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« Nous avons tous besoin du courage des Mages », déclare Benoît XVI

7 janvier, 2008

du site: 

http://www.zenit.org/article-16968?l=french

« Nous avons tous besoin du courage des Mages », déclare Benoît XVI

Homélie de la messe de l’Epiphanie

ROME, Dimanche 6 janvier 2008 (ZENIT.org) – « Nous avons tous besoin du courage des Mages », déclare Benoît XVI. Ce courage est particulièrement nécessaire pour « adopter un style de vie sobre », s’engager « pour une distribution équitable des richesses », et « instaurer un ordre de développement juste et durable », souligne-t-il.

Le pape a présidé la messe de l’Epiphanie du Seigneur, en la basilique Saint-Pierre, en présence de milliers de fidè

les, ce dimanche matin.Beno

ît XVI a souligné le « courage des Mages qui ont entrepris un long voyage en suivant une étoile et qui ont su s’agenouiller devant un enfant et lui offrir des dons précieux », et il a ajouté : « Nous avons tous besoin de ce courage, ancré dans une solide espérance ».

Cette arrivée des Mages venus d’Orient à Bethléem pour adorer le Messie nouveau-né est « le signe de la manifestation du Roi universel aux peuples et à tous les hommes qui cherchent la vérité »

.C’est le signe d’un mouvement oppos

é à l’épisode biblique de la Tour de Babel, symbole de la confusion des langues et de la dispersion de l’humanité sur la terre, expliquait encore le pape en disant : « De la confusion à la compréhension, de la dispersion à la réconciliation. Nous percevons un lien entre l’Epiphanie et la Pentecôte : si la Nativité du Christ qui est le chef, est aussi la Nativité de l’Eglise, son Corps, nous voyons dans les Mages les peuples qui s’agrègent au Reste d’Israël, en annonçant à l’avance le grand signe de l’ Eglise polyglotte’, réalisée par l’Esprit Saint cinquante jours après la Pâque ».

Benoît XVI invitait ainsi à avoir sur l’histoire un regard qui l’embrasse tout entière « dans son ampleur », pour « admirer la beauté du dessein de Dieu, projection dans l’histoire de son être Communion trinitaire, Amour fidèle, et tenace, qui ne manque jamais à son Alliance de génération en génération »

.Or, ce myst

ère est, disait le pape un « mystère de bénédiction qui veut atteindre tous les peuples et tous les êtres humains afin qu’ils puissent vivre en frères et sœurs, enfants de l’unique Père ».

Ce mystère, qui s’est révélé dans le Christ « se réalise maintenant dans l’Eglise », a ajouté

le pape.Mais non sans obstacles, faisait observer Beno

ît XVI : « Il est contrecarré par des élans de division et de domination, qui déchirent l’humanité à cause du péché et du conflit des égoïsmes. L’Eglise est, pour toute l’humanité, au service de ce mystère’ de bénédiction. Elle n’accomplit pleinement sa mission que lorsqu’elle est le reflet de la lumière du Christ Seigneur, et vient ainsi en aide aux peuples du monde sur le chemin de la paix et du progrès authentique ».

Or, faisait encore observer le pape, l’Eglise est à la fois « sainte et composée de pécheurs », et donc marquée par les tensions entre le « déjà là » du salut accompli par le Christ et le « pas encore » de sa réalisation dans l’histoire. Et ceci tandis qu’« une nuée épaisse enveloppe les Nations ».

« En effet, on ne peut pas dire que la mondialisation soit synonyme d’ordre mondial, au contraire. Les conflits pour la suprématie économique et l’accaparement des ressources énergétiques, hydriques, et des matières premières rendent difficile le travail de ceux qui, à tous les niveaux, s’efforcent de construire un monde juste et solidaire ».

On a besoin, diagnostiquait Benoît XVI, « d’une espérance plus grande, qui permette de préférer le bien commun de tous au luxe d’un petit nombre et à la misère de beaucoup ».

« Cette grande espérance, continuait le pape, ne peut venir que de Dieu (…). Pas n’importe quel dieu, mais de ce Dieu qui possède un visage humain : le Dieu qui s’est manifesté dans l’Enfant de Bethléem et dans le Crucifié-Ressuscité ». Benoît XVI faisait en effet remarquer que lorsque manque la vraie espérance, on « cherche le bonheur dans l’ivresse, le superflu, les excès, et l’on se ruine soi-même et le monde ».

Le courage des Mages, le monde moderne en a besoin aussi, souligne le pape, pour mettre en œuvre un développement équitable et durable.

« La modération, a souligné Benoît XVI, n’est alors plus seulement une règle ascétique, mais aussi un chemin de salut pour l’humanité. Il est désormais évident que c’est seulement si l’on adopte un style de vie sobre, accompagné d’un engagement sérieux pour une distribution équitable des richesses qu’il sera possible d’instaurer un ordre de développement juste et durable. Pour cela on a besoin d’hommes qui nourrissent une grande espérance et possèdent pour cela beaucoup de courage ».

Anita S. Bourdin

Message de Noël Urbi et Orbi du Pape Benoît XVI

26 décembre, 2007

du site: 

http://www.radiovaticana.org/fr1/Articolo.asp?c=176038

Message de Noël Urbi et Orbi du Pape Benoît XVI 

Un jour saint est apparu pour nous. Venez tous adorer le Seigneur. Aujourd’hui une grande lumière est descendue sur la terre ».Chers Frères et Sœurs !

«Un jour saint est apparu pour nous». Un jour de grande espérance : aujourd’hui nous est né le Sauveur de l’humanité ! La naissance d’un enfant apporte normalement une lumière d’espérance à ceux qui l’attendent avec impatience. Lorsque Jésus est né dans la grotte de Bethléem, une « grande lumière » est apparue sur la terre ; une grande espérance a pénétré le cœur de ceux qui l’attendaient : « lux magna », chante la liturgie de ce jour de Noël. Ce ne fut certainement pas une « grande lumière » selon le critère de ce monde, puisque ceux qui, les premiers, la virent, furent seulement Marie, Joseph et quelques bergers, puis les Mages, le vieux Syméon, la prophétesse Anne : ceux que Dieu avaient d’avance choisis. Et pourtant, dans le secret et le silence de cette nuit sainte, s’est allumée pour tout homme une lumière splendide et sans déclin ; la grande espérance, porteuse de bonheur, est arrivée dans le monde : « Le Verbe s’est fait chair et nous avons contemplé sa gloire » (Jn 1, 14).« Dieu est lumière – affirme saint Jean – en lui point de ténèbres » (1 Jn 1, 5). Dans le livre de la Genèse nous lisons qu’à l’origine de l’univers, « la terre était informe et vide, les ténèbres étaient au-dessus de l’abîme ». « Dieu dit : « Que la lumière soit ! » et la lumière fut » (Gn 1, 2-3). La Parole créatrice de Dieu – Dabar en hébreu, Verbum en latin, Logos en grec – est Lumière, source de la vie. Tout a été fait par le Logos et sans Lui rien de tout ce qui existe n’a été fait (cf. Jn 1, 3). Voilà pourquoi toutes les créatures sont fondamentalement bonnes et portent en elles l’empreinte de Dieu, une étincelle de sa lumière. Cependant, lorsque Jésus est né de la Vierge Marie, la Lumière elle-même est venue dans le monde : « Dieu né de Dieu, Lumière née de la Lumière » proclamons-nous dans le Credo. En Jésus, Dieu a assumé ce qui n’était pas tout en restant ce qu’il était : « La toute puissance est entrée dans un corps d’enfant et ne s’est pas soustraite aux lois de l’univers » (cf. S. Augustin, Sermon 184, 1, sur Noël). Il s’est fait homme, Celui qui est le créateur de l’homme pour apporter au monde la paix. C’est pourquoi, dans la nuit de Noël, la troupe des anges chante : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre aux hommes, qu’il aime » (Lc 2, 14).

« Aujourd’hui une grande lumière est descendue sur la terre». La lumière du Christ est porteuse de paix. Dans la Messe de la nuit, la liturgie eucharistique s’ouvrait justement par ce chant : « Aujourd’hui, la paix véritable vient du ciel sur notre terre » (Antienne d’ouverture). En fait, seule la « grande » lumière apparue avec le Christ peut donner aux hommes la paix « véritable » : voilà pourquoi toutes les générations sont appelées à la recevoir, à accueillir le Dieu qui, à Bethléem, s’est fait l’un de nous.

C’est cela Noël ! Événement historique et mystère d’amour qui depuis plus de deux mille ans interpelle les hommes et les femmes de tout temps et de tous lieux. C’est le jour saint où resplendit la « grande lumière » du Christ, porteuse de paix ! Il est vrai que pour la reconnaître, pour l’accueillir, il faut la foi, il faut l’humilité. L’humilité de Marie, elle qui a cru à la parole du Seigneur et qui, la première, inclinée au-dessus de la mangeoire, a adoré le Fruit de son sein ; l’humilité de Joseph, homme juste, qui eut le courage de la foi et préféra obéir à Dieu plutôt que d’avoir soin de sa réputation ; l’humilité des bergers, des pauvres bergers anonymes, qui ont accueilli l’annonce du messager céleste et sont allés en hâte vers la grotte où ils ont trouvé l’enfant qui venait de naître, et là, pleins d’étonnement, ils l’ont adoré en louant Dieu (cf. Lc 2, 15-20). Les petits, les pauvres de cœur : voilà les protagonistes de Noël, hier comme aujourd’hui ; ce sont les protagonistes de toujours dans l’histoire de Dieu, les bâtisseurs infatigables de son Royaume de justice, d’amour et de paix.

Dans le silence de la nuit de Bethléem Jésus est né et a été reçu entre des mains pleines de sollicitude. Et maintenant, en ce Noël qui est le nôtre et où continue à résonner l’annonce joyeuse de sa naissance rédemptrice, qui est prêt à lui ouvrir la porte de son cœur ? Hommes et femmes de notre temps, pour nous aussi le Christ vient apporter la lumière, pour nous aussi, il vient donner la paix ! Mais qui, dans la nuit du doute et des incertitudes, veille avec un cœur vigilant et priant ? Qui attend l’aurore du jour nouveau en tenant allumée la petite flamme de la foi ? Qui prend le temps d’écouter sa parole et de se laisser prendre et fasciner par son amour ? Oui ! Son message de paix est pour tous; c’est pour tous qu’il vient s’offrir lui-même comme espérance certaine du salut.

La lumière du Christ, qui vient illuminer tout être humain, peut enfin briller et être la consolation pour toutes les personnes qui se trouvent dans les ténèbres de la misère, de l’injustice, de la guerre ; pour les personnes dont est encore niée la légitime aspiration à une existence plus assurée, à la santé, à l’éducation, à un emploi stable, à une participation plus pleine aux responsabilités civiles et politiques, hors de toute oppression et à l’abri de conditions qui offensent la dignité humaine. Ce sont tout particulièrement les franges les plus vulnérables, les enfants, les femmes, les personnes âgées, qui sont les victimes de conflits armés sanglants, du terrorisme et des violences de toutes sortes, qui provoquent des souffrances inouïes à des populations entières. Dans le même temps, les tensions ethniques, religieuses et politiques, l’instabilité, les rivalités, les oppositions, les injustices et les discriminations, qui déchirent le tissu intérieur de nombreux pays, enveniment les relations internationales. Et dans le monde, le nombre des migrants, des réfugiés, des déplacés, va toujours croissant, à cause aussi des catastrophes naturelles, qui sont souvent la conséquence de préoccupants désastres écologiques.

En ce jour de paix, ma pensée se tourne surtout vers les lieux où résonne le bruit des armes : les terres déchirées du Darfour, la Somalie et le nord de la République démocratique du Congo, les confins de l’Érythrée et de l’Éthiopie, tout le Moyen-Orient, en particulier l’Iraq, le Liban et la Terre Sainte, ainsi que l’Afghanistan, le Pakistan et le Sri Lanka, la région des Balkans et tant d’autres situations de crise, souvent malheureusement oubliées. Que l’Enfant Jésus apporte le réconfort aux personnes qui sont dans l’épreuve et donne aux responsables des gouvernements la sagesse et le courage de rechercher et de trouver des solutions humaines, justes et durables. À la soif de sens et de valeur qui habite le monde d’aujourd’hui, à la recherche de bien-être et de paix qui marque la vie de toute l’humanité, aux attentes des pauvres, le Christ, vrai Dieu et vrai Homme, répond par sa Naissance. Que les personnes et les peuples n’aient pas peur de le reconnaître et de l’accueillir ; avec Lui, « une grande lumière » illumine l’horizon de l’humanité ; avec Lui, s’ouvre « un jour saint » qui ne connaît pas de déclin. Que ce Noël soit vraiment pour tous un jour de joie, d’espérance et de paix !

« Venez tous adorer le Seigneur ». Avec Marie, Joseph et les bergers, avec les Mages et la troupe innombrable des humbles adorateurs de l’Enfant nouveau-né qui, tout au long des siècles, ont accueilli le mystère de Noël, nous aussi, Frères et Sœurs de tous les continents, laissons la lumière de ce jour se répandre partout : qu’elle entre dans nos cœurs, qu’elle éclaire et réchauffe nos maisons, qu’elle apporte sérénité et espérance à nos cités, qu’elle donne au monde la paix ! C’est là mon vœu pour vous qui m’écoutez. Vœu qui se fait prière, humble et confiante, à l’Enfant Jésus, afin que sa lumière fasse disparaître les ténèbres de votre vie et qu’elle vous comble d’amour et de paix. Que le Seigneur, qui a fait resplendir dans le Christ son visage de miséricorde vous comble de son bonheur et vous rende messagers de sa bonté ! Bon Noël !