Archive pour avril, 2019

PAPE FRANÇOIS – Joseph le rêveur (2017) – pour le premier mai 2019

30 avril, 2019

http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/cotidie/2017/documents/papa-francesco-cotidie_20170320_joseph-le-reveur.html

la mia e fr - Copia

Saint Joseph le travailleur

PAPE FRANÇOIS – Joseph le rêveur (2017) – pour le premier mai 2019

MÉDITATION MATINALE EN LA CHAPELLE DE LA MAISON SAINTE-MARTHE

Lundi 20 mars 2017

(L’Osservatore Romano, Édition hebdomadaire n°013 du 30 mars 2017)

En la solennité liturgique de saint Joseph — reportée cette année d’un jour en raison de sa concomitance avec le troisième dimanche de Carême — le Pape François a célébré la Messe à Sainte-Marthe en s’arrêtant précisément sur la figure du saint Patron de l’Eglise universelle. En lui, le Pape a indiqué le modèle de l’«homme juste», de l’«homme capable de rêver», de «protéger» et «de réaliser» le «rêve de Dieu» sur l’homme. C’est pourquoi il l’a proposé comme exemple pour tous et de manière particulière pour les jeunes, auxquels Joseph enseigne à ne jamais perdre «la capacité de rêver, de risquer» et d’assumer des «tâches difficiles». La méditation de François s’est inspirée de la liturgie de la parole qui parle de «descendance, d’héritage, de paternité, de filiation, de stabilité»: ce sont toutes des expressions, a-t-il fait remarquer, «qui sont une promesse mais qui, ensuite, se concentrent en un homme, en un homme qui ne parle pas, il ne dit pas un seul mot, un homme dont on dit seulement qu’il était juste. Et ensuite, un homme que nous voyons agir comme un homme obéissant». Joseph précisément. Un homme «dont nous ne savons pas même l’âge» et qui «porte sur ses épaules toutes ces promesses de descendance, d’héritage, de paternité, de filiation, de stabilité du peuple». Une grande responsabilité qui cependant, comme on le lit dans l’évangile de Matthieu (1, 16.18-21.24), se retrouve entièrement concentrée «dans un rêve». Apparemment, tout cela semble «trop subtil», trop fragile. Pourtant, il s’agit précisément du «style de Dieu», dans lequel Joseph se retrouve pleinement: lui, un «rêveur», est capable «d’accepter cette tâche, cette tâche difficile». Ainsi, il accueille «la promesse de Dieu et la réalise en silence avec force, il la réalise pour que ce que Dieu veut soit accompli». Voilà donc tracée «la figure de Joseph: l’homme caché, l’homme du silence, l’homme qui sert de père adoptif; l’homme qui possède la plus grande autorité à ce moment-là, sans la faire voir». Un homme qui pourrait «nous dire tant de choses», pourtant «il ne parle pas», qui pourrait «commander», puisqu’il commande sur le Fils de Dieu, pourtant «il obéit». A lui, à son cœur, Dieu confie des «choses faibles»: en effet, «une promesse est faible», de même qu’est faible «un enfant», mais aussi «une jeune fille, à propos de laquelle il a eu un doute». «Toutes ces faiblesses», Joseph «les prend en main, les prend dans son cœur et les assume comme l’on assume les faiblesses, avec tendresse, avec tant de tendresse, la tendresse avec laquelle on prend un enfant dans les bras». Voilà pourquoi «j’aime penser à Joseph comme au gardien des faiblesses», également «de nos faiblesses». En effet, il «est capable de faire naître tant de belles choses de nos faiblesses, de nos péchés». Il «est le gardien des faiblesses pour qu’elles deviennent solides dans la foi». C’est une tâche fondamentale que Joseph «a reçue en rêve», parce qu’il était «un homme capable de rêver». Il est donc non seulement «le gardien de nos faiblesses, mais nous pouvons également dire qu’il est le gardien du rêve de Dieu: le rêve de notre Père, le rêve de Dieu, de la rédemption, de nous sauver tous, de cette recréation, lui est confié». En conclusion, une intercession particulière: «Qu’il donne aux jeunes — parce qu’il était jeune — la capacité de rêver, de risquer et d’assumer les tâches difficiles qu’ils ont vues dans leurs rêves». Et pour finir, qu’il donne à tous les chrétiens «la fidélité qui généralement grandit dans une attitude juste, qui grandit dans le silence et qui grandit dans la tendresse qui est capable de protéger ses propres faiblesses et celles des autres».

 

BENOÎT XVI – MERCREDI 31 AOÛT 2011, la « via pulchritudinis »

29 avril, 2019

http://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/audiences/2011/documents/hf_ben-xvi_aud_20110831.html

fr Marc Chagall, Le Christ et le peintre

Chagall, le Christ e le peintre

BENOÎT XVI – MERCREDI 31 AOÛT 2011

AUDIENCE GÉNÉRALE

Castel Gandolfo

Chers frères et sœurs,

Ces derniers temps, j’ai rappelé à plusieurs reprises la nécessité pour chaque chrétien de trouver du temps pour Dieu, pour la prière, parmi les nombreuses préoccupations qui remplissent nos journées. Le Seigneur lui-même nous offre de nombreuses occasions pour que nous nous souvenions de Lui. Aujourd’hui, je voudrais m’arrêter brièvement sur l’une des voies qui peuvent nous conduire à Dieu et nous aider également à le rencontrer: c’est la voie des expressions artistiques, qui font partie de la via pulchritudinis — «voie de la beauté» — dont j’ai parlé à plusieurs reprises et dont l’homme d’aujourd’hui devrait retrouver la signification la plus profonde.
Il vous est sans doute parfois arrivé, devant une sculpture ou un tableau, les vers d’une poésie ou en écoutant un morceau de musique, d’éprouver une émotion intime, un sentiment de joie, c’est-à-dire de ressentir clairement qu’en face de vous, il n’y avait pas seulement une matière, un morceau de marbre ou de bronze, une toile peinte, un ensemble de lettres ou un ensemble de sons, mais quelque chose de plus grand, quelque chose qui «parle», capable de toucher le cœur, de communiquer un message, d’élever l’âme. Une œuvre d’art est le fruit de la capacité créative de l’être humain, qui s’interroge devant la réalité visible, s’efforce d’en découvrir le sens profond et de le communiquer à travers le langage des formes, des couleurs, des sons. L’art est capable d’exprimer et de rendre visible le besoin de l’homme d’aller au-delà de ce qui se voit, il manifeste la soif et la recherche de l’infini. Bien plus, il est comme une porte ouverte vers l’infini, vers une beauté et une vérité qui vont au-delà du quotidien. Et une œuvre d’art peut ouvrir les yeux de l’esprit et du cœur, en nous élevant vers le haut.Mais il existe des expressions artistiques qui sont de véritables chemins vers Dieu, la Beauté suprême, et qui aident même à croître dans notre relation avec Lui, dans la prière. Il s’agit des œuvres qui naissent de la foi et qui expriment la foi. Nous pouvons en voir un exemple lorsque nous visitons une cathédrale gothique: nous sommes saisis par les lignes verticales qui s’élèvent vers le ciel et qui attirent notre regard et notre esprit vers le haut, tandis que, dans le même temps, nous nous sentons petits, et pourtant avides de plénitude… Ou lorsque nous entrons dans une église romane: nous sommes invités de façon spontanée au recueillement et à la prière. Nous percevons que dans ces splendides édifices, est comme contenue la foi de générations entières. Ou encore, lorsque nous écoutons un morceau de musique sacrée qui fait vibrer les cordes de notre cœur, notre âme est comme dilatée et s’adresse plus facilement à Dieu. Il me revient à l’esprit un concert de musiques de Jean Sébastien Bach, à Munich , dirigé par Leonard Berstein. Au terme du dernier morceau, l’une des Cantate, je ressentis, non pas de façon raisonnée, mais au plus profond de mon cœur, que ce que j’avais écouté m’avait transmis la vérité, la vérité du suprême compositeur, et me poussait à rendre grâce à Dieu. A côté de moi se tenait l’évêque luthérien de Munich et, spontanément, je lui dis: «En écoutant cela, on comprend que c’est vrai; une foi aussi forte est vraie, de même que la beauté qui exprime de façon irrésistible la présence de la vérité de Dieu. Mais combien de fois des tableaux ou des fresques, fruit de la foi de l’artiste, dans leurs formes, dans leurs couleurs, dans leur lumière, nous poussent à tourner notre pensée vers Dieu et font croître en nous le désir de puiser à la source de toute beauté. Ce qu’a écrit un grand artiste, Marc Chagall, demeure profondément vrai, à savoir que pendant des siècles, les peintres ont trempé leur pinceau dans l’alphabet coloré qu’est la Bible. Combien de fois, alors, les expressions artistiques peuvent être des occasions de nous rappeler de Dieu, pour aider notre prière ou encore la conversion du cœur! Paul Claudel, célèbre poète, dramaturge et diplomate français, ressentit la présence de Dieu dans la Basilique Notre-Dame de Paris, en 1886, précisément en écoutant le chant du Magnificat lors de la Messe de Noël. Il n’était pas entré dans l’église poussé par la foi, il y était entré précisément pour chercher des arguments contre les chrétiens, et au lieu de cela, la grâce de Dieu agit dans son cœur.
Chers amis, je vous invite à redécouvrir l’importance de cette voie également pour la prière, pour notre relation vivante avec Dieu. Les villes et les pays dans le monde entier abritent des trésors d’art qui expriment la foi et nous rappellent notre relation avec Dieu. Que la visite aux lieux d’art ne soit alors pas uniquement une occasion d’enrichissement culturel — elle l’est aussi — mais qu’elle puisse devenir surtout un moment de grâce, d’encouragement pour renforcer notre lien et notre dialogue avec le Seigneur, pour nous arrêter et contempler — dans le passage de la simple réalité extérieure à la réalité plus profonde qu’elle exprime — le rayon de beauté qui nous touche, qui nous «blesse» presque au plus profond de notre être et nous invite à nous élever vers Dieu. Je finis par une prière d’un Psaume, le psaume 27: «Une chose qu’au Seigneur je demande, la chose que je cherche, c’est d’habiter la maison du Seigneur tous les jours de ma vie, de savourer la douceur du Seigneur, de rechercher son palais» (v. 4). Espérons que le Seigneur nous aide à contempler sa beauté, que ce soit dans la nature ou dans les œuvres d’art, de façon à être touchés par la lumière de son visage, afin que nous aussi, nous puissions être lumières pour notre prochain. Merci.

HOMÉLIE POUR LE 2E DIMANCHE DE PÂQUES ANNÉE C OU DIMANCHE DE LA DIVINE MISÉRICORDE « NOUS AVONS VU LE SEIGNEUR »

26 avril, 2019

http://www.hgiguere.net/Homelie-pour-le-2e-dimanche-de-Paques-Annee-C-ou-Dimanche-de-la-Divine-Misericorde-Nous-avons-vu-le-Seigneur_a889.html

fr inredulità-di-Tommaso copia

Thomas, l’incrédule 

HOMÉLIE POUR LE 2E DIMANCHE DE PÂQUES ANNÉE C OU DIMANCHE DE LA DIVINE MISÉRICORDE « NOUS AVONS VU LE SEIGNEUR »

Textes : Actes 5, 12-16, Apocaplypse 1, 9-11a.12-13.17-19 et Jean 20, 19-31.

Nous célébrons aujourd’hui le 2e dimanche de Pâques. On ne dit pas le 2e dimanche après Pâques, mais bien le 2e dimanche de Pâques parce que pendant 40 jours c’est la fête de Pâques qui se continue. C’est bien normal, car Pâques est le cœur de notre foi. C’est le Christ ressuscité que nous suivons et que nous reconnaissons toujours présent dans nos vies.
La liturgie de ce dimanche nous offre trois pistes pour vivre concrètement notre foi au Christ ressuscité. La première centre notre regard sur le Christ miséricordieux, la seconde nous ramène à notre baptême et la troisième est l’occasion d’une profession de foi en Jésus ressuscité.
I – Jésus miséricordieux
Le 2e dimanche de Pâques a été proclamé le Dimanche de la Divine Miséricorde par le pape saint Jean-Paul II le 30 avril 2000. C’est un choix qui répond aux démarches d’une religieuse polonaise, sainte Faustine Kowalska, à qui le Seigneur avait demandé de se consacrer à la promotion de la dévotion à la Divine Miséricorde en diffusant une image de Jésus miséricordieux et en sollicitant des autorités ecclésiastiques l’institution d’une fête de la Divine Miséricorde. « La Fête de la Miséricorde est issue de mes entrailles, je désire qu’elle soit fêtée solennellement le premier dimanche après Pâques » entend-elle Jésus lui dire un jour (Petit Journal de saint Faustine Kowalska, § 699).
L’image de Jésus miséricordieux diffusée par sainte Faustine que vous avez peut-être vue montre un Christ dont le cœur irradie des rayons de toutes les couleurs et sur laquelle est écrit « Jésus, j’ai confiance en Toi ! » (en polonais : « Jezu, ufam Tobie ! »).
Sainte Faustine recommande de s’arrêter à 15 heures à chaque jour pour faire mémoire de la mort de Jésus, de prier les litanies de la miséricorde et aussi à chaque année de commencer une neuvaine à la Divine Miséricorde le Vendredi Saint. C’est cette pratique qui explique le choix du 2e dimanche de Pâques comme fête de la Divine Miséricorde. En effet, si on commence un parcours de neuf jours le Vendredi Saint, on le termine le samedi suivant et le dimanche qui suit est le jour où on peut célébrer la fête de la Divine Miséricorde.
« Jésus, j’ai confiance en Toi ». Voilà la première piste de méditation pour notre célébration d’aujourd’hui.
II – Le dimanche des personnes nouvellement baptisées à Pâques appelé autrefois « Dimanche in albis » ou « Dimanche de la Quasimodo »
La seconde piste de médiation met devant nous la réalité de notre baptême. Elle m’inspire beaucoup parce qu’elle est enracinée dans les usages de la catéchèse baptismale des premiers siècles de l’Église. Le 2e dimanche de Pâques marquait et marque encore ajourd’hui la remise par les nouvelles personnes baptisées de leur vêtement blanc (leur aube) reçu la nuit de la Vigile pascale. Ce vêtement était porté autrefois pendant toute la semaine et le 2e dimanche de Pâques les personnes nouvellement baptisées étaient intégrées totalement à leur communauté chrétienne. Ils en faisaient partie désormais à part entière.
Pendant toute la semaine qu’on appelle l’ « octave de Pâques », dans l’Église ancienne, les personnes nouvellement baptisée avaient entendu des catéchèses sur leur foi pour entrer dans le mystère qu’elles vivaient, des « catéchèses mystagogiques » disait-on, qui les aidaient à se familiariser avec les nouvelles réalités de leur foi.
On ne peut faire autrement que de suivre le même chemin que les personnes nouvellement baptisées. Même si nous avons vécu notre baptême, pour la plupart, dans notre enfance, celui-ci produit sa grâce, sa vigueur et sa richesse sans défaillance tout au cours de nos vies. Par le baptême nous avons été comme le dit saint Paul « ensevelis avec le Christ, nous sommes ressuscités avec Lui » (Romains 6, 4 cf. aussi Colossiens 2, 12). Et avec lui nous sommes invités à vivre pour Dieu.
La vie chrétienne ne peut se réduire à des pratiques. Elle est d’abord et avant tout l’union à une personne, le Christ, qui nous entraîne avec lui. Nous n’avons jamais fini vivre et goûter les effets de cette relation. Nous pouvons avec joie nous associer à nos frères et sœurs nouvellement baptisés car pour nous aussi le chemin à la suite du Christ, même s’il est commencé depuis longtemps, est encore à découvrir et à approfondir dans notre vie de tous les jours.

III – Thomas, l’incrédule
La troisième piste de réflexion repose sur le récit très connu de l’apparition de Jésus à Thomas. L’évangile de saint Jean nous en raconte les détails. Les disciples ont déjà rencontré le Ressuscité dans un moment de présence intense où ils l’ont reconnu en entendant le souhait qu’il leur faisait : « La paix soit avec vous! ».
Thomas n’était pas avec eux. Il demande à se rendre compte par lui-même que Jésus est bien ressuscité. Et le miracle se produit. Jésus se tient de nouveau au milieu de ses disciples et Thomas est là.
La scène où il met sa main dans les plaies du Christ et les paroles qu’il prononce : « Mon Seigneur et mon Dieu » ont traversé les siècles. Elles ont inspiré des milliers et des milliers des personnes.
On peut se demander si Thomas était un incrédule irréductible. Je ne pense pas, car ce qui ressort du récit de saint Jean c’est que Thomas a besoin d’être certain que le Jésus que lui et les disciples rencontrent est bien le même que celui qu’ils ont côtoyé avant sa mort et qui est mort sur la croix quelques jours plus tôt. C’est ce qu’exprime symboliquement les paroles « Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt dans la arque des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je ne croirai pas ! »
Saint Jean, en racontant cette scène de façon très colorée, veut ainsi nous faire comprendre que la résurrection de Jésus n’est pas un simple retour à la vie. Ce n’est pas comme si un cadavre revenait à la vie. C’est un mystère de foi où le Jésus mort sur la croix continue de vivre d’une autre façon, mystérieuse. qui le rend accessible à tout le monde pour les siècles des siècles.
Lorsque je participe à l’Eucharistie comme nous le faisons ce matin, c’est le Christ ressuscité que je rencontre. Il se présente à moi comme il l’a fait pour les disciples et pour Thomas. Est-ce que je suis prêt à lui dire et redire : « Mon Seigneur et mon Dieu » ?

Conclusion
Ces trois pistes de méditation nous permettent d’aller un peu plus loin dans notre foi en Jésus Ressuscité, Seigneur et Sauveur. Ce matin, nous sommes nourris et touchés par l’image de Jésus miséricordieux, par les nouveaux baptisés et par la scène de Thomas qui rencontre Jésus ressuscité.
Laissons-nous habiter par la personne du Christ qui est comme le dit l’Écriture l’Alpha et l’Omega, le commencement et la fin de tout, celui que Dieu nous a donné pour ramener l’humanité vers Lui.
Que le Seigneur Jésus nous illumine et nous remplisse de sa vie pendant tout le temps pascal et tous les jours de notre vie !

Amen!

LA MER N’EST PAS UN CRISTAL QUE VOUS POUVEZ GARDER DANS VOTRE POCHE – DI GIANFRANCO RAVASI

23 avril, 2019

http://www.vatican.va/news_services/or/or_quo/cultura/2010/138q05a1.html

LA MER N’EST PAS UN CRISTAL QUE VOUS POUVEZ GARDER DANS VOTRE POCHE – DI GIANFRANCO RAVASIfr Ivan Konstantinovič Ajvazovskij,

fr-ivan-konstantinovi-ajvazovskij

LA MER N’EST PAS UN CRISTAL QUE VOUS POUVEZ GARDER DANS VOTRE POCHE – DI GIANFRANCO RAVASI 

(traduction Google de l’italien)

Nous voudrions jeter un coup d’œil sur le mot qui est au centre du système philosophique de Gaspare Mura, c’est la vérité. Nous faisons cela avant tout en évoquant les appels des deux derniers pontifes, Jean-Paul II et Benoît XVI, mais en prenant précisément en compte cette place où se pressent les gens ordinaires qui, sans connaître Protagoras, répète de manière existentielle l’affirmation selon laquelle « le L’homme est la mesure de toutes choses « dans un sens très rapide et immédiat: il n’ya pas de vérité absolue qui nous précède, mais c’est l’individu ou le groupe qui la détermine dans des situations concrètes et changeantes et en fonction des intérêts ou des avantages éventuels. C’est ce que l’on pourrait qualifier de « subjectivisme » ou, pour utiliser un terme cher à Benoît XVI, de « relativisme ».
L’approche classique de la relation avec la vérité a cependant été très différente. Nous pourrions le formuler – en gardant toujours ce niveau destiné à la foule de l’ agora quotidienne – avec un aphorisme de la Minima moralia (1951) d’Adorno: « La vérité n’est pas la vérité »ha », mais oui « C’est », quant au bonheur « . Déjà dans L’ Homme sans qualités (1930-1943), Robert Musil a déclaré: » La vérité n’est pas un cristal qui peut être mis dans votre poche, mais une mer sans fin dans laquelle vous plongez « . Le vrai est donc considéré comme un primum absolu qui nous précède et vers lequel tend la recherche de l’homme: la raison a intrinsèquement besoin de cette nourriture pour son propre exercice, comme elle l’a rappelé de façon hautement symbolique au Phèdre de Platon :  » La raison pour laquelle les âmes ont déployé tant d’efforts pour pouvoir voir la Plaine de la Vérité est la suivante: la nourriture appropriée pour la meilleure partie de l’âme provient du pré qui s’y trouve et de la nature de l’aile avec laquelle l’âme peut voler se nourrit de cela « (248 av. J.-C.).
En fait, dans la conception philosophique grecque, à l’instar de l’ eunomía , c’est la loi juste et bonne, c’est l’étoile polaire qui incarne la référence capitale de la justice « objective » en elle-même, la source de la norme éthique, de sorte que l’ alétheia a pour but de orientation de l’activité de l’intellect, faisant de la philosophie dans son essence intime la recherche et le service de la vérité qui la transcende et en constitue l’objet. Nous pourrions donc affirmer que, dans la conception classique, l’amour de la vérité est le paradigme même de la recherche philosophique et est donc aussi le critère de la même scientificité. La veritas nue – pour reprendre l’expression célèbre des Odes d’ Horace (I, 24, 7) – est la
Cette interprétation régit depuis des siècles non seulement la pensée chrétienne, mais aussi la recherche dans toutes les disciplines, à la suite du célèbre appel des Augustins: Intellectum valde loves ( Epist ulae , 120, 3, 13), aime beaucoup l’intelligence dont la mission radicale c’est précisément celui de connaître la vérité. Et « la recherche de la vérité – comme le rappelait Jean-Paul II dans son discours du centenaire de la naissance d’Albert Einstein (1979) – est la tâche fondamentale de la science » elle-même, précisément parce que le pape lui-même a poursuivi l’encyclique Fides et ratio , prendre la célèbre étape d’ouverture de la métaphysique d’ Aristote « ,
Cependant, la modernité a donné à ce concept une tournure distincte en proposant une vision presque totalement alternative. Le chemin avait ses idéaux avec Hobbes lorsque, dans son Léviathan, il avait formulé l’un des principes décisifs du positivisme législatif: auctoritas non veritas facit legem . En ce qui concerne le droit donc à la vérité intrinsèque de l’ eunomíaelle s’opposait à une autorité civile ou religieuse susceptible de sanctionner des normes et des projets sans tenir compte de la vérité supérieure. En résumé, selon le philosophe anglais du XVIIe siècle, « la prétention de posséder la vérité et le droit de l’imposer, doivent être exclus de la politique et établir des lois et des règles qui régissent le comportement, ne doivent pas être réservés à ceux qui connaissent la » vérité. « , soumis à des interprétations individuelles ou collectives, mais à une autorité indépendante et indiscutable » (ainsi David Gress dans l’ essai de 1985 sur la paix et la survie ).
Cette perspective s’est progressivement étendue à la même philosophie et à la même science et s’est étendue à nos jours, plaçant la fonction de vérité profondément en crise. En effet, il est devenu de plus en plus convaincu que la vérité ne doit pas seulement être ni recherchée ni obéie, mais doit être mise de côté et reléguée au rang d’une épistémologie correcte. Illuminant est l’affirmation que Patricia Smith Churchland dans un article publié en 1987 dans The Journal of Philosophy a imposé sa conception de la scientificité: la vérité, quelle qu’elle soit, prend définitivement le recul , la vérité, quelle qu’elle soit, ne doit clairement pas occuper plus le premier lieu de référence mais il doit être relégué à l’arrière, comme l’arrière-garde et le ballast de la pensée.
L’étape suivante n’a pas été manquée par ceux qui ont exorcisé le concept même de vérité, même s’il le considérait nuisible. Nous savons que la célèbre phrase du Christ « La vérité vous rendra libre » ( Jean 8: 32) a en soi pour objet un sens particulier de « vérité », c’est-à-dire la révélation divine offerte par le Fils; néanmoins, la phrase a été assumée dans l’histoire de la tradition comme une exaltation de la fonction libératrice et libératrice de la vérité. En faisant un clin d’oeil précis à la phrase johannine, Sandra Harding dans l’un de ses écrits de 1991 ( À qui appartient la science? À qui le savoir? Penser à partir de la vie des femmes) au lieu de cela, il atteint sa négation absolue, déclarant que « la vérité, quelle qu’elle soit, ne nous rendra pas libres ». Mais on sait que Michel Foucault avait déjà perçu plusieurs fois la vérité dans ses écrits comme un grave danger pour l’intellect et certainement pas comme une dotation positive, encline à être exclusive, imposante, asservissante à cause de la « prétention » c’est inhérent.
C’est dans ce contexte particulier et sans précédent que non seulement l’affirmation de Benoît XVI selon laquelle « l’éthos de la scientificité est la volonté d’obéir à la vérité », mais aussi toute la formulation de son discours de Regensburg, ainsi que plusieurs autres notes du discours (non prononcé) du 17 janvier 2008 à l’Université « La Sapienza » de Rome. Il propose de redonner à la vérité sa mission intrinsèque, formative et normative, sa primauté qui n’est pas de domination mais de libération, sa présence qui n’est pas tyrannique, mais éclairante. Bien entendu, cela n’est possible qu’avec un renversement de tendance, comme l’a déjà suggéré Jean-Paul II dans Fides et ratio: « Une philosophie de portée véritablement métaphysique est nécessaire, capable de transcender les données empiriques afin d’atteindre, dans sa recherche de la vérité, quelque chose d’absolu, ultime, fondamental » (83).
Et déjà, en 1984, à l’occasion de la remise du « Prix international Paul VI » à Hans Urs von Balthasar, le pontife lui-même avait répété qu’aimer « aimer la vérité, c’est ne pas l’utiliser, mais la servir; et commodités « . Benoît XVI a réitéré – toujours dans le discours susmentionné pour « La Sapienza » – que le concept même de vérité doit être pris dans son expansion maximale, en surmontant « la limitation auto-déclinante de la raison à ce qui est vérifiable dans l’expérience » et en se révélant à la vérité. ensemble: « en ce sens, la théologie, non seulement en tant que discipline historique et humano-scientifique, mais en tant que vraie théologie, c’est-à-dire en tant que question de raison de la foi, doit avoir sa place dans la

 

BENOÎT XVI – AUDIENCE – PSALM 123, 1-6.8 – (2005)

22 avril, 2019

http://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/audiences/2005/documents/hf_ben-xvi_aud_20050622.html

600px-Maestro_delle_vitae_imperatorum,_iniziale_B_con_re_davide,_da_un_salterio_da_coro,_milano_1430-50_ca

Le roi David, du choeur Psautier, Mlano

BENOÎT XVI – AUDIENCE – PSALM 123, 1-6.8 – (2005)

AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercredi 22 juin 2005

Notre aide est dans le nom du Seigneur

Lecture: Ps 123, 1-6.8

1. Voilà devant nous le Psaume 123, un chant d’action de grâce entonné par la communauté en prière qui élève à Dieu sa louange pour le don de la libération. Le Psalmiste proclame en ouverture cette invitation: « A Israël de le dire! » (v. 1), encourageant ainsi tout le peuple à élever une action de grâce vivante et sincère au Dieu sauveur. Si le Seigneur ne s’était pas rangé du côté des victimes, celles-ci, avec leurs forces limitées, auraient été impuissantes à se libérer et leurs adversaires, semblables à des monstres, les auraient déchirées et anéanties.
Même si l’on a pensé à quelque événement historique particulier, comme la fin de l’exil de Babylone, il est plus probable que le Psaume soit un hymne visant à rendre grâce au Seigneur pour les dangers auxquels on a échappé et à implorer de Lui la libération de tout mal. En ce sens, celui-ci demeure un Psaume toujours actuel.
2. Après l’évocation initiale de certains « hommes » qui sautaient sur les fidèles et étaient capables de les « avaler tout vifs » (cf. vv. 2-3), le cantique se divise en deux moments. Dans la première partie dominent les flots en furie, symbole dans la Bible du chaos dévastateur, du mal et de la mort: « Alors les eaux nous submergeaient, le torrent passait sur nous, alors il passait sur notre âme en eaux écumantes » (vv. 4-5). L’orant éprouve à présent la sensation de se trouver sur une plage, miraculeusement sauvé de la furie impétueuse de la mer.
La vie de l’homme est entourée des pièges des méchants qui non seulement attentent à son existence, mais veulent aussi détruire toutes les valeurs humaines. Voyons comment ces dangers existent aussi à présent. Mais – nous pouvons en être sûrs aujourd’hui aussi – le Seigneur se dresse pour protéger le juste et le sauve, comme on le chante dans le Psaume 17: « Il envoie d’en-haut et me prend, il me retire des grandes eaux, il me délivre d’un puissant ennemi, d’adversaires plus forts que moi [...] Yahvé fut pour moi un appui: il m’a dégagé, mis au large, il m’a sauvé car il m’aime » (vv. 17-20). Le Seigneur nous aime vraiment: telle est notre certitude et tel est le motif de notre grande confiance.
3. Dans la seconde partie de notre cantique d’action de grâce, on passe d’une image maritime à une scène de chasse, typique de plusieurs Psaumes de supplique (cf. Ps 123, 6-8). Voici, en effet, l’évocation d’un fauve qui tient sa proie entre ses dents, ou d’un filet de chasseur qui capture un oiseau. Mais la bénédiction exprimée par le Psaume nous fait comprendre que le destin des fidèles, qui était un destin de mort, a été radicalement changé par une intervention salvifique: « Béni Yahvé qui n’a point fait de nous la proie de leurs dents! Notre âme comme un oiseau s’est échappée du filet de l’oiseleur. Le filet s’est rompu et nous avons échappé » (vv. 6-7).
La prière devient ici un souffle de soulagement qui s’élève du plus profond de l’âme: même lorsque toutes les espérances humaines tombent, la puissance libératrice de Dieu peut apparaître. Le Psaume peut donc se conclure par une profession de foi, entrée depuis des siècles dans la liturgie chrétienne comme prémices idéales de chacune de nos prières: « Adiutorium nostrum in nomine Domini, qui fecit caelum et terram – Notre secours est dans le nom de Yahvé qui a fait le ciel et la terre » (v. 8). En particulier, le Tout-Puissant se range du côté des victimes et des persécutés « qui crient vers lui jour et nuit » et « il leur fera prompte justice » (cf. Lc 18, 7-8).
4. Saint Augustin effectue un commentaire détaillé de ce Psaume. Dans un premier temps, il observe que ce Psaume est chanté de façon adéquate par les « membres du Christ [...] dans leur allégresse ». Puis, en particulier, « les martyrs ont chanté ce cantique, ils sont délivrés et tressaillent avec le Christ qui leur redonnera incorruptibles ces mêmes corps qu’ils ont eu dans la corruption, et dans lesquels ils ont tant souffert: ils seront pour eux des ornements de justice ». Et saint Augustin parle des martyrs de tous les siècles, également de notre siècle.
Mais, dans un deuxième temps, l’Evêque d’Hippone nous dit que nous aussi, et pas seulement les bienheureux au ciel, nous pouvons chanter ce Psaume dans l’espérance. Il déclare: « Soit donc que les martyrs chantent ce cantique dans la réalité de leur bonheur, soit que nous le chantions par l’espérance, et que nous unissions nos transports à leurs couronnes, en soupirant après cette vie que nous n’avons pas et que nous ne pourrons avoir, si nous ne l’avons pas désirée ici-bas, chantons avec eux ».
Saint Augustin revient alors à la première perspective et explique: « Voilà qu’ils [les saints] ont jeté les yeux sur les quelques tribulations qu’ils ont endurées, et du lieu de bonheur et de sûreté où ils sont établis, ils regardent par où ils sont passés, et où ils sont arrivés; et comme il était difficile d’échapper à tant de maux sans la main du libérateur, ils redisent avec joie: « Si le Seigneur n’eût été avec nous ». Tel est le commencement de leur cantique; ils n’ont point dit encore d’où ils sont délivrés, tant est grande leur joie » (Discours sur le Psaume 123, 3: Nuova Biblioteca Agostiniana, XXVIII, Roma 1977, p. 65).

* * *

« EVEILLE-TOI, Ô TOI QUI DORS » HOMÉLIE ANCIENNE POUR LE GRAND ET SAINT SAMEDI

20 avril, 2019

http://www.vatican.va/spirit/documents/spirit_20010414_omelia-sabato-santo_fr.html

e7c2c5b94930a235e37834fdc4d1fa98

« EVEILLE-TOI, Ô TOI QUI DORS » HOMÉLIE ANCIENNE POUR LE GRAND ET SAINT SAMEDI

« Que se passe-t-il? Aujourd’hui, grand silence sur la terre; grand silence et ensuite solitude parce que le Roi sommeille. La terre a tremblé et elle s’est apaisée, parce que Dieu s’est endormi dans la chair et il a éveillé ceux qui dorment depuis les origines. Dieu est mort dans la chair et le séjour des morts s’est mis à trembler.
C’est le premier homme qu’il va chercher, comme la brebis perdue. Il veut aussi visiter ceux qui demeurent dans les ténèbres et dans l’ombre de la mort. Oui, c’est vers Adam captif, en même temps que vers Eve, captive elle aussi, que Dieu se dirige, et son Fils avec lui, pour les délivrer de leurs douleurs.
Le Seigneur s’est avancé vers eux, muni de la croix, l’arme de sa victoire. Lorsqu’il le vit, Adam, le premier homme, se frappant la poitrine dans sa stupeur, s’écria vers tous les autres: « Mon Seigneur avec nous tous! » Et le Christ répondit à Adam : « Et avec ton esprit ». Il le prend par la main et le relève en disant: Eveille-toi, ô toi qui dors, relève-toi d’entre les morts, et le Christ t’illuminera.
 » C’est moi ton Dieu, qui, pour toi, suis devenu ton fils; c’est moi qui, pour toi et pour tes descendants, te parle maintenant et qui, par ma puissance, ordonne à ceux qui sont dans les chaînes: Sortez. A ceux qui sont dans les ténèbres: Soyez illuminés. A ceux qui sont endormis Relevez-vous.
« Je te l’ordonne: Eveille-toi, ô toi qui dors, je ne t’ai pas créé pour que tu demeures captif du séjour des morts. Relève-toi d’entre les morts : moi, je suis la vie des morts. Lève-toi, oeuvre de mes mains ; lève-toi, mon semblable qui as été créé à mon image. Eveille-toi, sortons d’ici. Car tu es en moi, et moi en toi, nous sommes une seule personne indivisible.
« C’est pour toi que moi, ton Dieu, je suis devenu ton fils; c’est pour toi que moi, le Maître, j’ai pris ta forme d’esclave ; c’est pour toi que moi, qui domine les cieux, je suis venu sur la terre et au-dessous de la terre; c’est pour toi, l’homme, que je suis devenu comme un homme abandonné, libre entre les morts; c’est pour toi, qui es sorti du jardin, que j’ai été livré aux Juifs dans un jardin et que j’ai été crucifié dan. un jardin.
« Vois les crachats sur mon visage ; c’est pour toi que je les ai subis afin de te ramener à ton premier souffle de vie. Vois les soufflets sur mes joues : je les ai subis pour rétablir ta forme défigurée afin de la restaurer à mon image.
« Vois la flagellation sur mon dos, que j’ai subie pour éloigner le fardeau de tes péchés qui pesait sur ton dos. Vois mes mains solidement clouées au bois, à cause de toi qui as péché en tendant la main vers le bois.
« Je me suis endormi sur la croix, et la lance a pénétré dans mon côté, à cause de toi qui t’es endormi dans le paradis et, de ton côté, tu as donné naissance à Eve. Mon côté a guéri la douleur de ton côté ; mon sommeil va te tirer du sommeil des enfers. Ma lance a arrêté la lance qui se tournait vers toi.
« Lève-toi, partons d’ici. L’ennemi t’a fait sortir de la terre du paradis; moi je ne t’installerai plus dans le paradis, mais sur un trône céleste. Je t’ai écarté de l’arbre symbolique de la vie; mais voici que moi, qui suis la vie, je ne fais qu’un avec toi. J’ai posté les chérubins pour qu’ils te gardent comme un serviteur; je fais maintenant que les chérubins t’adorent comme un Dieu.

 » Le trône des chérubins est préparé, les porteurs sont alertés, le lit nuptial est dressé, les aliments sont apprêtés, les tentes et les demeures éternelles le sont aussi. Les trésors du bonheur sont ouverts et le royaume des cieux est prêt de toute éternité. « 

Homélie ancienne pour le Grand et Saint Samedi

Prière
Notre Père

Dieu éternel et tout-puissant, dont le Fils unique est descendu aux profondeurs de la terre, d’où il est remonté glorieux: accorde à tes fidèles, ensevelis avec lui dans le baptême, d’accéder par sa résurrection à la vie éternelle. Lui qui règne.
Préparé par l’Institut de Spiritualité:
Université Pontificale Saint Thomas d’Aquin

via Crucis – SIEGER KÖDER. Souffrance et symbole

18 avril, 2019

http://www.libertaepersona.org/wordpress/2016/11/sieger-koder-sofferenza-e-simbolo/

Crocifissione

(Google traduction de l’italien)

SIEGER KÖDER. Souffrance et symbole

Publié le 4 novembre 2016 | De Marcello Giuliano

Un peintre prêtre

via Crucis - SIEGER KÖDER. Souffrance et symbole dans VIA CRUCIS Ges%C3%B9-cade

Sieger Köder, comment il est venu pour peindre des œuvres, comme cette Via Crucis, avec une suggestion si intense; œuvres de plus en plus célèbres dans les cercles spirituels catholiques?

Sa biographie a fortement influencé le genre de sa peinture. K. est né le 3 janvier 1925 à Wasseralfingen († 9. février 2015 à Ellwangen), Allemagne. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il s’est battu et a été emprisonné. À son retour, il a fréquenté l’Académie des arts de Stuttgart jusqu’en 1951. Il a étudié la philologie anglaise à l’Université de Tübingen. Après 12 ans d’enseignement de l’art et de la production artistique, Köder se prépara au sacerdoce et fut ordonné en 1971.

Dans son ministère sacerdotal, il existe une influence réciproque entre le prêtre et l’artiste. Il utilise ses peintures comme Jésus utilisait ses paraboles.  »Révélez » la profondeur du message chrétien à travers des métaphores, diffusant lumière et couleur sur la vie et l’histoire de l’humanité.

Son art est rempli du drame personnel de la guerre et de l’horreur de l’Holocauste. Le thème de l’Arlecchino, l’une de ses figures les plus célèbres, symbolise l’irrationalité, la poésie, la liberté, le plaisir, malgré la réalité extérieure atroce. Il est l’artiste, qui dépasse toujours la donnée sensible. Il dit que « nous sommes tous fous ». Même Dieu pour l’homme rationnel peut paraître extravagant.

Une peinture symbolique

Köder, qui veut parler à l’homme rationnel, comme à tout homme ordinaire, s’exprime avec une peinture symbolique.

Comme toute peinture symbolique, il ne décrit pas réellement les choses telles qu’elles sont apparemment vues, mais fait allusion sans dire explicitement.

Son symbolisme n’est pas de type hiératique, comme dans l’art médiéval, c’est-à-dire jusqu’au schisme des églises de l’Est et même, il est semblable à celui de l’iconologie orientale ultérieure. C’est un symbolisme existentiel . D’une part, il exaspère le signe, d’autre part il en fait une caricature, où la forme de l’homme est défaite, même lorsqu’elle exprime de la tendresse. Ce ne sont certainement pas des symboles de la beauté , même s’ils sont capables de focaliser l’attention sur le mystère.

Dionigi-lAreopagita dans VIA CRUCIS

Le pseudo Dionysius Aréopagite, mystique du VIe siècle, nous permet de comprendre en quel sens ce genre d’art peut aussi être qualifié de symbolique. Dans son Corpus Dionysiacum et dans d’autres ouvrages que nous n’avons pas reçus, et cités par l’auteur, c’est la théologie affirmative et la théologie symbolique.. Le premier transmet les enseignements sur Dieu, sur qui il est, tandis que le second traite de sa présence dans le monde sensible. En ce qui concerne les symboles, il distingue entre les symboles élevés, les symboles médians et les symboles inférieurs, en fonction des réalités visibles dont ils dérivent, ou entre des symboles similaires et des symboles différents, selon lesquels ils révèlent Dieu car ils donnent une pâle idée de sa beauté, ou, au contraire, ils nous font voir sa transcendance infinie. Cette double façon de se révéler est liée à la fois au travail éducatif de Dieu, qui enseigne à travers des symboles, se cachant pour pousser à chercher, tous deux avec la structure de l’homme.

Le symbolisme existentiel de Köder, capturant l’homme dans des situations extrêmes, généralement douloureuses, emprunte certains traits de l’homme désormais méconnaissables (symboles inférieurs ou symboles différents), car ces signes en eux-mêmes seraient très éloignés de Dieu, soulignant la sa distance apparente. Mais les Trois personnes se révèlent dans l’incarnation même là où elle semble être absente. Il révèle la Trinité, même si, même si seul le Fils est incarné, les trois Personnes participent, avec leur décision commune, aux vicissitudes de l’Homme des Douleurs. La Parole, par dissimilarité, est dans la gloire même dans l’ Incarnation dela Passion :« Méprisé et rejeté par les hommes, un homme de douleur qui connaît bien la souffrance, semblable à celui devant lequel on se couvre le visage; … et pourtant il a supporté nos souffrances, il a supporté nos chagrins «  (Is 53,3a.4a) et au Psaume 22,7:    » Mais je suis un ver, pas un homme, une infamie des hommes, un rejet de mon peuple «  .

 

L’homme des douleurs

Crocifissione

Le ver devient le symbole de l’homme de douleur qui n’a pas méprisé la souffrance et la beauté de Dieu se cache ici et dans la passion de la Croix nous invite à rechercher, malgré tout, le visage de Dieu. Le symbole de sa souffrance se réfère à la transformation de l’homme en Dieu à travers la souffrance.

L’artiste ne laisse pas tomber une goutte de cette souffrance. Pour cela, nous devons observer le tableau actuel non isolé, isolé des autres, s’arrêtant à un sens purement didactique, Jésus tombant; nous devons l’examiner et le méditer à la lumière des autres, en particulier de la scène de crucifixion; reconnectez-le au dernier dîner. Ensuite, le symbole existentiel et théologique sera plus clairement révélé.

 

Le dernier souper

Ultima-cena

À la dernière Cène, comme à chaque moment de la vie du Maître, se détache la passion du Christ, comme une ombre: Dîner du banquet et sacrifice, en même temps. Dernier souper, car marqué par la croix, par la condamnation que tout homme se donne, croyant ne pouvoir vaincre le mal. Jésus sombre dans ce mal, comme il semble le voir sur la photo sur laquelle il est cloué. Ici, Jésus fait l’expérience de ce que cette ancienne phrase de Plautus lupus est homo homini (Asinaria, a. II, sc. IV, v. 495), reprise sous diverses formes par des penseurs ultérieurs.

 

La crucifixion

Crocifissori

Jésus est sur le sol. Nous ne voyons pas la crucifixion de notre point de vue, mais de celui de Jésus qui est étendu sur le sol. Nous voyons ce qu’il voit à ce moment et de ce point de vue. Jésus regarde le ciel où un soleil se dessine comme un trou, comme un vide. Le regard de Dieu et de la création qui observe tristement d’en haut éteint cette incompréhensible crucifixion de l’amour.

Autour, en cercle, nous voyons tant de visages humains, avec toutes les expressions possibles. Il y a une douleur sincère, mêlée d’impuissance, de ceux qui se couvrent le visage, mais aussi de la dureté ou de la perplexité, comme chez un homme recouvert d’un manteau vert, qui porte sa main au menton, comme s’il pensait.

Le soldat est vu d’en haut, son visage n’est pas connu. Il semble entendre le bruit des coups portés contre les mains et les pieds. le coeur de ceux qui ont marché, caressé que pour l’amour. Le soldat fait le sale boulot. Il est un nonimo . En fait, il n’existe pas de coupable d’une abomination collective qui se propage au fil des siècles. Ici aussi, comme dans la station Veronica et dans la Dernière Cène, cela se voit indirectement, à travers le symbole et non dans la réalité, puisque tout sur terre est le symbole de quelque chose d’autre et de l’Autre.

La véronique

La-Veronica

Dans Veronica, Jésus est le seul à ne pas montrer le visage. Le visage de Dieu veut s’imprimer dans le cœur, il ne recherche pas de similitudes physiques.

Ainsi, dans la chute sous la croix de Jésus, nous voyons, certes, un profil, mais surtout la tension nécessaire pour supporter et supporter le poids de la masse humaine. Une masse sombre et grise. Les visages gonflés sont méconnaissables. Des visages aux yeux déformés, des yeux fermés comme ceux des morts, qui regardent le calice de perdition et s’étendent comme un cauchemar au bras de la croix. La seule lumière, le bras de la croix elle-même, dont la couleur, vaguement dorée, rappelle la couleur non dorée, la lumière divine.

Alors que les anges voient Dieu directement et, même s’ils sont proches de l’homme passionné, le verbe est contemplé au ciel, les hommes voient la Parole faite chair dans la variété de symboles, c’est-à-dire l’Écriture, les rites de l’Église, qui sont aussi des symboles plus éthérés, mais ils doivent normalement l’entrevoir sous des signes apparemment inappropriés, non reconnaissables, comme son visage gonflé qui est défait; fait ainsi par la brutalisation de l’humanité.

Au contraire, le Christ ne perd pas la face de l’homme, même s’il est méconnaissable de l’homme lui-même. Je me souviens des plaintes, sincères et non idéologiques, de ceux qui croient qu’une vie de douleur extrême, comme celle d’un malade en phase terminale ou d’un tétraplégique, ne vaut pas la peine d’être vécue. Il ne perd pas son image et sa ressemblance avec lui et annonce à l’homme de faire de même.

 

La Pâques du Christ, amour viscéral de Dieu

Nous savons que les évangiles sont l’icône de Dieu, penchés sur des blessures humaines. Dans la même parabole du Père miséricordieux (voir Lc 15, 11-32), on raconte l’histoire de l’humanité entière et de chacune d’elles, où Dieu offre à chaque homme qui veut y pénétrer des entrailles d’un amour sans bornes.

Dans les événements du vendredi saint, du samedi et du dimanche de la résurrection, la manifestation complète de Dieu a lieu: celui qui était dans le sein du Père (voir Jean 1,18), dans ses entrailles, au plus profond de lui-même, est donné aux hommes.

Ges%C3%B9-sepolto

Le vendredi est le jour où Jésus ne trouve aucune pitié, ni sur la terre ni dans les cieux. Il se tourne vers le Père, vers ce Père dont il a prêché l’amour aux hommes, dont il a témoigné la miséricorde par toute son action. Mais il n’est pas épargné – rien que pour lui – de la terrible souffrance de la mort sur la croix « . Jésus veut, choisit, dirigé par ces mêmes hommes, faire l’expérience de la solitude que les hommes éprouvent dans les souffrances les plus graves. Il veut donner de nouveaux yeux à la souffrance. Ils sont les yeux de la miséricorde.

Le dialogue du Fils et du Père a lieu sur la croix: « Père entre tes mains, je remets mon esprit » (Lc 23, 46). Ici, où nous attendons la rébellion de l’enfant, face à une injustice des hommes, Jésus est en pleine communion avec le Père. Ensuite, l’abandon du Père – comme l’appelle l’homme – a une signification très différente à laquelle s’ouvre l’homme Jésus, celui qui sait reconnaître le dessein que les hommes ignorent.

Dans la souffrance de la croix, la justice en tant que miséricorde est rétablie. Une miséricorde qui va jusqu’aux enfers, un lieu d’où, une fois descendu, on ne peut pas revenir en arrière, mais seulement attendre la libération.

Le Fils, enseveli dans les entrailles de la terre, vivant en esprit, ira annoncer la libération à ceux qui se trouvaient dans le monde souterrain et qui attendaient la libération. Le véritable enterrement de Jésus contient le mystère de la terre, qui ouvre et renvoie les morts de ses entrailles.

En fait, le sabbat de silence, samedi saint, il est arrivé qu’en raison de la descente du Christ dans le monde souterrain, l’Apocalypse raconte que « la mer a restauré les morts qu’elle a gardés, la mort et le monde souterrain ont gardé les morts gardés par eux » (Ap 20,13).

La mort, qui pour le premier Adam était un signe extrême de solitude et d’impuissance, s’est ainsi transformée en l’acte suprême d’amour et de liberté du nouvel Adam.

Sepolcro-vuoto

Enfin, les mots paradoxaux de la lettre aux Hébreux ne peuvent être compris que «dès l’aube de la résurrection». il a été entendu pour sa miséricorde «  (He 5: 7). La Lettre aux Hébreux, en effet, est le livre de la prêtrise, du pontife, qui unit le ciel et la terre, de transformation.

 

Le coût du nouvel homme, un fécond fructueux d’une nouvelle terre

Dans l’affaire de Pâques du Seigneur, il y a une série d’événements qui sont décisifs pour notre réflexion. Ainsi, l’évangéliste Luc raconte les derniers moments de la vie de Jésus: « C’était vers midi, lorsque le soleil éclipsa et que l’obscurité tomba sur toute la terre jusqu’à trois heures de l’après-midi. Le voile du temple était déchiré au milieu. Jésus, criant fort, dit: « Père, entre tes mains je remets mon esprit ». Cela dit, il a expiré « (Lc 23,44-46). Le cri de Jésus est également rapporté par Marc: « Jésus, criant, est mort » (Mc 15,37) et de Matthieu: « Jésus a de nouveau crié et a émis l’esprit » (Mt 27,50).

Les évangélistes rapportent un premier cri de Jésus, Elias, Eli, lemà sabactàni (Mt 27,45) qui porte au ciel le cri de l’angoisse cosmique de l’homme, de la création soumise au péché et à la mort. Le deuxième cri, avec lequel la mort a lieu, a au contraire une autre signification, nous sommes confrontés à une autre réalité, puisque, du haut de la croix, l’Esprit du Fils est envoyé dans les ténèbres, qui donne la vie à tout.

Alors que dans le baptême de Jésus le ciel était déchiré, l’Esprit est descendu et la voix qui l’a proclamé Fils a retenti, dans sa mort le voile du temple est déchiré et le Fils de Dieu est né sur la terre, remplissant le cosmos de son Esprit. Dieu n’est plus derrière le voile du temple, au ciel; c’est dans la nudité du Fils qui le révèle sur la terre.

La passerelle vers Dieu est maintenant ouverte à tous. Le corps exposé de Jésus est la nouvelle voie (voir Heb 10:20), qui mène aux profondeurs divines: Dieu dans l’homme, l’homme en Dieu, ce second cri est la puissante voix du mot créateur qui se propage dans les ténèbres et crée la vie. C’est le cri puissant de la nouvelle créature: le Fils de Dieu, en qui tout est fait, maintenant, est né sur terre! Le cri de Jésus est le premier cri de la nouvelle humanité, mais c’est aussi le cri d’une femme en travail qui donne naissance à la nouvelle créature.

Tandis que les synoptiques montrent la déchirure du voile du temple, Jean rapporte l’ouverture du côté de Jésus avec la lance par le soldat (Jn 19: 31-37).

Le voile ouvert du temple et le côté percé indiquent la même réalité: maintenant le sanctuaire est le corps du Seigneur.

Dans l’expérience de foi d’Israël, l’eau qui émerge du côté droit du sanctuaire et qui devient un fleuve en crue, également capable de guérir les eaux de la mer, était un mot bien connu. Ezekiel le reçoit en vision, en temps d’exil, comme une promesse d’un temps nouveau dans lequel la source capable de laver le péché et de guérir l’humanité aurait jailli du Temple reconstruit (voir Ezek 47,1-12).

Ce n’est que maintenant que nous pouvons comprendre en partie le sens de « l’abandon du Père », maintenant que le voile du Temple est déchiré, maintenant que la miséricorde a quitté le Temple et est répandue par le sacerdoce du Christ dans le sacerdoce ministériel.

Ainsi, le prophète Zacharie voit dans la vision le jour du Seigneur dans lequel « il n’y aura ni lumière, ni froid, ni gel: ce sera un seul jour, le Seigneur le sait. Ce jour-là, des eaux vives couleront de Jérusalem et descendront vers la mer orientale, en partie vers la mer Méditerranée, toujours, été et hiver. Le Seigneur sera le roi de toute la terre et il y aura le Seigneur seul et seulement son nom « (Zc 14,6-9).

Un jour où Dieu s’engage, par le biais du prophète, à « détruire tous les peuples qui s’opposent à Jérusalem. Je répandrai sur la maison de David et sur les habitants de Jérusalem un esprit de grâce et de consolation: ils se tourneront vers celui qu’ils ont percé. Ils le pleureront comme on pleure un enfant unique, ils le pleureront comme on pleure le premier-né « (Zech 12: 9-10). Ce qui se passe sur le Golgotha ​​a été annoncé par la parole prophétique, qui est maintenant accomplie.

Comme le côté endormi d’Adam vient Eve, l’épouse sort du côté du Seigneur endormi. L’Eglise, nouvelle humanité, qui répond à l’amour avec amour, naît du cœur d’un Dieu transpercé.

En psychologie, nous savons que l’homme existe en tant qu’homme et ne peut aimer que lorsqu’il sait qu’il est aimé. Ici, il arrive que Dieu l’aime et que l’homme ait la possibilité de le savoir et parfois de le ressentir. Ainsi, il devient l’autre partie de Dieu, son interlocuteur.

 Où la terre et la parole s’entremêlent

Le lieu où la terre et la parole se croisent est donc le côté transpercé du Seigneur. Tout cela uniquement par miséricorde : les entrailles de Dieu ont été définitivement révélées à la naissance de Pâques.

Les symboles féminins de la femme en travail, de celle qui pleure, du cri de l’enfant, de la chair déchirée qui laisse échapper la vie, disent que le langage des entrailles maternelles, du rahªmim , est celui qui est parlé au fond de la Trinité. Le Christ crucifié « a révélé la vérité sur Dieu » Père de la miséricorde «  ». 
C’est seulement à l’aube de la résurrection que l’on peut comprendre les mots paradoxaux de la lettre aux Hébreux: « C’est précisément pour cette raison qu’il a, à l’époque de sa vie terrestre, prié et prié avec des cris et des larmes à celui qui pouvait le libérer de la mort sa piété «  (He 5: 7). Dieu a rendu justice à la mort en se penchant sur l’homme et le Fils.

Rendre justice à la mort revient au prix de la mort de celui qui était sans péché et qui seul pouvait, par sa propre mort, infliger la mort à mort. Ainsi, la croix du Christ, sur laquelle le Fils, consubstantiel au Père, rend pleinement justice à Dieu, est aussi une révélation radicale de la miséricorde, c’est-à-dire de l’amour de Dieu, qui va à l’encontre de ce qui constitue la racine même du mal. dans l’histoire de l’homme: contre le péché, la mort, le malin.

Le fait que Christ « soit ressuscité le troisième jour » après un temps de silence – une fois encore – constitue le dernier signe de sa mission de salut, un signe qui couronne toute la révélation de l’amour miséricordieux dans un monde soumis au mal. Ces œuvres de Köder parlent d’une longue période de silence. Eux aussi constituent un signe qui annonce « un nouveau ciel et une nouvelle terre » quand Dieu « essuiera toute larme de leurs yeux; il n’y aura pas de mort, pas de deuil, pas de lamentation, pas d’inquiétude, parce que les choses du passé sont passées « , ni d’attente: Jésus a été libéré de la mort. Pas quand on s’y attendrait, pas « pas mourant », mais après être mort.

Ce n’est pas à l’homme de décider quand, mais à Dieu!

 

PAPE FRANÇOIS – Catéchèse sur le « Notre Père »: 12. Pardonne-nous nos dettes – 10 aprile 2019

17 avril, 2019

http://w2.vatican.va/content/francesco/it/audiences/2019/documents/papa-francesco_20190410_udienza-generale.html

fr gesu-Nel-Giardino-Getsemani-Dal-800-Olio-tela-Bellissimo-_57

Jésus dans le jardin des oliviers

PAPE FRANÇOIS – Catéchèse sur le « Notre Père »: 12. Pardonne-nous nos dettes – 10 aprile 2019

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre

Mercredi 10 avril 2019

Chers frères et sœurs, bonjour! La journée n’est pas très belle, mais bonjour quand même!
Après avoir demandé à Dieu notre pain quotidien, la prière du «Notre Père» entre dans le domaine de nos relations avec les autres. Et Jésus nous enseigne à demander au Père: «Remets-nous nos dettes comme nous-mêmes avons remis à nos débiteurs» (Mt 6, 12). (ndlr: dans le «Notre Père» en français: «Pardonne-nous nos offenses, comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés»). De même que nous avons besoin de pain, nous avons aussi besoin du pardon. Et cela, chaque jour.
Le chrétien qui prie demande tout d’abord à Dieu que ses dettes lui soient remises, c’est-à-dire ses péchés, les mauvaises choses qu’il fait. C’est la première vérité de chaque prière: même si nous étions des personnes parfaites, même si nous étions des saints transparents qui ne dévient jamais d’une vie de bien, nous restons toujours des enfants qui doivent tout à leur Père. Quelle est l’attitude la plus dangereuse de chaque vie chrétienne? C’est l’orgueil. C’est l’attitude de celui qui se place devant Dieu en pensant que ses comptes sont toujours en ordre avec Lui: l’orgueilleux croit qu’il a tout en ordre. Comme le pharisien de la parabole, qui dans le temple pense prier, mais qui en réalité se loue lui-même devant Dieu: «Je te remercie Seigneur, parce que je ne suis pas comme les autres». Et les gens qui se sentent parfaits, les gens qui critiquent les autres, sont des gens orgueilleux. Aucun d’entre nous n’est parfait, personne. Au contraire, le publicain qui était derrière, dans le temple, un pécheur méprisé par tous, s’arrête sur le seuil du temple, et ne se sent pas digne d’entrer, et il s’en remet à la miséricorde de Dieu. Et Jésus commente: «Ce dernier descendit chez lui justifié» (Lc 18, 14), c’est-à-dire pardonné, sauvé. Pourquoi? Parce qu’il n’était pas orgueilleux, parce qu’il reconnaissait ses limites et ses péchés.
Il y a des péchés que l’on voit et des péchés que l’on ne voit pas. Il y a des péchés éclatants qui font du bruit, mais il y a aussi des péchés insidieux, qui se nichent dans notre cœur sans même que nous nous en apercevions. Le pire de ceux-ci est l’orgueil, qui peut également contaminer les personnes qui vivent une vie religieuse intense. Il y avait autrefois un couvent de religieuses, dans les années 1600-1700, célèbre, à l’époque du jansénisme: elles étaient parfaites et on disait d’elles qu’elles étaient pures comme les anges, mais orgueilleuses comme les démons. Cela ne va pas. Le péché divise la fraternité, le péché nous fait penser être meilleurs que les autres, le péché nous fait croire que nous sommes semblables à Dieu.
En revanche, devant Dieu nous sommes tous pécheurs et nous avons des raisons de nous frapper la poitrine — tous! — comme ce publicain au temple. Saint Jean, dans sa première lettre, écrit: «Si nous disons: “Nous n’avons pas de péché”, nous nous abusons, la vérité n’est pas en nous» (1 Jn 1, 8). Si tu veux te tromper toi-même, dis que tu n’as pas péché: de cette manière, tu te fourvoies.
Nous sommes débiteurs, tout d’abord parce que dans cette vie nous avons beaucoup reçu: l’existence, un père et une mère, l’amitié, les merveilles de la création… Même s’il nous arrive à tous de passer des journées difficiles, nous devons toujours nous rappeler que la vie est une grâce, elle est le miracle que Dieu a extrait du néant.
En deuxième lieu, nous sommes débiteurs parce que, même si nous réussissons à aimer, personne d’entre nous n’est capable de le faire avec ses seules forces. Le véritable amour est quand nous pouvons aimer, mais avec la grâce de Dieu. Personne d’entre nous ne brille de sa propre lumière. Il y a ce que les anciens théologiens appelaient un «mysterium lunae» non seulement dans l’identité de l’Eglise, mais également dans l’histoire de chacun de nous. Que signifie ce «mysterium lunae»? Qu’il est comme la lune, qu’il n’a pas de lumière propre: il reflète la lumière du soleil. Nous aussi, nous n’avons pas de lumière propre: la lumière que nous avons est un reflet de la grâce de Dieu, de la lumière de Dieu. Si tu aimes c’est parce que quelqu’un, en dehors de toi, t’a souri quand tu étais enfant, en t’enseignant à répondre par un sourire. Si tu aimes, c’est parce que quelqu’un à côté de toi t’a éveillé à l’amour, en te faisant comprendre que le sens de l’existence réside dans celui-ci.
Essayons d’écouter l’histoire de quelqu’un qui a fait des erreurs: un détenu, un condamné, un drogué… nous connaissons tant de gens qui font des erreurs dans la vie. Malgré la responsabilité, qui est toujours personnelle, on se demande parfois qui doit être accusé de ses erreurs, si c’est uniquement sa conscience, ou l’histoire de haine et d’abandon qu’une personne porte avec elle.
Et cela est le mystère de la lune: nous aimons, tout d’abord parce que nous avons été aimés, nous pardonnons, parce que nous avons été pardonnés. Et si quelqu’un n’a pas été illuminé par la lumière du soleil, il devient glacé comme un terrain en hiver.
Comment ne pas reconnaître, dans la chaîne d’amour qui nous précède, également la présence providentielle de l’amour de Dieu? Personne d’entre nous n’aime Dieu autant qu’Il nous a aimés. Il suffit de se placer devant un crucifix pour saisir la disproportion: Il nous a aimés et nous aime toujours en premier.

Prions donc: Seigneur, même le plus saint parmi nous ne cesse d’être ton débiteur. O Père, aie pitié de nous tous!

MESSE IN COENA DOMINI – HOMÉLIE DU SAINT PÈRE JEAN PAUL II (2000)

16 avril, 2019

http://w2.vatican.va/content/john-paul-ii/fr/homilies/2000/documents/hf_jp-ii_hom_20000420_coena-domini.html

ParisDSC_0712-500x427

La dernière cène – Notre-Dame de Paris (souhaite à vous tous avec affection et douleur)

MESSE IN COENA DOMINI – HOMÉLIE DU SAINT PÈRE JEAN PAUL II (2000)

Jeudi Saint, 20 avril 2000

. « J’ai ardemment désiré manger cette pâque avec vous avant de souffrir » ( Lc 22, 15).

Le Christ fait connaître, à travers ces paroles, la signification prophétique de la Cène pascale, qu’il s’apprête à célébrer avec les disciples dans le Cénacle de Jérusalem.
Avec la première lecture, tirée du Livre de l’Exode, la Liturgie a mis en lumière la façon dont la Pâque de Jésus s’inscrivait dans le cadre de celle de l’Ancienne Alliance. A travers elle, les Israélites faisaient mémoire du repas consommé par leurs pères, au moment de l’exode d’Egypte, de la libération de l’esclavage. Le texte sacré prescrivait qu’un peu du sang de l’agneau devait être répandu sur les deux montants et le linteau des portes des maisons. Et il expliquait également la façon dont l’agneau devait être mangé, c’est-à-dire: « [vos] reins ceints, [vos] sandales aux pieds et [votre] bâton en main [...] en toute hâte [...] Cette nuit-là je parcourrai l’Egypte et je frapperai tous les premiers-nés [...] Le sang sera pour vous un signe sur les maisons où vous vous tenez. En voyant ce signe, je passerai outre et vous échapperez au fléau destructeur » ( Ex 12, 11-13).
Le sang de l’agneau obtint aux fils et aux filles d’Israël la libération de l’esclavage d’Egypte, sous la conduite de Moïse. Le souvenir d’un événement aussi extraordinaire devint une occasion de fête pour le peuple, reconnaissant au Seigneur pour la liberté recouvrée, don divin et engagement humain toujours actuel: « Ce jour-là, vous en ferez mémoire et vous le fêterez comme une fête pour Yahvé » (ibid., 12, 14). C’est la Pâque du Seigneur! La Pâque de l’Ancienne Alliance!
2. « J’ai ardemment désiré manger cette pâque avec vous avant de souffrir » (Lc 22, 15). Dans le Cénacle, le Christ, obéissant aux prescriptions de l’Ancienne Alliance, consomme le repas pascal avec les Apôtres, mais emplit ce rite d’un nouveau contenu. Nous avons entendu comment saint Paul en parle dans la deuxième lecture, tirée de la première Epître aux Corinthiens. Dans ce texte, considéré comme la plus ancienne description de la Cène du Seigneur, on rappelle que Jésus, « la nuit où il était livré, prit du pain et, après avoir rendu grâce, le rompit et dit: « Ceci est mon corps, qui est pour vous; faites ceci en mémoire de moi ». De même, après le repas, il prit la coupe, en disant: « Cette coupe est la nouvelle Alliance de mon sang; chaque fois que vous en boirez, faites-le en mémoire de moi ». Chaque fois en effet que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe, vous annoncez la mort du Seigneur, jusqu’à ce qu’il vienne » (cf. 1 Co 11, 23-26).
Il s’agit de paroles solennelles dans lesquelles est placée pour les siècles la mémoire de l’institution de l’Eucharistie. Chaque année, en ce jour, nous les rappelons en retournant en esprit au Cénacle. Avec une émotion particulière, je les revis ce soir, parce que je conserve dans les yeux et dans le coeur les images du Cénacle, où j’ai eu la joie de célébrer l’Eucharistie, à l’occasion de mon récent pèlerinage jubilaire en Terre Sainte. L’émotion devient encore plus forte, car cette année est l’année du Jubilé bimillénaire de l’Incarnation. Dans cette perspective, la célébration que nous vivons acquiert une profondeur particulière. Au Cénacle, en effet, Jésus apporta un nouveau contenu aux anciennes traditions et anticipa les événements du jour suivant, lorsque son Corps, corps immaculé de l’Agneau de Dieu, allait être sacrifié et son Sang versé pour la rédemption du monde. L’Incarnation avait eu lieu en vue précisément de cet événement, en vue de la Pâque du Christ, de la Pâque de la Nouvelle Alliance!
3. Chaque fois [...] que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe, vous annoncez la mort du Seigneur, jusqu’à ce qu’il vienne » (1 Co 11, 26). L’Apôtre nous exhorte à faire constamment mémoire de ce mystère. Dans le même temps, il nous invite à vivre chaque jour notre mission de témoins et d’annonciateurs de l’amour du Crucifié, dans l’attente de son glorieux retour.
Mais comment faire mémoire de cet événement salvifique? Comment vivre dans l’attente que le Christ revienne? Avant d’instituer le Sacrement de son Corps et de son Sang, le Christ, courbé et à genoux, dans l’attitude de l’esclave, lave les pieds des disciples au Cénacle. Nous le revoyons tandis qu’il accomplit cet acte, qui dans la culture hébraïque est propre aux serviteurs et aux personnes les plus humbles de la famille. Tout d’abord, Pierre se refuse, mais le Maître le convainc, et lui aussi se laisse enfin laver les pieds avec les autres disciples. Immédiatement après, cependant, ayant revêtu ses habits et de nouveau assis à table, Jésus explique le sens de son geste: « Vous m’appelez Maître et Seigneur, et vous dites bien, car je le suis. Si donc je vous ai lavé les pieds, moi le Seigneur et le Maître, vous aussi vous devez vous laver les pieds les uns aux autres » (Jn 13, 12-14). Ce sont des paroles qui, liant le mystère eucharistique au service de l’amour, peuvent être considérées comme préparatoires à l’institution du Sacerdoce ministériel.
Avec l’institution de l’Eucharistie, Jésus communique aux Apôtres la participation ministérielle à son sacerdoce, le sacerdoce de l’Alliance nouvelle et éternelle, en vertu de laquelle Lui, et Lui seul, est toujours et partout instrument et ministre de l’Eucharistie. Les Apôtres sont faits, à leur tour, ministres de ce mystère suprême de la foi, destiné à se perpétuer jusqu’à la fin du monde. Dans le même temps, ils deviennent serviteurs de tous ceux qui prendront part à un si grand don et mystère.
L’Eucharistie, le Sacrement suprême de l’Eglise, est unie au sacerdoce ministériel né lui aussi au Cénacle, comme don du grand amour de celui qui « sachant que son heure était venue de passer de ce monde vers le Père, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’à la fin » (Jn 13, 1).
L’Eucharistie, le sacerdoce et le nouveau commandement de l’amour! Tel est le mémorial vivant que nous contemplons dans le Jeudi saint.
« Faites ceci en mémoire de moi »: telle est la Pâque de l’Eglise! Notre Pâque!

 

BENOÎT XVI – Triduum de Pâques (2008)

15 avril, 2019

http://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/audiences/2009/documents/hf_ben-xvi_aud_20090408.html

fr botero caduta di Gesù

Botero, chute de Jésus

BENOÎT XVI – Triduum de Pâques (2008)

AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercredi 8 avril 2009

Chers frères et sœurs,

La Semaine Sainte, qui pour nous chrétiens est la semaine la plus importante de l’année, nous offre l’opportunité de nous plonger dans les événements centraux de la Rédemption, de revivre le Mystère pascal, le grand Mystère de la foi. A partir de demain après-midi, avec la Messe in Coena Domini, les rites liturgiques solennels nous aideront à méditer de manière plus vive la passion, la mort et la résurrection du Seigneur pendant les jours du saint Triduum pascal, foyer de toute l’année liturgique. Puisse la grâce divine ouvrir nos cœurs à la compréhension du don inestimable qu’est le salut que nous a obtenu le sacrifice du Christ. Ce don immense, nous le trouvons merveilleusement raconté dans un célèbre hymne contenu dans la Lettre aux Philippiens (cf. 2, 6-11), que nous avons plusieurs fois médité au cours du Carême. L’Apôtre reparcourt de manière à la fois essentielle et efficace, tout le mystère de l’histoire du salut, évoquant l’orgueil d’Adam qui, bien que n’étant pas Dieu, voulait être comme Dieu. Et il oppose cet orgueil du premier homme, que nous ressentons tous un peu au fond de nous, à l’humilité du vrai Fils de Dieu qui, en devenant homme, n’hésita pas à prendre sur lui toutes les faiblesses de l’être humain, à l’exception du péché, et alla jusqu’aux profondeurs de la mort. A cette descente dans l’ultime profondeur de la passion et de la mort suit son exaltation, la vraie gloire, la gloire de l’amour qui est allé jusqu’au bout. Et c’est pourquoi il est juste – comme le dit Paul – que « tout, au nom de Jésus, s’agenouille au plus haut des cieux, sur la terre et dans les enfers, et que toute langue proclame de Jésus Christ qu’il est le Seigneur » (2, 10-11). Saint Paul fait allusion par ces mots à une prophétie d’Isaïe où Dieu dit: Je suis le Seigneur, que tout s’agenouille devant moi au plus haut des cieux et sur la terre (cf. Is 45, 23). Cela – dit Paul – vaut pour Jésus Christ. Lui réellement, dans son humilité, dans la vraie grandeur de son amour, est le Seigneur du monde et devant lui réellement tout s’agenouille.
Combien ce mystère est à la fois merveilleux et surprenant! Nous ne méditons jamais suffisamment cette réalité. Jésus, tout en étant Dieu, ne voulut pas faire de ses prérogatives divines une possession exclusive; il ne voulut pas faire usage du fait d’être Dieu, de sa dignité glorieuse et de sa puissance, comme instrument de triomphe et signe de distance par rapport à nous. Au contraire, « il se vida lui-même » en assumant la misérable et faible condition humaine – Paul utilise à cet égard un verbe grec très fort pour indiquer la kénosis, cette descente de Jésus. La forme (morphé) divine se cacha en Christ sous la forme humaine, c’est-à-dire sous notre réalité marquée par la souffrance, par la pauvreté, par nos limites humaines et par la mort. Le partage radical et vrai de notre nature, partage en toute chose à l’exception du péché, le conduisit jusqu’à cette frontière qui est le signe de notre finitude, la mort. Mais tout cela n’a pas été le fruit d’un mécanisme obscur ou d’une aveugle fatalité: ce fut plutôt son libre choix, par adhésion généreuse au dessein salvifique du Père. Et la mort au devant de laquelle il alla – ajoute l’apôtre – fut celle de la croix, la plus humiliante et dégradante que l’on puisse imaginer. Tout cela le Seigneur de l’univers l’a accompli par amour pour nous: par amour il a voulu « se vider lui-même » et se faire notre frère; par amour il a partagé notre condition, celle de tout homme et de toute femme. Un grand témoin de la tradition orientale, Théodoret de Cyr, écrit à ce propos: « Etant Dieu et Dieu par nature et ayant l’égalité avec Dieu, il n’a pas estimé que ce fût quelque chose de grand, comme le font ceux qui ont reçu quelque honneur supérieur à leurs mérites, mais cachant ses mérites, il a choisi l’humilité la plus profonde et il a pris la forme d’un être humain » (Commentaire à l’épître aux Philippiens, 2, 6-7).
Prélude au Triduum pascal, qui commencera demain – comme je le disais – avec les rites suggestifs de l’après-midi du Jeudi saint, la Messe chrismale solennelle est célébrée dans la matinée par l’évêque avec son presbyterium, et au cours de celle-ci sont renouvelées ensemble les promesses sacerdotales prononcées le jour de l’Ordination. C’est un geste d’une grande valeur, une occasion plus que jamais propice où les prêtres réaffirment leur fidélité au Christ qui les a choisis comme ses ministres. Cette rencontre sacerdotale prend en outre une signification particulière, parce qu’elle est en quelque sorte une préparation à l’Année sacerdotale, que j’ai souhaitée à l’occasion du 150 anniversaire de la mort du saint Curé d’Ars et qui débutera le 19 juin prochain. Toujours au cours de la Messe chrismale seront bénites l’huile des malades et l’huile des catéchumènes, et sera consacré le Chrême. Ce sont des rites à travers lesquels sont symbolisées la plénitude du sacerdoce du Christ et celle de la communion ecclésiale qui doit animer le peuple chrétien, réuni pour le sacrifice eucharistique et vivifié dans l’unité par le don de l’Esprit Saint.
Dans la Messe de l’après-midi, appelée in Coeni Domini, l’Eglise commémore l’institution de l’Eucharistie, le sacerdoce ministériel et le commandement nouveau de la charité, laissé par Jésus à ses disciples. Saint Paul offre l’un des témoignages les plus antiques de ce qui est survenu dans le Cénacle, la veille de la passion du Seigneur: « La nuit même où il était livré, le Seigneur Jésus – écrit-il, au début de l’an cinquante, se fondant sur un texte qu’il avait reçu du cercle du Seigneur lui-même – prit du pain, puis, ayant rendu grâce, il le rompit, et dit: « Ceci est mon corps qui est pour vous. Faites cela en mémoire de moi ». Après le repas, il fit de même avec la coupe, en disant: « Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang. Chaque fois que vous en boirez, faites cela en mémoire de moi »" (1 Co 11, 23-25). Des paroles chargées de mystère, qui manifestent avec clarté la volonté du Christ: sous les espèces du pain et du vin, Il se rend présent avec son Corps donné et avec son sang versé. C’est le sacrifice de l’alliance nouvelle et définitive offerte à tous, sans distinction de race et de culture. Et de ce rite sacramentel, qu’il remet à l’Eglise comme preuve suprême de son amour, Jésus constitue ministres ses disciples et tous ceux qui poursuivront son ministère au cours des siècles. Le Jeudi saint constitue donc une invitation renouvelée à rendre grâce à Dieu pour le don suprême de l’Eucharistie, qu’il faut accueillir avec dévotion et adorer avec une foi vivante. Pour cela, l’Eglise encourage, après la célébration de la Messe, à veiller en présence du Très Saint Sacrement, en rappelant l’heure triste que Jésus passa dans la solitude et la prière au Gethsémani, avant d’être arrêté et d’être ensuite condamné à mort.
Nous arrivons ainsi au Vendredi saint, jour de la Passion et de la crucifixion du Seigneur. Chaque année, en nous tenant en silence devant Jésus cloué au bois de la croix, nous ressentons combien les paroles qu’Il a prononcées la veille, au cours de la Dernière Cène, sont pleines d’amour. « Ceci est mon sang de l’Alliance, répandu pour la multitude » (cf. Mc 14, 24). Jésus a voulu offrir sa vie en sacrifice pour la rémission des péchés et de l’humanité. Comme devant l’Eucharistie, ainsi, devant la passion et la mort de Jésus sur la Croix, le mystère devient insondable pour la raison. Nous nous trouvons face à quelque chose qui humainement, pourrait paraître absurde: un Dieu qui non seulement se fait homme, avec tous les besoins de l’homme, non seulement souffre pour sauver l’homme en se chargeant de toute la tragédie de l’humanité, mais qui meurt pour l’homme.
La mort du Christ rappelle l’accumulation de douleurs et de maux qui pèsent sur l’humanité de tout temps: le poids écrasant de notre mort, la haine et la violence qui aujourd’hui encore, ensanglantent la terre. La passion du Seigneur se poursuit dans la souffrance des hommes. Comme l’écrit à juste titre Blaise Pascal: « Jésus sera à l’agonie jusqu’à la fin du monde, il ne faut pas dormir pendant ce temps » (Pensées, 553). Si le Vendredi saint est un jour plein de tristesse, il est donc dans le même temps un jour plus que jamais propice pour restaurer notre foi, renforcer notre espérance et le courage de porter chacun notre croix avec humilité, confiance et abandon en Dieu, assurés de son soutien et de sa victoire. La liturgie de ce jour chante: O Crux, ave, spes unica – « Salut, ô croix, unique espérance! ».
Cette espérance s’alimente dans le grand silence du Samedi saint, dans l’attente de la Résurrection de Jésus. En ce jour, les Eglises sont dépouillées et aucun rite liturgique particulier n’est prévu. L’Eglise veille en prière comme Marie et avec Marie, en partageant les mêmes sentiments de douleur et de confiance en Dieu. On recommande à juste titre de demeurer au cours de toute la journée dans un climat de prière, favorable à la méditation et à la réconciliation; on encourage les fidèles à avoir recours au sacrement de la Pénitence, pour pouvoir participer réellement renouvelés aux fêtes de Pâques.
Le recueillement et le silence du Samedi saint nous conduiront dans la nuit à la Veillée pascale solennelle, « mère de toutes les veillées », lorsque s’élèvera dans toutes les églises et communautés le chant de la joie pour la résurrection du Christ. Une fois de plus, la victoire de la lumière sur les ténèbres, de la vie sur la mort, sera proclamée, et l’Eglise se réjouira dans la rencontre avec son Seigneur. Nous entrerons ainsi dans le climat de la Pâque de Résurrection.
Chers frères et sœurs, préparons-nous à vivre intensément le Saint Triduum, pour participer toujours plus profondément au Mystère du Christ. La Sainte Vierge nous accompagne sur cet itinéraire, elle qui a suivi en silence le Fils Jésus jusqu’au Calvaire, en prenant part avec une grande peine à son sacrifice, coopérant ainsi au mystère de la Rédemption et devenant Mère de tous les croyants (cf. Jn 19, 25-27). Avec elle, nous entrerons dans le Cénacle, nous demeurerons au pied de la Croix, nous veillerons idéalement auprès du Christ mort en attendant avec espérance l’aube du jour radieux de la résurrection. Dans cette perspective, je forme dès à présent à votre égard les vœux les plus cordiaux pour une heureuse et sainte Pâque, avec vos familles, vos paroisses et vos communautés.

 

12