Archive pour juillet, 2007

« Le Royaume des cieux est semblable à un trésor caché dans un champ »

31 juillet, 2007

Saint Maxime le Confesseur (vers 580-662), moine et théologien
Centuries sur l’amour, 4, 69s (trad. Philocalie t. 6, Bellefontaine 1985, p.72)

« Le Royaume des cieux est semblable à un trésor caché dans un champ »

Certains pensent qu’ils n’ont aucune part aux dons du Saint Esprit. A cause de leur négligence à mettre en oeuvre les commandements, ils ne savent pas que celui qui garde inaltérée la foi dans le Christ réunit en lui-même tous les dons divins. Dès lors que, par inertie, nous sommes loin de l’amour actif que nous devrions lui porter, cet amour qui nous montre les trésors de Dieu cachés en nous, il va de soi que nous pensions ne pas avoir part aux dons divins.

Si « le Christ demeure dans nos coeurs par la foi », selon l’apôtre Paul (Ep 3,17), et si « tous les trésors de la sagesse et de la connaissance sont cachés en lui » (Col 2,3), c’est donc que tous les trésors de la sagesse et de la connaissance sont cachés dans nos coeurs. Mais ils se révèlent au coeur dans la mesure de la purification de chacun, cette purification que suscitent les commandements. Tel est le trésor caché dans le champ de ton coeur et que tu n’as pas encore trouvé, à cause de ta paresse. Car, si tu l’avais trouvé, tu aurais tout vendu et tu aurais acquis ce champ. Mais maintenant tu as laissé le champ et tu cherches autour de lui, là où ne se trouve rien d’autre que des épines et des ronces. C’est pourquoi le Sauveur dit : « Bienheureux les coeurs purs, car ils verront Dieu » (Mt 5,8). Ils le verront, et ils verront les trésors qui sont en lui, quand, par l’amour et la tempérance, ils se seront purifiés. Et ils le verront d’autant plus qu’ils se seront purifiés davantage.

S. Ignatus de Loyola

31 juillet, 2007

S. Ignatus de Loyola dans saints

http://santiebeati.it/immagini/?mode=album&album=23800&dispsize=Original

Saint du Jour – Saint Ignace de Loyola (+ 1556)

31 juillet, 2007

du site: 

http://www.cef.fr/catho/saints/index.php

Saint du Jour

Le saint du jour présenté aujourd’hui est l’un des saints choisi parmi ceux proposés par l’Église. Chaque jour, l’Église honore plusieurs saints et bienheureux : ceux du calendrier romain (sanctoral romain), ceux des calendriers diocésains et ceux du calendrier des églises orientales (synaxaire).

Saint Ignace de Loyola (+ 1556)

Né en Espagne d’une famille noble, benjamin de treize enfants, Ignace est d’abord page à la cour, puis chevalier rêvant d’exploits. En 1521, les Français assiègent Pampelune. Ignace s’illustre parmi les défenseurs de la ville quand un boulet de canon lui broie la jambe et brise sa carrière. Il rentre au château familial sur un brancard. Ayant épuisé les récits de chevalerie, il entame la vie des saints. C’est la conversion, totale, brutale. Dès qu’il peut marcher, il se rend dans une grotte à Manrèse, non loin de l’abbaye bénédictine de Montserrat. Il y découvrira sa vocation propre : non la contemplation, mais le service de Dieu parmi les hommes. C’est là qu’il rédige ses « Exercices spirituels » où il consigne ses expériences spirituelles. Après un pèlerinage en Terre sainte, il commence ses études de théologie à Paris. Il partage sa chambre avec un jeune étudiant, saint François-Xavier, et le contact n’est pas toujours facile. Quelque temps plus tard, le 15 août 1534, l’étudiant attardé de 43 ans et ses jeunes amis étudiants font, à Montmartre, le voeu de pauvreté, de chasteté et d’obéissance et fondent ainsi la « Compagnie de Jésus ». Douze ans plus tard, ils feront profession solennelle à Rome « pour la plus grande gloire de Dieu ». A Paris (9, rue Yvonne Le Tac, dans le 18e arrondissement) existe encore la chapelle des vœux, mais elle est désaffectée.

« L’homme est créé pour louer, respecter et servir Dieu notre Seigneur, et par là sauver son âme. Les autres choses, sur la face de la terre, sont créées pour l’homme, pour l’aider à poursuivre la fin pour laquelle il est créé. Il s’ensuit que l’homme doit en user dans la mesure où elles lui sont une aide « 

(Saint Ignace de Loyola – Exercices spirituels)

Visages de la Vierge à Sainte-Marie-Majeure

31 juillet, 2007

 du site:

http://www.revue-kephas.org/02/1/Fux75-80.html

Visages de la Vierge à Sainte-Marie-Majeure

Pierre-Yves Fux *

 À Rome, promeneurs et pèlerins ne manquent pas de remarquer la multitude des madonnine, images de Marie intégrées dans les façades de presque chaque immeuble. La dévotion populaire semble ainsi plus vive pour la Vierge que pour ceux qui ont fait de Rome la capitale de la chrétienté : les Apôtres Pierre et Paul. Et à Rome, les sanctuaires consacrés à Marie sont nombreux : Santa Maria in Trastevere, Santa Maria in Aracoeli, Santa Maria sopra Minerva, Santa Maria degli Angeli, Santa Maria Antiqua, etc. Le principal d’entre eux est Santa Maria Maggiore, Sainte-Marie-Majeure — c’est aussi le plus accessible et souvent le premier ou le dernier que visitent les pèlerins venus en train : la gare centrale est toute proche. Cette basilique, l’une des quatre principales de Rome, a été entièrement restaurée dans les années qui précédèrent le Grand Jubilé.

 Sainte Marie aux Niege

Deux événements sont à l’origine de la construction de cette basilique. Le premier est un miracle survenu le 5 août 356 : une chute de neige au sommet d’une des sept collines de Rome et, durant la même nuit, le songe du pape Libère, qui ordonnera dès lors la construction de « Sainte-Marie-aux-Neiges ». Depuis, c’est le 5 août qu’est célébrée la fête de la dédicace de cette basilique, fête restée inscrite au calendrier universel de l’Eglise. Jadis, la commémoration solennelle de la Dédicace donnait lieu à une Messe durant laquelle, pour évoquer le miracle de la neige, on faisait tomber des hauteurs de la nef des myriades de pétales de fleurs blanches — la tradition revit aujourd’hui chaque 5 août et, dans la touffeur de l’été romain, les fidèles peuvent s’émerveiller de la naïve et poétique représentation des flocons miraculeux. La façade médiévale de la basilique illustre les épisodes de ce miracle, avec des mosaïques contemporaines du premier Jubilé, de cette année 1300 où Dante situe sa Divine Comédie. Il est aujourd’hui difficile de lire ces figures à partir de la rue, mais, depuis quelques années, la loggia construite en 1750 par-devant la façade est accessible au public. On voit alors de très près le moindre détail : le marbre blanc des flocons de neige, çà et là le rouge coq-de-roche, et l’or, partout, dans le ciel comme dans l’architecture géométrique compliquée des scènes terrestres — et enfin, le bleu aux multiples nuances dans les ailes des anges et sur la robe de Marie.

Marie, Mère de Dieu

 Trois générations après le miracle de la neige survient comme un second événement fondateur pour la basilique : le concile œcuménique d’Ephèse, qui définit et proclame en 431 le dogme de la maternité divine de Marie, Theotokos. À cette occasion fut reconstruit le majestueux édifice actuel où le culte n’a jamais cessé depuis. Le pape Sixte III avait fait apposer une inscription dédicatoire en vers, dont voici le début : Virgo Maria tibi Xystus nova tecta dicavi digna salutifero munera ventre tuo. Tu genitrix ignara viri te denique feta visceribus salvis edita nostra salus. (« Vierge Marie, à toi j’ai dédié, moi Sixte, une nouvelle demeure, digne hommage à tes entrailles qui nous ont porté le salut. Tu es une mère qui n’a pas connu d’homme, et finalement enceinte, tu as mis au monde, sans blessure à ta virginité, notre salut. ») Si cette inscription n’a perduré que jusqu’au XVIe siècle, les murs de briques et les colonnades de marbre sont restés les mêmes, et l’or des mosaïques antiques continue d’étinceler sur le grand arc triomphal qui marque la fin de la vaste nef et surplombe l’autel majeur. Sur cet arc sont représentés les mystères de l’Incarnation et de la Nativité du Christ. Les scènes narrées dans les panneaux successifs de cette grande mosaïque sont familières et en même temps étranges, par certains détails qui trahissent leur antiquité : la dignité de Marie est exprimée par son vêtement d’or ou de pourpre, celui d’une impératrice romaine, mais elle n’a pas d’auréole — contrairement à Hérode, qui porte ce qui n’était alors, dans les représentations figurées, qu’un symbole de pouvoir, non de sainteté !

Marie de Bethléem

Au bas de l’arc triomphal sont esquissées deux villes entourées de murailles dorées, avec l’inscription de leur nom : Jérusalem, dont on peut reconnaître la rotonde du Saint-Sépulcre, et Bethléem. Ces villes ne font pas qu’évoquer le début et le terme de la vie terrestre du Christ : à elles deux, elles évoquent l’universalité du salut. Jérusalem représente l’ancienne Alliance et le salut pour les Juifs prêché par saint Pierre; Bethléem, c’est la Nouvelle Alliance, le salut pour toutes les autres nations, annoncé par saint Paul. Les deux Princes des Apôtres meurent martyrs à Rome, qui devient le symbole et le creuset de l’universalité et de l’unité du christianisme. Cité de Pierre et de Paul, Rome est à la fois une Bethléem et une Jérusalem. Ce message est répété dans bien des sanctuaires romains, et les mosaïstes du XIIe siècle reproduiront dans plusieurs églises, dont Saint-Clément, les représentations antiques des deux villes de Terre Sainte de part et d’autre de l’arc triomphal. Pour les Romains et pour les Romées, pèlerins venus dans la Ville éternelle, Sainte-Marie-Majeure est avant tout une Bethléem. La Jérusalem romaine est à chercher dans l’église Sainte-Croix-en-Jérusalem, construite dans les murs mêmes du palais de l’impératrice-mère Hélène, qui y avait apporté les reliques de la Passion. À Sainte-Marie-Majeure sont conservées les reliques du bois de la crèche, exposées sous l’autel principal. C’est aussi dans cette basilique que reposeraient saint Matthieu, l’Evangéliste qui raconte l’adoration des Mages, et saint Jérôme, qui traduisit la Bible en latin dans une grotte de Bethléem. La présence à Rome de la relique de la crèche est évoquée dans l’inscription « parlante » gravée sur le socle d’un obélisque tout proche. Le pape Sixte-Quint, qui l’a érigé derrière l’abside de la basilique, au XVIe siècle, fait dire au monument, prélevé sur un mausolée antique : « J’honore, très joyeux, le berceau du Christ, Dieu vivant pour l’éternité, moi qui étais asservi, malheureux, au sépulcre d’Auguste, un mort » (Christi Dei in æternum viventis cunabula laetissime colo, qui mortui sepulcro Augusti tristis serviebam). Saint François d’Assise fut l’un des premiers à faire honorer le berceau du Christ : un soir de Noël, à Gubbio, en Ombrie, il avait créé une crèche vivante. Depuis, dans toutes les régions du monde, la crèche est devenue inséparable de la célébration de Noël. L’une des crèches les plus anciennes, de peu postérieure aux temps du Poverello, se trouve encore aujourd’hui à Sainte-Marie-Majeure. Les statues de marbre de l’oratoire de la crèche ont été placées dans une crypte, sous le tabernacle monumental de la grande chapelle construite par Sixte-Quint (à droite de l’autel majeur). Le sculpteur Arnolfo di Cambio est l’auteur des statues du prophète Isaïe et du roi David, que l’on voit en entrant dans la crypte. Là, autour de la Vierge à l’enfant (refaite en marbre au XVIe siècle) se trouvent les autres figures de la crèche réalisées par Arnolfo di Cambio : Joseph, les trois Mages, l’âne et le bœuf. C’est dans l’antique chapelle de la crèche que le jour de Noël 1075 les hommes de l’empereur Henri IV tentèrent l’arrestation du Pape Grégoire VII, alors qu’il y disait la Messe. Le peuple romain s’opposa à cette voie de fait et libéra son évêque, qui put retourner dans la chapelle et achever la célébration. L’empereur avait cru pouvoir déposer le Pape — en 1077, il ira à Canossa, en pénitent, demander un pardon et une réconciliation qui seront accordés… ce qui ne l’empêchera pas de reprendre la lutte et, finalement, d’imposer à Grégoire VII un exil où il mourra, en 1085.

Marie, fille éminente de Sion

 Une autre Vierge à l’enfant est esquissée sur un vitrail moderne, dans le mur de façade de la basilique. Jean-Paul II a voulu y faire représenter Marie, « fille éminente de Sion », filia excelsa Sion. Marie, fille de cette Jérusalem figurée à l’autre extrémité de la nef, sur l’antique mosaïque, face à Bethléem. Jésus est né à Bethléem, Marie est née à Jérusalem, tout près du Temple (là où se trouve la basilique Sainte-Anne). Le vitrail de Sainte-Marie-Majeure est exceptionnel, à plus d’un titre. C’est, avec la colombe de l’Esprit-Saint, dans la basilique vaticane, le seul vitrail figuratif à se trouver dans les basiliques majeures de Rome, et c’est l’un des rares éléments contemporains dans le décor des sanctuaires de la ville. Ce vitrail constitue aussi un signe éclatant de la pacification des relations entre christianisme et judaïsme, durant la fin du XXe siècle, en particulier par la volonté des papes Jean XXIII et Jean-Paul II. Trônant au-dessous du vol de la colombe de l’Esprit, la Vierge à l’enfant est flanquée des symboles de l’ancienne et de la nouvelle Alliances : à droite de Marie, la Torah et la Menorah, les tables de la Loi et le chandelier du Temple; de l’autre côté, les symboles de l’Eucharistie (calice et hostie) et de la Croix. Marie, rejeton d’Abraham, mère de Jésus-Christ, est celle qui unit les deux Alliances. Fille de Jérusalem, elle a vu le jour et quitté cette vie dans la Ville sainte, où les basiliques Sainte-Anne, de la Dormition et de l’Assomption sont là pour nous le rappeler. Le chandelier à sept branches dessiné aujourd’hui sur ce vitrail, dans la lumière de Rome, répond étrangement à sa figuration sculptée sur l’arc de Titus, à l’entrée du Forum : son triomphe parachevait la ruine du Temple, prédite et pleurée par le Christ sur les flancs du mont des Oliviers. L’ancienne Alliance n’est pas abolie, mais accomplie : les symboles juifs deviennent aussi des symboles chrétiens, et la Rome victorieuse et pacifiée s’incline devant la Jérusalem du Ciel. Les images du Calice eucharistique et de la Croix, qui sont comme les pendants des symboles de la Loi et du Temple, marquent cet accomplissement dans le Corps que Marie porta en son sein et que, trente ans plus tard, elle reçut, inanimé, défiguré, décroché de l’instrument de son supplice.

Marie, Reine du Ciel

Ce vitrail circulaire exalte Marie qui trône avec l’Enfant divin sur ses genoux. Exactement en face, à l’autre extrémité du sanctuaire, dans le creux de l’abside, se trouve un autre cercle, qui entoure la grande image de Marie assise aux côtés du Christ-Roi en train de la couronner. À Rome les grandes basiliques ne sont pas orientées vers le Levant, mais « occidentées ». C’est donc à l’est que se trouve l’entrée — du côté de Jérusalem, où l’on voit les racines du mystère marial, sur le vitrail moderne; à l’ouest, au Couchant, le regard contemple l’aboutissement de ce mystère dans l’éternité. La belle mosaïque date de la fin du XIIIe siècle et illustre le dernier des mystères glorieux du Rosaire, celui du Couronnement de Marie au Ciel, qui suit son Assomption. Un mystère dont l’Ecriture ne dit rien d’explicite et au sujet duquel Papes et Conciles sont restés presque muets, mais un mystère qui concerne toute l’humanité, toute la Création ainsi exaltée dans son membre le plus éminent, dans la filia excelsa Sion. La liturgie et les artistes chrétiens le disent, jusque dans la légende de cette mosaïque : Maria Virgo assumpta est ad ethereum thalamum in quo rex regum stellato sedet solio. Exaltata est sancta Dei genitrix super choros angelorum ad celestia regna. (« La Vierge Marie a été portée jusqu’à la chambre nuptiale céleste, où le Roi des Rois siège sur son trône étoilé — La sainte Mère de Dieu a été exaltée au-dessus des chœurs angéliques jusqu’aux royaumes célestes »). Marie, Salut du Peuple de Rome Les deux images de Marie et de son Fils en gloire semblent se répondre, de part et d’autre du sanctuaire et par-dessus sept siècles d’histoire humaine. Il est une autre image qui, de manière plus concrète, surpasse en dévotion toutes celles — marbres, bronzes, mosaïques, peintures, de toutes époques — qui ornent la basilique et y sont vénérées : l’icône de Marie, salus populi Romani, « sauvegarde du peuple romain ». Elle est conservée dans une grande chapelle à gauche du chœur. Si les historiens y voient les caractères d’une image médiévale, de type « romain orientalisant », la tradition en fait une œuvre de saint Luc, l’Evangéliste, médecin et peintre, qui aurait représenté là la Mère de Dieu d’après nature ou de mémoire, avec l’aide des anges. Innombrables sont les pèlerins qui durant des siècles ont élevé leurs yeux vers cette icône et fait monter leurs prières vers Marie, salus populi Romani et protectrice, aussi, des pèlerins. Cette icône et quelques autres furent aussi portées en procession à travers la ville, tradition que Jean-Paul II eut à cœur de restaurer, à l’occasion de solennelles et émouvantes liturgies nocturnes sur la place Saint-Pierre. Marie, Reine de tous les Saints Marie est Regina Sanctorum omnium, et la grande basilique romaine qui lui est consacrée a déjà été visitée, pendant plus d’un millénaire et demi, par des foules innombrables de pèlerins, de saints du calendrier et des saints inconnus de la Toussaint. C’est aussi cela, la richesse du pèlerinage romain : non pas seulement la visite au « centre » de la chrétienté autour des tombes apostoliques, mais aussi l’insertion de soi et de ses prières dans la chaîne de ceux qui ont fréquenté ces lieux et ont vécu dans la même fidélité, pour la même espérance, et de la même charité. C’est à Sainte-Marie-Majeure que fut ordonné prêtre saint Méthode, futur évangélisateur des Slaves; c’est là aussi que saint Ignace de Loyola célébra sa première Messe, le jour de Noël de l’an 1538; c’est là enfin que repose la dépouille de saint Pie V, jusqu’à nos jours très vénérée des Romains. Ce Pape qui eut la tâche délicate de faire appliquer la Réforme voulue par le Concile de Trente en publiant Catéchisme, Bréviaire et Missel romains fut aussi le dominicain mystique qui, même élu sur le siège de Pierre, aimait à se retirer dans le calme du couvent de Sainte-Sabine, sur l’Aventin, et tint à garder sa robe blanche de Frère prêcheur — dès lors, les Papes seront vêtus de blanc et non, comme auparavant, de rouge. Hier, aujourd’hui et toujours… Fille éminente de Sion, Sauvegarde du peuple romain et Reine de tous les Saints, la Mère de Dieu sera et est déjà, dans l’éternité, Reine sur le trône du Christ. À tous ces titres, Marie médiatrice est là pour intercéder, maternelle et chaleureuse — c’est ainsi qu’apparaît aux fidèles d’hier et d’aujourd’hui la basilique elle-même, moins monumentale et à bien des égards moins froide que ne peuvent le sembler les autres basiliques majeures de Rome : Saint-Pierre, Saint-Paul et la cathédrale de Rome et du monde, Saint-Jean-de-Latran. La basilique Sainte-Marie-Majeure est ouverte sans interruption du matin à 7h30 au soir à 19h00. Les Messes y sont célébrées, y compris en semaine, presque à toutes les heures du matin et de la fin de l’après-midi. Que le visiteur n’oublie pas de se rendre, à deux pas de là, dans la belle basilique Sainte-Praxède, Santa Prassede, avec sa très ancienne chapelle Saint-Zénon toute en mosaïques, qui abrite aussi la colonne de la Flagellation. Pierre-Yves Fux * Ancien membre de l’Institut suisse de Rome, diplômé de l’Ecole vaticane de paléographie, P.-Y. Fux a soutenu en 1997 une thèse de doctorat consacrée au poète latin Prudence. À l’occasion du Jubilé, il a publié Les Portes saintes aux éditions Ad Solem (1999).

Autriche: des textos pour préparer spirituellement la visite du pape début septembre

31 juillet, 2007

du site:

http://www.latribune.fr/info/Autriche–des-textos-pour-preparer-spirituellement-la-visite-du-pape-debut-septembre-565-~-AP-AUTRICHE-PAPE-SMS-$Db=News/News.nsf-$Channel=Monde

The Associated Press – 31/07/07 à 03.54.20 – 239 mots

Monde

Autriche: des textos pour préparer spirituellement la visite du pape début septembre

Les organisateurs de la visite du pape Benoît XVI en Autriche le mois prochain proposent aux fidèles un avant-goût du voyage papal: des textos quotidiens sur leurs téléphones portables avec des citations du souverain pontife.

Selon l’archidiocèse de Vienne, ce service qui a commencé dimanche et se poursuivra pendant la visite de Benoît XVI du 7 au 9 septembre, fournira des extraits de ses sermons, bénédictions et ouvrages.

Certaines citations remonteront à l’époque où le pape était encore cardinal en Allemagne, ont précisé des responsables de l’Eglise.

« Pendant toutes les vacances d’été, les citations seront soigneusement sélectionnées pour accompagner la réflexion sur Dieu, la foi chrétienne, la nature humaine et le sens de la vie », ont déclaré les organisateurs lundi dans un communiqué.

Lors de son voyage dans ce pays très majoritairement catholique qu’est l’Autriche, Benoît XVI fera une halte à Mariazell, pour commémorer le 850e anniversaire de la découverte de ce lieu de pèlerinage. Une messe en la cathédrale Saint-Etienne de Vienne est également prévue ainsi qu’une visite d’une abbaye à Heiligenkreuz, près de la capitale autrichienne.

Ce sera le septième déplacement à l’étranger en deux ans de pontificat pour Benoît XVI.

bonne nuit

30 juillet, 2007

bonne nuit dans image bon nuit, jour, dimanche etc. campanule-rosse

campanule rosse

http://www.designity.net/foto/tuscany/foto-fiori/index.htm

La patience de Dieu

30 juillet, 2007

La Lettre à Diognète (vers 200)
Ch 8 (trad. Orval rev. ; cf SC 33, p. 71)

La patience de Dieu

Le Maître et le Créateur de l’univers, Dieu, qui a fait toutes choses et les a disposées avec ordre, s’est montré non seulement plein d’amour pour les hommes, mais plain de patience. Lui, il a toujours été, il est et il restera le même : secourable, bon, doux, véridique — lui seul est bon. Pourtant lorsqu’il a conçu son dessein d’une grandeur ineffable, il n’en a fait part qu’à son Fils unique. Tant qu’il maintenait dans le mystère et réservait le plan de sa sagesse, il semblait nous négliger et ne pas se soucier de nous. Mais quand il a révélé par son Fils bien-aimé et manifesté ce qu’il avait préparé depuis le commencement, il nous a offert tout en même temps : participer à ses bienfaits, voir, et comprendre la largesse de ses dons. Qui de nous aurait jamais pu s’y attendre ?

Dieu avait donc déjà tout disposé à part lui avec son Fils ; mais, jusqu’à ces derniers temps, il nous a permis de nous laisser emporter au gré de nos penchants désordonnés, entraînés par les plaisirs et les passions. Non qu’il ait pris le moins du monde plaisir à nos péchés ; il tolérait seulement ce temps où sévissait le mal sans y consentir. Il préparait le règne actuel de la justice. Durant cette période, nos propres oeuvres nous montraient indignes de la vie ; nous en devenons dignes maintenant par l’effet de la bonté de Dieu. Nous nous sommes montrés incapables d’accéder par nous-mêmes au Royaume de Dieu ; c’est sa puissance qui nous en rend capables maintenant… Dieu ne nous a pas haïs, ni repoussés, il n’a pas tenu rancune, mais il a patienté longtemps.

Vie public de Jesus

30 juillet, 2007

Vie public de Jesus dans images sacrée Pub03

http://www.trinitas.info/Italiano/ImmagSacre_Foto/Gesù/Pub03.htm

Alors, la paix viendra…

30 juillet, 2007

du site: 

http://www.ayletmarcharbel.org/Lecture16.htm

 

Alors, la paix viendra…

 

Si, tu crois qu’un sourire est plus fort qu’une arme,

Si tu crois à la puissance d’une main offerte,

Si tu sais regarder l’autre avec un brin d’amour,

Si tu sais préférer l’espérance au soupçon,

Si tu estimes que c’est à toi de faire le premier pas !

Si tu peux te réjouir de la joie de ton voisin,

Si pour toi l’étranger est un frère qui t’est proposé,

Si tu sais donner gratuitement un peu de ton temps par amour,

Si tu peux accepter qu’un autre te rendre service,

Si tu partages ton pain et que tu saches y joindre un morceau de ton cœur,

Si tu crois qu’un pardon va plus loin qu’une vengeance,

Si tu peux écouter le malheureux qui te fait perdre de ton temps et lui garder le sourire,

Si tu sais accueillir un avis différent que le tien,

Si pour toi l’autre est d’abord un frère,

Si tu crois que la paix est possible

Alors viendra la paix !

Pierre Quilbert

LE MARTYRE DE POLYCARPE 1

30 juillet, 2007

du site:

http://catho.org/

LE MARTYRE DE POLYCARPE 1

L’Église de Dieu qui séjourne à Smyrne à l’Église te Dieu qui séjourne à Philomelium et à toutes les communautés de la sainte Église catholique qui séjournent en tout lieu: que la miséricorde, la paix et l’amour de Dieu le Père et de notre Seigneur Jésus-Christ vous soient données en plénitude (cf. Jud 1,2).

1 1 Nous vous écrivons, frères, au sujet des martyrs et du bienheureux Polycarpe, qui, par son martyre, a pour ainsi dire mis le sceau à la persécution en la faisant cesser. Presque tous les événements antérieurs sont arrivés pour que le Seigneur nous montre encore une fois un martyre conforme à l’Évangile. 2 Comme le Seigneur, en effet, Polycarpe a attendu d’être livré, pour que nous aussi nous soyons ses imitateurs, sans regarder seulement à notre intérêt, mais aussi à celui du prochain (cf. Ph 2,4). Car c’est le fait d’une charité vraie et solide que de ne pas chercher seulement à se sauver soi-même, mais aussi à sauver tous les frères.

2 1 Bienheureux donc et généreux tous ces martyres qui sont arrivés selon la volonté te Dieu. Car il nous faut être assez pieux pour attribuer à Dieu la puissance sur toutes choses. 2 Qui n’admirerait la générosité te ces héros, leur patience, leur amour pour le Maître? Déchirés par les fouets, au point qu’on pouvait voir la constitution de leur chair jusqu’aux veines et aux artères intérieures, ils demeuraient fermes si bien que les spectateurs eux-mêmes en gémissaient de compassion. Ils en vinrent à un tel degré de courage que pas un d’entre eux ne dit un mot ni ne poussa un soupir. Ils nous montrèrent à tous que dans leurs tortures les généreux martyrs du Christ n’étaient plus dans leur corps, ou plutôt que le Seigneur était là qui s’entretenait avec eux. 3 Attentif à la grâce du Christ, ils méprisaient les tortures de ce monde, et en une heure ils achetaient la vie éternelle. Le feu même des bourreaux inhumains était froid pour eux, car ils avaient devant les yeux la pensée d’échapper au feu éternel qui ne s’éteint pas, et des yeux te leur coeur ils regardaient les biens réservés à la patience, biens que l’oreille n’a pas entendus, que l’oeil n’a pas vus, auxquels le coeur de l’homme n’a pas songé (1Co 2,9; cf. Is 64,3), mais que le Seigneur leur a montrés, à eux qui n’étaient plus des hommes, mais déjà des anges. 4 De même ceux qui avaient été condamnés aux bêtes enduraient te terribles supplices; on les étendit sur des coquillages piquants, et on leur fit subir toutes sortes de tourments variés pour les amener à renier, si possible, par ce supplice prolongé.

3 1 Le diable machinait contre eux toutes sortes de supplices, mais grâce à Dieu, il ne put l’emporter contre aucun d’entre eux. Le généreux Germanicus fortifiait leur timidité par sa constance; il fut admirable dans la lutte contre les bêtes; le proconsul voulait le fléchir et lui disait d’avoir pitié de sa jeunesse; mais il attira sur lui la bête en lui faisant violence, voulant être plus vite délivré de cette vie injuste et inique. 2 Alors toute la foule, étonnée devant le courage de la sainte et pieuse race des chrétiens, s’écria:  » A bas les athées; faites venir Polycarpe.  »

4 Mais l’un d’entre eux, nommé Quintus, un Phrygien récemment arrivé de Phrygie, fut pris de peur à la vue des bêtes. C’est lui qui avait entraîné quelques frères à se présenter spontanément avec lui devant le juge. Le proconsul, par ses prières instantes, réussit à le persuader de jurer et de sacrifier. C’est pourquoi, frères, nous ne louons pas ceux qui se présentent d’eux-mêmes, puisque ce n’est pas l’enseignement de l’Évangile.

5 1 Quant à l’admirable Polycarpe, tout d’abord il ne se troubla pas à ces nouvelles, mais il voulait rester en ville; mais la plupart cherchaient à le persuader de s’éloigner secrètement. Il se retira donc dans une petite propriété située non loin de la ville, avec un petit nombre < de compagnons>; nuit et jour il ne faisait que prier pour tous les hommes et pour les Églises du monte entier, comme c’était son habitude. 2 Et étant en prière, il eut une vision, trois jours avant d’être arrêté: il vit son oreiller entièrement brûlé par le feu; et se tournant vers ses compagnons il leur dit:  » Je dois être brûlé vif.  »

6 1 Comme on continuait à le chercher, il passa dans une autre propriété, et aussitôt arrivèrent ceux qui le cherchaient. Ne le trouvant pas, ils arrêtèrent deux petits esclaves, et l’un d’eux, mis à la torture, avoua. 2 Il lui était donc impossible d’échapper, puisque ceux qui le livraient étaient dans sa maison; et l’irénarque, qui avait reçu le même nom qu’Hérode, était pressé de le conduire au stade; ainsi lui, il accomplirait sa destinée, en entrant en communion avec le Christ, tandis que ceux qui l’avaient livré recevraient le châtiment de Judas lui-même.

7 1 Prenant avec eux l’esclave,–c’était un vendredi vers l’heure tu souper–, les policiers et les cavaliers, armés comme à l’ordinaire, partirent comme pour courir  » après un bandit  » (cf. Mt 26,55). Et tard, dans la soirée, survenant tous ensemble, ils le trouvèrent couché dans une petite chambre à l’étage supérieur. Il pouvait encore s’en aller dans une autre propriété, mais il ne le voulut pas et dit:  » Que la volonté de Dieu soit faite.  » 2 Apprenant donc que les agents étaient là, il descendit et causa avec eux; ils s’étonnaient de son âge et de son calme, et de toute la peine qu’on prenait pour arrêter un homme aussi âgé. Aussitôt, à l’heure qu’il était, il leur fit servir à manger et à boire autant qu’ils voulaient; il leur demanda < seulement > de lui donner une heure pour prier à son gré. 3 Ils le lui accordèrent, et debout, il se mit à prier, rempli de la grâce de Dieu au point que deux heures durant il ne put s’arrêter de parler, et que ceux qui l’entendaient en étaient étonnés et que beaucoup se repentirent d’être venus arrêter un si saint vieillard.

8 1 Quant enfin, il cessa sa prière, dans laquelle il avait rappelé tous ceux qu’il avait jamais rencontrés, petits et grands, illustres ou obscurs, et toute l’Église catholique répandue par toute la terre, l’heure étant venue de partir, on le fit monter sur un âne, et on l’emmena vers la ville; c’était jour de grand sabbat. 2 L’irénarque Hérode et son père Nicétès vinrent au-devant de lui, et le firent monter dans leur voiture; assis à côté de lui, ils essayaient de le persuader en disant:  » Quel mal y a-t-il à dire: César est Seigneur, à sacrifier, et tout le reste, pour sauver sa vie?  » Lui, d’abord, ne répondit pas, et, comme ils insistaient, il dit:  » Je ne ferai pas ce que vous me conseillez.  » 3 Alors, ne réussissant pas à le persuader, ils lui dirent toutes sortes d’injures, et il le firent descendre de la voiture si précipitamment qu’il se déchira le devant de la jambe. Sans se retourner, et comme si rien ne lui était arrivé, il marchait allègrement; il allait vers le stade, et il y avait un tel tumulte dans le stade que personne ne pouvait s’y faire entendre.

9 1 Quand Polycarpe entra dans le stade, une voix du ciel se fit entendre:  » Courage, Polycarpe, et sois un homme.  » Personne ne vit celui qui parlait, mais la voix, ceux des nôtres qui étaient là l’entendirent.
Enfin, on le fit entrer, et le tumulte fut grand quant le public apprit que Polycarpe était arrêté. 2 Le proconsul se le fit amener et lui demanda si c’était lui Polycarpe. Il répondit que oui, et le proconsul cherchait à le faire renier en lui disant:  » Respecte ton grand âge  » et tout le reste qu’on a coutume de dire en pareil cas;  » Jure par la fortune de César, change d’avis, dis: A bas les athées.  » Mais Polycarpe regarda d’un oeil sévère toute cette foule de païens impies dans le stade, et fit un geste de la main contre elle, puis soupirant et levant les yeux, il dit:  » A bas les athées.  » 3 Le proconsul insistait et disait:  » Jure, et je te laisse aller, maudis le Christ « ; Polycarpe répondit:  » Il y a quatre-vingt six ans que je le sers, et il ne m’a fait aucun mal; comment pourrais-je blasphémer mon roi qui m’a sauvé?  »

10 1 Et comme il insistait encore et disait:  » Jure par la fortune de César « , Polycarpe répondit:  » Si tu t’imagines que je vais jurer par la fortune de César, comme tu dis, et si tu fais semblant de ne pas savoir qui je suis, écoute franchement: Je suis chrétien. Et si tu veux apprendre de moi la doctrine du christianismel8, donne-moi un jour, et écoute-moi.  » 2 Le proconsul répondit:  » Persuade cela au peuple.  » Polycarpe reprit:  » Avec toi, je veux bien discuter; nous avons appris en effet à donner aux autorités et aux puissances établies par Dieu le respect convenable, si cela ne nous fait pas tort. Mais ceux-là, je ne les estime pas si dignes que je me défende devant eux.  »

11 1 Le proconsul dit:  » J’ai des bêtes, et je te livrerai à elles si tu ne changes pas d’avis.  » Il dit:  » Appelle-les, il est impossible pour nous de changer d’avis pour passer du mieux au pire, mais il est bon de changer pour passer du mal à la justice.  » 2 Le proconsul lui répondit: Je te ferai brûler par le feu puisque tu méprises les bêtes, si tu ne changes pas d’avis.  » Polycarpe lui dit:  » Tu me menaces d’un feu qui brûle un moment et peu de temps après s’éteint; car tu ignores le feu du jugement à venir et du supplice éternel réservé aux impies. Mais pourquoi tarder? Va, fais ce que tu veux.  »

12 1 Voilà ce qu’il disait et beaucoup d’autres choses encore; il était tout plein de force et de joie et son visage se remplissait de grâce. Non seulement il n’avait pas été abattu ni troublé par tout ce qu’on lui disait, mais c’était au contraire le proconsul qui était stupéfait; il envoya son héraut au milieu du stade proclamer trois fois:  » Polycarpe s’est déclaré chrétien.  » 2 A ces paroles du héraut, toute la foule des païens et des Juifs, établis à Smyrne, avec un déchaînement de colère, se mit à pousser de grands cris:  » Voilà le docteur de l’Asie, le père des chrétiens, le destructeur de nos dieux; c’est lui qui enseigne tant de gens à ne pas sacrifier et à ne pas adorer.  » En disant cela, ils poussaient des cris et demandaient à l’asiarque Philippe de lâcher un lion sur Polycarpe. Celui-ci répondit qu’il n’en avait pas le droit, puisque les combats de bêtes étaient terminés. 3 Alors il leur vint à l’esprit de crier tous ensemble:  » Que Polycarpe soit brûlé vif !  » Il fallait que s’accomplît la vision qui lui avait été montrée: pendant sa prière, voyant son oreiller en feu, il avait dit d’un ton prophétique aux fidèles qui étaient avec lui:  » Je dois être brûlé vif  » (5, 2 ).

13 1 Alors les choses allèrent très vite, en moins de temps qu’il n’en fallait pour les dire: sur-le-champ la foule alla ramasser dans les ateliers et dans les bains du bois et des fagots,–les Juifs surtout y mettaient de l’ardeur, selon leur habitude. 2 Quand le bûcher fut prêt, il déposa lui-même tous ses vêtements et détacha sa ceinture, puis il voulut se déchausser lui-même: il ne le faisait pas auparavant, parce que toujours les fidèles s’empressaient à qui le premier toucherait son corps: même avant son martyre, il était toujours entouré de respect à cause de la sainteté de sa vie. 3 Aussitôt donc, on plaça autour de lui les matériaux préparés pour le bûcher; comme on allait l’y clouer, il dit:  » Laissez-moi ainsi: celui qui me donne la force de supporter le feu, me donnera aussi, même sans la protection de vos clous, de rester immobile sur le bûcher.  »

14 1 On ne le cloua donc pas, mais on l’attacha. Les mains derrière le dos et attaché, il paraissait comme un bélier de choix pris d’un grand troupeau pour le sacrifice, un holocauste agréable préparé pour Dieu.
Levant les yeux au ciel, il dit:  » Seigneur, Dieu tout-puissant, Père de ton enfant bien-aimé, Jésus-Christ, par qui nous avons reçu la connaissance de ton nom, Dieu des anges, des puissances, de toute la création, et de toute la race des justes qui vivent en ta présence, 2 je te bénis pour m’avoir jugé digne de ce jour et de cette heure, de prendre part au nombre de tes martyrs, au calice de ton Christ, pour la résurrection de la vie éternelle de l’âme et du corps, dans l’incorruptibilité de l’Esprit- Saint. Avec eux, puissé-je être admis aujourd’hui en ta présence comme un sacrifice gras et agréable, comme tu l’avais préparé et manifesté d’avance, comme tu l’as réalisé, Dieu sans mensonge et véritable. 3 Et c’est pourquoi pour toutes choses je te loue, je te bénis, je te glorifie, par le grand prêtre éternel et céleste Jésus- Christ, ton enfant bien-aimé, par qui soit la gloire à toi avec lui et l’Esprit-Saint maintenant et dans les siècles à venir.

15 1 Quand il eut fait monter cet Amen et achevé sa prière, les hommes du feu allumèrent le feu. Une grande flamme brilla, et nous vîmes une merveille, nous à qui il fut donné de le voir, et qui avions été gardés pour annoncer aux autres ces événements. 2 Le feu présenta la forme d’une voûte, comme la voile d’un vaisseau gonflée par le vent, qui entourait comme d’un rempart le corps du martyr; il était au milieu, non comme une chair qui brûle, mais comme un pain qui cuit, ou comme de l’or ou de l’argent brillant dans la fournaise. Et nous sentions un parfum pareil à une bouffée d’encens ou à quelque autre précieux aromate.

16 1 A la fin, voyant que le feu ne pouvait consumer son corps, les impies ordonnèrent au confector d’aller le percer de son poignard. Quand il le fit, jaillit une quantité de sang qui éteignit le feu, et toute la foule s’étonna de voir une telle différence entre les incroyants et les élus. 2 Parmi ceux-ci fut l’admirable martyr de Polycarpe qui fut, en nos jours, un maître apostolique et prophétique, l’évêque de l’Église catholique de Smyrne; toute parole qui est sortie de sa bouche s’est accomplie ou s’accomplira.

17 1 Mais l’envieux, le jaloux, le mauvais, l’adversaire de la race des justes, voyant la grandeur de son témoignage et sa vie irréprochable dès le début, le voyant couronné de la couronne d’immortalité, et emportant une récompense incontestée, essaya de nous empêcher d’enlever son corps, bien que beaucoup d’entre nous voulussent le faire pour posséder sa sainte chair. 2 Il suggéra donc à Nicétès, le père d’Hérode, le frère d’Akè, d’aller trouver le magistrat pour qu’il ne nous livre pas le corps:  » Pour qu’ils n’aillent pas, dit-il, abandonner le crucifié et se mettre à rendre un culte à celui-ci.  » Il disait cela à la suggestion insistante des Juifs, qui nous avaient surveillés quand nous voulions retirer le corps du feu. Ils ignoraient que nous ne pourrons jamais ni abandonner le Christ qui a souffert pour le salut de tous ceux qui sont sauvés dans le monde, lui l’innocent pour les pécheurs,–ni rendre un culte à un autre. 3 Car lui, nous l’adorons, parce qu’il est le fils de Dieu; quant aux martyrs, nous les aimons comme disciples et imitateurs du Seigneur, et c’est juste, à cause de leur dévotion incomparable envers leur roi et maître; puissions-nous, nous aussi, être leurs compagnons et leurs condisciples.

18 1 Le centurion, voyant la querelle suscitée par les Juifs, exposa le corps au milieu et le fit brûler comme c’était l’usage. 2 Ainsi, nous pûmes plus tard recueillir ses ossements plus précieux que des pierres de grand prix et plus précieux que l’or, pour les déposer en un lieu convenable. 3 C’est là, autant que possible que le Seigneur nous donnera de nous réunir dans l’allégresse et la joie, pour célébrer l’anniversaire de son martyre, de sa naissance, en mémoire de ceux qui ont combattu avant nous, et pour exercer et préparer ceux qui doivent combattre à l’avenir.

19 1 Telle fut l’histoire du bienheureux Polycarpe, qui fut, avec les frères de Philadelphie, le douzième à souffrir le martyre à Smyrne; mais de lui seul on garde le souvenir plus que des autres, au point que partout les païens eux-mêmes parlent de lui. Il fut non seulement un docteur célèbre, mais aussi un martyr éminent, dont tous désirent imiter le martyre conforme à l’Évangile du Christ. 2 Par sa patience, il a triomphé du magistrat inique, et ainsi il a remporté la couronne de l’immortalité; avec les Apôtres et tous les justes, dans l’allégresse, il glorifie Dieu, le Père tout-puissant, et bénit notre Seigneur Jésus-Christ, le sauveur de nos âmes et le pilote de nos corps, le berger de l’Église universelle par toute la terre.

20 1 Vous aviez désiré être informés avec plus de détail sur ces événements; pour l’instant, nous vous en avons donné un récit sommaire par notre frère Marcion. Quand vous aurez pris connaissance de cette lettre, transmettez-la aux frères qui sont plus loin pour qu’eux aussi glorifient le Seigneur qui fait son choix parmi ses serviteurs.
2 A celui qui, par sa grâce et par son don, peut nous introduire tous dans son royaume éternel par son fils unique Jésus-Christ, à lui la gloire, l’honneur, la puissance, la grandeur dans les siècles (cf.
1Tm 6,16; etc.).
Saluez tous les saints (cf.
Rm 16,15 He 13,24; etc.)
Ceux qui sont avec nous vous saluent, et aussi Erariste qui a écrit cette lettre, avec toute sa famille.

21 Le bienheureux Polycarpe a rendu témoignage au début du mois de Xanthique, le deuxième jour, le septième jour avant les calendes de mars, un jour de grand sabbat, à la huitième heure. Il avait été arrêté par Hérode, sous le pontificat de Philippe de Tralles, et le proconsulat de Statius Quadratus, mais sous le règne éternel de notre Seigneur Jésus-Christ; à lui soit la gloire, l’honneur, la grandeur, le trône éternel de génération en génération. Amen.

Appendice

1 Nous vous souhaitons bonne santé, frères, marchez selon l’Évangile, dans la parole de Jésus-Christ; avec lui, gloire à Dieu le Père et au Saint-Esprit, pour le salut des saints élus. C’est ainsi que témoigna le bienheureux Polycarpe; puissions- nous marcher sur ses traces, et être trouvés avec lui dans le royaume de Dieu.
2 Gaïus a transcrit cette lettre sur le manuscrit d’Irénée, disciple de Polycarpe; Gaïus a vécu avec Irénée. Et moi, Socrate, je l’ai copiée d’après la copie de Gaïus. La grâce soit avec tous.
3 Et moi, à mon tour, Pionius, je l’ai copiée sur l’exemplaire ci-dessus; je l’ai recherché, après que le bienheureux Polycarpe me l’eût montré dans une révélation, comme je le raconterai par la suite. J’ai rassemblé les fragments presque détruits par le temps; que le Seigneur Jésus-Christ me rassemble aussi avec ses élus dans le royaume du ciel; à lui la gloire avec le Père et le Saint-Esprit dans les siècles des siècles. Amen.

23

Appendice du manuscrit de Moscou.

1 Gaïus a copié ceci dans les écrits d’Irénée; il avait vécu avec Irénée, qui fut disciple de saint Polycarpe. 2 Cet Irénée, qui était à Rome à l’époque du martyre de l’évêque Polycarpe, instruisit beaucoup de personnes. On a de lui beaucoup d’écrits très beaux et très orthodoxes; il y fait mention de Polycarpe, disant qu’il avait été son disciple; il réfuta vigoureusement toutes les hérésies et nous transmet la règle ecclésiastique et catholique, telle qu’il l’avait reçue du saint. 3 Il dit aussi ceci: Marcion, d’où viennent ceux qu’on appelle les marcionites, ayant un jour rencontré saint Polycarpe, lui dit:  » Reconnais-nous, Polycarpe.  » Mais lui dit à Marcion:  » Je reconnais, je reconnais le premier-né de Satan.  » 4 On lit aussi ceci dans les écrits d’Irénée: Au jour et à l’heure où Polycarpe souffrit le martyre à Smyrne, Irénée se trouvant à Rome entendit une voix pareille à une trompette qui disait: Polycarpe a été martyrisé.
5 Comme on l’a dit, c’est donc dans les écrits d’Irénée que Gaïus a copié ceci, et Isocrate à Corinthe l’a transcrit sur la copie de Gaïus. Et moi, Pionius, à mon tour je l’ai copié sur l’exemplaire d’Isocrate, que j’avais recherché d’après une révélation de saint Polycarpe. J’en ai rassemblé les fragments presque détruits par le temps. Que le Seigneur Jésus-Christ me rassemble aussi avec ses élus dans la gloire du ciel; à lui la gloire avec le Père et le Saint-Esprit dans les siècles des siècles. Amen.

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