Archive pour la catégorie 'Noël 2010'

Cantique de Noël

4 janvier, 2011

du site:

http://www.spiritualite2000.com/page-2255.php

Décembre 2009

Cantique de Noël

Franciszek Karpinski
Dieu – naît,
La Puissance – fond,
Le Tout-Puissant – se dépouille
Le Feu – se fige
La splendeur – s’assombrit,
L’Infini – se limite,
Le Méprisé – vêtu de gloire,
Le Mortel – Roi des siècles.
Et le Verbe s’est fait chair
Et il a habité parmi nous!

Qu’as-tu ciel
De plus que la terre?
Dieu a abandonné ton bonheur,
Il entre au milieu des hommes,
Partageant avec eux
La fatigue et les épreuves.
Oh, combien, combien Il a souffert!
Et tout cela à cause de nous.
Et le Verbe s’est fait chair
Et il a habité parmi nous!

Né dans une étable misérable,
On Lui donne une crêche
Pour berceau!
Qu’est-ce qui l’entoure?
Des animaux, des bergers et du foin.
C’est aux pauvres qu’il a été donné
De Le saluer avant les riches.
Et le Verbe s’est fait chair
Et il a habité parmi nous!

Ensuite les rois célèbres
Se mêlent aux simples
Avec leurs dons
Au Seigneur:
La myrrhe, l’encens et l’or.
Le Nouveau-Né
Les mélangea
Avec les cadeaux des simples.
Et le Verbe s’est fait chair
Et il a habité parmi nous!

Enfant de Dieu,
Soulève ta main.
Bénis la patrie tant aimée,
Dans les bons conseils
Et le bien-être
Soutiens sa force avec la Tienne.
Bénis nos maisons et nos biens,
Ainsi que nos villages et nos villes.
Et le Verbe s’est fait chair
Et il a habité parmi nous!

Franciszek Karpinski
traduction P. Christian Gewvron
« Cinq mille ans de Prière », ed Desclée Brouwer, 1989

Nous avons vu son étoile (Card. Barbarin)

4 janvier, 2011

du site:

http://www.inxl6.org/article1380.php

Nous avons vu son étoile

« Voici que des mages venus d’Orient arrivèrent à Jérusalem et demandèrent : Où est le roi des juifs qui vient de naître ? »

Cardinal Philippe Barbarin
04/01/2009

En ce temps de l’Epiphanie, arrêtons-nous pour contempler ces personnages étranges que sont les mages. L’Evangile les fait apparaître en un lieu précis (Jérusalem, puis Bethléem) et à un moment déterminé de l’histoire (« au temps du roi Hérode »), mais tout dans leur provenance est vague et flou. Combien sont-ils ? D’où viennent-ils ? Que font-ils ? « Des mages », c’est un pluriel indéterminé qui symbolise la multitude des hommes.
Supportant mal ces imprécisions, les fidèles se sont empressés de dire qu’ils étaient trois, sous prétexte qu’ils apportent trois présents, mais on peut être deux ou dix mille pour offrir de l’or, de l’encens et de la myrrhe. On leur a même donné des noms et, pour copier les trois mousquetaires, un roman n’a pas hésité à leur adjoindre un quatrième compagnon ! Comme nul ne sait ce qu’est un mage et puisque les cadeaux étaient somptueux, on en a fait des rois… Mais voilà… ils ne sont ni rois, ni trois. L’Evangile dit seulement : « des mages ». Ils viennent d’Orient, l’endroit où la lumière paraît, où elle encore petite. Peut-être sont-ils astrologues ? En tout cas, ils observent les étoiles et aiment cette science qui vient du fond des âges et semble être la mère de toutes les autres.

Marcher vers la lumière
Par le lever de cet astre, Dieu indique que le monde et l’histoire ont un centre. Les mages arrivent dans la capitale de la Terre Promise pour demander au peuple élu où est son Roi. L’arrivée des fils d’étrangers à Jérusalem nous rappelle l’explosion de joie du livre d’Isaïe. C’est la première lecture de la fête de l’Epiphanie : « Debout, Jérusalem ! Resplendis ; elle est venue ta lumière, et la gloire du Seigneur s’est levée sur toi… Les nations marcheront vers ta lumière, et les rois, vers la clarté de ton aurore… Tous les gens de Saba viendront, apportant l’or et l’encens et proclamant les louanges du Seigneur. » Jérusalem ne brille que parce que la lumière est venue et que la gloire s’est levée sur elle. Ce n’est pas elle qui attire, mais sa lumière, celle que Dieu, par grâce, fait resplendir en elle.
La démarche des mages est pleine de beauté et force. Ils ont vu et ils sont venus. Entre ces deux verbes, il faut en sous-entendre un troisième : ils ont cru. Lorsque Dieu nous permet d’entrevoir quelque chose, l’adhésion de l’intelligence conduit à la foi. C’est une énergie intérieure, un mélange de force, de volonté et d’amour qui nous met en chemin. Les mages nous donnent une illustration de la belle maxime de D. Bonhoeffer : « Il ne suffit pas d’être croyant, il faut encore être disciple. » Celui qui croit, se lève, veut écouter et suivre le Maître, et le terme de son parcours sera l’adoration de la source de toute sagesse. « Nous sommes venus nous prosterner devant lui. »

Affronter les ténèbres
Puis notre prière se trouble et s’égare dans l’obscurité, devant la figure d’Hérode jaloux de ses prérogatives, et qui semble dire : « On demande le roi, mais le roi, c’est moi ! » Le conflit sera mortel. Sur son parcours, le déploiement de ce péché entraînera les autres : il a peur et tout Jérusalem avec lui. Les conséquences sont connues : hypocrisie, volonté de puissance, massacre…
C’est à ce moment du récit que l’Ancien Testament est cité dans le prophète Michée. Pris d’inquiétude, le roi Hérode rassemble tous les chefs des prêtres et les tous les scribes d’Israël, pour leur demander où doit naître le Messie. Ils lui répondent : « A Bethléem en Judée, car voici ce qui est écrit par le prophète : Et toi, Bethléem en Judée, tu n’es certes pas le dernier parmi les chefs-lieux de Judée ; car de toi sortira un chef, qui sera le berger d’Israël mon peuple » (5, 1).
La révélation que Dieu a faite à son peuple, cautionnée par tous les chefs des prêtres et par tous les scribes d’Israël – interprètes autorisés des prophètes – , servira la perversité des desseins du roi ; et sa colère se déchaînera en rage meurtrière contre les enfants, au moment même où la bonté du Père atteint son sommet. Le texte semble souligner le contraste entre la réunion solennelle des sages et des savants, et la convocation secrète des mages. Faut-il craindre que dans les ténèbres du cœur d’un seul homme, le projet d‘amour de Dieu pour tout un peuple puisse être mis en échec ? L’histoire du XXè siècle a été tristement éclairante en ce domaine.

Trouver la joie
Notre joie revient ensuite, grâce à l’étoile consolatrice. Qu’elle nous aide à faire mémoire des visites de Dieu dans nos vies ! Rendons grâce pour les personnes et les événements qui ont été pour nous comme l’étoile des mages. Guidée par Dieu, elle ne fait qu’indiquer le lieu de notre renaissance, de notre conversion, de notre rencontre décisive avec le Messie. Elle apparaît et disparaît. Elle sollicite nos facultés personnelles, et, reconnue pour ce qu’elle est, elle provoque en nous une très grande joie. Est-il possible d’atteindre le bien du salut sans se laisser guider par elle ?
Constatons, sans répondre en théorie, que c’est elle ici qui permet aux Mages d’arriver à bon port. Grâce à elle, toutes les hésitations de l’homme disparaissent. Elle conduit jusqu’à la porte du Royaume celui qui cherche avec droiture.
L’evangile nous invite ensuite à pénétrer avec les mages dans la maison. Profitons de tout ce qui s’offre au regard : les attitudes et les gestes des mages, exprimés en une cascade de verbes : ils entrent, ils voient, ils tombent à genoux et se prosternent, ils ouvrent leurs coffrets et offrent leurs présents… Les cadeaux sont symboliques, dit la tradition : l’or indique la royauté, l’encens la prière adressée à l’Enfant-Dieu, et la myrrhe, son immortalité. Les conséquences sont faciles à tirer : humilité, adoration, offrande, ouverture de tout notre être devant Dieu…
Que se passe-t-il dans le cœur de Marie, quand elle voit entrer ces personnages étonnants ? Rien de particulier, me semble-t-il, aucune surprise. Ce n’est plus comme l’irruption de l’ange Gabriel, à Nazareth ; tout est devenu naturel pour elle. Elle sait bien que la royauté n’est pas dans ces mages fastueux, mais dans la chair fragile de l’enfant qu’elle tient dans ses bras. Depuis plus de six mois, elle chante que Dieu renverse les potentats de leurs trône et élève les humbles. Elle voit ce que font les hommes, elle entend ce qu’ils disent, mais elle sait désormais que toute sa vie a été saisie, qu’elle est dans la main de Dieu.

Poursuivre la route
Au terme de ce temps de la Nativité, lorsque nous passons en revue tout ce qui a été vécu depuis Noël : la venue des anges et des bergers, l’hommage du monde entier à cet enfant dans le prosternement des mages, les regards et les gestes de tendresse de Joseph et de Marie reflétant l’infini de l’amour trinitaire, comment ne pas se représenter ces familles de Bethléem où d’autres enfants, aimés, vont mourir sur l’ordre féroce d’Hérode… Comment ne pas penser que l’histoire se poursuit malheureusement, vingt siècles plus tard, sur cette Terre Sainte qui n’arrive pas à trouver la paix ? Comment ne pas évoquer aussi les absents, ceux à qui justement la naissance du Messie est destinée : les chefs des prêtres et les scribes du peuple élu. Ils ne sont pas venus. On ne les a pas vus.
Et moi, en ce temps de Noël, m’a-t-on vu devant la crèche, me suis-je prosterné devant l’Enfant-Dieu dans l’adoration silencieuse ? Dieu se servira peut-être de moi, comme d’une étoile, pour indiquer la présence du Messie aux hommes de ce temps, mais il faut d’abord suivre le chemin des mages et imiter leur attitude : savoir se prosterner devant l’enfant Dieu, ouvrir les coffrets, tout ouvrir, même ce qui est le plus secret, le plus scellé, ce qui est merveilleux comme ce qui fait honte. Puis s’offrir soi-même comme toute la vie du Christ fut une offrande pour l’amour des hommes. « Que l’Esprit Saint fasse de nous une éternelle offrande à ta gloire. »
Gloria et Pax, c’est le grand message de Noël. Que nos vies soient disponibles pour la gloire de Dieu, et il fera de nous des artisans de paix ! Il rendra son peuple semblable à une foule d’étoiles qui se lèvent devant le regard attentif des mages du XXIè siècle pour leur donner la joie, la très grande joie de se mettre en route et de découvrir enfin le Prince de la Paix.

Le Cardinal Philippe Barbarin est Archevêque de Lyon

Baptisés dans l’Esprit Saint (pour Noël)

27 décembre, 2010

du site:

http://www.paroisse.montigny-voisins.fr/?Baptises-dans-l-Esprit-Saint

Baptisés dans l’Esprit Saint

vendredi 8 janvier 2010

Le temps de Noël vient de se déployer pour nous dans la liturgie surtout avec la naissance du Sauveur, la fête de Sainte Famille, la solennité de la Mère de Dieu, l’Epiphanie du Seigneur et enfin aujourd’hui avec son Baptême dans le Jourdain par Jean, qui inaugure son ministère public.

Ce temps liturgique, que certainement nous aimons tout particulièrement et que l’Avent nous avait préparé à vivre, n’a de sens qu’en vue de ce qui doit suivre : le Verbe s’est fait chair afin de réaliser dans la chair ce qu’aucun homme n’était capable de faire et ainsi de pouvoir renouveler notre humanité, selon le projet bienveillant du Père des Cieux. Noël s’accomplit à Pâques et Pâques produit son fruit chaque jour dans le cœur des croyants de la Pentecôte jusqu’à la Parousie.

Cela peut nous rendre attentifs à plusieurs choses dans l’évangile que la sainte Eglise nous donne en ce jour. Nous retiendrons évidemment tout ce qui participe encore à l’Epiphanie du Seigneur (le Baptême du Seigneur est une « épiphanie » auprès des fils d’Israël, comme la visite des mages en est une pour les nations et les noces de Cana la première pour les disciples).

Nous retiendrons donc les cieux ouverts, la descente visible du Saint-Esprit sur Jésus et la voix qui le désigna, parmi tous les hommes et parmi tous les juifs, comme « Fils bien aimé », avec les mots mêmes du psaume deuxième. Mais recevons aussi une nouvelle fois les paroles du Baptiste : le Messie qui vient ne fera pas que baptiser « avec de l’eau » mais qu’il « baptisera dans l’Esprit Saint et dans le feu ». C’est bien ce que Jésus fera une fois ressuscité et élevé de terre, assis à la droite du Père. A nouveau, les cieux s’ouvriront et le Saint-Esprit descendra visiblement sur les premiers « baptisés dans l’Esprit ».

Aujourd’hui, c’est nous qui devons vivre de cet Esprit « dans lequel » le Messie de Dieu nous a plongés.

+ Abbé Bettoli

24 décembre, 2010

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Message Urbi et Orbi – 25 décembre 2001: 1. « Le Christ est notre paix »,

23 décembre, 2010

du site:

http://www.vatican.va/holy_father/john_paul_ii/messages/urbi/documents/hf_jp-ii_mes_20011225_urbi_fr.html

MESSAGE URBI ET ORBI

25 DÉCEMBRE 2001

(Jean Paul II) 

1. « Le Christ est notre paix »,
« C’est lui, le Christ, qui est notre paix :
des deux, … il a fait un seul peuple » (Ep 2, 14).
À l’aube du nouveau millénaire
qui avait commencé avec tant d’espérances,
mais qui est aujourd’hui menacé par de sombres nuages
de violence et de guerre,
la parole de l’Apôtre Paul,
que nous entendons en ce Noël,
est un rayon de vive lumière,
un cri de confiance et d’optimisme.
L’enfant divin né à Bethléem
nous apporte en ses petites mains
le secret de la paix pour l’humanité.
C’est lui le Prince de la paix !
Voici la joyeuse nouvelle qui a retenti cette nuit-là à Bethléem
et que je veux redire au monde
en ce jour béni.
Écoutons de nouveau les paroles de l’ange :
« Voici que je viens vous annoncer une bonne nouvelle,
une grande joie pour tout le peuple :
Aujourd’hui vous est né un Sauveur, dans la ville de David.
Il est le Messie, le Seigneur » (Lc 2, 10-11).
Aujourd’hui l’Église se fait l’écho des anges
et proclame leur message extraordinaire,
qui surprit en tout premier lieu les bergers
sur les hauteurs de Bethléem.
2. « Le Christ est notre paix » !
le Christ, « enfant emmailloté
et couché dans une mangeoire » (Lc 2, 12),
c’est vraiment lui qui est notre paix.
Un nouveau-né sans défense dans l’humilité d’une grotte
rend sa dignité à toute vie qui naît,
il donne l’espérance à ceux qui sont écrasés par le doute et le découragement.
Il est venu guérir les blessés de la vie
et redonner un sens même à la mort.
En cet enfant, doux et sans défense,
qui gémit dans une grotte froide et nue,
Dieu a détruit le péché
et il a déposé le germe d’une humanité nouvelle,
appelée à porter à son achèvement
le dessein originel de la création
et à le transcender par la grâce de la Rédemption.
3. « Le Christ est notre paix » !
Hommes et femmes du troisième millénaire,
vous qui avez faim de justice et de paix,
accueillez le message de Noël,
qui se répand aujourd’hui dans le monde !
Jésus est né pour raffermir les liens
entres les personnes et entre les peuples,
pour faire de tous, en lui, des frères.
Il est venu pour faire « tomber ce qui les séparait, le mur de la haine » (Ep 2, 14)
et pour faire de l’humanité une unique famille.
Oui, avec assurance nous pouvons affirmer :
Aujourd’hui avec le Verbe Incarné la paix est née !
Paix qu’il faut implorer,
parce que Dieu seul en est l’auteur et le garant.
Paix qu’il faut construire
dans un monde où peuples et nations,
éprouvés par des difficultés nombreuses et diverses,
espèrent en une humanité
mondialisée non seulement par des intérêts économiques,
mais par l’effort constant
d’une convivialité plus juste et plus solidaire.
4. Hâtons-nous, comme les bergers, à Bethléem,
tenons-nous en adoration dans la grotte,
fixant le regard sur le Rédempteur nouveau-né !
En lui nous pouvons reconnaître les traits
de chaque petit être humain qui vient à la lumière,
quelles que soient la race et la nation auxquelles il appartient:
c’est le petit Palestinien et le petit Israélien ;
c’est l’enfant des États-Unis et l’enfant d’Afghanistan ;
c’est le fils du Hutu et le fils du Tutsi…
C’est donc tout enfant, qui pour le Christ est quelqu’un.
Aujourd’hui, ma pensée se tourne vers tous les enfants du monde :
nombreux, trop nombreux sont les enfants
qui dès leur naissance sont condamnés sans faute de leur part
à souffrir des conséquences de conflits inhumains.
Sauvons les enfants
pour sauver l’espérance de l’humanité !
Celui qui nous le demande aujourd’hui avec force,
c’est cet enfant né à Bethléem,
le Dieu qui s’est fait homme
pour nous redonner le droit d’espérer.
5. Nous implorons du Christ le don de la paix
pour tous ceux qui sont éprouvés par des conflits anciens ou nouveaux.
Tous les jours, je porte en mon cœur
les problèmes dramatiques de la Terre sainte;
tous les jours, je pense avec appréhension
à tous ceux qui meurent de froid et de faim;
tous les jours me parvient
le cri plein de tristesse de ceux qui,
dans de nombreuses parties du monde,
invoquent une plus équitable répartition des ressources
et un travail dignement rétribué pour tous.
Que personne ne cesse d’espérer
dans la puissance de l’amour de Dieu !
Que le Christ soit la lumière et le soutien
de ceux qui croient et qui agissent, parfois à contre-courant,
pour la rencontre, le dialogue et la coopération
entre les cultures et entre les religions !
Que le Christ guide dans la paix les pas
de ceux qui s’engagent inlassablement
pour le progrès des sciences et des techniques !
Que jamais ces grands dons de Dieu ne soient utilisés
contre le respect et la promotion de la dignité humaine !
Que jamais le saint Nom de Dieu ne soit utilisé
pour justifier la haine !
Que jamais on ne se fasse une raison de l’intolérance et de la violence !
Puisse le doux visage de l’enfant de Bethléem
rappeler à tous que nous n’avons qu’un seul Père !
6. « Le Christ est notre paix » !
Frères et sœurs qui m’écoutez,
ouvrez votre cœur à ce message de paix,
ouvrez-le au Christ, Fils de la Vierge Marie,
à Celui qui s’est fait « notre paix » !
Ouvrez-le à Celui qui ne nous enlève rien, sinon le péché,
et qui nous donne en échange la plénitude
de l’humanité et de la joie.
Et toi, adorable Enfant de Bethléem,
porte la paix à toute famille et à toute ville,
à toute nation et à tout continent.
Viens, Dieu fait homme !
Viens et sois le cœur d’un monde renouvelé par l’amour !
Viens là où les destinées de l’humanité
sont le plus menacées !
Viens, ne tarde pas !
Tu es « notre paix » (Ep 2, 14) !

Pape Benoît: Audience générale du 22 décembre 2010 : Noël est proche !

23 décembre, 2010

du site:

http://www.zenit.org/article-26475?l=french

Audience générale du 22 décembre 2010 : Noël est proche !

Texte intégral

ROME, Mercredi 22 décembre 2010 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous le texte intégral de la catéchèse prononcée par le pape Benoît XVI, ce mercredi, au cours de l’audience générale, dans la salle Paul VI.

* * *

Chers frères et sœurs,

Avec cette dernière Audience avant les fêtes de Noël, nous nous approchons, impatients et remplis d’émerveillement, du « lieu » où pour nous et notre salut, tout a commencé, tout a trouvé son accomplissement, où se sont rencontrées et croisées les attentes du monde et du cœur humain à travers la présence de Dieu. Nous pouvons d’ores et déjà avoir un avant-goût de la joie, à cause de la petite lueur que l’on entrevoit et qui, de la grotte de Bethléem, commence à rayonner sur le monde. Nous avons été accompagnés sur le chemin de l’Avent, que la liturgie nous a invités à vivre, pour accueillir avec disponibilité et reconnaissance le grand Avènement de la venue du Sauveur et contempler, emplis d’émerveillement, son entrée dans le monde.
L’attente joyeuse, caractéristique des jours qui précèdent Noël, est certainement l’attitude fondamentale du chrétien qui désire vivre de façon féconde la rencontre renouvelée avec Celui qui vient habiter parmi nous : Jésus Christ, le Fils de Dieu fait homme. Retrouvons cette disposition du cœur chez ceux qui en premier accueillirent la venue du Messie : Zacharie et Elisabeth, les pasteurs, le peuple simple, et en particulier Marie et Joseph, qui ont vécu personnellement l’impatience, mais surtout la joie devant le mystère de cette naissance, et faisons-la nôtre. Tout l’Ancien Testament constitue une unique grande promesse, qui devait s’accomplir avec la venue d’un sauveur puissant. C’est ce dont témoigne en particulier le livre du prophète Isaïe, qui nous parle des tourments de l’histoire et de toute la création pour une rédemption destinée à redonner de nouvelles énergies et une nouvelle orientation au monde entier. Ainsi, à côté de l’attente des personnages des Ecritures Saintes, notre attente, celle qu’en ces jours nous vivons et celle qui nous maintient éveillés sur tout le chemin de notre vie, trouve également une place et une signification, à travers les siècles. En effet, toute l’existence humaine est animée par ce profond sentiment, par le désir que ce que nous avons entrevu et perçu de plus vrai, de plus beau et de plus grand avec notre esprit et notre cœur, puisse venir à notre rencontre et devant nos yeux devienne concret et nous apporte un réconfort.
« Voilà que vient le Seigneur tout-puissant : il sera appelé Emmanuel, Dieu-avec-nous » (Antienne d’ouverture, Messe du 21 décembre). Ces jours-ci, nous répétons souvent ces paroles. Dans le temps de la liturgie, qui réactualise le Mystère, est désormais tout proche Celui qui vient nous sauver du péché et de la mort, Celui qui, après la désobéissance d’Adam et Eve, nous embrasse à nouveau et ouvre pour nous l’accès à la vraie vie. C’est ce qu’explique saint Irénée, dans son traité « Contre les hérésies », lorsqu’il affirme : « Le fils même de Dieu s’est fait « à la ressemblance de la chair du péché » pour condamner le péché et, ainsi condamné, l’expulser de la chair, et pour appeler d’autre part l’homme à lui devenir semblable, l’assignant ainsi pour imitateur à Dieu, l’élevant jusqu’au royaume du Père et lui donnant de voir Dieu et de saisir le Père » (III, 20, 2-3).
Ainsi nous apparaissent certaines des idées préférées de saint Irénée, selon lesquelles, avec l’Enfant Jésus, Dieu nous appelle à la ressemblance avec lui-même. Nous voyons comment est Dieu. Et ainsi, cela nous rappelle que nous devrions être semblables à Dieu. Et nous devons l’imiter. Dieu s’est donné, Dieu s’est donné dans nos mains. Nous devons imiter Dieu. Et enfin, l’idée qu’ainsi, nous pouvons voir Dieu. Une idée centrale de saint Irénée : l’homme ne voit pas Dieu, il ne peut pas le voir, et ainsi, il est dans l’obscurité de la vérité, de lui-même. Mais l’homme qui ne peut voir Dieu, peut voir Jésus. Et ainsi, il voit Dieu, ainsi, il commence à voir la vérité, ainsi il commence à vivre.
Le Sauveur vient donc pour réduire à l’impuissance l’œuvre du mal et tout ce qui peut encore nous tenir éloignés de Dieu, pour nous restituer à l’antique splendeur et à la paternité primitive. Avec sa venue parmi nous, Dieu nous indique et nous assigne également une tâche : précisément celle de lui ressembler et de tendre à la vraie vie, d’arriver à la vision de Dieu dans le visage du Christ. Saint Irénée affirme encore : « Le Verbe de Dieu installa son habitation parmi les hommes et se fit Fils de l’homme, pour habituer l’homme à percevoir Dieu et pour habituer Dieu à installer sa demeure dans l’homme, selon la volonté du Père. C’est pourquoi Dieu nous a donné comme « signe » de notre salut celui qui, né de la Vierge, est l’Emmanuel » (ibid.). On trouve ici aussi une très belle idée centrale de saint Irénée : nous devons nous habituer à percevoir Dieu. Dieu est normalement éloigné de notre vie, de nos idées, de notre action. Il est venu près de nous et nous devons nous habituer à être avec Dieu. Et Irénée ose dire avec audace que Dieu aussi doit s’habituer à être avec nous et en nous. Et que Dieu devrait peut-être nous accompagner à Noël, nous habituer à Dieu, comme Dieu doit s’habituer à nous, à notre pauvreté et à notre fragilité. La venue du Seigneur ne peut donc avoir d’autre but que celui de nous enseigner à voir et à aimer les événements, le monde et tout ce qui l’entoure, avec les yeux mêmes de Dieu. Le Verbe fait enfant nous aide à comprendre la manière d’agir de Dieu, afin que nous soyons capables de nous laisser toujours plus transformer par sa bonté et par son infinie miséricorde.
Dans la nuit du monde, laissons-nous encore surprendre et éclairer par cet acte de Dieu, qui est totalement inattendu : Dieu se fait Enfant. Laissons-nous surprendre, éclairer par l’Etoile qui a inondé l’univers de joie. Que l’Enfant Jésus, en parvenant jusqu’à nous, ne nous trouve pas non préparés, uniquement occupés à rendre la réalité extérieure plus belle. Que le soin que nous mettons pour rendre plus resplendissantes nos rues et nos maisons nous pousse encore davantage à prédisposer notre âme à rencontrer celui qui viendra nous rendre visite, qui est la véritable beauté et la véritable lumière. Purifions-donc notre conscience et notre vie de ce qui est contraire à cette venue : pensées, paroles, attitudes et actions, en nous incitant toujours à accomplir le bien et à contribuer à réaliser dans notre monde la paix et la justice pour chaque homme et à marcher ainsi à la rencontre du Seigneur.
La crèche est un signe caractéristique de ce temps de Noël. Sur la place Saint-Pierre aussi, selon la coutume, elle est presque prête et elle se tourne de manière idéale vers Rome et le monde entier, représentant la beauté du Mystère du Dieu qui s’est fait homme et a planté sa tente parmi nous (cf. Jn 1, 14). La crèche est l’expression de notre attente, que Dieu s’approche de nous, que Jésus s’approche de nous, mais elle est également l’expression de l’action de grâce à Celui qui a décidé de partager notre condition humaine, dans la pauvreté et dans la simplicité. Je me réjouis car elle reste vivante et on redécouvre même la tradition de préparer la crèche dans les maisons, sur les lieux de travail, dans les lieux de rassemblement. Que ce témoignage authentique de foi chrétienne puisse offrir également aujourd’hui à tous les hommes de bonne volonté une icône suggestive de l’amour infini du Père envers nous tous. Que les cœurs des enfants et des adultes puissent encore être surpris face à elle.
Chers frères et sœurs, que la Vierge Marie et saint Joseph nous aident à vivre le Mystère de Noël avec une gratitude renouvelée à l’égard du Seigneur. Au milieu de l’activité frénétique de notre époque, que ce temps nous donne un peu de calme et de joie et nous fasse toucher du doigt la bonté de notre Dieu, qui se fait Enfant pour nous sauver, nous donner un courage renouvelé et donner une nouvelle lumière à notre route. Tel est mon vœu pour un saint et joyeux Noël : je l’adresse avec affection à vous tous ici présents, à vos familles, en particulier les malades et les personnes qui souffrent, ainsi qu’à vos communautés et à ceux qui vous sont chers.
A l’issue de l’Audience générale le Pape a résumé sa catéchèse en différentes langues et salué les pèlerins. Voici ce qu’il a dit en français :

Chers frères et sœurs,

L’attente joyeuse qui caractérise le temps de l’Avent est l’attitude fondamentale du chrétien qui désire rencontrer « l’Emmanuel » : le « Dieu-avec-nous ». Alors que s’achève ce temps, remplis d’étonnement, nous nous approchons du « lieu » où, dans la nuit du monde, pour nous et pour notre salut, tout a commencé. Puissions-nous avoir devant cette lumière de Bethléem qui commence à s’irradier sur le monde, un avant-goût de la joie éprouvée par Zacharie et Elisabeth. Il est proche Celui qui nous donne accès à la vraie vie et nous rend à la splendeur des origines. Il nous appelle à lui ressembler. Il nous apprend à regarder et à aimer les événements et le monde avec les yeux mêmes de Dieu. Puisse la crèche, signe émouvant et caractéristique de la beauté du Mystère de l’Incarnation, offrir à tous les hommes de bonne volonté une icône de l’amour infini de Dieu. Chers frères et sœurs, que la Vierge Marie et Saint Joseph nous aident à vivre ce Mystère avec une gratitude renouvelée au Seigneur ! Puisse le temps de Noël nous apporter une joie profonde et nous faire toucher du doigt la bonté de notre Dieu ! Ce sont les vœux que j’offre à tous, notamment aux malades et à ceux qui souffrent, ainsi qu’à vos communautés, à vos familles et aux personnes qui vous sont proches.
Je salue cordialement les pèlerins francophones, en particulier les étudiants de l’enseignement catholique de la région de Lyon, ainsi que la délégation de la Croix-Rouge française et les missionnaires de la divine Miséricorde accompagnés de Mgr Rey, évêque de Fréjus-Toulon. Que votre préparation aux fêtes qui approchent ne soit pas seulement matérielle, mais qu’elle soit aussi l’occasion de purifier vos cœurs de tout ce qui les empêche d’accueillir le Sauveur qui vient. Joyeux Noël à tous !

Traduction : Zenit

Noël 2010: le message du Custode de la Terre Sainte

23 décembre, 2010

du site:

http://www.custodia.org/Noel-2010-Message-du-Custode.html

Noël 2010: le message du Custode de la Terre Sainte

on line il giovedì 23/12/2010

La Paix soit avec vous! Le salut de Saint François nous aide à goûter l’éternelle nouveauté de Noël, nous accompagnant vers la vérité, nous éloignant de tout ce qui avilit et rend ambigu la signification de cette fête. Ne rendons pas vain ce énième mais toujours nouveau Noël.
Noël en effet ne peut pas ne pas nous mettre mal à l’aise : il s’agit d’une fête qui semble avoir perdu son sens le plus intime et le plus vrai et qui donc nous porte à nous interroger sur l’identité qu’a cet Enfant pour nous, à voir Dieu dans un enfant, à croire en un Dieu qui choisit de renfermer sa grandeur dans la petitesse de notre humanité.
Et Noël n’est pas même Jésus qui naît à Bethléem, où il est né historiquement voici un peu plus de deux mille ans. Noël, c’est Jésus, Fils de Dieu qui, cette année aussi, comme chaque jour depuis ce temps ancien, pour les hommes de son temps comme pour chacun d’entre nous aujourd’hui, attend que nous lui faisions place, il attend de naître dans notre cœur. Noël, c’est l’engagement de conversion. C’est accepter de répondre aux attentes de Dieu.
Appelés par la foi à l’attendre dans la gloire, Noël concentre notre attention sur l’attente de Dieu : son attente infinie que l’humanité Lui trouve une place dans l’histoire quotidienne, dans la vie de tous les jours, dans la solidarité simple que nous a demandé Jésus Lui-même, en nous assurant : Et voici que je suis avec vous pour toujours jusqu’à la fin du monde ; en nous disant aussi où rencontrer Ses yeux et Ses mains, où cheminer en Sa présence et à partir d’où regarder l’horizon d’où Il reviendra : Les pauvres, en effet, vous les aurez toujours avec vous…
Ne le rendons pas vain. La Parole de Dieu nous aide et nous guide afin que nous conservions l’espérance dans l’attente que vienne le Seigneur de la gloire. L’Enfant Jésus nous libère de la peur de demeurer dans le flux quotidien de l’histoire, dans la solitude de celui qui ne sait pas donner aux autres. Et il nous introduit dans un mouvement choral, où nous nous découvrons portés à l’amour et capables par grâce de porter ce petit bout d’histoire, unique et précieux, que le Seigneur a mis entre nos mains.
Que Noël soit pour nous tous cette conversion du regard, cette prise de conscience du fait que le Royaume avance, qu’il est présent, que moi, nous, tous, ensemble, nous pouvons le rendre présent. Voila dès lors la nécessité de regarder la création, de regarder le monde, de regarder le Moyen-Orient, « notre » Terre Sainte – Terre de Dieu et Terre des Hommes – « d’en haut », avec le regard de Dieu. Faisons nôtres, avec trépidation et audace, avec humilité et force, avec le courage et la fantaisie du rêve qui devient réalité si nous sommes nombreux à rêver, les mots du Pape Benoît XVI à l’inauguration du Synode des Evêques du Moyen-Orient : « Regarder cette partie du monde dans la perspective de Dieu signifie reconnaître en elle «le berceau» d’un dessein universel de salut dans l’amour, un mystère de communion qui se réalise dans la liberté et demande par conséquent aux hommes une réponse ». A chacun la responsabilité d’accepter la proposition de Celui qui nous fait exister et renouvelle chaque jour en nous la soif d’être heureux.
Ne le rendons pas vain. Répondons à l’attente de Dieu qui s’est fait Enfant afin que nous puissions aller à Lui comme si c’était Lui qui avait besoin de nous. Parce que le cœur de notre attente se trouve dans le fait de savoir que Dieu nous attend, patiemment, depuis longtemps.
Accueillis par son attente, renouvelés par son pardon et par sa grâce, hommes de la miséricorde et de la réconciliation, de la liberté et de la justice, nous serons alors capables d’écouter – parmi le bruit de notre réalité confuse – l’annonce des Anges : Gloire à Dieu au plus haut des Cieux et paix sur la terre aux hommes qu’Il aime.

Joyeux Noël.

Le mystère de Noël * (1ère partie) (Édith Stein)

22 décembre, 2010

du site:

http://www.spiritualite2000.com/page-688.php

MÉDITATION CHRÉTIENNE

Décembre 2002  

Le mystère de Noël * (1ère partie)

Édith Stein

Philosophe et religieuse allemande d’origine juive. Convertie au catholicisme en 1922, elle entre au carmel de Cologne (1933), puis doit fuir au carmel de Echt (Pays-Bas) en 1938. Elle est arrêtée par les nazis en 1942, déportée au camp d’Auschwitz-Birkenau où elle meure gazée. Béatifiée en 1987, canonisée en 1998, elle est proclamée co-patronne de l’Europe en 1999.

L’Avent et Noël

Quand les jours se font courts, quand les premiers flocons d’un véritable hiver se mettent à tomber, timidement, silencieusement montent en nous les premières pensées de Noël. De ce simple mot se dégage un tel charme que nul cœur ne peut lui résister. Même les fidèles d’une autre foi, les incroyants, ceux pour qui l’histoire de l’enfant de Bethléem ne signifie rien, se préparent à la fête et se demandent comment, ce jour-là, faire jaillir autour d’eux une étincelle de joie. C’est, déjà des semaines, des mois à l’avance, comme un chaud courant d’amour qui se répand sur la terre. La fête de l’amour et de la joie — c’est bien cela, l’étoile vers laquelle tous marchent en ce début d’hiver.
Mais pour le chrétien, surtout le chrétien catholique, Noël est encore autre chose. C’est à la crèche que l’étoile le conduit, à l’Enfant qui apporte la paix à la terre. C’est ce que l’art chrétien nous dépeint en tant d’images émouvantes, et que nous chantent de vieilles mélodies, toutes pleines de la magie de l’enfance.
Dans le cœur de celui qui vit avec l’Église, les cloches du Rorate et les chants de l’Avent réveillent une sainte nostalgie ; et celui à qui s’est ouverte l’inépuisable source de la liturgie entend jour après jour le grand prophète de l’Incarnation marteler ses exhortations et ses promesses : Cieux, répandez d’en haut votre rosée, et que les nuées fassent pleuvoir le Juste. Le Seigneur approche ! Adorons-le ! Viens Seigneur, ne tarde pas ! —Jérusalem, crie ta joie car ton Sauveur vient à toi !
Du 17 au 24 décembre, ce sont ensuite les grandes antiennes « 0 » du Magnificat : 0 Sagesse, 0 Adonaï, 0 Fils de la race de Jessé, 0 Clé de la Cité de David, 0 Orient, 0 Roi des Nations qui, avec une ardeur et une ferveur grandissantes, lancent leur appel : Viens pour nous sauver. Et, toujours plus pressante, retentit la promesse : Voyez, tout est accompli, et finalement : Sachez aujourd’hui que le Seigneur vient, et demain vous le verrez dans sa gloire.
Lors de la veillée, quand scintille l’arbre de lumière et que s’échangent les cadeaux, le désir inassouvi d’une autre lumière monte en nous, jusqu’à ce que sonnent les cloches de la messe de minuit et que se renouvelle, sur des autels parés de cierges et de fleurs, le miracle de Noël. Et le Verbe s’est fait chair. Nous voilà parvenus à l’instant bienheureux où notre attente est comblée.

Les fidèles du Fils de Dieu fait homme
Cette joie de Noël, chacun de nous a pu l’éprouver ; mais le ciel et la terre ne se sont pas encore unis. Aujourd’hui encore, l’étoile de Bethléem brille dans une nuit profonde. Déjà au lendemain de Noël, l’Église dépose ses ornements blancs pour revêtir la pourpre du sang et, au quatrième jour, le violet du deuil. Etienne, premier martyr à suivre le Seigneur dans la mort, et les saints Innocents, les nourrissons de Bethléem et de Juda impitoyablement massacrés, font cortège à l’Enfant dans la crèche. Qu’est-ce que cela signifie ? Où donc est l’allégresse des cohortes célestes, où est la tranquille félicité de la nuit sainte ? Où est la paix sur terre ?
Paix sur la terre aux hommes de bonne volonté. Mais tous ne sont pas de bonne volonté. Le Fils du Père éternel dut descendre de la gloire du ciel parce que le mystère du mal avait enveloppé le monde de ténèbres. La nuit couvrait la terre, et il vint comme la Lumière qui brille dans les ténèbres ; mais les ténèbres ne l’ont pas reçu. A ceux qui l’accueillirent, il apporta la lumière et la paix : la paix avec le Père céleste, la paix avec tous ceux qui, comme eux, sont des fils de lumière et des enfants du Père, et la profonde paix du cœur — mais non la paix avec les enfants des ténèbres. A eux, le Prince de la Paix n’apporte pas la paix mais le glaive. Pour eux il est la pierre d’achoppement contre laquelle ils s’élancent et se brisent. C’est là une vérité difficile et grave, que l’image poétique de l’Enfant dans la crèche ne doit pas nous masquer.
Le mystère de l’Incarnation et le mystère du mal sont étroitement liés. Sur la lumière descendue du ciel se détache, d’autant plus sombre et menaçante, la nuit du péché.
L’Enfant de la crèche tend les mains, et son sourire semble déjà exprimer ce que l’Homme dira plus tard : Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et qui ployez sous le fardeau. Les premiers à suivre son appel sont les pauvres bergers des champs de Bethléem, à qui l’éclat du ciel et la voix de l’ange annoncèrent la bonne nouvelle et qui, disant : Allons à Bethléem, se mirent en marche ; ce sont les rois, venus du lointain Orient, qui, avec la même foi simple, suivirent la merveilleuse étoile. Sur eux les mains de l’Enfant répandirent une rosée de grâces, et ils se réjouirent d’une grande joie.
Ces mains donnent et exigent à la fois : sages, déposez votre sagesse et devenez simples comme des enfants ; rois, donnez vos couronnes et vos trésors et rendez humblement hommage au Roi des rois ; prenez sans hésiter votre part des peines, des souffrances et des fatigues que son service exige. Et vous, enfants, qui n’avez encore rien à offrir, c’est votre tendre vie, avant même qu’elle ait vraiment commencé, que vous prennent les mains de l’Enfant — et à quelle meilleure fin pourrait-elle servir que d’être sacrifiée au Seigneur de la vie ?
Suis-moi, disent les mains de l’Enfant, comme plus tard la bouche de l’Homme. Ainsi a-t-il appelé le disciple que le Seigneur aimait, qui appartient lui aussi à la suite de l’Enfant. Saint Jean partit sans demander où ni pourquoi. Il abandonna la barque de son père et suivit le Seigneur sur tous ses chemins, jusqu’au Golgotha. Suis-moi. Cet appel, le jeune Etienne l’entendit à son tour. Il suivit le Seigneur dans son combat contre les puissances des ténèbres, contre l’aveuglement et le refus obstiné de croire. Il témoigna pour lui par sa parole et par son sang. Il le suivit aussi dans son esprit, l’Esprit d’amour qui combat le péché mais qui aime le pécheur, et qui devant Dieu plaide en faveur du meurtrier jusque dans la mort.
Ces silhouettes agenouillées autour de la crèche sont des figures de pure lumière : les frêles Innocents, les Bergers confiants, les humbles Rois-mages, Etienne, le disciple ardent, et Jean, l’apôtre de l’Amour ; tous ont répondu à l’appel du Seigneur. En face d’eux se dresse la nuit de l’inconcevable endurcissement, de l’aveuglement : celui des docteurs de la Loi, capables de prévoir l’heure et le lieu de la naissance du Sauveur du monde, mais incapables d’agir en conséquence et de dire : Allons à Bethléem, et celui du roi Hérode, qui veut tuer le Seigneur de la vie.
Devant l’Enfant de la crèche, les esprits se divisent. Il est le Roi des rois, celui qui règne sur la vie et la mort. Il dit : Suis-moi, et qui n’est pas pour lui est contre lui. Il le dit aussi pour nous, et nous place devant le choix entre lumière et ténèbres.

Édith Stein (Sainte Thérèse Bénédicte de la Croix. 1891-1942)

*Conférence prononcée par Edith Stein le 31 janvier 1931 à Ludwigshafen, parue sous le titre « Das Weihnachtsgeheimnis ». Le Mystère de Noël fait pendant à quatre méditations sur la Croix, dont il constitue une véritable introduction et en est le thème dominant.
Edith Stein. La Crèche et la Croix, traduit de l’allemand par Genia Català et Philibert
Secretan, préface de Philibert Secretan, Editions Ad Solem, Genève, 1995.

Le custode de Terre Sainte invite à goûter l’éternelle nouveauté de Noël

22 décembre, 2010

du site: 

http://www.zenit.org/article-26472?l=french

Le custode de Terre Sainte invite à goûter l’éternelle nouveauté de Noël

ROME, Mercredi 22 décembre 2010 (ZENIT.org) – Goûter « l’éternelle nouveauté » de Noël et savoir la mettre à profit. C’est l’invitation que Fr. Pierbattista Pizzaballa, OFM, custode de Terre Sainte, lance dans son message de Noël, invitant les fidèles à ne pas rendre vain cet « énième mais toujours nouveau Noël ».
Le salut franciscain « La Paix soit avec vous ! » nous y aide, souligne le custode, « nous accompagnant vers la vérité, nous éloignant de tout ce qui avilit et rend ambiguë la signification de cette fête ».
Noël est « une fête qui semble avoir perdu son sens le plus intime et le plus vrai », explique-t-il, et nous porte donc « à nous interroger sur l’identité qu’a cet Enfant pour nous, à voir Dieu dans un enfant, à croire en un Dieu qui choisit de renfermer sa grandeur dans la petitesse de notre humanité ».
« Cette année encore, comme chaque jour depuis ce temps ancien, pour les hommes de son temps comme pour chacun d’entre nous aujourd’hui », Jésus « attend que nous lui fassions de la place, attend de naître dans notre cœur ».

L’attente
Noël, poursuit le custode, est donc un « engagement de conversion » et « fixe notre attention sur l’attente de Dieu : l’attente infinie que l’humanité Lui trouve une place dans l’histoire quotidienne, dans la vie de tous les jours, dans la solidarité simple que nous a demandée Jésus Lui-même ».
« Que Noël soit pour nous tous cette conversion du regard, cette prise de conscience que le Royaume avance, qu’il est présent, que moi, nous, tous, ensemble, nous pouvons le rendre présent ».
« L’Enfant Jésus nous libère de la peur de demeurer dans le flux quotidien de l’histoire, dans la solitude de celui qui ne sait pas donner aux autres, souligne le père Pizzaballa. Et il nous introduit dans un mouvement choral, où nous nous découvrons portés à l’amour et capables par grâce de porter ce petit bout d’histoire, unique et précieux, que le Seigneur a mis entre nos mains ».
« Répondons à l’attente de Dieu qui s’est fait Enfant afin que nous puissions aller à Lui comme si c’était Lui qui avait besoin de nous. Parce que le cœur de notre attente se trouve dans le fait de savoir que Dieu nous attend, patiemment, depuis longtemps ».

Terre Sainte
Dans son message de Noël, le custode de Terre Sainte souligne « la nécessité de regarder la création, de regarder le monde, de regarder le Moyen-Orient, « notre » Terre Sainte – Terre de Dieu et Terre des Hommes – « d’en haut », avec le regard de Dieu ».
Il demande, à ce propos, de faire nôtres, « avec trépidation et audace, avec humilité et force, avec le courage et la fantaisie du rêve qui devient réalité si nous sommes nombreux à rêver », les paroles de Benoît XVI à l’inauguration du Synode des Evêques du Moyen-Orient : « Regarder cette partie du monde dans la perspective de Dieu signifie reconnaître en elle le berceau d’un dessein universel de salut dans l’amour, un mystère de communion qui se réalise dans la liberté et demande par conséquent aux hommes une réponse ».
« A chacun la responsabilité d’accepter la proposition de Celui qui nous fait exister et renouvelle chaque jour en nous la soif d’être heureux », écrit encore le père Pizzaballa.
« Accueillis par son attente, renouvelés par son pardon et par sa grâce, hommes de la miséricorde et de la réconciliation, de la liberté et de la justice, nous serons alors capables d’écouter – parmi le bruit de notre réalité confuse – l’annonce des Anges : ‘Gloire à Dieu au plus haut des Cieux et paix sur la terre aux hommes qu’Il aime’ », conclut-il.

Maxime de Turin : Les beaux vêtements de Noël

21 décembre, 2010

du site:

http://www.patristique.org/Maxime-de-Turin-les-beaux.html?lang=fr

Maxime de Turin : Les beaux vêtements de Noël

Maxime († entre 408 et 423) a assumé la charge pastorale de Turin. Il considère la prédication comme une médecine capable de guérir les plaies de l’âme et de la conduire à la conversion. Le présent extrait de sa première homélie sur la Nativité du Seigneur illustre cette profonde conviction.

es frères, préparons-nous à accueillir le jour de la naissance du Seigneur en nous parant de vêtements éclatants de blancheur. Je parle de ceux qui habillent l’âme, non le corps. Le vêtement de la chair est une vile tunique. Mais c’est le corps, objet précieux, qui habille l’âme. Le vêtement de la première est tissé par des mains humaines, celui de la seconde est l’œuvre de Dieu. C’est pourquoi il faut veiller avec bien plus de sollicitude à préserver de toute tache l’œuvre de Dieu qu’à garder immaculés les tissus des hommes.

Si notre vêtement corporel est taché, un dégraisseur peut, moyennant finances, le remettre en état. Mais s’il s’agit du vêtement de notre âme, fut-il taché d’une seule souillure, il n’est blanchi que laborieusement et à force de soins appropriés. La main de l’artisan ne lui est alors d’aucun secours pas plus que le travail du foulon. L’eau n’a aucun pouvoir de purifier la conscience ; une fois souillée, elle ne parvient pas à la purifier.


Nativité  Bnf, ms. arménien 333, fol. 2v.

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