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dans l’église proche de chez moi – à travers la rue seulement – sont récemment arrivés des moines de l’Eglise maronite du Liban de la famille de Marc Charbel…

14 avril, 2019

dans l’église proche de chez moi – à travers la rue seulement – sont récemment arrivés des moines de l’Eglise maronite du Liban de la famille de Marc Charbel, je suis infiniment heureux, Pâques nous en ferons avec eux, aujourd’hui il y avait beaucoup de monde dans l’église, je propose l’homélie du pape Paul VI pour la canonisation du saint Charbel

http://w2.vatican.va/content/paul-vi/fr/homilies/1977/documents/hf_p-vi_hom_19771009.html

Charbel

CANONISATION DE CHARBEL MAKHLUOF

HOMÉLIE DU PAPE PAUL VI

Dimanche, 9 octobre 1977

Vénérables Frères et chers Fils,
L’Eglise entière, de l’Orient à l’Occident, est invitée aujourd’hui à une grande joie. Notre cœur se tourne vers le Ciel, où nous savons désormais avec certitude que saint Charbel Makhlouf est associé au bonheur incommensurable des Saints, dans la lumière du Christ, louant et intercédant pour nous. Nos regards se tournent aussi là où il a vécu, vers le cher pays du Liban, dont Nous sommes heureux de saluer les représentants: Sa Béatitude le Patriarche Antoine Pierre Khoraiche, avec nombre de ses Frères et de ses Fils maronites, les représentants des autres rites catholiques, des orthodoxes, et, au plan civil, la Délégation du Gouvernement et du Parlement libanais que Nous remercions chaleureusement.
Votre pays, chers Amis, avait déjà été salué avec admiration par les poètes bibliques, impressionnés par la vigueur des cèdres devenus symboles de la vie des justes. Jésus lui-même y est venu récompenser la foi d’une femme syro-phénicienne: prémices du salut destiné à toutes les nations. Et ce Liban, lieu de rencontre entre l’orient et l’Occident est devenu de fait la patrie de diverses populations, qui se sont accrochées avec courage à leur terre et à leurs fécondes traditions religieuses. La tourmente des récents événements a creusé des rides profondes sur son visage, et jeté une ombre sérieuse sur les chemins de la paix. Mais vous savez notre sympathie et notre affection constantes: avec vous, Nous gardons la ferme espérance d’une coopération renouvelée, entre tous les fils du Liban.
Et voilà qu’aujourd’hui, nous vénérons ensemble un fils dont tout le Liban, et spécialement l’Eglise maronite, peuvent être fiers: Charbel Makhlouf. Un fils bien singulier, un artisan paradoxal de la paix, puisqu’il l’a recherchée à l’écart du monde, en Dieu seul, dont il était comme enivré. Mais sa lampe, allumée au sommet de la montagne de son ermitage, au siècle dernier, a brillé d’un éclat toujours plus grand, et l’unanimité s’est faite rapidement autour de sa sainteté. Nous l’avions déjà honoré en le déclarant bienheureux le 5 décembre 1965, au moment de la clôture du Concile Vatican II. Aujourd’hui, en le canonisant et en étendant son culte à l’ensemble de l’Eglise, Nous donnons en exemple, au monde entier, ce valeureux moine, gloire de l’ordre libanais maronite et digne représentant des Eglises d’Orient et de leur haute tradition monastique.
Il n’est point nécessaire de retracer en détail sa biographie, d’ailleurs fort simple. II importe du moins de noter à quel point le milieu chrétien de son enfance a enraciné dans la foi le jeune Youssef – c’était son nom de baptème -, et l’a préparé à sa vocation: famille de paysans modestes, travailleurs, unis; animés d’une foi robuste, familiers de la prière liturgique du village et de la dévotion à Marie; oncles voués à la vie érémitique, et surtout mère admirable, pieuse et mortifiée jusqu’au jeûne continuel. Ecoutez les paroles que l’on rapporte d’elle après la séparation de son fils: «Si tu ne devais pas être un bon religieux, je te dirais: Reviens à la maison. Mais je sais maintenant que le Seigneur te veut à son service. Et dans ma douleur d’être séparée de toi, je lui dis, résignée: Qu’il te bénisse, mon enfant, et fasse de toi un saint» (P. PAUL DAHER, Charbel, un homme ivre de Dieu, Monastère S. Maron d’Annaya, Jbail Liban, 1965, p. 63). Les vertus du foyer et l’exemple des parents constituent toujours un milieu privilégié pour l’éclosion des vocations.
Mais la vocation comporte toujours aussi une décision très personnelle du candidat, où l’appel irrésistible de la grâce compose avec sa volonté tenace de devenir un saint: «Quitte tout, viens! Suis-moi!» (Ibid. p. 52; cfr. Marc. 10, 32). A vingt-trois ans, notre futur saint quitte en effet son village de Gégà-Kafra et sa famille pour ne plus jamais y revenir. Alors, pour le novice devenu Frère Charbel, commence une formation monastique rigoureuse, selon la règle de l’ordre libanais maronite de Saint Antoine, au monastère de Notre-Dame de Mayfouk, puis à celui plus retiré de Saint-Maron d’Annaya, après sa profession solennelle, il suit des études théologiques à Saint-Cyprien de Kfifane, reçoit l’ordination sacerdotale en 1859; il mènera ensuite seize ans de vie communautaire parmi les moines d’Annaya et vingt-trois ans de vie complètement solitaire dans l’ermitage des Saints Pierre et Paul dépendant d’Annaya. C’est là qu’il remet son âme à Dieu la veille de Noël 1898, à soixante-dix ans.
Que représente donc une telle vie? La pratique assidue, poussée à l’extrême, des trois vœux de religion, vécus dans le silence et le dépouillement monastiques: d’abord la plus stricte pauvreté pour ce qui est du logement, du vêtement, de l’unique et frugal repas journalier des durs travaux manuels dans le rude climat de la montagne; une chasteté qu’il entoure d’une intransigeance légendaire; enfin et surtout une obéissance totale à ses Supérieurs et même à ses confrères, au règlement des ermites aussi, traduisant sa soumission complète à Dieu. Mais la clé de cette vie en apparence étrange est la recherche de la sainteté, c’est-à-dire la conformité la plus parfaite au Christ humble et pauvre, le colloque quasi ininterrompu avec le Seigneur, la participation personnelle au sacrifice du Christ par une célébration fervente de la messe et par sa pénitence rigoureuse jointe à l’intercession pour les pécheurs. Bref, la recherche incessante de Dieu seul, qui est le propre de la vie monastique, accentuée par la solitude de la vie érémitique.
Cette énumération, que les hagiographes peuvent illustrer de nombreux faits concrets, donne le visage d’une sainteté bien austère, n’est-ce pas? Arrêtons-nous sur ce paradoxe qui laisse le monde moderne perplexe, voire irrité; on admet encore chez un homme comme Charbel Makhlouf une héroïcité hors de pair, devant laquelle on s’incline, retenant surtout sa fermeté au-dessus de la normale. Mais n’est-elle pas «folie aux yeux des hommes», comme s’exprimait déjà l’auteur du livre de la Sagesse? Même des chrétiens se demanderont: le Christ a-t-il vraiment exigé pareil renoncement, lui dont la vie accueillante tranchait avec les austérités de Jean-Baptiste? Pire encore, certains tenants de l’humanisme moderne n’iront-ils pas, au nom de la psychologie, jusqu’à soupçonner cette austérité intransigeante, de mépris, abusif et traumatisant, des saines valeurs du corps et de l’amour, des relations amicales, de la liberté créatrice, de la vie en un mot?
Raisonner ainsi, dans le cas de Charbel Makhlouf et de tant de ses compagnons moines ou anachorètes depuis le début de l’Eglise, c’est manifester une grave incompréhension, comme s’il ne s’agissait que d’une performance humaine; c’est faire preuve d’une certaine myopie devant une réalité autrement profonde. Certes, l’équilibre humain n’est pas à mépriser, et de toute façon les Supérieurs, l’Eglise doivent veiller à la prudence et à l’authenticité de telles expériences. Mais prudence et équilibre humains ne sont pas des notions statiques, limitées aux éléments psychologiques les plus courants ou aux seules ressources humaines. C’est d’abord oublier que le Christ a exprimé lui-même des exigences aussi abruptes pour ceux qui voudraient être ses disciples: «Suis-moi . . . et laisse les morts enterrer leurs morts» (Luc. 9, 59-60). «Si quelqu’un vient à moi sans me préférer à son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères, ses sœurs et jusqu’à sa propre vie, il ne peut être mon disciple» (Ibid. 14, 26). C’est oublier aussi, chez le spirituel, la puissance de l’âme, pour laquelle cette austérité est d’abord un simple moyen, c’est oublier l’amour de Dieu qui l’inspire, l’Absolu qui l’attire; c’est ignorer la grâce du Christ qui la soutient et la fait participer au dynamisme de sa propre Vie. C’est finalement méconnaître les ressources de la vie spirituelle, capable de faire parvenir à une profondeur, à une vitalité, à une maîtrise de l’être, à un équilibre d’autant plus grands qu’il n’ont pas été recherchés pour eux-mêmes: « Cherchez d’abord le Royaume de Dieu et sa justice et le reste vous sera donné par surcroît» (Matth. 6, 32).
Et de fait, qui n’admirerait, chez Charbel Makhlouf, les aspects positifs que l’austérité, la mortification, l’obéissance, la chasteté, la solitude ont rendus possibles à un degré rarement atteint? Pensez à sa liberté souveraine devant les difficultés ou les passions de toutes sortes, à la qualité de sa vie intérieure, à l’élévation de sa prière, à son esprit d’adoration manifesté au cœur de la nature et surtout en présence du Saint-Sacrement, à sa tendresse filiale pour la Vierge, et à toutes ces merveilles promises dans les béatitudes et réalisées à la lettre chez notre saint: douceur, humilité, miséricorde, paix, joie, participation, dès cette vie, à la puissance de guérison et de conversion du Christ. Bref l’austérité, chez lui, l’a mis sur le chemin de la sérénité parfaite, du vrai bonheur; elle a laissé toute grande la place à l’Esprit Saint.
Et d’ailleurs, chose impressionnante, le peuple de Dieu ne s’y est pas trompé. Dès le vivant de Charbel Makhlouf, sa sainteté rayonnait, ses compatriotes, chrétiens ou non, le vénéraient, accouraient à lui comme au médecin des âmes et des corps. Et depuis sa mort, la lumière a brillé plus encore au-dessus de son tombeau: combien de personnes, en quête de progrès spirituel, ou éloignées de Dieu, ou en proie à la détresse, continuent à être fascinées par cet homme de Dieu, en le priant avec ferveur, alors que tant d’autres, soi-disant apôtres, n’ont laissé aucun sillage, comme ceux dont parle l’Ecriture (Sap. 5, 10; Epistola ad Missam).
Oui, le genre de sainteté pratiqué par Charbel Makhlouf est d’un grand poids, non seulement pour la gloire de Dieu, mais pour la vitalité de l’Eglise. Certes, dans l’unique Corps mystique du Christ, comme dit saint Paul (Cfr. Rom. 12, 4-8), les charismes sont nombreux et divers; ils correspondent à des fonctions différentes, qui ont chacune leur place indispensable. Il faut des Pasteurs, qui rassemblent le peuple de Dieu et y président avec sagesse au nom du Christ. Il faut des théologiens qui scrutent la doctrine et un Magistère qui y veille. Il faut des évangélisateurs et des missionnaires qui portent la parole de Dieu sur toutes les routes du monde. Il faut des catéchètes qui soient des enseignants et des pédagogues avisés de la foi: c’est l’objet du Synode actuel. Il faut des personnes qui se vouent directement à l’entraide de leurs frères . . . Mais il faut aussi des gens qui s’offrent en victimes pour le salut du monde, dans une pénitence librement acceptée, dans une prière incessante d’intercession, comme Moïse sur la montagne, dans une recherche passionnée de l’Absolu, témoignant que Dieu vaut la peine d’être adoré et aimé pour lui-même. Le style de vie de ces religieux, de ces moines, de ces ermites n’est pas proposé à tous comme un charisme imitable; mais à l’état pur, d’une façon radicale, ils incarnent un esprit dont nul fidèle du Christ n’est dispensé, ils exercent une fonction dont l’Eglise ne saurait se passer, ils rappellent un chemin salutaire pour tous.
Permettez-Nous, en terminant, de souligner l’intérêt particulier de la vocation érémitique aujourd’hui. Elle semble d’ailleurs connaître un certain regain de faveur que n’explique pas seulement la décadence de la société, ni les contraintes que celle-ci fait peser. Elle peut d’ailleurs prendre des formes adaptées, à condition qu’elle soit toujours conduite avec discernement et obéissance.
Ce témoignage, loin d’être une survivance d’un passé révolu, Nous apparaît très important, pour notre monde, comme pour notre Eglise.
Bénissons le Seigneur de nous avoir donné saint Charbel Makhlouf, pour raviver les forces de son Eglise, par son exemple et sa prière. Puisse le nouveau saint continuer à exercer son influence prodigieuse, non seulement au Liban, mais en Orient et dans l’Eglise entière! Qu’il intercède pour nous, pauvres pécheurs, qui, trop souvent, n’osons pas risquer l’expérience des béatitudes qui conduisent pourtant à la joie parfaite! Qu’il intercède pour ses frères de l’ordre libanais maronite, et pour toute I’Eglise maronite, dont chacun connaît les mérites et les épreuves! Qu’il intercède pour le cher pays du Liban, qu’il l’aide à surmonter les difficultés de l’heure, à panser les plaies encore vives, à marcher dans l’espérance! Qu’il le soutienne et l’oriente sur la bonne et juste voie, comme nous le chanterons tout à l’heure! Que sa lumière brille au-dessus d’Annaya, ralliant les hommes dans la concorde et les attirant vers Dieu, qu’il contemple désormais dans la félicité éternelle! Amen!

SOLENNITÉ DE SAN GIUSEPPE ARTIGIANO ET GROUPE DE TRAVAIL – HOMÉLIE DE PAUL VI

30 avril, 2018

http://w2.vatican.va/content/paul-vi/it/homilies/1968/documents/hf_p-vi_hom_19680501.html

imm fr

Saint Joseph Travailleur

(Google traduction de l’italien)

SOLENNITÉ DE SAN GIUSEPPE ARTIGIANO ET GROUPE DE TRAVAIL – HOMÉLIE DE PAUL VI
 
Mercredi 1er mai 1968

L’ACTION MATERNELLE ET REDEMPTEUR DE L’EGLISE

Fils et filles bien-aimés!

Ici nous célébrons ensemble le 1er mai, la fête du travail. C’est un nouveau parti qui a trouvé sa place dans le calendrier religieux ces derniers temps; et il est clair que l’Eglise, en introduisant dans la série de ses célébrations sacrées, manifesté une intention rédemptrice, presque un désir de récupérer, et certainement un but sanctifiante. Il a produit un écart dans les derniers siècles entre la psychologie du travail et religieux, un détachement qui a eu des répercussions sociales, et qui les maintient encore loin de la foule de nombreux foi des hommes et des femmes qui ne travaillent pas seulement leur profession, mais aussi leur qualification spirituelle, l’expression de leur conception suprême de la vie, en opposition au christianisme. C’est l’un des plus grands malentendus de la société moderne, et chacun devrait savoir se débrouiller, non seulement pour louer la vérité, mais aussi pour le bénéfice du travail lui-même et des travailleurs, celui du travail et de l’activité productive leur vie l’empreinte distinctive.

TRAVAILLER COMME TOUTES LES ACTIVITÉS HUMAINES HONNÊTES SONT SACRÉES
En effet, en ce qui concerne le travail, la pensée chrétienne, et pour elle l’Église, la considère comme une expression des facultés humaines, et non seulement des facultés physiques, mais aussi spirituelles, qui impriment le signe de la personnalité dans le travail manuel. humain, et donc son progrès, sa perfection, et finalement son utilité économique et sociale. Le travail est l’explication normale des facultés humaines, physiques, morales et spirituelles! et donc il couvre la dignité, le talent, le génie perfectif et productif de l’homme. Sa pédagogie fondamentale s’exprime, elle marque l’envergure de son développement. Il obéit au plan primitif de Dieu le créateur, qui voulait l’explorateur de l’homme, conquérant, dominateur du pays, ses trésors, son énergie, ses secrets. Donc ce n’est pas un travail, en soi, une punition, une décadence, un joug esclave, comme les anciens l’ont considéré, même les meilleurs; mais c’est l’expression du besoin naturel de l’homme d’exercer ses forces et de les mesurer aux difficultés des choses, de les réduire à son service; c’est l’explication libre et consciente des facultés humaines, des mains humaines guidées par son intelligence. Le travail est donc noble et, comme toute activité humaine honnête, il est sacré.

ASSURER VOTRE JUSTICE AU TRAVAIL QUI FAIT UN VISAGE HUMAIN FORT ET LIBRE
Ici, parmi les nombreuses, deux questions arrêtent le cours facile de ces pensées. Et c’est: que faut-il dire du travail quand il est lourd, oppressif, inepte pour atteindre son premier résultat, pain, suffisance économique pour la vie? quand sert-il à augmenter la richesse des autres avec la difficulté et la misère de la sienne? quand est-ce un indice, et presque un sceau d’inégalité économique et sociale insurpassable et insupportable? La réponse théorique est facile, même si dans la pratique c’est souvent très difficile; mais c’est une réponse forte à la souffrance humaine, une force finalement victorieuse: nous devons exiger des conditions de travail meilleures et progressivement meilleures; doit être assurée à travailler sa justice, qui change de travailler son mal et le visage humilié, et en fait un visage vraiment humain, forte, libre, heureux, irradiée par la conquête non seulement des biens économiques, assez pour une vie décente et saine, mais aussi des biens supérieurs de la culture, du rafraîchissement, de la joie légitime de vivre et de l’espérance chrétienne.

IL EST NÉCESSAIRE DE VENIR À UN ORDRE CORRECT POUR TOUT LE MONDE ET À LA VISION CHRÉTIENNE DE LA SOCIÉTÉ
Beaucoup a déjà été fait dans ce sens, mais il reste encore beaucoup à faire. Les grandes encycliques papales ont élevé une voix haute et sérieuse à cet égard; et ainsi celle des Pasteurs et des Maîtres et des Exposants du laïcat catholique. Aujourd’hui, nous nous souvenons de ces mots magistraux, tels que ceux dans lesquels résonnent les échos de nos textes liturgiques. L’Église honore ainsi le travail, et marche aussi, certainement pas à l’arrière, sur la route principale de la civilisation de votre temps.
L’autre question qui se pose à parler du travail, est liée à la nouvelle forme, qui a pris le lieu de travail moderne, la forme industrielle, celle de la machine, celle de production massive, qui a transformé notre société, marquant la distinction et l’opposition des classes sociales. Que dirons-nous? nous avons tellement dit, écrit, opéré sur ce thème, que nous ne voudrions pas paraître simplistes dans nos réponses. Mais vous connaissez la simplicité de base de cette conversation. La première réponse est la suivante: l’Église admire et encourage cette expression puissante du travail moderne: parce qu’elle vise à multiplier les biens économiques en modou que tout le monde peut, dans une mesure suffisante, en profiter; et parce que, alimenté par la machine, le travail est devenu moins lourd sur les épaules de l’homme (voir Danusso). Nous pourrions aussi dire: parce qu’organisé, le travail moderne produit de nouveaux rapports sociaux, de nouvelles solidarités, de nouvelles amitiés entre ceux qui vous attendent, surtout parmi les ouvriers; et cela est un bon, si en effet la solidarité qui les unit et donne à l’entreprise un tissu plus compact des relations humaines et plus consciente, qui les associe à la première rencontre de leur classe aux divisions fonctionnelles essentielles du travail comprimée et organisée pour accomplir et ensuite la protection des intérêts communs; mais ensemble ils forment la conception organique de la société, il ne devrait pas être par l’impact de la cupidité contradictoires et inconciliables, mais par l’harmonie des dialectiques de collaboration à un ordre approprié pour tous et la participation à un bien commun à une distribution rationnelle. Espérons que ce soit encore largement, mais aussi la réalité, qui mûrit là où la vision chrétienne de la société et le concept sacré de la personne humaine, que seul l’Évangile peut définir et défendre ultimement, acquièrent la mentalité du progrès moderne. NAZARETH FABBROW « NOUS ENVERRONS ET BENISSONS TOUS LES TRAVAILLEURS » Combien de choses nous avons encore à dire! mais c’est presque par lui-même: la religion est à la racine et est au sommet du processus qui rend le concept et la réalité du travail si grands. Elle a aussi sa propre doctrine pour l’aspect de la fatigue et de la punition, que le travail ne perd jamais et qui rappelle sa malheureuse origine (voir Gen. 3, 19), rappelle son heureux et sublime épilogue, sa valeur. rédempteur (voir Matt 5, 6); et presque l’enseignement ne suffisait pas à nous persuader de l’honneur et de l’amour que nous devons au travail humain, notre religion, un exemple et un protecteur nous offre aujourd’hui, l’humble et grand saint Joseph, maître de l’opéra à ce Christ dont les mains divines ont produit l’œuvre de la création et de la rédemption. Adorons Joseph, le forgeron de Nazareth; et en son nom, nous saluons et bénissons tous les ouvriers aujourd’hui, et puisque, d’une manière ou d’une autre, ils sont tous de vous, du fond du cœur, nous vous bénissons tous.

PAUL VI – MÉDITATION SUR LA LITURGIE DE LA SEMAINE SAINTE (1968)

26 mars, 2018

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Jésus sous la croix

PAUL VI – MÉDITATION SUR LA LITURGIE DE LA SEMAINE SAINTE (1968)

AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercredi Saint, 10 avril 1968

Chers Fils et Chères Filles,

Nous vous saluons tous, en vous considérant comme participant avec Nous aux cérémonies de la Semaine Sainte dont la célébration est si importante. Non seulement cette semaine évoque le souvenir de la mort et de la résurrection du Seigneur, mais elle renouvelle l’efficacité de l’œuvre rédemptrice du Christ. Elle actualise le mystère pascal de la façon la plus authentique; elle le reflète dans sa liturgie, elle le reproduit dans son efficacité divine; elle le rend accessible aux fidèles qui veulent vivre des exemples et de la grâce du Christ; elle constitue, dans le cours du temps, le moment le plus rempli de la présence du Christ parmi nous, et dans le cours de l’année l’heure centrale vers laquelle tend et de laquelle part toute l’activité liturgique de l’Eglise. Elle concerne le Christ mort et ressuscité; mais elle concerne aussi chacun de nous, parce que chacun de nous doit mourir et ressusciter avec le Christ. C’est pour nous que le Christ a vécu le drame de la Rédemption; c’est avec nous qu’il veut la revivre. Ne laissons pas passer la fête de Pâques sans nous pénétrer de sa réalité et de ses exigences.
Nous savons que beaucoup d’entre vous sont actuellement à Rome en visiteurs, en touristes, pour admirer les souvenirs et les monuments de la Ville éternelle, pour faire une excursion de printemps, voir un peu de soleil et de ciel bleu. Mais Nous voulons croire qu’aucun de vous ne manquera de réserver quelque pensée à la Semaine Sainte et, si possible, quelques instants pour assister aux grandes cérémonies religieuses des églises romaines. Si vous êtes touristes, vous marchez, le guide en main, pour tout bien voir et tout bien connaître; de même, Nous voudrions, d’une façon sommaire, vous indiquer certains aspects de ces cérémonies auxquelles Nous vous exhortons à participer, afin que vous les compreniez mieux et que vous y assistiez avec plus de fruit.

Aspect historique
Le premier aspect est celui que nous pourrions appeler l’aspect historique, c’est-à-dire le caractère d’évocation que revêtent ces cérémonies. Elles se réfèrent aux derniers jours de la vie temporelle du Christ, comme chacun le sait. Mais en les replaçant, à nouveau devant nos yeux, l’Eglise veut réveiller, préciser ces souvenirs, retenir notre attention. Ce n’est pas sans raison que le récit de la passion est répété quatre fois pendant la Semaine Sainte. Et les trois derniers jours sont caractérisés par un fait dominant, particulier à chacun: le Jeudi-Saint par la Cène pascale, qui devient la Cène Eucharistique; le Vendredi-Saint par le procès, la crucifixion et la mort du Seigneur; le Samedi-Saint par le souvenir de sa sépulture, avant d’arriver à la nuit de la résurrection Pascale. La seule évocation de ces événements est déjà attirante par elle-même, et il n’est pas difficile d’en faire la première méditation, même si elle est uniquement descriptive.

Les personnages du drame
La seconde méditation porte sur les personnages du drame. Chacun d’eux est typique et représentatif. L’action dans laquelle ils se trouvent engagés, les uns et les autres, soit dans la passion, soit dans l’événement pascal, prend un relief impressionnant. L’humanité s’y révèle sous son jour le plus intéressant; la psychologie éternelle des hommes nous y apparait, non pas certes avec la majesté et la subtilité, souvent trop recherchées, des scènes célèbres du théâtre classique et du cinéma moderne, mais avec une sincérité et un naturel sans pareils, au point que l’on est tenté de répéter: voici l’homme. Cette exclamation fut prononcée par Pilate, à propos de Jésus. Et si nous arrêtons notre attention sur sa personne, quelle stupeur, quel attrait, quel trouble, quel amour envahissent les âmes attentives et fidèles! La passion du Christ est la révélation la plus profonde et la plus exacte qui nous soit donné de lui. Pensons, par exemple, aux paroles de Pierre qui se refuse au geste d’humilité de Jésus, penché devant lui pour lui laver les pieds: « Toi, Seigneur, me laver les pieds! » (Jn 13, 6). Que n’y a-t-il pas dans ce «toi »! Et, au terme de la tragédie la parole du Centurion: « Vraiment celui-ci était le Fils de Dieu! » (Mt 27, 54). Mais pensons surtout au double témoignage de Jésus qui affirme être le Christ, Fils de Dieu (Mt 26, 64), au cours du procès religieux; et être le roi de l’histoire messianique, pendant le procès civil (Jn 18, 37), témoignages à cause desquels il sera crucifié. Les fidèles, les saints, s’efforcent d’explorer dans toute sa profondeur la psychologie de Jésus, et ils ne peuvent qu’en être enivrés d’émerveillement et d’amour.

Les raisons du drame
Puis la méditation devient plus large, plus profonde, plus théologique, plus cosmique, lorsqu’elle s’interroge sur les raisons de ce drame divin. Les lectures, spécialement celles de la vigile pascale, nous introduisent dans ce mystère où le péché de l’homme se rencontre avec la justice et la miséricorde de Dieu, où « la mort et la vie s’affrontent en un duel prodigieux » (Séquence pascale), et où la victoire du Christ ressuscité se présente comme une source de notre salut et prototype de la vie chrétienne.
Notre contemplation doit faire encore un pas de plus: celui de l’expérience émotive, dramatique et aimante de cette histoire, de cette célébration. Dans les magnifiques répons de l’office de matines des trois grandes journées qui précèdent Pâques, nous trouvons, par exemple, les cris les plus nobles et les plus profonds, les plus forts et les plus tendres, les plus violents et les plus doux qu’ait su exprimer l’âme de l’Eglise devant le mystère pascal. C’est dire que ces célébrations non seulement permettent une symphonie de sentiments, mais invitent à ajouter à la contemplation du drame pascal ses notes les plus hautes et les plus émouvantes, où la liturgie de la Semaine Sainte atteint à la beauté suprême.
Il y aurait trop à dire sur ce sujet. Mais sachez seulement que le grand cœur de l’Eglise, et avec lui l’humble cœur du Pape, vibre d’une émotion intense pendant la célébration du mystère pascal, et qu’il invite vos cœurs à vibrer avec lui. C’est à cela que vous encourage et vous exhorte Notre Bénédiction Apostolique.

 

SOLENNITÉ DE SAINT JOSEPH – HOMÉLIE DU SAINT-PÈRE PAUL VI (1969)

19 mars, 2018

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SOLENNITÉ DE SAINT JOSEPH – HOMÉLIE DU SAINT-PÈRE PAUL VI (1969)

Mercredi 19 mars 1969

Saint Joseph exemple et modèle de notre vie chrétienne

La fête de ce jour nous invite à la méditation sur saint Joseph, père légal et putatif de Jésus Notre-Seigneur. En raison de sa fonction près du Verbe Incarné pendant son enfance et sa jeunesse, il fut aussi déclaré protecteur de l’Eglise, qui continue dans le temps et reflète dans l’histoire l’image et la mission du Christ.
Pour cette méditation, de prime abord la matière semble faire défaut: que savons-nous de saint Joseph, outre son nom et quelques rares épisodes de la période de l’enfance du Seigneur? L’Evangile ne rapporte de lui aucune parole. Son langage, c’est le silence; c’est l’écoute de voix angéliques qui lui parlent pendant le sommeil; c’est l’obéissance prompte et généreuse qui lui est demandée; c’est le travail manuel sous ses formes les plus modestes et les plus rudes, celles qui valurent à Jésus le qualificatif de « fils du charpentier » (Mt 13, 55). Et rien d’autre: on dirait que sa vie n’est qu’une vie obscure, celle d’un simple artisan, dépourvu de tout signe de grandeur personnelle.
Cependant cette humble figure, si proche de Jésus et de Marie, si bien insérée dans leur vie, si profondément rattachée à la généalogie messianique qu’elle représente le rejeton terminal de la descendance promise à la maison de David (Mt 1, 20), cette figure, si on l’observe avec attention, se révèle riche d’aspects et de significations. L’Eglise dans son culte et les fidèles dans leur dévotion traduisent ces aspects multiples sous forme de litanies. Et un célèbre et moderne sanctuaire érigé en l’honneur du Saint par l’initiative d’un simple religieux laïc, Frère André, de la Congrégation de Sainte-Croix de Montréal, au Canada, met ces titres en évidence dans une série de chapelles situées derrière le maître-autel, toutes dédiées à saint Joseph sous les vocables de protecteur de l’enfance, protecteur des époux, protecteur de la famille, protecteur des travailleurs, protecteur des vierges, protecteur des réfugiés, protecteur des mourants.
Si vous observez avec attention cette vie si modeste, vous la découvrirez plus grande, plus heureuse, plus audacieuse que ne le paraît à notre vue hâtive le profil ténu de sa figure biblique. L’Evangile définit saint Joseph comme « juste » (Mt 1, 19). On ne saurait louer de plus solides vertus ni des mérites plus élevés en un homme d’humble condition, qui n’a évidemment pas à accomplir d’actions éclatantes. Un homme pauvre, honnête, laborieux, timide peut-être, mais qui a une insondable vie intérieure, d’où lui viennent des ordres et des encouragements uniques, et, pareillement, comme il sied aux âmes simples et limpides, la logique et la force de grandes décision, par exemple, celle de mettre sans délai à la disposition des desseins divins sa liberté, sa légitime vocation humaine, son bonheur conjugal. De la famille il a accepté la condition, la responsabilité et le poids, mais en renonçant à l’amour naturel conjugal qui la constitue et l’alimente, en échange d’un amour virginal incomparable. Il a ainsi offert en sacrifice toute son existence aux exigences impondérables de la surprenante venue du Messie, auquel il imposera le nom à jamais béni de Jésus (Mt 1, 21); il Le reconnaîtra comme le fruit de l’Esprit-Saint et, quant aux effets juridiques et domestiques seulement, comme son fils. S. Joseph est donc un homme engagé. Engagé — et combien! —: envers Marie, l’élue entre toutes les femmes de la terre et de l’histoire, son épouse non au sens physique, mais une épouse toujours virginale; envers Jésus, son enfant non au sens naturel, mais en vertu de sa descendance légale. A lui le poids, les responsabilités, les risques, les soucis de la petite et singulière Sainte Famille. A lui le service, à lui le travail, à lui le sacrifice, dans la pénombre du tableau évangélique, où il nous plaît de le contempler et, maintenant que nous savons tout, de le proclamer heureux, bienheureux.
C’est cela, l’Evangile, dans lequel les valeurs de l’existence humaine assument une tout autre mesure que celle avec laquelle nous avons coutume de les apprécier: ici, ce qui est petit devient grand (souvenons-nous des effusions de Jésus, au chapitre XI de saint Matthieu: « Je vous bénis, Père, Seigneur du ciel et de la terre, de ce que vous avez caché ces choses aux sages et aux simples »); ici, ce qui est misérable devient digne de la condition sociale du Fils de Dieu fait fils de l’homme; ici, ce qui est le résultat élémentaire d’un travail artisanal rudimentaire et pénible sert à initier à l’œuvre humaine l’Auteur du cosmos et du monde (cf. Jn 1, 3; 5, 17) et à fournir d’humble pain la table de celui qui se définira lui-même « le pain de vie » (Jn 6, 48); ici ce que l’on a perdu par amour du Christ est retrouvé (cf. Mt 10, 39), et celui qui sacrifie pour Lui sa vie en ce monde la conserve pour la vie éternelle (cf. Jn 12, 25). Saint Joseph est le type évangélique que Jésus, après avoir quitté l’atelier de Nazareth pour entreprendre sa mission de prophète et de maître, annoncera comme programme pour la rédemption de l’humanité. Saint Joseph est le modèle des humbles que le christianisme élève à de grands destins. Saint Joseph est la preuve que pour être bon et vrai disciple du Christ, il n’est pas nécessaire d’accomplir de grandes choses; qu’il suffit de vertus communes, humaines, simples, mais authentiques.
Et ici la méditation porte son regard de l’humble Saint au tableau de notre humaine condition personnelle, comme il advient d’habitude dans l’exercice de l’oraison mentale. Elle établit un rapprochement, une comparaison entre lui et nous: une comparaison dont nous n’avons assurément pas à nous glorifier, mais où nous pouvons puiser quelque bonne réflexion. Nous serons portés à imiter saint Joseph suivant les possibilités de nos conditions respectives; nous serons entraînés à le suivre dans l’esprit et la pratique concrète des vertus que nous trouvons en lui si vigoureusement affirmées, de la pauvreté, spécialement, dont on parle tant aujourd’hui. Et nous ne nous laisserons pas troubler par les difficultés qu’elle présente, dans un monde tourné vers la conquête de la richesse économique, comme si elle était la contradiction du progrès, comme si elle était paradoxale et irréelle dans notre société de consommation et de bien-être. Mais, avec saint Joseph pauvre et laborieux, occupé comme nous à gagner quelque chose pour vivre, nous penserons que les biens économiques aussi sont dignes de notre intérêt de chrétiens, à condition de n’être pas considérés comme fin en soi, mais comme moyens de sustenter la vie orientée vers les biens supérieurs; à condition de n’être pas l’objet d’un égoïsme avare, mais le stimulant et la source d’une charité prévoyante; à condition encore de n’être pas destinés à nous exonérer d’un travail personnel et à favoriser une facile et molle jouissance des prétendus plaisirs de la vie, mais d’être au contraire honnêtement et largement dispensés au profit de tous. La pauvreté laborieuse et digne de ce saint évangélique nous est encore aujourd’hui un guide excellent pour retrouver dans notre monde moderne la trace des pas du Christ. Elle est en même temps une maîtresse éloquente de bien-être décent qui, au sein d’une économie compliquée et vertigineuse, nous garde dans ce droit sentier, aussi loin de la poursuite ambitieuse de richesses tentatrices que de l’abus idéologique de la pauvreté comme force de haine sociale et de subversion systématique.
Saint Joseph est donc pour nous un exemple que nous chercherons à imiter; et, en tant que protecteur, nous l’invoquerons. C’est ce que l’Eglise, ces derniers temps, a coutume de faire, pour une réflexion théologique spontanée sur la coopération de l’action divine et de l’action humaine dans la grande économie de la Rédemption. Car, bien que l’action divine se suffise, l’action humaine, pour impuissante qu’elle soit en elle-même (cf. Jn 15, 5), n’est jamais dispensée d’une humble mais conditionnelle et ennoblissante collaboration. Comme protecteur encore, l’Eglise l’invoque dans un profond et très actuel désir de faire reverdir son existence séculaire par des vertus véritablement évangéliques, telles qu’elles ont resplendi en saint Joseph. Enfin l’Eglise le veut comme protecteur, dans la confiance inébranlable que celui à qui le Christ voulut confier sa fragile enfance humaine voudra continuer du ciel sa mission tutélaire de guide et de défenseur du Corps mystique du même Christ, toujours faible, toujours menacé, toujours dramatiquement en danger. Et puis nous invoquerons saint Joseph pour le monde, sûrs que dans ce cœur maintenant comblé d’une sagesse et d’une puissance incommensurables réside encore et pour toujours une particulière et précieuse sympathie pour l’humanité entière. Ainsi soit-il. 

LE BIENHEUREUX PAUL VI NOUS PARLE DE SAINT JOSEPH.

16 mars, 2016

http://www.saintjosephduweb.com/Le-Bienheureux-Paul-VI-nous-parle-de-saint-Joseph_a758.html

LE BIENHEUREUX PAUL VI NOUS PARLE DE SAINT JOSEPH.

Le Bienheureux Paul VI nous parle de saint Joseph. Paul VI est un grand pape, dont le combat et le courage n’ont pas fini de nous étonner, ainsi que sa défense prophétique de la famille. Le cardinal Caffara rappelle dans une interview décapante l’importance d’Humanae Vitae, encyclique qui fut en don de Dieu. La  béatification de Paul VI par le pape François est aussi l’occasion de se souvenir que le discours qui valut à un certain Bergoglio d’être très écouté à la préparation du conclave commençait par une citation de Paul VI et parlait….de la joie d’évangéliser.

Paul Vi et Saint Joseph Parlant du couple de Marie et Joseph :  » Au seuil du Nouveau testament comme au seuil de l’Ancien se dresse un couple. Mais, tandis que celui d’Adam et Ève fut la source du mal qui a déferlé sur le monde, le couple de Joseph et Marie est le sommet d’où la sainteté se répand sur la terre. » Paul VI, allocution aux Equipes Notre Dame du 4 mai 1970.  » Comme on entre facilement en confiance avec un saint qui ne sait pas vous intimider ! Qui ne met aucune distance entre lui et nous ! et qui même, pour ainsi dire, se met à nos pieds ! Saint joseph est le type évangélique que Jésus annoncera comme programme pour la Rédemption de l’humanité. Saint Joseph est le modèle des humbles, la preuve que, pour être un bon et vrai disciple du Christ, il suffit de vertus communes, humaines, simples, mais authentiques. » Paul VI, homélie du 19 mars 1965  » C’est pourquoi l’Evangile des Béatitudes commence avec cet introducteur, appelé Joseph. » Paul VI, homélie du 19 mars 1968 Et enfin, l’homélie du 19 mars 1969 : c’est cela la logique de l’Évangile, ce qui est petit devient grand. Saint Joseph exemple et modèle de notre vie chrétienne La fête de ce jour nous invite à la méditation sur saint Joseph, père légal et putatif de Jésus Notre-Seigneur. En raison de sa fonction près du Verbe Incarné pendant son enfance et sa jeunesse, il fut aussi déclaré protecteur de l’Eglise, qui continue dans le temps et reflète dans l’histoire l’image et la mission du Christ.   Pour cette méditation, de prime abord la matière semble faire défaut: que savons-nous de saint Joseph, outre son nom et quelques rares épisodes de la période de l’enfance du Seigneur? L’Evangile ne rapporte de lui aucune parole. Son langage, c’est le silence; c’est l’écoute de voix angéliques qui lui parlent pendant le sommeil; c’est l’obéissance prompte et généreuse qui lui est demandée; c’est le travail manuel sous ses formes les plus modestes et les plus rudes, celles qui valurent à Jésus le qualificatif de « fils du charpentier » (Mt 13, 55). Et rien d’autre: on dirait que sa vie n’est qu’une vie obscure, celle d’un simple artisan, dépourvu de tout signe de grandeur personnelle.   Cependant cette humble figure, si proche de Jésus et de Marie, si bien insérée dans leur vie, si profondément rattachée à la généalogie messianique qu’elle représente le rejeton terminal de la descendance promise à la maison de David (Mt 1, 20), cette figure, si on l’observe avec attention, se révèle riche d’aspects et de significations. L’Eglise dans son culte et les fidèles dans leur dévotion traduisent ces aspects multiples sous forme de litanies. Et un célèbre et moderne sanctuaire érigé en l’honneur du Saint par l’initiative d’un simple religieux laïc, Frère André, de la Congrégation de Sainte-Croix de Montréal, au Canada, met ces titres en évidence dans une série de chapelles situées derrière le maître-autel, toutes dédiées à saint Joseph sous les vocables de protecteur de l’enfance, protecteur des époux, protecteur de la famille, protecteur des travailleurs, protecteur des vierges, protecteur des réfugiés, protecteur des mourants.   Si vous observez avec attention cette vie si modeste, vous la découvrirez plus grande, plus heureuse, plus audacieuse que ne le paraît à notre vue hâtive le profil ténu de sa figure biblique. L’Evangile définit saint Joseph comme « juste » (Mt 1, 19). On ne saurait louer de plus solides vertus ni des mérites plus élevés en un homme d’humble condition, qui n’a évidemment pas à accomplir d’actions éclatantes. Un homme pauvre, honnête, laborieux, timide peut-être, mais qui a une insondable vie intérieure, d’où lui viennent des ordres et des encouragements uniques, et, pareillement, comme il sied aux âmes simples et limpides, la logique et la force de grandes décision, par exemple, celle de mettre sans délai à la disposition des desseins divins sa liberté, sa légitime vocation humaine, son bonheur conjugal. De la famille il a accepté la condition, la responsabilité et le poids, mais en renonçant à l’amour naturel conjugal qui la constitue et l’alimente, en échange d’un amour virginal incomparable. Il a ainsi offert en sacrifice toute son existence aux exigences impondérables de la surprenante venue du Messie, auquel il imposera le nom à jamais béni de Jésus (Mt 1, 21); il Le reconnaîtra comme le fruit de l’Esprit-Saint et, quant aux effets juridiques et domestiques seulement, comme son fils. S. Joseph est donc un homme engagé. Engagé — et combien! —: envers Marie, l’élue entre toutes les femmes de la terre et de l’histoire, son épouse non au sens physique, mais une épouse toujours virginale; envers Jésus, son enfant non au sens naturel, mais en vertu de sa descendance légale. A lui le poids, les responsabilités, les risques, les soucis de la petite et singulière Sainte Famille. A lui le service, à lui le travail, à lui le sacrifice, dans la pénombre du tableau évangélique, où il nous plaît de le contempler et, maintenant que nous savons tout, de le proclamer heureux, bienheureux.   C’est cela, l’Evangile, dans lequel les valeurs de l’existence humaine assument une tout autre mesure que celle avec laquelle nous avons coutume de les apprécier: Ici, ce qui est petit devient grand (souvenons-nous des effusions de Jésus, au chapitre XI de saint Matthieu: « Je vous bénis, Père, Seigneur du ciel et de la terre, de ce que vous avez caché ces choses aux sages et aux simples »); ici, ce qui est misérable devient digne de la condition sociale du Fils de Dieu fait fils de l’homme; ici, ce qui est le résultat élémentaire d’un travail artisanal rudimentaire et pénible sert à initier à l’œuvre humaine l’Auteur du cosmos et du monde (cf. Jn 1, 3; 5, 17) et à fournir d’humble pain la table de celui qui se définira lui-même « le pain de vie » (Jn 6, 48); ici ce que l’on a perdu par amour du Christ est retrouvé (cf. Mt 10, 39), et celui qui sacrifie pour Lui sa vie en ce monde la conserve pour la vie éternelle (cf. Jn 12, 25). Saint Joseph est le type évangélique que Jésus, après avoir quitté l’atelier de Nazareth pour entreprendre sa mission de prophète et de maître, annoncera comme programme pour la rédemption de l’humanité. Saint Joseph est le modèle des humbles que le christianisme élève à de grands destins. Saint Joseph est la preuve que pour être bon et vrai disciple du Christ, il n’est pas nécessaire d’accomplir de grandes choses; qu’il suffit de vertus communes, humaines, simples, mais authentiques.   Et ici la méditation porte son regard de l’humble Saint au tableau de notre humaine condition personnelle, comme il advient d’habitude dans l’exercice de l’oraison mentale. Elle établit un rapprochement, une comparaison entre lui et nous: une comparaison dont nous n’avons assurément pas à nous glorifier, mais où nous pouvons puiser quelque bonne réflexion. Nous serons portés à imiter saint Joseph suivant les possibilités de nos conditions respectives; nous serons entraînés à le suivre dans l’esprit et la pratique concrète des vertus que nous trouvons en lui si vigoureusement affirmées, de la pauvreté, spécialement, dont on parle tant aujourd’hui. Et nous ne nous laisserons pas troubler par les difficultés qu’elle présente, dans un monde tourné vers la conquête de la richesse économique, comme si elle était la contradiction du progrès, comme si elle était paradoxale et irréelle dans notre société de consommation et de bien-être. Mais, avec saint Joseph pauvre et laborieux, occupé comme nous à gagner quelque chose pour vivre, nous penserons que les biens économiques aussi sont dignes de notre intérêt de chrétiens, à condition de n’être pas considérés comme fin en soi, mais comme moyens de sustenter la vie orientée vers les biens supérieurs; à condition de n’être pas l’objet d’un égoïsme avare, mais le stimulant et la source d’une charité prévoyante; à condition encore de n’être pas destinés à nous exonérer d’un travail personnel et à favoriser une facile et molle jouissance des prétendus plaisirs de la vie, mais d’être au contraire honnêtement et largement dispensés au profit de tous. La pauvreté laborieuse et digne de ce saint évangélique nous est encore aujourd’hui un guide excellent pour retrouver dans notre monde moderne la trace des pas du Christ. Elle est en même temps une maîtresse éloquente de bien-être décent qui, au sein d’une économie compliquée et vertigineuse, nous garde dans ce droit sentier, aussi loin de la poursuite ambitieuse de richesses tentatrices que de l’abus idéologique de la pauvreté comme force de haine sociale et de subversion systématique.   Saint Joseph est donc pour nous un exemple que nous chercherons à imiter; et, en tant que protecteur, nous l’invoquerons. C’est ce que l’Eglise, ces derniers temps, a coutume de faire, pour une réflexion théologique spontanée sur la coopération de l’action divine et de l’action humaine dans la grande économie de la Rédemption. Car, bien que l’action divine se suffise, l’action humaine, pour impuissante qu’elle soit en elle-même (cf. Jn 15, 5), n’est jamais dispensée d’une humble mais conditionnelle et ennoblissante collaboration. Comme protecteur encore, l’Eglise l’invoque dans un profond et très actuel désir de faire reverdir son existence séculaire par des vertus véritablement évangéliques, telles qu’elles ont resplendi en saint Joseph. Enfin l’Eglise le veut comme protecteur, dans la confiance inébranlable que celui à qui le Christ voulut confier sa fragile enfance humaine voudra continuer du ciel sa mission tutélaire de guide et de défenseur du Corps mystique du même Christ, toujours faible, toujours menacé, toujours dramatiquement en danger. Et puis nous invoquerons saint Joseph pour le monde, sûrs que dans ce cœur maintenant comblé d’une sagesse et d’une puissance incommensurables réside encore et pour toujours une particulière et précieuse sympathie pour l’humanité entière. Ainsi soit-il.

Paul VI, source site du Vatican

MESSAGE DU PAPE PAUL VI POUR LE CARÊME 1974

11 février, 2016

http://w2.vatican.va/content/paul-vi/fr/messages/lent/documents/hf_p-vi_mes_19740302_lent-1974.html

MESSAGE DU PAPE PAUL VI POUR LE CARÊME 1974

Chers Fils et Filles,

Voilà dix mois environ, Nous annoncions l’Année Sainte. « Renouvellement » et « réconciliation » demeurent les mots clefs de cette célébration ; il désignent les espoirs que Nous mettons en elle. Mais ils n’iront pas, avons-nous dit, sans que s’opère en nous une rupture (cf. Allocution du 9 mai 1973). Or, voici le temps du Carême, le temps par excellence du renouveau de nous-mêmes dans le Christ, de la réconciliation avec Dieu et avec nos frères. Nous y sommes associés à la mort et à la résurrection du Christ, moyennant une rupture avec les situations de péché, d’injustice, d’égoïsme. Permettez-Nous donc d’insister aujourd’hui sur une rupture exigée par l’esprit du Carême, celle d’un attachement trop exclusif à notre avoir matériel, qu’il soit abondant comme chez le riche Zachée (cf. Lc 19, 8), ou maigre comme chez la pauvre veuve louée par Jésus (cf. Mc 12, 43). Dans le langage imagé de son époque, saint Basile prêchait déjà à ceux qui sont dans l’aisance : «Le pain qui demeure inutile chez vous, c’est le pain de celui qui a faim ; la tunique suspendue dans votre garde-robe, c’est la tunique de celui qui est nu ; la chaussure qui demeure inutile chez vous est celle du pauvre qui va nu-pieds ; l’argent que vous tenez enfoui, c’est l’argent du pauvre : vous commettez autant d’injustices que vous pourriez répandre de bienfaits » (Hom. VI in Lc, XII, 18, PG XXXI, col. 275). De telles paroles donnent à réfléchir en un temps où haine et conflits sont provoqués par l’injustice de celui qui accapare quand l’autre n’a rien, de celui qui préfère le souci de son propre lendemain à l’aujourd’hui de son prochain, de celui qui, par ignorance ou par égoïsme, refuse de se priver du superflu en faveur de ceux qui manquent du nécessaire (cf. Mater et Magistra). Et comment ne pas évoquer ici le renouvellement et la réconciliation exigés et assurés par la plénitude de notre unique repas eucharistique ? Pour communiquer ensemble au Corps du Seigneur, il faut sincèrement vouloir que nul ne manque du nécessaire, fut-ce au prix de sacrifices personnels. Autrement, nous ferions affront à l’Église, Corps Mystique du Christ, dont nous sommes les membres. Saint Paul, admonestant les Corinthiens, nous met tous en garde contre le danger d’un comportement déplorable à cet égard (cf. 1 Cor 11, 17 ss.). Ce serait pécher contre cette unanimité que de refuser aujourd’hui à des millions de nos frères ce que comportent les exigences de leur promotion humaine. De plus en plus, en ce temps du Carême, l’Église et ses institutions caritatives sollicitent les chrétiens pour cette immense entreprise. Prêcher le Jubilé, c’est prêcher le dépouillement à la fois joyeux et profond qui nous restitue à la vérité de nous-mêmes et à la vérité de la famille humaine telle que Dieu la veut. C’est alors que le présent Carême peut apporter dès ici-bas, outre le gage de la récompense céleste, le centuple promis par la Christ à celui qui donne à cœur ouvert. Sachez tous écouter dans notre appel un double écho : celui de la voix du Seigneur qui vous parle et vous exhorte, et celui du gémissement de l’humanité qui pleure et qui vous prie. Tous, évêques et prêtres, religieuses et religieux, laïcs adultes et enfants, à titre individuel et en communauté, nous sommes appelés à faire œuvre de partage, dans l’amour, car c’est un commandement du Seigneur.

À chacun de vous, Nous donnons notre Bénédiction Apostolique, au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Amen.

 

DISCOURS DU PAPE PAUL VI AUX MEMBRES DE L’ACADÉMIE PONTIFICALE DES SCIENCES

18 janvier, 2016

http://w2.vatican.va/content/paul-vi/fr/speeches/1970/documents/hf_p-vi_spe_19700418_accademia-scienze.html

(traduction des sous-titres avec Google, étaient en italien même dans le texte français)

DISCOURS DU PAPE PAUL VI AUX MEMBRES DE L’ACADÉMIE PONTIFICALE DES SCIENCES

Samedi 18 avril 1970

Excellences et chers Messieurs, Nous vous remercions de tout coeur des sentiments si délicats que le Révérend Père O’Connell vient de Nous exprimer au nom des ses illustres collègues. C’est toujours une joie pour Nous, vous le savez, d’accueillir les membres de notre Académie Pontificale des Sciences, en présence du Corps Diplomatique et de personnalités distinguées, et aussi une certaine émotion de voir réunis des représentants aussi qualifiés de tout l’univers, véritable Sénat de savants, à la pointe de la recherche scientifique et de la réflexion qu’elle suscite dans l’esprit humain. Le thème de vos travaux, consacrés aux «noyaux des galaxies», n’en est-il pas le signe éclatant?

UNITÀ DELLO SPIRITO UMANO (UNITÉ DE L’ÉSPRIT HUMAIN) 1. Votre Session plénière marque un temps fort dans la vie de l’Académie, et Nous Nous en réjouissons. Car cette institution, qui a pu connaître un certain ralentissement d’activité au cours de ces dernières années, demeure hautement significative: elle peut apporter à notre monde un concours appréciable par la compétence et l’universalité de son témoignage, et fournir aussi à la réflexion des croyants une base solide pour un dialogue fructueux avec la pensée scientifique. Que de chemin parcouru depuis la fondation de l’Académie des «Lincei» en 1603, sa restauration par Pie IX, son élargissement sous Léon XIII, et surtout sa reconstitution par les soins éclairés de notre grand prédécesseur Pie XI, avec le Motu proprio du 28 octobre 1936 In multis solaciis, sous la forme de l’Académie pontificale des sciences, constituée de soixante-dix Académiciens pontificaux, «veluti doctorum hominum Senatus, seu « scientificus Senatus », . . . ad scientiarum progressionem fovendam», sous la présidence du regretté Père Agostino Gemelli (Cfr. A.A.S. 28 (1936), pp. 423 et 424). D’illustres savants n’ont cessé d’honorer l’Académie de leur présence et de leurs travaux, et Nous avions Nous-même, hier, la joie d’adjoindre à ce Cénacle choisi douze nouveaux membres, qui permettent de mieux représenter l’ensemble des maîtres qui cultivent les disciplines scientifiques avec succès à travers le monde. Vos études de sciences mathématiques et expérimentales, menées avec la liberté qui convient à la culture, ont certainement apporté leur contribution au progrès de la science pure et préparé le progrès des sciences appliquées. Mais un tel développement n’appellet-il pas aujourd’hui d’autres prolongements? Tout en continuant les recherches qui sont les vôtres dans une spécialité dont l’importance ne cesse de croitre – les expériences des voyages spatiaux, dont nous avons suivi la plus récente ces jours derniers avec angoisse et, à la fin, avec joie et admiration émues, le démontrent suffisamment -, ne serait-il pas désirable et opportun de promouvoir, en d’autres Académies, d’autres disciplines, essentielles elles aussi à l’esprit humain, telles que les lettres et les arts, la philosophie, le droit, l’histoire, l’économie, la sociologie et les sciences humaines qui marquent si profondément les hommes de notre temps? Nous aimons ce matin vous confier cette pensée que Nous méditons depuis longtemps déjà, et qui, dans notre esprit, est plus qu’un rêve: un véritable désir qu’il Nous plairait de réaliser.

LA CHIESA INCORAGGIA L’INDAGINE SULL’UNIVERSO (L’ÉGLISE ENCOURAGE L’ENQUÊTE SUR L’UNIVERS) 2. La nature même de votre travail Nous amène à souligner deux principes dont vous êtes déjà bien convaincus, que votre propre expérience, Nous pourrions dire: votre personnalité, atteste tous les jours. C’est que le savoir humain, si développé qu’il soit, n’est pas, et ne saurait être en opposition avec celui de la foi: «Scientia, quae vera rerum cognitio sit, numquam christianae fidei veritatibus repugnat» (In multis solaciis, A.A.S. 28 (1936), p. 421). Bien plus, l’un et l’autre peuvent être intégrés dans l’unité de l’esprit humain, tout en gardant leur autonomie propre, comme l’enseigne le premier Concile du Vatican: «Fides et ratio . . . opem quoque sibi mutuam ferunt» (H. DENZINGER-A. SCHÖNMETZER, Enchiridion symbolorum, definitionum et declarationum de rebur fidei et morum; 34e éd., Fribourg en Brisgau 1967, n. 3019 (1799)). Qu’on Nous entende bien en effet. Selon la Constitution pastorale Gaudium et spes, qui «reprend à son compte l’enseignement du premier Concile du Vatican», l’Eglise «affirme l’autonomie légitime de la culture et particulièrement celle des sciences», avec «leurs principes et leur propre méthode en leurs domaines respectifs» (Gaudium et spes, 59, § 3). Mais ces disciplines, qui peuvent si bien «contribuer à ouvrir la famille humaine aux plus nobles valeurs du vrai, du bien et du beau, et à une vue des choses ayant valeur universelle» (Ibid. 57, § 3), peuvent aussi préparer l’homme à reconnaître et accueillir la vérité en sa plénitude, pourvu qu’elles ne considèrent pas «à tort les méthodes de recherche qui leur sont propres comme règle suprême pour la découverte de toute vérité» (Ibid. § 5). C’est le même Dieu qui a créé le monde avec ses lois que vous scrutez – «toutes choses dans les cieux et sur la terre, les visibles et les invisibles» (Col. 1, 16) – et qui se révèle aux hommes et leur apporte le salut en Jésus-Christ. C’est le même esprit humain qui est apte à scruter les secrets de la création et à «dominer la terre» (Cfr. Gen. 1, 28), et en même temps à reconnaître et à accueillir, « sous l’impulsion de la grâce», le don que Dieu lui fait de Lui-même: «le Verbe de Dieu qui, avant de se faire chair pour tout sauver et récapituler en lui, était déjà dans le monde» comme la «vraie lumière qui éclaire tout homme» (Io. 1, 9-10. Cfr. Gaudium et spes, 57, § 4). Comment l’Eglise n’encouragerait-elle pas l’investigation, la découverte et la conquête de cet univers qui, dans sa merveilleuse et admirable richesse, nous conduit, de l’infiniment petit à l’infiniment grand, vers l’invisible qui est la source du visible? (Cfr. Rom. 1, 20)

I NUCLEI DELLE GALASSIE (LES NOYAUX DES GALAXIES) 3. Mais le thème que vous venez d’aborder – «Les noyaux des galaxies» – mérite une attention particulière. Notre imagination se trouve confondue et nous laisse remplis de stupeur, comme débordés, écrasés presque par l’immensité des perspectives entrevues, «ce silence des espaces infinis» cher à Pascal. Nous suivons avec un profond respect et un grand intérêt votre patient travail d’observation, de coordination d’expériences, de formulation d’hypothèses scientifiques sur la genèse ou l’évolution des mondes astraux. Est-ce à dire que la pensée humaine épuise toutes ses possibilités au niveau de ces investigations? Derrière elles, il y a le problème de l’être même de ce cosmos, de cet univers: la question de son existence. Vous demeurez, en effet, dans l’observation expérimentale scientifique, d’ordre mathématique et cosmologique. Mais qu’est-ce qui empêche de reconnaître à l’esprit, sur le terrain philosophique, la possibilité de remonter au principe transcendant, au Créateur, «causa subsistendi et ratio intelligendi et ordo vivendi»? (S. AUG., De Civ. Dei, 1. VIII, C. IV) Trop souvent aujourd’hui, on doute de ce pouvoir. «Plus la science, perfectionnant ses méthodes, assujettit le monde à l’homme, plus, en revanche, l’être, qui ne se laisse pas assujettir, se dérobe . . . vient alors la tentation de l’agnosticisme» (P. HENRI DE LUBAC, Sur les chemins de Dieu, Paris, Aubier 1956, p. 84). Mais on ne saurait s’en tenir à pareille attitude. «L’intelligence ne peut absolument pas abdiquer; elle ne peut renoncer à sa loi formelle, qui est de juger, c’est-à-dire toujours d’affirmer» (Ibid.). C’est pour l’esprit humain comme un «besoin irrépressible de posséder en chaque moment de son aventure temporelle et en chaque état de ses connaissances une idée explicative de l’ensemble des choses» (PIERRE-HENRI SIMON, Questions aux savants, Paris, Seuil 1969, p. 41). On parle souvent de la «mort de Dieu»; mais ne serait-ce pas plutôt la mort de l’homme et de sa pensée en sa forme supérieure? Sans ce recours à Dieu, source de l’Etre, en effet, elle semble s’engloutir dans l’opacité et l’incompréhensibilité des choses, l’ignorance d’une unité qui y préside, et d’une finalité d’un ordre mystérieux qui en sont inséparables, l’amenant à trouver une absurdité qui n’est que dans sa propre démarche. Peut-être êtes-vous mieux préservés que d’autres contre ce qu’il faut bien appeler une véritable maladie de l’esprit, vous qui scrutez objectivement les sciences de la nature, de l’astrophysique, de la physique? (Cfr. C. TRESMONTANT, Comment se pose aujourd’hui le problème de l’existence de Dieu, Paris, Seuil 1966, p. 349) Car l’intelligence, par son mouvement même, si elle n’en reste à l’écorce de la réalité, s’élève au niveau de sa cause transcendante, l’Absolu véritable, qui donne consistance à toute la création et d’abord à l’esprit humain, sans se confondre jamais avec eux. Comme on l’a dit si heureusement, l’intelligence est «nécessairement, en même temps qu’un pouvoir d’assimilation, un pouvoir de remontée . . Elle saisit en toutes réalités ce par quoi elles sont, c’est-à-dire sont ouvertes vers l’illumination de l’acte. Et ainsi, à juste titre, on peut dire qu’elle est le sens du divin, la faculté avide et habile à reconnaître les traces de Dieu» (Cf. CH. DE MORÉ-PONTGIBAUD, Du fini à l’infini. Introduction à l’étude de la connaissance de Dieu, Paris, Aubier 1957, p. 65).

BELLEZZA MISTERIOSA DELLA CREAZIONE (BEAUTÉ MYSTÉRIEUSE DE LA CRÉATION) Il y a là, il faut le redire, un développement naturel de la pensée, dans sa logique fondamentale, et non pas un saut indû comme le prétend une mentalité antimétaphysique abusivement qualifiée de scientifique. La vraie science, bien loin d’arrêter l’élan de la pensée, constitue un tremplin qui lui permet de s’élever, dans cet élan même, vers Celui qui lui fournit généreusement son aliment. Car «l’esprit lui-même est un chemin qui marche . . . On ne peut faire l’économie de Dieu» (R. P. HENRI DE LUBAC, op. cit., p. 78). Nous demeurons comme stupéfaits, disions-Nous, devant vos études sur les noyaux des galaxies. Le système solaire paraissait déjà si vaste et si mystérieux à nos devanciers! Mais nous ne sommes pas déconcertés pour autant, sachant que «Dieu préfère plutôt créer les êtres dans leurs germes pour les conduire ultérieurement à leur éclosion» (Card. CH. JOURNET, L’Eglise du Verbe incarné, t. 3, Essai de théologie de l’histoire du salut, Paris, Desclée de Brouwer 1969, p. 114). Le temps et l’espace, la matière et la forme peuvent se développer de façon démesurée, quasi indéfinie. Tout en écoutant votre enseignement, nous trouvons certitude dans notre foi. Et à notre esprit, à nous qui sommes à l’école de la foi, reviennent les paroles de la sainte Ecriture: «Dieu créa le ciel et la terre . . . Et Dieu vit q.ue cela était bon . . . Dieu vit tout ce qu’il avait fait, et tout cela était très bon» (Gen. 1, 1, 21-31). Cette joie que Dieu a éprouvée devant ses créatures, comment ne l’aurions-nous pas, nous, pour notre Créateur? A notre tour nous contemplons cette beauté et cette bonté mystérieuses de la création: tous ces êtres nous crient, comme à saint Augustin: nous ne sommes pas Dieu, mais c’est lui qui nous a faits. «Ecce caelum et terra clamant quod facta sint» (S. AUG., Confess., 1. XI, c. 4, 6; PL 32, 811. Cfr. In Ioannem tract., 106, c. 17, 4; PL 35, 1910. Cfr. Sap. 13, 1 et 9). Et Lui, nous l’adorons! La rencontre avec Dieu s’opère devant la grandeur quasi illimitée de ses œuvres – n’est-ce pas une grâce d’y être initié? -, dans la joie, dans l’admiration, dans la prière, dans l’adoration de Celui qui « en répandant mille grâces . . . est passé à la hâte par ces forêts, et en les regardant . . . les a laissées revêtues de sa beauté» (Saint JEAN DE LA CROIX, Cantique Spirituel, strophe 5).

STRAORDINARIA IMPRESA SPAZIALE (EXTRAORDINAIRE ENTREPRISE SPATIALE) Au terme de cette contemplation des suprêmes réalités du cosmos dans leur rencontre avec les suprêmes vérités de l’esprit humain, Nous ne pouvons pas taire notre émotion, notre admiration, notre satisfaction, qui sont celles mêmes du monde entier, pour l’heureuse conclusion – oui, heureuse, très heureuse, même si le but principal n’a pas été atteint – du vol aventureux de l’Apol 13. Tous certainement vous avez suivi, avec appréhension puis avec joie, le déroulement de cette entreprise extraordinaire. Et vous aurez sans nul doute à cœur de saluer chaleureusement avec Nous les valeureux astronautes qui ont échappé aux périls de ce grand vol, et de rendre hommage à tous ceux qui, par leurs études, leur action, leur autorité, ont une fois de plus manifesté aux yeux du monde la puissance illimitée des sciences et de la technique moderne. Avec Nous aussi, vous ferez monter une hymne ardente de reconnaissance à Dieu, Créateur de l’univers et Père des hommes, qui par ces voies aussi veut être cherché et trouvé par l’homme, adoré et aimé par lui. Telles sont les pensées que Nous suggère, Excellences et chers Messieurs, cette rencontre qui Nous est très agréable. De tout cœur, Nous vous encourageons à poursuivre vos savants travaux, à les mettre en commun, de façon désintéressée, par delà les frontières, et à aider tous vos frères à répondre aux questions que la science ou plutôt ses applications ne cesseront de poser. Vous le pouvez, et le devez, à la lumière de la foi que vous portez en vous. C’est notre vœu le plus cher. Nous l’accompagnons à votre intention d’une large Bénédiction Apostolique.

                        

PAPE PAUL VI «JOURNÉE DE LA PAIX» 1971

20 avril, 2015

http://w2.vatican.va/content/paul-vi/fr/messages/peace/documents/hf_p-vi_mes_19701114_iv-world-day-for-peace.html

MESSAGE DE SA SAINTETÉ LE PAPE PAUL VI POUR LA CÉLÉBRATION DE LA «JOURNÉE DE LA PAIX»

Ier JANVIER 1971

HOMMES DE 1971!

Sur le cadran de l’Histoire du Monde,
l’aiguille du temps,
de notre temps,
marque le début d’une année nouvelle: celle-ci,
que Nous Nous proposons, tout comme les années
précédentes, d’inaugurer
de nos voeux affectueux,
de notre message de Paix:
Paix à vous, Paix au monde.

Ecoutez-Nous. Cela en vaut la peine. Oui, c’est Notre message habituel: Paix. Mais c’est de ce mot que le monde a besoin et il en a un besoin si urgent que cela le rend nouveau. Ouvrons les yeux sur l’aube de cette nouvelle année et observons deux ordres de faits généraux qui marquent de leur empreinte le monde, les peuples, les familles, les individus. Ces faits, à ce qu’il Nous semble, influencent profondément et directement nos destins. Chacun de nous peut en faire l’horoscope.
Observez un premier ordre de faits. A vrai dire, ce n’est pas un ordre, mais un désordre. Parce que les faits que nous comprenons en cette catégorie marquent tous un retour à des pensées et à des actes que l’expérience tragique de la guerre semblait avoir annulés – ou aurait dû annuler.
A la fin de la guerre, tous avaient dit: assez. Assez de quoi? assez de tout ce qui avait été à l’origine du carnage humain et de l’épouvantable ruine. Immédiatement après la guerre, au début de cette génération, l’humanité eut un éclair de conscience : il fallait, non seulement s’occuper des tombes, soigner les blessures, réparer les désastres, redonner à la terre un visage nouveau et meilleur, mais encore supprimer les causes de la conflagration subie. Les causes: voilà quelle fut l’idée pleine de sagesse: les chercher, les éliminer. Le monde respira. Il sembla vraiment que dût naître une nouvelle époque, celle de la paix universelle. Nous semblèrent prêts à des changements radicaux, afin d’éviter de nouveaux conflits. A partir des structures politiques, sociales, économiques, l’on arriva à envisager un horizon de magnifiques innovations morales et sociales; l’on parla de justice, des droits de l’homme, de promotion des faibles, de vie commune ordonnée, de collaboration organisée, d’union mondiale. De grands gestes ont été posés; les vainqueurs, par exemple, se sont portés au secours des vaincus; de grandes institutions ont été fondées; le monde commença de s’organiser à partir de principes de solidarité et de bien-être commun. La marche vers la paix, condition normale et statutaire de la vie du monde, sembla définitivement tracée.
Or, que voyons-nous, après vingt-cinq ans de ce progrès réel et idyllique? Nous voyons, avant tout, que les guerres, de part et d’autre, sévissent encore et semblent d’inguérissables plaies qui menacent de s’élargir et de s’aggraver. Nous voyons continuer et s’étendre, ici et là, les discriminations sociales, raciales, religieuses. Nous voyons renaître la mentalité d’autrefois; l’homme semble, à nouveau, s’arrêter à des positions, psychologiques d’abord, politiques ensuite, du temps passé. Resurgissent les démons d’hier. Revient la suprématie des intérêts économiques avec l’exploitation facile des faibles;(2) réapparaît l’habitude de la haine (3) et de la lutte des classes, et renaît ainsi, à l’état endémique, une guerre internationale et civile; c’est le retour aux luttes pour le prestige national et le pouvoir politique; c’est, à nouveau, le bras de fer des ambitions opposées, des particularismes clôs et irréductibles des races et des systèmes idéologiques; l’on recourt au délit et à la violence, comme à un feu idéal, sans penser à l’incendie qui en peut naître; l’on pense, à nouveau, à la paix, comme à un pur équilibre de forces puissantes et d’épouvantables armements; l’on ressent le frisson de la crainte que quelque fatale imprudence ne fasse éclater d’inconcevables et d’inextinguibles conflagrations. Que se passe-t-il? Où va-t-on? En quoi a-t-on failli? Ou bien que nous a-t-il manqué? Nous faut-il nous résigner, doutant de la capacité humaine à réaliser une paix juste et sûre et renonçant à marquer l’éducation des nouvelles générations du sceau de l’espérance et de l’esprit de paix? (4)
Heureusement, un autre diagramme d’idées et de faits apparaît à notre observation; et c’est celui de la paix progressive. Parce que, malgré tout, la paix chemine. Avec des discontinuités, avec des incohérences et des difficultés; mais, cependant, la paix chemine et s’affirme dans le monde avec un caractère d’invincibilité. Tous le sentent: la paix est nécessaire. Joue en sa faveur le progrès moral de l’humanité, décidément orientée vers l’unité. Unité et paix, quand la liberté les rattache l’une à l’autre, sont soeurs. La paix, quant à elle, profite de la faveur croissante d’une opinion publique convaincue de l’absurdité d’une guerre poursuivie pour elle-même et considérée comme le moyen unique et fatal de mettre fin aux controverses entre les hommes. Elle se prévaut du réseau de plus en plus serré des rapports humains: culturels, économiques, commerciaux, sportifs, touristiques; il faut vivre ensemble, et il est beau de se connaître, de s’estimer, de s’aider. Une solidarité fondamentale se forme peu à peu dans le monde; elle favorise la paix. Et les relations internationales se développent de plus en plus et créent les prémisses – et également la garantie – d’une certaine concorde. Les grandes institutions internationales – et supranationales – se révèlent providentielles, tant au départ qu’au couronnement d’une commune vie pacifique de l’humanité.
Face à ce double tableau qui superpose des phénomènes
d’ordre contraire au but qui nous est le plus à coeur, c’est-à-dire à la paix, il nous semble qu’une observation unique, ambivalente, peut en être tirée. Posons une double question, corrélative à deux aspects de l’ambiguité du monde actuel:
- comment, aujourd’hui, s’affaiblit la paix?
- comment, aujourd’hui, progresse la paix?

Quel est l’élément qui émerge, au sens négatif aussi bien qu’au sens positif, de cette simple analyse? L’élément est toujours l’homme. L’homme, dévalué, dans le premier cas; l’homme, valorisé, dans le second cas. Risquons un terme qui peut paraître ambigu, lui aussi, mais considérons-le dans l’exigence de sa profondeur. C’est le terme, toujours flamboyant et suprême, d’amour: amour de l’homme, première valeur de l’ordre terrestre. Amour et paix sont des entités corrélatives. La paix, la véritable paix, la paix humaine, est un effet de l’amour.(5) La paix suppose une certaine «identité de choix». C’est ce qu’on appelle l’amitié. Si nous voulons la paix, nous devons reconnaître la nécessité de la fonder sur des bases plus solides que celle ou du manque de rapports (car les rapports entre les hommes sont inévitables, ils croissent et s’affirment), ou de l’exigence de rapports d’intérêt égoïste (ils sont précaires et souvent trompeurs), ou bien du tissu de rapports purement culturels ou accidentels (ils peuvent être à double tranchant, pour la paix ou pour la lutte).
La véritable paix doit être fondée sur la justice, sur le sentiment d’une intangible dignité humaine, sur la reconnaissance d’une ineffaçable et heureuse égalité entre les hommes, sur le dogme fondamental de la fraternité humaine. C’est à dire du respect et de l’amour dûs à tout homme en sa qualité d’homme. Explose le mot victorieux: en sa qualité de frère. Mon frère, notre frère.

C’est également cette conscience de la fraternité humaine
universelle qui s’affirme heureusement dans notre monde, du moins en principe. Ceux qui travaillent à éduquer les nouvelles générations dans la conviction que tout homme est notre frère construisent à partir des fondations mêmes l’édifice de la paix. Ceux qui introduisent dans l’opinion publique le sentiment d’une fraternité humaine sans frontière préparent au monde des jours meilleurs. Ceux qui conçoivent la protection des intérêts politiques sans la poussée de la haine ou de la lutte entre les hommes, comme une nécessité dialectique et organique de la vie sociale, ouvrent la société humaine à un progrès toujours actif du bien commun. Ceux qui contribuent à découvrir en tout homme, par delà les caractéristiques somatiques, ethniques, raciaux, l’existence d’un être égal à soi, transforment la terre, d’épicentre de divisions, d’antagonismes, d’embûches et de vengeances, en un lieu de travail organisé sur la base d’une collaboration civilisée. En effet, là où la fraternité entre les hommes est fondamentalement méconnue, c’est la paix qui est ruinée en sa base même. Car, la paix est, au contraire, le miroir de l’humanité véritable, authentique, moderne, victorieuse de toute autodétérioration anachronique. La paix est la grande idée célébrant l’amour entre les hommes qui se découvrent frères et se décident à vivre tels.
Voici donc quel est notre message pour l’année 1971. Il fait écho, voix nouvelle née de la conscience civilisée, à la Déclaration des Droits de l’Homme: «Tous les hommes naissent libres et égaux en dignité et en droits; ils sont doués de raison et de conscience et doivent se comporter les uns envers les autres comme des frères». A ce sommet est arrivée la doctrine de la civilisation. Ne retournons pas en arrière. Ne perdons pas les trésors de cette conquête axiomatique. Donnons plutôt une application, logique et courageuse, à cette formule, ligne d’arrivée du progrès humain: «tout homme est mon frère». La paix, en essence et en devenir, c’est cela. Et cela vaut pour tous.

Cela vaut, frères dans la foi au Christ, tout spécialement pour nous. A la sagesse humaine qui, en un effort immense, est arrivée à une si haute et si difficile conclusion, nous pouvons, nous, croyants, fournir un soutien indispensable. Celui, avant tout, de la certitude (car des doutes de tout genre peuvent la guetter, l’affaiblir, l’annuler). Notre certitude en la parole divine de notre maître, le Christ, gravée dans son Evangile: «Vous êtes tous frères» (Mt 23 , 8). Nous pouvons aussi offrir le réconfort d’une possibilité d’application (dans la vie pratique, en effet, comme il est difficile de se comporter tout à fait fraternellement envers tout homme!); nous le pouvons grâce au recours, comme à une règle pratique et normale d’action, à un autre enseignement, fondamental, du Christ: «Ainsi, tout ce que vous désirez que les autres fassent pour vous, faîtes-le vous-mêmes pour eux: voilà la loi et les prophètes» (Mt 7, 12). Philosophes et saints, comme ils ont médité sur cette maxime qui insère l’universalité de la loi de fraternité dans l’action singulière et concrète de la moralité sociale! C’est encore nous, enfin, qui sommes en mesure de fournir l’argument suprême: celui de la Paternité divine, commune à tous les hommes, proclamée à tous les croyants. Une

véritable fraternité, entre les hommes, pour être authentique et contraignante, suppose et exige une Paternité transcendante et pleine d’amour métaphysique, de charité surnaturelle. Nous pouvons, quant à nous, enseigner la fraternité humaine, c’est-à-dire la paix, en enseignant à reconnaître, à aimer, à invoquer Notre Père qui est aux cieux. Nous savons, nous, que nous sera barré l’accès à l’autel de Dieu si nous n’avons, d’abord, nous-mêmes enlevé l’obstacle à la réconciliation avec l’homme-frère (Mt 5, 23 passim; 6, 14-15). Et nous savons que, si nous devenons des promoteurs de paix, alors nous pourrons être appelés fils de Dieu, et nous serons parmi ceux que l’Evangile proclame bienheureux (Mt 5, 9).
Quelle force, quelle fécondité, quelle confiance la religion chrétienne confère à l’équation de fraternité et de paix! Et quelle joie pour nous de rencontrer, à la coïncidence des termes de ce binôme, le carrefour des sentiers de notre foi croisant les chemins des espérances de l’humanité et des civilisations.

14 Novembre 1970.

PAULUS PP. VI

L’HOMÉLIE DE PAUL VI AUX ARTISTES EN 1964 ET L’INAUGURATION DE LA COLLECTION D’ART RELIGIEUX MODERNE EN 1973 (1- 2008)

28 janvier, 2015

http://www.30giorni.it/articoli_id_17001_l4.htm

L’HOMÉLIE DE PAUL VI AUX ARTISTES EN 1964 ET L’INAUGURATION DE LA COLLECTION D’ART RELIGIEUX MODERNE EN 1973 (1- 2008)

«Nous avons besoin de vous»

par Paolo Mattei

«Nous avons besoin de vous». Par ces mots, Paul VI s’adressait en 1964 aux artistes pendant la messe de l’Ascension dans la Chapelle Sixtine. Ce fut une homélie aux accents émouvants, pendant laquelle le Pape reconnut les fautes de l’Église pour la fracture qui s’était créée au cours des temps entre elle et les artistes, et il leur demanda pardon. «Nous pouvons le dire: il nous est arrivé de vous couvrir d’une chape de plomb, pardonnez-nous!». De cette manière, le Pape entendit rétablir avec ces hommes «créateurs, toujours vivaces, jaillissant de millle idées et de mille nouveautés» un lien qui s’était distendu parce que, expliquait-il, «nous ne vous avons pas eu comme élèves, comme amis, comme interlocuteurs; parce que vous ne nous avez pas connus».
L’allocution de Paul VI survenait un an après la rédaction de la constitution concilaire sur la sainte liturgie Sacrosanctum Concilium, qui abordait la question de l’art sacré dans le chapitre VII. Ce document, qui proclame la totale liberté de l’art dans l’Église, recommande en même temps que l’on privilégie la «noble beauté» par rapport à une «simple somptuosité», fixe une série de règles et de recommandations adressées aux artistes dans leur fonction de créateurs d’œuvres sacrées, et aux évêques et aux prêtres dans leur tâche de contrôle et de vigilance.
Les vœux pour un renouvellement du dialogue formulés dans l’homélie de Paul VI seront accueillis en 1965 dans la constitution Gaudium et spes qui exhorte qu’on s’engage «afin que les artistes se sentent compris par l’Église dans leur activité et, jouissant d’une liberté ordonnée, établissent des rapports plus faciles avec la communauté chrétienne».
Il y a trente-cinq ans, en juin 1973, Paul VI fit un autre geste d’ouverture envers le monde de l’art en inaugurant dans les Musées du Vatican la Collection d’Art Religieux Moderne, qui commença par accueillir des compositions picturales et scupturales d’artistes italiens et internationaux, et qui a continué à s’enrichir avec l’acquisition, depuis les années Quatre-vingt, d’environ quatre cents autres pièces.
Dans l’Église post-conciliaire, on a vu émerger des orientations et des tendances qui manifestent des visions et des exigences différentes par rapport à la fonction et à la valeur des œuvres d’art sacré. La présence de plus en plus envahissante des images dans la vie quotidienne des individus – à travers la télévision, le cinéma et surtout, la publicité – a donné lieu à différentes réactions, par exemple la prédilection nostalgique pour l’imagerie saint-sulpicienne du dix-neuvième siècle (qui tend à multiplier des images dévotionnelles à travers des schémas figuratifs stéréotypés) ou, d’un autre côté, un fort rappel à une forme de culte dépourvu d’images figurées, à un silence figuratif qui serait, selon les rares partisans de ce courant, un témoignage efficace d’un christianisme attentif aux valeurs de la personne. À côté de ces orientations “passéistes” (la grande diffusion en Occident des icônes de l’Église russe ou grecque – qui est d’ailleurs accueillie sans enthousiasme dans certains milieux orthodoxes – doit elle-même être comprise, selon certains observateurs, comme une orientation nostalgique) il existe, à l’inverse, des tendances qui encouragent l’usage de tout instrument plus moderne de communication visuelle pour trandmettre le message chrétien.
Enfin il existe une large propension à ne commencer ni par une dialectique exacerbée entre le présent et le passé ni par une attitude d’opposition au monde contemporain déchristianisé. Dans les milieux qui ressentent cette urgence, on souhaite une rencontre profitable entre les communautés chrétiennes locales et les artistes les plus représentatifs de leurs cultures figuratives respectives et l’on soutient la mise en valeur de rapports avec des sculpteurs et des peintres qui seraient peut-être peu connus, mais qui partagent histoire et tradition avec les Églises locales.

Pape Paul VI: Alleluia de Pâques le Christ notre joie (1968)

10 avril, 2014

http://www.vatican.va/holy_father/paul_vi/audiences/1968/documents/hf_p-vi_aud_19680417_fr.html

PAUL VI

AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercredi 17 avril 1968

Alleluia de Pâques le Christ notre joie

Chers Fils et Chères Filles,

Nous vous saluons par l’exclamation qui caractérise la liturgie pascale: Alleluia! ce qui veut dire: Louange à Dieu. C’est un cri religieux qui nous a été légué par une très ancienne tradition hébraïquе. On le trouve dans la Sainte Ecriture, et il est devenu habituel dans la langue liturgique de l’Eglise pour exprimer la joie de louer le Seigneur, spécialement au temps de Pâques. Plutôt qu’un mot avant un sens déterminé, il est aujourd’hui une acclamation de joie, l’expression d’un vif sentiment d’allégresse (cf. Augustin, In Ps. 99, P.L. XXXVII, 1272) comme si nous disions en langage moderne: Evviva! Hurrah! Hoch!

L’Eglise a jailli de la Résurrection
Mais pour nous cet Alleluia conserve sa double signification originelle de louange et de joie, l’une et l’autre appliquées au Seigneur et jaillissant d’une âme remplie à la fois d’enthousiasme religieux et de joie spirituelle. Et Nous, en accueillant aujourd’hui votre visite, Nous faisons Nôtre la joie et l’émotion de l’Eglise, et Nous vous saluons avec le mot très saint qu’elle emploie: Alleluia! Alleluia! Ce faisant, Nous avons une double intention. La première, c’est de vous mettre tous en communion avec l’âme de l’Eglise enivrée par la célébration du mystère pascal. Pouvons-nous oublier cet événement qui fait revivre en nous la résurrection du Christ, sa victoire sur la mort, sa promesse que nous aussi, un jour nous ressusciterons? Cette promesse est déjà en voie de réalisation par la vertu et la signification sacramentelle du baptême. Pouvons-nous oublier que c’est sur la résurrection de Notre-Seigneur (cette chose prodigieuse, à la fois réelle et prodigieuse) que se fonde notre foi, notre certitude que Jésus est le Sauveur du monde, notre résolution de faire de notre vie un témoignage qui précisément s’appelle chrétien? Nous ne pouvons l’oublier. Nous devons, au contraire, rappeler, célébrer, chanter que le Christ est ressuscité et que, de sa résurrection, a jailli l’Eglise, laquelle l’Esprit-Saint conférera les charismes vivifiants du Christ pour les répandre dans l’humanité, cette humanité avide de vivre et de survivre, consciente de son caractère mortel, mais aveugle sur sa destinée supraterrestre. C’est tout cela que nous disons par cette acclamation conventionnelle: Alleluia! C’est un acte de foi, de confiance, de joie, de victoire, qui résume tout un ensemble de vérités, de pensées et de sentiments.

Pas de vie chrétienne sans joie
L’autre intention que Nous suggère l’Alleluia pascal, c’est de vous rappeler qu’il ne peut y avoir de vie chrétienne sans joie. Si dans la vie chrétienne il y a d’autres notes, d’autres leçons que celle de la joie (il y a en effet la Croix, le renoncement, la mortification, la pénitence, la souffrance, le sacrifice, etc.), elle n’est cependant jamais dépourvue de réconfort, de consolation profonde, de joie, toutes choses qui ne devraient jamais manquer, et qui ne manquent jamais, lorsque nos âmes sont dans la grâce de Dieu. Pouvons-nous être foncièrement tristes, amers et désespérés lorsque Dieu est avec nous? Non. La joie doit toujours être une prérogative de l’âme chrétienne, au moins au fond d’elle-même. Un auteur moderne fait remarquer: « J’ai connu des jeunes gens de familles chrétiennes très ferventes qui disaient à leurs parents:  » C’est dur d’être catholique! « , et ceux-ci répondaient:  » Oh! oui. C’est dur! Tout le temps des privations! C’est une religion triste! « . Cela Nous rappelle la fameuse phrase de Nietzsche, qui reprochait aux chrétiens de prétendre être des rachetés et d’en avoir si peu l’air » (J. Leclercq, Croire en Jésus-Christ, p. 21). Oui, nous chrétiens, nous devrions nous sentir non pas plus malheureux que les autres parce que nous avons accepté de porter le joug du Christ — ce joug qu’il porte avec nous et que pour cette raison il dit être « aisé et léger » (Mt 11, 30), — mais plus heureux, précisément parce que nous avons des motifs splendides et certains de l’être. Le salut que le Christ nous a mérité et qui projette sa lumière sur les problèmes les plus ardus de notre existence, nous autorise à jeter un regard optimiste sur toutes choses.
Nous sommes dans de meilleures conditions que les autres — ceux qui n’ont pas la lumière de l’Evangile — pour regarder la vie et le monde avec un joyeux émerveillement, pour nous réjouir de tout ce que l’existence nous réserve, même des épreuves dont elle abonde, avec une sérénité faite de sagesse et de reconnaissance. Le chrétien est un homme heureux; il sait trouver les reflets de la bonté de Dieu dans tous les événements, dans tout ce que lui apprend l’histoire et l’expérience. Il sait que « toutes choses concourent au bien de ceux qui aiment Dieu, de ceux qu’il a appelés selon son dessein » (cf. Rm 8, 28). Le chrétien doit toujours donner un témoignage de sécurité supérieure, qui laisse entrevoir aux autres d’où il tire cette sereine supériorité spirituelle.
Aujourd’hui, cette attitude de joyeuse santé spirituelle se répand heureusement parmi les chrétiens modernes: ils sont plus décontractés, plus joyeux et c’est un bien, mais à la condition d’éviter de tomber dans un naturalisme jouisseur devenant facilement païen et illusoire. Pour réaliser cette condition, it est nécessaire de puiser la joie intérieure et la sérénité extérieure, non pas seulement dans un heureux état de choses contingent, fait de bien-être temporel, mais dans la foi. Le Christ est notre joie. Répétons en son honneur et pour notre réconfort: Alleluia!

Avec Notre Bénédiction Apostolique.

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