Archive pour février, 2010

Anastase du Sinaï: « Moïse et Élie, apparus dans la gloire, parlaient avec lui de son départ, qu’il allait accomplir à Jérusalem »

28 février, 2010

du site:

http://www.levangileauquotidien.org/main.php?language=FR&module=commentary&localdate=20100228

Deuxième dimanche de Carême : Lc 9,28-36
Commentaire du jour
Anastase du Sinaï (?-après 700), moine
Homélie sur la Transfiguration

« Moïse et Élie, apparus dans la gloire, parlaient avec lui de son départ, qu’il allait accomplir à Jérusalem »

      Aujourd’hui, sur le mont Thabor, est mystérieusement apparue la condition de la vie future et du Royaume de la joie. Aujourd’hui, de façon étonnante, les antiques messagers de l’Ancienne et de la Nouvelle Alliance sont rassemblés autour de Dieu sur la montagne, porteurs d’un mystère plein de paradoxe. Aujourd’hui, sur le mont Thabor, se dessine le mystère de la croix qui par la mort donne la vie : tout comme le Christ fut crucifié entre deux hommes sur le mont du Calvaire, ainsi se dresse-t-il dans la majesté divine entre Moïse et Élie. Et la fête d’aujourd’hui nous montre cet autre Sinaï, montagne combien plus précieuse que le Sinaï par ses merveilles et ses événements : elle dépasse par sa théophanie les visions divines figurées et obscures…

      Réjouis-toi, ô Créateur de toutes choses, Christ Roi, Fils de Dieu tout resplendissant de lumière, qui as transfiguré à ton image toute la création et qui l’as recréée d’une façon meilleure… Et réjouis-toi, ô image du Royaume céleste, mont très saint du Thabor, qui surpasses en beauté toutes les montagnes ! Mont du Golgotha et mont des Oliviers, chantez ensemble une hymne et réjouissez-vous ; chantez le Christ d’une seule voix sur le mont Thabor et célébrez-le tous ensemble !

bonne nuit

28 février, 2010

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Common Toad – Czech Republic – April 2006

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Mat-17,01_The_La_Transfiguration

27 février, 2010

Mat-17,01_The_La_Transfiguration  dans images sacrée 13%20ICONE%20ARMENIENNE%20TRANFIGURATION

http://www.artbible.net/3JC/-Mat-17,01_The_La_Transfiguration/index.html

Saint Anselme : Prière pour le Carême

27 février, 2010

du site:

http://viechretienne.catholique.org/prieres/temps-liturgiques/17947-priere-pour-le-careme

Temps Liturgiques

Prière pour le Carême

Seigneur mon Dieu, donne à mon cœur de te désirer ; en te désirant, de te chercher ; en te cherchant, de te trouver ; en te trouvant, de t’aimer ; et en t’aimant, de racheter mes fautes ; et une fois rachetées, de ne plus les commettre.

Seigneur mon Dieu, donne à mon cœur la pénitence, à mon esprit le repentir, à mes yeux la source des larmes, et à mes mains la largesse de l’aumône.

Toi qui es mon Roi, éteins en moi les désirs de la chair, et allume le feu de ton amour. Toi qui es mon Rédempteur, chasse de moi l’esprit d’orgueil, et que ta bienveillance m’accorde l’esprit de ton humilité. Toi qui es mon Sauveur, écarte de moi la fureur de la colère, et que ta bonté me concède le bouclier de la patience.

Toi qui es mon Créateur, déracine de mon âme la rancœur, pour y répandre la douceur d’esprit. Donne-moi, Père très bon, une foi solide, une espérance assurée et une charité sans faille.

Toi qui me conduis, écarte de moi la vanité de l’âme, l’inconstance de l’esprit, l’égarement du cœur, les flatteries de la bouche, la fierté du regard.

Ô Dieu de miséricorde, je te le demande par ton Fils bien-aimé, donne-moi de vivre la miséricorde, l’application à la piété, la compassion avec les affligés, et le partage avec les pauvres.

Saint Anselme (1033-1109), Oratio X

2e dimanche de Carême – Homélie: La transfiguration

27 février, 2010

du site:

http://www.homelies.fr/homelie,2e.dimanche.de.careme,2706.html

2e dimanche de Carême

28 février 2010

Famille de saint Joseph

 Homélie-Messe  

« Regarde le Ciel » demande le Seigneur à Abraham. L’invitation à la conversion pour notre deuxième semaine de carême concerne notre regard. Jésus transfiguré s’offre aux regards tournés vers le Ciel et ouvre à une autre conversion : celle de nos oreilles. « Écoutez-le », clame la voix dans la nuée.

Jésus va sur la montagne pour prier. C’est son but. Il ne va pas comme on prépare une surprise spectaculaire. Il rejoint le Père. Jésus emmène avec lui trois de ses disciples. Ceux qui sont de toutes les théophanies. Il les « prend » avec lui ; Jésus prend les disciples dans sa prière, il les introduit au cœur de son dialogue avec le Père. En montant sur le Thabor, nous entreprenons un voyage au cœur de la Trinité.

Nous le savons, quand il prie, Jésus dit « Abba, Père ». L’évangile nous fait entendre que le Père en retour l’appelle « mon Fils, celui que j’ai choisi ». Il existe une intimité entre les deux que personne d’autre ne partage. Intimité ici ne veut pas dire proximité exclusive des autres. Elle veut dire connaissance dans l’amour. Car « personne ne connaît le Fils, sinon le Père, et personne ne connaît le Père, sinon le Fils, et celui à qui le Fils veut le révéler » (Mt 11,27). L’évangile nous fait donc entrer dans l’intimité de la prière de Jésus non pas comme des spectateurs (ou des voyeurs !) mais comme des amis à qui le Fils veut révéler le Père. C’est pour cette raison qu’il nous prend avec lui. Jésus nous révèle le Père en nous introduisant au cœur dans sa relation filiale. C’est-à-dire qu’on ne vit pleinement la paternité de Dieu que dans le Fils. Sans doute trouvons-nous là une raison pour laquelle Jésus ne s’est jamais présenté comme le Fils de Dieu. Certes, la première raison est à trouver dans la culture de l’époque – « fils de Dieu » désignait autant les rois que les prophètes ou toute personnalité marquante –, mais, par-dessus tout, parce qu’on ne peut connaître le Fils que dans sa relation au Père. Ainsi, s’il nous permet de connaitre le Père, Jésus nous permet aussi de le connaître lui-même, dans le Père.

Le Père est heureux de ce don. Il est profondément heureux que son Fils lui ramène ses enfants dispersés. Il s’ouvre à eux et les fait entrer dans le dialogue intime qu’il entretient éternellement avec le Fils : « Celui-ci est mon Fils ». Le Père nous désigne le Fils et nous interpelle ; dès lors, il nous introduit lui aussi dans le colloque qu’il entretient avec le Verbe éternel. Le « tu es mon fils, aujourd’hui je t’ai engendré » du psaume s’ouvre dans l’évangile à un autre interlocuteur dans le « voici mon fils bien-aimé ». Dieu le Père nous prend avec lui dans la prière de son Fils.

Parce qu’elle nous introduit au cœur du mystère de la vie, la transfiguration est une annonce de la mort et de la résurrection. Les deux. Car l’union du Fils au Père, la vie filiale à laquelle Jésus nous introduit par sa prière, se découvre aussi sur la Croix, offrande du Fils de l’Homme. Le Thabor comme la Croix est l’autel où le Grand-Prêtre élève son offrande au Père. Le Thabor comme la Croix est le lieu d’où Jésus attire tous à lui, dans le sein du Père. « On ne vit plus que Jésus seul » : Ecce Homo. L’Homme, dans toute sa gloire, l’Homme dans la lumière de la résurrection.

Gravir avec Jésus le Thabor est donc un chemin purement spirituel et totalement incarné. Inutile, comme saint Pierre, de se rêver s’installant dans un monde qui ne serait que spirituel. Ce ne serait pas l’éternité, ce n’est qu’une ultime tentation pour les disciples. On ne monte pas sa tente sur la montagne sainte. Il faut redescendre de la montagne et vivre la grâce reçue, jusque dans sa chair. Saint Paul disait dans la deuxième lecture : « le Seigneur Jésus Christ (…) transformera nos pauvres corps à l’image de son corps glorieux ». La grâce du Thabor nous concerne tout entiers, corps, âme et esprit. Dans un monde où « beaucoup de gens vivent en ennemis de la croix du Christ », dans une culture qui méprise le corps, faisant de lui à la fois une idole et un objet, il est important de rappeler la noblesse et la vraie grandeur du corps. Elles sont celles de la personne humaine.

Cette « transformation de nos corps » se vit également au pluriel, communautairement. En nous transfigurant tous « à l’image de son corps glorieux », tous ensemble, le Christ transfigure aussi nos différences qui sont un reflet de sa propre richesse. Ces différences fondamentales qui caractérise chacun des enfants de Dieu nous pèsent souvent et nous divisent parfois. Sur le Thabor, elles révèlent leur sens et elles trouvent leur unité dans le Christ.

De même en chaque individu. La contemplation de la transfiguration agit en prisme pour nos dispersions et pour nos dissipassions intérieures. Contempler la lumière du Christ nous unifie intérieurement et nous unit à lui en nous révélant notre sens et notre unité. Le Christ est le sens de notre vie. En contemplant le transfiguré, nous contemplons notre avenir.

Quand la voix se tait dans la nuée, il ne reste que le silence qui ouvre les yeux : « on ne vit plus que Jésus seul ». Seigneur Jésus, donne-nous d’accueillir ta Parole comme le Père le demande pour que te connaissions dans l’amour. Ainsi nous te reconnaîtrons en chacun de nos frères et en nous-mêmes ; ainsi nous marcherons joyeux et confiants à ta suite, vers la Jérusalem Céleste où nous trouverons enfin la demeure où nous installer dans ton amour.
Frère Dominique

bonne nuit

27 février, 2010

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Aloe sp. Aloe

http://www.toptropicals.com/cgi-bin/garden_catalog/cat.cgi?number=5&find=Liliaceae&imagesonly=1

Saint Isaac le Syrien : « Il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons »

27 février, 2010

du site:

http://www.levangileauquotidien.org/main.php?language=FR&module=commentary&localdate=20100227

Le samedi de la 1re semaine de Carême : Mt 5,43-48
Commentaire du jour
Saint Isaac le Syrien (7ème siècle), moine près de Mossoul
Discours ascétiques, 2è série, 38,5 et 39,3 (trad. Alfeyev, Bellefontaine 2001, p. 46)

« Il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons »

      Il n’y a pas de changement ni d’intentions antérieures ou postérieures auprès du Créateur : il n’y a ni haine ni ressentiment dans sa nature, ni place plus grande ou plus petite dans son amour, ni avant ni après dans sa connaissance. Car si tous croient que la création a commencé d’exister comme une conséquence de la bonté et de l’amour du Créateur, nous savons que ce premier motif ne diminue ni ne change dans le Créateur à la suite du cours désordonné de sa création.

      Il serait fort odieux et tout à fait blasphématoire de prétendre que la haine et le ressentiment existent chez Dieu — même envers les démons — ou de s’imaginer quelque autre faiblesse ou passion… Bien au contraire, Dieu agit toujours avec nous par des chemins qu’il nous sait être avantageux, que ceux-ci soient pour nous causes de souffrance ou de soulagement, de joie ou de tristesse, qu’ils soient insignifiants ou glorieux. Tous sont orientés vers les mêmes biens éternels.  

MURILLO THE RETURN OF THE PRODIGAL SON

26 février, 2010

MURILLO THE RETURN OF THE PRODIGAL SON  dans images sacrée 17%20MURILLO%20THE%20RETURN%20OF%20THE%20PRODIGAL%20SON%20WAS

MURILLO THE RETURN OF THE PRODIGAL SON

http://www.artbible.net/3JC/-Luk-15,01_Son_lost_found_Fils_mort_vivant/index3.html

Les profondeurs de l’amour dépassent les profondeurs du péché, Mgr Brincard

26 février, 2010

du site:

http://www.josephbonespoir.org/Les-profondeurs-de-l-amour.html

Les profondeurs de l’amour dépassent les profondeurs du péché, Mgr Brincard

mercredi 18 mars 2009, par Anne

Cathédrale du Puy, 1er dimanche de carême. Prédications de Carême avec l’accompagnement musical de la Maîtrise du Puy

Frères et sœurs,

Un amour représenté par la croix
C’est impressionnant pour votre évêque de monter dans cette chaire, qu’au XVIIe siècle, on appelait la chaire de vérité et qu’aujourd’hui on pourrait appeler d’un autre nom qui donne le sens au mot vérité : la chaire de la Parole de Dieu. Et il est beau que dans cette cathédrale nous soyons rassemblés de telle manière que cela nous aide à écouter la Parole de Dieu qui vient d’être chantée. Chers Jeunes qui êtes sous mes yeux, je souhaiterais que vous me regardiez quelques secondes non pas pour perdre votre regard dans les voûtes mais pour que nous puissions faire ensemble le signe de la croix car autrefois on ne commençait jamais une prédication sans se souvenir de l’amour immense de Dieu pour nous, cet amour qui est représenté par la croix en face de moi, cette croix qui nous invite à avoir le cœur à la croix et la croix dans le cœur. Ensemble avec vous, je ferai le signe de la croix. Et nous le ferons lentement, un peu comme la Vierge Marie l’a appris à Bernadette Soubirous, un 11 février 1858. Le carême est une grande invitation à la conversion.

Se regarder dans la lumière de cet amour qui ne s’est jamais refusé à nous
La conversion est une grâce, c’est-à-dire une action de Dieu dans notre cœur. Mais Dieu nous aide à coopérer avec Lui. Cette coopération consiste, chers frères et chères sœurs, à entrer en soi-même, il faut d’abord entrer en soi-même…et ensuite, à faire en soi la vérité. Le psaume qui vient d’être chanté nous y invite. Faire en soi la vérité, c’est, sous le souffle de l’Esprit Saint, se regarder dans la lumière de l’amour qui ne s’est jamais refusé à nous ; et c’est dans cette lumière qu’on découvre le drame du péché, à travers une expérience, une expérience de vie.

Le sens de l’Amour et le sens du péché
Chers frères et sœurs, je l’ai souvent dit, c’est le sens de l’Amour qui donne le sens du péché. Et c’est bien ce que le psaume, parole de Dieu, nous invite à faire : la connaissance de notre faute est toujours partielle. Une fois, le curé d’Ars, au soir de sa vie, a demandé à Dieu la grâce d’une lumière particulière sur son âme non pas pour en jouir mais pour faire davantage la vérité. Il s’est littéralement effondré au point de dire : « Ne demandez jamais cette grâce ».

Les profondeurs de l’Amour dépassent les profondeurs du péché
Oui, heureusement que les profondeurs de l’amour dépassent les profondeurs du péché. Cette connaissance va susciter avec la grâce de Dieu ce qu’on appelle la contrition : « le cœur broyé », broyé par un regret dont Dieu est la source première. C’est cela la contrition.

Appel à la Miséricorde : confiance
Et de cette contrition va s’élever un grand appel à la Miséricorde de Dieu. « Pitié pour moi, car j’ai beaucoup péché ». Et dans cet appel, il y a aussi une confiance, « crée en moi un cœur pur » ! Et que c’est beau, et que c’est grand, tout cela comporte, tout cela est en quelque sorte la contrition. Et le très beau chant que nous venons d’entendre nous aide à entrer en nous même, nous aide à nous regarder dans la lumière de l’Amour de Dieu, nous aide au repentir, dont jaillit comme la flamme du feu, un appel à la Miséricorde qui veut nous renouveler.

Vivre la Parole de telle manière qu’elle puisse nous transformer
Chers amis, vous comme moi, demandons au cours de ce carême que cette grâce de conversion nous soit souvent accordée, selon le désir de notre cœur. Je voudrais ajouter que Saint Augustin nous invite, lorsque nous entendons un chant, un chant qui accompagne la Parole de Dieu, à vivre cette Parole de telle manière qu’elle puisse nous transformer. Ecoutons Saint Augustin nous dire : « Frères très chers, vous ne pourrez goûter la vérité de ce que vous chantez si vous ne commencez pas par le mettre en pratique. De quelque manière que je vous le dise, de quelque façon que je l’explique, sous quelque forme que je le retourne, cela ne rentrera jamais dans le cœur de celui qui n’y conforme pas ses actes, commencez par le faire et vous comprendrez ce que vous direz, alors vos larmes couleront à chaque parole, alors vous chanterez véritablement le psaume parce que votre cœur aura agi à travers ce psaume. » Prions avec l’élan de notre âme, demandons la grâce de la conversion.

Le péché: Devons-nous regretter nos péchés ?

26 février, 2010

du site:

http://www.taize.fr/fr_article1078.html

Le péché

Devons-nous regretter nos péchés ?

(Taizé)

Au moment où l’apôtre Pierre se rendit compte de ce qu’il avait fait en reniant le Christ, il « pleura amèrement » (Matthieu 26,75). Quelques semaines plus tard, le jour de la Pentecôte, il rappela aux habitants de Jérusalem combien était scandaleuse l’exécution de Jésus innocent. Et ceux-ci, « d’entendre cela, eurent le cœur transpercé, et ils dirent à Pierre et aux apôtres : ‘Frères, que nous faut-il donc faire ?’ » (Actes 2,37). Le regret colle aux fautes comme une ombre dont il est difficile de se défaire.

Ce regret est ambigu : il peut enfoncer dans le désespoir ou conduire au repentir. Déçu de lui-même, Pierre aurait pu désespérer. Il existe une « tristesse du monde qui produit la mort ». Mais le souvenir de l’amour du Christ a changé les larmes de Pierre en « tristesse selon Dieu, qui produit un repentir salutaire » (2 Corinthiens 7,10). Son regret est alors devenu un passage, une porte étroite donnant sur la vie. La tristesse mortelle, par contre, c’est le regret dépité de celui qui ne compte que sur ses propres forces. Quand celles-ci se révèlent insuffisantes, il se met à se mépriser lui-même, jusqu’à la haine de soi.

Il n’y a peut-être pas de repentir sans regret. Mais la différence entre les deux est énorme. Le repentir est un don de Dieu, une activité cachée de l’Esprit saint qui attire à Dieu. Pour regretter mes fautes, je n’ai pas besoin de Dieu, je le peux tout seul. Dans le regret, je me concentre sur moi-même. Par le repentir, au contraire, je me tourne vers Dieu, m’oubliant et m’abandonnant à lui. Le regret ne répare pas la faute, mais Dieu, à qui je viens dans le repentir, « dissipe mes péchés comme un brouillard » (Isaïe 44,22).

« Pécher » signifie « manquer le but ». Comme Dieu nous a faits pour vivre en communion avec lui, le péché est la séparation d’avec Dieu. De cet éloignement de Dieu, le regret ne pourra jamais nous libérer. Il peut même, s’il nous enferme en nous-mêmes, nous éloigner encore plus de Dieu et donc aggraver le péché ! Selon une parole un peu énigmatique de Jésus, le péché c’est « qu’ils ne croient pas en moi » (Jean 16,8). La racine du péché, le seul péché dans le sens fort du mot, c’est l’absence de confiance, c’est de ne pas accueillir l’amour du Christ.

Un jour, une femme vient trouver Jésus. Elle pleure et, avec ses larmes, lui lave les pieds. Tandis que d’autres sont scandalisés, le Christ comprend et admire. Cette femme regrette ses fautes, mais son regret n’est pas amer, il ne la paralyse pas. Elle fait confiance et s’oublie. Et Jésus de dire : « Ses nombreux péchés ont été pardonnés : elle a montré beaucoup d’amour » (Luc 7,47). Sur la foi de cette parole, elle n’a plus rien à regretter. Qui devrait regretter d’aimer beaucoup ? Par la grâce de Dieu, nos propres péchés peuvent nous conduire à aimer plus. Et alors le regret doit céder la place à la gratitude : « Remerciez en tout temps pour tout » (Ephésiens 5,20).

Qu’est-ce que le péché originel ?
Dès l’apparition de la vie, il y a l’énigme de la mort. Dans le monde animal, la mort peut paraître naturelle, mais pour les humains de tous les temps, elle fait question. Pourquoi ceux que nous aimons s’en vont-ils à jamais ? Nous voudrions vivre heureux, sans que le bonheur prenne brusquement fin. C’est ainsi que, depuis des temps immémoriaux, le désir d’une vie heureuse a produit de multiples représentations d’un âge d’or où « tout était encore bien ». Les histoires qui en parlent essaient d’expliquer par quelle faute la mort est apparue dans le monde.

La Bible puise dans ces traditions. La Genèse commence par célébrer la bonté originelle de la création (chapitres 1 et 2). Ensuite elle met les peines de l’existence, surtout la mort et la violence fratricide, en rapport avec des fautes commises à l’origine (chapitres 3 et 4). Mais ce qui frappe dans le récit biblique, c’est que les péchés originels ne sont pas autres que nos propres péchés : le refus de faire confiance à Dieu, la demi-vérité pour se tirer d’affaire, le rejet de la faute sur l’autre, le déni de la responsabilité. Sans répondre au pourquoi du mal, la Genèse renvoie la balle à chaque lecteur. Adam ou Ève, Caïn et Abel, c’est nous.

Dans le Nouveau Testament, le péché originel devient un concept plus explicite. Pour l’apôtre Paul, Adam représente l’unité du genre humain, et la faute d’Adam signifie que, quant au péché, il n’y a pas de différence entre les hommes : « Tous sont soumis au péché, comme il est écrit : Il n’est pas de juste, pas un seul » (Romains 3,9-10). Mais Paul ne s’intéresse à Adam que pour proclamer le rayonnement du Christ, tout aussi universel, sinon plus encore, que la contagion du péché : « Si, par la faute d’un seul, tous les hommes sont morts, combien plus la grâce de Dieu et le don conféré par la grâce d’un seul homme, Jésus Christ, se sont-ils répandus à profusion sur tous » (Romains 5,15).

Parler de péché originel est donc une manière de dire que le salut est universel avant d’être individuel. Le Christ n’est pas venu pour arracher quelques-uns au monde mauvais, mais pour sauver l’humanité. Tous sont pécheurs, les mains vides devant Dieu. Mais à tous, Dieu offre le don de son amour. « Dieu, dans le Christ, se réconciliait le monde » (2 Corinthiens 5,19). Ce que le Christ a fait « procure à tous une justification qui donne la vie » (Romains 5,18). Personne ne peut, par ses propres forces, se soustraire aux impasses qui sont le destin commun de tous les humains. Mais, par le Christ, l’humanité est sauvée, et chacun peut désormais accueillir ce salut.

Jésus a évoqué le péché originel à sa manière : « Du cœur des hommes sortent les desseins pervers : débauches, vols, meurtres… » (Marc 7,21). Et pourtant, il condamne peu, il est compatissant. En prenant conscience que tout être humain porte la blessure du péché, peut-être devenons-nous, nous aussi, plus miséricordieux. A la suite de Jésus, nous sommes appelés à porter remède plutôt qu’à dénoncer sans pitié. Il ne s’agit pas de minimiser la gravité des fautes, mais de savoir qu’il n’y a pas de péché que le Christ ne serait pas venu enlever en donnant sa vie sur la croix.

Lettre de Taizé : 2003/5
Dernière mise à jour : 27 septembre 2003

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