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FÊTE DE SAINT PIERRE ET DE SAINT PAUL – SAINT AUGUSTIN

29 juin, 2015

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SAINT AUGUSTIN

SERMON CCXCIX. FÊTE DE SAINT PIERRE ET DE SAINT PAUL. II. TRIOMPHE DE LA GRACE.   486  

ANALYSE. —

C’est la grâce de Dieu qui permet à saint Paul d’envisager avec joie sa mort prochaine ; c’est à la grâce de Dieu qu’il est redevable aussi de la couronne qui l’attend : que serait-il devenu si Dieu l’eût traité d’abord comme il le méritait? Ce qui prouve aussi que le martyre de Pierre fut l’effet de la grâce ou de l’amour répandu en lui par l’Esprit-Saint, c’est que laissé à lui-même il avait d’abord renié son Maître. — Voulez-vous voir avec plus d’éclat encore la puissance de la grâce dans la mort de ces deux Apôtres? Considérez et rappelez-vous, d’après l’Écriture, que comme tous les autres hommes ils avaient pour la mort une horreur naturelle dont ils ont triomphé généreusement. Car la mort de l’homme n’est pas l’oeuvre de la nature, mais le châtiment du péché. En vain, pour le contester, les Pélagiens objectent qu’Hénoch et Elie ne sont point morts. On pourrait leur répondre qu’ils mourront. Mais en admettant qu’ils doivent être toujours exempts du trépas, on peut dire que cette exemption vient de ce qu’il n’y a plus en eux rien de ce qui produit la mort, aucun vestige du péché. Les Pélagiens, qui attribuent la mort à la nature, pourraient-ils dire semblablement qu’il n’y a plus rien en eux de la nature humaine? Défiez-vous des Pélagiens.   1. Quand il s’agit de prêcher des prédicateurs, et des prédicateurs tels que ceux dont nous avons entendu chanter et dont nous-mêmes avons chanté que « leur voix s’est répandue par toute la terre, et leurs paroles jusqu’aux extrémités de l’univers (1) » ; nous sommes évidemment au-dessous de notre tâche. Nous devons faire preuve de bonne volonté; mais nous ne sommes point au niveau de votre attente. Aujourd’hui, en effet, vous comptez que nous allons prêcher les Apôtres Pierre et Paul, dont nous célébrons-la fête. Je vois ce que vous désirez; mais en le voyant je m’affaisse; car je sais à la fois et ce que vous attendez, et de qui vous l’attendez. Néanmoins, comme le Dieu de ces Apôtres consent à être loué par nous tous, que ses serviteurs ne dédaignent pas non plus d’être loués par les vôtres. 2. Vous tous qui connaissez les saintes Écritures, vous savez que parmi les disciples que se choisit le Seigneur lorsqu’il se montrait corporellement dans ce monde, Pierre fut élu le premier des Apôtres; tandis que saint Paul ne fut choisi ni parmi eux, ni en même temps qu’eux , mais bien plus tard, sans toutefois cesser d’être leur égal. Ainsi Pierre est le premier des Apôtres, et Paul le dernier; mais Dieu, dont ils sont l’un et l’autre les serviteurs, les hérauts, les prédicateurs, est à la fois le premier et le dernier. Parmi les apôtres, Pierre   1. Ps. XVIII, 5.   est le premier, Paul est le dernier. Si Dieu est en- même temps le premier et le dernier, c’est qu’il n’y a rien ni avant, ni après lui. Ce Dieu donc qui est par son éternité le premier et le dernier , a voulu unir dans le martyre le premier et le dernier des Apôtres. Leur martyre se célèbre dans une même solennité, et leur vie s’harmonise dans une même charité. « Leur voix s’est répandue par toute la terre, et leurs paroles ont retenti jusqu’aux extrémités de l’univers». Où ont-ils été élus? où ont-ils prêché? où sont-ils morts? Nous le savons tous. Mais comment sommes-nous parvenus à les connaître eux-mêmes, sinon parce que « leur voix s’est répandue par toute la terre? » 3. Nous avons entendu saint Paul, pendant qu’on lisait son Epître, parler ainsi de sa mort déjà toute prochaine, tout imminente: « Car déjà on m’immole, et le temps de ma dissolution est proche. J’ai combattu le bon combat, j’ai achevé ma course, j’ai gardé ma foi ; il ne me reste plus que la couronne de justice, que le Seigneur, en juste Juge, me rendra ce jour-là; et non-seulement à moi, poursuit-il, mais encore à tous ceux qui tiennent à ce qu’il se manifeste (1) ». Parlons un peu de cela ; nous serons aidés par les paroles mêmes qui se sont répandues jusqu’aux extrémités de l’univers.   1. II Tim. IV, 6-8.   487   Considérez d’abord la sainte dévotion de l’Apôtre. Il dit qu’on l’immole, et non qu’il meurt. Ce n’est pas qu’on ne meure point quand on est immolé, c’est que la mort n’est pas toujours une immolation. Etre immolé, c’est donc mourir pour Dieu ; et ce mot rappelle le sacrifice, car sacrifier, c’est mettre à mort en l’honneur de Dieu. Ah ! l’Apôtre savait en l’honneur de qui il devait verser son sang en souffrant le martyre : racheté par le sang répandu de son Seigneur, ne lui devait-il pas son propre sang? Lorsque seul il a versé son sang pour tous, le Sauveur, en effet, ne nous a-t-il pas engagés tous? En recevant de lui cette croyance, ne lui sommes-nous point redevables, de ce qu’il nous donne? N’est-ce pas à sa bonté encore que nous sommes redevables et de lui devoir et de lui rendre ? Avec tant d’indigence, de pauvreté et de faiblesse, qui de nous pourrait s’acquitter envers un tel Créancier? Mais il est écrit : « Le Seigneur adonnera sa parole aux hérauts de sa gloire, afin qu’ils l’annoncent avec une grande force (1) » : sa parole, pour les faire connaître ; sa force, pour leur aider à souffrir. C’est donc lui qui s’est préparé des victimes, lui qui s’est consacré des sacrifices, lui qui a rempli de son Esprit les martyrs, lui encore qui a pénétré de sa force les confesseurs. Aussi leur disait-il : « Ce n’est pas vous qui parlez (2) » . C’est donc avec raison qu’à la veille de souffrir le martyre et de répandre son sang pour la foi du Christ, on peut dire: « Que rendrai-je au Seigneur pour tous les biens qu’il m’a faits? » Quelle idée se présente alors ? « Je recevrai le calice du salut et j’invoquerai le ô nom du Seigneur (3) ». Comment! tu songeais à rendre, tu cherchais ce que tu pourrais rendre, et quand tu veux rendre, tu t’écries: « Je recevrai le calice du salut et j’invoquerai le nom du Seigneur?» Sûrement, ne voulais-tu pas rendre ? Et voilà que tu reçois ! Ah ! c’est qu’après avoir reçu ce qui t’oblige , tu reçois maintenant de quoi t’acquitter; toujours redevable, soit. quand tu reçois, soit quand tu rends. « Que rendrai-je ? » dis-tu. « Je recevrai le calice du salut ». Tu le reçois donc aussi ce calice du martyre, ce calice dont le Seigneur a dit: « Pouvez-vous boire le calice a que je vais boire (4)? » Mais tu tiens déjà ce calice à la main ; voici arrivé le moment de ta   1. Ps. LXVII, 12. — 2. Matt. X, 20. — 3. Ps. CXV, 12, 13. — 4. Matt. II, 22.   mort: que vas-tu faire pour ne pas trembler, pour ne chanceler pas, pour n’être pas dans l’impossibilité de boire le breuvage que déjà tu portes à tes lèvres ? — Que vais-je faire ? Je recevrai encore cette grâce, ce sera une nouvelle obligation contractée, car « j’invoquerai le nom du Seigneur ». « Déjà on m’immole » , dit saint Paul. Il en avait été assuré par révélation, attendu que sa fragilité humaine n’aurait pas osé se le promettre. Sa confiance ne vient donc pas de lui-même, mais de Celui qui lui a tout donné et qu’il avait en vue quand il disait un peu plus haut : « Eh ! qu’as-tu que tu ne l’aies reçu (1) ? — Déjà donc on m’immole, et le moment de ma dissolution approche. J’ai combattu le bon combat». Interroge sa conscience, elle n’est point gênée, car c’est dans le Seigneur qu’elle se glorifie. « J’ai combattu le bon combat, j’ai achevé ma course, j’ai gardé la foi ». Dès que tu as gardé la foi , c’est avec raison que tu as achevé ta course. « Il ne me reste plus que la couronne de justice que le Seigneur, en juste Juge, me rendra ce jour-là ». 4. Il craint toutefois de paraître faire exception en sa faveur, en se glorifiant outre mesure, et de présenter le Seigneur comme ne faisant qu’à lui cette grâce. Aussi ajoute-t-il : « Non-seulement à moi , mais à tous ceux qui aiment qu’il se manifeste ». Il ne pouvait indiquer ni plus clairement ni plus brièvement ce que doivent faire les humains pour mériter cette couronne de justice. Nous ne saurions nous attendre tous à répandre notre sang ; les martyrs sont rares, et nombreux sont les fidèles. Tu ne saurais être immolé comme Paul ? Tu peux garder la foi, et en gardant la foi, tu aimes que Dieu se manifeste. Mais tu n’aimes pas qu’il se manifeste, si tu crains son avènement. Le Christ Notre-Seigneur est aujourd’hui caché; quand viendra son heure, il se manifestera pour juger avec justice, lui qui a été jugé et condamné injustement. Il doit venir; comment viendra-t-il ? avec l’appareil d’un juge : car il ne viendra plus pour être jugé, mais,.nous le savons, nous le croyons, pour juger les vivants et les morts. Je m’adresse donc à quelqu’un d’entre vous qui pour m’entendre tenez les yeux fixés sur moi; je m’adresse à lui : Qu’il réponde, non   1. I Cor. IV, 7.   488   pas à moi, mais à lui-même. Veux-tu; lui dis-je, que vienne ce Juge ? — Je le veux. — Fais attention à tes paroles; si lu dis vrai, si tu veux réellement qu’il vienne, examine en quel état il le trouvera. Il doit venir en juge ; après s’être humilié pour toi, il va déployer sa puissance. Il. ne viendra plus pour se revêtir d’un corps, pour sortir du sein maternel, pour se nourrir de lait, être enveloppé de langes et déposé dans une crèche; enfin ni pour devenir le jouet des hommes, une fois parvenu à la jeunesse, être saisi, flagellé, pendu, et garder le silence en face de ses juges. Si tu désires son avènement, n’est-ce point parce que tu espères le voir venir encore avec la même humilité ? Il s’est tu quand il a dû être jugé; il ne se taira point quand il jugera. Il s’est caché d’abord jusqu’à n’être pas reconnu ; « car s’ils l’avaient connu, jamais ils n’auraient crucifié le Seigneur de la gloire (1) ». Mais s’il s’est caché dans sa puissance, s’il s’est tu en face de la puissance d’autrui , l’avènement que nous attendons viendra faire contraste avec cette obscurité et ce silence. Car « Dieu viendra avec éclat ». D’abord il est venu caché; il viendra ensuite à découvert. Voilà bien qui fait contraste avec son obscurité première. Voici maintenant qui fait opposition avec son silence. « Notre Dieu viendra et il ne se taira point ». Il s’est tu quand il était caché, puisqu’ « il a été conduit comme une brebis à l’immolation ». Il s’est tu quand il était caché, puisque, « semblable à l’agneau muet devant celui qui le tond, il n’a pas ouvert la bouche ». Il s’est tu quand il était caché, puisque « son jugement a été emporté au milieu de ses humiliations (2) ». Il s’est tu quand il était caché , puisqu’il n’a passé que pour un homme; « mais Dieu viendra avec éclat; c’est notre Dieu, et il ne gardera pas le silence ». Que penses-tu maintenant, toi qui disais : Je demande qu’il vienne, je veux, je veux qu’il vienne? Ne crains-tu pas encore ? « Le feu marchera devant lui (3) ». Si tu ne crains pas le Juge, le feu ne t’effraiera-t-il point 5. Mais si tu gardes la foi, si tu aimes réellement que le Seigneur se manifeste, tu dois attendre en paix la couronne de justice, puisque pour ceux qui sont ainsi disposés elle n’est pas un don, mais une dette. Aussi l’apôtre saint Paul lui-même la réclame-t-il comme lui   1. I Cor. II, 8. — 2. Isaïe, LIII, 7, 8. — 3. Ps. XLIX, 3.   étant due. « En juste Juge, dit-il, le Seigneur me la rendra ce jour-là ». Il me la rendra, parce qu’il est juste et que sa promesse a fait de, lui mon débiteur. Il a commandé, j’ai écouté; il a prêché, j’ai cru, «J’ai combattu le bon combat, j’ai achevé ma course, j’ai gardé la foi ». Ce sont là des dons que Dieu m’a faits, et à ces dons il doit ajouter la couronne qu’il m’a promise. Si, en effet, tu te laisses immoler, si tu combats le bon combat, si tu gardes la foi, c’est à lui que tu en es redevable. « Qu’as-tu que tu ne l’aies reçu ? » Mais, je le répète, il doit à ces dons ajouter d’autres dons. Avant de faire ces premiers dons, quelle couronne devait-il? 6. Vois l’Apôtre lui-même. « Une vérité pleine d’humanité et digne de toute confiance, c’est que le Christ Jésus est venu dans ce monde pour sauver les pécheurs, dont je suis le premier (1). — Le Christ Jésus», dit-il; en d’autres termes, le Christ Sauveur, car Jésus signifie Sauveur, Salvalor. Que les grammairiens n’examinent pas jusqu’à quel point le mot Salvalor est latin ; que les chrétiens considèrent plutôt combien il est exact. Salvus est une expression latine ; salvare et Salvator n’étaient pas latins avant l’avènement du Sauveur; mais en établissant son règne parmi les Latins, il y a rendu latins ces mots. Ainsi donc « le Christ Jésus», le Christ Sauveur, « est venu dans ce monde ». Demandons-nous pourquoi? « Pour sauver les pécheurs », ajoute l’Apôtre. Voilà pour quel motif est venu le Sauveur. Aussi telle est l’interprétation et comme l’explication que nous lisons dans l’Évangile : « On lui donnera le nom de Jésus; car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés (2) ». Ainsi donc, une vérité digne de toute confiance, digne de foi, « c’est que le Christ Jésus est venu dans ce monde pour  sauver les pécheurs, dont je suis le premier». Non en ce sens qu’il ait péché le premier, mais en ce sens qu’il a péché plus que les autres pécheurs. C’est ainsi qu’en parlant des professions libérales, nous disons d’un médecin qu’il est le premier, quand, si inférieur qu’il soit par l’âge, il l’emporte dans son art; c’est dans ce sens encore que nous disons : premier charpentier, premier architecte. Voilà donc   1. Depuis ces mots : « J’ai combattu le bon combat, etc. » jusqu’à ces derniers : « Dont je suisse premier », moitié des lignes du texte de saint Augustin a été enlevé dans les manuscrits. Bossuet a supposé les mots qui manquent, et nous donnons la traduction du texte rétabli par lui. — 2. Matt. I, 21.   489   comment l’Apôtre se dit le premier des pécheurs; nul, en effet, n’a persécuté l’Église avec plus de violence. Si maintenant tu examines ce qui était dû à ces pécheurs qu’est venu sauver Jésus, tu reconnaîtras qu’ils ne méritaient que le supplice. Ainsi donc, que méritaient-ils? Le supplice. Et qu’ont-ils reçu? Le salut. Pour eux le salut a remplacé le supplice. On leur devait le supplice, on leur a accordé le salut; on leur devait le châtiment, on leur a donné la couronne. A ce Paul, qui d’abord était Saul; à ce premier des pécheurs qui surpassait les autres en cruauté, on ne devait que des supplices et d’affreux supplices; et pourtant on lui crie du ciel : « Saul, Saul, pourquoi me persécuter?» Il est forcé d’épargner, afin de pouvoir être épargné lui-même. C’est le loup qui se transforme en brebis. Ce n’est pas dire assez; il faut ajouter : Qui se transforme en pasteur. La voix du ciel lui donne la mort et lui rend la vie ; elle le frappe et le guérit; elle abat le persécuteur et relève le prédicateur. Qu’y a-t-il dans cette grâce autre chose que la grâce? Quel mérite l’a précédée ? « Jésus est venu dans ce monde pour sauver les pécheurs, dont je suis le premier. Mais si j’ai obtenu miséricorde». L’Apôtre aurait-il pu dire alors : «Le Seigneur, en juste Juge, me rendra la couronne ce jour-là? » Si le juste Juge rend ce jour-là au premier des pécheurs ce qui lui est dû, que lui rendra-t-il sinon les supplices affreux et l’éternel châtiment dus au premier pécheur? On les lui devait d’abord; on ne les lui a pas infligés. «Si j’ai obtenu miséricorde», si je n’ai pas reçu ce que je méritais; si, tout premier pécheur que j’étais, j’ai obtenu miséricorde, c’était afin que le Christ Jésus montrât en moi toute osa patience et que je servisse d’exemple à ceux qui croiront en lui pour la vie éternelle (1)». Que veut dire, afin que je servisse d’exemple? Afin que si coupable, si plongé qu’on. soit dans le crime, on ne désespère pas d’obtenir le pardon accordé à Saul. Jésus est un habile, un grand Médecin; il arrive dans une contrée où il n’y a que des malades, et pour accréditer sa science il choisit, afin de le guérir, le malade le plus désespéré. Or c’est ce malade qui dit aujourd’hui : « Déjà on m’immole et le moment de ma dissolution approche. J’ai   1. I Tim. I, 15, 16.   combattu le bon combat, j’ai achevé ma course, j’ai gardé la foi ». Comment? C’était toi qui courais en aveugle, qui traînais les Chrétiens à la mort, qui, pour lapider en quelque sorte Étienne par la main de tous ses bourreaux, veillais à la garde clés vêtements de tous? C’est bien toi? — C’était bien moi; alors; mais aujourd’hui ce n’est plus moi.Comment était-ce toi et n’est-ce plus toi? — Parce que j’ai obtenu miséricorde. — Ainsi, Paul, tu as reçu ce qui ne t’était pas dît. Mais aujourd’hui, dis-nous, dis-nous tranquillement ce qui t’est dû. « Il ne me reste plus que la couronne de justice; et le Seigneur, en juste Juge, me la rendra ce jour-là». Avec quelle confiance il réclame cette dette, lui à qui il a été fait grâce du dernier supplice ! Dis maintenant à ton Seigneur, dis-lui tranquillement, dis-lui avec certitude, avec la confiance la plus entière: J’étais autrefois livré à ma méchanceté ; j’ai fait usage, sans y avoir droit, de votre miséricorde : ah ! couronnez vos dons, vous y êtes obligé. Assez sur saint Paul; occupons-nous de saint Pierre; et sans prétendre parler de lui dignement, rendons-lui les devoirs que nous lui rendons chaque année. Nous viendrons ainsi du dernier au premier des Apôtres, puisque nous aussi, dans notre conduite, nous cherchons à nous élever de ce qu’il y a de plus bas à ce qu’il y a de plus haut. 7. Nous avons remarqué, dans l’Évangile qu’on vient de lire, que le Seigneur Jésus en personne prédit ainsi à saint Pierre, le premier des Apôtres, le martyre qu’il devait endurer : « Quand tu étais jeune, tu te ceignais, et tu allais où tu voulais. Une fois avancé en âge, tu étendras les mains, et un autre te ceindra et te portera où tu ne voudras pas ». L’Évangéliste explique ensuite le sens de ces paroles. «Or en parlant ainsi, dit-il, le Seigneur désignait par quel genre de mort Pierre devait glorifier Dieu (1) ». Le Seigneur Jésus lui prédit donc son martyre et son crucifiement, mais quand, loin de le renier encore, il était épris d’amour pour lui. Habile Médecin, le Sauveur distingua clairement le changement survenu dans son malade. Celui-ci l’avait renié quand il souffrait encore; une fois guéri, il l’aimait. Il avait commencé par montrer à Pierre ce   1. Jean, XXI, 18, 19.   490   qu’était Pierre, lorsqu’animé d’une téméraire confiance cet Apôtre avait promis de mourir pour le Christ, au lieu que c’était le Christ qui était venu mourir pour lui. « Pour moi tu donneras ta vie, lui dit-il? En vérité je te le déclare, avant que le coq ait chanté, tu me renieras trois fois (1) ». Je te guérirai ensuite ; mais il faut que d’abord tu te reconnaisses malade. C’est ainsi qu’en lui annonçant ce triste reniement, le Seigneur montra à Pierre ce qu’était Pierre. Mais aussi, en lui parlant de son amour, le Seigneur montra à Pierre ce qu’était le Christ. « M’aimes-tu, lui demanda-t-il ? — Je vous aime. — Pais mes brebis (2) ». Ceci fut dit une, deux et trois fois. Cette triple protestation d’amour était la condamnation du triple reniement inspiré par la crainte. Or, comme Pierre aimait le Sauveur, le Sauveur lui parlait de son futur martyre. N’est-ce pas aimer en effet que d’affronter les supplices par amour pour le Christ? 8. Cependant, mes frères, qui ne serait étonné de ces autres paroles : « Un autre te ceindra et te portera où tu ne voudras point?» Ce fut donc malgré lui que Pierre reçut cette faveur immense du martyre? Voici Paul : « Déjà l’on m’immole, et le moment de ma dissolution approche». Ne semble-t-il pas, en parlant ainsi, courir avec allégresse au martyre? A Pierre il est dit au contraire : « Un autre te ceindra et te portera où tu ne voudras point». Paul veut donc, et Pierre ne veut pas? Il y a plus, si nous comprenons ce qu’il en est, c’est que Pierre veut comme Paul, et que Paul n’a pas plus de volonté que Pierre. Pour expliquer cette pensée dans la mesure de mes forces, j’ai besoin ici d’une attention particulière de votre part. On peut souffrir la mort, on ne saurait l’aimer. Si on peut l’aimer, qu’ont fait d’étonnant ceux qui l’ont endurée pour la foi ? Les appellerions-nous de grands hommes, des hommes de, courage, si nous les voyions seulement se livrer aux délices des banquets? Exalterions-nous leur force de caractère ou leur patience, si nous les voyions se plonger dans les voluptés? Pourquoi? Est-ce qu’en vérité, pour ne rien faire de douloureux ni de pénible, pour s’abandonner à la joie, aux plaisirs et aux délices, ils mériteraient le titre de grands hommes, d’hommes courageux et   1. Jean, XIII, 38. — 2. Ib. XXI, 15-17.   patients? Ah ! ce n’est point pour de semblables motifs que nous louons les martyrs. Ils sont, eux, de grands hommes, des hommes courageux et patients. Veux-tu savoir que leur tâche n’est pas d’aimer la mort, mais de la souffrir? C’est qu’en latin nous désignons leur martyre par le mot qui exprime essentiellement la souffrance, passio. Ainsi donc, non seulement les hommes, mais tous les animaux absolument ont horreur et peur de la mort; et ce qui fait la grandeur des martyrs, c’est qu’en vue du royaume des cieux ils ont bravé généreusement ce qu’il y a de plus horrible à la nature, c’est qu’en vue des divines promesses ils ont enduré d’incroyables afflictions. Voyez le Seigneur : « Nul n’a un amour plus grand que celui qui donne sa vie pour ses amis (1)». S’il n’en coûte rien de donner sa vie, que fait la charité de si merveilleux? Son mérite est-il d’aimer pour moi les délices? Non, mais d’endurer pour moi la mort. «A cause des paroles sorties de vos lèvres », c’est le chant des martyrs ; « à cause des paroles sorties de vos lèvres », c’est-à-dire à cause de vos avertissements et de vos promesses, «j’ai marché par de dures voies (2)». Ainsi donc la nature même et l’entraînement de l’habitude font éviter la mort; et c’est en s’attachant à ce qu’on voit au-delà de la mort que pour obtenir ce qu’on veut on entreprend ce qu’on ne veut pas. Voilà ce qui explique ces mots : .« Te portera où tu ne voudras pas ». C’est ici le cri de la nature et non celui de la dévotion. Le Seigneur a personnifié en lui-même cette fragile nature humaine, lorsqu’aux approches de sa passion il disait à son Père : « Mon Père, s’il est possible, « que ce calice s’éloigne de moi (3) ». Et ces mots : « Déjà on m’immole », sont plutôt le cri de la patience qu’un chant de délices. Aussi la mort est un châtiment qui nous a été comme inoculé ; nous qui formons les rameaux épars du genre humain, nous la tirons de la racine même de l’arbre. Adam le premier se l’est attirée en péchant. « C’est par la femme, dit l’Ecriture, qu’a commencé le péché, et par elle nous mourons tous (4). — Par un homme, y est-il dit encore, le péché est entré dans le monde, et par le péché, la mort; et c’est ainsi qu’elle a passé à tous les hommes par celui en qui tous ont péché (5)»,   1. Jean, XV, 13. — 2. Ps. XVI, 4. — 3. Matt. XXVI, 39. — 4. Eccli. XXV, 33. — 5. Rom. V, 12.   De là il suit encore qu’il y a dans notre nature et le vice et le châtiment. Dieu avait créé notre nature sans aucun vice, et si elle n’avait pas failli ; assurément elle n’aurait pas été châtiée. Mais, issus de cette nature souillée, nous avons puisé en elle et le vice et le châtiment pour nous souiller ensuite de tant d’autres manières. Je le répète, il y a dans notre nature et le vice et le châtiment; Jésus au contraire a pris dans sa nature humaine le châtiment sans le vice, afin de nous délivrer de l’un et de l’autre. « Un autre te ceindra, dit-il, et te portera où tu ne voudras pas ». Voilà le châtiment; mais c’est un moyen de parvenir à la couronne. Paul donc méprisait ce châtiment, il le méprisait en fixant ses regards sur la couronne et test alors qu’il disait : « Déjà on m’immole » et on m’est redevable de la couronne de justice. Il faut passer par un dur chemin, mais où n’arrive-t-on pas ? Pierre aussi savait où il allait, et il se soumit au martyre avec un généreux dévouement; mais ce martyre, il l’endura, il ne l’aimait pas en lui-même. Il endurait le martyre, il aimait ce qui devait résulter du martyre ; son vif attrait pour le terme du voyage lui fit endurer les aspérités de la route. 9. Nous avons dit que l’un comme l’autre ces deux Apôtres avaient voulu et n’avaient pas voulu ; s’il eût été possible, ils n’auraient pas voulu endurer la peine, mais tous deux étaient également épris d’amour pour la couronne. Montrons actuellement que Paul lui-même n’aurait pas voulu le châtiment. Le Seigneur a attesté en personne que la volonté de Pierre y était opposée. N’est-ce pas toi d’ailleurs qu’il représentait quand il disait : « Mon Père, s’il est possible, que ce calice s’éloigne de moi? » Le Seigneur donc a fait connaître les sentiments de Pierre. Quant à Paul , lui-même a manifesté les siens. Il dit en effet quelque part, en parlant de ce corps mortel : « Nous gémissons sous ce fardeau ». C’est la même pensée que, dans cet autre passage de l’Ecriture : « Le corps qui se corrompt appesantit l’âme, et abat l’esprit si actif à penser (1) ». Il dit donc: « Nous gémissons sous ce fardeau », sous le faix de ce corps corruptible. « Nous gémissons sous ce fardeau ». Si tu gémis, prends plaisir à   1. Sag. IX, 15.   déposer cette charge. Oui, il avoue qu’il gémit sous cette charge, qu’il est accablé sous le faix de ce corps corruptible : examine pourtant s’il veut se débarrasser de ce poids qui l’accable,: qui le fait gémir. Ce n’est pas ce qu’il dit ensuite. Que dit-il donc ? « Parce que nous ne voulons pas être dépouillés ». Quel cri naturel ! Quel aveu du châtiment ! Le corps est lourd, il est accablant, il est corruptible, c’est un poids sous lequel on gémit ; et pourtant on ne le laisse, on ne le dépose pas volontiers. « Nous ne voulons pas être dépouillés ». Veux-tu donc toujours gémir ainsi ? Si tu gémis sous ce fardeau, pourquoi neveux-tu pas en être débarrassé ? — Non, je ne le veux pas. — Vois ce qui suit: « Nous ne voulons pas être dépouillés, mais recouverts ». Je gémis sous cette tunique de terre, je soupire après la tunique du ciel ; je veux l’une sans me dépouiller de l’autre. « Nous ne voulons pas être dépouillés mais recouverts». O Paul, je voudrais vous comprendre, que dites-vous ? Voudriez-vous outrager ce céleste et ample vêtement, jusqu’à le mettre par-dessus ces lambeaux de mortalité et de corruption, ceux-ci servant de vêtements de dessous, et celui-là de vêtement de dessus ; ceux-ci, de vêtement intérieur, et celui-là de vêtement extérieur ? — Nullement, reprend-il, ce n’est point là ce que je dis. Je ne veux pas être dépouillé, mais recouvert ; recouvert, sans que néanmoins la corruption soit voilée sous l’incorruptibilité, mais « pour que ce qui est mortel soit absorbé par la vie (1) ». Cette acclamation prouve que tu connais l’Ecriture. Néanmoins celui qui ne les connaît pas pourrait croire que ces derniers mots sont de moi ; qu’il se détrompe, ce sont les paroles mêmes de saint Paul, et voici toute la suite de cette phrase de l’Apôtre : « Nous gémissons sous ce fardeau, parce que nous ne voulons pas être dépouillés, mais recouverts, afin que ce qui est mortel soit absorbé par la vie». Ceci est parfaitement conforme à ce que vous dites ailleurs de la résurrection du corps ; voici vos expressions : « Il faut que, corruptible, ce corps revête l’incorruptibilité ; et que, mortel, il revête l’immortalité. Or, lorsque, corruptible, il se sera revêtu d’incorruptibilité, alors s’accomplira cette parole de l’Ecriture : La mort a été ensevelie   1. II Cor. V, 4.   492   dans sa victoire ». Ces mots : « Afin que ce qui est mortel soit absorbé par la vie », ont le même sens que ceux-ci : « La mort a été ensevelie dans sa victoire ». Il n’est plus question d’elle, ni en haut, ni en bas, ni au dedans, ni au dehors. « La mort a été ensevelie dans sa victoire. O mort, où est ton ardeur ? » C’est ce qui sera dit à la mort au moment où les corps ressusciteront et seront transformés au point que la mort sera absorbée dans sa victoire. « Quand ce corps corruptible se sera revêtu d’incorruptibilité », il sera dit à la mort : « O mort, où est ton ardeur ? » Cette ardeur même t’emporte où tu ne veux pas. « O mort, où est ton ardeur ? O mort, où est ton aiguillon ? L’aiguillon de la mort est le péché (1)». 10. Comment ! la mort ne vient pas du péché ? Eh ! de quelle autre mort parlait l’Apôtre à propos de la résurrection des corps ? Ce corps corruptible se revêtira d’incorruptibilité, la mort sera ensevelie dans sa victoire. Voilà bien la résurrection du corps. Il sera dit alors: « O mort, où est ton ardeur ? » A qui sera-t-il parlé de la sorte, sinon à la mort corporelle, puisqu’il est question, en cet endroit,de la résurrection du corps ? « O mort, où est ton ardeur ? O mort, où est ton aiguillon ? L’aiguillon de la mort est le péché ». L’aiguillon de la mort, ou le péché, s’entend ici, non de l’aiguillon que la mort aurait produit, mais de l’aiguillon qui a causé la mort : c’est ainsi que le poison se nomme un breuvage de mort, parce qu’il cause la mort et non. parce qu’il est produit par elle. Ainsi donc c’est en ressuscitant que le Seigneur en finit avec ce châtiment de la mort ; et s’il le laisse peser encore sur les saints et sur les fidèles, c’est pour les exercer à la lutte. La mort ainsi t’est laissée comme un adversaire, un adversaire dont Dieu pouvait te délivrer en te justifiant; mais il te laisse aux prises avec elle, afin de te donner le mérite de la dédaigner pour ta foi. Ne peut-il pas sur chacun ce qu’il veut ? Enoch à été enlevé. Elie l’a été; tous deux vivent encore. Est-ce :leur sainteté qui a mérité cette faveur ? N’est-ce pas plutôt une grâce, un bienfait spécial qui leur a été accordé ? Le Créateur a voulu nous montrer par là ce qu’il peut pour nous tous. 11. Pour soutenir que la mort, je veux dire   1. I Cor. XV, 53-56.   la mort du corps, n’est pas l’oeuvre du péché, mais qu’elle est naturelle et qu’Adam serait mort quand même il n’aurait pas péché, comment donc nous objecter Enoch et Elie? N’est-ce pas être bien inconsidéré? N’est-ci pas, si on y faisait attention, parler contre soi-même ? Que dit-on, en effet ? — Si la mort vient du péché, pourquoi ni Enoch ni Elie ne sont-ils pas morts? En tenant ce langage, tu ne remarques donc point que ne pas attribuer la mort au péché, c’est l’attribuer à la nature? Tu la fais venir de la nature; je la fais venir du péché. Sans doute elle vient de la nature, mais de la nature viciée et condamnée à ce supplice. Oui donc, selon toi, la mort corporelle vient de la nature, et du péché, selon moi.Si elle vient du péché, me demandes-tu, pourquoi ni Enoch ni Elie ne sont-ils pas m1ts? Je te réponds à mon tour : Pourquoi ni Enoch ni Elie ne sont-ils pas morts, si elle vient de la nature ? Enoch et Elie sont vivants; ils ont été emportés, mais ils sont vivants, en quelque lieu qu’ils habitent. Si néanmoins on n’interprète pas mal un certain passage de l’Ecriture, ils doivent mourir. L’Apocalypse, en effet, parle de deux prophètes merveilleux qui doivent mourir, ressusciter ensuite publiquement et monter vers le Seigneur (1). Or, on voit ici Enoch et Elie, quoique leurs noms ne s’y trouvent pas. Peut-être, diras-tu, pour soutenir ton sentiment, que tu n’admets pas ce livre de l’Ecriture, ou que, tout en l’admettant, tu ne t’inquiètes pas de ce passage, attendu que le nom des deux prophètes n’y est pas exprimé. Eh bien! admettons avec toi qu’ils vivent et ne doivent jamais mourir. Adresse-moi encore cette question : Si la mort vient du péché, pourquoi ne sont-ils pas morts? Je te réponds: Et pourquoi ne sont-ils pas morts, si la mort vient de la nature ? J’ajoute, pour  expliquer leur vie, qu’ils n’ont plus de faute : à toi d’ajouter, si tu le peux, qu’ils n’ont plus de nature. 12. Il est vrai, notre sujet nous a entraînés un peu et occasionnellement hors de lui; ce que nous avons dit, néanmoins, contribue également à raffermir notre foi contre ces discoureurs qui se multiplient malheureusement. Ah ! qu’ils ne triomphent pas de notre patience; et qu’ils n’ébranlent pas non plus notre foi. Soyons prudents et circonspects en face de ces   1. Apoc. X, 3-12.   493   nouveautés de discussions, discussions purement humaines où il n’y a rien de divin. Nous célébrons aujourd’hui tune fête d’Apôtres; écoutons ces recommandations de l’un d’eux « Evite les profanes nouveautés de paroles, car elles servent beaucoup à l’impiété (1). —Je veux que vous soyez sages dans le bien et simples dans le mal (2) ». Adam est bien mort, mais le serpent n’est pas mort encore. Il siffle et ne cesse de murmurer. Il est réservé au dernier supplice; mais il se cherche des compagnons de tourments. Prêtons l’oreille à l’ami de l’Epoux, au zélé défenseur des intérêts de l’Époux, et non des siens : «  Je vous aime pour Dieu d’un amour de jalousie; car je vous ai fiancés à un Epoux unique, au Christ, pour vous présenter à lui comme une vierge pure. Mais je crains que comme le serpent   1. I Tim. VI, 20; II Tim. II, 16. — 2. Rom. XVI, 19.   séduisit Eve par son astuce, ainsi vos esprits ne se corrompent et ne dégénèrent de la chasteté que communique l’union au Christ (1) ». Tous nous avons entendu les paroles de l’Apôtre; observons-les tous, tous gardons-nous du souffle empoisonné du serpent. Comment dire que nous ne les avons pas entendues, que nous ne les connaissons pas, quand nous venons de chanter encore : « Leur voix a retenti par toute la terre, et leurs paroles jusqu’aux extrémités de l’univers (2)? » En courant jusqu’aux extrémités du monde, ces paroles sont arrivées jusqu’à nous; nous les avons accueillies, nous les avons écrites, nous en avons établi des lecteurs. Le lecteur ne se tait pas, le commentateur s’occupe : pourquoi le perfide tentateur ne s’arrête-t-il pas ?   1. II Cor, XI, 2, 3. — 2. Ps. XVIII, 5.      

SOLENNITÉ DES SAINTS PIERRE ET PAUL – JEAN XXIII 1962

29 juin, 2015

 

http://w2.vatican.va/content/john-xxiii/it/homilies/1962/documents/hf_j-xxiii_hom_19620628_pietro-paolo.html

(Google Traduction)

SOLENNITÉ DES SAINTS PIERRE ET PAUL

CÉLÉBRATION DES PREMIÈRES VÊPRES

DISCOURS DU PAPE JEAN XXIII

Basilique Vaticane

Thursday, 28 Juin 1962

Les chers impressions de la visite au Latran en deuxième Vêpres de saint Jean – en exultation déplacés avant la ferveur de la foule si vivant tout de branche populaire et modeste mais dynamique du sentiment autour du Pape, son évêque de Rome – continuent à appeler la joie spirituelle, pour cette célébration des Premières Vêpres de la fête de la basilique Saint-Pierre. Comment belle et édifiante cette rapprochés l’Ancien Testament avec le précurseur du Christ et de l’ouverture de nouvelles orientations sur lui, et à la lumière de l’humble pêcheur de Galilée, a appelé le gouvernement de l’éternelle Testament, l’Eglise universelle. La mer du monde à Rome Vénérés frères! combien sont ici, et chers enfants, ne vous reviennent pas certaine pensée désagréable que nous voulons exprimer à l’édification. Avec St. John nous devions entendre la voix prophétique dans le désert, quand il a insisté sur Parades viam Domaines : rectas facite Semitas ejus [ 1 ]. Voilà la route du Seigneur, pour préparer: bonnes façons de rectification et d’aller jusqu’à atteindre le salut pour tous. Ce soir, nous sommes un peu comme la mer, la barque de Pierre, le pêcheur, où Jésus était ressuscité, et là, il a parlé à la foule. Saint Luc raconte le bon épisode. – Jésus eut fini de parler, il dit à Simon: «Aller hors du bateau, et jetez vos filets pour pêcher. » Simon répondit: «Maître, nous avons peiné toute la nuit sans avoir rien pris, mais sur ta parole je vais lâcher les filets. » Alors il l’a fait, et fait suite à une pêche abondante [ 2 ]. Sur cette page de l’Évangile, les Pères de l’Église et les commentateurs de tous les temps lui-même adoré. De leurs écrits – nous nous souvenons en particulier ceux de Léon et Grégoire – une doctrine, dont la note de solennité est devenu familier à l’oreille et le bon goût de ceux qui habituellement main entre le missel et le bréviaire. Très distingué parmi ceux-ci le premier, le Grand, dont la mort glorieuse, nous avons célébré le centenaire le 15 Novembre. En cette veille de nous attire dans une manière spéciale la pensée d’un autre pape, il trop grande, le pape Innocent III, cette page de Saint-Luc était capable de résumer heureusement ci-dessous et significations aimables chiffres. La mer de Galilée, où Jésus repose, est le siècle, nous allons améliorer le monde entier, qu’il est venu racheter. La barque de Pierre est la sainte Église, dont Pierre, Simon le pêcheur, était le chef. L’ordre de Jésus à Pierre et son parce qu’ils vont et conduisent à une plus large oser la pêche, le Duc in Altum humble navire, est de Rome, la capitale du monde à cette époque, réservé à devenir, plus tard, véritable capitale, et le centre de haute et lumineux dans le monde chrétien. Le net recul sur les vagues pour la conquête des âmes est la prédication apostolique. L’Eglise du Christ, répandus « Ubique Terrarum» Quel spectacle cette mer de Galilée, appelée à représenter les siècles et les peuples! Aquae multae: multi populi: la grande saeculum mer totum ; de sorte qu’il appelle le pape Innocent. Mer grande et spacieuse. Le livre des Psaumes décrit bien, encore plus vivement: plein de poissons de toutes sortes: animalia pusilla cum magnis: illic nefs pertransibunt [ 3 ]. Comme la mer est agitée et amère, de sorte que le siècle, de sorte que le monde des hommes, est troublé par l’amertume et contraste: jamais la paix et la sécurité; jamais de repos et de calme; toujours et partout crainte et tremblement: travail omniprésente et dolor . L’évangéliste saint Jean [ 4 ] a écrit que le monde est tout placé sur la malignité. Le sourire est commisto gémir: les extrêmes de joie sont occupés deuil [ 5 ]. L’oiseau est né pour voler: l’homme est destiné aux travaux lourds [ 6 ]. Le livre de l’Ecclésiaste est encore plus efficace: – Une occupation continue est réservé pour toutes les personnes, un joug de presse sur les épaules de tous les enfants d’Adam. Dans la mer les plus petits poissons sont mangés par de plus gros: Dans le monde les petits hommes sont écrasés par la forte et dominatrice [ 7 ]. Eh bien, il est l’immensité de ce monde qui est la miséricorde du Très-Haut, pour le rachat de l’esclavage, pour l’élévation des énergies les plus nobles; Il est ce monde que notre Père céleste a envoyé son Fils unique, de la chair humaine vêtue, pour aider tous les enfants de l’effort de leur résurrection des misères de ce monde, et pour riaccompagnarli sur les hauteurs de la vie éternelle. Il est cette vaste mer de l’humanité purifiée par la vertu du Sang du Christ, que la Parole même du Père nous propter les hommes et pour notre salut descendit de caelis, et incarnatus est de Spiritu Sancto ex Maria Virgine et homo factus est; Homo et Salvator mundi, et totius mundi pour Sanctam Ecclesiam Suam Rex gloriosus et immortalis pour saecula . Commentaire Brilliant d’Innocent III L’Eglise du Christ répandue terrarum omniprésente est représenté dans l’évangile de la barque de Pierre que Jésus prédilection, qui aimait souvent de parler en tant que maître du peuple, et à une occasion particulièrement mystérieuse et solennelle – dont cela se réfère saint Luc dans le chapitre cinquième Son Evangile – indiquerait à ses Apôtres, comme le point de conquêtes divins de son royaume le plus élevé. Vous avez passé une navigation de nuit infructueuse avec nihil cepimus . Maintenant, je vous le dis, Pierre, Duc in Altum : descendre du bateau; et toute sa: jeter les filets, comme ils le faisaient dans l’obéissance parfaite: et concluserunt piscium multitudinem copiosam . Fils bien-aimés! À ce stade, l’Evangile de lecture que le pape Innocent III, la fête de Saint-Pierre sort avec vigueur exulte: La hauteur de cette mer, Maris altitudo istius, qui bénit Jésus a dit à Pierre: Duc in altum , Rome est, quae et primatum principatum super-universum saeculum obtinebat et obtinet . Divine Providence a voulu exalter cette ville: parce que le temps du paganisme triomphe elle seule avait la domination sur toutes les nations dispersées à travers le monde, donc après la venue de Jésus l’iniziatasi christianisme Rédempteur, était digne et approprié que l’église Santa seul détenait le la dignité du magistère et le gouvernement sur ​​tous les fidèles de la terre. Et le pape Innocent continue à proclamer que Dieu a trouvé et a voulu consonum et dignum , que celui qui était à la tête et le prince de l’Église, constituée le siège principal et religieuse, à la ville, il a eu la principauté et le gouvernement laïque. Voilà pourquoi Jésus dit à Pierre: Duc in Altum , comme pour dire: Il va à Rome et vous et votre transfert dans la ville, et il y jeter vos filets pour pêcher. Semble tellement évident que le Seigneur a aimé et aime ce bureau d’août, et que les Roms méritent le nom de sacerdotale et royale, impériale et apostolique, dépositaire et l’exercice domination non seulement sur ​​le corps, mais aussi les âmes du magistère. Beaucoup plus noble et digne de l’autorité divine, maintenant qu’il était dans le passé pour pouvoir sur la terre. Il est très touchant d’entendre les paroles du grand Pape appelant la tradition pieuse Domine, quo vadis : et les paroles de Jésus à Pierre, tremblant et fugitif: «Je vais à Rome pour me crucifier à nouveau. » Aussi intéressant est la différence, selon saint Luc, des expressions de Jésus, Saint-Pierre parle au singulier: Duc in Altum : puis se poursuit dans le pluriel pour le reste des Apôtres: retia Laxate dans capturam . La seule Pierre, comme seul prince de l’Eglise universelle se voit dans la hauteur de sa prélature suprême. Mais nous ne pouvons pas oublier que même à Saint-Paul, comme lui, aurait été donné la tâche d’élaborer à Rome le réseau apostolique de prédication sacrée. Une conversation spirituelle comme ceci Nostra, Vénérables Frères et chers Fils, qui introduit la fête de Saint-Pierre, il est naturel que enjolivées double couronne, qui confirment ainsi l’association des deux grands Apôtres, dans l’admiration et l’adoration. Pape Innocent atteint la belle comparaison de ces deux grands apôtres de l’Église romaine, l’Eglise universelle, en référence historique, poétique et marqués pour les deux fondateurs de la Rome primitive, que Romulus et Remus, les deux sépultures, les archéologues disent, Ils mentent la distance presque parallèles d’un bout de la ville; Peter dire du côté où Romulus a été enterré: Remo et le côté où il a été montré la tombe de saint Paul. Nous avons beaucoup de respect et d’amour pour faire des souvenirs vetustissimi de début Rome – comme a commenté ensuite le pape Innocent – le duo fratres secundum carnem, ici urbem ISTAM corporellement pas sine divine providence – condiderunt, et honorabilibus iacent sepulcris enterré . Mais il est juste que notre tendresse religieuse, il tourne avec une émotion particulière le duo fratres fidem secundum, et Petrus Paulus, ici urbem ISTAM spiritualiter fundaverunt, gloriosis basilicis enterrés . Le ministère sacré d’une grande prédication Notez les définitions précises de contrastes: d u fratres secundum carnem et condentes corporellement : les deux saints patrons de Rome, fratres secundum fidem: fundatores de spiritualiter, gloriosis basilicis honorificentissime enterrés . Nous ne devons pas oublier les filets des pêcheurs, à l’ordre de Jésus jeté à la mer et recueilli avec beaucoup de difficulté, un grand triomphe de l’obéissance apostolique. Le réseau symbolique qu’aujourd’hui, en entrelaçant floral, est sur le seuil de cette Basilique vaticane. Comme le bateau de Peter signifie l’Église, comme la mer agitée est le siècle et le monde secoua, comme le centre de Rome catholique et apostolique si les réseaux sont figuration du ministère de la prédication populaire. Pape avantage Innocent de la queue pour donner un résumé caractères informatifs et fervents éloquence sacrée et particulière de pastorale: qui est-à-dire le ministère sacré pour la conquête et la nourriture précieuse, dont le sacerdoce catholique doit être distributeur pour les âmes des fidèles. Le prédicateur de prévoyance doit préparer ses essais à l’éducation populaire et encore plus élaborée pour une classe et la stature. Savoir comment varient selon le sujet, le ton, la couleur: désormais sur les vertus, maintenant sur les vices, maintenant sur les prix et maintenant sur le punitions, la miséricorde et la justice, une grande partie de ces deux thèmes, maintenant avec facilité, maintenant avec subtilité Or, selon l’histoire, et maintenant selon l’allégorie: la présentation des autorités, des similitudes, des raisons, par exemple. Ce sont les fils et les parcelles, ils sont fabriqués des réseaux, capable, solides et précieux. Ces réseaux plus sûrs et plus efficaces pour obtenir des âmes à la clarté de la vision de la bonne doctrine apostolique, pour les amener à la ferveur, la sanctification, la joie. Ces réseaux ont utilisé le plus béni Apôtres Pierre et Paul. Leurs lettres nous parlent encore du fond de leur âge. Cette prédication Rome a été converti de l’erreur à la vérité, du vice à la vertu, et est devenu dominé Gentium , maîtresse du monde. Honneur à temps pour les principes bénis des Apôtres La vénération que tout bon catholique ressent pour les apôtres du Christ de tous les temps et de toutes les personnes, devrait garder sa ferveur: en effet la célébration imminente du Concile Vatican II, qui veut être autour d’un flot de doctrine céleste, augmentation inspiration, l’exaltation paisible et sainte. Mais de ces deux premiers et bienheureux Apôtres de Rome, Pierre et Paul, écho toujours la tradition de plusieurs siècles que Pères et mécènes principaux et preclarissimi, nous étudions notamment les grands enseignements, dans la splendeur de l’intelligence, une flamme des cœurs. Nous aimons à mettre fin à cette effusion de sentiments paternels et votes avec fervente invocation de bons souhaits du grand Pontife Innocent III, l’un des plus grand et le plus glorieux de l’Eglise et de l’histoire: Pour eux, la beauté de Rome pour honorer les pères, et nos clients à être spécialement et principalement, dans la mesure où, à l’aide de leurs mérites et de prières, alors maintenant ont réussi à être préservé dans la terre, aussi heureux enfin être couronné dans les cieux. De notre Seigneur Jésus Christ, qui est sur ​​toutes choses Dieu béni pour les siècles des siècles. Vraiment [ 8 ].

[ 1 ] Cfr. Matth . 3, 3; Marc . 1, 3; Luc . 3, 4. [ 2 ] Voir. Luc . 5, 1-7. [ 3 ] Ps. 103, 25-26. [ 4 ] I 1 . 5, 19. [ 5 ] . Prov 14, 13. [ 6 ] de. Job 5, 7. [ 7 ] Voir. Eccl. 40 et 13. [ 8 ] Innocent 3, Opera omnia, Sermo 22, en la solennité de la Bienheureuse Apôtres Pierre et Paul, dans Migne, PL 207, col. 555, SS.

 

SOLENNITÉ DES SAINTS APÔTRES PIERRE ET PAUL, HOMÉLIE DU BARTHOLOMAIOS I ET DU PAPE BENOÎT XVI

28 juin, 2015

http://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/homilies/2008/documents/hf_ben-xvi_hom_20080629_pallio.html

CHAPELLE PAPALE EN LA SOLENNITÉ DES SAINTS APÔTRES PIERRE ET PAUL

HOMÉLIE DU PATRIARCHE ŒCUMÉNIQUE BARTHOLOMAIOS I ET DU PAPE BENOÎT XVI

Basilique  Vaticane Dimanche 29 juin 2008

HOMÉLIE DU PATRIARCHE ŒCUMÉNIQUE BARTHOLOMAIOS I

Votre Sainteté, Ressentant encore vivement la joie et l’émotion de la participation personnelle et bénie de Votre Sainteté à la fête patronale de Constantinople, en la mémoire de saint André Apôtre, le Premier appelé, en novembre 2006, nous sommes venus « d’un pas joyeux », du Phanar de la Nouvelle Rome, auprès de vous, afin de participer à votre joie en la fête patronale de l’Antique Rome. Et nous sommes venus auprès de vous « comblés de la bénédiction du Christ » (Rm 15, 29), restituant l’honneur et l’amour, pour fêter avec notre frère bien-aimé dans la terre d’Occident, « les hérauts sûrs et inspirés, les coryphées des disciples du Seigneur », les saints Apôtres Pierre, frère d’André, et Paul:  ces deux immenses colonnes centrales élevées vers le ciel, de l’Eglise tout entière, qui – en cette ville historique – ont rendu la dernière confession éclatante au Christ et ont rendu ici leur âme au Seigneur dans le martyre, l’un par la croix et l’autre par l’épée, la sanctifiant. Nous saluons donc avec un amour profond et très pieux, de la part de la très sainte Eglise de Constantinople et de ses fils présents dans le monde, Votre Sainteté, Frère désiré, en souhaitant de tout cœur « à tous les bien-aimés de Dieu  qui  sont à Rome » (Rm 1, 7), de jouir d’une bonne santé, de la paix, de la prospérité et de progresser jour et nuit vers le salut « dans la ferveur de l’esprit, au service du Seigneur, avec la joie de l’espérance, constants dans la tribulation, assidus à la prière » (Rm 12, 11-12). Votre Sainteté, dans les deux Eglises, nous honorons et vénérons comme il se doit aussi bien celui qui a rendu une confession salvifique de la Divinité du Christ, Pierre, que le vase d’élection, Paul, qui a proclamé cette confession et cette foi jusqu’aux extrémités de l’univers, malgré les difficultés et les dangers les plus inimaginables. Nous fêtons leur mémoire depuis l’année du salut 258, le 29 juin, en Occident et en Orient, où les jours qui précèdent, selon la tradition de l’Eglise antique, nous nous sommes préparés en Orient également au moyen du jeûne, observé en leur honneur. Pour mieux souligner leur valeur égale, mais aussi en raison de leur poids dans l’Eglise et dans son œuvre régénératrice et salvifique au cours des siècles, l’Orient les honore aussi habituellement à travers une icône commune, dans laquelle ils tiennent entre leurs saintes mains un petit voilier, qui symbolise l’Eglise, ou bien ils s’embrassent l’un l’autre et s’échangent le baiser en Christ. Votre Sainteté, c’est précisément ce baiser que nous sommes venus échanger avec vous, en soulignant le désir ardent en Christ et l’amour, des choses qui nous touchent de près les uns les autres. Le dialogue théologique entre nos Eglises « en foi, vérité et amour », grâce à l’aide divine va de l’avant, au-delà des difficultés importantes qui subsistent et des problématiques connues. Nous  le  désirons vraiment et prions beaucoup à cet effet; que ces difficultés soient surmontées et que les problèmes disparaissent, le plus rapidement possible, pour rejoindre l’objet du désir final, à la gloire de Dieu. Nous savons bien que ce désir est aussi le vôtre, comme nous sommes également certains que Votre Sainteté ne négligera rien en travaillant en personne, avec ses illustres collaborateurs, en aplanissant parfaitement la voie, vers une issue positive, si Dieu le veut, des travaux du Dialogue. Votre Sainteté, nous avons proclamé l’année 2008 « Année de l’Apôtre Paul », comme vous le faites vous aussi aujourd’hui jusqu’à l’année prochaine, à l’occasion des deux mille ans de la naissance du grand Apôtre. Dans le cadre des manifestations relatives à cet anniversaire, où nous avons aussi vénéré le lieu exact de son martyre, nous programmons entre autres choses un pèlerinage à certains lieux de l’activité évangélique de l’Apôtre en Orient, comme Ephèse, Perges; et d’autres villes de l’Asie mineure, mais aussi Rhodes et Crète, dans la localité appelée « Bons Ports ». Votre Sainteté, soyez assurés que sur ce saint parcours vous serez présents vous aussi, en cheminant avec nous en esprit, et qu’en chaque lieu nous élèverons une prière ardente pour vous et pour nos frères de la vénérable Eglise romaine catholique, en adressant pour vous à travers le divin Paul une puissante supplique et intercession au Seigneur. Et à présent, en vénérant les souffrances et la croix de Pierre et en embrassant la chaîne et les stigmates de Paul, en honorant la confession, le martyre et la vénérable mort de tous les deux au nom du Seigneur, qui conduit vraiment à la Vie, nous glorifions le Dieu trois fois saint et nous le supplions, afin que par l’intercession de ses protocoryphées apôtres, il nous donne ici-bas, ainsi qu’à tous ses fils partout  dans  le monde de l’Eglise orthodoxe et romaine catholique, « l’union de la foi et la communion de l’Esprit Saint » dans le « lien de la paix » et là-haut, en revanche, la vie éternelle et la grande miséricorde. Amen.

HOMÉLIE DU SAINT-PÈRE

Votre Sainteté et délégués fraternels, Messieurs les cardinaux, Vénérés frères dans l’épiscopat et dans le sacerdoce, Chers frères et sœurs! Depuis les temps les plus anciens l’Eglise de Rome célèbre la solennité des grands Apôtres Pierre et Paul comme une unique fête le même jour, le 29 juin. A travers leur martyre, ils sont devenus frères; ensemble ils sont les fondateurs de la nouvelle Rome chrétienne. C’est comme tels que les chante l’hymne des secondes Vêpres qui remonte à Paulin d’Aquilée (+806)! « O Roma felix – Rome heureuse, ornée de pourpre par le sang précieux de Princes aussi  grands. Tu dépasses toutes les beautés du monde, non par ton mérite, mais par le mérite des saints que tu as tués par l’épée sanglante ». Le sang des martyrs n’invoque pas vengeance, mais il réconcilie. Il ne se présente pas comme une accusation, mais comme une « lumière dorée », selon les paroles de l’hymne des premières Vêpres:  il se présente comme force de l’amour qui dépasse la haine et la violence, en fondant ainsi une nouvelle ville, une nouvelle communauté. Par leur martyre, ces derniers – Pierre et Paul – font à présent partie de Rome:  à travers le martyre, Pierre aussi est devenu un citoyen romain pour toujours. A travers le martyre, à travers leur foi et leur amour, les deux Apôtres indiquent où se trouve la véritable espérance, et sont les fondateurs d’un nouveau genre de cité, qui doit se former toujours à nouveau au sein de la vieille cité humaine, qui reste menacée par les forces contraires du péché et de l’égoïsme des hommes. En vertu de leur martyre, Pierre et Paul sont en relation réciproque pour toujours. Une des images préférées de l’iconographie chrétienne est le baiser des deux apôtres en marche vers le martyre. Nous pouvons dire:  leur martyre lui-même, au plus profond, est la réalisation d’un baiser fraternel. Ils meurent pour l’unique Christ et, dans le témoignage pour lequel ils donnent la vie, ils sont un. Dans les écrits du Nouveau Testament nous pouvons, pour ainsi dire, suivre le développement de leur baiser, de cette façon de créer l’unité dans le témoignage et dans la mission. Tout commence lorsque Paul, trois ans après sa conversion, va à Jérusalem, « pour faire la connaissance de Pierre » (Ga 1, 18). Quatorze ans plus tard, il monte de nouveau à Jérusalem, pour exposer « aux personnages les plus importants » l’Evangile qu’il prêche, pour ne pas prendre le risque de « courir pour rien, ni avoir couru jusqu’à présent pour rien » (Ga 2, 1sq). A la fin de cette rencontre, Jacques, Céphas et Jean lui donnent la main droite, confirmant ainsi la communion qui les rassemble dans l’unique Evangile de Jésus Christ (Ga 2, 9). Un beau signe de ce baiser intérieur qui s’étend, qui se développe malgré la diversité des tempéraments et des tâches, est le fait que les collaborateurs mentionnés à la fin de la Première Lettre de saint Pierre – Silvain et Marc – sont des collaborateurs tout aussi proches de saint Paul. La communion de l’unique Eglise, le baiser des grands Apôtres, est rendue visible de manière très concrète dans la communauté des collaborateurs. Pierre et Paul se sont rencontrés au moins deux fois à Jérusalem; à la fin, leurs deux parcours débouchent à Rome. Pourquoi? Est-ce là plus qu’un pur hasard? Un message durable y est-il contenu? Paul arriva à Rome comme prisonnier, mais dans le même temps comme citoyen romain qui, après son arrestation à Jérusalem, avait précisément, en tant que tel, fait recours à l’empereur devant le tribunal duquel il fut conduit. Mais dans un sens encore plus profond, Paul est venu volontairement à Rome. Grâce à la plus importante de ses Lettres, il s’était déjà approché intérieurement de cette ville:  il avait adressé à l’Eglise de Rome l’écrit qui, plus que tout autre, constitue la synthèse de toute son annonce et de sa foi. Dans le salut initial de la Lettre, il dit que le monde entier parle de la foi des chrétiens de Rome, et qu’elle est donc connue partout comme exemplaire (Rm 1, 8). Il écrit ensuite:  « Je ne veux pas vous le laisser ignorer, frères:  j’ai bien souvent eu l’intention de venir chez vous » (1, 13). A la fin de la Lettre, il reprend ce thème en parlant à présent de son projet d’aller jusqu’en Espagne:  « Quand je me rendrai en Espagne, en effet, j’espère bien que je vous verrai en passant, et que vous m’aiderez pour me rendre là-bas quand j’aurai d’abord un peu profité de cette rencontre avec vous » (15, 24). « Et je sais bien que ma venue chez vous sera comblée de la bénédiction du Christ » (15, 29). Deux choses apparaissent ici de manière évidente:  Rome est pour Paul une étape sur la route vers l’Espagne, c’est-à-dire – selon sa conception du monde – vers la partie extrême de la terre. Il considère comme sa mission de réaliser la tâche reçue du Christ d’apporter l’Evangile jusqu’aux frontières extrêmes du monde. Sur ce parcours se trouve Rome. Alors que généralement Paul ne se rend que dans les lieux où l’Evangile n’est pas encore annoncé, Rome constitue une exception. Il y trouve une Eglise dont la foi parle au monde. Aller à Rome fait partie de l’universalité de sa mission comme envoyé à tous les peuples. Le chemin vers Rome, que déjà avant son voyage extérieur il a parcouru intérieurement grâce à sa Lettre, fait partie intégrante de sa tâche d’apporter l’Evangile à toutes les nations – de fonder l’Eglise catholique, universelle. Aller à Rome est pour lui l’expression de la catholicité de sa mission. Rome doit rendre la foi visible au monde entier, elle doit être le lieu de la rencontre dans l’unique foi. Mais pourquoi Pierre est-il allé à Rome? A ce propos, le Nouveau Testament ne se prononce pas de manière directe. Il nous donne cependant quelques indications. L’Evangile de saint Marc, que nous pouvons considérer un reflet de la prédication de saint Pierre, est profondément orienté vers le moment où le centurion romain, face à la mort en croix de Jésus Christ, dit:  « Vraiment, cet homme était le Fils de Dieu » (15, 39). Auprès de la Croix se révèle le mystère de Jésus Christ. Sous la Croix naît l’Eglise des nations:  le centurion du peloton d’exécution romain reconnaît en Christ le Fils de Dieu. Les Actes des Apôtres décrivent comme une étape décisive pour l’entrée de l’Evangile dans le monde des païens, l’épisode de Corneille, le centurion de la cohorte italique. Sur un commandement de Dieu, il envoie quelqu’un prendre Pierre et celui-ci, suivant lui aussi un ordre divin, se rend dans la maison du centurion et prêche. Alors qu’il parle, l’Esprit Saint descend sur la communauté domestique rassemblée et Pierre dit:  « Pourrait-on refuser l’eau du baptême à ces gens qui ont reçu l’Esprit Saint tout comme nous? » (Ac 10, 47). Ainsi, dans le Concile des Apôtres, Pierre devient l’intercesseur pour l’Eglise des païens qui n’ont pas besoin de la Loi, car « Dieu a purifié leurs cœurs par la foi » (Ac 15, 9). En effet, dans la Lettre aux Galates, Paul dit que Dieu a donné à Pierre la force pour le ministère apostolique parmi les circoncis; à Paul, il l’a en revanche donnée pour le ministère parmi les païens (2, 8). Mais cette assignation ne pouvait être valable que tant que Pierre restait avec les Douze à Jérusalem, dans l’espérance que tout Israël adhère au Christ. Face au développement ultérieur, les Douze reconnurent le moment où eux aussi devaient se mettre en marche vers le monde entier, pour lui annoncer l’Evangile. Pierre, qui selon l’ordre de Dieu avait le premier ouvert la porte aux païens, laisse à présent la présidence de l’Eglise chrétienne juive à Jacques le mineur, pour se consacrer à sa véritable mission:  au ministère pour l’unité de l’unique Eglise de Dieu formée par des juifs et des païens. Le désir de saint Paul d’aller à Rome souligne – comme nous l’avons vu -, parmi les caractéristiques de l’Eglise, en particulier le terme « catholica ». Le chemin de saint Pierre vers Rome, comme représentant des peuples du monde, est surtout soumis au mot « una »:  sa tâche est de créer l’unité de la catholica, de l’Eglise formée de juifs et de païens, de l’Eglise de tous les peuples. Et telle est la mission permanente de Pierre:  faire en sorte que l’Eglise ne s’identifie jamais avec une seule nation, avec une seule culture ou avec un seul Etat. Qu’elle soit toujours l’Eglise de tous. Qu’elle réunisse l’humanité au-delà de toute frontière et, au milieu des divisions de ce monde, qu’elle rende présente la paix de Dieu, la force réconciliatrice de son amour. Grâce à la technique qui est partout semblable, grâce au réseau mondial d’informations, ainsi que grâce à l’union d’intérêts communs, il existe aujourd’hui dans le monde de nouveaux modèles d’unité, qui font cependant aussi exploser de nouvelles oppositions et qui donnent une nouvelle impulsion aux anciennes. Face à cette unité externe, fondée sur les choses matérielles, nous avons d’autant plus besoin de l’unité intérieure, qui provient de la paix de Dieu – l’unité de tous ceux qui, à travers Jésus Christ, sont devenus frères et sœurs. Telle est la mission permanente de Pierre et également la tâche particulière confiée à l’Eglise de Rome. Chers confrères dans l’épiscopat! Je voudrais à présent m’adresser à vous qui êtes venus à Rome pour recevoir le pallium comme symbole de votre dignité et de votre responsabilité d’archevêques dans l’Eglise de Jésus Christ. Le pallium a été tissé avec la laine de brebis, que l’Evêque de Rome bénit chaque année en la fête de la chaire de Pierre, les mettant, pour ainsi dire, de côté afin qu’elles deviennent un symbole pour le troupeau du Christ, que vous présidez. Lorsque nous plaçons le pallium sur nos épaules, ce geste nous rappelle le pasteur qui prend sur ses épaules la brebis égarée, qui toute seule ne retrouve plus le chemin de la maison, et la ramène à la bergerie. Les Pères de l’Eglise ont vu dans cette brebis l’image de toute l’humanité, de la nature humaine tout entière, qui s’est perdue et ne trouve plus le chemin de la maison. Le Pasteur qui la ramène chez elle ne peut être que le Logos, la Parole éternelle de Dieu lui-même. Dans l’incarnation, il nous a tous pris – la brebis « homme » – sur ses épaules. Lui, la Parole éternelle, le véritable pasteur de l’humanité, nous porte; dans son humanité, il porte chacun de nous sur ses épaules. Sur la voie de la Croix il nous a portés à la maison, il nous porte à la maison. Mais il veut également avoir des hommes qui « portent » avec Lui. Etre pasteur dans l’Eglise du Christ signifie participer à ce devoir, que le pallium rappelle. Lorsque nous le portons, Il nous demande:  « Portes-tu avec moi aussi tous ceux qui m’appartiennent? Les portes-tu vers moi, vers Jésus Christ? ». Et alors nous vient à l’esprit le récit de l’envoi de Pierre par le Ressuscité. Le Christ ressuscité rattache l’ordre:  « Pais mes brebis » de manière indissoluble à la question:  « M’aimes-tu, m’aimes-tu plus que ceux-ci? ». Chaque fois que nous portons le pallium du pasteur du troupeau du Christ, nous devrions entendre cette question:  « M’aimes-tu? » et nous devrions nous laisser interroger à propos du surplus d’amour qu’Il attend du pasteur. Ainsi, le pallium devient le symbole de notre amour pour le pasteur Christ et de notre acte d’aimer avec Lui – il devient le symbole de l’appel à aimer les hommes comme Lui, avec Lui:  ceux qui sont en quête, qui se posent des questions, ceux qui sont sûrs d’eux et les humbles, les simples et les grands; il devient le symbole de l’appel à les aimer tous avec la force du Christ, afin qu’ils puissent Le trouver et se trouver en Lui. Mais le pallium, que vous recevez « de la » tombe de saint Pierre, a aussi une deuxième signification, liée de manière indissoluble à la première. Pour la comprendre, une parole de la Première Lettre de saint Pierre peut nous aider. Dans son exhortation aux prêtres de paître le troupeau de manière juste, il – saint Pierre – se qualifie lui-même de synpresbýteros – co-presbytre (5, 1). Cette formule contient implicitement une affirmation du principe de la succession apostolique:  les pasteurs qui se succèdent sont des pasteurs comme lui, ils le sont avec lui, ils appartiennent au ministère commun des pasteurs de l’Eglise de Jésus Christ, un ministère qui se poursuit avec eux. Mais cet « avec » possède encore deux significations. Il exprime également la réalité que nous indiquons aujourd’hui sous le terme de « collégialité » des évêques. Nous sommes tous co-presbytres. Aucun pasteur n’est seul. Nous ne nous trouvons dans la succession des apôtres que grâce au fait que nous sommes dans la communion du collège, dans lequel le collège des apôtres trouve sa continuation. La communion, le « nous » des pasteurs fait partie de l’être pasteurs, car le troupeau est un seul, l’unique Eglise de Jésus Christ. Enfin, ce « co- » renvoie également à la communion avec Pierre et avec son Successeur comme garantie de l’unité. Ainsi, le pallium nous parle de la catholicité de l’Eglise, de la communion universelle du pasteur et du troupeau. Et il nous renvoie à l’apostolicité:  à la communion avec la foi des apôtres, sur laquelle l’Eglise est fondée. Il nous parle de l’ecclesia una, catholica, apostolica et naturellement, en nous liant au Christ, il nous parle précisément aussi du fait que l’Eglise est sancta et que notre œuvre est un service à sa sainteté. Cela me fait encore revenir à saint Paul et à sa mission. Il a exprimé l’essentiel de sa mission, ainsi que la raison la plus profonde de son désir d’aller à Rome, dans le chapitre 15 de la Lettre aux Romains dans une phrase extraordinairement belle. Il sait qu’il est appelé « à être une officiant du Christ Jésus auprès des païens, ministre de l’Evangile de Dieu, afin que les païens deviennent une offrande agréable, sanctifiée dans l’Esprit Saint » (15, 16). Ce n’est que dans ce verset que Paul utilise le mot « hierourgein » – administrer en tant que ministre – avec « leitourgós » – officiant:  il parle de la liturgie cosmique, où le monde des hommes doit devenir adoration de Dieu,  offrande  dans l’Esprit Saint. Lorsque le monde, dans son ensemble, sera devenu liturgie de Dieu, lorsque dans sa réalité il sera devenu adoration, alors il aura atteint son objectif, alors il sera sain et sauf. Tel est le but ultime de la mission apostolique de saint Paul et de notre mission. Le Seigneur nous appelle à ce ministère. Prions en cette heure, afin qu’Il nous aide à l’accomplir de manière juste, à devenir de véritables officiants de Jésus Christ. Amen.  

29 JUIN : SAINTS APÔTRES PIERRE ET PAUL – Homélie prononcée à Bussy par le père Boris le 12 juillet 2002

28 juin, 2013

http://www.crypte.fr/homelies/pierre-et-paul.html

29 JUIN : SAINTS APÔTRES PIERRE ET PAUL – HOMÉLIE

Homélie prononcée à Bussy par le père Boris le 12 juillet 2002

Au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit,

Cette fête des saints Pierre et Paul est une des grandes fêtes de l’année liturgique. On peut dire que c’est par excellence –après la Pentecôte, bien sûr– la fête de l’Église. Quand saint Pierre et saint Paul sont représentés, soit à la Pentecôte, soit à l’Ascension, Paul est toujours près de Pierre. Le rassemblement de ces deux apôtres signifie la plénitude de l’Église.
Je commencerai par parler de saint Pierre. Quand nous regardons sa vie, nous voyons que Pierre n’est jamais seul. Il apparaît d’abord avec son frère André, et encore ce n’est pas Pierre qui découvre le Seigneur, mais c’est André qui va l’annoncer à son frère Pierre. Tous deux étaient du village de Bethsaïde, près du Lac de Tibériade. Il y a actuellement des icônes de saint André et de saint Pierre qui ont un sens symbolique. Dans la mesure où l’on veut que Pierre représente l’Église romaine –et il n’est pas seul à la représenter, il est apôtre pour l’Église entière– et André l’Église d’Orient, cette icône voudrait être le symbole de la réconciliation entre les Églises d’Orient et d’Occident, celles qu’on appelle quelquefois les deux poumons de l’Église. Pierre fut donc avec André parmi les premiers appelés. Mais très tôt, dans les Évangiles, ce n’est plus avec son frère qu’on le voit mais avec Jean, et Jacques, les fils de Zébédée. Quand le Seigneur envoyait les disciples deux par deux, Pierre allait avec Jean. Il y a donc un lien particulier qui s’instaure entre Pierre et le « disciple que Jésus aimait. » On le voit à la Sainte Cène, lorsque Pierre, n’osant pas s’adresser directement à Jésus, s’adresse à Jean dont la tête repose sur la poitrine du Maître pour qu’il demande « Et qui est celui qui va te livrer ? » Jean avait une intimité avec le Seigneur que Pierre n’avait pas, malgré son courage, malgré sa force, malgré toute sa spontanéité. Après la Résurrection, on les voit tous les deux courir ensemble vers le Tombeau et c’est Jean qui « vit et crut ». De même, lorsqu’ils pêchaient sur le lac de Tibériade, c’est Jean qui reconnaît Jésus sur la rive, mais c’est Pierre qui se jette à l’eau pour aller à sa rencontre. Dans l’Église primitive, à Jérusalem ou en Samarie, Pierre et Jean vont ensemble prêcher la Bonne Nouvelle.
Mais on trouve ensuite, dans la tradition ecclésiale, un autre couple formé par Pierre et Paul. Ils participent tous les deux au premier Concile de Jérusalem, Pierre le premier –il est toujours nommé le premier dans les listes des apôtres, on précise souvent « Pierre d’abord »– et Paul le dernier –lui qui s’appelait « l’avorton »– apparu comme un paradoxe, une contradiction, lui qui persécutait les chrétiens et gardait les vêtements de ceux qui lapidaient Étienne. À partir de là, par un retour en arrière, l’Église situe Paul en face de Pierre dans une relation unique jusqu’à la fin des temps. C’est pourquoi, dans toute la vie de l’Église, Pierre et Paul seront toujours évoqués ensemble et représentés ensemble même avant qu’ils ne se rencontrent, à la Pentecôte et à l’Ascension.
Je voudrais dire aussi quelques mots sur ce que l’on peut appeler « les faiblesses » de saint Pierre. Pierre, celui qui avait encore une foi chancelante, qui voulait marcher sur les eaux mais qui sombrait, celui qui voulait dissuader le Seigneur d’aller vers les souffrances. C’est ce qui suit immédiatement le passage que nous venons de lire, la confession de Pierre à Césarée. Quand Pierre dit au Seigneur : « Non, ne va pas à Jérusalem, Seigneur », le Seigneur lui répond : « Éloigne-toi de moi, Satan. Tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes.»
Quel mot terrible ;! Satan, c’est-à-dire tentateur. Simon se souviendra de cette leçon dans sa première épître, qui est une des plus sublimes de tout le Nouveau Testament. Il y revit toute la passion du Christ à travers la prophétie d’Isaïe : « Lui qui n’a pas commis de péché et dans la bouche duquel il ne s’est pas trouvé de mensonge. Lui qui a porté nos péchés dans son corps sur le bois, afin que, morts pour le péché, nous vivions pour la justice ; lui par les meurtrissures duquel vous avez été guéris.» Pierre applique cette prophétie à Jésus, « qui n’ouvre pas la bouche quand il est mené à l’immolation ».
D’autre part, saint Pierre a reçu du Seigneur un nom nouveau, comme nous l’avons entendu aujourd’hui : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église. » Il est le roc et l’Église se souvient de cette parole en considérant que tout évêque chargé de veiller sur le troupeau de l’Église entre dans le mystère du roc, qu’on appelle la « pétrinité » de saint Pierre. Rome a voulu en faire une exclusive pour le siège du pape, ce que l’Orient n’a pas accepté tout en reconnaissant à Rome une primauté dans l’amour, une primauté dans le service plus qu’une primauté dans l’autorité. Et, c’est à cela que répond déjà Pierre dans son épître d’une façon très claire : « Approchez-vous du Seigneur, Lui la pierre vivante rejetée par les hommes, mais choisie et précieuse devant Dieu. Et vous-mêmes, comme des pierres vivantes, édifiez-vous pour former une maison spirituelle, un saint sacerdoce.»
Simon, fils de Jonas, dit Pierre, ne se réserve pas ce nom symbolique que Dieu lui a donné, il rappelle que la seule pierre véritable, c’est Jésus, sur lequel l’Église est fondée. Et nous, tous ensemble, nous formons des pierres, tous ensemble nous sommes unis par le ciment de l’Esprit Saint, lien de l’amour et de l’unité, qui fait de nous non plus des cailloux épars mais un édifice vivant, saint, capable de porter en lui la présence de Dieu. Il ne s’agit pas seulement de l’église comme bâtiment, mais de l’église que chaque fidèle est, car nous sommes tous le temple de Dieu, l’édifice spirituel, l’Église du Christ dans lequel se réalise la présence du Tout-Autre, du Tout-Saint, du Dieu Trinité.
Une dernière chose : dans son épître, saint Pierre reprend les Béatitudes et y met un point d’orgue, en guise de paroles de consolation pour les Églises éprouvées. « Ne soyez pas surpris comme d’une chose étrange qui vous arrive, de la fournaise qui est au milieu de vous pour vous éprouver. Réjouissez-vous – comme dans les Béatitudes – de la part que vous avez aux souffrances du Christ afin que vous soyez aussi dans la joie et l’allégresse lorsque sa gloire apparaîtra. Et si vous êtes outragés pour le nom du Christ, bienheureux êtes-vous, car l’Esprit de gloire, l’esprit de Dieu repose sur vous.» Voyez-vous, cette joie qui nous est promise au Royaume et qui nous est annoncée dès maintenant, c’est la joie et la plénitude dans l’Esprit Saint.
Quelques mots pour terminer sur saint Paul. Il y a tellement à dire ;! Dans cette seconde épître aux Corinthiens nous avons entendu les épreuves de saint Paul, ses souffrances sans nom, mais en même temps la grâce que Dieu lui a donnée d’être élevé au troisième ciel et d’entendre des paroles ineffables que nul homme ne peut répéter et qu’il ne pouvait lui-même nous redire. Et, pour qu’il ne s’enorgueillisse pas, le Seigneur lui a donné « une écharde dans la chair, comme un ange de Satan qui le souffletait » – c’est très mystérieux, nous ne savons pas de quoi il s’agissait. Était-ce une tentation ? Était-ce une maladie ? nous ne savons –. Saint Paul en souffrait, il supplia le Seigneur de l’en libérer, par trois fois, mais le Seigneur lui répondit : « Ma grâce te suffit. C’est dans la faiblesse que se manifeste ma puissance. » C’est pourquoi saint Paul ne voulait se glorifier que de ses propres faiblesses, afin qu’à travers ses faiblesses puisse se manifester davantage la puissance de Dieu.
Que dirai-je encore ? Saint Paul possédait cette évidence intérieure de la vie en Christ, lorsqu’il disait : « Ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi ». Quelle audace de pouvoir le dire ! mais quelle joie aussi ! C’est notre programme à chacun : car ce « moi » est le vieil homme, c’est le moi avare, le moi colérique, égoïste, avec toutes les tares du vieil homme qui s’agglutinent dans ce moi pécheur qui doit mourir. Quand le Christ vit en moi, par la grâce du Saint Esprit, alors je regarde le monde lui-même d’un œil nouveau : Ce n’est plus moi qui parle, c’est le Christ qui parle en moi ; ce n’est plus moi qui aime, c’est le Christ qui aime en moi. Il y a ainsi un recentrement profond de notre existence entière sur le Christ, sans que ma personnalité –oh… ma personnalité…– ne soit brimée ni contrainte ni réduite à zéro. Au contraire, elle renaît dans une vie nouvelle de joie. Alors, nous trouvons la puissance et la grâce d’aimer, comme saint Paul, de participer avec l’Esprit Saint à la naissance nouvelle des enfants de Dieu.
C’est sur cela que je voudrais terminer, sur cette parole de saint Paul : « Mes petits enfants – pour saint Paul, nous sommes tous ses petits enfants, pas plus – pour qui je souffre à nouveau les douleurs de l’enfantement jusqu’à ce que le Christ soit formé en vous. » Les douleurs de l’enfantement, cela signifie que, pour que le Christ puisse naître en nous, il y a tout un travail intérieur à faire. L’enfantement est une image, que le Seigneur reprend dans le Discours des adieux : « Lorsqu’une femme met au monde un enfant, elle est dans la souffrance, mais quand elle a enfanté elle est dans la joie parce qu’un homme est venu au monde. » Cet enfant qui vient au monde, ce sont les enfants de saint Paul et de tous ceux qui participent avec lui à cette gestation, oubliant à la fin leur souffrance, car celui qui participe, qui est auprès d’une âme en train de naître en Christ, sent en lui-même ses propres douleurs. C’est le mystère de la compassion, du partage de la souffrance de l’autre que nous vivons par l’Esprit Saint. Dans l’Esprit Saint nous devenons capables de sentir comme si c’était notre propre souffrance les souffrances de l’autre, comme si c’était notre propre joie les joies de l’autre. Tout cela nous est donné dans l’Esprit Saint et tout cela, les saints apôtres Pierre et Paul nous le communiquent.
Creusons davantage, à travers les épîtres pauliniennes, les épîtres de saint Pierre et les Actes des apôtres, toutes ces lois de la vie chrétienne, qui nous conduisent par la naissance et la croissance jusqu’à la plénitude de vie en Christ par l’Esprit Saint.

Amen.

Père Boris

HOMÉLIE DU PAPE BENOÎT XVI : CHAPELLE PAPALE EN LA SOLENNITÉ DES SAINTS APÔTRES PIERRE ET PAUL

2 juillet, 2012

http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/homilies/2012/documents/hf_ben-xvi_hom_20120629_pallio_fr.html

CHAPELLE PAPALE EN LA SOLENNITÉ DES SAINTS APÔTRES PIERRE ET PAUL

MESSE ET IMPOSITION DU PALLIUM AUX NOUVEAUX ARCHEVÊQUES MÉTROPOLITAINS

HOMÉLIE DU PAPE BENOÎT XVI

Basilique Vaticane

Vendredi 29 juin 2012

Messieurs les Cardinaux,
Vénérés Frères dans l’épiscopat et dans le sacerdoce,
Chers frères et sœurs,

Nous sommes réunis autour de l’autel pour célébrer solennellement les saints Pierre et Paul, Patrons principaux de l’Église de Rome. Sont présents, et viennent de recevoir le Pallium, les Archevêques Métropolitains nommés durant l’année dernière, auxquels va mon salut spécial et affectueux. Est présente aussi, envoyée par Sa Sainteté Bartholomée Ier, une éminente Délégation du Patriarcat œcuménique de Constantinople, que j’accueille avec reconnaissance fraternelle et cordiale. Dans un esprit œcuménique, je suis heureux de saluer et de remercier The Choir of Westminster Abbey, qui anime la Liturgie avec la Cappella Sistina. Je salue également Messieurs les Ambassadeurs et les Autorités civiles : je vous remercie tous pour votre présence et votre prière.

Devant la Basilique de saint Pierre, comme chacun le sait, sont dressées deux imposantes statues des Apôtres Pierre et Paul, facilement reconnaissables par leurs attributs : les clefs dans la main de Pierre et l’épée entre celles de Paul. Sur le portail majeur de la Basilique de saint Paul hors les murs sont aussi représentées ensemble des scènes de la vie et du martyre de ces deux colonnes de l’Église. Depuis toujours, la tradition chrétienne considère saint Pierre et saint Paul comme inséparables : en effet, ensemble, ils représentent tout l’Évangile du Christ. Ensuite, leur lien comme frères dans la foi a acquis un sens particulier à Rome. En effet, la communauté chrétienne de cette Ville les considère comme une espèce de contre-autel des mythiques Romulus et Remus, la fratrie à laquelle on faisait remonter la fondation de Rome. On pourrait penser aussi à un autre parallélisme ‘oppositif’, toujours sur le thème de la fraternité : alors que la première fratrie biblique nous montre l’effet du péché, pour lequel Caïn tue Abel, Pierre et Paul, bien qu’humainement très différents l’un de l’autre, et malgré les conflits qui n’ont pas manqué dans leur rapport, ont réalisé une manière nouvelle d’être frères, vécue selon l’Évangile, une manière authentique rendue possible par la grâce de l’Évangile du Christ opérant en eux. Seule la sequela du Christ conduit à la nouvelle fraternité : voici le premier message fondamental que la solennité d’aujourd’hui livre à chacun de nous, et dont l’importance se reflète aussi sur la recherche de cette pleine communion, à laquelle aspirent le Patriarcat œcuménique et l’Évêque de Rome, ainsi que tous les chrétiens.
Dans le passage de l’évangile de saint Matthieu que nous venons d’entendre, Pierre fait sa confession de foi à Jésus, le reconnaissant comme Messie et Fils de Dieu ; il la fait aussi au nom des autres Apôtres. En réponse, le Seigneur lui révèle la mission qu’il entend lui confier, celle d’être la ‘pierre’, le ‘roc’, la fondation visible sur laquelle est construit l’entier édifice spirituel de l’Église (cf. Mt 16, 16-19). Mais de quelle façon Pierre est-il le roc ? Comment doit-il mettre en œuvre cette prérogative, que naturellement il n’a pas reçue pour lui-même ? Le récit de l’évangéliste Matthieu nous dit surtout que la reconnaissance de l’identité de Jésus prononcée par Simon au nom des Douze ne provient pas « de la chair et du sang », c’est-à-dire de ses capacités humaines, mais d’une révélation particulière de Dieu le Père. Par contre, tout de suite après, quand Jésus annonce sa passion, mort et résurrection, Simon Pierre réagit vraiment à partir de « la chair et du sang » : il « se mit à lui faire de vifs reproches : … cela ne t’arrivera pas » (16, 22). Et Jésus réplique à son tour : « Passe derrière moi, Satan, tu es un obstacle sur ma route » (v. 23). Le disciple qui, par don de Dieu, peut devenir un roc solide, se manifeste aussi pour ce qu’il est, dans sa faiblesse humaine : une pierre sur la route, une pierre contre laquelle on peut buter- en grec skandalon. Apparaît ici évidente la tension qui existe entre le don qui provient du Seigneur et les capacités humaines ; et dans cette scène entre Jésus et Simon Pierre, nous voyons en quelque sorte anticipé le drame de l’histoire de la papauté-même, caractérisée justement par la coexistence de ces deux éléments : d’une part, grâce à la lumière et à la force qui viennent d’en-haut, la papauté constitue le fondement de l’Église pèlerine dans le temps ; d’autre part, au long des siècles, émerge aussi la faiblesse des hommes, que seule l’ouverture à l’action de Dieu peut transformer.
De l’Évangile d’aujourd’hui, il ressort avec force la promesse claire de Jésus : « les portes des enfers », c’est-à-dire les forces du mal, ne pourront pas prévaloir, « non praevalebunt ». Vient à l’esprit le récit de la vocation du prophète Jérémie, à qui le Seigneur dit, en lui confiant sa mission : « Moi, je fais de toi aujourd’hui une ville fortifiée, une colonne de fer, un rempart de bronze, pour faire face à tout le pays, aux rois de Juda et à ses chefs, à ses prêtres et à tout le peuple. Ils te combattront, mais ils ne pourront rien contre toi – non praevalebunt -, car je suis avec toi pour te délivrer » (Jr 1, 18-19). En réalité, la promesse que Jésus fait à Pierre est encore plus grande que celles faites aux prophètes antiques : ceux-ci, en effet, étaient menacés uniquement par des ennemis humains, alors que Pierre devra être défendu des « portes des enfers », du pouvoir destructif du mal. Jérémie reçoit une promesse qui le concerne comme personne et concerne son ministère prophétique. Pierre est rassuré au sujet de l’avenir de l’Église, de la nouvelle communauté fondée par Jésus Christ et qui s’étend à tous les temps, au-delà de l’existence personnelle de Pierre lui-même.
Passons à présent au symbole des clefs, dont parle l’Évangile que nous venons d’entendre. Il renvoie à l’oracle du prophète Isaïe sur le fonctionnaire éliakim, dont il est dit : « Je mettrai sur son épaule la clef de la maison de David : s’il ouvre, personne ne fermera ; s’il ferme, personne n’ouvrira » (Is 22, 22). La clef représente l’autorité sur la maison de David. Et dans l’Évangile, il y a une autre parole de Jésus adressée aux scribes et aux pharisiens, auxquels le Seigneur reproche de fermer aux hommes le Royaume des Cieux (cf. Mt 23, 13). Ces propos également nous aident à comprendre la promesse faite à Pierre : c’est à lui, en tant que fidèle administrateur du message du Christ, qu’il revient d’ouvrir la porte du Royaume des Cieux, et de juger s’il faut accueillir ou rejeter (cf. Ap 3, 7). Les deux images – celle des clefs et celle de lier et de délier – expriment donc des significations semblables et se renforcent l’une l’autre. L’expression « lier et délier » fait partie du langage rabbinique et fait allusion, d’un côté, aux décisions doctrinales et, de l’autre, au pouvoir disciplinaire, c’est-à-dire à la faculté d’infliger et de lever l’excommunication. Le parallélisme « sur terre … dans les cieux » garantit que les décisions de Pierre dans l’exercice de sa fonction ecclésiale ont également une valeur devant Dieu.
Dans le chapitre 18 de l’Évangile selon Matthieu, consacré à la vie de la communauté ecclésiale, nous trouvons une autre affirmation de Jésus adressée à ses disciples : « En vérité je vous le dis : tout ce que vous lierez sur terre sera lié dans le ciel, et tout ce que vous délierez sur terre sera délié dans le ciel » (Mt 18, 18). Et saint Jean, dans le récit de l’apparition du Christ ressuscité aux Apôtres le soir de Pâques, rapporte cette parole du Seigneur : « Recevez l’Esprit Saint. Tout homme à qui vous remettrez ses péchés, ils lui seront remis ; tout homme à qui vous maintiendrez ses péchés, ils lui seront maintenus » (Jn 20, 22-23). À la lumière de ces parallélismes, il apparaît clairement que l’autorité de délier et de lier consiste dans le pouvoir de remettre les péchés. Et cette grâce, qui enlève l’énergie aux forces du chaos et du mal, est au cœur du mystère et du ministère de l’Église. L’Église n’est pas une communauté de personnes parfaites, mais de pécheurs qui doivent reconnaître qu’ils ont besoin de l’amour de Dieu et qu’ils ont besoin d’être purifiés par la Croix de Jésus Christ. Les paroles de Jésus au sujet de l’autorité de Pierre et des Apôtres laissent justement transparaître que le pouvoir de Dieu est l’amour, l’amour qui répand sa lumière à partir du Calvaire. Ainsi, nous pouvons aussi comprendre pourquoi, dans le récit évangélique, à la profession de foi de Pierre fait immédiatement suite la première annonce de la passion : en effet, Jésus par sa mort a vaincu les puissances de l’enfer, par son sang il a reversé sur le monde un immense fleuve de miséricorde, qui irrigue de ses eaux assainissantes l’humanité tout entière.
Chers frères, comme je le rappelais au début, la tradition iconographique représente saint Paul avec l’épée, et nous savons que cela figure l’instrument avec lequel il fut tué. Mais, en lisant les écrits de l’Apôtre des Gentils, nous découvrons que l’image de l’épée se réfère à toute sa mission d’évangélisateur. Par exemple, sentant la mort s’approcher, il écrit à Timothée : « j’ai combattu le bon combat » (2 Tm 4,7). Non certes le combat d’un grand capitaine, mais celui d’un annonciateur de la Parole de Dieu, fidèle au Christ et à son Église, à laquelle il s’est donné totalement. Et c’est justement pour cela que le Seigneur lui a donné la couronne de gloire et l’a placé, avec Pierre, comme colonne de l’édifice spirituel de l’Église.
Chers Métropolites : le Pallium que je vous ai conféré, vous rappellera toujours que vous avez été constitués dans et pour le grand mystère de communion qu’est l’Église, édifice spirituel construit sur le Christ, la pierre angulaire et, dans sa dimension terrestre et historique, sur le roc de Pierre. Animés par cette certitude, sentons-nous tous ensemble coopérateurs de la vérité, laquelle – nous le savons – est une et ‘symphonique’, et exige de chacun de nous et de nos communautés l’engagement constant à la conversion à l’unique Seigneur dans la grâce de l’unique Esprit. Que la Sainte Mère de Dieu nous guide et nous accompagne toujours sur le chemin de la foi et de la charité. Reine des Apôtres, priez pour nous !

29 Juin: Saints Pierre et Paul, Omélie

28 juin, 2012

http://www.homelies.fr/homelie,saints.pierre.et.paul,2463.html

HOMÉLIE

Saints Pierre et Paul

(29 juin 2009)

Famille de Saint Joseph

Le 29 juin, l’Église honore à la fois saint Pierre et saint Paul, les deux piliers de l’Eglise. Jamais la Tradition ne les a fêtés l’un sans l’autre : ils sont inséparables.
Fils de pêcheur et pêcheur lui-même, simple, sans éducation ni culture qui l’auraient préparé à jouer un rôle de premier plan, Simon-Pierre Pierre était de Capharnaüm en Galilée, ville située au bord du lac de Tibériade. Paul était un juif de la diaspora, de Tarse en Asie Mineure, pharisien disciple de Gamaliel, et qui plus est : citoyen romain. Tous deux verront leur vie bouleversée par la rencontre avec Jésus de Nazareth, dans des circonstances, certes, bien différentes.
Après une pêche miraculeuse, le Seigneur interpelle Simon : « Viens derrière moi. Je ferai de toi un pêcheur d’hommes » (Mc 1, 17). Saul, « animé d’une rage meurtrière contre les disciples du Seigneur » (Ac 9, 1), est enveloppé de lumière sur le chemin de Damas, tandis qu’une voix retentit : « Je suis Jésus, celui que tu persécutes ». Simon devenu Pierre laisse ses filets et son foyer pour suivre le rabbi ; Saul devenu Paul se met à la disposition des apôtres. Pierre reçoit de l’Esprit-Saint la révélation de l’identité de son Maître : « Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant ». Paul entend « des paroles inexprimables, qu’on n’a pas le droit de redire » (2 Co 12, 4). Pierre reçoit la charge de paître le troupeau de l’Eglise : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise ». Paul a reçu l’imposition des mains d’Ananie, qui était avant lui sous l’onction du Saint Esprit (Ac 9, 17) ; il a soumis son apostolat à l’approbation de l’Eglise réunie à Jérusalem (Ga 2, 2) ; mais il a toujours considéré, eu égard aux révélations extraordinaires dont il fut bénéficiaire, que sa mission était celle d’un authentique apôtre. Même s’il n’avait pas connu Jésus « selon la chair » (2 Co 5, 16), sa connaissance du Christ, toute spirituelle et reçue par grâce, n’en fût pas moindre que celle des « témoins oculaires devenus serviteurs de la Parole » (Lc 1, 2). Aussi ne voulut-il jamais sacrifier ses propres convictions aux vues du plus autorisé des apôtres ; il « s’opposa ouvertement à Pierre à Antioche » (Ga 2, 11) afin de préserver la liberté spirituelle acquise dans le Christ.
Paul se voit confier par Dieu « l’annonce de l’Evangile aux païens, comme il l’avait confié à Pierre pour les Juifs » (Ga 2, 7). Tous deux donneront le suprême témoignage du martyr : Pierre sera crucifié et Paul décapité. La Tradition raconte que touché par les larmes des fidèles, Pierre songea d’abord à fuir la persécution que venait de soulever l’empereur Néron ; mais, comme il sortait de Rome, il vit le Christ Se présenter à lui :
- Où allez-vous, Seigneur ? lui demanda-t-il.
- Je vais à Rome, répondit Jésus, pour y être à nouveau crucifié.
A ces mots, le Sauveur disparut, et Pierre comprit qu’il devait revenir à Rome pour y subir le sort de son Maître.
C’est ensemble qu’ils représentent, dans la complémentarité de leur mission et charisme respectifs, le ministère apostolique de l’Eglise toute entière. C’est pourquoi, après son intronisation solennelle en la Basilique Saint Pierre, Benoît XVI s’est immédiatement rendu en la Basilique Saint Paul pour signifier cette double allégeance. C’est également en la fête des Apôtres Pierre et Paul qu’étaient traditionnellement ordonnés les prêtres ; si de nos jours, la date précise n’est plus aussi scrupuleusement respectée, vous ne risquez pas de vous tromper en félicitant votre curé s’il est de la génération précédente !
La liturgie byzantine souligne le lien spirituel qui unit la solennité de ce jour et celle de la Pentecôte ; le témoignage des apôtres est en effet le fruit direct de la descente sur eux du Saint-Esprit. Un carême spécial – dit « carême des apôtres » – prépare même les fidèles à cette solennité : c’est en dire l’importance. La période de jeûne – en pratique assez adouci – commence le lundi qui suit le premier dimanche après la Pentecôte et prend fin avec la journée du 28 juin. Puissions-nous nous ouvrir à la grâce de cette solennité et nous laisser renouveler dans notre vocation missionnaire, fidèles à l’institution pétrinienne et au charisme paulinien.

« Réjouis-toi, ô Pierre l’Apôtre, toi le grand ami du Maître, Christ notre Dieu. Réjouis-toi bien aimé Paul, prédicateur de la foi et docteur de l’univers. A cause de cela, intercédez tous deux auprès du Christ notre Dieu pour le salut de nos âmes » (Oraison de la liturgie byzantine).
Père Joseph-Marie

Saints Pierre et Paul: « Ce sont des hommes de miséricorde »! – Une homélie de saint Bernard de Clairvaux

28 juin, 2012

http://www.inxl6.catholique.fr/article3028.php

Saints Pierre et Paul: « Ce sont des hommes de miséricorde »!

Une homélie de saint Bernard de Clairvaux, au 12e siècle, pour la fête des Apôtres Pierre et Paul.

Saint Bernard de Clairvaux

28/06/2006

C’est avec raison, mes frères, que l’Église, notre mère, applique aux saints apôtres ces paroles du Sage : « Ce sont des hommes de miséricorde, dont les justices ne tombent point dans l’oubli, les biens qu’ils ont laissés à leur postérité, y subsistent toujours (Eccli. XIV, 10 et 11). » Oui, on peut bien les appeler des hommes de miséricorde, tant parce qu’ils ont obtenu miséricorde pour eux-mêmes, que parce qu’ils sont pleins de miséricorde, ou que c’est dans sa miséricorde que Dieu nous les a donnés. Voyez, en effet, quelle miséricorde ils ont obtenue. Si vous interrogez saint Paul sur ce point, on même si seulement vous voulez l’écouter, il vous dira de lui-même : « J’ai commencé par être un blasphémateur, un persécuteur, un homme inique, mais j’ai obtenu miséricorde de Dieu (I Tim. I, 13). » Qui ne sait, en effet, tout le mal qu’il a fait aux chrétiens à Jérusalem ? Que dis-je, à Jérusalem? Sa rage insensée se déchaînait dans la Judée tout entière, où il voulait déchirer les membres de Jésus-Christ sur la terre. Dans ces sentiments de furie, il allait ne respirant que menaces et que carnage contre les disciples du Seigneur (Act. IX, 1), quand il devint disciple de ce même Seigneur qui lui fit connaître tout ce qu’il devait souffrir pour son nom. Il allait exhalant, par tout son être, l’odeur d’un cruel venin, lorsque, tout à coup, il se vit changé en envase d’élection, et sa bouche ne fit plus entendre que des paroles de bonté et de piété : « Seigneur, s’écrie-t-il, que voulez-vous que je fasse ? » Certes, on peut bien dire qu’un pareil changement est l’œuvre de la main de Dieu. II avait donc bien raison de s’écrier : « C’est une vérité certaine et digne d’être reçue avec une entière déférence, que Jésus-Christ est venu dans le monde sauver les pécheurs, au premier rang desquels je puis me placer (I Tim. I, 15). » Prenez donc confiance, mes frères, et consolez-vous à ce langage de saint Paul, et, si vous êtes convertis au Seigneur, que le souvenir de vos fautes passées ne tourmente pas vos consciences à l’excès, qu’il vous soit plutôt un motif de vous humilier, comme le fait saint Paul quand il s’écriait : « Je suis le moindre des apôtres, je ne mérite même point de porter ce nom, parce que j’ai persécuté l’Église de Dieu (I Cor. XV, 9). »
Pour ce qui est du bienheureux Pierre, j’ai une autre chose à vous dire; mais une chose d’autant plus sublime qu’elle est unique. En effet, si Paul a péché, il l’a fait sans le savoir, car il n’avait point la foi; Pierre, au contraire, avait les yeux tout grands ouverts au moment de sa chute. Eh bien, là où la faute a abondé, a surabondé la grâce, si on peut dire que la rédemption de ceux qui pèchent avant de connaître Dieu, avant d’avoir senti l’effet de ses miséricordes, avant d’avoir porté le joug si doux et si léger du Seigneur, enfin avant d’avoir reçu la grâce de la dévotion et les consolations du Saint-Esprit, est une rédemption abondante. Or c’est dans ses conditions que nous nous sommes tous trouvés, toutefois pour ceux qui, après s’être convertis, retombent dans les liens du péché et du vice, oublient la grâce qu’ils ont reçue, regardent en arrière après avoir mis la main à la charrue, redeviennent tièdes (…)
(…) Je ne demande qu’une chose à ceux qui tombent, c’est de ne point s’enfoncer davantage dans le mal, mais plutôt de se relever avec la ferme confiance que le pardon ne leur sera point refusé, pourvu qu’ils confessent leurs fautes de tout leur cœur. En effet, si saint Pierre, dont je vous parle en ce moment, a pu s’élever à un pareil degré de sainteté, après avoir fait une si lourde chute, qui pourra désormais se désespérer, pour peu qu’il veuille lui aussi sortir de ses péchés? (…)
(…) Vous avez entendu quelle miséricorde ont obtenue les apôtres, et nul de vous, désormais, ne sera accablé de ses fautes passées, plus qu’il ne faut. Eh quoi ! en effet ! Si vous avez péché dans le siècle, Paul n’a-t-il point péché davantage? Si vous avez fait une chute en religion même, Pierre n’en a-t-il pas fait une plus profonde que vous? Or, l’un et l’autre; en faisant pénitence, non-seulement ont fait leur salut, mais sont devenus de grands saints, que dis-je, sont devenus les ministres du salut, les maîtres de la sainteté. Faites donc de même; mon frère, car c’est pour vous que l’Écriture les appelle des hommes de miséricorde; sans doute à cause de la miséricorde qu’ils ont obtenue.
Mais on peut encore fort bien entendre ce mot, hommes de miséricorde, en-ce sens que les apôtres ont été pleins de miséricorde, ou encore qu’ils ont été miséricordieusement donnés de Dieu à l’Église entière. En effet, ce n’est pas pour eux que ces hommes ont vécu, ce n’est point pour eux non plus qu’ils sont morts; mais c’est pour celui qui est mort pour eux; disons mieux , c’est pour nous tous, à cause, de lui. En effet, de quel avantage ne sera point pour nous leur justice, quand nous voyons, je vous l’ai montré, de quels biens leurs péchés mêmes ont été pour nous la source ? Oui, leur vie est pour nous, leur doctrine est pour nous, leur mort même est pour nous, car dans leur conversion les bienheureux apôtres nous ont appris la continence; dans leurs prédications, la sagesse; dans leur passion, la patience. Il est même un quatrième bien que ces hommes de miséricorde ne cessent de nous valoir encore aujourd’hui, ce sont les fruits des saintes existences. Et même, dans leur vie, on pourrait encore trouver un bien à citer dans la confiance que nous donnent les miracles qu’ils ont opérés. Qui pourrait énumérer les biens innombrables que nous avons reçus par eux? C’est donc à bien juste titre que la sainte Écriture, après avoir dit, en parlant d’eux : « Ce sont des hommes de miséricorde, » ajoute aussitôt, « leurs justices ne tombent point dans l’oubli.»

HOMÉLIE DE S. AUGUSTIN POUR LA FÊTE DES APÔTRES PIERRE ET PAUL

27 juin, 2012

http://www.paperblog.fr/2790207/homelie-de-s-augustin-pour-la-fete-des-apotres-pierre-et-paul/

HOMÉLIE DE S. AUGUSTIN POUR LA FÊTE DES APÔTRES PIERRE ET PAUL

Le martyre des saints Apôtres Pierre et Paul a fait pour nous de ce jour un jour sacré. Nous ne parlons pas de quelques martyrs obscurs: Ce qu’ils proclament a retenti par toute la terre, et leur parole, jusqu’au bout du monde. Ces martyrs ont vu ce qu’ils ont prêché, après avoir vécu selon la justice, en proclamant la vérité, en mourant pour la vérité. C’est le bienheureux Pierre, le premier des Apôtres, celui qui aimait fougueusement le Christ, qui a eu le bonheur de s’entendre dire: Et moi, je te le déclare: Tu es Pierre. Car lui-même venait de dire: Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant. Et le Christ lui dit alors: Et moi, je te le déclare: Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église. Sur cette pierre je bâtirai la foi que tu viens de confesser. Sur cette parole que tu viens de dire: Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant, je bâtirai mon Église. Car tu es Pierre. Le nom de Pierre vient de la pierre, et non l’inverse. Le nom de Pierre vient de la pierre, comme «chrétien» vient de Christ. Ainsi que vous le savez, le Seigneur Jésus, avant sa passion, choisit ses disciples, et leur donna le nom d’Apôtres. Parmi eux, c est Pierre qui, presque en toute circonstance, mérita de personnifier toute l’Église à lui seul. C’est parce qu’il personnifiait l’Église à lui seul qu’il a eu le bonheur de s’entendre dire : Je te donnerai les clefs du Royaume des cieux. En effet, ce n’est pas un homme seul, mais l’Église dans son unité, qui a reçu ces clefs. Ceci met en relief la prééminence de Pierre, car il a représenté l’universalité et l’unité de l’Église lorsqu’il lui fut dit: Je te confie, alors que c’était confié à tous. En effet, pour que vous sachiez que c’est l’Église qui a reçu les clefs du Royaume des cieux, écoutez ce que le Seigneur dit à tous ses Apôtres dans un autre endroit: Recevez l’Esprit Saint. Et aussitôt: Tout homme à qui vous remettrez ses péchés, ils lui seront remis; tout homme à qui vous maintiendrez ses péchés, ils lui seront maintenus. Et c’est encore à juste titre que le Seigneur, après sa résurrection, confia à Pierre en personne la charge de faire paître ses brebis. Car il n’est pas le seul parmi les disciples qui méritait de faire paître les brebis du Seigneur; mais Si le Christ parle à un seul, c’est pour mettre en valeur l’unité. Et il s’adresse en premier à Pierre parce que Pierre est le premier parmi les Apôtres. ~ Ne sois pas triste, Apôtre, d’être interrogé trois fois: réponds une fois, réponds deux fois, réponds trois fois. Que ta confession soit victorieuse trois fois par l’amour, parce que ta présomption a été trois fois vaincue par la crainte. Il faut délier trois fois ce que tu avais lié trois fois. Délie par l’amour ce que tu avais lié par la crainte. Et cependant le Seigneur, une fois, deux fois, et trois fois, a confié ses brebis à Pierre. En un même jour, on célèbre la passion de deux Apôtres! Mais ces deux ne faisaient qu’un: bien qu’ils aient souffert à des jours différents, ils ne faisaient qu’un. Pierre a précédé, Paul a suivi. Nous célébrons le jour de fête de ces Apôtres, consacré pour nous par leur sang. Aimons leur foi, leur vie, leurs labeurs, leurs souffrances, ce qu’ils confessaient, ce qu’ils prêchaient.

Saints Apôtres Pierre et Paul – Méditation du Père Lev Gillet

27 juin, 2012

http://orthodoxie.pagesperso-orange.fr/textes/feteStPierreStPaul.html

Saints Apôtres Pierre et Paul

RÉJOUIS-TOI, Ô PIERRE L’APÔTRE,
TOI LE GRAND AMI DU MAÎTRE, LE CHRIST NOTRE DIEU.
RÉJOUIS-TOI BIEN AIMÉ PAUL,
PRÉDICATEUR DE LA FOI ET DOCTEUR DE L’UNIVERS.
INTERCEDEZ TOUS DEUX AUPRÈS DU CHRIST NOTRE DIEU.
POUR LE SALUT DE NOS ÂMES

Méditation du Père Lev Gillet

Il existe un lien spirituel étroit entre cette fête et celle de la Pentecôte, car le témoignage des apôtres est le fruit direct de la descente du Saint-Esprit sur eux. L’importance de la fête de Saint Pierre et Saint Paul dans le cycle liturgique byzantin est indiquée par le fait qu’un carême spécial – dit «carême des apôtres» – prépare les fidèles à cette solennité. Cette période de jeûne, en pratique un jeûne assez adouci, commence le lundi qui suit le premier dimanche après la Pentecôte et prend fin avec la journée du 28 juin.
«Exaltons Pierre et Paul, ces deux grandes lumières de l’Eglise car ils brillent dans le firmament de la foi…». Ainsi chantons-nous aux vêpres de la fête, le soir du 28 juin. Aux matines comme aux vêpres, les hymnes semblent partager également la louange entre les deux apôtres, auxquels on s’adresse tour-à-tour. Toutefois l’évangile lu à matines concerne spécialement l’apôtre Pierre. Nous y entendons (Jean 21:14-25) Notre-Seigneur demander trois fois à Pierre : «m’aimes-tu ? ». La première fois, Jésus dit : «m’aimes-tu plus que ceux-ci ?». Trois fois Pierre répond avec une humilité à la fois attristée et fervente : «Oui, Seigneur, tu sais que je t’aime». Et trois fois Jésus lui dit de paître le troupeau du Bon Pasteur : «Pais mes agneaux… Pais mes brebis…». Puis Jésus prédit à Pierre d’une manière voilée, «le genre de mort par lequel Pierre devait glorifier Dieu».
Cet évangile a deux choses à nous dire. Tout d’abord, il pose clairement la question unique, la question sur laquelle nous avons et nous aurons à répondre : «M’aimes-tu». Tout, dans la vie chrétienne, se réduit à cette question. Pouvons-nous répondre avec Pierre : «Oui, Seigneur, tu sais que je t’aime» ? Nos actions ne donneraient-elles pas un lamentable démenti à cette affirmation ? Cependant, répondre simplement que nous n’aimons pas le Seigneur serait méconnaître et étouffer les aspirations – si faibles soient-elles – que le Saint-Esprit met dans nos cœurs et dirige vers le Christ. Disons donc à Jésus : «Seigneur, tu sais tout, tu sais que je t’aime. Je n’attends rien de moi; j’attends tout de la grâce».
Le deuxième enseignement donné par cet évangile concerne la nature de l’autorité dans l’Eglise. Le Seigneur confère ici à Pierre une autorité spéciale. On remarquera, d’abord que cette autorité est fondée sur une primauté d’amour – «m’aimes-tu plus que ceux-ci ?» et ensuite qu’elle consiste dans un service humble et désintéressé, – « pais mes agneaux ..». Toute prééminence parmi les chrétiens qui ne serait pas une prééminence d’amour et de service ne correspond pas aux intentions de Notre Seigneur. Toute autorité qui, dans l’Eglise, s’ exprimerait en termes de prestige, ou de possession matérielle, ou de domination deviendrait étrangère et hostile à cette sollicitude vraiment pastorale à laquelle Jésus appelle Pierre à participer. Sur ces paroles du Seigneur à Pierre seront jugés tous ceux qui revendiquent une autorité au sein de la communauté des fidèles.
La liturgie du 29 juin manifeste, par les textes qu’elle nous fait entendre, combien le ministère de Pierre et celui de Paul sont tous deux nécessaires et complémentaires. L’évangile (Matthieu 16:13-19) contient la confession de Pierre à Césarée de Philippes: «Tu es le Christ le Fils du Dieu vivant…» et la réponse de Jésus : «Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise, et les Portes de l’enfer ne tiendront pas devant elle. Je te donnerai les clefs du Royaume des Cieux : quoique tu lies sur la terre sera tenu dans les cieux pour lié, et ce que tu délies sur la terre sera tenu dans les cieux pour délié».
Ce texte a soulevé bien des controverses. Mais il demeure certain que Jésus a voulu reconnaître et sanctionner par l’octroi d’un pouvoir spirituel éminent l’acte de foi que Pierre venait de formuler. L’épître (2 Corinthiens 11:21-12:9) énumère les titres de Paul, appelé directement à l’apostolat par le Christ, a être considéré comme égal ou même supérieur en autorité aux ministres de l’Evangile déjà régulièrement institués et reconnus : «Ils sont ministres du Christ ? Moi plus qu’eux…». Paul fonde cette affirmation, d’une part sur les souffrances qu’il a endurées, d’ autres part les les grâces et révélations qui lui ont été accordées. Une étude attentive du rapports de PauI et des Onze peut nous apprendre beaucoup sur la question de l’autorité dans l’église. Paul ne s’y est jamais élevé contre l’élément «institutionnel» représenté par l’apostolat «historique» des Onze.
Il a reçu l’imposition des mains de ceux qui étaient déjà reconnus comme possédant le Saint-Esprit. Il a soumis à l’approbation de l’église réunie à Jérusalem ses propres méthodes d’apostolat. Mais il n’ a jamais admis ni que sa vocation extraordinaire fût inférieure à la vocation normale des autres apôtres; ni que sa connaissance du Christ, toute spirituelle et reçue par grâce, fût moindre que la connaissance qu’avaient de Jésus ses premiers disciples; ni qu’il dût sacrifier ses propres convictions aux vues du plus autorisé des apôtres : «Quand Céphas vint à Antioche, je lui résistai en face, parce qu’il s’était donné tort. Plus l’Eglise sera dominée par le Saint-Esprit, plus elle surmontera toute tension entre l’ autorité régulièrement acquise et la liberté spirituelle. Une synthèse doit s’établir entre la tradition et l’inspiration. Pierre et Paul ne peuvent pas être séparés; et c’ est pourquoi l’Eglise les célèbre le même jour. Redisons avec elle :
«Réjouis-toi, ô Pierre l’Apôtre, toi le grand ami du Maître, Christ notre Dieu. Réjouis-toi bien aimé Paul, prédicateur de la foi et docteur de l’univers. A cause de cela, intercédez tous deux auprès du Christ notre Dieu pour le salut de nos âmes ».
L’Eglise veut associer tous les autres Apôtres à l’hommage qu’elle rend à Pierre et Paul. Aussi la journée du 30 juin est-elle dédiée à la commémoraison collective des Douze. Comme le dit le Kondakion du jour, «… en commémorant, aujourd’hui leur souvenir, nous glorifions celui qui les a glorifiés ».

Textes tirés du livre « L’an de grâce du Seigneur »
du Père Lev Gillet (« Un moine de l’Eglise d’orient ») aux éditions du Cerf

Jean 21:14-25
C’était déjà la troisième fois que Jésus se montrait à ses disciples depuis qu’il était ressuscité des morts.
Après qu’ils eurent mangé, Jésus dit à Simon Pierre: Simon, fils de Jonas, m’aimes-tu plus que ne m’aiment ceux-ci? Il lui répondit: Oui, Seigneur, tu sais que je t’aime. Jésus lui dit: Pais mes agneaux.
Il lui dit une seconde fois: Simon, fils de Jonas, m’aimes-tu? Pierre lui répondit: Oui, Seigneur, tu sais que je t’aime. Jésus lui dit: Pais mes brebis.
Il lui dit pour la troisième fois: Simon, fils de Jonas, m’aimes-tu? Pierre fut attristé de ce qu’il lui avait dit pour la troisième fois: M’aimes-tu? Et il lui répondit: Seigneur, tu sais toutes choses, tu sais que je t’aime. Jésus lui dit: Pais mes brebis.
En vérité, en vérité, je te le dis, quand tu étais plus jeune, tu te ceignais toi-même, et tu allais où tu voulais; mais quand tu seras vieux, tu étendras tes mains, et un autre te ceindra, et te mènera où tu ne voudras pas.
Il dit cela pour indiquer par quelle mort Pierre glorifierait Dieu. Et ayant ainsi parlé, il lui dit: Suis-moi.
Pierre, s’étant retourné, vit venir après eux le disciple que Jésus aimait, celui qui, pendant le souper, s’était penché sur la poitrine de Jésus, et avait dit: Seigneur, qui est celui qui te livre?
En le voyant, Pierre dit à Jésus: Et celui-ci, Seigneur, que lui arrivera-t-il?
Jésus lui dit: Si je veux qu’il demeure jusqu’à ce que je vienne, que t’importe? Toi, suis-moi.
Là-dessus, le bruit courut parmi les frères que ce disciple ne mourrait point. Cependant Jésus n’avait pas dit à Pierre qu’il ne mourrait point; mais: Si je veux qu’il demeure jusqu’à ce que je vienne, que t’importe?
C’est ce disciple qui rend témoignage de ces choses, et qui les a écrites. Et nous savons que son témoignage est vrai.
Jésus a fait encore beaucoup d’autres choses; si on les écrivait en détail, je ne pense pas que le monde même pût contenir les livres qu’on écrirait.(retour au texte)

Matthieu 16:13-19
Jésus, étant arrivé dans le territoire de Césarée de Philippe, demanda à ses disciples: Qui dit-on que je suis, moi, le Fils de l’homme?
Ils répondirent: Les uns disent que tu es Jean Baptiste; les autres, Élie; les autres, Jérémie, ou l’un des prophètes.
Et vous, leur dit-il, qui dites-vous que je suis?
Simon Pierre répondit: Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant.
Jésus, reprenant la parole, lui dit: Tu es heureux, Simon, fils de Jonas; car ce ne sont pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais c’est mon Père qui est dans les cieux.
Et moi, je te dis que tu es Pierre, et que sur cette pierre je bâtirai mon Église, et que les portes du séjour des morts ne prévaudront point contre elle.
Je te donnerai les clefs du royaume des cieux: ce que tu lieras sur la terre sera lié dans les cieux, et ce que tu délieras sur la terre sera délié dans les cieux. (retour au texte)

2 Corinthiens 11:21-12:9
J’ai honte de le dire, nous avons montré de la faiblesse. Cependant, tout ce que peut oser quelqu’un, -je parle en insensé, -moi aussi, je l’ose!
Sont-ils Hébreux? Moi aussi. Sont-ils Israélites? Moi aussi. Sont-ils de la postérité d’Abraham? Moi aussi.
Sont-ils ministres de Christ? -Je parle en homme qui extravague. -Je le suis plus encore: par les travaux, bien plus; par les coups, bien plus; par les emprisonnements, bien plus. Souvent en danger de mort, cinq fois j’ai reçu des Juifs quarante coups moins un,
trois fois j’ai été battu de verges, une fois j’ai été lapidé, trois fois j’ai fait naufrage, j’ai passé un jour et une nuit dans l’abîme.
Fréquemment en voyage, j’ai été en péril sur les fleuves, en péril de la part des brigands, en péril de la part de ceux de ma nation, en péril de la part des païens, en péril dans les villes, en péril dans les déserts, en péril sur la mer, en péril parmi les faux frères.
J’ai été dans le travail et dans la peine, exposé à de nombreuses veilles, à la faim et à la soif, à des jeûnes multipliés, au froid et à la nudité.
Et, sans parler d’autres choses, je suis assiégé chaque jour par les soucis que me donnent toutes les Églises.
Qui est faible, que je ne sois faible? Qui vient à tomber, que je ne brûle?
S’il faut se glorifier, c’est de ma faiblesse que je me glorifierai!
Dieu, qui est le Père du Seigneur Jésus, et qui est béni éternellement, sait que je ne mens point!…
A Damas, le gouverneur du roi Arétas faisait garder la ville des Damascéniens, pour se saisir de moi; mais on me descendit par une fenêtre, dans une corbeille, le long de la muraille, et j’échappai de leurs mains.
Il faut se glorifier… Cela n’est pas bon. J’en viendrai néanmoins à des visions et à des révélations du Seigneur.
Je connais un homme en Christ, qui fut, il y a quatorze ans, ravi jusqu’au troisième ciel (si ce fut dans son corps je ne sais, si ce fut hors de son corps je ne sais, Dieu le sait).
Et je sais que cet homme (si ce fut dans son corps ou sans son corps je ne sais, Dieu le sait) fut enlevé dans le paradis, et qu’il entendit des paroles ineffables qu’il n’est pas permis à un homme d’exprimer.
Je me glorifierai d’un tel homme, mais de moi-même je ne me glorifierai pas, sinon de mes infirmités.
Si je voulais me glorifier, je ne serais pas un insensé, car je dirais la vérité; mais je m’en abstiens, afin que personne n’ait à mon sujet une opinion supérieure à ce qu’il voit en moi ou à ce qu’il entend de moi.
Et pour que je ne sois pas enflé d’orgueil, à cause de l’excellence de ces révélations, il m’a été mis une écharde dans la chair, un ange de Satan pour me souffleter et m’empêcher de m’enorgueillir.
Trois fois j’ai prié le Seigneur de l’éloigner de moi, et il m’a dit: Ma grâce te suffit, car ma puissance s’accomplit dans la faiblesse. Je me glorifierai donc bien plus volontiers de mes faiblesses, afin que la puissance de Christ repose sur moi.

JEAN PAUL II : SOLENNITÉ DES SAINTS PIERRE ET PAUL (2000)

26 juin, 2012

http://www.vatican.va/holy_father/john_paul_ii/homilies/2000/documents/hf_jp-ii_hom_20000629_sts-peter-paul_fr.html

SOLENNITÉ DES SAINTS PIERRE ET PAUL

HOMÉLIE DU SAINT PÈRE JEAN PAUL II

Jeudi 29 juin 2000

1. « Mais pour vous, qui suis-je? » (Mt 16, 15).

Cette question sur son identité, Jésus la pose aux disciples, alors qu’il se trouve avec eux en haute Galilée. Il était arrivé plusieurs fois que ce soit eux qui posent des questions à Jésus; désormais, c’est Lui qui les interpelle. Il pose une question précise, qui attend une réponse. C’est Simon-Pierre qui prend la parole au nom de tous: « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant » (Mt 16, 16).
La réponse est extraordinairement lucide. La foi de l’Eglise s’y reflète de façon parfaite. Nous aussi, nous nous y reflétons. De façon particulière, dans les paroles de Pierre se reflète l’Evêque de Rome, par volonté divine son indigne successeur. Et autour de lui et avec lui, vous vous reflétez dans ces paroles, chers Archevêques métropolitains, réunis ici de tant de parties du monde pour recevoir le Pallium en la solennité des saints Pierre et Paul.
A chacun de vous, j’adresse mon salut le plus cordial; une salutation que j’étends volontiers à tous ceux qui vous ont accompagnés à Rome et à vos communautés, unies spirituellement à nous en cette circonstance solennelle.
2. « Tu es le Christ! ». A la confession de Pierre, Jésus répond: « Tu es heureux Simon, fils de Jonas, car cette révélation t’est venue, non de la chair et du sang, mais de mon Père qui est dans les cieux » (Mt 16, 17).
Tu es heureux, Pierre! Heureux, car cette vérité, qui est centrale dans la foi de l’Eglise, ne pouvait naître dans ta conscience d’homme que par l’oeuvre de Dieu. « Nul ne connaît le Fils si ce n’est le Père, et nul ne connaît le Père si ce n’est le Fils, et celui à qui le Fils veut bien le révéler » (Mt 11, 27).
Nous réfléchissons sur cette page de l’Evangile particulièrement riche: le Verbe incarné avait révélé le Père à ses disciples; à présent est venu le moment où le Père lui-même leur révèle son Fils unique. Pierre accueille l’illumination intérieure et proclame avec courage: « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant »!
Ces paroles sur les lèvres de Pierre proviennent du plus profond du mystère de Dieu. Elles révèlent l’intime vérité, la vie même de Dieu. Et Pierre, sous l’action de l’Esprit divin, devient témoin et confesseur de cette vérité surhumaine. Sa profession de foi constitue ainsi la base solide de la foi de l’Eglise: « Sur toi je bâtirai mon Eglise » (cf. Mt 16, 18). Sur la foi et sur la fidélité de Pierre est édifiée l’Eglise du Christ.
La première communauté chrétienne en était bien consciente, elle qui, comme le rapportent les Actes des Apôtres, lorsque Pierre se retrouva en prison, se recueillit pour élever à Dieu une prière implorante pour lui (cf. At 12, 5). Elle fut écoutée, car la présence de Pierre était encore nécessaire à la communauté qui accomplissait ses premiers pas: le Seigneur envoya son ange le libérer des mains des persécuteurs (cf. ibid., 12, 7-11). Il était écrit dans les desseins de Dieu que Pierre, après avoir confirmé longuement ses frères dans la foi, aurait souffert le martyre ici à Rome, avec Paul, l’Apôtre des Nations, ayant lui aussi échappé plusieurs fois à la mort.
3. « Le Seigneur lui, m’a assisté et m’a rempli de force afin que, par moi, le message fût proclamé et qu’il parvînt aux oreilles de tous les païens » (2 Tm 4, 17). Ce sont les paroles de Paul au fidèle disciple Timothée: nous les avons écoutées au cours de la seconde lecture. Elles témoignent de l’oeuvre qui a été accomplie en lui par le Seigneur, qui l’avait choisi comme ministre de l’Evangile, « le saisissant » sur la route de Damas (cf. Ph 3, 12).
Enveloppé dans une lumière fulgurante, le Seigneur s’était présenté à lui, disant: « Saoul, Saoul, pourquoi me persécutes-tu? » (Ac 9, 4), tandis qu’une puissance mystérieuse le jetait à terre (cf. Ac 9, 5). « Qui es-tu, Seigneur? », avait demandé Saoul. « Je suis Jésus que tu persécutes »! (Ac 9, 5).
Telle fut la réponse du Christ. Saoul persécutait les fidèles de Jésus et Jésus lui faisait savoir que c’était Lui-même qui était persécuté à travers eux. Lui, Jésus de Nazareth, le Crucifié, que les chrétiens affirmaient être ressuscité. Si, à présent, Saoul en ressentait la puissante présence, il était clair que Dieu l’avait réellement ressuscité des morts. C’est véritablement Lui le Messie attendu par Israël, c’était Lui le Christ vivant et présent dans l’Eglise et dans le monde!
Saoul aurait-il pu par sa seule raison comprendre tout ce qu’un tel événement comportait? Certainement pas! Cela faisait partie en effet des desseins mystérieux de Dieu. Ce sera le Père qui donnera à Paul la grâce de connaître le mystère de la rédemption, opérée par le Christ. Ce sera Dieu qui lui permettra de comprendre la réalité merveilleuse de l’Eglise, qui vit pour le Christ, avec le Christ et dans le Christ. Et lui, participant à cette vérité, ne cessera de la proclamer inlassablement jusqu’aux extrémités de la terre.
De Damas, Paul commencera son itinéraire apostolique qui le conduira à diffuser l’Evangile dans tant de parties du monde alors connu. Son élan missionnaire contribuera ainsi à la réalisation du mandat du Christ aux Apôtres: « Allez donc, de toutes les nations faites des disciples » (Mt 28, 19).
4. Très chers frères dans l’épiscopat qui êtes venus recevoir le Pallium, votre présence souligne de façon éloquente la dimension universelle de l’Eglise qui jaillit du commandement du Seigneur: « Allez donc, de toutes les nations faites des disciples » (Mt 28, 19).
En effet, vous provenez de quinze pays de quatre continents, et vous avez été appelés par le Seigneur pour être les Pasteurs des Eglises métropolitaines. L’imposition du Pallium souligne bien le lien particulier de communion qui vous lie au Siège de Pierre et manifeste la nature catholique de l’Eglise.
Chaque fois que vous revêtirez ce Pallium, rappelez-vous, très chers frères que comme Pasteurs, nous sommes appelés à sauvegarder la pureté de l’Evangile et l’unité de l’Eglise du Christ, fondée sur le « roc » de la foi de Pierre. C’est à cela que vous appelle le Seigneur; telle est notre mission incontournable de guides prévoyants du troupeau que le Seigneur nous a confié.
5. La pleine unité de l’Eglise! Je sens retentir en moi la consigne du Christ. Il s’agit d’une consigne ô combien urgente en ce début de nouveau millénaire. Prions pour cela, et oeuvrons sans jamais nous lasser d’espérer.
Avec ces sentiments, j’embrasse et je salue avec affection la délégation du Patriarcat oecuménique de Constantinople, venue célébrer avec nous la mémoire liturgique de Pierre et de Paul. Merci, vénérés frères, de votre présence et de votre participation cordiale à cette solennelle célébration liturgique. Que Dieu nous accorde de parvenir le plus tôt possible à la pleine unité de tous les croyants dans le Christ.
Que les Apôtres Pierre et Paul nous obtiennent ce don, eux que l’Eglise rappelle en ce jour, au cours duquel on fait mémoire de leur martyre, et donc de leur naissance dans la vie de Dieu. Pour l’Evangile, ils ont accepté de souffrir et de mourir et ils ont participé à la résurrection du Seigneur.
Leur foi, confirmée par le martyre, est la même foi que Marie, la Mère des croyants, des Apôtres, des saints et des saintes de tous les siècles.
Aujourd’hui, l’Eglise proclame à nouveau leur foi. Il s’agit de notre foi, la foi immuable de l’Eglise en Jésus, unique Sauveur du monde; dans le Christ, le Fils du Dieu vivant, mort et ressuscité pour nous et pour toute l’humanité.

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