Archive pour août, 2017

BENOÎT XVI – LES FEMMES AU SERVICE DE L’EVANGILE

31 août, 2017

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BENOÎT XVI – LES FEMMES AU SERVICE DE L’EVANGILE

AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercredi 14 février 2007

Chers frères et sœurs,

Nous sommes parvenus aujourd’hui au terme de notre parcours parmi les témoins des débuts du christianisme que mentionnent les écrits néo-testamentaires. Et au cours de la dernière étape de ce premier parcours, nous consacrerons notre attention aux nombreuses figures de femmes qui ont accompli un rôle efficace et précieux dans la diffusion de l’Evangile. Leur témoignage ne peut être oublié, conformément à ce que Jésus lui-même dit de la femme qui lui versa de huile sur la tête, peu avant la Passion: « En vérité, je vous le dis, partout où sera proclamé cet Evangile, dans le monde entier, on redira aussi, à sa mémoire, ce qu’elle vient de faire » (Mt 26, 13; Mc 14, 9). Le Seigneur veut que ces témoins de l’Evangile, ces figures qui ont apporté une contribution afin de faire croître la foi en Lui, soient connues et que leur mémoire soit vivante dans l’Eglise. Sur le plan historique, nous pouvons distinguer le rôle des femmes dans le christianisme des origines, au cours de la vie terrestre de Jésus et au cours des événements de la première génération chrétienne.
Bien sûr, comme nous le savons, Jésus choisit parmi ses disciples douze hommes comme Pères de la nouvelle Israël; il les choisit pour « être ses compagnons et pour les envoyer prêcher » (Mc 3, 14-15). Ce fait est évident mais, outre les Douze, piliers de l’Eglise, pères du nouveau Peuple de Dieu, de nombreuses femmes sont également choisies au nombre des disciples. Je n’évoquerai que très brièvement celles qui se trouvent sur le chemin de Jésus lui-même, en commençant par la prophétesse Anne (cf. Lc 2, 36-38) jusqu’à la Samaritaine (cf. Jn 4, 1-39), à la femme syrophénicienne (cf. Mc 7, 24-30), à l’hémorroïsse (cf. Mt 9, 20-22) et à la pécheresse pardonnée (cf. Lc 7, 36-50). Je ne me réfère pas non plus aux protagonistes de certaines paraboles efficaces, par exemple la femme qui fait le pain (Mt 13, 33), la femme qui perd une drachme (Lc 15, 8-10), la veuve qui importune le juge (Lc 18, 1-8). Les femmes qui ont joué un rôle actif dans le cadre de la mission de Jésus sont plus importantes pour notre réflexion. En premier lieu, ma pensée se tourne naturellement vers la Vierge Marie, qui à travers sa foi et son oeuvre maternelle, collabora de façon unique à notre Rédemption, au point qu’Elisabeth put la proclamer « bénie entre les femmes » (Lc 1, 42), en ajoutant « bienheureuse celle qui a cru » (Lc 1, 45). Devenue disciple du Fils, Marie manifesta à Cana une entière confiance en Lui (cf. Jn 2, 5) et le suivit jusque sous la Croix, où elle reçut de Lui une mission maternelle pour tous ses disciples de tout temps, représentés par Jean (cf. Jn 19, 25-27).
Viennent ensuite différentes femmes qui, à titre divers, gravitent autour de la figure de Jésus en ayant des fonctions de responsabilité. Un exemple éloquent est représenté par les femmes qui suivaient Jésus pour l’assister de leurs biens, et dont Luc nous transmet certains noms: Marie de Magdala, Jeanne, Suzanne et « plusieurs autres » (cf. Lc 8, 2-3). Puis, les Evangiles nous informent que les femmes, à la différence des Douze, n’abandonnèrent pas Jésus à l’heure de la Passion (cf. Mt 27, 56.61; Mc 15, 40). Parmi elles ressort en particulier Marie-Madeleine, qui non seulement assista à la Passion, mais fut également la première à témoigner et à annoncer le Ressuscité (cf. 20, 1. 11-18). C’est précisément à Marie de Magdala que saint Thomas d’Aquin réserve le qualificatif particulier d’ »apôtre des apôtres » (apostolorum apostola), lui consacrant ce beau commentaire: « De même qu’une femme avait annoncé au premier homme des paroles de mort, ainsi, une femme annonça en premier aux apôtres des paroles de vie » (Super Ioannem, ed. Cai, 2519).
Dans le domaine de l’Eglise des débuts également, la présence des femmes n’est absolument pas secondaire. Nous n’insistons pas sur les quatre filles non nommées du « diacre » Philippe, résidant à Cesarée Marittime, et toutes dotées, comme nous le dit saint Luc, du « don de prophétie », c’est-à-dire de la faculté d’intervenir publiquement sous l’action de l’Esprit Saint (cf. Ac 21, 9). La brièveté de l’information ne nous permet pas de déductions plus précises. Nous devons plutôt à saint Paul une plus ample documentation sur la dignité et sur le rôle ecclésial de la femme. Il part du principe fondamental selon lequel pour les baptisés, non seulement « il n’y a ni Juif ni Grec, il n’y a ni esclave ni homme libre », mais également « il n’y a ni homme ni femme ». La raison est que « tous vous ne faites qu’un dans le Christ Jésus » (Ga 3, 28), c’est-à-dire que tous sont unis par la même dignité fondamentale, bien que chacun soit doté de fonctions spécifiques (cf. 1 Co 12, 27-30). L’apôtre admet comme quelque chose de normal que dans la communauté chrétienne, la femme puisse « prophétiser » (1 Co 11, 5), c’est-à-dire se prononcer ouvertement sous l’influence de l’Esprit, du moment que cela soit pour l’édification de la communauté et fait avec dignité. C’est pourquoi la célèbre exhortation suivante, à ce que « les femmes gardent le silence dans les assemblées » (1 Co 14, 34) doit être plutôt relativisée. Nous laissons aux exégètes le problème, très débattu, qui en découle, de la relation apparemment contradictoire, entre la première affirmation – les femmes peuvent prophétiser dans l’assemblée – et la seconde – les femmes ne peuvent pas parler. Ce n’est pas ici qu’il doit être débattu. Mercredi dernier nous avons déjà rencontré la figure de Prisca ou Priscille, femme d’Aquilas, qui dans deux cas, de manière surprenante, est mentionnée avant son mari (cf. Ac 18, 18; Rm 16, 3): l’une et l’autre sont cependant explicitement qualifiés par Paul comme ses sun-ergoús « collaborateurs » (Rm 16, 3).
Certains autres faits ne peuvent pas être négligés. Il faut prendre acte, par exemple, que la brève Lettre à Philémon est en réalité également adressée par Paul à une femme appelée « Apphia » (cf. Ph 2). Des traductions latines et syriaques du texte grec ajoutent à ce nom « Apphia », l’appellation de « soror carissima » (ibid.), et l’on doit dire que dans la communauté de Colosse, celle-ci devait occuper une place importante; quoi qu’il en soit, c’est l’unique femme mentionnée par Paul parmi les destinataires d’une de ses lettres. Ailleurs, l’Apôtre mentionne une certaine « Phébée », qualifiée comme diákonos de l’Eglise de Cencrées, petite ville portuaire située à l’est de Corinthe (cf. Rm 16, 1-2). Bien que le titre, à cette époque, n’ait pas encore de valeur ministérielle spécifique de type hiérarchique, il exprime un véritable exercice de responsabilité de la part de cette femme en faveur de cette communauté chrétienne. Paul recommande de la recevoir cordialement et de l’assister « en toute affaire où elle ait besoin », puis il ajoute: « car elle a pris soin de beaucoup de gens, et de moi aussi ». Dans le même contexte épistolaire, l’Apôtre rappelle avec des accents délicats d’autres noms de femmes: une certaine Marie, puis Tryphène, Tryphose et la « très chère » Persis, en plus de Julie, dont il écrit ouvertement qu’elles se sont « donné beaucoup de peine dans le Seigneur » ou « qui se donnent de la peine dans le Seigneur » (Rm 16, 6.12a.12b.15), soulignant ainsi leur profond engagement ecclésial. Dans l’Eglise de Philippes se distinguèrent ensuite deux femmes appelées « Evodie et Syntykhé » (Ph 4, 2): le rappel que Paul fait de leur concorde réciproque laisse entendre que les deux femmes assuraient une fonction importante au sein de cette communauté.
En somme, l’histoire du christianisme aurait eu un développement bien différent s’il n’y avait pas eu le généreux apport de nombreuses femmes. C’est pourquoi, comme l’écrivit mon cher prédécesseur Jean-Paul II dans la Lettre apostolique Mulieris dignitatem, « L’Eglise rend grâce pour toutes les femmes et pour chacune d’elles… L’Eglise rend grâce pour toutes les manifestations du « génie » féminin apparues au cours de l’histoire, dans tous les peuples et dans toutes les nations; elle rend grâce pour tous les charismes dont l’Esprit Saint a doté les femmes dans l’histoire du Peuple de Dieu, pour toutes les victoires remportées grâce à leur foi, à leur espérance et à leur amour: elle rend grâce pour tous les fruits de la sainteté féminine » (n. 31). Comme on le voit, l’éloge concerne les femmes au cours de l’histoire de l’Eglise et il est exprimé au nom de la communauté ecclésiale tout entière. Nous nous unissons nous aussi à cette appréciation en rendant grâce au Seigneur, car Il conduit son Eglise, génération après génération, en s’appuyant indistinctement sur des hommes et des femmes, qui savent faire fructifier leur foi et leur baptême pour le bien du Corps ecclésial tout entier, pour la plus grande gloire de Dieu.

 

PAPE FRANÇOIS – CHRISTIAN HOPE – 31. « VOICI, JE RENDS TOUT NOUVEAU » (ACTES 21: 5).

30 août, 2017

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Révélation, les sept anges

PAPE FRANÇOIS – CHRISTIAN HOPE – 31. « VOICI, JE RENDS TOUT NOUVEAU » (ACTES 21: 5).

AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercredi 23 août 2017

Chers frères et sœurs, bonjour!

Nous avons écouté la Parole de Dieu dans le livre de l’Apocalypse, et elle dit: «Voici, je fais l’univers nouveau» (21, 5). L’espérance chrétienne se fonde sur la foi en Dieu qui crée toujours des nouveautés dans la vie de l’homme, il crée des nouveautés dans l’histoire, il crée des nouveautés dans l’univers. Notre Dieu est le Dieu qui crée la nouveauté, parce que c’est le Dieu des surprises.
Il n’est pas chrétien de marcher le regard tourné vers le bas — comme le font les cochons: ils avancent toujours ainsi — sans lever les yeux vers l’horizon. Comme si tout notre chemin finissait ici, en l’espace de quelques mètres de parcours; comme si dans notre vie, il n’y avait aucune destination ni aucune escale, et que nous étions contraints à errer éternellement, sans rien qui justifie nos nombreux efforts. Cela n’est pas chrétien.
Les pages finales de la Bible nous montrent l’horizon ultime du chemin du croyant: la Jérusalem du Ciel, la Jérusalem céleste. Elle est imaginée avant tout comme une demeure immense, où Dieu accueillera tous les hommes pour habiter définitivement avec eux (Ap 21, 3). Et cela est notre espérance. Et que fera Dieu, quand nous serons enfin avec Lui? Il fera preuve d’une tendresse infinie à notre égard, comme un père qui accueille ses enfants qui ont longtemps peiné et souffert. Jean, dans l’Apocalypse, prophétise: «Voici la demeure de Dieu avec les hommes! Il essuiera toute larme de leurs yeux: de mort, il n’y en aura plus; de pleur, de cri et de peine, il n’y en aura plus, car l’ancien monde s’en est allé [...] Voici, je fais l’univers nouveau!» (21, 3-5). Le Dieu de la nouveauté!
Essayez de réfléchir à ce passage de l’Ecriture Sainte non pas de façon abstraite, mais après avoir lu une nouvelle actuelle, après avoir regardé le journal télévisé ou la couverture des journaux, où il y a tant de tragédies, où l’on rapporte des nouvelles tristes auxquelles tous risquent de s’habituer. Et j’ai salué certaines personnes de Barcelone: que de nouvelles tristes nous parviennent de là! J’ai salué des gens du Congo, et combien de nouvelles tristes nous parviennent de là! Et combien d’autres: Pour ne citer que deux pays dont vous provenez… Essayez de penser aux visages des enfants effrayés par la guerre, aux pleurs des mères, aux rêves brisés de nombreux jeunes, aux réfugiés qui affrontent des voyages terribles, et sont si souvent exploités… Malheureusement, la vie, c’est également cela. On a parfois envie de dire que c’est surtout cela.
Peut-être. Mais il y a un Père qui pleure avec nous; il y a un Père qui verse des larmes de pitié infinie envers ses enfants. Nous avons un Père qui sait pleurer, qui pleure avec nous. Un père qui attend pour nous consoler, parce qu’il connaît nos souffrances et nous a préparé un avenir différent. Telle est la grande vision de l’espérance chrétienne, qui enveloppe tous les jours de notre existence, et qui veut nous soulager.
Dieu n’a pas voulu nos vies par erreur, en s’obligeant, ainsi que nous, à de pénibles nuits d’angoisse. Au contraire, il nous a créés parce qu’il nous veut heureux. C’est notre Père et si nous, ici, faisons l’expérience d’une vie qui n’est pas celle qu’Il a voulu pour nous, Jésus nous garantit que Dieu lui-même accomplit son rachat. Il œuvre pour nous racheter.
Nous croyons et nous savons que la mort et la haine ne sont pas les dernières paroles prononcées sur la parabole de l’existence humaine. Etre chrétiens implique une nouvelle perspective: un regard plein d’espérance. Certains croient que la vie détient tous ses bonheurs dans la jeunesse et dans le passé et que vivre est un lent déclin. D’autres encore considèrent que nos joies ne sont qu’épisodiques et passagères, et que dans la vie des hommes est inscrit le non-sens. Ceux qui, devant tant de catastrophes, disent: «Mais la vie n’a pas de sens. Notre chemin est le non-sens». Mais nous, chrétiens, ne croyons pas cela. Nous croyons en revanche que dans l’horizon de l’homme, il existe un soleil qui illumine pour toujours. Nous croyons que nos jours les plus beaux doivent encore arriver. Nous sommes davantage des personnes de printemps que d’automne. J’aimerais demander à présent — que chacun réponde dans son cœur, en silence, mais qu’il réponde —: «Est-ce que je suis un homme, une femme, un garçon, une fille de printemps ou d’automne? Mon âme est-elle de printemps ou d’automne? Que chacun réponde. Nous percevons les bourgeons d’un monde nouveau plutôt que les feuilles jaunies sur les branches. Nous ne nous berçons pas de nostalgie, de regrets et de plaintes: nous savons que Dieu veut que nous soyons les héritiers d’une promesse et d’inlassables cultivateurs de rêves. N’oubliez pas cette question: «Suis-je une personne de printemps ou d’automne?». De printemps, qui attend la fleur, qui attend le fruit, qui attend le soleil qui est Jésus, ou d’automne, qui a toujours le visage tourné vers le bas, aigri et, comme je l’ai dit parfois, le visage des piments au vinaigre.
Le chrétien sait que le Royaume de Dieu, sa Seigneurie d’amour croît comme un grand champ de blé, même si au milieu, se trouve l’ivraie. Il y a toujours des problèmes, il y a les commérages, il y a les guerres, il y a les maladies… Il y a des problèmes. Mais le grain croît, et à la fin, le mal sera éliminé. L’avenir ne nous appartient pas, mais nous savons que Jésus Christ est la plus grande grâce de la vie: il est le baiser de Dieu qui nous attend à la fin, mais qui nous accompagne dès à présent et nous réconforte sur le chemin. Il nous conduit à la grande «demeure» de Dieu avec les hommes (cf. Ap 21, 3), avec nos nombreux autres frères et sœurs, et nous apporterons à Dieu le souvenir des jours vécus ici-bas. Et il sera beau de découvrir en cet instant que rien ne s’est perdu, aucun sourire, aucune larme. Même si notre vie a été longue, il nous semblera l’avoir vécue dans un souffle. Et que la création ne s’est pas arrêtée au sixième jour de la Genèse, mais qu’elle s’est poursuivie, inlassable, parce que Dieu s’est toujours préoccupé de nous. Jusqu’au jour où tout s’accomplira, au matin où les larmes seront séchées, à l’instant même où Dieu prononcera son ultime parole de bénédiction: «Voici — dit le Seigneur —, je fais l’univers nouveau» (v. 5). Oui, notre Père est le Dieu des nouveautés et des surprises. Et ce jour-là, nous serons véritablement heureux, et nous pleurerons. Oui: mais nous pleurerons de joie.

 

BENOÎT XVI – SAINT AUGUSTIN (1)

29 août, 2017

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BENOÎT XVI – SAINT AUGUSTIN (1)

AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercredi 9 janvier 2008

Chers frères et sœurs,

Après les grandes festivités de Noël, je voudrais revenir aux méditations sur les Pères de l’Eglise et parler aujourd’hui du plus grand Père de l’Eglise latine, saint Augustin: homme de passion et de foi, d’une très grande intelligence et d’une sollicitude pastorale inlassable, ce grand saint et docteur de l’Eglise est souvent connu, tout au moins de réputation, par ceux qui ignorent le christianisme ou qui ne le connaissent pas bien, car il a laissé une empreinte très profonde dans la vie culturelle de l’Occident et du monde entier. En raison de son importance particulière, saint Augustin a eu une influence considérable et l’on pourrait affirmer, d’une part, que toutes les routes de la littérature chrétienne latine mènent à Hippone (aujourd’hui Annaba, sur la côte algérienne), le lieu où il était Evêque et, de l’autre, que de cette ville de l’Afrique romaine, dont Augustin fut l’Evêque de 395 jusqu’à sa mort en 430, partent de nombreuses autres routes du christianisme successif et de la culture occidentale elle-même.
Rarement une civilisation ne rencontra un aussi grand esprit, qui sache en accueillir les valeurs et en exalter la richesse intrinsèque, en inventant des idées et des formes dont la postérité se nourrirait, comme le souligna également Paul VI: « On peut dire que toute la pensée de l’Antiquité conflue dans son œuvre et que de celle-ci dérivent des courants de pensée qui parcourent toute la tradition doctrinale des siècles suivants » (AAS, 62, 1970, p. 426). Augustin est également le Père de l’Eglise qui a laissé le plus grand nombre d’œuvres. Son biographe Possidius dit qu’il semblait impossible qu’un homme puisse écrire autant de choses dans sa vie. Nous parlerons de ces diverses œuvres lors d’une prochaine rencontre. Aujourd’hui, nous réserverons notre attention à sa vie, que l’on reconstruit bien à partir de ses écrits, et en particulier des Confessions, son extraordinaire autobiographie spirituelle, écrite en louange à Dieu, qui est son œuvre la plus célèbre. Et à juste titre, car ce sont précisément les Confessions d’Augustin, avec leur attention à la vie intérieure et à la psychologie, qui constituent un modèle unique dans la littérature occidentale, et pas seulement occidentale, même non religieuse, jusqu’à la modernité. Cette attention à la vie spirituelle, au mystère du « moi », au mystère de Dieu qui se cache derrière le « moi », est une chose extraordinaire sans précédent et restera pour toujours, pour ainsi dire, un « sommet » spirituel.
Mais pour en venir à sa vie, Augustin naquit à Taghaste – dans la province de Numidie de l’Afrique romaine – le 13 novembre 354, de Patrice, un païen qui devint ensuite catéchumène, et de Monique, fervente chrétienne. Cette femme passionnée, vénérée comme une sainte, exerça sur son fils une très grande influence et l’éduqua dans la foi chrétienne. Augustin avait également reçu le sel, comme signe de l’accueil dans le catéchuménat. Et il est resté fasciné pour toujours par la figure de Jésus Christ; il dit même avoir toujours aimé Jésus, mais s’être éloigné toujours plus de la foi ecclésiale, de la pratique ecclésiale, comme cela arrive pour de nombreux jeunes aujourd’hui aussi.
Augustin avait aussi un frère, Navigius, et une sœur, dont nous ignorons le nom et qui, devenue veuve, fut ensuite à la tête d’un monastère féminin. Le jeune garçon, d’une très vive intelligence, reçut une bonne éducation, même s’il ne fut pas un étudiant exemplaire. Il étudia cependant bien la grammaire, tout d’abord dans sa ville natale, puis à Madaure et, à partir de 370, la rhétorique à Carthage, capitale de l’Afrique romaine: maîtrisant parfaitement la langue latine, il n’arriva cependant pas à la même maîtrise du grec et n’apprit pas le punique, parlé par ses compatriotes. Ce fut précisément à Carthage qu’Augustin lut pour la première fois l’Hortensius, une œuvre de Cicéron qui fut ensuite perdue et qui marqua le début de son chemin vers la conversion. En effet, le texte cicéronien éveilla en lui l’amour pour la sagesse, comme il l’écrira, devenu Evêque, dans les Confessiones: « Ce livre changea véritablement ma façon de voir », si bien qu’ »à l’improviste toute espérance vaine perdit de sa valeur et que je désirai avec une incroyable ardeur du cœur l’immortalité de la sagesse » (III, 4, 7).
Mais comme il était convaincu que sans Jésus on ne peut pas dire avoir effectivement trouvé la vérité, et comme dans ce livre passionné ce nom lui manquait, immédiatement après l’avoir lu, il commença à lire l’Ecriture, la Bible. Mais il en fut déçu. Non seulement parce que le style latin de la traduction de l’Ecriture Sainte était insuffisant, mais également parce que le contenu lui-même ne lui parut pas satisfaisant. Dans les récits de l’Ecriture sur les guerres et les autres événements humains, il ne trouva pas l’élévation de la philosophie, la splendeur de la recherche de la vérité qui lui est propre. Toutefois, il ne voulait pas vivre sans Dieu et il cherchait ainsi une religion correspondant à son désir de vérité et également à son désir de se rapprocher de Jésus. Il tomba ainsi dans les filets des manichéens, qui se présentaient comme des chrétiens et promettaient une religion totalement rationnelle. Ils affirmaient que le monde est divisé en deux principes: le bien et le mal. Et ainsi s’expliquerait toute la complexité de l’histoire humaine. La morale dualiste plaisait aussi à saint Augustin, car elle comportait une morale très élevée pour les élus: et pour celui qui y adhérait, comme lui, il était possible de vivre une vie beaucoup plus adaptée à la situation de l’époque, en particulier pour un homme jeune. Il devint donc manichéen, convaincu à ce moment-là d’avoir trouvé la synthèse entre rationalité, recherche de la vérité et amour de Jésus Christ. Il en tira également un avantage concret pour sa vie: l’adhésion aux manichéens ouvrait en effet des perspectives faciles de carrière. Adhérer à cette religion qui comptait tant de personnalités influentes lui permettait également de poursuivre une relation tissée avec une femme et d’aller de l’avant dans sa carrière. Il eut un fils de cette femme, Adéodat, qui lui était très cher, très intelligent, et qui sera ensuite très présent lors de sa préparation au baptême près du lac de Côme, participant à ces « Dialogues » que saint Augustin nous a légués. Malheureusement, l’enfant mourut prématurément. Professeur de grammaire vers l’âge de vingt ans dans sa ville natale, il revint bien vite à Carthage, où il devint un maître de rhétorique brillant et célèbre. Avec le temps, toutefois, Augustin commença à s’éloigner de la foi des manichéens, qui le déçurent précisément du point de vue intellectuel car ils étaient incapables de résoudre ses doutes, et il se transféra à Rome, puis à Milan, où résidait alors la cour impériale et où il avait obtenu un poste de prestige grâce à l’intervention et aux recommandations du préfet de Rome, le païen Simmaque, hostile à l’Evêque de Milan saint Ambroise.
A Milan, Augustin prit l’habitude d’écouter – tout d’abord dans le but d’enrichir son bagage rhétorique – les très belles prédications de l’Evêque Ambroise, qui avait été le représentant de l’empereur pour l’Italie du Nord, et le rhéteur africain fut fasciné par la parole du grand prélat milanais et pas seulement par sa rhétorique; c’est surtout son contenu qui toucha toujours plus son cœur. Le grand problème de l’Ancien Testament, du manque de beauté rhétorique, d’élévation philosophique se résolvait, dans les prédications de saint Ambroise, grâce à l’interprétation typologique de l’Ancien Testament: Augustin comprit que tout l’Ancien Testament est un chemin vers Jésus Christ. Il trouva ainsi la clef pour comprendre la beauté, la profondeur également philosophique de l’Ancien Testament et il comprit toute l’unité du mystère du Christ dans l’histoire et également la synthèse entre philosophie, rationalité et foi dans le Logos, dans le Christ Verbe éternel qui s’est fait chair.
Augustin se rendit rapidement compte que la lecture allégorique des Ecritures et la philosophie néoplatonicienne pratiquées par l’Evêque de Milan lui permettaient de résoudre les difficultés intellectuelles qui, lorsqu’il était plus jeune, lors de sa première approche des textes bibliques, lui avaient paru insurmontables.
A la lecture des écrits des philosophes, Augustin fit ainsi suivre à nouveau celle de l’Ecriture et surtout des lettres pauliniennes. Sa conversion au christianisme, le 15 août 386, se situa donc au sommet d’un itinéraire intérieur long et tourmenté dont nous parlerons dans une autre catéchèse, et l’Africain s’installa à la campagne au nord de Milan, près du lac de Côme – avec sa mère Monique, son fils Adéodat et un petit groupe d’amis – pour se préparer au baptême. Ainsi, à trente-deux ans, Augustin fut baptisé par Ambroise, le 24 avril 387, au cours de la veillée pascale, dans la cathédrale de Milan.
Après son baptême, Augustin décida de revenir en Afrique avec ses amis, avec l’idée de pratiquer une vie commune, de type monastique, au service de Dieu. Mais à Ostie, dans l’attente du départ, sa mère tomba brusquement malade et mourut un peu plus tard, déchirant le cœur de son fils. Finalement de retour dans sa patrie, le converti s’établit à Hippone pour y fonder précisément un monastère. Dans cette ville de la côte africaine, malgré la présence d’hérésies, il fut ordonné prêtre en 391 et commença avec plusieurs compagnons la vie monastique à laquelle il pensait depuis longtemps, partageant son temps entre la prière, l’étude et la prédication. Il voulait uniquement être au service de la vérité, il ne se sentait pas appelé à la vie pastorale, mais il comprit ensuite que l’appel de Dieu était celui d’être un pasteur parmi les autres, en offrant ainsi le don de la vérité aux autres. C’est à Hippone, quatre ans plus tard, en 395, qu’il fut consacré Evêque. Continuant à approfondir l’étude des Ecritures et des textes de la tradition chrétienne, Augustin fut un Evêque exemplaire dans son engagement pastoral inlassable: il prêchait plusieurs fois par semaine à ses fidèles, il assistait les pauvres et les orphelins, il soignait la formation du clergé et l’organisation de monastères féminins et masculins. En peu de mots, ce rhéteur de l’antiquité s’affirma comme l’un des représentants les plus importants du christianisme de cette époque: très actif dans le gouvernement de son diocèse – avec également d’importantes conséquences au niveau civil – pendant ses plus de trente-cinq années d’épiscopat, l’Evêque d’Hippone exerça en effet une grande influence dans la conduite de l’Eglise catholique de l’Afrique romaine et de manière plus générale sur le christianisme de son temps, faisant face à des tendances religieuses et des hérésies tenaces et sources de division telles que le manichéisme, le donatisme et le pélagianisme, qui mettaient en danger la foi chrétienne dans le Dieu unique et riche en miséricorde.
Et c’est à Dieu qu’Augustin se confia chaque jour, jusqu’à la fin de sa vie: frappé par la fièvre, alors que depuis presque trois mois sa ville d’Hippone était assiégée par les envahisseurs vandales, l’Evêque – raconte son ami Possidius dans la Vita Augustini – demanda que l’on transcrive en gros caractères les psaumes pénitentiels « et il fit afficher les feuilles sur le mur, de sorte que se trouvant au lit pendant sa maladie il pouvait les voir et les lire, et il pleurait sans cesse à chaudes larmes » (31, 2). C’est ainsi que s’écoulèrent les derniers jours de la vie d’Augustin, qui mourut le 28 août 430, alors qu’il n’avait pas encore 76 ans. Nous consacrerons les prochaines rencontres à ses œuvres, à son message et à son parcours intérieur.

HOMÉLIE DU 21E DIMANCHE ORDINAIRE A (Tu es Petrus)

24 août, 2017

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HOMÉLIE DU 21E DIMANCHE ORDINAIRE A

Is 22, 19-23 ; Rm 11, 33-36 ; Mt 16, 13-20

C’est à nous tous, sans exception, ici et maintenant, que Jésus nous pose cette question de confiance : Pour vous, qui suis-je ? Ne cherchons pas la réponse dans un catéchisme. Et il ne suffit pas de réciter le credo, ni même de proposer une définition correcte. D’autant plus qu’elle peut s’exprimer de plusieurs manières, et qui peuvent être marquées par le langage d’une époque.
Matthieu, comme Luc et Marc, eux, font tous trois écho à cette sorte de sondage d’opinion, que Jésus a réalisé en interpellant ses disciples. Il sait qu’ils n’ont pas les yeux en poche ni les oreilles bouchées. Nous apprenons ainsi que le jeune prédicateur est généralement considéré par ses compatriotes comme un grand prophète, tel que Jean Baptiste, Elie, Jérémie, et d’autres encore. Or, Elie était un rigoriste de la vraie foi. Un agressif, qui prétendait toujours avoir raison. A tel point qu’il a fait massacrer des prêtres païens. Plus tard, on a vu des chrétiens qui s’en sont même inspirés pour combattre violemment ceux qui pensaient autrement qu’eux. Jésus, par contre, n’a jamais voulu anéantir des non croyants. Il les a plutôt invités à entrer dans le Royaume.
Jérémie, c’est l’exemple du juste souffrant. Mais il avait une vision tellement masochiste de la vie, qu’il allait jusqu’à préférer la souffrance au bonheur. Ce qui ne ressemble guère à Jésus. Il se souciait plutôt de vérité, de réconciliation, de justice et de paix. Aujourd’hui encore, il nous invite à assumer la souffrance plutôt que la rechercher. Et Jean Baptiste ? Un contemporain. Et même son cousin. Le dernier grand prophète du premier Testament. Un ascète de grand format. L’ascèse fait certainement partie d’une vie chrétienne. Il n’empêche ! Jésus ne l’a jamais mise au premier plan. A tel point que de pieux intégristes l’ont même fait passer pour  » un glouton et un ivrogne « .
Ce qui importe surtout à Jésus, c’est que nous trouvions la vie. Découvrir, rencontrer et connaître le Père à travers lui, pour accéder ainsi à la foi, à la liberté, et à la qualité de fils ou de fille. La foi n’est donc pas d’abord un problème de doctrine. C’est le fruit d’une rencontre avec quelqu’un. Une confiance, qui permet d’aboutir à une relation personnelle. La question que Jésus nous pose est d’ailleurs claire et directe :  » Pour vous, qui suis-je ? « .
Ne cherchons donc pas la réponse dans un livre. Croire, c’est un tête-à-tête, un cœur à cœur, une intimité, une amitié. La rencontre d’un  » je  » et d’un  » tu « .  » Pierre, m’aimes-tu ? « . Un dialogue qui se prolonge, s’enracine, et s’épanouit dans une communion. On devient alors à son tour une pierre, un roc, sur lequel on peut bâtir. Ou un sol nourricier, qui puisse accueillir des semences, celles d’un arbre, capable de produire du fruit. La foi est communion, terrain à bâtir et terre féconde.
Encore faut-il être prêt à suivre le Christ, et même à transformer notre propre vie, pour devenir un être nouveau. L’essentiel n’est donc pas de le confesser en paroles. Mais bien de le suivre chaque jour, en nous efforçant de mettre nos pas dans les siens. C’est-à-dire nous en inspirer, l’imiter, autant que possible. Il est lui-même le Chemin.
Avez-vous remarqué qu’à la première question posée par Jésus, tout le monde répond ? Par contre, à la seconde, très personnelle, tout le monde se tait. Sauf Pierre. Evidemment, il ne s’agit pas d’une scène filmée ni d’un enregistrement. C’est une leçon de catéchèse. La promesse de Jésus à Pierre va d’ailleurs connaître diverses interprétations. (Un sujet qu’on ne peut ici qu’effleurer)
Aujourd’hui encore, l’Eglise d’Orient suit l’interprétation d’Origène. Théologien et exégète, mort martyr au 3e siècle. Pour lui, le roc sur lequel Jésus bâtit sa communauté, c’est la foi de Pierre et non pas la personne de Pierre. D’où, une conception très collégiale de l’autorité dans l’Eglise. Jésus aurait ainsi confié son ministère à ses Douze associés, réunis sous la présidence de Pierre. Tandis que l’Eglise latine de Rome appliquera la promesse à Pierre lui-même, et après lui à ses successeurs. C’est ainsi que l’Occident, contrairement à l’Orient, mettra l’accent sur l’autorité personnelle de l’évêque de Rome, qui deviendra le père,  » il papa « , le pape. D’où, l’expression : une  » monarchie spirituelle « . Ce qui explique tensions, conflits, jusqu’à la rupture définitive entre Rome et Constantinople en 1054. Le tout, assorti d’excommunications réciproques, qui furent enfin abandonnées en 1965, au lendemain du Concile. Sans résoudre pour autant l’épineux problème de la forme d’exercice de la primauté romaine.
Depuis lors, heureusement, l’aspiration œcuménique s’est développée, grâce, notamment, à des « Frère Roger, de Taizé » : Une vie offerte pour la réconciliation entre toutes les familles chrétiennes. Un prophète lui aussi « crucifié ».
Le grand mouvement œcuménique nous a conduits à une situation nouvelle. Au point qu’en 1995, Jean Paul II déclarait vouloir encourager, et même participer à la recherche d’une forme d’exercice de la primauté, en tenant compte davantage des impératifs de la collégialité chère à l’Orient et à Vatican II. Mais ce n’est ni le moment ni le lieu d’en débattre.
Par contre, c’est ici et maintenant qu’il nous faut répondre à la question posée par Jésus, qui veut faire de nous des pierres vivantes de son Eglise. Des rocs ! Que pouvons-nous améliorer pour mieux le suivre et mieux en témoigner ? Il ne suffit certainement pas de proclamer le credo, mais bien de répondre dans le secret de notre cœur. Nous pourrions donc, pour une fois, remplacer notre profession de foi habituelle par quelques minutes de réflexion personnelle silencieuse. C’est bien à chacun de nous que Jésus s’adresse : Pour toi, qui suis-je ?

P. Fabien Deleclos, franciscain (T)
1925 – 2008

PAPE FRANÇOIS AUDIENCE GÉNÉRALE (Lc 7,49)

23 août, 2017

http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/audiences/2017/documents/papa-francesco_20170809_udienza-generale.html

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Cesarea Marittima (l’ancien port)

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercredi 9 août 2017

Chers frères et sœurs, bonjour!

Nous avons entendu la réaction des hôtes de Simon le pharisien: «Qui est-il celui-là qui va jusqu’à remettre les péchés?» (Lc 7, 49). Jésus vient d’accomplir un acte scandaleux. Une femme de la ville, connue de tous comme une pécheresse, est entrée dans la maison de Simon, s’est agenouillée aux pieds de Jésus et a versé de l’huile parfumée sur ses pieds. Tous ceux qui étaient présents à table murmurent: si Jésus est un prophète, il ne devrait pas accepter des gestes de ce genre d’une femme comme celle-ci. Ces femmes qui, les pauvres, ne servaient qu’à être rencontrées en cachette, également par les chefs, ou à être lapidées. Selon la mentalité de l’époque, entre le saint et le pécheur, entre le pur et l’impur la séparation devait être nette.
Mais l’attitude de Jésus est différente. Dès le début de son ministère en Galilée, Il s’approche des lépreux, des possédés, de tous les malades et des exclus. Un comportement de ce genre n’était pas du tout habituel, et cette sympathie de Jésus pour les exclus, les «intouchables», sera d’ailleurs l’une des choses qui déconcerteront le plus ses contemporains. Là où il y a une personne qui souffre, Jésus la prend en charge, et cette souffrance devient la sienne. Jésus ne prêche pas que la condition de peine doit être supportée avec héroïsme, à la manière des philosophes stoïques. Jésus partage la douleur humaine, et quand il la rencontre, du plus profond de lui-même jaillit cette attitude qui caractérise le christianisme: la miséricorde. Devant la douleur humaine, Jésus ressent la miséricorde; le cœur de Jésus est miséricordieux. Jésus éprouve de la compassion. Littéralement: Jésus sent ses entrailles frémir. Combien de fois dans les Evangiles rencontrons-nous des réactions de ce genre. Le cœur du Christ incarne et révèle le cœur de Dieu, qui, là où se trouve un homme ou une femme qui souffre, veut sa guérison, sa libération, sa vie en plénitude.
C’est pour cette raison que Jésus ouvre ses bras aux pécheurs. Que de gens poursuivent aujourd’hui encore une vie d’erreur, parce qu’ils ne trouvent personne qui soit disponible à le regarder ou à la regarder de manière différente, avec les yeux, ou mieux, avec le cœur de Dieu, c’est-à-dire à les regarder avec espérance. Jésus voit, en revanche, une possibilité de résurrection également chez celui qui a accumulé tant de mauvais choix. Jésus est toujours là, avec le cœur ouvert; il ouvre cette miséricorde qu’il a dans le cœur; il pardonne, il embrasse, il comprend, il s’approche: Jésus est ainsi!
Nous oublions parfois que pour Jésus, il ne s’est pas agi d’un amour facile, à moindre frais. Les Evangiles enregistrent les premières réactions négatives à l’égard de Jésus précisément lorsqu’il pardonna les péchés d’un homme (cf. Mc 2, 1-12). C’était un homme qui souffrait doublement: parce qu’il ne pouvait pas marcher et parce qu’il se sentait «dans l’erreur». Et Jésus comprend que la deuxième douleur est plus grande que la première, au point qu’il l’accueille immédiatement par une annonce de libération: «Mon enfant, tes péchés sont remis» (v. 5). Il libère de ce sentiment d’oppression de se sentir dans l’erreur. C’est alors que certain scribes — ceux qui se croient parfaits: je pense aux nombreux catholiques qui se croient parfaits et méprisent les autres… cela est triste … —, certains scribes qui étaient présents, sont scandalisés par ces paroles de Jésus, qui retentissent comme un blasphème, car Dieu seul peut pardonner les péchés.
Nous qui sommes habitués à faire l’expérience du pardon des péchés peut-être «à trop bon marché», devrions quelquefois nous rappeler combien nous avons coûté à l’amour de Dieu. Chacun de nous a coûté assez cher: la vie de Jésus! Mais Lui l’aurait donné ne serait-ce que pour un seul d’entre nous. Jésus n’est pas mis en croix parce qu’il guérit les malades, parce qu’il prêche la charité, parce qu’il proclame les béatitudes. Le Fils de Dieu est surtout mis en Croix parce qu’il pardonne les péchés, parce qu’il veut la libération totale, définitive du cœur de l’homme. Parce qu’il n’accepte pas que l’être humain consume toute son existence avec ce «tatouage» indélébile, avec la pensée de ne pas pouvoir être accueilli par le cœur miséricordieux de Dieu. Et c’est avec ces sentiments que Jésus va à la rencontre des pécheurs, que nous sommes tous.
Ainsi, les pécheurs sont pardonnés. Ils ne sont pas seulement rassérénés au niveau psychologique, parce que libérés du sentiment de culpabilité. Jésus fait beaucoup plus: il offre aux personnes qui sont dans l’erreur l’espérance d’une vie nouvelle. «Mais, Seigneur, je suis une loque» – «Regarde devant toi et je te ferai un cœur nouveau». Telle est l’espérance que nous donne Jésus. Une vie marquée par l’amour. Matthieu le publicain devient apôtre du Christ: Matthieu qui est un traître de sa patrie, qui exploite les personnes. Zacchée, riche corrompu — celui-là avait certainement un diplôme en pots de vin — de Jéricho, se transforme en bienfaiteur des pauvres. La femme de Samarie, qui a eu cinq maris et qui vit à présent avec un autre, s’entend promettre une «eau vive» qui pourra toujours jaillir en elle (cf. Jn 4, 14). Ainsi Jésus change les cœurs; il fait cela avec nous tous.
Cela nous fait du bien de penser que Dieu n’a pas choisi comme matière première pour former son Eglise les personnes qui ne commettent jamais d’erreur. L’Eglise est un peuple de pécheurs qui font l’expérience de la miséricorde et du pardon de Dieu. Pierre a compris plus de vérités sur lui-même lors du chant du coq, qu’à l’occasion de ses élans de générosité, qui lui gonflaient la poitrine, le faisant se sentir supérieur aux autres.
Frères et sœurs, nous sommes tous de pauvres pécheurs, qui avons besoin de la miséricorde de Dieu qui a la force de nous transformer et de nous redonner l’espérance, et cela chaque jour. Et il le fait! Et aux personnes qui ont compris cette vérité de base, Dieu offre la plus belle mission du monde, c’est-à-dire l’amour pour nos frères et sœurs, et l’annonce d’une miséricorde qu’Il ne nie à personne. Et cela est notre espérance. Allons de l’avant avec cette confiance dans le pardon, dans l’amour miséricordieux de Jésus.

HOMÉLIE DU 20E DIMANCHE ORDINAIRE A

18 août, 2017

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Canaanite Woman, Très Riches Heures  Duc de Berry circa 1410

HOMÉLIE DU 20E DIMANCHE ORDINAIRE A

Is 56, 1.6-7 ; Rm 11, 13-15, 29-32 ; Mt 15, 21-28

Pour conclure ce fait divers évangélique, on pourrait épingler les qualités de la prière qui garantissent son efficacité. Il y a beaucoup plus. Jésus vient d’avoir une rencontre orageuse avec des pharisiens considérés comme des juifs exemplaires. Une élite convaincue de sa supériorité. Or, les voici interpellés par une moins que rien, parce que païenne et parce que femme. Provocatrice de surcroît. Elle sait qu’un bon juif ne peut lui adresser la parole sans se souiller. Et elle fait partie d’un peuple chassé définitivement de la terre que Dieu, selon la Bible, a donnée à Israël. C’est l’apartheid radical : religieux, culturel, politique et social. Les juifs les considéraient pratiquement comme des chiens.
Mais Jésus, le Juif et Messie d’Israël, se moque des barrières de la pureté rituelle, pour ne prendre en compte que la pureté morale et une foi exemplaire qui réduit à rien les règles d’exclusion et autres prescriptions nées de la mesquinerie des humains.
Cependant, bien au-delà d’une prière exaucée, il s’agit d’un problème plus vaste. Celui de l’universalité, c’est-à-dire la catholicité du peuple de Dieu. C’est ce qui a motivé le choix des deux premières lectures, qui traitent de cette question, à des niveaux différents. « Universalité » ou « catholicité », c’est-à-dire que la volonté de Dieu est d’offrir à tous, sans exception, la possibilité de faire alliance avec lui, d’être libérés de l’esclavage du mal, d’être intégrés dans un monde renouvelé, et d’en être aussi les bâtisseurs. Une révélation et une mission, dit la Bible, confiée au peuple d’Israël. Ce qui pouvait être compris comme un privilège. D’où, la tentation d’enfermer le peuple de Dieu dans une race, une culture, un peuple, une patrie. Tentation également de limiter la fidélité à Dieu et à son Alliance, à des lois et des traditions trop humaines. Comme celles de la race et de la culture. D’où le risque du ghetto, contre lequel devront lutter bien des prophètes.
Ainsi, Isaïe a tenté de forcer portes et fenêtres pour que soient accueillis les exclus qu’Israël regardait de très haut. Alors qu’en réalité, ils étaient appelés à constituer eux aussi « le peuple de Dieu ». Tous les prophètes ont mis en garde contre la dictature des « préceptes d’hommes » et l’obsession aveuglante des traditions humaines.
Jésus ira encore plus loin. En expliquant que l’Alliance n’est pas d’abord un respect de prescriptions humaines. Il va ainsi se heurter à la défense des privilèges, à l’incroyance des croyants, à l’étroitesse d’esprit des fidèles et à l’aveuglement des guides : « Ce peuple m’honore des lèvres, mais son cœur est loin de moi… C’est en vain qu’ils me rendent un culte, car les doctrines qu’ils enseignent ne sont que des préceptes d’hommes ». Quant aux plus farouches défenseurs des traditions, il les traitera d’ »aveugles qui guident d’autres aveugles ».
Face à la Cananéenne, la première réaction de Jésus est celle de tout juif de l’époque : indifférence et mépris (Il adoucit cependant l’injure « chien » en « petit chien »). Mais, et c’est une nouveauté : il reconnaît à cette exclue une qualité de foi. Il lui accorde même ce qui a toujours été considéré comme un privilège réservé aux croyants exemplaires : une prière exaucée par une guérison. Un scandale pour les juifs pieux, puisque le jeune prophète était passé outre à tous les interdits.
Avec Matthieu, nous sommes plus ou moins 60 ans après la mort de Jésus. Il s’agit d’une page de catéchèse, destinée à des juifs, candidats chrétiens, qui se sentaient rejetés par la communauté juive traditionnelle. Et ils en souffrent. Catéchèse également pour des païens, séduits par le message de Jésus. Ils ont même été accueillis par la jeune communauté judéo-chrétienne, alors qu’ils n’étaient ni juifs, ni circoncis, ni respectueux des prescriptions et traditions judaïques.
Une « nouvelle pastorale » qui semble avoir été pour Pierre un très douloureux cas de conscience, comme le racontent les Actes des Apôtres dans l’épisode de la vision de Joppé (chapitre 10). On le voit crispé sur les traditions de son enfance. Invité, dans un rêve ou une vision, à tuer et manger des animaux impurs, il réplique : « De ma vie, je n’ai rien mangé d’immonde ni d’impur ». Mais la voix répond : « Ce que Dieu a rendu pur, tu ne vas pas, toi, le déclarer immonde ! » (10, 9 et ss.). Alors, il osera même ensuite entrer dans la maison d’un centurion païen, bravant ainsi un grave interdit.
La tentation existe toujours aujourd’hui de confondre la fidélité à des prescriptions, des rites, des règlements humains relatifs et passagers, avec des exigences fondamentales de l’Alliance, et donc de l’Evangile. Qui, elles, peuvent et sont parfois même respectées et vécues par des « incroyants », des marginaux, des exclus, des païens, des croyants d’autres religions. Benoît XVI l’a rappelé à propos du catéchisme de l’Eglise catholique : « Il ne faut pas penser à un ensemble de règles que nous portons sur nos épaules comme une lourde besace sur le chemin de la vie. La foi est, en définitive, simple et riche ».
En fait, personne ne peut se déclarer parfaitement catholique et donc universel ou vraiment fidèle à l’Alliance. C’est chaque jour qu’il faut le devenir et le prouver. C’est constamment qu’il faut être ouvert aux surprises de la Parole et de l’Esprit pour le devenir chaque jour davantage.

P. Fabien Deleclos, franciscain (T)
1925 – 2008

ASSOMPTION DE LA VIERGE MARIE – HOMÉLIE DU PAPE BENOÎT XVI

14 août, 2017

https://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/homilies/2005/documents/hf_ben-xvi_hom_20050815_assunzione-maria.html

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MESSE EN LA SOLENNITÉ DE L’ASSOMPTION DE LA VIERGE MARIE

HOMÉLIE DU PAPE BENOÎT XVI

Paroisse pontificale « San Tommaso da Villanova », Castel Gandolfo
Lundi 15 août 2005

Chers frères dans l’épiscopat et dans le sacerdoce, chers frères et soeurs,

Avant tout, un cordial salut à vous tous. C’est pour moi une grande joie de célébrer la Messe le jour de l’Assomption dans cette belle église paroissiale. Je salue le Cardinal Sodano, l’Evêque d’Albano, tous les prêtres, le Maire et vous tous. Merci de votre présence. La fête de l’Assomption est un jour de joie. Dieu a vaincu. L’amour a vaincu. La vie a vaincu. On a vu que l’amour est plus fort que la mort. Que Dieu possède la véritable force et que sa force est bonté et amour.
Marie a été élevée au ciel corps et âme: même pour le corps, il y a une place en Dieu. Le ciel n’est plus pour nous un domaine très éloigné et inconnu. Dans le ciel, nous avons une mère. C’est la Mère de Dieu, la Mère du Fils de Dieu, c’est notre Mère. Lui-même l’a dit. Il en a fait notre Mère, lorsqu’il a dit au disciple et à nous tous: « Voici ta Mère! ». Dans le ciel, nous avons une Mère. Le ciel s’est ouvert, le ciel a un coeur.
Dans l’Evangile, nous avons entendu le Magnificat, cette grande poésie qui s’est élevée des lèvres, et plus encore du coeur de Marie, inspirée par l’Esprit Saint. Dans ce chant merveilleux se reflète toute l’âme, toute la personnalité de Marie. Nous pouvons dire que son chant est un portrait, une véritable icône de Marie, dans laquelle nous pouvons la voir exactement telle qu’elle est. Je voudrais souligner uniquement deux points de ce grand chant. Celui-ci commence par la parole « Magnificat »: mon âme « magnifie » le Seigneur, c’est-à-dire « proclame la grandeur » du Seigneur. Marie désire que Dieu soit grand dans le monde, soit grand dans sa vie, soit présent parmi nous tous. Elle n’a pas peur que Dieu puisse être un « concurrent » dans notre vie, qu’il puisse ôter quelque chose de notre liberté, de notre espace vital, par sa grandeur. Elle sait que si Dieu est grand, nous aussi, nous sommes grands. Notre vie n’est pas opprimée, mais est élevée et élargie: ce n’est qu’alors qu’elle devient grande dans la splendeur de Dieu.
Le fait que nos ancêtres pensaient le contraire, constitua le noyau du péché originel. Ils craignaient que si Dieu avait été trop grand, il aurait ôté quelque chose à leur vie. Ils pensaient devoir mettre Dieu de côté pour avoir de la place pour eux-mêmes. Telle a été également la grande tentation de l’époque moderne, des trois ou quatre derniers siècles. On a toujours plus pensé et dit: « Mais ce Dieu ne nous laisse pas notre liberté, il rend étroit l’espace de notre vie avec tous ses commandements. Dieu doit donc disparaître; nous voulons être autonomes, indépendants. Sans ce Dieu, nous serons nous-mêmes des dieux, et nous ferons ce que nous voulons ». Telle était également la pensée du fils prodigue, qui ne comprit pas que, précisément en vertu du fait d’être dans la maison du père, il était « libre ». Il partit dans des pays lointains et consuma la substance de sa vie. A la fin, il comprit que, précisément parce qu’il s’était éloigné du père, au lieu d’être libre, il était devenu esclave; il comprit que ce n’est qu’en retournant à la maison du Père qu’il pouvait être véritablement libre, dans toute la splendeur de la vie. Il en est de même à l’époque moderne. Avant, on pensait et on croyait que, ayant mis Dieu de côté et étant autonomes, en suivant uniquement nos idées, notre volonté, nous serions devenus réellement libres, nous aurions pu faire ce que nous voulions sans que personne ne nous donne aucun ordre. Mais là où Dieu disparaît, l’homme ne devient pas plus grand; il perd au contraire sa dignité divine, il perd la splendeur de Dieu sur son visage. A la fin, il n’apparaît plus que le produit d’une évolution aveugle, et, en tant que tel, il peut être usé et abusé. C’est précisément ce que l’expérience de notre époque a confirmé.
Ce n’est que si Dieu est grand que l’homme est également grand. Avec Marie, nous devons commencer à comprendre cela. Nous ne devons pas nous éloigner de Dieu, mais rendre Dieu présent; faire en sorte qu’Il soit grand dans notre vie; ainsi, nous aussi, nous devenons divins; toute la splendeur de la dignité divine nous appartient alors. Appliquons cela à notre vie. Il est important que Dieu soit grand parmi nous, dans la vie publique et dans la vie privée. Dans la vie publique, il est important que Dieu soit présent, par exemple, à travers la Croix, dans les édifices publics, que Dieu soit présent dans notre vie commune, car ce n’est que si Dieu est présent que nous pouvons suivre une orientation, une route commune; autrement, les différences deviennent inconciliables, car il n’existe pas de reconnaissance de notre dignité commune. Rendons Dieu grand dans la vie publique et dans la vie privée. Cela veut dire laisser chaque jour un espace à Dieu dans notre vie, en commençant le matin par la prière, puis en réservant du temps à Dieu, en consacrant le dimanche à Dieu. Nous ne perdons pas notre temps libre si nous l’offrons à Dieu. Si Dieu entre dans notre temps, tout notre temps devient plus grand, plus ample, plus riche.
Une seconde observation. Cette poésie de Marie – le Magnificat – est entièrement originale; toutefois, elle est, dans le même temps, un « tissu » composé à partir de « fils » de l’Ancien Testament, à partir de la Parole de Dieu. Et ainsi, nous voyons que Marie était, pour ainsi dire, « chez elle » dans la Parole de Dieu, elle vivait de la Parole de Dieu, elle était pénétrée de la Parole de Dieu. Dans la mesure où elle parlait avec les paroles de Dieu, elle pensait avec les paroles de Dieu, ses pensées étaient les pensées de Dieu. Ses paroles étaient les paroles de Dieu. Elle était pénétrée par la lumière divine et c’est la raison pour laquelle elle était aussi resplendissante, aussi bonne, aussi rayonnante, d’amour et de bonté. Marie vit de la Parole de Dieu, elle est imprégnée de la Parole de Dieu. Et le fait d’être plongée dans la Parole de Dieu, le fait que la Parole de Dieu lui est totalement familière, lui confère également la lumière intérieure de la sagesse. Celui qui pense avec Dieu pense bien, et celui qui parle avec Dieu parle bien. Il possède des critères de jugement valables pour toutes les choses du monde. Il devient savant, sage, et, dans le même temps, bon; il devient également fort et courageux, grâce à la force de Dieu qui résiste au mal et promeut le bien dans le monde.
Et ainsi, Marie parle avec nous, elle nous parle, elle nous invite à connaître la Parole de Dieu, à aimer la Parole de Dieu à vivre avec la Parole de Dieu et à penser avec la Parole de Dieu. Et nous pouvons le faire de façons très diverses: en lisant l’Ecriture Sainte, en particulier en participant à la Liturgie, dans laquelle, au cours de l’année, la Sainte Eglise nous présente tout le livre de l’Ecriture Sainte. Elle l’ouvre à notre vie et le rend présent dans notre vie. Mais je pense également au « Compendium du Catéchisme de l’Eglise catholique », que nous avons récemment publié, et dans lequel la Parole de Dieu est appliquée à notre vie, interprète la réalité de notre vie, nous aide à entrer dans le grand « temple » de la Parole de Dieu, à apprendre à l’aimer et à être, comme Marie, pénétrés par cette Parole. Ainsi la vie devient lumineuse et nous possédons un critère de base pour notre jugement, nous recevons en même temps la bonté et la force.
Marie est élevée corps et âme à la gloire du ciel et avec Dieu et en Dieu, elle est Reine du ciel et de la terre. Est-elle si éloignée de nous? Bien au contraire. Précisément parce qu’elle est avec Dieu et en Dieu, elle est très proche de chacun de nous. Lorsqu’elle était sur terre, elle ne pouvait être proche que de quelques personnes. Etant en Dieu, qui est proche de nous, qui est même « à l’intérieur » de nous tous, Marie participe à cette proximité de Dieu. Etant en Dieu et avec Dieu, elle est proche de chacun de nous, elle connaît notre coeur, elle peut entendre nos prières, elle peut nous aider par sa bonté maternelle et elle nous est donnée – comme le dit le Seigneur, – précisément comme « mère », à laquelle nous pouvons nous adresser à tout moment. Elle nous écoute toujours, elle est toujours proche de nous, et, étant la Mère du Fils, elle participe de la puissance du Fils, de sa bonté. Nous pouvons toujours confier toute notre vie à cette Mère, qui est proche de tous.
Rendons grâce au Seigneur, en ce jour de fête, pour le don de la Mère et prions Marie, afin qu’elle nous aide à trouver le bon chemin chaque jour. Amen.

 

SAINT MAXIMILIEN KOLBE – 10 août (m)

13 août, 2017

http://apotres.amour.free.fr/page4/kolbe.htm

kolbe

SAINT MAXIMILIEN KOLBE – 10 août

1894-1941

« L’essentiel n’est pas de beaucoup agir selon notre idée, mais d’être entre les mains de l’Immaculée.»

L’histoire retiendra son martyre: Dénoncé pour activités anti-allemandes, il est arrêté le 17 février 1941 par la Gestapo. Il sera enfermé à la prison de Pawiak jusqu’à fin mai 1941. Là il sera frappé par un officier nazi qui saisit son rosaire et son crucifix. «Et toi, tu y crois à ça? –J’y crois et comment!» Ses camarades de cellule le relèvent et cherchent à le réconforter: «Cela, ce n’est rien du tout, c’est tout pour la petite Mère.» Le Père Kolbe supporte les coups et les brimades des SS et déjà il rayonne auprès des autres prisonniers par son calme et sa bonté. Même les gardes allemands sont l’objet de sa sollicitude. Le 28 mai, il est transféré au camp d’Auschwitz. Inutile de dire les souffrances qui ont été les siennes dans ce camp de la mort où périrent tant de victimes, notamment des milliers de juifs innocents, sous la barbarie nazie. A la fin du mois de juillet, un prisonnier s’est évadé du bloc 14. Dix hommes seront condamnés à mourir de faim et de soif, enfermés dans un bunker, par mesure de représailles. Après avoir maintenu les prisonniers du bloc 14 au garde-à-vous en plein soleil pendant une journée, le chef du camp désigne les condamnés. «Adieu, adieu ma pauvre femme, adieu, mes pauvres enfants», dit en sanglotant le sergent François Gajowniczek. Les condamnés sont rassemblés. Or, un homme s’avance vers le commandant SS Fritsch: – «Qu’est-ce qu’il me veut, ce cochon de Polonais?» Le Père Maximilien désigna F. Gajowniczek et répondit: – « Je suis prêtre catholique polonais; je suis vieux, je veux prendre sa place, parce qu’il a femme et enfants.» Stupéfait le commandant accepte. Dans le souterrain de la mort, commence alors une terrible agonie. Là comme ailleurs le Père Kolbe apaise et réconforte les condamnés en priant avec eux. Du bunker s’élèvent des cantiques à la Vierge Marie. Le prêtre accompagne dans leurs derniers instants les malheureux suppliciés et les prépare à la mort. Cette mort, il la recevra le dernier, le 14 août. Il est achevé par une piqûre d’alcool. Un détenu chargé de nettoyer le bunker témoigne: «Quand j’ouvris la porte de fer, il avait cessé de vivre; mais il me paraissait vivant. Le visage était radieux, d’une manière insolite; les yeux grands ouverts et fixés sur un point. Tout le visage était comme en extase. Ce spectacle, je ne l’oublierai jamais.» Quelle grâce a-t-il reçue de sa «petite Mère» à ses derniers instants, en cette veille de l’Assomption? C’est le 15 août que son corps fut brûlé au crématoire.( Jean-Louis Benoit)
« Son » histoire révèlera un fait surnaturel prémonitoire: C’est sa mère qui, après la mort de son fils, confiera ce souvenir aux confrères de Maximilien: « Un jour, après une remontrance anodine, tremblant d’émotion et les larmes aux yeux, il me dit: – Maman, quand tu m’as grondé, j’ai beaucoup prié la Vierge de me dire ce que je deviendrais. Me trouvant ensuite à l’église, je la priai de nouveau; alors elle m’est apparue tenant dans ses mains deux couronnes: une blanche et une rouge. Elle me regarda avec tendresse et me demanda si je voulais ces deux couronnes. La blanche signifiait la persévérance dans la pureté, et la rouge le martyre. Je répondis que je les acceptais. Alors elle me regarda avec douceur et disparut.»

Il ne faudrait pas cependant oublier qu’il fut l’auteur de mensuel « Le chevalier de l’Immaculée » ou bien encore qu’il fut le fondateur de « La milice de l’immaculée »

ACTE DE CONSECRATION A L’IMMACULEE de Saint Maximilien Kolbe
Immaculée Conception Reine du ciel et de la terre Refuge des pécheurs et Mère très aimante Dieu voulut te confier tout l’ordre de la Miséricorde, me voici a tes pieds, moi, N…, pauvre pécheur.
Je t’en supplie, accepte mon être tout entier comme ton bien et ta propriété; agis en moi selon ta volonté, en mon âme et mon corps, en ma vie et ma mort et mon éternité.
Dispose avant tout de moi comme tu le désires, pour que se réalise enfin ce qui est dit de toi: «La Femme écrasera la tête du serpent» et aussi: «Toi seule vaincras les hérésies dans le monde entier».
Qu’en tes mains toutes pures, si riches de miséricorde, je devienne un instrument de ton amour, capable de ranimer et d’épanouir pleinement tant d’âmes tièdes et égarées.
Ainsi s’étendra sans fin le Règne du Coeur divin de Jésus. Vraiment, ta seule présence attire les grâces qui convertissent et sanctifient les âmes puisque la Grâce jaillit du Coeur divin de Jésus sur nous tous, en passant par tes mains maternelles.

 

HOMÉLIE DU 19E DIMANCHE ORDINAIRE A

11 août, 2017

http://parolesdudimanche.blogs.lalibre.be/

HOMÉLIE DU 19E DIMANCHE ORDINAIRE A

1 R 19, 9a, 11-13a ; Rm 9, 1-5 ; Mt 14, 22-33

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Désespéré ! Le mot n’est pas trop fort quand on lit les douloureuses aventures du prophète Elie. Consacré à Dieu, prédicateur inlassable, il sème le bien et récolte les échecs. Porteur d’un message de miséricorde, c’est l’opposition qu’il rencontre à tous les niveaux. Dieu lui-même semble l’abandonner. La foi du prophète est ébranlée et son espérance à l’agonie. Le doute et la déception le torturent. L’homme sûr et fort est comme anéanti. Des idées de mort peuplent ses rêves. Ce lutteur de Dieu fuit la terre des combats, le peuple qui le délaisse, la haine des grands qui le traque.
L’exode cependant devient pèlerinage et retour aux sources mystérieuses où Dieu se révèle chaque fois et toujours comme le tout autre. Réfugié dans la splendide solitude du Sinaï, le prophète rumine son amertume et vide son cœur qui brûle encore « d’un zèle jaloux pour Yahwé le Dieu des armées ». Le Seigneur ne restera pas insensible à la détresse de son serviteur. Mais ce n’est pas dans la tempête, le tremblement de terre ou le feu, signes de puissance, de menaces et de vengeance, qu’Elie reconnaîtra son consolateur… Ce fut le murmure d’une brise légère. La douceur d’une présence invisible. La discrétion d’un ami. Le silence qui permet de discerner d’imperceptibles appels : « Va, retourne par le même chemin… ». Point n’est question de gémir sur le passé. Une œuvre a été commencée, elle doit être poursuivie. La peur fit place à la foi, et le prophète « partit de là ».
Paul, l’intrépide, a connu lui aussi l’épreuve du doute et la douleur des déceptions. Sa tristesse fut de se voir coupé des siens à cause même de Jésus Christ, de les voir refuser la Bonne Nouvelle, se s’accrocher farouchement à ce qui devait être purifié et transformé.
Paul, un géant du royaume de Dieu, déchiré entre deux fidélités. Non sans peine, il découvrira dans la tradition cet essentiel souvent caché par l’accessoire, et qui ne cesse de produire des choses nouvelles. L’apôtre sortira de la nuit de la foi en prenant appui sur la parole du Christ, comme nous y invite le psaume : « Notre espérance, c’est le Seigneur ! Prenez appui sur sa Parole » (Ps 129).
Le doute et la peur, déceptions et découragements, tentations et faiblesses, font partie intégrante des bagages spirituels du croyant : « Seigneur, sauve-moi ! ». Ce cri de Pierre n’est pas un cri unique. Dans l’évangile de ce jour, on retrouve les grandes lois des réalités de la présence de Dieu et de l’inquiétude des êtres. Jésus lui-même s’est souvent retiré dans le silence et la solitude. Un indispensable et florissant retour aux sources. Dieu est toujours à rencontrer et à découvrir.
C’est « dans la montagne » que Jésus a retrouvé lumière et force pour passer au crible de la fidélité à sa mission les revendications et les espoirs des foules, toujours prêtes à en faire le messie de leur combat nationaliste.
L’Eglise, barque de Pierre, et ceux qui s’y pressent, ne peuvent échapper à l’épreuve des tentations de la peur et du doute. Le Christ peut toujours apparaître comme « un fantôme », et même après l’avoir reconnu et entendu son invitation à venir à sa rencontre, la « certitude » peut subir le choc de l’inquiétude et de la crainte.
Le premier des apôtres, baptisé « le rocher », n’a rien du surhomme né de notre imagination. Choisi pour être fondation de l’Eglise, disciple formé par le Maître, témoin permanent de la Bonne Nouvelle annoncée, compagnon de route du « Fils de l’Homme », Pierre n’en reste pas moins de chair et de sang.
Avec les autres disciples, Simon-Pierre est surpris et bouleversé par la présence insolite de Jésus. Leur confiance sincère mais fragile se transforme en panique, et des cris d’épouvante tiennent lieu de paroles d’accueil. Le mot rassurant du Christ ne suffit pas à calmer leur esprit et leur cœur. Pierre réclame un signe, une preuve… Exaucé par le « Viens », l’apôtre ose, risque, mais en comptant trop sur ses propres forces, la seule crainte du vent fit renaître le doute et jaillir l’angoisse… « Seigneur, sauve-moi ! ». Un cri d’humilité et d’abandon. Une leçon de confiance.
Toute la Bible est appel à l’amour et à la confiance, la foi et l’espérance, mais aussi au réalisme de notre faiblesse et à l’indispensable modestie. Nos barques cherchent la terre ferme, mais elles doivent naviguer par tous les temps. Elles ne peuvent échapper aux assauts des forces aveugles et déchaînées, aux tempêtes et aux orages de tous genres.
Dans la nuit et l’épreuve, les doutes et les déceptions, Dieu souvent semble nous laisser à la solitude et au danger. Et cependant, jamais il ne s’éloigne. Sa voix reste discrète, ses appels résonnent en sourdine… Quand tout semble perdu, il est là, la main tendue, à l’écoute d’un cri d’humilité, d’un appel confiant.
L’invitation au rassemblement eucharistique nous atteint dans l’agitation et les préoccupations du monde, les déceptions de la vie, la nuit de la foi et les tempêtes du doute. La célébration peut être notre Sinaï, le retour aux sources, où Dieu se révèle avec une étonnante discrétion et d’humbles signes. L’eucharistie, c’est la main tendue. Elle est appel à une confiance renouvelée, à un acte de foi qui balaye les hésitations et exorcise la peur.

Le « Journal d’un désespéré » est aussi celui de l’espérance.

P. Fabien Deleclos, franciscain (T)
1925 – 2008

SAINT LAURENT DE ROME – DIACRE ET MARTYR (? 258)

9 août, 2017

http://nominis.cef.fr/contenus/saint/1652/Saint-Laurent-de-Rome.html

SAINT LAURENT DE ROME – DIACRE ET MARTYR (? 258)

pensieri e fr - Copia

(Désolé, il fait chaud à Rome, pour l’instant je ne peux pas faire plus)

La « passio » de St Laurent, rédigée au moins un siècle après sa mort, n’est pas crédible. Le récit prétend que Laurent, diacre du pape saint Sixte II, fut mis à mort trois jours après le martyre de ce dernier et qu’il fut brûlé à petit feu sur un gril, ce qu’on ne souhaite à personne. La plupart des auteurs modernes estiment qu’il fut décapité, comme Sixte. Quoiqu’on pense de la valeur des « acta », il n’en reste pas moins que Laurent a toujours été vénéré, en Orient comme en Occident, comme le plus célèbre des nombreux martyrs romains (voir la liste chronologique, autour des années 258-259…). Les écrits des saints Ambroise, Léon le Grand, Augustin et Prudence témoignent de ce culte(*).
Son nom est cité dans la première prière eucharistique. Il est représenté comme diacre, tenant un gril ou couché dessus.peinture saint Laurent d’Eze
Diacre de l’Église de Rome, auprès du pape saint Sixte II, il a pour fonction d’être le gardien des biens de l’Église. Lorsque l’empereur Valérien prend un édit de persécution interdisant le culte chrétien, même dans les cimetières, il est arrêté en même temps que le pape et les autres diacres. Ils sont immédiatement mis à mort, mais lui est épargné dans l’espoir qu’il va livrer les trésors de l’Église. Voyant le pape marcher à la mort, Laurent pleure. Est-il donc indigne de donner sa vie pour le Christ? Saint Sixte le rassure, il ne tardera pas à le suivre. Sommé de livrer les trésors, il rassemble les pauvres, les infirmes, les boiteux, les aveugles. « Voilà les trésors de l’Église. » Il est condamné à être brûlé vif sur le gril. Il a encore le sens de l’humour et un courage extraordinaire : « C’est bien grillé de ce côté, tu peux retourner, » dira-t-il au bourreau. Il fut l’un des martyrs les plus célèbres de la chrétienté. Au Moyen Age, avec saint Pierre et saint Paul, il était le patron de la Ville éternelle où 34 églises s’élevaient en son honneur. 84 communes françaises portent son nom.
(*) un internaute nous signale: « Le peuple de Dieu dit Saint-Augustin, n’est jamais instruit d’une manière plus profitable que par l’exemple des martyrs. Si l’éloquence entraîne, le martyre persuade. Cette admirable force d’âme fortifiait les autres en leur donnant le modèle de ses souffrances. » Dans notre église – Saint-Pierre à Denguin en Béarn (Pyrénées Atlantiques) – se trouve une copie de son martyre par Rubens en 1622. Il y est invoqué pour guérir les brûlures, les maladies de peau…
Dans son désir de partager le sort du pape Sixte II jusque dans son martyre, comme le rapporte saint Léon le Grand, quand il reçut l’ordre de livrer les trésors de l’Église, il montra au tyran les pauvres, nourris et vêtus aux frais de l’Église, et au bout de trois jours, il triompha des flammes et même les instruments de son supplice devinrent les signes de sa victoire. Ses restes furent déposés à Rome, sur la voie Tiburtine, au cimetière de Cyriaque (le Campo Verano).

Martyrologe romain

« Le feu matériel brûlait le corps du bienheureux Laurent, mais l’amour intérieur du Sauveur dont son cœur était enflammé adoucissait l’ardeur extérieure » Saint Augustin.

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