarnation du Fils de Dieu l’homme déchu reçoit la possibilité d’obtenir l’enfance divine.
Quel bien excellent ! Quelle perspective d’espérance ! Quel merveilleux échange ! Dieu se fait homme, pour que nous puissions devenir enfants de Dieu ! Celui qui connaît Dieu d’une part et d’autre part le malheur du genre humain par la chute d’Adam et Ève, orientera sa vie d’après la bonne nouvelle et il fera tout pour participer à ses biens.
Paix sur la terre aux hommes de bonne volonté
Les textes sacrés rappellent comme condition la bonne volonté des hommes. Le début du Gloria « et in terra pax hominibus bonae voluntatis » est clair à ce sujet. La traduction moderne : « paix aux hommes qu’il aime » est en contradiction avec la doctrine traditionnelle de l’Église, car l’homme est invité à répondre à la grâce, sinon il s’exclut lui-même. Cette vérité a été mise à l’ombre par la nouvelle théorie du salut universel qui se répercute dans le « pour tous » des paroles de la consécration dans la plupart des langues modernes. Bien sûr, les hommes sont tous l’objet de la bienveillance et de l’amour divins, mais ils ne sont pas tous de bonne volonté parce qu’il y en a beaucoup qui ne croient pas en lui et nombreux sont ceux qui vivent comme si Dieu n’existait pas. Nombreux sont également ceux qui, tout en croyant en lui, transgressent avec légèreté ses commandements. « Les hommes ont péché contre le Seigneur. » (Sophonie, 1, 17) ; « contre vous seul j’ai péché » (Ps. 50,6).
Ainsi ils se retranchent eux-mêmes de l’enfance divine et ils ne sont pas disposés à recevoir la paix de Bethléem.
L’enfance divine est la vie surnaturelle qui n’est pas due à la nature humaine. Il n’est pas possible à l’homme de l’obtenir par des initiatives personnelles comme en une auto-rédemption. Non, elle est un don de Dieu, qui par le baptême opère une renaissance spirituelle. St Jean écrit du reste : « En Lui était la Vie et la Vie était la Lumière des hommes« . (Jn 1,4). Comme dans la nature, la vie et la lumière sont associées, elles le sont d’une manière plus excellente encore dans la vie surnaturelle. La lumière est alors synonyme de vérité, et la vie synonyme de la grâce. « Et nous avons vu sa gloire, comme la gloire qu’un Fils unique reçoit de son Père, plein de grâce et de vérité » (Jn 1,14).
La vocation de l’homme : l’adoration du Fils de Dieu fait homme
Comment la lumière surnaturelle agit-elle sur les ténèbres ? Les ténèbres disparaissent-elles devant la lumière comme jadis lors de l’apparition des anges dans les cieux de Bethléem ? Hélas, non. Nous constatons avec l’évangéliste que l’esprit des hommes, obscurci par les ténèbres de l’erreur, n’ont pas saisi la lumière du Verbe. En fait, nous nous trouvons devant une réalité tragique : « Celui-là était la vraie Lumière qui illumine tout homme venant en ce monde. Il était dans le monde, et le monde a été fait par lui, et le monde ne l’a pas connu. » L’univers fait par Dieu est conservé selon des lois précises après l’acte de la création, offre constamment à Dieu un hommage inconscient. Les hommes comme des êtres spirituels, relaient consciemment cette louange pour l’offrir au Créateur. Dans les psaumes le chantre inspiré invite la nature à louer le Seigneur : « Que les cieux se réjouissent, et que la terre tressaille d’allégresse : que la mer s’agite avec ce qu’elle renferme. Les champs seront dans la joie avec tout ce qu’elles contiennent. Alors tous les arbres des forêts tressailliront en présence du Seigneur, car il vient ; il vient pour juger la terre » (Ps. 95, 12-13). « Montagnes et collines, bénissez le Seigneur ; plantes qui germez sur la terre, bénissez toutes le Seigneur. » (Daniel, Cantique des trois enfants dans la fournaise ardente).
De plus, l’homme comme être spirituel est tenu de rendre personnellement hommage et adoration au Seigneur. D’ailleurs, celui qui adore l’Enfant Jésus comme l’ont fait Marie et Joseph, les bergers et les Mages de l’Orient, remplit parfaitement ce devoir.
Jésus est refusé par ses contemporains
Néanmoins beaucoup d’hommes méconnaissent leur état de créatures et que Dieu est leur Seigneur, qu’ils appartiennent à Dieu, qu’il est leur Maître. C’est ce qui est exprimé fortement dans une prophétie d’Isaïe où il est dit : « Cieux, écoutez, et toi, terre, prête l’oreille, – car le Seigneur a parlé : – J’ai nourri des fils et les ai fait grandir ; mais eux m’ont méprisé. Le bœuf connaît son possesseur, l’âne, l’étable de son maître ; mais Israël ne m’a pas connu et mon peuple n’a pas compris.« (Isaïe 1, 2-3).
Le peuple élu n’a pas tenu compte des exhortations graves des prophètes. A l’exception des justes, les juifs ont refusé le Messie. Le Verbe incarné « est venu chez lui, et les siens ne l’ont pas reçu. » Cela faisait des siècles que le peuple attendait le Messie que l’espoir en sa venue faisait l’objet de ses prières ; les prophètes ne cessèrent d’entretenir en eux cette espérance. Voilà que les 70 semaines d’années s’écoulaient, le moment de la réalisation était venu. Déjà il habitait parmi eux, mais la plupart ne le connurent pas, ils le refusèrent. Quand on pense que les habitants de Bethléem chez qui Joseph et Marie frappaient à la porte, auraient eu, avec un peu de commisération et de générosité hospitalière, la chance insigne que Jésus naisse dans leur maison. Sans doute, à cause de la méfiance à l’égard de ces pauvres étrangers et la perspective d’embarras dans le cas d’un accouchement, ils refusèrent le couple saint et en même temps le Rédempteur du genre humain.
Quelles terribles conséquences le refus par Hérode n’eut-il pas, lorsqu’il ordonna le meurtre des jeunes victimes à Bethléem ! Marie et Joseph, dans les tribulations de la fuite en Égypte devaient être épouvantés lorsqu’on leur rapportait le crime du roi Hérode. Ils se souvinrent de la prophétie du vieillard Siméon : « Celui-ci est posé pour la ruine et la résurrection de beaucoup en Israël…« , car elle s’appliquait aussi aux autorités de Jérusalem.
Le refus du Christ dans le courant de l’histoire
Dans le courant de l’histoire certains peuples ont refusé le Christ, voire ils l’ont persécuté dans ses membres, en réalisation du psaume 2 qui se demande : « Pourquoi les nations ont-elles frémi, et les peuples ont-ils formé de vains desseins ? Les rois de la terre se sont levés, et les princes se sont assemblés contre le Seigneur et contre son Christ. » Pensons à la persécution des chrétiens sous les empereurs romains, Pensons aux offensives de l’Islam, à la diffusion des hérésies protestantes dans des pays qui avaient donné des missionnaires et des saints à l’Église. Citons encore la Révolution française avec ses crimes contre le clergé, les nobles, le roi et qui fit d’un royaume catholique une nation laïque. Citons encore la persécution des chrétiens par le communisme athée en Chine et en Russie. En toutes ces époques de l’histoire de l’humanité il y eut des membres du Christ qui ont témoigné pour la vérité par l’effusion de leur sang et l’ont emporté sur les ennemis du Christ par la vertu de son précieux Sang. « Ils ont paru mourir aux yeux des insensés, mais ils sont en paix. » (Sagesse 3,3).
Refus du Christ par les individus
Le refus du Christ par les peuples et les états se répète dans la vie des individus. Les uns sont assis à l’ombre des ténèbres et de la mort, parce qu’ils n’ont jamais entendu parler des vérités du christianisme ; d’autres en ont entendu parler, mais ils ne se convertissent pas ; d’autres ont cru et se firent baptiser. Ensuite les vicissitudes de la vie les ont détournés de la foi et ils vivent comme des païens. D’autres, ayant connu une période de ferveur, tombèrent dans la tiédeur et finalement se séparèrent de Jésus et de son Église. Suite aux réformes du concile Vatican II un grand nombre de catholiques cessèrent de pratiquer la religion. Il y en a qui ont rejoint qui les groupes charismatiques qui des sectes. Nombre de ces défections sont à mettre au compte de l’église conciliaire. Ce sont des conséquences de ce qu’elle n’enseigne plus le catéchisme et trompe les fidèles par ses hérésies. Comptons également le grand nombre de péchés personnels commis par ceux qui sont toujours dans l’Église mais ils font obstacle à la grâce. Tant qu’ils ne font pas pénitence, le Sauveur ne peut les visiter et ce n’est pas encore Noël pour eux.
Que notre cœur se dispose à devenir une crèche pour notre Sauveur
Mes chers Lecteurs, Beaucoup parmi vous n’ont pas la possibilité de participer à la messe de minuit dans une chapelle ou une église où l’on célèbre la vraie messe. Vous partagez quelque part la pauvreté de ceux qui sont abandonnés spirituellement. Qu’à cela ne tienne ! Unissez-vous d’intention à la messe dans notre église. Je penserai à vous au Memento des vivants et je recommanderai vos intentions à la consécration, la bénédiction finale sera également pour vous. Vous faites partie de ceux qui ont reçu le Christ, mais à cause de circonstances indépendantes de votre volonté, vous êtes privés de la rencontre avec lui dans le saint Sacrement. En échange, vous pourrez bénéficier d’autres grâces. Faites comme les saints qui avaient une dévotion particulière envers l’Enfant Jésus : St Antoine de Padoue, St Philippe de Néri, St Stanislas Kostka, Ste Thérèse de l’Enfant Jésus. Suivez St Ignace de Loyola dans ses contemplations du mystère de Noël. Prenez comme composition de lieu la crèche dans la grotte : voyez le sourire du divin Enfant, le bonheur de sa sainte Mère, le respect de St Joseph, la simplicité des bergers. Demandez à St Joseph d’être admis à cette sainte communauté. La sainte Vierge vous donnera-t-elle l’Enfant Jésus dans vos bras ? Nombreuses sont les grâces que vous pourrez retirer d’une telle contemplation.
Cela fait longtemps que le culte de l’Enfance du Christ fait partie de la spiritualité du Carmel. L’Enfant Jésus est apparu plusieurs fois à la vénérable Sœur Marguerite du Très Saint Sacrement. Sa profession eut lieu au Carmel de Beaune le 15/6/1634. C’est de Beaune que ce culte se répandit rapidement. La statue de l’Enfant Jésus, portant sceptre et couronne, ressemble assez bien à l’Enfant Jésus de Prague. Ses contemporains consultèrent Sr Marguerite à cause de ses expériences mystiques. C’est ainsi qu’elle répondit à un religieux : « Demeurez une fois pour toutes sous la direction de l’Enfant Jésus et cessez de penser à vous ; occupez-vous plutôt de lui et laissez-vous envahir par son amour, car vous perdez trop de temps, si vous continuez de penser à vous et à vos défauts… » Une autre personne reçut comme réponse : « Tout est doux quand on va à la rencontre du petit Jésus. Je suis à même de souffrir avec patience, chose dont je serais incapable sans son amour » !
Les répons des Matines de Noël nous aident aussi à trouver le ton juste pour nos prières : « Aujourd’hui, pour nous, le Roi des cieux a daigné naître de la Vierge pour rappeler aux célestes royaumes l’homme perdu : Elle se réjouit, l’armée des Anges, de ce que le salut éternel est apparu au genre humain. – Ô grand mystère et admirable signe : des animaux ont vu le Seigneur nouveau-né, couché dans une crèche : Bienheureuse la Vierge dont le sein a mérité de porter le Christ Seigneur.«
Que vos prières de la messe, du rosaire, des chants traditionnels se remplissent d’un nouvel amour de l’Enfant Jésus. Et, si vous faites une communion spirituelle, que votre cœur soit comme une crèche pour lui. La grâce du baptême y trouvera un accroissement. Et, puisque vous aurez accueilli le Sauveur, vous êtes de ceux à qui il a donné pouvoir d’être faits enfants de Dieu.

Sainte fête de Noël ! Recevez ma bénédiction.

Abbé Paul Schoonbroodt, Steffeshausen, Belgique

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