Archive pour novembre, 2007
Il a habité parmi nous
30 novembre, 2007du site:
http://www.ayletmarcharbel.org/Lecture1.htm
Il a habité parmi nous
Dans les hauteurs, le chant de la grande joie; sur la terre, une femme, un enfant, des bergers. Dans les hauteurs, gloire à Dieu; sur la terre, paix aux hommes. Mais l’Évangile de la Nativité supprime les distances entre ciel et terre : Dieu et l’homme se rencontrent. C’est ce qui traduisent les mots tout nouveaux de Jean : “Le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous”.
La Parole, qui est Dieu même, ne choisit pas, pour être vue et entendue de nous, on ne sait quelle apparition extraordinaire : elle s’incarne; elle prend chair d’une femme. La chair est fragile, elle est mortelle. Ce nouveau-né est le frère de tout enfant qui vient au monde. La naissance se passe dans le silence, sauf le chant des messagers, dans un village un peu excité par les événements et les gens de passage, dans l’indifférence de l’Empire. Le Fils de Dieu est Fils de l’homme et il a pris le risque de n’apparaître que comme un homme : venu chez les siens, les siens ne l’ont pas reçu.
Paul Claudel écrivait, dans la messe de là-bas : “Pour tout nous expliquer, on ne nous rapporte que des mystères.” Que reste-t-il du mystère, et de la grande nouvelle, si la “période des fêtes” tourne seulement autour d’un réveillon, d’un sapin, des cadeaux et de ce pauvre Père Noël que même les enfants ne prennent plus au sérieux quand ils en voient deux ou trois parader devant le grand magasin? Fête de l’enfance, fête de famille, oui, mais Noël ?
Ne laissons pas se perdre son vrai sens, la vraie joie. Le salut nous est donné en Jésus Christ ; recevons-le comme s’il naissait aujourd’hui.
Lucien Guissard
Saint André – Apôtre et martyr (+ 62)
30 novembre, 2007du site:
http://nominis.cef.fr//contenus/saint/25/Saint-Andre.html
Saint André – Apôtre et martyr (+ 62)
Il était de Bethsaïde en Galilée, sur les bords du lac de Tibériade. Avec son frère Pierre, il vivait de la pêche. C’était un assoiffé de Dieu. Il avait entendu la prédication de Jean le Baptiste, avait sans doute reçu son baptême de pénitence et était devenu l’un de ses disciples. Il avait su discerner l’exacte mission de Jean. Aussi, quand il l’entendit désigner Jésus : » Voici l’agneau de Dieu « , il le suivit pour ne plus le quitter. Dès cet appel, André devient apôtre, avant même d’en avoir reçu le titre. Il rencontre son frère Pierre et l’amène à Jésus. Il est l’homme qui sait nouer des contacts. Lors de la multiplication des pains, c’est André qui amène le jeune garçon portant ses cinq pains et ses deux poissons. Quand des Grecs veulent rencontrer Jésus, c’est à lui qu’ils s’adressent tout naturellement. Des sources tardives font état de son supplice à Patras en Grèce. Au 4ème siècle, ses reliques furent transférées à Constantinople. Une importante relique, qui avait été déposée au 15ème siècle au Vatican , fut restituée en 1966 aux Orientaux en signe de la volonté de communion entre l’Eglise de Rome et les patriarcats orientaux. L’Ukraine voudrait qu’il ait été le premier évangélisateur de Kiev et l’Ecosse l’a choisi comme patron national
Rien n’a été promis à Pierre et à André par le Maître. Ils quittent leurs biens. Il nous faut considérer plutôt la volonté que la valeur des biens. Il quitte beaucoup celui qui ne garde rien pour lui. Il quitte beaucoup celui qui abandonne tout ce qu’il possède. Pierre et André abandonnèrent l’essentiel : l’un et l’autre renoncèrent au désir de posséder.
Pourquoi Dieu nous cache-t-il l’heure de notre mort ?
30 novembre, 2007du site:
http://www.zenit.org/article-16759?l=french
Pourquoi Dieu nous cache-t-il l’heure de notre mort ?
Homélie du dimanche 2 décembre, par le P. Cantalamessa
ROME, Vendredi 30 novembre 2007 (ZENIT.org
) – Nous publions ci-dessous le commentaire de l’Evangile du dimanche 2 décembre, proposé par le père Raniero Cantalamessa OFM Cap, prédicateur de la Maison pontificale.
Evangile de Jésus Christ selon saint Matthieu 24, 37-44
L’avènement du Fils de l’homme ressemblera à ce qui s’est passé à l’époque de Noé.
A cette époque, avant le déluge, on mangeait, on buvait, on se mariait, jusqu’au jour où Noé entra dans l’arche.
Les gens ne se sont doutés de rien, jusqu’au déluge qui les a tous engloutis : tel sera aussi l’avènement du Fils de l’homme.
Deux hommes seront aux champs : l’un est pris, l’autre laissé.
Deux femmes seront au moulin : l’une est prise, l’autre laissée.
Veillez donc, car vous ne connaissez pas le jour où votre Seigneur viendra.
Vous le savez bien : si le maître de maison avait su à quelle heure de la nuit le voleur viendrait, il aurait veillé et n’aurait pas laissé percer le mur de sa maison.
Tenez-vous donc prêts, vous aussi : c’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le Fils de l’homme viendra.
© Copyright AELF – Paris – 1980 – tous droits réservés
Veillez !
La première année du cycle liturgique triennal, dite année A, commence aujourd’hui. Au cours de cette année, c’est l’Evangile de Matthieu qui nous accompagnera. Cet Evangile est caractérisé par : l’ampleur accordée aux enseignements de Jésus (les discours célèbres, comme celui de la montagne) et l’attention au rapport Loi-Evangile (l’Evangile est la « Loi nouvelle »). Il est considéré comme l’Evangile le plus « ecclésiastique », de par le récit du primat à Pierre et l’utilisation du terme Ecclesia, Eglise, que l’on ne trouve pas dans les autres Evangiles.
La phrase clé de l’Evangile de ce premier dimanche de l’Avent est : « Veillez donc, car vous ne connaissez pas le jour où votre Seigneur viendra…Tenez-vous donc prêts, vous aussi : c’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le Fils de l’homme viendra ». On se demande parfois pourquoi Dieu nous cache une chose aussi importante que l’heure de sa venue, qui pour chacun de nous, pris individuellement, coïncide avec l’heure de notre mort. La réponse traditionnelle est : « Pour que nous soyons vigilants, et que chacun soit conscient du fait que la mort peut survenir à tout moment » (cf. St Ephrem le Syrien). Mais la raison principale est que Dieu nous connaît ; il sait l’angoisse terrible qu’aurait signifié pour nous le fait de savoir à l’avance l’heure exacte, et de la voir s’approcher lentement et inexorablement. C’est ce qui fait le plus peur de certaines maladies. Davantage de personnes meurent aujourd’hui de maladies subites de cœur, que de « maladies graves ». Et pourtant, ces dernières font beaucoup plus peur, car on a l’impression qu’elles ôtent cette incertitude qui permet d’espérer.L
’incertitude de l’heure ne doit pas nous pousser à vivre de manière insouciante, mais faire de nous des veilleurs. L’année liturgique commence mais l’année civile se termine. Une excellente occasion pour laisser un peu d’espace à une réflexion pleine de sagesse sur le sens de notre existence. La nature elle-même, en automne, nous invite à réfléchir sur le temps qui passe. Ce que le poète Giuseppe Ungaretti disait des soldats dans les tranchées sur le Karst, pendant la première guerre mondiale, vaut pour tous les hommes : « On est / Comme en automne / sur les arbres / les feuilles ». C’est-à-dire, sur le point de tomber à tout moment. Le temps passe et l’homme ne s’en rend pas compte, disait Dante Alighieri.
Un philosophe antique a exprimé cette expérience fondamentale par une phrase restée célèbre : panta rei, c’est-à-dire : tout passe. Dans la vie, c’est comme sur l’écran de télévision : les émissions, les grilles de programmation, se succèdent et l’une remplace l’autre. L’écran reste le même mais les images changent. Il en est de même pour nous : le monde demeure, mais nous, nous partons, les uns après les autres. Que restera-t-il, dans quelques années ou quelques décennies, de tous les noms, des visages, des nouvelles qui remplissent la presse écrite et les journaux télévisés aujourd’hui, de moi, de vous, de nous tous ? Absolument rien. L’homme n’est qu’ « un dessin créé par la vague sur la plage, que la vague successive efface ».Voyons ce que la foi a
à dire sur le fait que tout passe. « Or le monde passe avec ses convoitises ; mais celui qui fait la volonté de Dieu demeure éternellement » (1 Jn 2, 17). Il y a donc quelqu’un qui ne passe pas, Dieu, et il existe aussi un moyen pour que nous ne passions pas complètement, nous non plus : faire la volonté de Dieu, c’est-à-dire croire, adhérer à Dieu. Dans cette vie, nous sommes comme des personnes placées sur un radeau transporté par le courant d’un fleuve en crue dirigé vers la haute mer, d’où l’on ne revient pas. A un moment donné, le radeau se retrouve près de la rive. Le naufragé dit : « Maintenant ou jamais ! » et saute sur la terre ferme. Quel soulagement lorsqu’il sent le rocher sous ses pieds ! Nous pourrions rappeler, pour conclure cette réflexion, les paroles que sainte Thérèse d’Avila nous a laissées comme testament spirituel : « Que rien ne te trouble, que rien ne t’effraie. Dieu seul suffit ». [Nada te turbe, nada te espante, solo Dios basta, ndlr]
Traduit de l’italien par Gisèle Plantec/jmc
bonne nuit
30 novembre, 2007Saint André, apôtre du monde grec
30 novembre, 2007Benoît XVI
Audience générale du 14/06/06 (trad. DC 2362, p. 663 © Libreria Editrice Vaticana)
Saint André, apôtre du monde grec
La première caractéristique qui frappe chez André, le frère de Simon Pierre, c’est son nom ; il n’est pas hébraïque, comme on aurait pu s’y attendre, mais grec, signe non négligeable d’une certaine ouverture culturelle de sa famille… A Jérusalem, peu avant la Passion, des Grecs étaient venus dans la ville sainte…pour adorer le Dieu d’Israël en la fête de la Pâque. André et Philippe, les deux apôtres aux noms grecs, servent d’interprètes et de médiateurs auprès de Jésus à ce petit groupe… Jésus dit aux deux disciples, et par leur intermédiaire au monde grec : « L’heure est venue pour le Fils de l’homme d’être glorifié. Amen, amen, je vous le dis, si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul, mais s’il meurt, il donne beaucoup de fruit » (Jn 12,23-24). Que signifient ces paroles dans ce contexte ? Jésus veut dire : oui, la rencontre entre moi-même et les Grecs aura lieu, mais non pas comme un entretien simple et bref entre moi et d’autres personnes, poussées surtout par la curiosité. Avec ma mort, comparable à la chute en terre d’un grain de blé, viendra l’heure de ma glorification. De ma mort sur la croix viendra la grande fécondité. Le « grain de blé mort », symbole de moi-même crucifié, deviendra dans la résurrection pain de vie pour le monde ; il sera lumière pour les peuples et les cultures… En d’autres mots, Jésus prophétise l’Église des Grecs, l’Église des païens, l’Église du monde comme fruit de sa pâque.
Des traditions très anciennes voient en André…l’apôtre des Grecs dans les années qui ont suivi la Pentecôte ; elles nous font goûter que, dans le reste de sa vie, il a été annonciateur et interprète de Jésus pour le monde grec. Pierre, son frère, de Jérusalem en passant par Antioche, est parvenu à Rome pour y exercer sa mission universelle ; André a été au contraire l’apôtre du monde grec. Ils apparaissent ainsi, dans la vie et dans la mort, comme de vrais frères — une fraternité qui s’exprime symboliquement dans le rapport spécial entre les Sièges de Rome et de Constantinople, Églises vraiment soeurs.
Maria Vergine ed Elisabetta
29 novembre, 2007Fine XV-inizio XVI
Cristoforo Caselli realizza il dipinto dedicato alla Visitazione di Maria Vergine ad Elisabetta, conservata nella cappella Bernieri (prima a destra entrando).
http://www.cattedrale.parma.it/page.asp?IDData=15844&IDCategoria=500&IDSezione=2379
Prière à la Mère de Dieu par Saint Grégoire de Narek (951-1003)
29 novembre, 2007du site:
http://viacrucis.free.fr/prieres/index2.html
Prière à la Mère de Dieu
par Saint Grégoire de Narek (951-1003)
Toi qui à été fortifiée et protégée par le Père très haut, préparée et consacrée par l’Esprit Saint qui s’est reposé sur toi, embellie par le fils qui habita en toi. Accueille cette prière et présente la à Dieu.
Ainsi par toi toujours secouru et comblé de tes bienfaits, aillant trouvé refuge et lumière près de toi, je vivrai pour le Christ, ton fils et Seigneur.
Sois mon avocate, demande et supplie; comme je crois à ton indicible pureté, je crois au bon accueil qui est fait à ta parole.
Il en sera ainsi, ô Mère du Seigneur,
si dans ma recherche incertaine tu m’accueilles,
ô toi toute disponible,
si dans mon agitation tu me tranquillises,
ô toi qui es repos,
si le trouble de mes passions tu le changes en paix,
ô Pacificatrice,
si mes amertumes tu les adoucis,
ô toi qui es douceur,
si mes impuretés, tu les enlèves,
ô toi qui as surmonté toute corruption,
si mes sanglots, tu les arrêtes,
ô Allégresse.
Je te le demandes, Mère du Très Haut Seigneur Jésus, lui que tu as enfanté Homme et Dieu à la fois,
Lui qui aujourd’hui glorifié par le Père et le Saint Esprit, Lui qui est tout et en toutes choses.
A Lui soit la Gloire, dans les siècles des siècles
Amen.
SERMONS DE SAINT BERNARD ABBÉ DE CLAIRVAUX SUR LE CANTIQUE DES CANTIQUES
29 novembre, 2007du site:
SERMONS DE SAINT BERNARD ABBÉ DE CLAIRVAUX SUR LE CANTIQUE DES CANTIQUES.
SERMON II. Avec quelle impatience les patriarches et les prophètes attendaient l’incarnation du Fils de Dieu, qu’ils ont annoncée.
1. Je pense souvent aux brûlants désirs avec lesquels les anciens patriarches soupiraient après l’incarnation de Jésus-Christ, et je suis touché d’un vif sentiment de douleur, j’en ressens une grande confusion en moi-même, et maintenant encore à peine puis-je retenir mes larmes, tant je suis confus de la tiédeur et de l’insensibilité des malheureux temps où nous vivons. Car, qui d’entre nous ressent autant de joie, d’avoir reçu cette grâce, que les saints de l’ancienne loi avaient de désir de voir s’accomplir la promesse qui leur en avait été faite? Plusieurs, à la vérité, se réjouiront au jour de cette naissance que nous allons bientôt célébrer, mais Dieu veuille que ces réjouissances aient vraiment pour objet la nativité de Jésus, non la vanité. Ces paroles donc: « Qu’il me baise du baiser de sa bouche (Cant. I, 1),» respirant l’ardeur des désirs et la pieuse impatience de ces grands hommes. Le petit nombre de ceux qui, pour lors, étaient animés de l’Esprit-Saint, sentaient par avance combien grande devait être la grâce qui serait répandue sur ses lèvres divines. C’est ce qui leur faisait dire, dans l’ardeur du désir dont leur âme était enflammée: « Qu’il me baise du baiser de sa bouche, » souhaitant passionnément de n’être pas privés d’une si grande douceur.
2. Ainsi, chacun d’eux disait : De quoi me servent tant de discours sortis de la bouche des prophètes? Que celui-là plutôt qui est le plus beau des enfants des hommes, que celui-là, dis-je, me baise du baiser de sa bouche. Je ne veux plus entendre parler Moïse, il ne fait que bégayer pour moi (Exod. IV.). Les lèvres d’Isaïe sont impures (Isa. VI.) Jérémie ne sait pas parler, car ce n’est qu’un enfant. (Hier. I.). Enfin tous les prophètes sont muets, mais que celui dont ils parlent tant, oui, que celui-là me parle lui-même ; que lui-même me baise du baiser de sa bouche. Qu’il ne me parle plus en eux, ou par eux; car leur langage est comme un nuage ténébreux dans l’air; mais qu’il me baise lui-même du baiser de sa bouche, que son agréable présence, les torrents de son admirable doctrine deviennent en moi une fontaine d’eau vive qui jaillisse pour la vie éternelle. Celui que le père a sacré avec une huile de joie d’une manière plus excellente que tous ceux qui participent à sa gloire, ne versera-t-il pas en moi une grâce plus abondante, si toutefois il daigne me baiser du baiser de sa bouche, lui dont le discours vif et efficace est un baiser pour moi et un baiser qui ne consiste pas dans l’union des lèvres, marque trop souvent trompeuse de celle des esprits, mais dans une infusion de joie, une révélation de mystères, et un rapprochement parfait et admirable de la lumière céleste qui éclaire l’âme, et de l’âme qui en est éclairée? Car celui qui adhère à Dieu ne fait qu’un esprit avec lui. (I. Cor. VI, 17). Aussi est-ce avec raison que je ne reçois ni visions, ni songes, que je ne veux point de figures ni d’énigmes, et que je méprise même les beautés angéliques. Car mon Jésus les surpasse infiniment par les charmes de ses grâces infinies. Ce n’est donc point à un autre que lui, quel qu’il soit, à un ange ou à un homme; mais c’est à lui-même que je demande qu’il me baise d’un baiser de sa bouche. Je n’ai pas assez de présomption, pour qu’il me baise de sa bouche. Ce bonheur unique, ce privilège singulier n’appartient qu’à l’homme que le Verbe a pris dans l’Incarnation. Mais je me contente de lui demander très-humblement qu’il me baise seulement d’un baiser de sa bouche, ce qui est commun à tous ceux qui peuvent dire : « Nous avons tous reçu quelque chose de sa plénitude et de son abondance (Joan. I, 16). »
3. Mais écoutez, le Verbe qui s’incarne est la bouche qui baise. La chair qu’il prend est la bouche qui reçoit ce baiser. Le baiser qui se forme sur les lèvres de celui qui le donne et de celui qui le reçoit, est la personne composée de l’un et de l’autre, Jésus-Christ, l’homme médiateur entre Dieu et les hommes. C’est donc pour cette raison que nul saint n’osait dire qu’il me baise de sa bouche; mais seulement, d’un baiser de sa bouche, laissant cette prérogative à celle sur qui la bouche adorable du Verbe s’est une fois imprimée d’une manière unique, lorsque la plénitude de la Divinité s’est jointe corporellement à elle. Heureux baiser, honneur étonnant et merveilleux, dans lequel la bouche ne s’est pas appliquée sur la bouche, mais où l’union des deux natures assemble les choses divines avec les humaines, lie par un lien de paix la terre avec le ciel. « Car il est notre paix, lui qui de deux n’a fait qu’un (Eph. II. 14). » C’était donc après ce baiser, que les saints de l’Ancien Testament soupiraient; parce qu’ils pressentaient qu’il renfermerait une joie immortelle, et tous les trésors de la sagesse et de la science, et qu’ils désiraient avoir part à l’abondance des biens qu’il devait apporter.
4. Je vois bien que ce que je vous dis vous plait. Mais voici encore un autre sens. Les saints n’ignoraient pas que même avant l’avènement du Sauveur, Dieu formait des desseins de paix sur les hommes (Hier. XXIX, 11). Car il ne pouvait rien au sujet du monde, qu’il ne le révélât aux prophètes ses serviteurs (Amos. III. 7). Et néanmoins peu de personnes en avaient la connaissance (Luc. XVIII, 74); car, en ce temps-là, la foi était rare sur la terre, et l’espérance, petite chez la plupart de ceux-mêmes qui attendaient la rédemption d’Israël. )dais ceux qui le savaient d’avance, prédisaient que Jésus-Christ devait venir dans la chair et apporter la paix avec lui. Ce qui a fait dire à l’un d’eux. « La paix sera sur la terre lorsqu’il viendra (Mich. V, v).» Ils publiaient même avec toute sorte de confiance, comme ils l’avaient appris d’en haut, que les hommes, par son moyen, recouvreraient la grâce de Dieu. Ce que le précurseur de Jésus-Christ, Jean-Baptiste, vit s’accomplir de son temps, et annonça en disant: « la grâce et la vérité ont été apportées au monde par Jésus-Christ (Joan. I, 7) : » et tout le peuple Chrétien éprouve maintenant que cela est ainsi.5. Au reste, comme ils annon
çaient la paix, et que l’Auteur de la paix tardait à venir, la foi du peuple était chancelante, parce qu’il n’y avait personne pour les racheter et les sauver. Cela portait les hommes à se plaindre de ce que le prince de la paix, tant de fois annoncé, ne venait point encore, selon qu’il l’avait promis depuis tant de siècles, par la bouche de ses saints prophètes; et, tenant ces promesses pour suspectes, ils demandaient avec instance un sine de réconciliation, c’est-à-dire un baiser, comme si le reste du peuple avait répondu à ces divins messages de paix : Jusques à quand tiendrez-vous nos âmes en suspens? Il y a déjà longtemps que vous annoncez la paix, et la paix ne vient point, que vous promettez toute sorte de biens, et il n’y a que confusion et que misère. Les anges ont souvent, et en diverses manières, annoncé ces mêmes nouvelles à nos pères, et nos pères nous les ont aussi annoncées en disant, «Paix, paix, et il n’y a point de paix (Hier. VI, 14). » Si Dieu veut que je demeure persuadé de ce qu’il a promis par des messages si fréquents, mais qu’il ne tient point, au sujet de la bonne volonté qu’il témoigne pour nous, qu’il me baise du baiser de sa bouche, et ce signe de paix sera pour moi un gage assuré de la paix. Car, comment puis-je désormais me contenter de paroles ? Il vaut bien mieux confirmer les paroles par les effets. Que Dieu montre que ces messagers sont véridiques, si toutefois ce sont ses envoyés, et que lui-même les suive, ainsi qu’ils l’ont promis si souvent; car sans lui, ils ne peuvent rien faire (Joan. I, 3). Il a envoyé un serviteur, il lui a donné son bâton, et ni la voix ni la vie ne reviennent. Je ne me lèverai, je ne ressusciterai, je ne sortirai de la poussière, je ne respirerai l’air favorable d’une sainte espérance, que si le Prophète descend lui-même et me baise du baiser de sa bouche.
6. D’ailleurs, celui qui se déclare notre médiateur auprès de Dieu, est le Fils de Dieu, et Dieu lui-même (I Tim. II, 5 ). Et qu’est-ce que l’homme, pour qu’il se manifeste à lui? Qu’est-ce que le fils de l’homme, pour en faire état? D’où me viendrait la confiance d’oser me mettre entre les mains d’une si haute majesté? Comment, n’étant que terre et que cendre, serais-je assez présomptueux pour croire que Dieu prend soin de moi? Il est vrai qu’il aime son père; mais il n’a besoin ni de moi, ni de mes biens. Qui m’assurera donc qu’il est un médiateur. impartial? Mais s’il est vrai, comme vous le dites, que Dieu ait résolu de me faire miséricorde, et qu’il pense à se rendre encore plus favorable; qu’il établisse une alliance de paix, et qu’il fasse avec moi un pacte éternel par un baiser de sa bouche. Pour que les paroles qui partent de ses lèvres ne soient pas vaines, il faut qu’il s’anéantisse, qu’il s’humilie, qu’il s’abaisse, et qu’il me baise d’un baiser de sa bouche. S’il veut être un médiateur acceptable aux deux parties, et suspect ni à l’une ni à l’autre, que le Fils de Dieu, qui est Dieu aussi, se fasse homme et fils de l’homme, et me rassuré par un baiser de sa bouche. Après cela, je recevrai avec toute sorte de confiance le Fils dé Dieu pour médiateur, parce qu’il sera vraiment tel. Je ne le tiendrai plus pour suspect, attendu qu’il sera mon frère et ma chair; et j’espère bien qu’il ne pourra me mépriser quand il sera devenu l’os de mes os, et la chair de ma chair.7. C’est donc par ces plaintes qu’ils demandaient avec instance ce saint baiser, c’est-
à-dire le mystère de l’Incarnation du Verbe, alors que la foi était languissante. et abattue par un retard si long et si fâcheux; et que le peuple infidèle, se laissant aller à l’ennui et au découragement, murmurait contre les promesses de Dieu. Je n’invente point ce que je vous dis ; vous le trouverez vous-mêmes dans l’Écriture. De là naissaient ces paroles mêlées de plaintes et de murmure : « Dites et redites toujours la même chose ; Attendez, attendez encore ; un peu ici : un peu là (Isa. XXVIII, 10). » De là aussi, ces prières d’un coeur inquiet et zélé « Récompensez, Seigneur, ceux qui vous attendent avec patience, afin que vos prophètes soient trouvés fidèles et véritables (Ezech. XXXVI, 18). » Et ces autres : « Accomplissez (a), peigneur, les prédictions des anciens prophètes (Ibidem). » De là encore ces promesses si douces et si pleines de consolation : «Le Seigneur va paraître, et il ne mentira point. S’il diffère un peu, attendez-le, car il va venir tout-à-l’heure, et il ne tardera point (Abac. II. 3). Son temps est tout prêt d’arriver, et son jour ne sera point reculé (Isai. XIV. 1). » Et en la personne de celui qui était promis : «Voici, dit-il, que je vais venir vers vous comme un fleuve de paix, et comme un torrent qui inondera la gloire des nations (Isai. LXVI, 12). » Paroles qui font assez connaître et l’impatience des prophètes et la défiance des peuples. C’est ainsi que le peuple murmurait, que la foi était chancelante, et que, selon le prophète Isaïe, « les anges de paix eux-mêmes pleuraient amèrement (Isai. XXXIII, 7).» Aussi, de peur que Jésus-Christ, différant si longtemps à venir, le genre humain tout entier ne se perdit par le désespoir, en se croyant méprisé, à cause de sa condition fragile et mortelle, et en se défiant de la grâce de sa réconciliation avec Dieu tant de fois promise, les saints dont la foi était rendue certaine par l’esprit qui les animait, souhaitaient que leur certitude fût entièrement confirmée par la présence du Verbe incarné, et
a Telle était autrefois la version des bibles antérieures à la correction du pape Sixte.demandaient avec instance,
à cause des personnes faibles et incrédules, le signe de la paix qu’elle devait rétablir.
8. O racine de Jessé, qui êtes exposée pour servir de signe aux peuples (Isai. II, 10), que de rois et de prophètes ont désiré de vous voir, et ne vous ont point vue ? Siméon fut le plus heureux de tous, lui qui dut sa longue vieillesse à une miséricorde abondante (Luc. II, 25). Il avait, en effet, souhaité passionnément de voir ce signe si désiré ; il le vit et fut comblé de joie; et, après avoir reçu le baiser de paix, il mourut en paix, non point toutefois sans annoncer clairement avant de mourir, que Jésus était né pour être en butte à la contradiction. Il en fut, en effet, ainsi. On s’opposa à ce signe de paix, dès qu’il parut, mais cette opposition ne vint que des ennemis de la paix. Car c’est une paix pour les hommes de bonne volonté (Luc. II, 14 ) ; mais c’est une pierre de scandale pour les méchants (Matth. II, 3). Hérode fut troublé, et toute la ville de Jérusalem le fut avec lui, lorsqu’il vint dans son propre héritage, et que les siens ne l’ont point voulu recevoir (Joan. I, 11). Heureux ces bergers qui, dans leur veille, ont été dignes de voir ce signe. Déjà il se cachait aux sages et aux prudents, et ne se faisait connaître qu’aux petits. Il est vrai que Hérode voulut le voir aussi; mais parce qu’il n’avait pas de bonnes intentions, il ne mérita pas cette faveur. Car il était le signe de la paix, qui n’est donné aux hommes de bonne volonté. Mais à Hérode et à ses semblables, il ne sera point donné d’autre signe que celui de Jonas (Luc. II, 12). Aussi, l’Ange dit-il aux Bergers: « Ce signe est pour vous;» pour vous, qui êtes humbles et obéissants; pour vous, qui ne vous portez point aux choses élevées et qui veillez et méditez jour et nuit sur la Loi de Dieu. «C’est pour vous, ce signe, » dit-il. Quel signe? Ce signe que les anges promettaient, que les peuples demandaient, que les prophètes avaient prédit ; le Seigneur l’a fait et vous l’a montré, mais c’est afin que les incrédules reçoivent la foi, les faibles l’espérance, et les parfaits une entière sécurité. Ce signe est donc pour vous. De quoi est-il le signe ? Du pardon, de la grâce, de la paix, mais d’une paix qui n’aura point de fin. Voici donc quel est le signe : « Vous trouverez un enfant, enveloppé de langes et couché dans une crèche (Luc. II, 12). Mais il y a un Dieu en lui qui réconcilie le monde avec lui (II Cor. V, 19).» Il mourra pour vos péchés, et ressuscitera pour votre justification, afin qu’étant justifiés par la foi, vous ayez la paix avec Dieu (Rom. V, 1). C’est ce signe de paix qu’un Prophète engageait autrefois le roi Achaz à demander au Seigneur son Dieu, en haut dans le ciel, en bas dans l’enfer (Isa. VII, 11). Mais ce roi impie le refusa, ne croyant pas, le misérable qu’il était, que par ce signe il devait y avoir une alliance étroite entre la terre et le ciel, que les enfers mêmes recevraient ce signe de paix, lorsque le Seigneur, en y descendant, les saluerait par un saint baiser; et que les esprits célestes ne laisseraient pas d’y participer aussi avec un plaisir éternel, lorsqu’il retournerait aux cieux.9. Il faut finir ce discours. Mais pour résumer en peu de mots ce que nous avons dit : Il est visible que ce saint baiser a été accordé au monde pour deus raisons; pour affermir la foi des faibles, et pour satisfaire au désir des parfaits ; et que ce baiser n’est autre chose que le médiateur entre Dieu et les hommes, Jésus-Christ, l’homme qui étant Dieu, vit et règne avec le Père et le Saint-Esprit dans tous les siècles des siècles. Ainsi soit-il.
Audience générale : Saint Ephrem
29 novembre, 2007du site:
http://www.zenit.org/article-16739?l=french
Audience générale : Saint Ephrem
Texte intégral
ROME, Mercredi 28 novembre 2007 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous le texte intégral de la catéchèse donnée par le pape Benoît XVI au cours de l’audience générale, ce mercredi, dans la salle Paul VI du Vatican.
Chers frères et sœurs,
Selon l’opinion répandue aujourd’hui, le christianisme serait une religion européenne, qui aurait ensuite exporté la culture de ce continent dans d’autres pays. Mais la réalité est beaucoup plus complexe, car la racine de la religion chrétienne se trouve dans l’ancien Testament et donc à Jérusalem et dans le monde sémitique. Le christianisme se nourrit toujours à cette racine de l’Ancien Testament. Même son expansion, au cours des premiers siècles, a eu lieu aussi bien vers l’occident — vers le monde gréco-latin, où il a ensuite inspiré la culture européenne — que vers l’orient, jusqu’à la Perse, l’Inde, contribuant ainsi à susciter une culture spécifique, en langues sémitiques, avec une identité propre. Pour montrer cette multiplicité culturelle de l’unique foi chrétienne des origines, j’ai parlé dans la catéchèse de mercredi dernier d’un représentant de cet autre christianisme, Aphraate, le Sage persan, presque inconnu chez nous. Dans cette même optique, je voudrais aujourd’hui parler de saint Ephrem le Syrien, né à Nisibe vers 306 dans une famille chrétienne. Il fut le représentant le plus important du christianisme de langue syriaque et réussit à concilier d’une manière unique la vocation du théologien et celle du poète. Il se forma et grandit à côté de Jacques, évêque de Nisibe (303-338), et il fonda avec lui l’école de théologie de sa ville. Ordonné diacre, il vécut intensément la vie de la communauté chrétienne locale jusqu’en 363, année où la ville de Nisibe tomba entre les mains des Persans. Ephrem immigra alors à Edesse, où il poursuivit son activité de prédicateur. Il mourut dans cette ville en l’an 373, victime de la contagion de la peste qu’il avait contractée en soignant les malades. On ne sait pas avec certitude s’il était moine, mais il est cependant certain qu’il est resté diacre toute sa vie et qu’il a embrassé l’état de virginité et de pauvreté. C’est ainsi qu’apparaît dans la spécificité de son expression culturelle, l’identité chrétienne commune et fondamentale : la foi, l’espérance – cette espérance qui permet de vivre pauvre et chaste dans ce monde, en plaçant toutes ses attentes dans le Seigneur – et, enfin, la charité, jusqu’au don de soi-même dans le soin des malades de la peste.
Saint Ephrem nous a laissé un grand héritage théologique. Sa production considérable peut se regrouper en quatre catégories : les œuvres écrites en prose ordinaire (ses œuvres polémiques, ou bien les commentaires bibliques) ; les œuvres en prose poétique ; les homélies en vers ; et enfin les hymnes, qui sont certainement l’œuvre la plus vaste d’Ephrem. Il s’agit d’un auteur riche et intéressant sous de nombreux aspects, mais en particulier sous le profil théologique. Si nous voulons aborder sa doctrine, nous devons insister dès le début sur ceci : sur le fait qu’il fait de la théologie sous une forme poétique. La poésie lui permet d’approfondir la réflexion théologique à travers des paradoxes et des images. Dans le même temps sa théologie devient liturgie, devient musique : en effet, c’était un grand compositeur, un musicien. Théologie, réflexion sur la foi, poésie, chant, louange de Dieu vont de pair ; et c’est précisément dans ce caractère liturgique qu’apparaît avec limpidité dans la théologie d’Ephrem la vérité divine. Dans sa recherche de Dieu, dans sa façon de faire de la théologie, il suit le chemin du paradoxe et du symbole. Il privilégie largement les images contrastantes, car elles lui servent à souligner le mystère de Dieu.
Je ne peux pas présenter beaucoup de choses de lui maintenant, notamment parce que la poésie est difficilement traduisible, mais pour donner au moins une idée de sa théologie poétique, je voudrais citer en partie deux hymnes. Tout d’abord, également en vue du prochain Avent, je vous propose plusieurs images splendides tirées des hymnes Sur la nativité du Christ. Devant la Vierge, Ephrem manifeste son émerveillement avec un ton inspiré :
« Le Seigneur vint en elle
pour se faire serviteur.
Le Verbe vint en elle
pour se taire dans son sein.
La foudre vint en elle
pour ne faire aucun bruit.
Le pasteur vint en elle
et voici l’Agneau né, qui pleure sans bruit.
Car le sein de Marie
a renversé les rôles :
Celui qui créa toutes choses
est entré en possession de celles-ci, mais pauvre.
Le Très-Haut vint en Elle (Marie),
mais il y entra humble.
La splendeur vint en elle,
mais revêtue de vêtements humbles.
Celui qui dispense toutes choses
connut la faim.
Celui qui étanche la soif de chacun
connut la soif.
Nu et dépouillé il naquit d’elle,
lui qui revêt (de beauté) toutes choses»
(Hymne De Nativitate 11, 6-8)
Pour exprimer le mystère du Christ, Ephrem utilise une grande diversité de thèmes, d’expressions, d’images. Dans l’un de ses hymnes, il relie de manière efficace Adam (au paradis) au Christ (dans l’Eucharistie) :
« Ce fut en fermant
avec l’épée du chérubin,
que fut fermé
le chemin de l’arbre de la vie.
Mais pour les peuples,
le Seigneur de cet arbre
s’est donné comme nourriture
lui-même dans l’oblation (eucharistique).
Les arbres de l’Eden
furent donnés comme nourriture
au premier Adam.
Pour nous, le jardinier
du Jardin en personne
s’est fait nourriture
pour nos âmes.
En effet, nous étions tous sortis
du Paradis avec Adam,
qui le laissa derrière lui.
A présent que l’épée a été ôtée
là-bas (sur la croix) par la lance
nous pouvons y retourner »
(Hymne 49, 9-11).
Pour parler de l’Eucharistie, Ephrem se sert de deux images : la braise ou le charbon ardent, et la perle. Le thème de la braise est tiré du prophète Isaïe (cf. 6, 6). C’est l’image du séraphin, qui prend la braise avec les pinces, et effleure simplement les lèvres du prophète pour les purifier ; le chrétien, en revanche, touche et consume la Braise, qui est le Christ lui-même :
« Dans ton pain se cache l’Esprit
qui ne peut être consommé ;
dans ton vin se trouve le feu qui ne peut être bu.
L’Esprit dans ton pain, le feu dans ton vin :
voilà une merveille accueillie par nos lèvres.
Le séraphin ne pouvait pas approcher ses doigts de la braise,
qui ne fut approchée que de la bouche d’Isaïe ;
les doigts ne l’ont pas prise, les lèvres ne l’ont pas avalée ;
mais à nous, le Seigneur a permis de faire les deux choses.
Le feu descendit avec colère pour détruire les pécheurs,
mais le feu de la grâce descend sur le pain et y reste.
Au lieu du feu qui détruisit l’homme,
nous avons mangé le feu dans le pain
et nous avons été vivifiés ».
(Hymne De Fide 10, 8-10).
Voilà encore un dernier exemple des hymnes de saint Ephrem, où il parle de la perle comme symbole de la richesse et de la beauté de la foi :
« Je posai (la perle), mes frères, sur la paume de ma main,
pour pouvoir l’examiner.
Je me mis à l’observer d’un côté puis de l’autre :
elle n’avait qu’un seul aspect de tous les côtés.
(Ainsi) est la recherche du Fils, impénétrable,
car elle n’est que lumière.
Dans sa clarté, je vis la Limpidité,
qui ne devient pas opaque ;
et dans sa pureté,
le grand symbole du corps de notre Seigneur,
qui est pur.
Dans son indivisibilité, je vis la vérité,
qui est indivisible »
(Hymne Sur la Perle 1, 2-3).
La figure d’Ephrem est encore pleinement actuelle pour la vie des différentes Eglises chrétiennes. Nous le découvrons tout d’abord comme théologien, qui à partir de l’Ecriture Sainte réfléchit poétiquement sur le mystère de la rédemption de l’homme opérée par le Christ, le Verbe de Dieu incarné. Sa réflexion est une réflexion théologique exprimée par des images et des symboles tirés de la nature, de la vie quotidienne et de la Bible. Ephrem confère un caractère didactique et catéchistique à la poésie et aux hymnes pour la liturgie ; il s’agit d’hymnes théologiques et, dans le même temps, adaptés à la récitation ou au chant liturgique. Ephrem se sert de ces hymnes pour diffuser, à l’occasion des fêtes liturgiques, la doctrine de l’Eglise. Au fil du temps, ils se sont révélés un moyen de catéchèse extrêmement efficace pour la communauté chrétienne.
La réflexion d’Ephrem sur le thème de Dieu créateur est importante : rien n’est isolé dans la création, et le monde est, à côté de l’Ecriture Sainte, une Bible de Dieu. En utilisant de manière erronée sa liberté, l’homme renverse l’ordre de l’univers. Pour Ephrem, le rôle de la femme est important. La façon dont il en parle est toujours inspirée par la sensibilité et le respect : la demeure de Jésus dans le sein de Marie a grandement élevé la dignité de la femme. Pour Ephrem, de même qu’il n’y a pas de Rédemption sans Jésus, il n’y a pas d’incarnation sans Marie. Les dimensions divines et humaines du mystère de notre rédemption se trouvent déjà dans les textes d’Ephrem ; de manière poétique et avec des images fondamentalement tirées des Ecritures, il anticipe le cadre théologique et, d’une certaine manière, le langage même des grandes définitions christologiques des Conciles du Ve siècle.
Ephrem, honoré par la tradition chrétienne sous le titre de « lyre de l’Esprit Saint », resta diacre de son Eglise, toute sa vie. Ce fut un choix décisif et emblématique : il fut diacre, c’est-à-dire serviteur, que ce soit dans le ministère liturgique, ou, plus radicalement, dans l’amour pour le Christ, qu’il chanta de manière inégalable, ou encore, dans la charité envers ses frères, qu’il introduisit avec une rare habileté dans la connaissance de la Révélation divine.
Voici le résumé de la catéchèse, en français, lu par le pape
Chers Frères et Sœurs,
C’est aujourd’hui saint Éphrem le Syrien qui retient notre attention. Il est le représentant le plus emblématique du christianisme de langue syriaque. Né en 306, il se forma avec son évêque et devint diacre dans l’Église de Nisibe, vivant la virginité et la pauvreté. En raison de l’occupation perse, il quitte sa ville, en 363, pour se réfugier à Édesse, aujourd’hui en Turquie.
Il associa une vocation de théologien à l’art poétique. Son talent, qui fait de lui le poète le plus renommé de l’époque patristique, lui permit d’approfondir la réflexion théologique à travers l’usage de paradoxes, d’images et de symboles, souvent empruntés à l’Écriture. Ses hymnes écrites pour le chant liturgique méditent les mystères de la vie du Christ ; elles ont en même temps une forte valeur catéchétique, qui favorise, dans le peuple, l’intériorisation de la foi de l’Église.
Honoré par la tradition chrétienne du titre de « lyre de l’Esprit Saint », Éphrem est une belle figure de serviteur. Il resta diacre toute sa vie, remplissant son ministère liturgique, manifestant l’amour du Christ, qu’il a chanté de façon inégalable, et se dépensant dans la charité envers ses frères, à qui il a permis de mieux connaître le contenu de la Révélation. Il mourut en 373, ayant contracté la lèpre auprès des malades dont il prenait soin.
Je salue les pèlerins francophones, en particulier la délégation de l’Union mondiale des Organisations féminines catholiques. À la suite de saint Éphrem, puissiez-vous approfondir votre foi et toujours à rendre gloire à Dieu ‘par des psaumes, des hymnes et de libres louanges’ (cf. Ep 5,19). Avec ma Bénédiction apostolique.
APPEL LANCE PAR LE PAPE APRES L’AUDIENCE
Le 1er décembre prochain se tiendra la Journée mondiale contre le SIDA. Je suis spirituellement proche de ceux qui souffrent de cette terrible maladie, ainsi que de leurs familles, en particulier celles qui sont frappées par la perte d’un de leurs membres. Je les assure tous de ma prière.
En outre, je désire exhorter toutes les personnes de bonne volonté à multiplier leurs efforts pour arrêter la diffusion du virus VIH, à lutter contre le mépris qui frappe souvent ceux qui en sont affectés, et à prendre soin des malades, en particulier lorsqu’ils sont encore enfants.
Traduction réalisée par Zenit