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MARIE-NOËLLE THABUT – PREMIÈRE LETTRE DE SAINT PAUL AUX CORINTHIENS, 12, 31 – 13, 13
29 janvier, 2016COMMENTAIRES DE MARIE-NOËLLE THABUT, DIMANCHE 31 JANVIER 2016
DEUXIEME LECTURE – PREMIÈRE LETTRE DE SAINT PAUL AUX CORINTHIENS, 12, 31 – 13, 13
Frères, 12, 31 recherchez avec ardeur les dons les plus grands. Et maintenant, je vais vous indiquer le chemin par excellence. 13, 1 J’aurais beau parler toutes les langues des hommes et des anges, si je n’ai pas la charité, s’il me manque l’amour, je ne suis qu’un cuivre qui résonne, une cymbale retentissante. 2 J’aurais beau être prophète, avoir toute la science des mystères et toute la connaissance de Dieu, j’aurais beau avoir toute la foi jusqu’à transporter les montagnes, s’il me manque l’amour, je ne suis rien. 3 J’aurais beau distribuer toute ma fortune aux affamés, j’aurais beau me faire brûler vif, s’il me manque l’amour, cela ne me sert à rien. 4 L’amour prend patience ; l’amour rend service ; l’amour ne jalouse pas ; il ne se vante pas, ne se gonfle pas d’orgueil ; 5 il ne fait rien d’inconvenant ; il ne cherche pas son intérêt ; il ne s’emporte pas ; il n’entretient pas de rancune ; 6 il ne se réjouit pas de ce qui est injuste, mais il trouve sa joie dans ce qui est vrai ; 7 il supporte tout, il fait confiance en tout, il espère tout, il endure tout. 8 L’amour ne passera jamais. Les prophéties seront dépassées, le don des langues cessera, la connaissance actuelle sera dépassée. 9 En effet, notre connaissance est partielle, nos prophéties sont partielles. 10 Quand viendra l’achèvement, ce qui est partiel sera dépassé. 11 Quand j’étais petit enfant, je parlais comme un enfant, je pensais comme un enfant, je raisonnais comme un enfant. Maintenant que je suis un homme, j’ai dépassé ce qui était propre à l’enfant. 12 Nous voyons actuellement de manière confuse, comme dans un miroir ; ce jour-là, nous verrons face à face. Actuellement, ma connaissance est partielle ; ce jour-là, je connaîtrai parfaitement, comme j’ai été connu. 13 Ce qui demeure aujourd’hui, c’est la foi, l’espérance et la charité ; mais la plus grande des trois, c’est la charité.
Dans les passages de la lettre aux Corinthiens que nous avons lus ces deux derniers dimanches, Saint Paul énumérait les différents dons que l’Esprit Saint fait aux membres du Corps du Christ dans leur diversité. Mais, dit-il, le plus précieux des dons que nous fait l’Esprit-Saint c’est l’Amour. C’est lui qui donne valeur à tous les autres. Ce n’est donc pas une leçon de morale que Paul nous dispense ici, mais la contemplation d’un mystère qui nous dépasse. Car, en fait, avant de parler de nous, ce texte de Paul parle d’abord de Dieu, il contemple le mystère de l’amour de Dieu ; à chaque fois que nous rencontrons le mot « Amour » dans ce texte, nous pourrions le remplacer par le mot « Dieu ». « L’amour prend patience » ; oui, Dieu patiente avec son peuple, avec l’humanité, avec nous, lui pour qui « mille ans sont comme un jour, et un jour est comme mille ans », comme nous dit Pierre (2 P 3, 8) ; oui, « l’amour rend service », il suffit de regarder Jésus laver les pieds de ses disciples (Jn 13) ; oui encore, le peuple d’Israël a eu maintes occasions d’expérimenter que « l’amour (c’est-à-dire Dieu) ne garde pas rancune » : lui qui a pardonné à son peuple sans se lasser tout au long de l’histoire biblique. Jusqu’au jour où sur le visage du Christ en croix, nous avons pu voir la preuve de l’amour infini de Dieu et nous avons entendu ce jour-là les paroles suprêmes du pardon : « Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font. » Et il ne nous a laissé qu’une seule consigne « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ». Heureusement pour nous, nous ne sommes pas laissés à nos seules forces pour cela, puisqu’il nous a transmis son Esprit : « L’amour de Dieu a été répandu dans nos coeurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné » (Ro 5, 5). Ce qui veut dire que « l’amour même de Dieu est répandu en nous ». Voilà une bonne nouvelle, si nous voulons bien l’entendre. Alors ici, Paul fait l’inventaire du don qui nous est fait, le catalogue des possibilités infinies de dépassement qu’il nous offre : en quelque sorte, il nous dit : « Voilà ce que l’amour vous rend capables de faire ». Les quinze comportements que Saint Paul énumère dans son inventaire, loin d’être des utopies, sont les réalités étonnantes que l’expérience fait découvrir : réellement, on le sait bien, l’amour et l’amour seul permet à ceux qui aiment, à ceux qui s’aiment, d’atteindre des sommets de patience, d’oubli de soi, de douceur, de transparence, de confiance totale, et en définitive, de joie profonde. C’est l’amour de Dieu, c’est-à-dire donné par Dieu, qui, seul, peut faire de nos communautés les témoins que le monde attend. Inversement, on peut lire dans ce texte de Paul un bon catalogue de critères pour juger nos comportements individuels et collectifs. En un temps où les mots (et les gestes) d’amour sont multipliés et galvaudés, une telle grille de discernement n’est peut-être pas superflue. Paul insiste, c’est l’amour et lui seul qui fera de nous des adultes : « Quand viendra l’achèvement, ce qui est partiel disparaîtra. Quand j’étais un enfant, je parlais comme un enfant, je pensais comme un enfant, je raisonnais comme un enfant. Maintenant que je suis un homme, j’ai fait disparaître ce qui faisait de moi un enfant. » On peut en déduire que toutes les autres qualités : la science, la générosité, et même la foi et le courage, le don des langues ou de prophétie, ne sont que des enfantillages au regard de la seule valeur qui compte, l’amour. Quand on pense à l’importance que les Corinthiens attachaient à l’intelligence, à la naissance, à la condition sociale, on mesure mieux l’audace des propos de Paul. Toutes ces soi-disant valeurs auxquelles nous tenons tant, nous aussi, ne sont que des balayures, comme Paul le dit ailleurs. Puisque les plus grandes vertus elles-mêmes ne sont rien si elles ne sont pas irriguées uniquement par l’amour de Dieu lui-même. Voilà qui remet les choses à leur place ; une fois de plus, on entend résonner les béatitudes : seuls les pauvres de coeur savent accueillir en eux les richesses de Dieu. Peut-être n’osons-nous pas assez compter sur ces possibilités infinies d’amour qui sont à notre disposition, pourvu que nous les sollicitions. L’Esprit est très discret, il attend peut-être que nous lui demandions son aide.
HOMÉLIE 4E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE
29 janvier, 2016http://www.homelies.fr/homelie,,4464.html
HOMÉLIE 4E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE
dimanche 31 janvier 2016
Famille de Saint Joseph
« Cette Parole de l’Ecriture que vous venez d’entendre, c’est aujourd’hui qu’elle s’accomplit » : avec quelle joie Jésus ne devait-il pas prononcer ces paroles solennelles qui inaugurent son ministère ! Elles en constituent à la fois le programme et anticipent son accomplissement. La paisible confiance qui émane de Notre-Seigneur jaillit de la conscience de son identité et de sa mission : « L’Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction » (Lc 4, 18). Et dans cet Esprit, Jésus entend le Père lui murmurer : « Avant même de te former dans le sein de la Vierge Marie, je te connaissait ; avant que tu viennes au jour, je t’ai consacré ; je fais de toi un prophète pour les peuples » (1ère lect.). Notre-Seigneur se sait envoyé par le Père pour « rassembler dans l’unité les enfants de Dieu dispersés » (Jn 11, 52). Il sait que pour ce faire, il devra les arracher de haute lutte à celui qui les tient assujettis dans le cruel esclavage de l’ignorance et du péché. Il est conscient que même si au désert il a déjà vaincu l’Ennemi, le combat sera rude, en raison de nos complicités avec l’Antique Serpent qui nous a séduits par ses propositions mensongères. Jésus sait aussi que tous n’accepteront pas d’être guéris de leur cécité et de venir à la lumière, d’être libérés de leurs chaînes et d’accéder à la liberté ; nombreux même seront ceux qui se boucheront les oreilles à l’annonce de la Bonne Nouvelle et refuseront d’entrer dans l’année jubilaire de réconciliation accordée par le Seigneur (Lc 4, 19). C’est « dans son propre pays » que Jésus fait en premier cette douloureuse expérience ; l’épisode de la synagogue de Nazareth placé en exergue de la vie publique, annonce que l’ombre du rejet pèsera sur tout le ministère de Notre-Seigneur. L’opposition, d’abord lancinante et diffuse, deviendra progressivement de plus en plus explicite et organisée, pour conduire finalement au drame de la Passion. Le dernier paragraphe de la péricope de ce jour résonne d’ailleurs comme une véritable anticipation de la Pâque : rendus « furieux » par l’action occulte du Malin dans leurs coeurs, les Juifs « se levèrent tous ensemble » (Lc 23, 1), « poussèrent Jésus hors de la ville et le menèrent jusqu’à un escarpement de la colline où la ville est construite ». « En ce lieu dit “le crâne ” ou “ calvaire ”, ils le crucifièrent avec deux malfaiteurs » (Lc 23, 33). Cette issue dramatique de son ministère, Jésus l’a pressentie. Il connaît les Ecritures : il sait qu’ « aucun prophète n’est bien accueilli dans son pays ». Mais il ne faiblira pas, car il marche « dans la puissance de l’Esprit » (Lc 4, 14), c’est-à-dire dans la force invincible de l’amour de Dieu son Père dont la voix résonne sans cesse à ses oreilles : « C’est toi mon Fils : Moi, aujourd’hui, je t’ai engendré » (Lc 3, 22). « Je fais de toi aujourd’hui une ville fortifiée, une colonne de fer, un rempart de bronze, pour faire face à tout le pays, aux rois de Juda et à ses chefs, à ses prêtres et à tout le peuple. Ils te combattront, mais ils ne pourront rien contre toi, car je suis avec toi pour te délivrer » (1ère lect.). Pourtant, au moment d’entrer dans sa Passion, Jésus trahira son angoisse par ces paroles bouleversantes : « Maintenant mon âme est troublée. Que puis-je dire ? Dirai-je : Père, délivre-moi de cette heure ? Mais non ! C’est pour cela que je suis parvenu à cette heure-ci ! Père glorifie ton Nom ! » (Jn 12, 27). La gloire de Dieu que Jésus va manifester dans la puissance de l’Esprit qui repose sur lui, ne triomphe pas du mal en s’y opposant par la force, mais tout au contraire en y consentant ; en laissant la violence s’épuiser en vain à vouloir triompher de sa douceur ; et en triomphant de la haine meurtrière par le pardon qui redonne la vie : « Père, pardonne-leur : ils ne savent pas ce qu’ils font » (Lc 23, 34). En rédigeant l’hymne à la charité, qui saint Paul contemplait-il avec tendresse et reconnaissance, émerveillement et adoration ? Où son regard se posait-il, sinon sur le visage de son Seigneur crucifié par amour pour lui ? Certes Jésus avait donné la preuve qu’il était un « prophète, possédant toute la science des mystères et toute la connaissance de Dieu » (2nd lect.) ; mais c’est sur l’autel de la croix, où l’Agneau est offert en holocauste, qu’il révèle l’absolu de la charité. « Il m’a aimé, et s’est livré pour moi » (Ga 2, 20) : voilà la clé de lecture qui donne sens à la destinée paradoxale de ce Rabbi que l’on disait « Fils de Joseph » de Nazareth. C’est l’amour et rien d’autre qui motive sa marche persévérante, héroïque, affrontant toutes les oppositions, déjouant tous les pièges, franchissant tous les obstacles. « Mais lui, passant au milieu d’eux, allait son chemin », s’avançant résolument vers sa Pâques. « Passant » au creux de notre mort, il « allait son chemin », ne prenant aucun repos avant de nous avoir préparé une place dans la demeure de son Père et notre Père, de son Dieu et notre Dieu (cf. Jn 20, 17). C’est en ressuscitant son Fils que le Père révèlera aux yeux de tous que « l’amour ne passera jamais ». « Ciel et terre passeront » (Mc 13, 31), mais la charité ne passera pas, car « Dieu est amour » (1 Jn 4, 8). Certes, « notre connaissance est actuellement partielle ; nous ne voyons qu’une image obscure dans un miroir ». Mais dans la mesure où nous consentons à l’action de l’Esprit Saint que le Fils nous a envoyé d’auprès du Père, nous grandirons dans la vraie connaissance de Dieu, jusqu’au jour où « nous le verrons face à face », dans la pleine lumière de l’amour. Alors « nous connaîtrons vraiment, comme Dieu nous a connu ». « Seigneur nous t’attendions dans la gloire imposante d’un Dieu majestueux qui manifeste sa toute-puissance ; et tu te révèle dans la fragilité d’un Enfant et l’impuissance d’un Crucifié. Donne-nous assez d’humilité pour te reconnaître dans ces visages paradoxaux de l’Amour, et le courage de nous mettre à ton école. Que ta Croix glorieuse soit notre bâton pour la route dont l’Apôtre Paul nous indique le parcours : « L’amour prend patience ; l’amour rend service ; l’amour ne jalouse pas ; il ne se vante pas, ne se gonfle pas d’orgueil ; il ne s’emporte pas ; il n’entretient pas de rancune ; il ne se réjouit pas de ce qui est mal, mais il trouve sa joie dans ce qui est vrai ; il supporte tout, il fait confiance en tout, il espère tout, il endure tout » (2nde lect.). Père Joseph-Marie
Chagall, Le livre du Cantique des cantiques
28 janvier, 2016LE BAISER VIENT DE DIEU
28 janvier, 2016http://www.parolevivante.net/article-19115400.html
LE BAISER VIENT DE DIEU
Publié le 28 avril 2008 par louis trifault Le cantique des Cantiques nous présente la Sulamithe comme la fiancée. Nous avons dit qu’elle symbolise l’Épouse de l’agneau, c’est-à-dire de Jésus. Rappelons que l’Épouse c’est chacun d’entre nous, croyants nés de nouveau. L’histoire de la Sulamithe représente notre histoire, notre croissance spirituelle, notre intimité avec Jésus. La durée de ce cantique des Cantiques varie d’une personne à l’autre. Certains deviennent matures rapidement d’autre, il leur faudra des années pour être guéris, délivrés, et accepté de s’engager dans les œuvres que Dieu a préparées pour chacun d’entre nous. Dans notre langage occidental nous employons plus facilement le terme fiancée, plutôt que épouse avant le mariage et épouse après le mariage. Lors de l’étude du mariage juif, nous avons retenu que le jeune homme et la jeune fille, qui promettent de s’épouser, sont considérés comme mariés à partir du jour où ils ont bu le vin de la coupe d’alliance. Jésus nous offre, depuis le dernier repas prit avec ses disciples, cette même coupe. Nous sommes dans ce temps d’attente et de préparation qui s’écoule entre le jour où la jeune fille accepte de boire la coupe alliance et le jour où le mari (ou époux) vient la chercher, pour l’emmener dans la demeure préparée dans la maison de son père. L’épouse ignore le jour de la venue de son époux. Cantique des Cantiques 1 : 2 Qu’il me baise des baisers de sa bouche. Car ton amour vaut mieux que le vin. Bible du semeur : Ah ! Que ta bouche me couvre de baisers, car ton amour est plus exaltant que le vin. Bible parole de vie : Couvre-moi des baisers de ta bouche, ta tendresse est plus délicieuse que le vin. Dans ce désir de recevoir des signes de la manifestation de l’amour de Jésus, nous nous reconnaissons. Quand nous venons devant Jésus nous parlons les premiers. Nous ignorons presque totalement ce que notre venue provoque dans son cœur. Nous ne nous posons même pas la question. Nous nous voyons si souvent inclus dans une masse de croyant, comme un anonyme parmi tous les croyants du monde ou de la terre. Nous désirons recevoir de Jésus, l’assurance qu’il nous connaît réellement par notre nom. Aussi nous lui disons, dans notre démarche vers lui : Toi Jésus l’être aimé couvre moi de tes baisers, manifeste moi ton amour, car nous, nos baisers nous les accordons à ceux ou celles que nous aimons. Et nous nous attendons à la même attitude de la part de Jésus envers nous. Surtout après un échec ou un faux pas, nous désirons nous assurer que nous sommes encore aimés de Jésus, aimés du Père. Aussi nous lui disons : Jésus couvre moi de tes baisers encore et encore. Embrasse moi ! Équivaut aux paroles de ce chant quand nous le proclamons vers Jésus : Attire moi à toi, ne me laisse pas. je veux tout abandonner, oh restaure notre amitié. (Jésus ne cherche pas des amis ou une amie, mais une épouse). Ces paroles révèlent notre maturité ou notre immaturité. Dans sa parole Jésus nous dit : je ne t’abandonnerai pas. Croyons-le. Jacques 4 :8 nous dit : Approchez vous de Dieu et il s’approchera de vous ! L’initiative nous appartient. Lors de la nouvelle naissance, nous déclarons avoir trouvé Jésus. En réalité c’est lui qui nous a trouvé le jour où nous nous sommes laissé rencontrer. Baiser : embrasser beaucoup, embrasser tendrement en signe d’affection. Le baiser représente le premier signe de la manifestation d’amour des parents envers un nouveau né. Ses parents aiment le couvrir de baisers. Ceci équivaux à lui dire : bienvenue dans notre famille. Tu es unique pour nous, même s’il a déjà des frères et sœurs. Le baiser vient de Dieu Ce n’est pas une manifestation trouvée par les hommes ou soufflée par le diable. Le baiser vient de Dieu, c’est lui qui en est l’auteur. Toute manifestation de l’amour, de la tendresse vient de Dieu. Le baiser est une effusion de vie, c’est pourquoi il s’exprime par la bouche, et la bouche révèle le contenu du cœur, nous le voyons avec Judas qui trahit Jésus par un baiser. Luc 22 : 47 b : (Judas) s’approche de Jésus, pour lui donner un baiser. Verset 48 et Jésus lui dit : Judas, c’est par un baiser que tu livres le Fils de l’homme ! Le premier baiser a été donné par Dieu à Adam. Genèse 2 :7 L’Éternel Dieu forma de la poussière de la terre, il souffla dans ses narines un souffle de vie et l’homme devient une âme vivante. Imaginons cette masse d’argile étendue sur le sol. Cette masse d’argile vient d’être façonnée, sculptée par l’Éternel avec beaucoup d’imagination, de soin, d’amour, mais qui est encore inerte. Tous les membres sont en places ainsi que tous les organes, le cerveau, les yeux ; la bouche etc. Le cœur ne bat pas encore. La poitrine ne se gonfle pas encore. Dieu contemple son œuvre. La suite est confiée au Saint-Esprit. Le Saint-Esprit se penche vers celui qui va devenir Adam. Il lui donne un baiser, un saint baiser, un baiser qui communique la vie, la zoé, un baiser par lequel le Saint-Esprit insuffle Dieu lui-même : l’Esprit. Adam, par ce baiser reçoit le souffle de Dieu et devient une âme vivante. La salive commence à humidifier ses lèvres, sa bouche. Le cœur donne se premiers battement. Le sang circule et devient chaud. La poitrine se gonfle. Maintenant Adam se lève sous l’œil admiratif du Père et de Jésus. Par ce baiser du Saint-Esprit, Adam devient éternel. Et Dieu voit que cela est bon. Dans ce baiser que donne le Saint-Esprit, Adam reçoit la vie de Dieu, l’amour de Dieu, le feu de Dieu, la gloire de Dieu. Maintenant, celui qui va ressusciter Christ du tombeau, habite Adam c’est-à-dire le Saint-Esprit. Maintenant il est prêt, s’il le veut et le temps qu’il le vaudra, a vivre en communion, dans une relation d’amour avec son Dieu et créateur. Le baiser de Jésus n’est pas l’union de deux bouches, mais l’union de Jésus avec chaque chrétien, à travers sa parole et la manifestation du Saint-Esprit qui l’accompagne. Le baiser de Jésus se manifeste en baiser d’affection, d’amour éternel, de miséricorde, baiser de pardon, de réconciliation, de feu, par sa parole révélée. Luc 24 :32 : Et ils se dirent l’un à l’autre : Notre cœur ne brûlait-il pas au-dedans de nous, lorsqu’il nous parlait en chemin et nous expliquait les écritures ? Oui le feu de la révélation doit brûler dans nos cœurs. C’est le signe d’un baiser de Jésus donné par le Saint-Esprit. Luc 16 : 19-20 Nous révèle la profondeur du baiser de Jésus ici dans cette histoire qui relate le retour du fils prodigue. Nous voyons la puissance de vie manifestée par le père. Jésus est dans le Père et le Père est en Jésus. Jésus a reçu le baiser du Père. Quand le Père embrasse Jésus, il lui communique les profondeurs de son amour infini. Quand Jésus m’embrasse, son baiser, par sa parole accompagnée de la puissance de vie du Saint-Esprit me transmet la même profondeur d’amour que celle donnée par le Père. Le Fils prodigue dit à son père : je ne suis plus digne d’être appelé ton fils, traite-moi comme l’un de tes serviteurs. Il se leva, et alla vers son père. Comme il était encore loin, son père le vit et fut ému de compassion, il courut se jeter à son cou et l’embrassa. Souvenons nous que le fils vient de quitter « ses cochons ». Croyez vous que le père a simplement posé ses bras autour du cou de son fils ? Non il se jeta au cou de son fils et le couvrit tendrement d’une multitude de baisers pour lui transmettre la vie, la vraie vie. Le père couvre son fils de saints baisers. Romains 16 : 16 Saluez-vous les uns et les autres par un saint baiser. Qu’est-ce qu’un saint baiser ? Un baiser qui est saint c’est-à-dire venant du Saint-Esprit et donné dans l’Esprit. Nous constatons combien le baiser est galvaudé, dévalué dans notre monde. Posons-nous cette question : Nous arrive-t-il de nous éloigner du royaume de Dieu, vers un « pays lointain » ? Et dépenser ou gaspiller notre héritage ? Quelle est notre attitude quand nous revenons à la maison. Attendons nous les baisers de Jésus ? Ou sommes-nous de ceux qui pensent : ce serait mieux si j’étais un serviteur plutôt qu’un fils. – Ta tendresse est plus délicieuse que le vin. (Parole de vie) – Ton amour m’enivre plus que le vin. (Bible en français courant) Ce sont les paroles et les choix émis par l’Épouse adressé à Jésus. Psaume 104 : 15 Le vin qui réjouit le cœur de l’homme et fait resplendir, plus que l’huile, son visage. L’Épouse sait que les réjouissances libérées par le vin sont passagères. Aussi elle préfère, choisit, apprécie, les tendresses et l’amour de Jésus. Car l’un et l’autre sont éternels, ne s’épuisent jamais et communiquent la vraie vie. Les tendresses et l’amour d’une personne nous révèlent sa proximité, sa présence, sa fidélité, son attention, son attachement, son attouchement. Recevoir un baiser de Jésus implique de se tenir tout proche de lui. La tendresse de Jésus et son amour sont plus agréables que les parfums. Comme le vin, les parfums les plus délicats donnent une satisfaction éphémère. Cantique des Cantiques 1 : 3 Tu plais comme un parfum délicat, c’est pourquoi les jeunes filles sont amoureuses de toi (parole de vie). (Bible en français courant) Tu es séduisant comme un parfum raffiné, il n’est pas étonnant que toutes les filles soient amoureuses de toi. Notre Dieu, l’Éternel est le créateur des parfums. Arrêtons-nous un instant et pensons à toutes les variétés de fleurs qui existent à travers le monde. A chaque variété de fleurs Dieu a crée un parfum particulier, différent. Le parfum de la rose n’est pas le même que celui de la violette. Chaque parfum exerce une influence sur nos vies : agréable ou désagréable, une influence qui attire ou repousse. L’industrie des parfums sait très bien tirer profit de cette influence ou attirance pour les parfums, le diable aussi. D’ailleurs beaucoup de nom de parfum sont évocateur : Sortilège, Hypnose etc. Dans beaucoup de religion, des parfums et notamment de l’encens sont offerts soit en signe de reconnaissance ou pour apaiser la colère des dieux. – (Bible Segond) Cantique des Cantiques 1 :3 Tes parfums ont une odeur suave, ton nom est un parfum qui se répand, c’est pourquoi les jeunes filles t’aiment. Suave : d’une douceur délicieuse, délicieux, doux, exquis. Le nom de Jésus dégage un parfum délicieux, un parfum délicat, un parfum raffiné qui rend amoureuse l’Épouse et les jeunes filles c’est-à-dire les chrétiens. Le nom de Jésus répand un parfum qui réveille notre esprit, nos émotions, nos sentiments. Le nom de Jésus fait monter un parfum d’une agréable odeur vers le père, un parfum d’obéissance. 2 Corinthiens 2 :14-17 Grâce soit rendue à Dieu, qui nous fait toujours triompher en Christ, et qui répand par nous en tout lieu l’odeur de sa connaissance. Nous sommes en effet, pour Dieu le parfum de Christ parmi ceux qui sont sauvés et parmi ceux qui périssent : aux uns, une odeur de mort donnant la mort, aux autres une odeur de vie donnant la vie, et qui est suffisant pour ces choses. Voilà 2000 ans, les soldats Romains célébraient leurs victoires en ovationnant les chefs militaires victorieux. Ce jour était déclaré férié afin que la foule soit présente pour applaudir le chef militaire ou les chefs militaires ennemis qui étaient enchaînés et traînés. Ce jour était annoncé de la manière suivante : Des hommes, avec un flambeau ou une torche à la main marchaient dans les rues. Ce flambeau dégageait une odeur de résine que le vent répandait dans les maisons, prisons. Le peuple reconnaissait une odeur de vie, de fête par contre les prisonniers, dans leur prison recevaient ce parfum en odeur de mort. Il leur annonçait qu’ils allaient mourir le jour même. Ce passage des écritures que nous venons de lire nous montre que le nom de Jésus dégage un parfum de vie, de victoire pour l’Épouse, pour les croyants ou les chrétiens ou un parfum de mort pour ceux qui le refusent. Car ils attirent la colère de Dieu sur leur vie. Personne ne peut se présenter devant Dieu s’en dégager le parfum de Christ. Aimons le parfum de Jésus. Répandons le parfum qui se dégage du nom de Jésus, il diffuse la vie, la délivrance, le salut ou soulève l’hostilité pour ceux qui le refusent. Pour bien comprendre cela, il faut se situer sur le plan spirituel. Pour l’enfer, de la croix se dégage un parfum de mort, de feu éternel et pour nous chrétiens un parfum de vie. Mais dans les deux cas, Dieu est glorifié car dans l’un il s’agit de l’odeur de sa grâce, dans l’autre celle de sa justice. Le parfum de Christ s’exalte dans toute la bible. Exode 30 :34-38 L’Éternel dit à Moïse : prends des aromates, du stacté, de l’onglé odorant, du galbanum et de l’encens pur en parties égales. Tu feras avec cela un parfum composé selon l’art du parfum, il sera salé, pur et saint. Tu le réduiras en poudre, tu le mettras devant le témoignage, dans la tente d’assignation, où je me rencontrerai avec toi. Ce sera pour vous une chose très sainte. Vous ne ferez point pour vous de parfum semblable, dans les mêmes proportions ; vous le regarderez comme saint, et réservé pour l’Éternel. - Le stacté : gomme ou résine aromatique utilisée dans l’encens. - Ongle : ingrédient utilisé dans l’encens qui provient d’un coquillage de mollusque dont le parfum s’exhale par le feu. - Galbanum : ingrédient utilisé dans l’encens saint. Ces différents composant de l’encens symbolise les différentes qualités de Jésus, et représentent le caractère ineffable de Jésus. Ce parfum devait être brûlé sur l’autel des parfums, chaque jour avec le feu descendu du ciel. Ce feu symbolise, le Saint-Esprit et le parfum de Christ. Il devait être offert dans le lieu très saint avant l’entrée du souverain sacrificateur dans le lieu très saint. Ceci nous montre : 1) Combien nous avons besoin du feu du Saint-Esprit dans chacune de nos vies pour répandre le parfum de Christ. 2) Combien nous sommes dépendants du Saint-Esprit pour connaître Jésus et l’aimer. Connaître implique une action intime de pénétration : c’est-à-dire pour que Jésus soit en nous et nous en Jésus. Souvenons-nous de l’attente de Jésus envers chacun de nous : la maturité spirituelle. Il veut une épouse mature qui puisse propager l’évangile, et régner avec lui. Il veut l’élever à son niveau. Pour cela elle doit l’accepter et renoncer à elle-même, mourir à elle-même comme Jésus est mort à lui-même.
DOUCE ÉDUCATION À LA JOIE DE L’ÉVANGILE
28 janvier, 2016http://www.patristique.org/Douce-education-a-la-joie-de-l.html
DOUCE ÉDUCATION À LA JOIE DE L’ÉVANGILE
par Luc Fritz
Depuis la résurrection du Seigneur, les chrétiens se transmettent la joie pascale, de génération en génération. Ils connaissent cette joie et pourtant peinent parfois à la qualifier et à exprimer leur sentiment. Face à cette difficulté, ils peuvent s’appuyer sur certaines homélies de Grégoire de Nysse pour traduire ce qui les habite. Nous sommes aux alentours des années 380. À cette époque, la célébration de la fête de Pâques connaît des évolutions significatives. De fait, jusqu’au milieu du quatrième siècle, les chrétiens fêtaient la victoire pascale durant toute une semaine, sans distinguer la célébration de la Résurrection proprement dite, de celles de l’Ascension et de la Pentecôte. S’instaure alors progressivement un cycle liturgique qui différencie la résurrection du Seigneur, sa montée auprès du Père et l’envoi de l’Esprit Saint. Ces distinctions permettent d’aborder le thème de la joie pascale sous des angles différents, en fonction de la grâce propre à chaque fête. Dans ses homélies, Grégoire de Nysse déploie sa méditation sur la joie pascale le plus souvent à partir d’un verset du psaume qui a été chanté au cours de la liturgie car le psautier tout entier est louange à Dieu, action de grâce, et donc source de joie, même s’il comporte aussi des supplications et des demandes de pardon. À l’occasion de la fête de Pâque, Grégoire médite le passage suivant : « louez le Seigneur, toutes les nations ; glorifiez-le, tous les peuples » (Ps 116, 1). Il invite ses auditeurs à la fête car le Créateur n’a pas abandonné sa créature pécheresse. Au contraire, il la recrée par la mort et la résurrection de Jésus, manifestant ainsi et sa toute-puissance créatrice et son amour de l’humanité. L’allégresse pascale résulte de la contemplation du Créateur qui ne s’arrête pas sur un échec et de l’extrême sollicitude du Sauveur : « De même que ceux qui voient quelqu’un de faible emporté par le torrent et qui, tout en sachant qu’ils risquent eux aussi d’être roulés dans la boue du torrent et blessés par les pierres charriées par le courant, n’hésitent pas à s’y précipiter par sympathie pour la personne en danger, de même aussi notre Sauveur, dans son amour des hommes, a supporté de son propre gré l’arrogance et le mépris, afin de sauver celui qui a été trompé et s’est ainsi perdu. » Lors de la fête de l’Ascension, Grégoire propose aux chrétiens un parcours qui conduit à une joie toujours plus intense. Il compose son homélie en deux parties commentant respectivement les Psaumes 22 et 23. Il y définit le rapport entre ces deux psaumes comme un accroissement de joie. Le premier décrit la joie de l’initiation baptismale qui ouvre le croyant à la connaissance de Dieu. Le baptisé est comparé à une brebis conduite par le bon Pasteur vers les pâturages célestes. Le second appelle « l’âme à une joie plus grande et plus accomplie encore. » Dans une lecture chrétienne de ce pasume, cette joie magnifique s’épanouit en découvrant que le salut de Dieu n’est pas réservé au baptisé, mais ouvert à la création tout entière. L’ascension et l’allégresse spirituelles du chrétien consistent ainsi en une ouverture du cœur toujours plus grande, en une largesse de vue qui n’exclut absolument rien du salut. Son homélie sur la Pentecôte manifeste puissamment la tendresse de Dieu à l’égard de l’humanité. Si le Seigneur de la création a pris soin de se révéler progressivement aux hommes, les détournant d’abord du polythéisme, leur révélant ensuite son Fils, leur donnant enfin l’Esprit Saint, « la nourriture parfaite de notre nature », c’est pour que le genre humain puisse s’accoutumer à la majesté, au grand amour de la divinité. Il précise que la fête de la Pentecôte célèbre la perfection du don de Dieu et c’est pourquoi il convient à l’assemblée chrétienne de ne pas rejeter l’Esprit Saint et de répondre avec empressement à l’invitation du prophète David : « Venez, crions de joie pour le Seigneur ! » (Ps 94). L’Évangile est douce éducation à la joie. Celle qui y est promise est comme tramée par la croix, mémoire de ce que la joie véritable – celle que personne ne saurait ravir (Jn 16, 22) -, reste marquée par la traversée de l’épreuve. Cette joie résulte de la victoire de la croix. Elle est cette victoire, car elle n’est pas atteinte par la tristesse du péché. La gloire de Dieu, c’est l’homme vivant, et la joie de l’homme, c’est de découvrir Dieu. Cette découverte passe nécessairement, mais pas uniquement, par la célébration du mystère de la foi.
Sources : Article paru dans Points de repère, n° 221, décembre 2007-janvier 2008, p. 21-22.
The Family Altar, a Place of Prayer
27 janvier, 2016BENOÎT XVI – ACTION DE GRÂCE – LECTURE: PS 137, 1-4.8
27 janvier, 2016http://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/audiences/2005/documents/hf_ben-xvi_aud_20051207.html
BENOÎT XVI
AUDIENCE GÉNÉRALE
Mercredi 7 décembre 2005
ACTION DE GRÂCE – LECTURE: PS 137, 1-4.8
1. Placé par la tradition juive sous le patronage de David, même s’il est probablement apparu à une époque successive, l’hymne d’action de grâce que nous venons d’entendre s’ouvre par un chant personnel de l’orant. Il élève sa voix dans le cadre de l’assemblée du temple ou, tout au moins, en ayant comme référence le Sanctuaire de Sion, siège de la présence du Seigneur et de sa rencontre avec le peuple des fidèles. En effet, le Psalmiste confesse qu’il se « prosterne vers ton temple sacré » de Jérusalem (cf. v. 2): là, il chante devant Dieu qui est dans les cieux avec sa cour d’anges, mais qui est également à l’écoute dans l’espace terrestre du temple (cf. v. 1). L’orant est certain que le « nom » du Seigneur, c’est-à-dire sa réalité personnelle vivante et active, et ses vertus de fidélité et de miséricorde, signes de l’alliance avec son peuple, représentent le soutien de toute confiance et de toute espérance (cf. v. 2). 2. Le regard se tourne alors, l’espace d’un instant, vers le passé, au jour de la souffrance: alors, au cri du fidèle angoissé avait répondu la voix divine. Elle avait diffusé le courage dans l’âme troublée (cf. v. 3). L’original en hébreu parle littéralement du Seigneur qui « a troublé la force dans l’âme » du juste opprimé: comme s’il s’agissait de l’irruption d’un vent impétueux qui balaye les hésitations et les peurs, confère une énergie vitale nouvelle et fait fleurir la force et la confiance. Après ce début apparemment personnel, le Psalmiste étend alors son regard sur le monde et imagine que son témoignage touche l’horizon tout entier: « tous les rois de la terre », dans une sorte d’adhésion universelle s’associent à l’orant juif dans une louange commune en honneur de la grandeur et de la puissance souveraine du Seigneur (cf. vv. 4-6). 3. Le contenu de cette louange commune qui s’élève de tous les peuples laisse déjà entrevoir la future Eglise des païens, la future Eglise universelle. Ce contenu a comme premier thème la « gloire » et les « chemins du Seigneur » (cf. v. 5), c’est-à-dire ses projets de salut et sa révélation. On découvre ainsi que Dieu est certainement « sublime » et transcendant, mais il « voit les humbles » avec affection, tandis qu’il éloigne de son regard le superbe en signe de rejet et de jugement (v. 6). Comme le proclamait Isaïe, « Car ainsi parle celui qui est haut et élevé, dont la demeure est éternelle, et dont le nom est saint. Je suis haut et saint dans ma demeure, mais je suis avec l’homme contrit et humilié, pour ranimer les esprits humiliés, pour ranimer les coeurs contrits » (Is 57, 15). Dieu choisit donc de se ranger en défense des faibles, des victimes, des derniers: cela est porté à la connaissance de tous les rois, afin qu’ils sachent quelle doit être leur option dans le gouvernement des nations. Naturellement, cela est dit non seulement aux rois et à tous les gouvernements, mais à nous tous, car nous aussi, nous devons savoir quel choix faire, quelle est l’option: se ranger du côté des humbles, des derniers, des pauvres et des faibles. 4. Après cette référence, au niveau mondial, aux responsables des nations, non seulement de ce temps, mais de tous les temps, l’orant retourne à la louange personnelle (cf. Ps 137, 7-8). Le regard s’étendant vers l’avenir de sa vie, il implore une aide de Dieu également pour les épreuves que l’existence lui réservera encore. Et nous prions tous ainsi, avec cet orant de cette époque. On parle de façon synthétique de la « fureur de mes ennemis » (v. 7), une sorte de symbole de toutes les hostilités qui peuvent s’élever face au juste au cours de l’histoire. Mais il sait – et avec lui, nous savons – que le Seigneur ne l’abandonnera jamais et étendra sa main pour le secourir et le guider. La fin du Psaume est alors une ultime et passionnée profession de foi en Dieu dont la bonté est éternelle: il « ne délaisse pas l’oeuvre de tes mains », c’est-à-dire sa créature (v. 8). Et nous aussi, devons vivre dans cette confiance, dans cette certitude de la bonté de Dieu. Nous devons être certains que, aussi lourdes et tumultueuses que soient les épreuves qui nous attendent, nous ne serons jamais abandonnés à nous-mêmes, que les mains du Seigneur ne nous lâcheront pas, ces mains qui nous ont créés et qui à présent nous suivent dans l’itinéraire de notre vie. Comme le confessera saint Paul, « Celui qui a commencé en vous cette oeuvre excellente en poursuivra l’accomplissement » (Ph 1, 6). 5. Nous avons ainsi prié, nous aussi, avec un psaume de louange, d’action de grâce et de confiance. Nous voulons continuer à dérouler ce fil de louange sous forme d’hymne à travers le témoignage d’un chantre chrétien, le grand Ephrém le syrien (IV siècle), auteur de textes d’un extraordinaire parfum poétique et spirituel. « Aussi grand que soit notre émerveillement face à toi, ô Seigneur, / ta gloire dépasse ce que nos langues peuvent exprimer », chante Ephrém dans un hymne (Hymnes sur la virginité, 7; La harpe de l’Esprit, Rome, 1999, p. 66), et dans un autre: « Gloire à toi, pour lequel toutes les choses sont faciles, /car tu es tout-puissant » (Hymnes sur la Nativité, 11: ibid., p. 48). Et cela représente une ultime raison de notre confiance: Dieu a le pouvoir de la miséricorde, et il utilise son pouvoir pour la miséricorde. Et enfin, une dernière citation: « Gloire à toi de tous ceux qui comprennent la vérité » (Hymnes sur la Foi, 14: ibid., p. 27).
VÊPRES EN CONCLUSION DE LA « SEMAINE DE PRIÈRE POUR L’UNITÉ DES CHRÉTIENS 2005″ – WALTER KASPER
27 janvier, 2016CÉLÉBRATION DES VÊPRES EN CONCLUSION DE LA « SEMAINE DE PRIÈRE POUR L’UNITÉ DES CHRÉTIENS 2005″
HOMÉLIE DU CARD. WALTER KASPER
Mardi 25 janvier 2005
JÉSUS-CHRIST: NOTRE FONDATION COMMUNE
Chers frères et soeurs,
« De fondement, en effet, nul n’en peut poser d’autre que celui qui s’y trouve, c’est-à-dire Jésus Christ » (1 Co 3, 11). Avec ces paroles fortes, l’Apôtre Paul nous rappelle l’unique fondement sur lequel l’Église est édifiée, et, dans le même temps, il nous explique la raison de notre engagement oecuménique. Car être fondé sur l’unique Seigneur Jésus Christ implique de croire dans l’ »Église, une et sainte » et exclut les divisions. On ne peut pas dire: « Moi, je suis à Paul », ou « Moi d’Apollos » (1 Co 3, 4). A travers l’unique Baptême, nous sommes tous dans le Christ. L’ »Unitatis redintegratio », c’est-à-dire la recomposition de l’unité, est donc l’un des devoirs prioritaires de Église 1. L’an dernier, nous avons célébré le 40 anniversaire du Décret conciliaire « Unitatis redintegratio », qui parle de l’oecuménisme. La Conférence internationale à Rocca di Papa, au mois de novembre, a été une confirmation supplémentaire de l’actualité de ce document et du besoin urgent d’en faire une réalité concrète. En effet, le Décret exprime clairement l’une des priorités du Concile Vatican II: l’unité visible de tous les disciples du Christ, pour laquelle notre Seigneur a prié la veille de sa mort (cf. Jn 17, 21). A l’occasion de cet anniversaire, nous avons exprimé notre profonde gratitude pour ce que l’Esprit Saint a réalisé au cours des quarante dernières années. Aujourd’hui, au début de cette nouvelle année, nous ne voulons pas tourner notre regard vers le passé, mais nous désirons regarder vers l’avenir, l’avenir de l’oecuménisme. Depuis ses débuts, au début du XX siècle, le mouvement oecuménique a connu de grands changements dans le monde et dans nos Églises. La situation oecuménique elle-même a beaucoup changé. Parfois, l’élan initial semble courir le risque de glisser vers un état de léthargie et de perdre sa crédibilité. D’un côté apparaissent des signes de réticence et de résistance et, de l’autre, des signes de résignation et de frustration. Alors, nous ne pouvons plus continuer de répéter: « business as usual », rien n’a changé. Que devons-nous faire, au contraire? Que pouvons-nous faire? 2. Les propositions ne manquent pas pour revoir les méthodes, changer les structures, intégrer de nouveaux membres, examiner les questions urgentes, ou même relancer une réflexion sur nos intentions, sur nos objectifs et sur notre ordre du jour. Ces propositions peuvent être, d’une certaine façon, raisonnables et importantes. Mais dans la lecture que nous venons d’écouter, Paul nous fait une autre proposition. Il se définit comme un architecte qui, en tant que tel, doit projeter la construction de sa maison, c’est-à-dire de la demeure et du temple de Dieu, qui est Église Un bon architecte – nous dit Paul – ne commence pas par le toit ni par la structure intérieure, mais commence par les fondements. Seul un fondement solide, édifié non pas sur le sable, mais sur le roc, selon les paroles de Jésus dans le discours sur la montagne, fait que la maison est solide et ne s’écroule pas sous l’assaut des intempéries (cf. Mt 7, 24-27). C’est pourquoi Paul nous invite à nouveau à réfléchir sur le fondement de notre travail. Sa réponse est très claire: « De fondement, en effet, nul n’en peut poser d’autre que celui qui s’y trouve, c’est-à-dire Jésus Christ ». La réponse aux nouveaux défis est une réponse de foi et une réponse spirituelle, c’est-à-dire une réponse enracinée dans la vie et dans l’esprit de Jésus. La foi en Jésus Christ, vrai Dieu et vrai homme, est le fondement du baptême, qui fait de nous des chrétiens, en nous incorporant dans Église (cf. 1 Co 12, 13; Ga 3, 28). La confession christologique de foi en Jésus Christ comme unique sauveur de toute l’humanité fait partie de la formule de base du Conseil oecuménique des Églises et constitue l’accord fondamental, le dénominateur commun, de tous ceux qui participent au mouvement oecuménique. Et le témoignage missionnaire commun, qui professe que le salut ne se trouve qu’en Jésus Christ (cf. Ac 4, 12), face à un monde qui ne le connaît pas encore, ou qui ne le connaît plus, est précisément le but de l’engagement oecuménique. Ainsi, Jésus Christ n’est pas seulement le fondement, mais l’objectif de notre engagement oecuménique. En Lui, nous ne ferons qu’un. « Tous sous l’unique chef Jésus Christ », ont dit les pères fondateurs luthériens dans leurs écrits confessionnels. Mais cette réalité est-elle encore bien claire pour nous tous? En tenons-nous bien compte dans nos débats et nos réflexions? Ne nous trouvons-nous pas plutôt dans une situation où notre devoir prioritaire, notre plus grand défi, est de rappeler et de renforcer notre fondement commun et d’éviter qu’il ne devienne vain en raison d’interprétations soi-disant libérales, qui se définissent progressistes, mais qui sont en réalité subversives? Précisément aujourd’hui, lorsque tout devient relatif et arbitraire dans la société post-moderne, et que chacun se crée sa propre religion à la carte, nous avons besoin d’un solide fondement et d’un point de référence commun fiable pour notre vie personnelle et pour notre travail oecuménique. Et quel fondement pourrions-nous avoir, sinon Jésus Christ? Qui mieux que Lui peut nous guider? Qui plus que Lui peut nous donner lumière et espérance? Où, sinon en Lui, pouvons-nous trouver des paroles de vie (cf Jn 6, 68)? 3. Que signifie tout cela concrètement? Je ne mentionnerai ici que trois conséquences. En premier lieu, c’est à propos de la Bible que nous nous sommes divisés et ce n’est qu’à travers la lecture, l’étude et la méditation de la Bible que nous pouvons retrouver l’unité. « L’ignorance des Écritures, c’est l’ignorance du Christ » dit le Concile (Dei Verbum, n. 25), nous invitant à renouveler la longue tradition de la Lectio divina (ibid.), c’est-à-dire la lecture orante des Saintes Écritures. Dans cette lecture spirituelle, selon les Pères de Église, il y a la présence réelle et authentique de notre Seigneur Jésus Christ, semblable à celle présente dans la célébration de l’Eucharistie (Sacrosanctum Concilium, n. 7). Notre engagement oecuménique doit se nourrir de la table de la Parole (Dei Verbum, n. 21). Nous nous sommes divisés sur la Bible et c’est sur la Bible que nous devons nous unir à nouveau. Le meilleur oecuménisme consiste à lire et à vivre l’Évangile. En second lieu, à travers le Baptême, nous sommes incorporés à Jésus Christ. Dans notre engagement oecuménique, nous ne partons pas de rien. A travers le Baptême, nous sommes déjà dans une communion fondamentale qui nous unit à Jésus Christ, qui nous unit les uns aux autres. Alors, réfléchissons ensemble: que signifie être baptisés du point de vue de la foi, mais également du point de vue de la vie? Qu’est-ce que cela signifie pour notre vie de tous les jours et pour les réponses que nous donnons aux questions éthiques urgentes? Saint Paul nous exhorte à ne pas nous conformer à la mentalité du monde (cf. Rm 12, 2), à ne pas nous laisser ballotter par les vagues, à ne pas nous laisser emporter à tout vent par chaque doctrine (cf. Ep 4, 14). Nous courons le risque – et parfois, ce risque est déjà une triste réalité – de nous diviser sur de nouvelles questions éthiques et de creuser des fossés là où nous étions unis depuis des siècles. Par conséquent, nous ne sommes plus en mesure d’apporter un témoignage commun de la nouvelle création à un monde qui aujourd’hui, aurait un besoin urgent précisément de ce témoignage prophétique. En troisième lieu, Jésus Christ est présent dans Église au moyen de sa Parole et de ses sacrements. Il est le chef de Église et Église est son Corps, Église qu’Il a aimée et pour laquelle il s’est donné pour la rendre sainte, la purifiant par l’eau qui lave, et cela à travers la parole (cf. Ep 5, 24-26). Oui, Église en pèlerinage n’est pas encore sans tache ni ride, mais elle est toujours en marche le long du chemin de la purification, de la pénitence et du renouveau (cf. Lumen gentium, n. 8). Et pourtant, le Christ l’aime également et se donne pour elle. Ne devrions-nous pas alors, nous aussi, croître dans l’amour pour Église, mûrir dans le « Sentire ecclesiam », c’est-à-dire « nous sentir Église, nous sentir partie intégrante de Église? ». Nous pouvons et nous devons distinguer le Christ de Église, mais nous ne pouvons pas séparer l’un de l’autre. Saint Augustin nous a enseigné la formule Christus totus, la plénitude du Christ comme Tête et Corps. Et tel est le point de divergence le plus profond entre les Églises et les communautés ecclésiales d’Occident, qui nous empêche d’être pleinement un signe et un instrument du Christ. Le thème de Jésus Christ comme fondement commun nous exhorte à réfléchir ensemble, avec un élan renouvelé, sur la « Nature et l’objectif de Église », selon le titre d’un des plus récents et principaux projets oecuméniques. Chers amis, Église est la demeure et le temple de Dieu, où les fidèles peuvent vivre et prier ensemble. Nous sommes tous collaborateurs de Dieu (1 Co 3, 9). A la fin, chacun devra rendre compte s’il a bâti une maison solide et comment il l’a bâtie: s’il a bâti sur l’unique fondement, qui est Jésus Christ, avec de l’or, de l’argent, des pierres précieuses, du bois, du foin ou de la paille. Notre oeuvre se manifestera par le feu, et le feu éprouvera la qualité de l’oeuvre de chacun et si cette oeuvre subsistera (cf. 1 Co 3, 12 sq). En d’autres termes, on nous demandera si nous avons édifié ou détruit le temple de Dieu (cf. 1 Co 3, 17). Notre construction oecuménique de la pleine unité de tous les disciples du Christ ne résistera que si nous construisons sur l’unique fondement, qui est le Seigneur, si nous construisons sur sa Parole et son Sacrement, si nous construisons non pas sur la sagesse du monde (cf. 1 Co 3, 19), mais sur l’unique Esprit de Jésus Christ, que ce monde peut considérer comme folie, mais qui est puissance et sagesse de Dieu (cf. 1 Co, 1, 24). Prions donc le Seigneur pour qu’il fasse de nous de bons architectes et nous accorde la force et la sagesse spirituelle, le courage, la patience et l’espérance. Amen.