Archive pour la catégorie 'FÊTE DE LA CROIX GLORIEUSE'

EXALTATION DE LA SAINTE CROIX , ANNÉE A

14 septembre, 2020

https://www.monasterodibose.it/preghiera/vangelo/8618-la-croce-gloriosa

EXALTATION DE LA SAINTE CROIX , ANNÉE A

fr

(traduction Google de l’italien)

14 septembre 2014

Commentaire sur l’Évangile par
ENZO BIANCHI

Jean 3: 13-17
Quand nous chrétiens pensons à la croix, nous y voyons surtout un bois qui est un instrument d’exécution capitale, une torture qui raconte la torture, la souffrance, la mort. Ceci, en fait, est la croix de l’histoire humaine, la croix que Cicéron et Tacite qualifient de «torture cruelle», la croix dont parle la Torah comme un lieu de mort réservé à ceux qui sont considérés comme nuisibles à la société humaine, donc un maudit par Dieu et par les hommes (« Maudit soit celui qui est suspendu au bois »: Ga 3, 13; cf. Dt 21, 23). Eh bien, nous devons admettre que dans l’histoire, beaucoup ont été crucifiés, tués avec une violence sans précédent et toujours nouvelle, car ils sont jugés dangereux pour la société par le pouvoir religieux et politique, qui dans ces cas vont facilement de pair. Pensez à la crucifixion infligée aux esclaves de l’antiquité,
C’est précisément pour cette raison que nous ne comprenons pas toujours la croix du Christ dans sa vérité: ce n’est pas en fait la croix qui a rendu gloire à Jésus, mais c’est Jésus qui a également vécu la croix pour faire de cet instrument mortel un signe et un emblème d’une vie offerte, dépensé, perdu par amour, un amour vécu «à l’extrême» ( eis télos: Jn 13, 1) envers les hommes, même ses bourreaux. Afin de faire comprendre aux chrétiens cette vérité et de ne pas enfermer la croix dans une vision douloureuse, l’Église a ressenti le besoin de la célébrer même un autre jour que le Vendredi saint, afin de dire la gloire qui, grâce à elle, Jésus a montré: la gloire de l’amour. C’est ainsi qu’au IVe siècle à Jérusalem est née cette fête que les Églises catholique et orthodoxe célèbrent encore aujourd’hui le 14 septembre: fête qui, étant solennelle, prévaut sur le 24e dimanche ordinaire de cette année.
La croix glorieuse, la croix dans la gloire: ce n’est pas un instrument de mort qui peut être glorieux, mais ce qui est devenu un symbole, ce que Jésus a vécu sur la croix doit être vu et ressenti comme glorieux. « Gloire » ( kabod) est un terme qui dans l’Ancien Testament indique le poids, donc la gloire de Dieu est son poids dans l’histoire, c’est la trace de son action, de son Royaume. Jésus, qui a accepté cette torture de l’empire totalitaire romain à l’instigation du pouvoir religieux juif, l’a fait en montrant toute sa gloire: le poids de gloire de son amour a vécu à l’extrême. Sur la croix, bien sûr, Jésus apparaît humainement comme un paria, un réprouvé, un condamné souffrant et impuissant, mais en vérité il montre la gloire, le poids que Dieu a dans sa vie. Que Dieu le Père qui semblait l’avoir abandonné, en réalité, étant obéi dans sa volonté d’amour par Jésus, montre toute sa gloire dans la vie du Fils. L’horrible croix devient ainsi un signe lumineux; être hissé haut sur un poteau raconte le règne de Jésus, exalté par Dieu (cf. aussi Jn 8, 28; 12,32-33); la couronne d’épines sur la tête de Jésus révèle sa qualité de Roi qui sert cette humanité qui le rejette; ses blessures aux mains, aux pieds et au côté montrent comment Jésus a accepté la violence, sans vengeance ni vengeance, interrompant ainsi la chaîne de la haine, de l’inimitié, de la violence (cf. Is 53, 5-6.12).
Pour cette raison, le quatrième évangile, «l’autre» évangile, qui a une perspective différente des synoptiques, lit la passion de Jésus comme un événement de gloire, lit la crucifixion comme l’intronisation du Messie, lit les blasphèmes de ceux qui sont présents comme des titres qui reconnaissent le vrai identité de Jésus: il est «le roi des juifs» (Jn 19, 19), nom qui s’écrit et se proclame en hébreu, grec et latin, les trois langues de l’ oikouméne , qui affirment donc «son vrai nom qui est au-dessus de tout nom »(cf. Ph 2,9).
Non seulement dans les évangiles synoptiques (cf. Mc 8,31 et par.; 9,31 et par.; 10,33-34 et par.), Mais aussi dans le quatrième évangile la croix a été prophétisée par Jésus comme une  » nécessité«Dans ce monde injuste, où l’homme juste finit par être rejeté, condamné et tué. Il avait en effet dit à Nicodème que, tout comme Moïse avait élevé un signe de salut pour Israël dans le désert (cf. Nb 21: 4-9), le Fils de l’homme serait élevé, de sorte que quiconque le regarderait avec foi et l’invocation pourrait trouver la vie. Et n’avait-il pas dit aussi: «Quand je serai élevé de terre, j’attirerai tout le monde à moi» (Jn 12, 32)? Voici qui il est qui attire: un homme qui se manifeste non pas comme un surhomme, en puissance et triomphe du monde, mais un homme défiguré et frappé par les injustes (cf. Is 53,2-3) simplement parce qu’il est le seul juste capable donner sa vie pour les autres.
La croix glorieuse de Jésus est le signe de la façon dont Dieu nous a aimés: son Fils est étendu sur un bois à bras ouverts, il est un serviteur, c’est celui qui a offert sa vie et qui veut embrasser tout le monde. Alors prions avec foi:

Ô croix, le
Christ a triomphé de vous
et sa mort a détruit la mort.
Vous êtes l’étendard du roi qui vient
et vient rapidement dans sa gloire!

 

14 septembre 1998 – Fête de la  » Croix glorieuse  » – Basilique d’ARS

14 septembre, 2018

http://www.vatican.va/roman_curia/congregations/cclergy/documents/rc_con_cclergy_doc_14091998_ars_fr.html

Sainte fête de l'Exaltation de la Sainte Croix

Homélie en la Basilique d’ARS

Avec les séminaristes de la « Société S. Jean-Marie Vianney »

14 septembre 1998 – Fête de la  » Croix glorieuse « 

Mes biens chers frères,

 » Ce monde, tel qu’il est aujourd’hui, ce monde confié à l’amour et au ministère des pasteurs de l’Eglise, Dieu l’a tant aimé qu’il a donné pour lui son Fils unique  » (cf. Jn 3,16). Tels sont pratiquement les derniers mots du Concile Vatican II, dans son décret sur les prêtres (PO 22).
Le mystère de la Croix glorieuse nous invite à toujours revenir à cette réalité : Dieu a aimé le monde, jusqu’au sacrifice de son Fils. Dans son encyclique sur la miséricorde (n. 7), le Saint-Père soulignait :  » Dans la passion et la mort du Christ – dans le fait que le Père n’a pas épargné son Fils, mais « l’a fait péché pour nous », s’exprime la justice absolue, car le Christ subit la passion et la croix à cause des péchés de l’humanité. Il y a vraiment là une « surabondance » de justice, puisque les péchés de l’homme se trouvent « compensés » par le sacrifice de l’Homme-Dieu. Toutefois cette justice divine révélée dans la croix du Christ est « à la mesure » de Dieu, parce qu’elle naît de l’amour et s’accomplit dans l’amour, en portant des fruits de salut « . Croire dans le Fils crucifié signifie donc  » croire que l’amour est présent dans le monde, et que cet amour est plus puissant que les maux de toutes sortes dans lesquels l’homme, l’humanité et le monde sont plongés. Croire en un tel amour signifie croire dans la miséricorde.
Or de ce sacrifice du Christ, les prêtres sont dépositaires. Ils ont en eux la source vive qui peut porter la miséricorde au monde. À chaque Messe, ils rendent présent le monde d’aujourd’hui à cet unique sacrifice, ce signe si déconcertant de la tendresse de Dieu qui nous redit que Dieu veut faire miséricorde au monde. Et plus que cela : qui réalise cette victoire de la miséricorde, et qui rend possible, dans le cœur de tous les fidèles, un nouvel engagement en faveur de ce monde, en communion avec le Christ.
Nous nous trouvons devant la chasse du Saint Curé d’Ars. Son langage était différent de celui du Concile, mais la réalité dont il vivait était la même :  » Toutes les bonnes œuvres réunies n’équivalent pas au sacrifice de la messe, parce qu’elles sont les œuvres des hommes, et la sainte messe est l’œuvre de Dieu. Le martyre n’est rien à comparaison : c’est le sacrifice que l’homme fait à Dieu de sa vie : la messe est le sacrifice que Dieu fait pour l’homme de son corps et de son sang  » (Monnin I, 342). L’Eglise a traduit cela en rappelant, dans le décret Presbyterorum Ordinis, que la Messe est la  » cause finale  » des trois dimensions du sacerdoce. En rappelant également que ces dimensions sont inséparables : je ne peux prêcher, et je ne peux étendre la miséricorde, dans les oeuvres sociales, que si je l’ai d’abord expérimentée à la Messe. Nous avons un autre témoignage de Jean-Marie Vianney sur cette unité du ministère : il nous disait  » Je ne me repose que deux fois par jour : à l’autel et en chaire « .
Demandons au saint Curé qu’il nous fasse part de sa propre ferveur ; demandons-le pour nous, et pour tout le clergé du monde dont il est devenu le protecteur, puisqu’il avertissait déjà :  » La cause du relâchement du prêtre, c’est qu’on ne fait pas attention à la messe « . Puissions-nous nous engager à la célébrer quotidiennement, quand bien même il ne serait pas possible de le faire en présence de peuple (cf. Directoire pour le ministère et la vie des prêtres). C’est au contact de cette miséricorde que nous trouverons un autre élément indispensable pour travailler au service de ce monde à la manière que nous a recommandée le Concile : la foi du semeur, qui ne cherche pas à mesurer les résultats de son ministère parce qu’il sait que le Christ a vaincu le monde et  » qu’il peut tout faire, et bien au-delà de nos demandes et de nos pensées  » (Eph 20 ; cf. PO 22).

 

MESSE DE LA FÊTE DE L’EXALTATION DE LA SAINTE CROIX – HOMÉLIE DU PAPE BENOÎT XVI

15 septembre, 2016

https://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/homilies/2008/documents/hf_ben-xvi_hom_20080914_lourdes-apparizioni.html

VOYAGE APOSTOLIQUE EN FRANCE À L’OCCASION DU 150e ANNIVERSAIRE DES APPARITIONS DE LOURDES (12 – 15 SEPTEMBRE 2008)

MESSE DE LA FÊTE DE L’EXALTATION DE LA SAINTE CROIX – HOMÉLIE DU PAPE BENOÎT XVI

Prairie, Lourdes

Dimanche 14 septembre 2008

Messieurs les Cardinaux, Cher Monseigneur Perrier, Chers Frères dans l’Épiscopat et le Sacerdoce, Chers pèlerins, frères et sœurs,

« Allez dire aux prêtres qu’on vienne ici en procession et qu’on y bâtisse une chapelle ». C’est le message qu’en ces lieux Bernadette a reçu de la « belle Dame » qui lui apparut le 2 mars 1858. Depuis 150 ans, les pèlerins n’ont jamais cessé de venir à la grotte de Massabielle pour entendre le message de conversion et d’espérance qui leur est adressé. Et nous aussi, nous voici ce matin aux pieds de Marie, la Vierge Immaculée, pour nous mettre à son école avec la petite Bernadette. Je remercie particulièrement Mgr Jacques Perrier, Évêque de Tarbes et Lourdes, pour l’accueil chaleureux qu’il m’a réservé et pour les paroles aimables qu’il m’a adressées. Je salue les Cardinaux, les Évêques, les prêtres, les diacres, les religieux et les religieuses, ainsi que vous tous, chers pèlerins de Lourdes, en particulier les malades. Vous êtes venus en grand nombre accomplir ce pèlerinage jubilaire avec moi et confier vos familles, vos proches et vos amis, et toutes vos intentions à Notre Dame. Ma gratitude va aussi aux Autorités civiles et militaires qui ont voulu être présentes à cette célébration eucharistique.        « Quelle grande chose que de posséder la Croix ! Celui qui la possède, possède un trésor » (Saint André de Crète, Homélie X pour l’Exaltation de la Croix, PG 97, 1020). En ce jour où la liturgie de l’Église célèbre la fête de l’Exaltation de la sainte Croix, l’Évangile nous rappelle la signification de ce grand mystère : Dieu a tant aimé le monde qu’Il a donné son Fils unique, pour que les hommes soient sauvés (cf. Jn 3, 16). Le Fils de Dieu s’est fait vulnérable, prenant la condition de serviteur, obéissant jusqu’à la mort et la mort sur une croix (cf. Ph 2, 8). C’est par sa Croix que nous sommes sauvés. L’instrument de supplice qui manifesta, le Vendredi-Saint, le jugement de Dieu sur le monde, est devenu source de vie, de pardon, de miséricorde, signe de réconciliation et de paix. « Pour être guéris du péché, regardons le Christ crucifié ! » disait saint Augustin (Traités sur St Jean, XII, 11). En levant les yeux vers le Crucifié, nous adorons Celui qui est venu enlever le péché du monde et nous donner la vie éternelle. Et l’Église nous invite à élever avec fierté cette Croix glorieuse pour que le monde puisse voir jusqu’où est allé l’amour du Crucifié pour les hommes, pour tous les hommes. Elle nous invite à rendre grâce à Dieu parce que d’un arbre qui apportait la mort, a surgi à nouveau la vie. C’est sur ce bois que Jésus nous révèle sa souveraine majesté, nous révèle qu’Il est exalté dans la gloire. Oui, « Venez, adorons-le ! ». Au milieu de nous se trouve Celui qui nous a aimés jusqu’à donner sa vie pour nous, Celui qui invite tout être humain à s’approcher de lui avec confiance. C’est ce grand mystère que Marie nous confie aussi ce matin en nous invitant à nous tourner vers son Fils. En effet, il est significatif que, lors de la première apparition à Bernadette, c’est par le signe de la Croix que Marie débute sa rencontre. Plus qu’un simple signe, c’est une initiation aux mystères de la foi que Bernadette reçoit de Marie. Le signe de la Croix est en quelque sorte la synthèse de notre foi, car il nous dit combien Dieu nous a aimés ; il nous dit que, dans le monde, il y a un amour plus fort que la mort, plus fort que nos faiblesses et nos péchés. La puissance de l’amour est plus forte que le mal qui nous menace. C’est ce mystère de l’universalité de l’amour de Dieu pour les hommes que Marie est venue rappeler ici, à Lourdes. Elle invite tous les hommes de bonne volonté, tous ceux qui souffrent dans leur cœur ou dans leur corps, à lever les yeux vers la Croix de Jésus pour y trouver la source de la vie, la source du salut. L’Église a reçu la mission de montrer à tous ce visage aimant de Dieu manifesté en Jésus-Christ. Saurons-nous comprendre que dans le Crucifié du Golgotha c’est notre dignité d’enfants de Dieu, ternie par le péché, qui nous est rendue ? Tournons nos regards vers le Christ. C’est Lui qui nous rendra libres pour aimer comme il nous aime et pour construire un monde réconcilié. Car, sur cette Croix, Jésus a pris sur lui le poids de toutes les souffrances et des injustices de notre humanité. Il a porté les humiliations et les discriminations, les tortures subies en de nombreuses régions du monde par tant de nos frères et de nos sœurs par amour du Christ. Nous les confions à Marie, mère de Jésus et notre mère, présente au pied de la Croix. Pour accueillir dans nos vies cette Croix glorieuse, la célébration du jubilé des apparitions de Notre-Dame à Lourdes nous fait entrer dans une démarche de foi et de conversion. Aujourd’hui, Marie vient à notre rencontre pour nous indiquer les voies d’un renouveau de la vie de nos communautés et de chacun de nous. En accueillant son Fils, qu’elle nous présente, nous sommes plongés dans une source vive où la foi peut retrouver une vigueur nouvelle, où l’Église peut se fortifier pour proclamer avec toujours plus d’audace le mystère du Christ. Jésus, né de Marie, est le Fils de Dieu, l’unique Sauveur de tous les hommes, vivant et agissant dans son Église et dans le monde. L’Église est envoyée partout dans le monde pour proclamer cet unique message et inviter les hommes à l’accueillir par une authentique conversion du cœur. Cette mission, qui a été confiée par Jésus à ses disciples, reçoit ici, à l’occasion de ce jubilé, un souffle nouveau. Qu’à la suite des grands évangélisateurs de votre pays, l’esprit missionnaire qui a animé tant d’hommes et de femmes de France, au cours des siècles, soit encore votre fierté et votre engagement ! En suivant le parcours jubilaire sur les pas de Bernadette, l’essentiel du message de Lourdes nous est rappelé. Bernadette est l’aînée d’une famille très pauvre, qui ne possède ni savoir ni pouvoir, faible de santé. Marie l’a choisie pour transmettre son message de conversion, de prière et de pénitence, conformément à la parole de Jésus : « Ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits » (Mt 11, 25). Dans leur cheminement spirituel, les chrétiens sont appelés eux aussi à faire fructifier la grâce de leur Baptême, à se nourrir de l’Eucharistie, à puiser dans la prière la force pour témoigner et être solidaires avec tous leurs frères en humanité (cf. Hommage à la Vierge Marie, Place d’Espagne, 8 décembre 2007). C’est donc une véritable catéchèse qui nous est ainsi proposée, sous le regard de Marie. Laissons-la nous instruire et nous guider sur le chemin qui conduit au Royaume de son Fils ! En poursuivant sa catéchèse, la « belle Dame » révèle son nom à Bernadette : « Je suis l’Immaculée Conception ». Marie lui dévoile ainsi la grâce extraordinaire qu’elle a reçue de Dieu, celle d’avoir été conçue sans péché, car « il s’est penché sur son humble servante » (cf. Lc 1, 48). Marie est cette femme de notre terre qui s’est remise entièrement à Dieu et qui a reçu le privilège de donner la vie humaine à son Fils éternel. « Voici la servante du Seigneur ; que tout se passe en moi selon ta parole » (Lc 1, 38). Elle est la beauté transfigurée, l’image de l’humanité nouvelle. En se présentant ainsi dans une totale dépendance de Dieu, Marie exprime en réalité une attitude de pleine liberté, fondée sur l’entière reconnaissance de sa véritable dignité. Ce privilège nous concerne nous aussi, car il nous dévoile notre propre dignité d’hommes et de femmes, marqués certes par le péché, mais sauvés dans l’espérance, une espérance qui nous permet d’affronter notre vie quotidienne. C’est la route que Marie ouvre aussi à l’homme. S’en remettre pleinement à Dieu, c’est trouver le chemin de la liberté véritable. Car, en se tournant vers Dieu, l’homme devient lui-même. Il retrouve sa vocation originelle de personne créée à son image et à sa ressemblance. Chers Frères et Sœurs, la vocation première du sanctuaire de Lourdes est d’être un lieu de rencontre avec Dieu dans la prière, et un lieu de service des frères, notamment par l’accueil des malades, des pauvres et de toutes les personnes qui souffrent. En ce lieu, Marie vient à nous comme la mère, toujours disponible aux besoins de ses enfants. À travers la lumière qui émane de son visage, c’est la miséricorde de Dieu qui transparaît. Laissons-nous toucher par son regard qui nous dit que nous sommes tous aimés de Dieu et jamais abandonnés par Lui ! Marie vient nous rappeler ici que la prière, intense et humble, confiante et persévérante, doit avoir une place centrale dans notre vie chrétienne. La prière est indispensable pour accueillir la force du Christ. « Celui qui prie ne perd pas son temps, même si la situation apparaît réellement urgente et semble pousser uniquement à l’action » (Deus caritas est, n. 36). Se laisser absorber par les activités risque de faire perdre à la prière sa spécificité chrétienne et sa véritable efficacité. La prière du Rosaire, si chère à Bernadette et aux pèlerins de Lourdes, concentre en elle la profondeur du message évangélique. Elle nous introduit à la contemplation du visage du Christ. Dans cette prière des humbles, nous pouvons puiser d’abondantes grâces. La présence des jeunes à Lourdes est aussi une réalité importante. Chers amis, ici présents ce matin, réunis autour de la croix de la Journée mondiale de la Jeunesse, lorsque Marie a reçu la visite de l’ange, c’était une jeune fille de Nazareth qui menait la vie simple et courageuse des femmes de son village. Et si le regard de Dieu s’est posé de façon particulière sur elle, en lui faisant confiance, Marie peut vous dire encore qu’aucun de vous n’est indifférent à Dieu. Il pose Son regard aimant sur chacun de vous et vous appelle à une vie heureuse et pleine de sens. Ne vous laissez pas rebuter par les difficultés ! Marie fut troublée à l’annonce de l’ange venu lui dire qu’elle serait La Mère du Sauveur. Elle ressentait combien elle était faible face à la toute-puissance de Dieu. Pourtant, elle a dit « oui » sans hésiter. Et grâce à son oui, le salut est entré dans le monde, changeant ainsi l’histoire de l’humanité. À votre tour, chers jeunes, n’ayez pas peur de dire oui aux appels du Seigneur, lorsqu’Il vous invite à marcher à sa suite. Répondez généreusement au Seigneur ! Lui seul peut combler les aspirations les plus profondes de votre cœur. Vous êtes nombreux à venir à Lourdes pour un service attentif et généreux auprès des malades ou d’autres pèlerins, en vous mettant ainsi à suivre le Christ serviteur. Le service des frères et des sœurs ouvre le cœur et rend disponible. Dans le silence de la prière, que Marie soit votre confidente, elle qui a su parler à Bernadette en la respectant et en lui faisant confiance. Que Marie aide ceux qui sont appelés au mariage à découvrir la beauté d’un amour véritable et profond, vécu comme don réciproque et fidèle ! À ceux, parmi vous, que le Seigneur appelle à sa suite dans la vocation sacerdotale ou religieuse, je voudrais redire tout le bonheur qu’il y a à donner totalement sa vie pour le service de Dieu et des hommes. Que les familles et les communautés chrétiennes soient des lieux où puissent naître et s’épanouir de solides vocations au service de l’Église et du monde ! Le message de Marie est un message d’espérance pour tous les hommes et pour toutes les femmes de notre temps, de quelque pays qu’ils soient. J’aime à invoquer Marie comme étoile de l’espérance (Spe salvi, n. 50). Sur les chemins de nos vies, si souvent sombres, elle est une lumière d’espérance qui nous éclaire et nous oriente dans notre marche. Par son oui, par le don généreux d’elle-même, elle a ouvert à Dieu les portes de notre monde et de notre histoire. Et elle nous invite à vivre comme elle dans une espérance invincible, refusant d’entendre ceux qui prétendent que nous sommes enfermés dans la fatalité. Elle nous accompagne de sa présence maternelle au milieu des événements de la vie des personnes, des familles et des nations. Heureux les hommes et les femmes qui mettent leur confiance en Celui qui, au moment d’offrir sa vie pour notre salut, nous a donné sa Mère pour qu’elle soit notre Mère ! Chers Frères et Sœurs, sur cette terre de France, la Mère du Seigneur est vénérée en d’innombrables sanctuaires, qui manifestent ainsi la foi transmise de générations en générations. Célébrée en son Assomption, elle est la patronne bien-aimée de votre pays. Qu’elle soit toujours honorée avec ferveur dans chacune de vos familles, dans vos communautés religieuses et dans vos paroisses ! Que Marie veille sur tous les habitants de votre beau pays et sur les pèlerins venus nombreux d’autres pays célébrer ce jubilé ! Qu’elle soit pour tous la Mère qui entoure ses enfants dans les joies comme dans les épreuves ! Sainte Marie, Mère de Dieu, notre Mère, enseigne-nous à croire, à espérer et à aimer avec toi. Indique-nous le chemin vers le règne de ton Fils Jésus ! Étoile de la mer, brille sur nous et conduis-nous sur notre route ! (cf. Spe salvi, n. 50). Amen.

LA CROIX GLORIEUSE (LES RELIQUES DE LA VRAIE CROIX…) – HOMÉ LIE

14 septembre, 2015

http://www.homelies.fr/homelie,,1020.html

LA CROIX GLORIEUSE (LES RELIQUES DE LA VRAIE CROIX…)

MERCREDI 14 SEPTEMBRE 2005

FAMILLE DE SAINT JOSEPH

Les reliques de la vraie croix auraient été retrouvées par Sainte Hélène (249-329), mère de l’empereur Constantin, lors d’un pèlerinage en Palestine, qu’elle aurait entrepris en 326. Voici comment Saint Ambroise rapporte sa découverte : « Elle commença par visiter les lieux saints ; l’Esprit lui souffla de chercher le bois de la croix. Elle s’approcha du Golgotha et dit : “Voici le lieu du combat ; où est la victoire ? Je cherche l’étendard du salut et ne le vois pas”. Elle creuse donc le sol, en rejette au loin les décombres. Voici qu’elle trouve pêle-mêle trois gibets sur lesquels la ruine s’était abattue et que l’ennemi avait cachés. Mais le triomphe du Christ peut-il rester dans l’oubli ? Troublée, Hélène hésite, elle hésite comme une femme. Mue par l’Esprit Saint, elle se rappelle alors que deux larrons furent crucifiés avec le Seigneur. Elle cherche donc la croix du milieu. Mais, peut-être, dans la chute, ont-elles été confondues et interverties ? Elle revient à la lecture de l’Evangile et voit que la croix du milieu portait l’inscription : “Jésus de Nazareth, Roi des Juifs”. Par là fut terminée la démonstration de la vérité et, grâce au titre, fut reconnue la croix du salut ». La Sainte impératrice aurait par la même occasion retrouvé les clous par lesquels Notre-Seigneur avait été attaché. Sainte Hélène fit construire une basilique englobant le Calvaire et le Saint Sépulcre ; elle fit également ériger celles du Mont des Oliviers et de Bethléem.
Pour le trentième anniversaire de son avènement, le 13 septembre 335, l’empereur Constantin invita à Jérusalem les Pères, pour y célébrer la dédicace de la Basilique du Saint Sépulcre. Le lendemain, le dimanche 14, l’évêque de Jérusalem montra pour la première fois la Sainte Croix aux fidèles. Sur l’ordre de Constantin, une célébration annuelle fut décrétée au 14 septembre, portant le nom d’« Exaltation de la précieuse et vivifiante Croix » en raison de son rite principal, qui consistait dans l’ostension solennelle d’une relique de la vraie croix. Le bois de la croix découverte sur le Golgotha fut partagé en trois parts, conservées à Jérusalem, Constantinople et Rome.
Ce bref rappel ne prétend pas garantir l’historicité des faits rapportés dans leurs détails, mais se veut un témoignage de la dévotion que le peuple de Dieu a toujours porté à l’instrument de supplice de son Seigneur et Sauveur. La fête de la Croix glorieuse nous invite en effet à revenir à cette réalité : Dieu a aimé le monde, jusqu’au sacrifice de son Fils. Dans sa Lettre encyclique sur la miséricorde divine, Jean-Paul II soulignait : « Dans la passion et la mort du Christ, c’est-à-dire dans le fait que le Père n’a pas épargné son Fils, mais “l’a fait péché pour nous”, s’exprime la justice absolue ; car le Christ subit la passion et la croix à cause des péchés de l’humanité. Il y a vraiment là une surabondance de justice, puisque les péchés de l’homme se trouvent “compensés” par le sacrifice de l’Homme-Dieu. Toutefois cette justice divine révélée dans la croix du Christ est à la mesure de Dieu, parce qu’elle naît de l’amour et s’accomplit dans l’amour, en portant des fruits de salut. Croire dans le Fils crucifié signifie donc croire que l’amour est présent dans le monde, et que cet amour est plus puissant que les maux de toutes sortes dans lesquels l’homme, l’humanité et le monde sont plongés. Croire en un tel amour signifie croire dans la miséricorde » (n°7).
L’« exaltation » de la Sainte Croix n’est pas sans rappeler l’évangile de ce jour : Jésus sur la croix est « élevé » de terre comme le serpent de bronze au désert, « afin que tout homme qui croit obtienne par lui la vie éternelle ». La croix nous confronte simultanément à l’horreur du péché qui conduit à la mort, et à la démesure de l’amour de Notre-Seigneur Jésus-Christ pour nous, lui « qui n’a pas jugé bon de revendiquer son droit d’être traité à l’égal de Dieu, mais qui s’est abaissé lui-même en devenant obéissant jusqu’à mourir, et à mourir sur une croix » (1ère lect.).
Avant de prier l’Angélus depuis Castelgandolfo, ce 11 septembre, Benoît XVI rappelait que « dans l’Année consacrée à l’Eucharistie, la fête de l’Exaltation de la Sainte Croix prend une signification particulière : elle nous invite à méditer sur le lien profond et indissoluble qui unit la Célébration Eucharistique et le Mystère de la Croix. Chaque Messe en effet rend actuel le sacrifice rédempteur du Christ ». L’Eucharistie nous rappelle quotidiennement que notre salut jaillit de ce mystérieux échange, dans lequel le Fils de Dieu épouse la mort des coupables que nous sommes, pour nous donner gratuitement part à sa vie divine. Aussi était-il juste et bon que celui qui par son sacrifice a réconcilié le ciel et la terre, fût « élevé au dessus de tout et reçoive le Nom qui surpasse tous les noms, afin qu’au Nom de Jésus, aux cieux, sur terre et dans l’abîme, tout être vivant tombe à genoux et que toute langue proclame : “Jésus Christ est le Seigneur”, pour la gloire de Dieu le Père ».

« Seigneur, Père très saint, Dieu éternel et tout-puissant, nous te rendons gloire et nous t’offrons notre action de grâce toujours et en tout lieu, car tu as attaché au bois de la croix le salut du genre humain, pour que la vie surgisse à nouveau d’un arbre qui donnait la mort, et que l’ennemi, victorieux par le bois, fût lui-même vaincu sur le bois, par Jésus-Christ, notre Seigneur. Aussi nous te supplions humblement : que cette communion au mémorial du Sacrifice rédempteur nous purifie de nos fautes et nous donne part à la gloire de la résurrection de celui qui nous a fait revivre par le bois de sa croix. »

DOM GUÉRANGER – LE XIV SEPTEMBRE. L’EXALTATION DE LA SAINTE CROIX.

14 septembre, 2015

http://www.abbaye-saint-benoit.ch/gueranger/anneliturgique/pentecote/pentecote05/020.htm

DOM GUÉRANGER – LE XIV SEPTEMBRE. L’EXALTATION DE LA SAINTE CROIX.

Par vous la Croix sainte est honorée et adorée dans toute la terre (1). » Ainsi, au lendemain du jour où fut vengée à Ephèse la divine maternité, Cyrille d’Alexandrie saluait Notre-Dame. L’éternelle Sagesse a voulu que l’Octave de la naissance de Marie n’eût pas de plus bel ornement que celui qu’elle reçoit aujourd’hui de cette fête du triomphe de la Croix. C’est qu’en effet, la Croix est l’étendard de ces milices de Dieu dont Marie est la Reine; c’est par la Croix qu’elle brise la tête du serpent maudit, et remporte contre l’erreur et les ennemis du nom chrétien tant de victoires.
Tu vaincras par ce signe. Les siècles où Satan avait eu loisir d’essayer contre l’Eglise l’épreuve des tortures, touchaient à leur fin ; par l’édit de Sardique rendant aux chrétiens la liberté, Galère mourant venait d’avouer l’impuissance de l’enfer. Au Christ maintenant de prendre l’offensive ; à sa Croix de revendiquer l’empire. L’année 311 incline vers son terme. Au pied des Alpes, une armée romaine s’apprête à passer des Gaules en Italie; provoqué par Maxence, son rival politique, Constantin qui la commande ne songe qu’à venger son injure. Mais ses soldats, sans le savoir plus que leur chef, sont d’ores et déjà dévolus au vrai Dieu des batailles : le Fils du Très-Haut,
1. Cyrill. Al. Hom. IV, Ephesi habita.

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devenu comme homme au sein de Marie Roi de ce monde, va se révéler à son premier lieutenant et du même coup montrer à sa première armée l’étendard qui doit la guider à l’ennemi. Au-dessus des légions, dans un ciel sans nuage, la Croix proscrite trois siècles a soudain resplendi; les yeux de tous la voient, faisant du soleil qui penche vers l’horizon son piédestal, avec ces mots en traits de feu qui l’entourent : IN HOC VINCE, Par cela sois vainqueur ! Quelques mois plus tard, 27 octobre 312, du haut des sept collines tous les faux dieux dans la stupeur contemplaient, débouchant sur la voie Flaminienne, au delà du pont Milvius, le labarum au monogramme sacré devenu l’enseigne des armées de l’empire, en attendant la décisive bataille qui, le lendemain, ouvrait au Christ seul Dieu, à jamais Roi, les portes de la Ville éternelle.
« Salut, ô Croix, redoutable aux ennemis, boulevard de l’Eglise, force des princes; salut dans ton triomphe ! La terre cachait encore le bois sacré, et il se montrait dans le ciel, annonçant la victoire ; et un empereur, devenu chrétien, l’arrachait aux entrailles de la terre (1). » Ainsi dès hier chantait l’Eglise grecque, préludant aux joies de ce jour ; c’est pour l’Orient, qui ne connaît pas notre fête spéciale du trois Mai, tout l’objet de la solennité présente, à savoir : la défaite des idoles par le signe du salut manifesté à Constantin et à son armée, la découverte de la sainte Croix quelques années après dans la citerne du Golgotha.
Mais une autre solennité, dont la mémoire annuelle demeure fixée par le Ménologe au treize
1. Ap. Graec. Menae in profesto Exaltationis.

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Septembre, vint en l’année 335 compléter heureusement les souvenirs attachés à ce jour ; ce fut la dédicace des sanctuaires élevés par Constantin sur le Calvaire et le Saint Sépulcre, à la suite des découvertes sans prix qu’avait dirigées la sagace piété de sa mère sainte Hélène. Dans le siècle même de ces événements, une pieuse voyageuse, sainte Silvia, croit-on, la sœur de Rufin ministre de Théodose et d’Arcadius, atteste que l’anniversaire de cette dédicace se célébrait avec les honneurs des fêtes de Pâques et de l’Epiphanie; on y voyait un concours immense d’évêques et de clercs, de moines et de séculiers de tout sexe et de toute province : et la raison en est, dit-elle, que la Croix fut trouvée ce jour-là ; motif qui fit choisir ledit jour pour celui de la consécration primitive, afin qu’une même date réunît l’allégresse et de cette consécration et de ce souvenir (1).
Pour n’avoir point eu présent à la pensée ce voisinage immédiat de la Dédicace de l’Anastasie, ou Eglise de la Résurrection, précédant la fête de la sainte Croix, plusieurs n’ont pas compris le discours prononcé en cette fête, deux siècles et demi après Silvia, parle saint patriarche de Jérusalem, Sophronius : « C’est le jour de la Croix; qui ne tressaillirait ? c’est le triomphe de la Résurrection ; qui ne serait dans la joie ? Jadis, c’était la Croix qui marchait la première; maintenant, la Résurrection se fait l’introductrice de la Croix. Résurrection et Croix : trophées de notre salut (2) ! » Et le Pontife se complaisait à développer les instructions qui résultaient d’un pareil rapprochement.
1. Peregrinatio Silviae, in fine. — 2. Sophron. in Exaltat, venerandae Crucis.

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C’était, semble-t-il, le temps où l’affinité des deux grands mystères amenait en quelque manière notre Occident à les rapprocher de même sorte ; sans abandonner la mémoire de la Croix au présent jour, la piété des Eglises latines introduisait dans les splendeurs du Temps pascal une première fête de l’instrument du salut, détachant à cette fin du quatorze Septembre le souvenir de l’Invention du bois rédempteur. Par une heureuse compensation, la solennité présente voyait alors son caractère de triomphe puiser un éclat nouveau dans les événements contemporains qui font, ainsi qu’on va le voir, l’objet principal des lectures historiques de ce jour en la Liturgie Romaine.
Un siècle auparavant, saint Benoît fixait à cette date de l’année le point de départ de la carrière de pénitence connue sous le nom de Carême monastique (1), et qui s’étend jusqu’à l’ouverture de la période quadragésimale proprement dite, où l’armée entière des chrétiens rejoint les phalanges du cloître dans le labeur de l’abstinence et du jeûne. « La Croix se rappelle à notre souvenir : quel homme, dit saint Sophronius, ne se crucifiera pas lui-même? L’adorateur sincère du bois sacré est celui qui soutient son culte de ses œuvres (2). »
1. S. P. Benedict. Reg. XLI. — 2. Sophron. Ubi supra.

Lisons la Légende ci-dessus annoncée.
Sur la fin de l’empire de Phocas, Chosroès, roi des Perses, ayant occupé l’Egypte et l’Afrique, s’empara aussi de Jérusalem où il massacra des milliers de chrétiens. La Croix du Seigneur, dont sainte Hélène avait enrichi le Calvaire, fut par lui emportée en Perse. Héraclius cependant succédait à Phocas. Réduit aux dernières extrémités par les calamités de la guerre, il demandait la paix, sans pouvoir, aux plus dures conditions, l’obtenir de Chosroès qu’enflaient ses victoires. C’est pourquoi, s’absorbant dans le jeûne et la prière, il se tourne vers Dieu, implorant secours en son péril extrême ; avis lui est donné du ciel de rassembler des troupes; il les mène à l’ennemi, et défait trois généraux de Chosroès avec leurs armées.
Abattu par ces revers, et fuyant vers le Tigre qu’il s’apprête à passer, Chosroès associe au trône son fils Médarsès. Mais Siroès l’aîné, furieux de l’injure, dresse des embûches à son père et à son frère, les arrête dans leur fuite et les tue peu après ; ce qu’étant accompli, il obtint d’être reconnu roi par Héraclius, sous certaines clauses dont la première portait restitution de la Croix du Seigneur. Quatorze ans après qu’elle était tombée au pouvoir des Pères, la Croix fut donc reconquise ; Héraclius, venant à Jérusalem, la reporta en grande pompe sur ses propres épaules à la montagne où le Sauveur l’avait portée.
A cette occasion, eut lieu un insigne miracle bien digne de mémoire. Car Heraclius, couvert comme il l’était d’ornements d’or et de pierreries, ne put franchir la porte qui conduisait au Calvaire ; plus ses efforts pour avancer étaient grands, plus il semblait retenu sur place. D’où stupeur d’Héraclius et de la multitude. Mais l’évêque de Jérusalem, Zacharie , prenant la parole : Considérez, dit-il, empereur, que cette parure de triomphe, en portant la Croix, ne rappelle pas assez peut-être la pauvreté et l’humilité de Jésus-Christ. Heraclius alors, dépouillant ses habits luxueux, nu-pieds, et vêtu comme un homme du peuple, fit sans difficulté le reste de la route,et replaça la Croix au Calvaire, dans le même lieu d’où les Perses l’avaient enlevée. La fête de l’Exaltation de la sainte Croix, qui se célébrait tous les ans en ce jour, acquit dès lors un éclat nouveau, en mémoire de ce que cette Croix sainte fut de la sorte rétablie par Heraclius à l’endroit où on l’avait d’abord dressée pour le Sauveur.

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La victoire ainsi consignée dans les fastes de l’Eglise ne fut pas, ô Croix, votre dernier triomphe ; et les Perses non plus ne furent pas vos derniers ennemis. Dans le temps même de la défaite de ces adorateurs du feu, se levait le Croissant, signe nouveau du prince des enfers. Par la sublime loyauté du Dieu dont vous êtes l’étendard et qui, venu sur terre pour lutter comme nous, ne se dérobe devant nul ennemi, l’Islam aussi allait avoir licence d’essayer et d’user contre vous sa force : force du glaive, unie à la séduction des passions. Mais là encore, dans le secret des combats de Satan et de l’âme comme sur les champs de bataille éclairés du grand jour de l’histoire, le succès final était assuré à la faiblesse et à la folie du Calvaire.
Vous fûtes, ô Croix, le ralliement de notre Europe en ces expéditions sacrées qui empruntèrent de vous leur beau titre de Croisades, et portèrent si haut dans l’Orient infidèle le nom chrétien. Tandis qu’alors elles refoulaient au loin la dégradation et la ruine, elles préparaient pour plus tard à la conquête de continents nouveaux l’Occident resté par vous la tête des nations.
Campagnes immortelles dont les soldats, grâce à vos rayons, brillent aux premières pages du livre d’or de la noblesse des peuples. Aujourd’hui même, ces ordres nouveaux de chevalerie qui prétendent grouper en eux l’élite de l’humanité ne voient-ils pas en vous l’insigne le plus élevé du mérite et de l’honneur? Suite toujours du mystère de cette fête ; exaltation, jusqu’en nos temps amoindris, de la Croix sainte qui dans les siècles antérieurs était passée de l’enseigne des légions au sommet du diadème des empereurs et des rois.

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Il est vrai que sur la terre de France des hommes sont apparus, qui se donnent pour tache d’abattre le signe sacré partout où l’avaient honoré nos pères. Problème étrange que cette invasion des valets de Pilate au pays des croisés ; problème pourtant qui s’explique, aujourd’hui qu’on a surpris l’or juif soldant leurs exploits. Ceux-là, dit des Juifs saint Léon dans l’Office de ce jour, ceux-là, dans l’instrument du salut, ne peuvent voir que leur crime (1) ; et leur conscience troublée soudoie pour renverser la Croix sainte les mêmes hommes qu’ils payaient jadis pour la dresser.
Hommage encore, que la coalition de tels ennemis ! O Croix adorée, notre gloire, notre amour ici-bas, sauvez-nous quand vous apparaîtrez dans les cieux, au jour où le Fils de l’homme, assis dans sa majesté, jugera l’univers.

1. Homélie du III° Noct. de la fête, ex Léon. Serm. VIII de Pass.

HOMÉLIE : LA CROIX GLORIEUSE – DIMANCHE 14 SEPTEMBRE 2014

12 septembre, 2014

http://www.homelies.fr/homelie,,3955.html

LA CROIX GLORIEUSE

DIMANCHE 14 SEPTEMBRE 2014

FAMILLE DE SAINT JOSEPH

HOMÉLIE – MESSE

Cette fête de la Croix glorieuse que la liturgie nous invite à célébrer aujourd’hui nous place au cœur du paradoxe chrétien : comment ce signe de malédiction qu’est la croix a-t-il pu devenir une source de bénédiction et de salut ? Comment la vie peut-elle jaillir de la mort ? La douceur de l’amertume ? La joie de la souffrance ? Ces questions nous minent tellement que nous préférons souvent faire comme si nous ne les entendions pas en essayant de nous raccrocher aux rives apparemment plus solides du quotidien de notre vie. Pourtant, elles sont tellement existentielles qu’on ne peut les occulter totalement. Elles reviennent lancinantes, attendant une réponse d’une intensité égale à celle avec laquelle elles se posent à nous.
L’Evangile nous ouvre un chemin lorsque nous entendons Jésus nous dire : « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, pour que tout homme qui croit en lui ne périsse pas mais ait la vie éternelle ». Nous comprenons alors que la Croix ne devient salutaire que par le poids d’amour qui s’y révèle. L’amour vécu jusqu’au bout a pouvoir de sauver, réparer, donner un sens à ce qui semble à vue humaine insensé, illuminer les ténèbres les plus épaisses.
En haut du mât de la Croix, ce n’est plus un serpent d’airain que nous contemplons mais le Fils de Dieu qui s’est livré pour nous dans une passion, qui passa certes par la souffrance, mais une passion d’amour. Le christianisme est bien la religion de l’amour. Et cela, nous le contemplons dans le cœur transpercé de Jésus qui est comme un livre ouvert où se lit le message d’amour d’un Dieu qui se révèle en se livrant sans réserve. Voilà le centre de notre foi : croire en Jésus, Fils de Dieu, qui m’a aimé et s’est livré par amour pour moi.
Telle est l’Alliance nouvelle et éternelle entre Dieu et les hommes : « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, pour que tout homme qui croit en lui ne périsse pas mais ait la vie éternelle. » A cette initiative déconcertante du Père, nous ne pouvons répondre que par l’humble accueil, dans la foi, du salut qu’il nous offre en son Fils. Croire signifie ici tout miser sur « le Christ Jésus ; lui qui, bien qu’étant de condition divine, a néanmoins voulu subir la mort sur la Croix pour nous obtenir la vie éternelle » ; contempler, avec Marie et Jean, le poids d’amour qui se révèle en celui qui « s’est abaissé lui-même en devenant obéissant jusqu’à mourir et à mourir sur une croix » (1ère lecture) ; se laisser illuminer par l’Esprit, jailli des lèvres du Crucifié, et discerner la gloire qui resplendit sur son visage défiguré ; recueillir dans les vases d’argile que nous sommes l’eau et le sang jaillis de son côté ouvert.
Dans la blessure du cœur de Jésus nous trouvons bien plus que la simple guérison issue du serpent d’airain. Dans le désert de nos vies, lorsque nous regardons cette blessure d’amour du Crucifié, nous y puisons le salut, la transfiguration totale de nos existences marquées par les souffrances et le péché, la Vie éternelle : « De même que le serpent de bronze fut élevé par Moïse dans le désert, ainsi faut-il que le Fils de l’homme soit élevé, afin que tout homme qui croit obtienne par lui la vie éternelle. Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique : ainsi tout homme qui croit en lui ne périra pas, mais il obtiendra la vie éternelle. Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé. »
« Père, à chaque Eucharistie, tu renouvelles pour nous le même et unique mystère : Dans l’Esprit, tu te donnes totalement en ton Fils bien-aimé. Ranime notre foi, notre espérance et notre charité, pour que nous ne laissions perdre aucune des grâces dont tu veux nous combler. Qu’après avoir cueilli le fruit de la vie sur l’Arbre de la Croix, nous soyons conduits à la gloire de la résurrection par ce même Jésus-Christ, notre Seigneur. »

Frère Elie

14 SEPTEMBRE: FÊTE DE LA CROIX GLORIEUSE – LE TRIOMPHE

13 septembre, 2013

 http://www.stignace.net/homelies/stecroixb.htm

14 SEPTEMBRE: FÊTE DE LA CROIX GLORIEUSE

Père Jean-Marc Furnon

LE TRIOMPHE

            Parler de la Croix Glorieuse c’est parler de la joie des chrétiens. Avant le Concile on disait le triomphe de la Sainte Croix en utilisant le mot « triomphe », en référence, par exemple, au triomphe d’un général romain ayant remporté une grande victoire. Il entrait dans Rome et le peuple romain l’acclamait en lui faisant un triomphe.
            Cette fête de la Croix Glorieuse, fêtée le 14 septembre, date des premiers siècles de l’Eglise. En ce temps là les nations qui occupaient la Palestine ne permettaient pas facilement aux chrétiens de vénérer l’endroit où la croix de Jésus avait été plantée en terre, le tombeau où l’on l’avait enterré, le jardin de la Résurrection. Or, il se trouve qu’au IV° siècle, Constantin, empereur de Rome se convertit au christianisme et les chrétiens purent alors retrouver la sainte Croix et bâtir, en 335, une basilique sur les lieux saints.
            La croix fut alors portée en triomphe. Ce fut comme la joie des Rameaux ou l’arrivée du Pape aux JMJ. On lui fit un triomphe !

LE SERPENT ET L’AGNEAU
            L’exaltation de la croix c’est littéralement Jésus « élevé », Jésus mis en croix ; comme dit l’évangile de Jean : « ainsi faut-il que le Fils de l’homme soit élevé ». Sur le mât au désert, il y avait un objet en bronze à la forme de serpent. Le serpent qui rampe et qui tue est bien l’image du péché ; ce serpent qui a trompé Eve et Adam sur les intentions de Dieu. Mettre une représentation du serpent sur le mât c’est exhiber ce qui était dissimulé, c’est le mettre à distance et, déjà, lui enlever de sa nocivité en nommant l’origine du mal. C’est l’initiative de Dieu pour la guérison.
            Sur la croix, il y a le corps de Jésus élevé à la vue de tous. Le regarder de l’extérieur c’est voir la faute, la honte du genre humain, c’est voir un corps humilié, quelqu’un dont on préfère se détourner à cause de la laideur et de l’horreur.
            Le regarder comme les premiers chrétiens l’ont vu c’est voir au-delà de l’apparence : l’agneau, le Serviteur souffrant. Car c’est l’agneau innocent qui est là : lui qui a imploré le pardon de Dieu pour ceux qui l’ont rejeté et mis à mort. Sur lui se concentrent les refus de l’humanité, les violences : « Dieu l’a fait pour nous péché » écrira saint Paul aux Corinthiens. Saint Jean dira en citant l’Ecriture : « Ils regarderont celui qu’ils ont transpercé ».
            Le mystère est que la transformation du Serviteur en image de péché est justement ce qui révèle sa justice et que cette révélation transforme le cœur des spectateurs et des accusateurs. C’est le pardon et la guérison du cœur qui permet à l’homme de reconnaître dans le Serviteur souffrant que l’on a rejeté, l’innocent que Dieu avait envoyé. A commencer par le centurion de l’armée romaine : « Vraiment cet homme était fils de Dieu ».
            Parler de l’exaltation de la croix c’est dire que Jésus mis en croix a été glorifié ; comme dit l’épître aux Philippiens de ce jour : « Dieu l’a élevé au dessus de tout ».

TEMOINS DE LA CROIX DU CHRIST
            Dans l’histoire des hommes, nous les chrétiens, nous sommes fiers de la croix du Christ car nous y reconnaissons le signe de la vie : du bois de la croix a été partagé à toute l’humanité un fruit qui guérit, le fruit de l’arbre de vie du jardin de la Genèse. Que notre seule fierté, comme dit l’apôtre, soit la croix de notre Seigneur Jésus Christ.
            Parce que les chrétiens sont des êtres de chair et de sang, les chrétiens ont dit leur amour du Christ en dressant des croix au carrefour des chemins, en embrassant la croix, en la fleurissant, en l’acclamant, en la mettant dans leur maison, en la portant sur eux.
            La guérison du cœur est un don qui nous vient du ciel et le don qui vient du ciel demande un travail de notre part qui est le travail de croire : croire que Jésus a remporté la victoire sur le mal et sur la mort. Seule la croix guérit véritablement car elle guérit de la mort, alors que les signes précédents, l’image du serpent, ne faisaient que la retarder. Le triomphe de Jésus c’est d’être glorifié dans son corps ressuscité et de nous entraîner avec lui dans sa vie.
Les chrétiens, lorsqu’ils sont touchés par le malheur, brutalement ou de manière lancinante sont appelés à garder les yeux fixés sur le Christ, croyant qu’il nous entraîne vers la vie. Nous ne savons pas comment mais nous le croyons même si l’angoisse monte de tous côtés. Voilà le mystère de la croix glorieuse dans nos vies.