Archive pour la catégorie 'Carême 2019'

 » ACCEPTEZ-VOUS DONC COMME CHRIST VOUS A AUSSI REÇUS, POUR LA GLOIRE DE DIEU » (ROM. 15: 7)

14 mars, 2019

http://www.atma-o-jibon.org/italiano10/parola_feb15.htm

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Saulo« 

ACCEPTEZ-VOUS DONC COMME CHRIST VOUS A AUSSI REÇUS, POUR LA GLOIRE DE DIEU »
(ROM. 15: 7)

Voulant se rendre à Rome et, de là, se rendre en Espagne, l’apôtre Paul est précédé de sa « Lettre » aux communautés chrétiennes présentes dans cette ville! En eux, qui seront bientôt témoins, avec un nombre incalculable de martyrs, d’une adhésion sincère et profonde à l’Évangile, des tensions, des incompréhensions et même des rivalités ne manquent pas, comme ailleurs. En fait, les chrétiens de Rome présentent des antécédents sociaux, culturels et religieux variés. Il y a des gens qui viennent du judaïsme, du monde hellénique et de l’ancienne religion romaine: peut-être du stoïcisme ou d’autres orientations philosophiques … Ils portent en eux leurs traditions de pensée et leurs convictions éthiques! Certains sont dits « faibles », car ils suivent des coutumes alimentaires particulières: ils sont, par exemple, végétariens, ou coller à des calendriers, qui indiquent des jours spéciaux de jeûne; d’autres sont dits « forts », car, libres de ces conditionnements, ils ne sont pas liés à des tabous alimentaires ni à des rituels spéciaux! À tous, Paolo adresse une invitation pressante …
« Acceptez-vous donc, exactement comme Christ vous a accueilli, pour la gloire de Dieu! »
Déjà auparavant, dans la « Lettre », il avait abordé le sujet, s’adressant tout d’abord aux « forts », pour les inviter à « accueillir » les « faibles », « sans discuter de leurs opinions »; ensuite, aux « faibles », parce qu’ils accueillent à leur tour les « forts », sans les juger, après avoir été eux-mêmes « accueillis » par Dieu …
En fait, Paolo est convaincu que tout le monde, malgré la diversité des opinions et des coutumes, agit par amour pour le Seigneur! Il n’y a donc aucune raison de juger, ceux qui pensent autrement, encore moins de le scandaliser, de manière arrogante et avec un sentiment de supériorité … Ce que nous devons plutôt viser, c’est le bien de tous, « l’édification mutuelle »: c’est-à-dire la construction de la Communauté, son unité (voir « Rm 14,1-23″)!
Il s’agit d’appliquer, également dans ce cas, la grande norme de la vie chrétienne, que Paul avait rappelée un peu plus tôt dans la « Lettre »: « La plénitude de la Loi est charité » (« Rom. 13.10″). Ne se comportant plus « selon la charité » (« Rom. 14.15″), les chrétiens de Rome avaient échoué dans l’esprit de fraternité, qui devait animer les membres de chaque communauté!
L’Apôtre propose, comme modèle d’acceptation mutuelle, celui de Jésus lorsque, dans sa mort, au lieu de se plaire à lui-même, il a pris sur lui nos faiblesses (voir « Rm 15.1-3″). .. D’en haut, de la Croix, il a attiré chacun vers soi et a accueilli le Juif John et le Centurion romain: Marie-Madeleine, ainsi que le criminel crucifié avec lui!
« Acceptez-vous donc, exactement comme Christ vous a accueilli, pour la gloire de Dieu! »
Même dans nos communautés chrétiennes, bien qu’étant tous « aimés de Dieu et des saints, par appel » (« Rom 1,7″), il existe, comme ceux de Rome, des désaccords et des contrastes entre différentes façons de voir, et cultures, souvent distantes les unes des autres … Souvent, traditionalistes et innovateurs s’opposent – pour utiliser une langue, peut-être un peu simpliste, mais tout de suite compréhensible -: les gens plus ouverts, les autres plus fermés, intéressé par un christianisme plus social ou plus spirituel! Les différences sont alimentées par des convictions politiques et des contextes sociaux différents … Le phénomène d’immigration actuel ajoute de nouvelles composantes à nos assemblées liturgiques et aux divers groupes ecclésiaux, de diversification culturelle et d’origine géographique!
La même dynamique peut être déclenchée, dans les relations entre chrétiens de différentes Églises, mais aussi au sein de la famille, sur le lieu de travail ou en politique … Puis la tentation de juger, qui ne pense pas comme nous, et de se considèrent supérieurs, dans une opposition stérile, et exclusion, réciproque!
Le modèle proposé par Paul n’est pas l’uniformisme, qui s’aplatit, mais la communion, entre différents, qui enrichit! Pas par hasard, deux chapitres auparavant, dans la même « Lettre », parlent de l’unité du corps et de la diversité des membres, ainsi que de la variété des charismes qui enrichissent et animent la Communauté (voir « Rm 12.3 -13 « ). Le modèle n’est pas, pour reprendre une image du pape François, la sphère, où chaque point est équidistant, du centre, sans qu’il y ait de différence entre un point et un autre … Le modèle est le polyèdre, qui a des surfaces différentes, entre eux, et une composition asymétrique, où tous les biais conservent leur originalité! « Même les gens, qui peuvent être critiqués pour leurs erreurs, ont quelque chose à contribuer, qui ne doit pas être perdu … C’est l’union des peuples, qui, dans l’ordre universel, ils conservent leur particularité; c’est la totalité des gens, dans une société qui cherche un bien commun qui incorpore vraiment tout! ».
« Acceptez-vous donc, exactement comme Christ vous a accueilli, pour la gloire de Dieu! »
La « Parole de Vie » est une invitation pressante à reconnaître le positif qui existe dans l’autre, du moins pour le fait que Christ a donné sa vie, même pour cette personne, que je serais amené à juger … C’est une invitation à écouter, laisser tomber les mécanismes de défense: rester ouvert au changement, accueillir la diversité, dans le respect et l’amour, se réunir pour former une Communauté plurielle et unie!
Cette « Parole » a été choisie par « l’Église évangélique », en Allemagne, pour être vécue par ses membres et pour être sa lumière, pour toute l’année 2015 … Pour la partager, au moins ce mois-ci, parmi les membres de diverses Églises , il veut déjà être un signe d’acceptation mutuelle!
Ainsi, nous pourrons rendre gloire à Dieu avec un seul cœur et une seule voix (« Rom 15.6″), car, comme le disait Chiara Lubich, dans la « Cathédrale réformée » de Pierre « , à Genève: » Le temps présent [...] demande l’amour de chacun de nous: unité, communion, solidarité! Et il appelle aussi les Eglises à reconstruire l’unité, rompue depuis des siècles … C’est la « réforme des réformes » que le Ciel nous demande! C’est le premier pas nécessaire vers la fraternité universelle, avec tous les hommes et toutes les femmes du monde … Le monde, en fait, croira si nous sommes unis! « .

Fabio Ciardi

BASILE DE CÉSARÉE : HOMÉLIE 6, SUR L’AVARICE

13 mars, 2019

http://www.patristique.org/Basile-de-Cesaree-Homelie-6-sur-l.html

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Carême 

BASILE DE CÉSARÉE : HOMÉLIE 6, SUR L’AVARICE

par Luc Fritz

Vendredi 6 novembre 2009 — Dernier ajout vendredi 9 avril 2010
Homélie de saint Basile de Césarée sur cette parole de l’évangile de Luc : « Je détruirai mes greniers et j’en construirai de plus grands » (Lc 12, 18) et sur l’avarice.

l y a deux sortes de tentations. Ou bien les peines éprouvent les cœurs, comme l’or dans la fournaise (cf. Sg 3, 6), lorsque par la patience qu’elles exigent, elles montrent qu’ils ne méritaient pas la considération dont ils jouissaient ; ou bien c’est la prospérité même qui devient souvent pour le plus grand nombre une épreuve. Ce sont deux choses également difficiles pour l’âme, de ne pas se laisser abattre par les traverses et de ne pas se porter aux excès dans la prospérité.
Nous avons un exemple de la première sorte de tentation dans Job, ce grand homme, cet invincible athlète qui soutint toute la violence du diable, comme le cours impétueux d’un torrent, d’un cœur inébranlable et d’un esprit tranquille, et apparut d’autant plus grand au sortir des tentations que les luttes engagées avec lui par son ennemi paraissaient terribles et fatales.
En autres exemples de tentation qui se présentent dans la prospérité, il y a ce riche dont on vient de parler : il possédait des richesses et il en espérait d’autres. Le bon Dieu ne l’avait pas condamné d’abord à cause de sa dureté, et toujours ajoutait de nouvelles richesses à ses richesses premières, pour voir si, l’ayant enfin rassasié, il pourrait inviter son âme à la sociabilité et à la douceur : « Il y avait un homme riche, dit l’Écriture, dont le domaine avait beaucoup rapporté, et il s’entretenait ainsi en lui-même : Que ferai-je ? Je détruirai mes greniers et j’en construirai de plus grands. » (Lc 12, 16-18).
Pourquoi donc avait tant rapporté le domaine de cet homme qui ne devait faire aucun bon usage de sa richesse ? Pour que parût davantage la longanimité d’un Dieu dont la bonté s’étend jusqu’à de tels individus : « Il fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes, et il fait lever le soleil sur les méchants et sur les bons » (Mt 5, 45). Mais une pareille bonté de la part de Dieu appelle sur les criminels un châtiment plus grand. Il a répandu les pluies sur la terre cultivée par des mains avares ; il a donné le soleil pour échauffer les semences et multiplier les fruits, grâce à la fertilité du sol. C’est de Dieu que viennent ces avantages : une terre convenable, un air bien tempéré, des semences abondantes, des bœufs qui prêtent leur concours, et tout ce qui permet à l’agriculture de prospérer. Or, qu’y avait-il en notre homme ? L’aigreur du caractère, la haine à l’égard des autres hommes, l’égoïsme. C’est ainsi qu’il répondait à son bienfaiteur. Il ne se souvenait pas de notre commune nature ; il ne pensait pas qu’il faut distribuer son superflu aux pauvres ; il ne tenait aucun compte du précepte : « Ne manque pas de faire du bien au pauvre » (Pr 3, 27), et « Que l’aumône et que la foi ne te quittent pas » (Pr 3, 3), et « Romps ton pain pour celui qui a faim » (Is 58, 7). Tous les prophètes, tous les docteurs lui criaient ces enseignements, mais ils n’étaient pas entendus : ses greniers craquaient, trop étroits pour contenir le blé qu’on y avait entassé, mais son cœur cupide n’était pas rempli.
Comme il ne cessait d’ajouter de nouvelles récoltes aux anciennes, et d’accroître sa richesse par les apports de chaque année, il tomba dans un embarras inextricable : il refusait de laisser partir les vieilles récoltes, à cause de son avarice, et il ne pouvait pas recevoir les nouvelles, à cause de la trop grande quantité qu’il avait déjà. Aussi, ses desseins étaient-ils sans effet, ses préoccupations sans remède. Que ferai-je ? Qui n’aurait pitié d’un homme aussi tourmenté ? Malheureux à cause de la fertilité de son domaine, il est à plaindre pour les biens qu’il possède, plus à plaindre encore pour ceux qu’il atttend. Ce ne sont pas des revenus que la terre lui procure, ce sont des gémissements qu’elle lui enfante. Ce n’est pas l’abondance des fruits qu’elle lui prodigue, ce sont des soucis, des chagrins et un embarras terrible. Il se plaint à la manière des pauvres. Ne fait-il pas entendre aussi cette parole, celui qui est pressé par la misère ? Que ferai-je ? Comment me procurer la nourriture ? Comment me procurer le vêtement ? Ces questions, le riche lui aussi les pose. Son cœur s’afflige, dévoré par les soucis. Ce qui réjouit les autres, consume de chagrin l’avare. Il n’est pas heureux de voir tous ses magasins remplis, et la richesse qui afflue et qui déborde de ses greniers blesse son âme effrayée à la seule pensée de jeter un regard sur ceux du dehors, et d’être la cause d’un peu de soulagement pour les malheureux.
2. Le mal dont souffre son âme me paraît semblable à celui qu’éprouvent les gloutons : ils aiment mieux crever de gloutonnerie que de partager leurs restes avec les pauvres. Écoute, ô homme, celui qui t’a pourvu. Souviens-toi de toi-même, qui tu es, quel bien tu administres, de qui tu l’as reçu, pourquoi tu as été préféré à la plupart. Tu as été fait serviteur d’un Dieu bon, intendant de tes compagnons d’esclavages ; ne crois pas que tout a été préparé pour ton ventre. Délibère au sujet des biens que tu as en mains avec la pensée que ce sont ceux d’autrui : ils te charment un peu de temps, puis ils s’écrouleront et disparaîtront, mais il t’en sera demandé un compte exact. Tu tiens toute ta richesse ramassée et renfermée derrière des portes et des verrous ; tu en as interdit l’accès par des sceaux, et cependant tu ne peux dormir à cause des soucis, et tu tiens conseil en toi-même, car tu te sers de toi-même comme d’un conseiller sans raison. Que ferai-je ? Il était tout simple de dire : je rassasierai les âmes de ceux qui ont faim, j’ouvrirai mes greniers et j’inviterai tous les pauvres. J’imiterai Joseph et je me ferai le héraut de la bonté. Je prononcerai des paroles magnanimes : « Vous tous qui manquez de pain, venez à moi ; vous aurez part, chacun suivant ses besoins, aux biens dont Dieu m’a gratifié ; vous y puiserez comme à des fontaines publiques. » Mais toi, tu n’es pas ainsi. Pourquoi ? Tu envies aux hommes l’usage des richesses, et, réunissant en ton âme un conseil de méchants, tu t’inquiètes, non de savoir comment tu pourras distribuer à chacun le nécessaire, mais comment, après avoir reçu tous les biens, tu pourras empêcher tout le monde d’en jouir. Ceux qui lui redemandaient son âme était là (Lc 12, 20), et lui s’entretenait de sa nourriture avec son âme. Cette nuit-là même il était enlevé, et il s’imaginait de nombreuses années de jouissance. Il lui fut accordé de former tous les desseins et de manifester sa pensée, afin que la sentence qu’il devait entendre fût digne du choix qu’il aurait fait.
3. Prends garde d’éprouver le même sort. L’histoire de cet homme a été écrite pour que nous évitions de lui ressembler. Imite la terre, ô homme : porte du fruit comme elle, ne te montre pas pire que la nature inanimée. Au surplus, la terre ne nourrit pas ses fruits pour sa propre jouissance, mais pour ton utilité ; tandis que toi, tous les fruits que tu montres de ta bienfaisance, tu les ramasses pour toi-même, parce que la récompense que méritent les bonnes œuvres revient aux bienfaiteurs. Tu as donné à celui qui avait faim, et ce que tu as donné est de nouveau à toi et te revient avec des intérêts. De même, en effet, que le blé, lorsqu’il est tombé en terre, devient un gain pour celui qui l’y a jeté, de même le pain, offert à celui qui a faim, produit dans la suite de multiples avantages. Que la fin de l’agriculture soit donc pour toi le commencement des semailles célestes : « Semez, dit l’Écriture, pour vous-mêmes dans la justice » (Gn 10, 12). Pourquoi donc te tourmentes-tu, pourquoi te frappes-tu toi-même dans tes efforts pour enfermer ta richesse dans le mortier et les briques ? « Une bonne renommée vaut mieux que de grandes richesses » (Pr 22, 1). Si tu admires l’argent à cause de la considération qu’il procure, considère combien il est plus profitable pour ta gloire d’être appelé père de milliers d’enfants que d’avoir dans ta bourse des milliers de statères. Tu laisseras là ton argent, même si tu ne le veux pas ; au contraire, tu emporteras devant le Maître l’honneur qui te reviendra de tes bonnes œuvres, lorsqu’un peuple entier t’entourera en présence du Juge commun, t’appellera nourricier, bienfaiteur, et te donnera tous les noms de la bonté. Ne vois-tu pas ceux qui, dans les théâtres, pour l’honneur d’un moment, les acclamations et les applaudissements du peuple, jettent leur fortune aux lutteurs au pancrace, aux comédiens et à ces hommes qui luttent contre les bêtes féroces et dont la vue seule inspirerait le dégoût ? Et toi, tu regardes à la dépense, alors que tu dois t’élever à une si grande gloire ? C’est Dieu qui t’approuvera, ce sont les anges qui t’acclameront bienheureux : une gloire éternelle, une couronne de justice, le royaume des cieux, tels sont les prix que tu recevras pour l’intendance de ces richesses corruptibles. Mais tu ne te soucies de rien de tout cela, et, par suite de ton zèle pour les biens présents, tu méprises ceux que tu dois espérer. Allons ! Distribue donc de toutes manières ta richesse, sois libéral et magnifique dans tes dépenses pour les indigents. Que l’on dise aussi de toi : « Il a dispersé ses biens, il les a donnés aux pauvres ; sa justice demeure pour l’éternité » (Ps 111, 9). Ne profite pas de la détresse pour vendre cher. N’attends pas la disette pour ouvrir tes greniers, « car celui qui vend son blé au poids de l’or est maudit du peuple » (Pr 11, 26). N’attends pas la famine pour en tirer de l’or, la misère commune en vue de ton opulence personnelle. Ne deviens pas un trafiquant des calamités humaines. Ne fais pas de la colère de Dieu une occasion d’accroître ta fortune. Ne ravive pas les blessures de ceux que les fouets ont meurtris. Mais tu portes tes regards du côté de l’or, et tu les détournes de ton frère. Tu reconnais l’empreinte des pièces de monnaie et tu distingues les vraies des fausses, mais ton frère dans le besoin, tu l’ignores complètement.
4. La belle couleur de l’or te procure une jouissance extrême, mais tous les gémissements dont le pauvre te poursuit, tu les comptes pour rien. Comment te mettre sous les yeux les souffrances de l’indigent ? Ce malheureux, après avoir inspecté sa maison, voit qu’il n’y a pas d’or chez lui, qu’il n’y en aura jamais ; que ses meubles et ses vêtements ont l’aspect misérable de la propriété des pauvres, d’une valeur totale de quelques oboles. Que faire donc ? Il tourne enfin les yeux vers ses enfants, pour les conduire au marché et trouver ainsi un moyen de retarder la mort. Considère ici le combat que se livrent la faim qui presse et les sentiments paternels. Celle-là menace notre homme de la mort la plus affreuse, la nature le tire de son côté et essaye de lui persuader de mourir avec ses enfants. Souvent il se décide, aussi souvent il revient sur sa décision ; finalement il succombe, contraint par la nécessité et l’implacable besoin. Et quel conseil tient-il en lui-même ce père ? « Lequel vendrai-je en premier ? Lequel le marchand de blé verra-t-il avec plus de plaisir ? Faut-il aller vers le plus âgé ? Mais je respecte en lui le droit d’aînesse. Vers le plus jeune ? Mais j’ai pitié de son âge qui ne sait pas encore ce que c’est que le malheur. Celui-ci est le portrait frappant de ses parents, celui-là est doué pour les études. Hélas ! Quel embarras ! Que devenir ? Sur lequel d’entre-eux vais-je tomber ? Quelle âme de la bête sauvage faut-il que je revête ? Comment pourrai-je oublier la nature ? Si je les garde tous, je les verrai tous consumés par la souffrance. Si j’en vends un, de quel œil regarderai-je ceux qui resteront, devenu désormais pour eux suspect de trahison ? Comment pourrai-je habiter ma maison, après m’être privé moi-même de mon enfant ? Comment m’assoirai-je à ma table qui connaîtra l’abondance à un pareil prix ? » Et il va, inondé de larmes, vendre le plus aimé de ses fils. Toi, cependant, tu restes inflexible devant sa douleur, tu ne tiens pas compte de la nature. La faim presse cet infortuné, et toi, tu le fais attendre, tu te moques de lui, tu prolonges son malheur. Il offre ses entrailles pour payer sa nourriture, et non seulement ta main n’est pas paralysée quand elle reçoit le prix que tu tires d’une telle détresse, mais tu discutes même sur ce prix, comme si tu offrais trop, tu t’efforces de recevoir beaucoup tout en donnant peu, et tu te sers de tous les moyens pour rendre plus accablant le malheur de cet infortuné. Ses larmes n’excitent pas ta pitié, ses gémissements n’amollissent pas ton cœur ; tu es inflexible et inexorable. Tout à tes yeux devient or, l’or obsède ton imagination ; c’est l’objet de tes rêves quand tu es endormi, de tes préoccupations quand tu es éveillé. De même, en effet, que ceux que la folie égare ne voient pas les objets réels, mais ce que leur hallucination leur présente d’après leur passion ; ainsi, ton âme, possédée par l’avarice, voit partout l’or, partout l’argent. Tu verrais avec plus de plaisir l’or que le soleil. Ton voeu est que tout se change en or, et tu t’appliques à le réaliser dans la mesure de tes forces.
5. Quelle invention ne mets-tu pas en mouvement à cause de l’or ? Le blé pour toi devient or, le vin se durcit en or, la laine pour toi se change en or ; tout commerce, tout projet que tu formes te rapporte de l’or. L’or se donne naissance à lui-même, multiplié qu’il est par les intérêts ; et l’on n’est pas rassasié, et l’on ne peut trouver de terme à ses désirs. Souvent on laisse les enfants gourmands se gorger sans réserve de ce qu’ils aiment le plus, pour que la satiété excessive engendre en eux le dégoût. Avec l’avare, il n’en est pas ainsi : plus il se remplit, plus il désire. « Si la richesse afflue vers vous, ne l’attachez pas à votre cœur » (Ps 61, 11). Or, tu retiens le flot qui coule devant toi et tu lui fermes tous ses passages. Mais, tandis que vous gardez la fortune stagnante, que vous fait-elle ? Elle rompt ses digues, et, après avoir été violemment contenue, elle déborde, détruit les greniers du riche, rase ses magasins, comme un ennemi qui envahit un territoire. Il va les reconstruire plus grands ? Il ne sait s’il ne les laissera pas détruits à son successeur. Car il pourrait lui-même disparaître, emporté avant qu’il ait pu les relever d’après le projet inspiré par son avarice. Que cet homme ait la fin que méritent ses mauvais desseins !
Mais vous, si vous m’en croyez, vous ouvrirez toutes les portes de vos magasins et vous procurerez à vos richesses de larges débouchés. Comme un grand fleuve qui se répand par mille canaux sur une terre fertile, permettez à vos richesses de se disperser et de s’en aller, par des voies diverses, dans les maisons des pauvres. L’eau devient plus abondante dans les puits où on la tire, et croupit dans ceux qui ne servent pas. De même, la richesse immobilisée est inutile ; mais, si elle est mise en mouvement et en circulation, elle devient utile à tous et féconde. Quelle louange t’adresseront ceux à qui tu auras fait du bien ! Garde-toi de la mépriser ! Quelle récompense te décernera le juste Juge ! Garde-toi d’en douter ! Que partout se présente à toi l’exemple de ce riche accusé d’avarice, qui, gardant les biens qu’il avait déjà, s’inquiétait pour les biens à venir, et, dans l’incertitude où il était de vivre le lendemain, avait péché le jour même pour le lendemain. Le suppliant n’était pas encore venu, qu’il montrait d’avance sa cruauté. Il n’avait pas ramassé ses récoltes, qu’il était déjà condamné pour avarice. La terre l’accueillait avec ses productions, étalant dans les champs les épaisses moissons, montrant sur les sarments de vigne les grappes nombreuses, donnant l’olivier qui se couvre de fruits, et promettant toutes les jouissances que l’on peut cueillir sur les arbres. Notre homme, lui, n’était accueillant pour personne et ne produisait aucun fruit ; il ne possédait pas encore, qu’il portait déjà envie aux indigents. Et pourtant, que de dangers menacent les fruits avant la récolte ! La grêle les brise, la chaleur trop ardente nous les arrache des mains, l’eau qui tombe des nuages à contretemps les rend inutilisables. Tu ne pries donc pas le Seigneur de consommer ses bienfaits ? Mais non, tu te rends d’avance indigne de recevoir ce qui t’a été montré.
6. Tu t’entretiens avec toi-même dans le secret, mais tes paroles sont examinées dans le ciel. Aussi, est-ce de là que t’arrivent les réponses. Quels propos tiens-tu ? « Mon âme, tu as en réserve beaucoup de biens ; mange, bois, réjouis-toi chaque jour » (Lc 12, 19). Ô folie ! Si tu avais une âme de porc, quelle autre bonne nouvelle pourrais-tu lui annoncer ? Es-tu à ce point semblable aux bêtes, si peu intelligent quand il s’agit des biens de l’âme, que tu offres à la tienne, en signe de bon accueil, la nourriture de la chair, et que tu lui destines à cette âme tout ce que reçoivent les latrines ? Si elle possède la vertu, si elle est pleine de bonnes œuvres, si elle habite près de Dieu, elle a beaucoup de biens, qu’elle se réjouisse de la bonne joie de l’âme. Mais, puisque tes pensées sont terrestres, que tu as pour dieu ton ventre, que tu es tout charnel, asservi à tes passions, écoute le nom qui te convient, celui qu’aucun homme ne t’a donné mais le Seigneur lui-même : « Insensé ! cette nuit même on te redemandera ton âme ; et ce que tu as mis en réserve, pour qui sera-t-il ? » (Lc 12, 20). Cette dérision que t’attire ton imprudence est pire que le châtiment éternel.
En effet, celui qui, dans quelques instants, va être emporté et conduit devant le Juge, quels desseins forme-t-il ? « Je détruirai mes greniers et j’en construirai de plus grands ». Tu fais bien, lui dirais-je moi-même. Ils méritent d’être détruits tes magasins d’iniquité. Rase de tes propres mains ce que tu as construit mal à propos. Ouvre tes dépôts de grain, d’où jamais personne n’est sorti soulagé. Fais disparaître toute maison gardienne de ton avarice, renverse tes toits, démolis tes murs, montre au soleil ton blé moisi, fais sortir de prison tes richesses captives, expose au grand jour les ténébreux asiles de Mammon. « Je détruirai mes greniers et j’en construirai de plus grands ». Et si tu remplis aussi ceux-là, qu’imagineras-tu donc alors ? Est-ce que par hasard tu les détruiras encore, pour en construire encore d’autres ? Quoi de plus sort que de se fatiguer sans cesse, de s’empresser de construire pour s’empresser de détruire ? Tu as comme greniers, si tu le veux, le ventre des pauvres. Ramasse-toi un trésor dans le ciel (cf. Mt 6, 20). Ce qui est déposé là, les vers ne le mangent pas, la pourriture ne le dévore pas, les voleurs ne le dérobent pas. — Mais je partagerai avec les pauvres, quand j’aurai rempli mes seconds greniers. — Tu as fixé toi-même à ta vie un terme très éloigné. Prends garde que le temps, pressé d’arriver au jour fixé par Dieu, ne te devance, car ta promesse est une preuve, non de ta bonté, mais de ta méchanceté. En effet, tu promets, non pour donner ensuite, mais pour te soustraire au devoir présent. Qu’est-ce qui t’empêche de donner maintenant ? Le pauvre n’est-il pas là ? Tes greniers ne sont-ils pas pleins ? La récompense n’est-elle pas prête ? Le précepte n’est-il pas clair ? Celui qui a faim se consume, celui qui est nu est gelé, celui à qui on réclame une dette s’étrangle, et toi, tu renvoies ton aumône à demain ? Écoute Salomon : « Ne dis pas : Retourne chez toi et reviens, demain je donnerai ; car tu ne sais pas ce qu’enfantera le jour suivant » (Pr 3, 28 ; 27, 1). Quels commandements tu méprises, toi à qui l’avarice a bouché les oreilles ! Quelle reconnaissance tu devrais avoir pour ton bienfaiteur, combien tu devrais être joyeux et fier de l’honneur qui t’est fait, puisque tu n’as pas toi-même à causer du trouble à la porte d’autrui, et que ce sont les autres qui assiègent la tienne ! Mais tu es sombre et inabordable, tu évites les rencontres, de peur d’être forcé de laisser échapper de tes mains la moindre chose. Tu ne connais qu’un mot : je n’ai rien, je ne donnerai rien car je suis pauvre. Pauvre, tu l’es en effet, et dépourvu de tout bien : pauvre d’amour, pauvre de bonté, pauvre de foi en Dieu, pauvre d’espérance éternelle. Donne à tes frères une part de tes vers ; partage aujourd’hui avec l’indigent ce qui sera pourri demain. C’est faire preuve de la plus odieuse des avarices, que de ne pas vouloir partager avec les pauvres même ce qui se perd.
7. « À qui fais-je tort, dit l’avare, en gardant ce qui m’appartient ? » Qu’y a-t-il, dis-moi, qui t’appartienne ? Où as-tu pris quelque chose pour l’introduire dans ta vie ? Comme quelqu’un qui, après avoir occupé une place au théâtre, repousserait ceux qui voudraient entrer, parce qu’il considère comme sa propriété personnelle ce qui est mis à la disposition de tous indistinctement : tels sont les riches. Ils s’emparent d’avance de ce qui est à tous et se l’approprient en vertu du droit du premier occupant. Si chacun prenait seulement de quoi subvenir à ses besoins et laissait le superflu à l’indigent, personne ne serait riche, personne ne serait pauvre, personne ne serait dans la misère. N’es-tu pas sorti nu du sein de ta mère ? Ne t’en retourneras-tu pas nu encore dans la terre ? Les biens présents, d’où te sont-ils venus ? Si tu dis que c’est du hasard, tu es un impie, car tu ignores le Créateur et tu n’as pas de reconnaissance pour Celui qui t’a pourvu. Si tu admets que c’est de Dieu, dis-nous la raison pour laquelle tu les as reçus. Dieu serait-il injuste, lui qui nous distribue inégalement les choses nécessaires à la vie ? Pourquoi es-tu riche, toi, alors que celui-là est pauvre ? N’est-ce pas seulement pour que toi, tu reçoives la récompense de ta bonté et de ta fidèle administration, et que lui soit honoré des prix magnifiques réservés à la patience ? Mais toi, qui fais tout disparaître dans les insatiables replis de ton avarice, crois-tu ne fait tort à personne, lorsque tu dépouilles tant de gens ? Qui est l’avare ? Celui qui ne se contente pas du nécessaire. Qui est le spoliateur ? Celui qui prive chacun de ses biens. Et toi, n’es-tu pas avare, n’es-tu pas spoliateur, quand tu t’appropries les biens que tu as reçus en intendance ? Celui qui dépouille un homme de ses vêtements sera appelé voleur, et celui qui ne couvre pas l’homme qui est nu, alors qu’il peut le faire, est digne d’un autre nom ? Il appartient à celui qui a faim, le pain que tu gardes ; à celui qui est nu, le manteau que tu conserves dans tes coffres ; à celui qui est sans chaussures, la chaussure qui pourrit chez toi ; au pauvre, l’argent que tu tiens enfoui. Ainsi, tu commets autant d’injustices qu’il y a de personnes à qui tu pourrais donner.
8. « Ce sont là, dit l’avare, de belles paroles, mais l’or est encore plus beau ». Ils ont le même succès ceux qui discourent sur la chasteté devant les impudiques. Et, en effet, ces hommes, lorsqu’on accuse leur maîtresse, sont enflammés de désirs, à cause des souvenirs qu’on éveille en eux. Comment te mettre sous les yeux les souffrances du pauvre, pour que tu saches bien de quels gémissements tu fais ton trésor ? De quel prix t’apparaîtra au jour du jugement cette parole : « Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le royaume qui vous a été préparé dès le commencement du monde. Car j’ai eu faim, et vous m’avez donné à manger ; j’ai eu soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais nu et vous m’avez vêtu » (Mt 25, 34-36). Au contraire, quel frisson t’agitera, quelle sueur t’inondera, quelle obscurité se répandra autour de toi, si tu entends cette condamnation : « Retirez-vous de moi, maudits, allez dans les ténèbres extérieures, celles qui ont été préparées pour le diable et ses anges. Car j’ai eu faim, et vous ne m’avez pas donné à manger ; j’ai eu soif, et vous ne m’avez pas donné à boire ; j’étais nu et vous ne m’avez pas vêtu » (Mt 25, 41-43). Ce n’est pas le voleur qui est accusé ici, c’est celui qui ne partage pas qui est condamné.
Pour ma part, j’ai dit ce que je croyais utile. Toi, de ton côté, si tu te laisses persuader, les biens que renferment les promesses s’offrent clairement à tes yeux. Mais, si tu refuses d’obéir, la menace est écrite. Je souhaite qu’elle ne s’exécute pas pour toi. Prends un meilleur conseil, afin que tes richesses personnelles deviennent le prix de ta rançon, et que tu parviennes aux biens célestes qui te sont préparés, par la grâce de Celui qui nous a tous appelés à son royaume, et à qui appartiennent la gloire et la puissance dans les siècles des siècles. Amen.

Source :
Yves Courtonne, Homélies sur la richesse, édition critique et exégétique, Firmin-Didot, Paris 1935, p. 14-37.

COMMENT SAINT FRANÇOIS FIT UN CARÊME DANS L’ÎLE DU LAC DE PÉROUSE,

11 mars, 2019

http://saintfrancoisdassise.com/fioretti/jeune-40-jours

fr

COMMENT SAINT FRANÇOIS FIT UN CARÊME DANS L’ÎLE DU LAC DE PÉROUSE,

ou il jeûna quarante jours et quarante nuits et ne mangea rien de plus que la moitié d’un pain.

e véritable serviteur de Dieu saint François, parce qu’en certaines choses il fut quasi un autre Christ, donné au monde pour le salut des hommes, Dieu le Père voulut le rendre sur beaucoup de point conforme et semblable à son fils Jésus-Christ, ainsi qu’il apparaît dans le vénérable collège des douze compagnons, et dans l’admirable mystère des Stigmates sacrés, et dans le jeûne continuel du saint carême, qu’il fit de la manière suivante.
Saint François se trouvant une fois, le jour du carnaval près du lac de Pérouse, dans la maison d’un de ses dévots avec qui il avait passé la nuit, fut inspiré de Dieu d’aller faire ce carême dans une île de ce lac. Ce pourquoi saint François pria ce sien dévot de le porter sur sa nacelle, pour l’amour du Christ, dans une île du lac où n’habitât personne, et de le faire la nuit du jour des Cendres pour que nul ne s’en aperçût. Celui-ci à cause de la grande dévotion qu’il avait pour saint François, satisfit diligemment à sa prière et le passa dans cette île; et saint François n’emporta avec lui rien d’autre que deux petits pains. Arrivés dans l’île, comme son ami le quittait pour retourner chez lui, saint François le pria affectueusement de ne révéler à personne qu’il était là, et de ne revenir vers lui que le Jeudi-Saint. Et là-dessus l’autre s’en alla, et saint François resta seul.
Comme il n’y avait là aucun habitation où il pût se retirer, il entra dans un taillis très touffu, où beaucoup de ronces et d’arbustes avaient formé une sorte de petite cabane ou de tanière; et en ce lieu il se mit en oraison et à contempler les choses célestes. Et il resta là tout le carême sans boire et sans manger rien d’autre que la moitié d’un de ces petits pains, comme le découvrit ce sien dévot le Jeudi Saint, quand il retourna vers lui: des deux pains il trouva l’un entier et la moitié de l’autre. On croit que l’autre moitié, saint François la mangea par respect pour le jeûne du Christ béni, qui jeûna quarante jours et quarante nuits sans prendre aucune nourriture matérielle. Et ainsi avec ce demi pain il chassa loin de lui le venin de la vaine gloire, et à l’exemple du Christ il jeûna quarante jours et quarante nuits.
Puis en ce lieu, où saint François avait fait une si merveilleuse abstinence, Dieu opéra beaucoup de miracles par ses mérites; pour cette raison, les gens commencèrent à y édifier des maisons et à y habiter; et en peu de temps, il se bâtit un bon et grand village, et là se trouve le couvent des frères qu’on appelle le couvent de l’Île; et les hommes et les femmes de ce village ont encore grand respect et dévotion pour ce lieu où saint François fit ledit carême.

A la louange du Christ. Ainsi soit-il.

LES LIEUX BIBLIQUES FONDAMENTAUX: LE DÉSERT ET JÉSUS

7 mars, 2019

http://www.credereoggi.it/upload/2014/articolo203_43.asp

Schopin, Frederic, 1804-1880; The Children of Israel Crossing the Red Sea

Moïse, passage de la mer rouge

LES LIEUX BIBLIQUES FONDAMENTAUX: LE DÉSERT ET JÉSUS

(traduction Google de l’italien)

Martino Signoretto

« Les choses sont mieux vues du désert,
avec des proportions plus éternelles »
(Carlo Carretto)

Israël a été formé en tant que peuple de Dieu dans et à travers le désert. Avec cela, on peut dire que le désert fait partie de l’ empreinte de ce peuple [1] . Les prophètes ne manquent pas de rappeler le temps et l’espace du désert, de rappeler l’origine d’une identité [2] , dans laquelle se trouve une certaine image de Dieu.Le désert fait également partie de l’initiation de Jésus et implique aussi pour lui une empreinte , se situant immédiatement après le baptême, avant sa sortie à la vie publique.
Contrairement au Sinaï et au Néguev, Jésus assiste à un désert différent et plus petit, le désert de Juda. Contrairement aux quarante ans du peuple, Jésus y passa quarante jours. Changez le nom, l’emplacement géographique et l’heure, mais l’expérience est toujours celle du désert.
Le désert est également un lieu de connexion entre l’Ancien et le Nouveau Testament, entre le dernier des prophètes, Jean-Baptiste, et Jésus, qui inaugure le nouveau royaume. Jean vit dans le désert de Judée (Mt 3: 1) et interprète cette « voix qui pleure dans le désert », dont parle 40,3. Isaïe et le Baptiste ne se réfèrent pas au même désert, mais cela ne pose pas de problème à ceux qui écoutent l’accomplissement de l’oracle de l’isa. En effet, dans les synoptiques uniquement dans Mt 3.1, le nom du désert est explicité, dans toutes les autres citations que Jean et Jésus-Christ fréquentent simplement « le désert », rapportés avec l’article (Mt 4: 1, Lc 3: 2), sans nommer de quel désert il s’agit. L’auteur s’intéresse à ce lieu pour sa signification.
Le désert ne manque pas même dans la prédication de Jésus.Le bref récit de Mt 24, 23-26 montre comment il y avait des attentes messianiques qui imaginaient que le salut apparaîtrait dans le désert. Bien que le quatrième évangéliste n’apporte pas l’épisode initial de Jésus dans le désert dans les synoptiques [3] , il en mentionne le thème dans certains discours de Jésus: le serpent de bronze dans Jn 3:14; la manne en Jn 6,31,49. La référence à « l’eau vive » dans la rencontre avec le Samaritain dans Jn 4 et Jn 7,38 peut avoir pour toile de fond l’épisode de l’eau née du rocher de Es 17.
1. Le désert et son écosystème
Il y a deux grands déserts en Israël / Palestine: au sud de Bersabea à Eilat, le désert du Néguev s’en va, tandis que de la rive ouest de la mer Morte à la frontière avec la Samarie, s’étend le désert de Judas. Ils ne diffèrent que par leur amplitude. Ce sont essentiellement des rochers, alternant montagnes et collines avec des oueds , des bras de mer torrentiels parfois alimentés par une source rare qui crée de petites oasis, mais surtout des routes naturelles, également propices au pastoralisme [4] . Cela signifie qu’il faut toujours trouver des plantes qui poussent même dans des endroits improbables. Dans certains cas, ils indiquent où l’eau s’accumule dans les réservoirs souterrains après les pluies rares mais puissantes de l’hiver. Comme le dit Dt 11.11, la terre d’Israël « boit l’eau de la pluie qui vient du ciel » (voir Psaume 104.13).
Peut-être ne pourrions-nous pas imaginer assez en quoi cette différence avec les grands empires d’Égypte et de Mésopotamie, alimentés en eau toute l’année, est à la base d’une certaine spiritualité biblique, une spiritualité de confiance, de confiance en « qui fait pleuvoir » (Mt 5:45). La relation avec la mère Terre pose toujours les premières règles de la foi.
Ceux du Néguev et de la Judée sont des déserts peuplés d’animaux. Il existe des animaux diurnes, essentiellement des herbivores, et des animaux nocturnes, souvent des prédateurs, chantés et contemplés avec une certaine précision dans le Psaume 104 (comparez Ps 104.11.17-18 et Ps 104.20-23).
La combinaison de ces facteurs crée un écosystème complexe, précisément parce que l’eau ne manque pas complètement. La vie dans ces déserts « triomphe » de la mort, mais de manière cachée et humble.
Ce sont quelques-unes des indications permettant de comprendre comment même l’expérience de ce désert a influencé la représentation qu’Israël avait de sa propre foi [5] .
2. Le désert du roi David
Les épisodes les plus saillants liés au désert sont ceux du peuple israélien relaté dans Exodus and Numbers. Le roi David a également fait l’expérience du désert. Avant d’être proclamé, le roi devait connaître l’expérience de « l’exil » dans le désert, poursuivi par le roi Saül (voir 1 Samuel 23,14). Une fois proclamé roi de tout Israël, il ne pouvait échapper à un autre « exil » dans le désert. Après plusieurs années de règne, l’un de ses fils, Absalom, usurpe son trône. David fut obligé de partir, laissant Jérusalem entrer dans le désert. 1Sam 15,23.30 ramène ce moment difficile:
Tout le monde pleurait, pendant que tout le monde défilait. Le roi se tenait dans la vallée du Cedron, tandis que tout le monde passait devant lui et se dirigeait vers le désert. [...] David est monté sur le versant des olives; la salive a pleuré, la tête couverte et s’est poursuivie pieds nus. Tous les gens qui l’accompagnaient se couvraient la tête et pleuraient continuellement (1 Sam 15,23.30).
Qui a été à Jérusalem connaît le Cedron qui sépare la ville du mont des Oliviers, tourné vers l’est en direction du désert. En lisant le texte de Samuel, vous pouvez imaginer la scène: le roi David qui pleure alors qu’il quitte Jérusalem et « retourne » dans le désert. Après environ mille ans, Jésus venant de la route du désert, de Jéricho, descendant du mont des Oliviers, pleurera sur la ville sainte (Lc 19, 41-44).
Ces épisodes et d’autres contribuent à enrichir le mont des Oliviers avec son importance, en raison de son emplacement géographique et biblique. Cette montagne constitue en effet un passage obligé, entre le désert et la ville. Au fil des siècles, la géographie de la montagne a nourri une vision théologique: c’est la montagne des larmes [6].; une frontière naturelle entre la ville et le désert, mais aussi le lieu de passage eschatologique entre ciel et terre, sur lequel le messie posera les pieds selon Zac 14.4 [7] ; lieu important aussi pour ses tombeaux; une montagne très chère à Jésus
3. Le désert: « lieu de passage » et « lieu de preuve »
Le désert est considéré comme un lieu de procès et de tentation (en grec, le mot est identique, peirasmos ). C’était donc le cas pour le peuple d’Israël (Deut. 8,1-5), il en était de même pour Jésus (Mt 4: 1-11 et Lk 1-13). Tandis que le premier a cédé, augmentant les interventions de Dieu pour le pardonner et l’éduquer, le second a passé les tests, en ressortant « victorieux ». En lisant Mstteo et Luca, il y a trois tests: a) transformer les pierres en pain; b)jetez-vous au large de la falaise, rassurés par les anges, et donnez ainsi un spectacle; c) inclinez-vous devant Satan pour la gloire et le pouvoir. Ces tests sont liés aux appétits fondamentaux de la vie, résumés en trois verbes: avoir (a); valeur (b); puissance (c). D’un point de vue juif, ils semblent également liés aux trois éléments présents dans la prière du Shema Israel de Dt 6: 4-9: « De tout votre cœur, de toute votre âme et de toute votre force », ainsi que des trois rites de piété, aumône, jeûne et prière [8]. Selon la perspective juive, les trois tests correspondent donc à trois attitudes et comportements opposés. Jésus dans le désert, avec son jeûne et sa prière, aimait donc Dieu de tout son cœur, de toute son âme et de toute sa force.
La tradition voulait trouver un endroit pour se souvenir de cet épisode. C’est la «Laura di Duka» au Monte della Quarantena, la montagne qui surplombe la ville de Jéricho, en mémoire des quarante jours de Jésus dans le désert [9] . Nous voyons actuellement le monastère orthodoxe de 1895, mais la tradition est ancienne, liée à la figure de San Caritone.
Quarante jours ou quarante ans de désert sont « un lieu et un moment de passage ». C’est un espace et un temps pour grandir, apprendre de ses propres erreurs dans le cas d’Israël ou vérifier la bonté du « prophète », de ce qu’il est véritablement un envoyé de Dieu dans le cas de Jésus.
Les tentations du désert sont là pour pour dire une situation permanente, une exposition aux épreuves de la vie que le Fils de Dieu fera face à la croix. Luc mentionne cet aspect de manière plus explicite (voir Lc 4:13 à 19: 35-37). En fait, toute la vie de Jésus est exposée à la tentation, c’est une épreuve. Par exemple, dans Jean 6.15, Jésus évite de le proclamer roi. Il n’y a pas de preuve définitive, car toute une vie est mise à l’épreuve [10] .
4. Le désert: «lieu d’accueil»
La version de Marco diJésus dans le désert et concis, car il ne rapporte pas les trois tests:
Et aussitôt l’Esprit le poussa dans le désert et resta quarante jours, tenté par Satan. Il était avec les bêtes sauvages et les anges le servaient (Mc 1, 12-13).
Le terme « désert » apparaît deux fois avec l’article. L’évangéliste note que Jésus « était avec les bêtes féroces et que les anges le servaient ». Matthieu mentionne également les anges à la conclusion des trois tentations (Mt 4:11), mais dans Mark, la référence à une tradition apocryphe qui a précédé l’ère du Nouveau Testament est plus explicite. Selon cette tradition, Adam et Ève vivaient en paix avec les animaux, même ceux qui étaient devenus féroces et qui étaient servis par des anges [11] et Adam est entré pour prendre part à l’Éden après quarante jours [12] .
Le désert est un lieu et une époque de passage, mais Mark semble souligner également le fait qu’il s’agit d’un lieu de vie, d’accomplissement eschatologique, où Jésus, le nouvel Adam, remplit les promesses messianiques d’Isaia concernant le rapport à la nature (Is 35.1-2) et les animaux (Is 11.6-8) [13] .
L’Ancien Testament parle d’un désert fleuri, partant de l’expérience concrète qui peut encore être vécue aujourd’hui pour voir les déserts d’Israël triompher de verdure et de fleurs après les pluies torrentielles. Ce prodige ne manque pas de suggérer une référence au jardin terrestre (Is 51: 3), surtout pour un prophète comme Isaïe qui a nourri nombre de ses oracles d’espoir avec cette expérience:
Laissez le désert et la terre aride se réjouir, laissez la steppe fleurir et fleurir. Comme une fleur de narcisse fleurir; oui, chante avec joie et avec joie. On lui donne la gloire du Liban, la splendeur du Carmel et de Saron. Ils verront la gloire du Seigneur, la magnificence de notre Dieu (Is 35.1-2).
Le désert n’est pas appelé à exprimer un nouvel exode, comme un jardin, un nouvel Eden. Isaïe dans ses oracles inclut la terre sèche: il introduit dans l’idée de terre promise un désert fleuri, hospitalier, habitable, joyeux et beau, conçu comme un cadeau. Dans la relation entre le désert et le jardin (Eden), l’évangéliste Mark semble plus que d’autres comprendre une perspective future, anticipe avec un signe messianique ce qui est destiné, que viser, où il est dirigé, sans bouger. Is 11: 6-8 prophétise comment des animaux féroces participent également à cette paix:
Le loup habitera avec l’agneau; le léopard va se coucher à côté de l’enfant; le veau et le leoncello vont paître ensemble et un petit garçon les guidera. La vache et l’ours paîtront ensemble; leurs petits vont se coucher ensemble. Le lion se nourrira de paille, comme le boeuf. Le nourrisson jouera sur la fosse de la vipère; l’enfant mettra sa main dans la tanière du serpent venimeux (Is 11: 6-8).
À cela, nous pouvons également ajouter Is 43,20 et 65,25. L’image évoque un retour à la dimension primordiale, mais aussi un désir de paix où plus de sang n’est versé (Gen 9: 1-6), où le rapport à la nature n’implique plus la peur, la menace, la fatigue la survie. Dans la tradition apocryphe, après la chute, il est explicitement indiqué qu’Adam et Eve ont également été condamnés à avoir des animaux comme ennemis [14] . L’expression « était / était avec les foires », avec l’imparfait du verbe être dans un sens continu, devient l’écho de tout un nouveau monde de relations guéries, renouvelées et sauvées: un monde de paix totale.
Après des siècles, le désert de Juda a accueilli des centaines de moines. Comme Pia dit Compagnoni « le désert de Judée a fleuri, en fait, parce qu’il est peuplé par des milliers de créatures assoiffées de Dieu » [15] . Chariton, Euthymius, Théodose et Saba ne sont que quelques – uns des principaux moines ermites que du quatrième au sixième siècles ont choisi de rester à l’ oued du désert, a trouvé laure, l’ accueil des pèlerins, se consacrent à l’ ascèse et de prière, partager leurs expériences, bienvenue et les accompagner dans la vie spirituelle.
5. De la « terre promise » à la « promesse de la terre »
Ce passage implique également un réexamen géographique de la signification de la « terre promise » (He 11: 9), selon une vision eschatologique. La terre promise ne peut être imaginée comme un lieu exclusif et exclusif, si, d’un point de vue géographique, une destination est prophétisée là où même des lieux inhospitaliers comme le désert trouvent leur place. La « promesse de la terre » fait apparaître la possibilité d’hospitalité, même lorsque cela ne semble pas possible, car elle annonce une nouvelle terre hospitalière, tournée vers le Christ. Dans la seule « terre promise », le risque est que les frontières marchent de manière destructive et occupent l’espace du salut et ne le font pas [16] .
L’image géographique favorise l’interprétation biblique basée sur l’Ancien Testament. Jésus est aussi un « nouveau Josué », qui complète le chemin du peuple près des steppes de Moab, dans l’attente d’entrer dans le pays [17] . Le Jourdain est la frontière entre le temps du Pentateuque, qui est le temps et l’espace de « l’attente de la terre », et les livres historiques, le temps et l’espace dans lesquels on « vit sur la terre », car la promesse d’Abraham est accomplie ( 12,1-4 janvier).
Comme Josué, Jésus monte aussi du Jourdain, entre sur la terre, choisit la « Galilée des Gentils » (Is 8, 22) et commence son ministère par ces mots: « le royaume de Dieu est proche » (Mc 1,15; 4.43).
Le peuple avait à plusieurs reprises conquis et ensuite perdu la terre. Le royaume est devenu un rêve. Le peuple a été marqué par cette tension, entre le désert et la ville, entre la désertification et le logement. Jésus interrompt alors ce cycle terrible, dont on ne quitte pas, précisément parce qu’il n’est plus nécessaire de quitter le désert en permanence: le désert peut s’épanouir.
6. Jésus et ses déserts
Jésus quitte le désert aérien de Judée, mais le désert lui-même « voyage » avec Jésus dans les rues de Galilée. L’épisode initial est également paradigmatique pour sa valeur géographique. En fait, le désert caractérisera aussi l’œuvre de Jésus ailleurs.
Jésus commence sa vie publique, il apparaît dans les villages de Galilée, en particulier installé à Capharnaüm (Mt 4.13 et 9.1). Cette immersion dans la vie publique n’empêche pas Jésus de se démarquer, de choisir les « retraites » et c’est précisément le terme Eremos « désert », utilisé avec le mot topos « lieu », qui revient souvent pour signaler le moment où Jésus disparaît ( Mt 14,13, Mk 1,35,45, 6,31, Lk 4,42, 5,16).
S’il existe une discontinuité géographique, nous rencontrons en fait une forme de continuité terminologique derrière laquelle nous lisons un lien entre l’expérience de Jésus dans le désert de Juda et les choix ultérieurs de se retirer dans des « lieux déserts ». Dans son style itinérant, Jésus aime s’isoler au bon moment, il aime ne pas être immédiatement trouvé. Dans le dernier vers du premier chapitre de Marc, il semble entendre l’écho de quelque chose qui est arrivé au baptiste quand il était dans le désert:
Jésus ne pouvait plus entrer publiquement dans une ville, mais restait dehors, dans des lieux déserts ( eremois topois); et ils lui sont venus de tous les côtés (Mc 1, 45).
Il est curieux de penser que Girolamo appelle solitudo [18] un sommet situé dans la région de Tabgha, la région des sept sources, la plus fréquentée par Jésus et riche en références au Nouveau Testament, dans la région de Capernaum. C’est dans les montagnes de ce côté du lac que Jésus a aimé se retirer (Mc 1, 35; 6:46).
Même Égérie décrit la même région au nord-ouest du lac et parle de « une haute montagne sur laquelle le Seigneur explique les béatitudes à ses disciples et s’appelle Eremus  » [19].. La colline en face de l’église de la Primauté à Tabgha a une petite grotte à quelques mètres des vestiges byzantins, abandonnés, mémoire du lieu de la proclamation des béatitudes, maintenant déplacés vers le sommet de la montagne, certainement plus impressionnant pour les touristes. Cette grotte, même si elle n’a que peu de liens avec la tradition [20] , il est utile de comprendre la géographie du lac, d’imaginer comment Jésus a choisi les topos eremoi « déserts / lieux solitaires » (Marc 1:45), vrai observateurs du monde, isolés mais non isolés d’une réalité qui l’entourait et l’interrogeait.
Des hauteurs de Tabgha il est envisagé le lac: on pouvait voir certains ports, notamment celui de Capharnaüm, à droite sont visibles Tibériade et Magdala ( Tarichée), les cornes de Hattin où est arrivé le Wadi Hamam / Arbel , puis une route importante venant de Nazareth; en face, à l’est, il y avait la côte païenne, où se trouve l’épisode de Gerasa ( Kursi ) et la ville de Sushita ( Hyppos ), située sur la montagne, la ville de Decapolis.
Le désert accompagne donc toute la vie de Jésus, qui choisit de se retirer, appréciant une géographie de la terre permettant de jouir d’espaces de solitude en dehors des villages. Ce fut un temps et un lieu privilégié pour consulter notre Père céleste, un espace et un temps par rapport aux villages et aux routes, et donc aux gens.
Il y a un jeu de mots que les rabbins aiment faire parmi les termes hébreux dabar, «Word», et midbar , «désert». Etymologiquement , le mot retrace ses origines nell’ugaritico, mais est également interprété comme un nom composé I + Dabar , où je – permet d’interpréter privatif midbar avec le sens de « l’absence du mot. » En fait, dans le désert, la parole est absente, le silence est en vigueur, devenant un lieu idéal pour éduquer à la recherche du sens ultime de tout, pour comprendre que « non seulement le pain vit sur l’homme » (Mt 4: 4). Les gens ont donc vraiment besoin d’être conduits dans le désert, alors Jésus vous les apporte et les nourrit: c’est le partage des pains que nous trouvons dans Mc 6, 31-44 (voir Mt 14, 13-23). L’expression eremos topos, « Désert / solitaire » est répété trois fois (versets 31, 32 et 35). Dans Mc 6.40, la foule est divisée par cinquante et cent, rappelant l’ex 18.21.25.
Jésus nourrit le peuple avec sa manne, Jésus est la parole qui satisfait la faim et la soif du désert. Le désert éduque le chemin, la soif et la faim, c’est-à-dire le rapport entre soif et foi, entre désir et foi, entre recherche du sens et possibilité de le trouver là où il semble être absent. Jésus nous guérit de la peur du désert mais aussi de la recherche d’un désert à des fins ascétiques uniquement, pour une évasion du monde. En l’habitant, il anticipe précisément, dans le lieu le plus inhospitalier, l’hospitalité définitive qui nous attend dans les cieux.