Archive pour juillet, 2014

Le rêve de Jacob

31 juillet, 2014

Le rêve de Jacob dans images sacrée DSCN1508
http://www.saintmaryhouston.org/content/images/jacobs-dream?size=_original

LA THÉOLOGIE ORTHODOXE OU « LA FLAMME DES CHOSES » – Paul Evdokimov

31 juillet, 2014

http://www.spiritualite-orthodoxe.net/paul_evdokimov_orthodoxie.html

LA THÉOLOGIE ORTHODOXE OU « LA FLAMME DES CHOSES »

« Dieu c’est fait homme, pour que l’homme puisse devenir dieu »

Article inspiré des cours de Père Razvan Ionescu
Un explication plus approfondie du mot Théologie

Reprise de l’intervention video Première partie – 1

D’après Orthodoxie (L’), Paul Evdokimov, Desclée de Brouwer, 1992; Pages 47-56.
La vision de Paul Evdokimov sur la théologie patristique: les commentaires de Père Razvan Ionescu sont en italique

Une théologie du mystère qu’on ne connaît que par révélation et participation – la metanoïa

L’Orient distingue d’une part  » l’intelligence  » orientée vers la coïncidence des opposés et débouchant sur  » l’unité et l’identité par la grâce 1, et d’autre part la  » raison », pensée discursive fondée sur le principe logique de contradiction et d’identité formelle et tournée vers le multiple, donc « déifuge ». Or, « l’intelligence réside dans le coeur, la pensée dans le cerveau 2 . Ce qui explique pourquoi la foi orthodoxe ne se définit jamais en termes d’adhésion intellectuelle, mais relève de l’évidence vécue, d’une « sensation du transcendant »: « Seigneur, la femme qui était tombée dans un grand nombre de péchés, ayant ressenti ta dignité… » 3. Il faut souligner l’aspect existentiel de la foi où s’opère la coïncidence foncière de l’amour et de la connaissance, inséparablement un dans le coeur-esprit,
- Il n’y a donc pas de division dans la personne humaine qui connait théologiquement.
ce qui dépasse l’intellectualisme et le sentimentalisme et correspond au terme évangélique très fort de metanoïa, revirement de toute l’économie de l’être humain.
- metanoïa de meta-noûs, c’est l’intelligence non pas dans le sens de ratio mais une intelligence plus profonde de l’homme dans sa complexité. C’est un renouveau de l’intelligence, c’est à dire un mouvement qui fait que la personne humaine voit les choses autrement à travers la grâce de Dieu.

La théologie comporte un élément doctrinal, la didascalie objective de l’Eglise, sa catéchèse, mais plus profondément dans sa sève même elle écoute ses saints, s’alimente à leur expérience pneumatophore du Verbe. Ainsi, comme le montre le titre d’un des écrits de Denys le pseudo Aréopagite : De la théologie mystique, celle-ci est théologie du mystère qu’on ne connaît que par révélation et participation. Elle saisit les paroles de Dieu à l’intérieur des « phanies », manifestations de Dieu. La transcendance divine nous apprend qu’on ne peut jamais aller vers Dieu qu’en partant de lui, qu’en se trouvant déjà en lui.
[Oeuvre complète de Saint Denys l'areopagite, Mgr Darboy, Maison de la Bonne presse, 1845 - Théologie Mystique à partir de la page 463 pdf, ou 286 livre., téléchargeable ici]
Par rapport aux orientations développées en Occident, qui développent une théologie de discours et surtout une explication rationnelle des choses, l’Orient est plus enclin à une théologie du mystère. C’est à dire que l’on touche le mystère à travers la théologie. Ceci ne veut pas dire pour autant que l’on épuise le mystère à travers notre discours mais justement la théologie a comme fonction de nous mettre devant le mystère de Dieu. Elle nous invite à le goûter et en le goûtant on se rend compte que c’est une profondeur sans fin.
Les développements théoriques, chez les Pères passent souvent et sans aucune interruption aux textes de prières et de dialogue avec Dieu.
- Paul Evdokimov met l’accent sur cette relation étroite entre ce que l’on écrit sur Dieu et notre prière.

Mystagogie ou initiation
Saint Isaac Saint Isaac le Syrien voit dans ces instants: « la flamme des choses ». C’est peut-être la meilleure définition de la théologie. Art, beaucoup plus que science systématique, elle découvre la vérité cachée des choses célestes et terrestres et initie à la participation-communion au monde éonique de Dieu.
- Le mot initie, initiation, est important car en théologie on parle d’une pédagogie mais aussi d’une mystagogie, c’est à dire une initiation, on se souvient des paroles du seigneur quand Il dit:  » Allez, faites des gens de toutes les nations des disciples, baptisez-les pour le nom du Père, du Fils et de l’Esprit saint; et apprenez-leur à garder tout ce que je vous ai commandé. Quant à moi, je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin des temps.  » Matthieu 28:19-20  » 4 donc quand Il dit « apprenez », cette pédagogie vient tout de suite après « baptisez », qui veut dire « initiez », ouvrez la porte du Royaume à travers la grâce de Dieu, la descente de l’Esprit Saint; à travers cette pentecôte personnelle. La pédagogie vient donc à la suite de la mystagogie, ce qui ne veut pas dire que dans l’Eglise seul le baptême est mystagogique, car toute expérience de l’Eglise nous parle d’une mystagogie mais l’expérience de l’Eglise nous parle aussi d’une pédagogie, on ne peut donc pas les séparer. La mystagogie est donc une initiation au mystère, une découverte du mystère.
Théognosie – Theo: Dieu; gnosis: connaissance – catéchèse – Vous voyez l’équilibre qui existe toujours dans les affirmations théologiques, on parle d’une initiation mais aussi d’un enseignement.
« voie expérimentale de l’union avec Dieu » Ce sont des mots extraordinaires car en fait si on parle de la théologie, en se référant à Theo et Logos, le Logos se rapporte soit à la parole, soit à la logique, un développement rationnel. Mais en même temps à l’école des Pères de l’Eglise c’est dans son aspiration ultime « voie expérimentale de l’union avec Dieu. »
Pour les Pères la théologie est avant tout la contemplation de la Trinité.
- Evdokimov fait une synthèse des Pères de l’Eglise. Par conséquent ce que nous faisons ici c’est une synthèse de synthèses.-
C’est cette connaissance par inhabitation du Verbe qui est la théologie mystique.
- Le saint Esprit vient et fait sa demeure en nous, si Dieu fait sa demeure en quelqu’un Il s’unit avec cette personne. Il ne peut pas vivre dans la chambre du coeur de quelqu’un sans être en communion avec cet être humain. C’est pourquoi quand on invite le Seigneur, on l’invite à venir en nous, à exprimer Sa présence et à s’unir avec nous.
Il s’agit bien de la « parousie » divine dans l’âme
- Paul Evdokimov utilise d’autres termes théologiques pour apporter une nouvelle lumière à la signification.
qui ne peut être saisie que par les yeux de la foi, « les yeux de la Colombe ». Il s’agit non de connaître quelque chose sur Dieu, mais d’ »avoir Dieu en soi ».
- Alors que les démarches théologiques essaient de construire un discours mais sans pouvoir véritablement construire quelque chose à partir de l’expérience concrète, les Pères se contentent d’exprimer leur expérience concrète personnelle par leur théologie. Toutefois ce n’est pas leur expérience particulière à eux, que personne ne peut interpréter, mais c’est une expérience personnelle qui entre dans l’expérience générale de l’Eglise.
La théologie devient la description en termes théologiques de la présence illuminante du Verbe. Ce n’est point une spéculation sur les textes mystiques rnais la voie mystique elle-même, génératrice d’unité. Elle postule le retour à la nudité de l’esprit, son dépouillement jusqu’à son état pré-conceptuel de pure réceptivité adamique:
- Cette expérience de Dieu, nous invite à découvrir un état de l’âme qu’on peut évoquer en pensant d’abord à Adam qui est appelé à goûter le Royaume de Dieu et Dieu Lui-même. Le centre même de notre culte se trouve dans la Cène eucharistique. Nous nous rassemblons pour goûter quelque chose ensemble, signe de communion. Dans le centre du culte chrétien, se trouve donc cette démarche de partager avec les autres notre nourriture qui n’est pas une nourriture de ce monde. Même si les choses matérielles qui contribuent à cette nourriture viennent de ce monde, à travers la bénédiction portée par liturgie la nourriture de ce monde devient également une nourriture qui n’est pas de ce monde, c’est à dire le Corps et le Sang du Seigneur que nous goûtons ensemble.

Le charisme d’oraison, prier sans cesse
« La contemplation était le privilège d’Adam au paradis  » et donc nécessite avant tout un « charisme de l’oraison  »
- C’est à dire la prière « . On imagine donc bien Adam vivre une vie qui était une contemplation de Dieu et nourrissait son être. Quand on parle de charisme d’oraison ça veut dire que la prière telle que nous l’apprenons aujourd’hui est une redécouverte d’une état qui fut paradisiaque: Adam priait. Quand on a demandé au Seigneur comment prier? Il a répondu: « Priez sans cesse « , ce qui signifie que la prière peut être une prière qui ne cesse pas. Ceci veut dire que l’être humain a une capacité de prière qui exprime quelque chose de sa nature. Il est capable par sa nature d’entretenir une relation avec Dieu à travers sa prière. La prière est comme une respiration de l’âme, c’est à dire que de la même façon que le corps respire et que sans respiration il ne vit plus, l’âme respire (Sans pour autant entrer dans un dualisme âme-corps). La prière fait partie du bon « fonctionnement » de l’être humain, il en a besoin mais c’est un charisme en même temps.
La théologie ainsi s’érige en ministère charismatique, car « personne ne peut connaître Dieu si ce n’est Dieu lui-même qui l’enseigne » et « il n’y a pas d’autre moyen de connaître Dieu que de vivre en lui… « ;- Sans la grâce de Dieu on n’est pas capable de Prier. Quand nous voulons prier véritablement il nous faut cette aide. Dieu nous donne son aide à condition que nous le cherchions parce qu’Il respecte complètement notre liberté. La grâce de Dieu est garante de la liberté humaine, c’est le péché qui empêche la liberté humaine. Savoir prier nécessite également un enseignement de la part de Dieu.
« parler de Dieu est une grande chose » ironise saint Grégoire le Théologien et justifie son titre en déclarant : « mais il est encore mieux de se purifier pour Dieu ».
- Nous avons donc vu que certains Pères nous parlent de la connaissance de Dieu, nous parlent de la théologie en tant que connaissance de Dieu. J’ai souligné que la théologie est « voie expérimentale de l’union avec Dieu ». Théologie veut donc dire connaissance de Dieu et pour connaître Dieu nous ne pouvons pas rester comme nous sommes à l’heure actuelle, il faut changer quelque chose en nous. Car même si nous arrivons dans ce monde avec un certain état de pureté, notre nature corrompue à travers notre personne fait que nous sommes enclins malheureusement au péché. La vie spirituelle est la guérison totale, absolue et ultime de notre nature humaine. Dans l’office pour les défunts on dit que Dieu a tellement aimé l’être humain, qu’Il ne l’a pas laissé comme ça, c’est la raison pour laquelle la mort est justement la délivrance. S’il n’y avait pas de mort, cette nature à l’origine de l’être humain donnerait une vie corrompue éternelle. Dieu donne une fin à l’être humain par Amour 5.

La divinisation de l’homme par la grâce
C’est un dialogue entre l’esprit de l’homme et l’Esprit de Dieu mais un dialogue générateur d’unité « déifiante »: « Dieu ne s’unit qu’à des dieux », dit saint Symeon?
- C’est vraiment une synthèse avec des mots forts, des mots clés des Pères de l’Eglise. Autrement dit, en reprenant la définition la plus noble de la vie théologique ou de la vie de l’Eglise: « Dieu c’est fait homme, pour que l’homme puisse devenir dieu ». Notre destin n’est pas uniquement l’accomplissement de la personne humaine mais son accomplissement en tant que dieu par la grâce de Dieu. Il n’y a pas de changement de nature en nous mais si on vit la Vie que Dieu vit, on se transforme petit à petit en des dieux.
Pour saint Macaire, un théologien est un enseigné de Dieu et c’est l’Esprit, selon saint Syméon, qui d’un érudit fait un théologien, car il s’agit non de s’instruire intellectuellement sur Dieu, mais de se remplir de Dieu : « Afin que l’ayant reçu en nous, nous devenions ce qu’il est ».
- c’est pour cela que les êtres qui commencent à chercher Dieu dans leur vie deviennent de plus en plus ressemblant à Dieu. Une vie améliorée en Christ est une vie qui fait que quelqu’un est plus ressemblant à Dieu.

La libération des passions, les théologiens chrétiens orthodoxes
Pour saint Basile « la vraie théologie libère des passions »
-Si l’homme se libère petit à petit des mauvaises passions, c’est à dire les comportements qui ne laissent pas se manifester pleinement en nous l’image de Dieu. En s’en libérant on est dans l’acquisition petit à petits des « propriétés » qui expriment ce que Dieu est.
« Une théologie sans action 6 est la théologie des démons » note saint Maxime. C’est au dynamisme de la foi que répond « le don spirituel de l’Esprit qui révèle le sens de la théologie »….
L’Orthodoxie s’est avérée très sobre pour délivrer le titre de « théologien » par excellence. Seules trois personnes le possèdent comme attribut de leur sainteté: saint Jean le Théologien, le plus mystique des quatre évangélistes, saint Grégoire le Théologien, « chantre de la sainte trinité » et saint Symeon le Nouveau Théologien, auteur des hymnes qui exaltent l’union.
- Si l’Eglise est prudente dans l’attribution de ce titre, ce n’est pas qu’elle ne veut pas le donner mais ces personnes étaient caractérisées par leur profondeur théologique: elles ont su la vivre et l’exprimer à la fois. La théologie ce ne se limite pas à la contemplation, car il y a des êtres humains qui contemplent Dieu sans pouvoir exprimer cette contemplation et d’après ce qu’ils disent sans l’aide de Dieu il n’est pas possible de l’exprimer à travers un discours. En effet, notre discours ne peut pas « tenir en sa main » l’ineffable. Il faut que Dieu nous aide pour pouvoir exprimer des choses qui dépassent notre intelligence.

La contemplation ou theoria
La théologie comporte l’élément de contemplation. Ce discours peut paraître très théorique mais la pratique mène à la contemplation, car notre pratique c’est de contempler Dieu, et la contemplation vient de « theoria ». Donc la theoria pour les Pères n’est pas une attitude passive devant Dieu où l’on n’aurait plus envie de bouger puisque ce serait Dieu qui s’occuperait de nous. En référence aux écrits de Père Dumitru staniloae, il est vrai que Dieu prend l’initiative et comble l’être humain de telle façon que l’être humain se trouve parfois dans « l’étonnement », dans les phases les plus élevées du mystère de Dieu, mais même dans cet état la contemplation « theoria » est très pratique. C’est une étape très active dans la vie de quelqu’un parce qu’il est pleinement là dedans. Alors qu’en science la théorie est relative a un schéma abstrait de faits que l’on interprète, dans l’Eglise la « theoria » veut dire contemplation. Toute contemplation de la vérité dans l’Eglise, à travers la parole, à travers les sens ou tout ce que l’on est, est une theoria.

Le cataphatisme et l’apophatisme, la conscience des limites, et Dieu sujet non pas objet.
On a l’impression en lisant des écrits de théologie que les mots sont compliqués, par exemple cataphatisme et apophatisme. La théologie apophatique 7 est la théologie négative, celle cataphatique est positive. revenons à Paul evdokimov:
La méthode cataphatique procède par affirmation, mais en définissant Dieu, en lui donnant des noms, elle limite et rend son propre enseignement incomplet,
- C’est à dire que si on prend un livre par exemple, on arrive à décrire de quoi il s’agit par ses caractéristiques: sa taille, couleur, etc. Mais essayons de faire la même chose avec Dieu. Qui a vu Dieu? D’une certaine façon personne n’a vu Dieu. Cependant à travers notre expérience on peut avoir été touché par cette présence de Dieu, donc on parle d’une certaine façon d’une vision de Dieu, en gardant bien sûr les proportions. C’est pourquoi quand on essaie d’exprimer notre expérience on se rend compte que nos paroles sont très pauvres, on n’arrive pas à dire qui est Dieu. Si l’on se met à ajouter des attributs, des qualificatifs selon ce que l’on peut comprendre, on se rend compte que l’on commence à fabriquer une idole puisqu’en fait ça ne correspond pas à Dieu, car Il dépasse tout ce que l’on peut dire sur Lui. Ce genre de réflexion existe depuis le commencement du christianisme.
Il faut donc le compléter par la méthode apophatique qui procède par des négations ou oppositons à tout ce qui est de ce monde. Donc la théologie positive n’est point dévaluée mais précisée exactement dans sa dimension propre et ses limites.
- C’est extraordinaire, cette conscience des limites. La science d’aujourd’hui les découvre également car son discours ne couvre pas une réalité beaucoup plus complexe que celle que l’on peut imaginer.
C’est que la théologie négative habitue à l’infranchissable distance salvatrice: « Les conceptions créent des idoles de Dieu, dit saint Grégoire de Nysse, l’étonnement seul saisit quelque chose ».
- C’est à dire que l’on n’est pas devant un objet « Dieu ». En effet, pour la théorie de la connaissance il faut un objet de connaissance. Or dans la définition courante de la science, l’objet Dieu n’existe pas, puisqu’Il n’est pas reconnu de manière universelle. Même pour le théologien définir Dieu comme objet de connaissance n’est pas facile car il n’est pas un objet, il est un sujet de notre connaissance. Si Lui (ou si eux pour les trois personnes), ne s’ouvre pas à notre connaissance on ne peut pas le connaitre.

La prière liturgique, élévation vers Dieu et communion avec les autres
Paul Evdokimov parle plus loin de la prière liturgique: elle nous mène vers cette union. Quand on parle de prière personnelle, cela ne veut pas dire prière individuelle, parce que quand la personne prie elle est en communion avec d’autres personnes. Plus elle prie, plus elle est en communion avec les autres. C’est très important de le comprendre. Le Père Dumitru Staniloae, le décrivait en prenant l’image d’une pyramide inversée, plus on prie, plus on s’approche de Dieu et plus on est entouré. Quand nous prions ordinairement, nous sommes seuls même au milieu de plein de gens car nous ne les aimons pas comme il le faudrait, ou nous n’arrivons pas à entretenir cette communion à travers notre amour, c’est Dieu qui nous enseigne l’Amour.
On parle de la prière liturgique car on a besoin de cette prière qui concerne le peuple de Dieu dans l’Eglise. C’est elle qui nous mène vers notre « déification »: on devient Dieu selon la grâce de Dieu.
En cherchant Dieu, c’est l’homme qui est trouvé par Dieu.

Notes: sur le site

JACOB ET L’ANGE : UN COMBAT RÉVÉLATEUR

31 juillet, 2014

http://www.massorti.com/Jacob-et-l-Ange-un-combat

JACOB ET L’ANGE : UN COMBAT RÉVÉLATEUR

Ruth Scheps -

C’est presque avec crainte et tremblement que j’ai décidé de m’attaquer à cet épisode de la paracha Vayichlah, désigné généralement comme le combat de Jacob avec l’Ange :
« Aventure étrange – dit Elie Wiesel -, mystérieuse de bout en bout, d’une beauté à faire frémir, d’une intensité à faire douter des sens. Qui n’a-t-elle fasciné ? Philosophes et poètes, rabbins et conteurs, tous cherchent à résoudre l’énigme de ce qui s’est passé cette nuit-là, à quelques pas du ruisseau Yabbok. »
Le récit tient en quelques lignes : huit versets qui feront basculer l’Histoire – c’est là que Jacob recevra le nom d’Israël – et vaciller nos opinions : Jacob est-il peureux ou courageux ? Son adversaire est-il bon ou méchant ? Jacob a-t-il combattu avec ou contre lui et qui l’a vraiment emporté ?
On peut noter pour commencer que cette lutte n’est pas la première dans la vie de Jacob. À vrai dire, toute son existence semble placée jusque-là sous le signe du conflit et de la ruse : ruse dont il fait preuve lui-même en usurpant le droit d’aînesse de son frère Esaü et en soutirant une bénédiction à son père Isaac, ou qu’il subit par la suite de la part de son beau-père Laban (l’histoire est bien connue, je ne m’y attarde pas)…
Au début du passage qui nous occupe, Jacob vient donc de fuir Laban et se sait poursuivi par la haine d’Esaü qu’il s’apprête pourtant à rencontrer le lendemain. Comment désamorcer cette haine et surmonter la peur qu’elle lui inspire ? Selon Rachi, Jacob le fera de trois manières : par des cadeaux à Esaü, par la prière à Dieu et par le combat au Yabbok.
Le choix du Yabbok n’est certainement pas fortuit ; c’est un gué, c’est-à-dire un lieu qui sépare : séparation traditionnelle entre les humains et les démons de la nuit, séparation géographique entre Jacob et Esaü. Mais c’est aussi un lieu de passage : passage physique que Jacob fait franchir à ses femmes, ses enfants et tous ses biens, et passage symbolique de Jacob lui-même vers une conscience accrue de sa propre identité et de sa mission. Passage qui prendra la forme d’un combat, difficile mais nécessaire, comme le fait entendre le texte lui-même à travers les mots utilisés : yeavek (il a combattu), Yaacov et Yabbok, dont la proximité phonétique invite au jeu de mots, et dont chacun ne semble pouvoir exister qu’en lien avec les deux autres… Car à la fin de l’épisode, lorsque le combat se changera en bénédiction, Yaacov changera de nom pour devenir Israël et le Yabbok lui-même sera appelé par Jacob Peni’el (ma face vers Dieu) puis Penou’el (votre face vers Dieu, comme pour indiquer aux générations futures la voie à suivre).
Sur la nature de ce combat, les commentaires sont nombreux et divergents. La seule certitude touche au caractère singulier dans toute la Tora de ce conflit entre l’humain et le divin : il arrive souvent que Dieu et l’homme soient en désaccord et le manifestent de part et d’autre par la colère ou le cas de conscience. Mais le corps à corps qui a lieu au Yabbok est un phénomène unique, et ce caractère exceptionnel est sans doute une des raisons de la fascination qu’il a toujours exercée sur les esprits.
Combat unique, mais aux dimensions multiples, attestées par les innombrables questionnements et commentaires qu’il a suscités : faut-il le considérer comme réel ou fictif ? Historique, prophétique ou simplement onirique ?
Pour Nahmanide, proche du sens littéral, le combat est réel puisque Jacob y est blessé ; mais il fait aussi allusion à l’histoire de la descendance de Jacob, en vertu du principe selon lequel « maassé avot siman lebanim » – les actions des ancêtres préfigurent celles de leurs descendants. Prolongeant cette interprétation, Rachi voit dans ce combat le symbole de la lutte historique engagée entre Israël et les nations jusqu’à l’aube de la liberté. Selon Maïmonide, il s’agit plutôt d’une vision prophétique car il est dit à la fin du récit qu’il s’agissait d’un ange, et pour Maïmonide, les figures corporelles que revêtent les anges n’existent que dans l’esprit de celui qui les voit. Enfin de nombreuses interprétations font de cette lutte un symbole universel de la lutte intérieure contre tout ce qui entrave l’accomplissement créateur de l’être : obscurité, chaos et forces du mal… Plusieurs éléments du récit suggèrent que cette lutte intérieure se déroule en rêve : son caractère extraordinairement elliptique (comme si seuls les événements les plus marquants en avaient été mémorisés) ; le jeu de mots entre Yaacov, Yabbok et ye’avek (typique de la logique de l’inconscient qui œuvre dans les rêves), que renforce encore le lien étymologique entre maavak, le conflit, et avak la poussière ; le fait que Jacob soit resté seul dans la nuit et que son adversaire ait surgi soudainement de nulle part ; enfin l’attitude paradoxale de l’ange, qui blesse Jacob avant de le bénir.
Il est étonnant de voir que rien n’est dit sur l’état d’esprit de Jacob, sur sa douleur et sur ses émotions tout au long du combat et juste après. Selon Rachi, Jacob s’était couché la veille irrité à l’idée des présents qu’il aurait à faire à Esaü pour l’amadouer… Et nous savons que la nuit et la solitude sont des facteurs d’angoisse… Il est donc probable que Jacob ait eu à lutter non seulement contre son adversaire, mais avant tout contre sa propre peur et sa propre colère. Le combat physique de Jacob serait ainsi venu confirmer sa lutte intérieure et en souligner l’ambivalence puisque Jacob en ressortira à la fois désarticulé physiquement (par la luxation de sa hanche) et ré-articulé dans son nom, devenu Israël.
Mais qui est donc cet adversaire au comportement aussi mystérieux que paradoxal, qui surgit sans crier gare, combat toute la nuit mais finit par lâcher prise, blesse Jacob puis le bénit ? Au chapitre 32 il est d’abord question d’« un homme » (ich), puis Jacob parle d’un être divin (elohim). La psychanalyse freudienne y verrait sans doute un surmoi, tour à tour persécuteur ou idéalisé. Mais pour la plupart des sources du Midrach et du Zohar, c’est à un ange que Jacob a eu affaire – un malakh, qui signifie à la fois ange et messager divin ou du divin. Et en effet cet ange se révélera porteur de messages essentiels autant pour Jacob que pour toute sa descendance et au-delà pour tout être humain.
De quel ange s’agit-il ? Selon Rachi, qui reprend à son compte les interprétations traditionnelles, il s’agirait de Samaël, l’ange d’Esaü, réputé pour sa méchanceté ; dans ce cas, le combat de Jacob serait destiné à le préparer à l’affrontement qu’il craint d’avoir avec son frère Esaü. Mais Elie Wiesel, quant à lui, préfère y voir l’ange gardien de Jacob lui-même ; celui-ci se battrait alors contre « le moi, en lui, qui doutait de sa mission ». Et dans un autre registre, voici comment Charles Baudelaire décrit les deux protagonistes de ce combat tel que l’a peint Delacroix : « l’homme naturel et l’homme surnaturel luttent, chacun selon sa nature, Jacob incliné en avant comme un bélier et bandant toute sa musculature, l’ange se prêtant complaisamment au combat, doux, comme un être qui peut vaincre sans effort des muscles et ne permettant pas à la colère d’altérer la forme divine de ses membres. » Magnifique description de ce malakh (qui est aussi en l’occurrence une melakha, c’est-à-dire une œuvre d’art), et chez qui la douceur l’emporte sur la colère et participe de sa transcendance.
Après ces quelques remarques sur la nature du combat mené par Jacob et sur l’identité de son adversaire, je voudrais vous livrer ma vision de leur dialogue car il est à mes yeux aussi important que le combat lui-même.
Si nous supposons, en accord avec le texte et toute la tradition, que l’antagoniste de Jacob est une émanation divine, nous devons supposer également qu’il est omniscient, donc qu’il connaît le nom de Jacob. Pourtant il le lui demande… Pourquoi ? Mon hypothèse est que c’est pour lui faire prendre conscience du fait que son nom Yaacov (celui qui est à la traîne) est désormais inadéquat puisqu’il est sorti victorieux d’un combat contre plus puissant que lui. Il lui annonce donc dans la foulée que désormais il s’appellera Israël, celui « qui a lutté victorieusement contre Dieu » selon la traduction la plus courante – mais notons que Israël signifie aussi prince et noble (sar), en même temps que droit (yachar), autrement dit « celui qui marche droit avec Dieu ».
Jacob à son tour demande à son Adversaire quel est son nom. Là il ne s’agit pas d’une question rhétorique car Jacob ignore vraiment ce nom. Mais en guise de réponse, son Antagoniste lui pose une autre question : « Pourquoi t’enquérir de mon nom ? », puis il le bénit, ce qui est un geste extrêmement fort s’il s’agit vraiment de l’Ange d’Esaü, lequel n’avait jamais accepté que la bénédiction de son père Isaac aille à Jacob et non à lui. Deux choses me semblent particulièrement significatives ici : d’une part, l’Ange ne bénit pas Jacob quand celui-ci le lui demande (en lui disant, verset 27 : « Je ne te laisserai pas que tu ne m’aies béni »), mais un peu plus tard, après lui avoir révélé son nouveau nom, comme pour montrer que la transcendance n’a pas à se plier à tous les désirs humains. Mais d’autre part, le désir de Jacob de connaître le nom de son Adversaire est tout de même satisfait et il le reconnaît au verset 31 : « raïti Elohim panim el panim » (j’ai vu un être divin face à face)… En fin de compte, dans ce choc de combativités, chacun sauve la face si j’ose dire, et aucun ne se sacrifie ; les corps lâchent prise et l’étreinte fait place au dialogue entre deux êtres séparés. Mais en même temps, chacun sort de ce combat profondément transformé aux yeux de l’autre : Jacob est devenu capable de reconnaître la divinité de son Antagoniste et celui-ci a pu voir en lui Israël. Comme le dit la théologienne Lytta Basset dans son livre Sainte colère : « L’Autre n’est bienveillant et bienfaisant que dans la mesure où l’humain le croit. Surmonter l’ambivalence est le fruit d’un combat. »
Voilà donc un premier acquis de cette haute lutte : Jacob est parvenu à surmonter ses sentiments ambivalents envers l’Ange pour ne plus voir en lui qu’une source de bénédiction. Mais ce n’est pas tout : sa lutte avec l’Ange (quel que soit son nom) a rendu Jacob capable de dépasser sa peur d’Esaü pour le voir désormais comme le frère humain avec lequel il pourra enfin parler. Et cette nouvelle manière d’appréhender Esaü ouvrira la voie à leur réconciliation. Notons l’habileté avec laquelle Jacob procédera au lendemain du combat lorsqu’il se trouvera face à Esaü : il lui dira « car j’ai vu ta face comme celle d’Elohim » (al ken raïti phanekha kir’oth pnei Elohim)… Rachi se demande à ce propos : « Pourquoi lui dit-il qu’il a vu l’ange ? C’est pour qu’Esaü ait peur de lui et qu’il dise : il a vu des anges et il a été sauvé, je ne pourrai donc rien contre lui. » Nous voyons ici qu’un équilibre fraternel s’est enfin instauré entre Jacob et Esaü : Jacob n’a plus peur d’Esaü et ne cherche plus à le duper ; Esaü n’est plus en colère contre Jacob, mais le respecte pour son courage.
Cette dynamique des sentiments et des émotions est à mon sens une des belles leçons de ce texte : comme Jacob et Esaü, chaque être humain est capable d’évoluer pour autant qu’il ne refuse pas d’affronter l’adversité en payant de sa personne et en s’impliquant par la parole. D’ailleurs pour Catherine Chalier, ce combat signe « l’acte de naissance d’une parole qui cherche à s’adresser aux autres hommes, même aux plus hostiles ».
Mais pour être entendue c’est-à-dire fructueuse, cette parole a besoin de la conscience qu’a chaque interlocuteur de l’altérité de l’autre : c’est en reconnaissant la nature radicalement autre c’est-à-dire transcendante de son adversaire que Jacob accède lui-même à un niveau d’être supérieur, indiqué par son nouveau nom Israël. Et cette prise de conscience s’obtient à la fois par la parole et par le combat assumé sans gloriole mais sans faiblesse non plus. Un combat qui, nous l’avons vu, se déroule essentiellement à l’intérieur de l’âme humaine tourmentée par ses contradictions et dont l’issue, quand elle est heureuse, ouvre aux vrais dialogues et aux vraies évolutions.
De ce combat, Jacob ressort donc doublement transformé : il porte désormais un nouveau nom, Israël, qui lui rappellera (et nous rappellera) constamment son exploit d’être humain face à la transcendance. Et d’autre part sa blessure à la hanche sera la marque non moins constante de sa vulnérabilité.
Ainsi va l’humain sans cesse tiraillé entre orgueil et humilité, entre force et faiblesse, entre Israël et Jacob… Toute victoire humaine est au prix d’une blessure et toute blessure cicatrisée aguerrit. Sachons donc nous préserver de l’arrogance et nous souvenir de cette dualité qui nous habite : c’est aussi à la blessure de Jacob que le peuple d’Israël tout entier doit sa spécificité, par la non-consommation du nerf sciatique des animaux… Et ce sont finalement les deux noms du fils d’Isaac, que notre Tradition a conservés : Jacob et Israël, Israël le vainqueur qui toujours se souvient de Jacob le boiteux.

Ruth Scheps

 

Moïse et le buisson ardent

30 juillet, 2014

Moïse et le buisson ardent dans images sacrée moses-at-the-burning-bush

http://theveilofchastity.com/2014/06/16/it-is-not-your-imagination

Saint IGNACE DE LOYOLA – (Fête) le 31 juillet

30 juillet, 2014

http://www.jesuites.com/histoire/saints/ignacedeloyola.htm

Saint IGNACE DE LOYOLA

Fête le 31 juillet

Né à Loyola (Guipuzcoa) en 1491, Ignace vécut d’abord à la cour des Grands, puis se consacra à la vie militaire. Blessé au siège de Pampelune, il se convertit durant sa convalescence, ne brûlant que du désir de suivre les pas du Christ. Retiré à Manrèse, il y vécut une expérience spirituelle dont il a transposé l’essentiel dans le livre des Exercices Spirituels.
Il étudia la théologie à Paris ; c’est là aussi qu’il posa les premières fondations de la Compagnie de Jésus. Ordonné prêtre à Venise en 1537, il se rendit à Rome la même année. Trois ans plus tard, en 1540, il y fonda la Compagnie ; il en fut élu le premier Préposé Général, au début de l’année suivante.
Il contribua de mille manières à la restauration catholique du XVIe siècle et fut à l’origine d’une nouvelle activité missionnaire de l’Église. Il mourut à Rome en 1556 et fut canonisé par Grégoire XV en 1622.

31 juillet
Saint IGNACE DE LOYOLA, prêtre,
FONDATEUR DE LA COMPAGNIE DE JÉSUS

Solennité (Pour le Jesuites)
DEUXIÈME LECTURE
Extraits des Constitutions de la Compagnie de Jésus.

Ceux qui suivent sérieusement Jésus-Christ notre Seigneur veulent et désirent avec ardeur se revêtir de la robe et des livrées de leur Seigneur.

Saint Ignace de Loyola, fondateur de la Compagnie de Jésus, travailla infatigablement dans la vigne du Seigneur ; son seul désir fut une plus grande gloire de Dieu et le salut des hommes du monde entier, sous la conduite du Pontife Romain. Il nous a révélé ce qui a inspiré sa vie personnelle dans ce qu’il a magnifiquement écrit de l’esprit qui doit animer les hommes appelés à suivre le Christ dans la Compagnie :
« Il faut qu’ils considèrent attentivement comme un point de très grande importance en la présence de notre Créateur et Seigneur, combien il est utile et avantageux, pour s’avancer dans la vie spirituelle, d’avoir une aversion entière, et non partielle, pour tout ce que le monde aime et embrasse, et d’accepter, et de désirer de toutes ses forces tout ce que Jésus-Christ Notre Seigneur a aimé et embrassé.
Car comme les mondains, qui sont attachés aux choses du monde, aiment et recherchent avec beaucoup d’empressement les honneurs, la réputation et l’éclat d’un grand nom sur la terre, comme le monde le leur enseigne, de même ceux qui s’avancent dans la voie de l’esprit, et suivent sérieusement Jésus-Christ Notre Seigneur, aiment et désirent avec ardeur tout ce qui est contraire aux choses du monde : savoir, de se revêtir de la robe et des livrées de leur Seigneur, pour l’amour et le respect qu’ils lui portent : de sorte que si cela pouvait se faire sans aucune offense de la divine Majesté et sans péché du prochain, ils voudraient souffrir des affronts, des faux témoignages et des injures, être regardés et traités comme des insensés, sans toutefois en avoir donné sujet : tant ils ont le désir de se rendre semblables à notre Créateur et Seigneur Jésus-Christ, de l’imiter en quelque manière, de prendre ses insignes et d’être revêtus de ses livrées, puisque lui-même les a portées pour notre plus grand avancement spirituel, et nous a donné l’exemple, afin qu’en toutes choses, autant qu’il sera possible, avec le secours de la grâce divine, nous tâchions de l’imiter et de le suivre, lui, la voie véritable qui conduit les hommes à la vie. »

( Examen Général , chap. 4, n. 44 ; tr. fr. Uclès 1892, p.31).

LE PROBLÈME DE DIEU (même biblique)

30 juillet, 2014

http://livres-mystiques.com/partieTEXTES/Huan/probleme.html

LE PROBLÈME DE DIEU

Il y a trois problèmes dont l’examen s’impose nécessairement à tout homme qui réfléchit et plus particulièrement au Chrétien, parce que tout le destin de sa vie surnaturelle y est engagé : ce sont le problème de Dieu, le problème du Mal et le problème de la Conduite. Que savons-nous de Dieu ? Quelle place le Mal occupe-t-il dans l’ordonnance de l’Univers ? Dans quel livre est contenu le code de vie morale dont l’observance doit conférer à nos actes une valeur d’éternité ? Il ne s’agit pas ici, assurément, d’exposer des thèses philosophiques ou théoriques ni de confronter des systèmes, mais seulement de rechercher ce que signifient pour notre vie intérieure et spirituelle des notions qui possèdent évidemment, du point de vue pragmatique, une importance capitale. Dieu, le Mal, la Conduite humaine, autant de questions auxquelles il faut bien que nous donnions une réponse, si nous voulons êtres assurés de suivre le chemin de la Vérité et de la Vie. Il vaut donc la peine que nous y consacrions quelques instants de réflexion. Aussi bien, que nous le sachions ou non chacun des actes de notre vie quotidienne comporte déjà, à sa manière, une réponse à ces questions.
Nous traiterons aujourd’hui du problème de Dieu.

I Moïse avait demandé à l’Éternel de lui faire voir sa gloire : « Tu ne pourras pas voir ma face, répondit l’Éternel, car l’homme ne peut me voir et vivre. Mais voici une place à côté de moi : tu te rendras sur le rocher. Quand ma Gloire passera, je te cacherai dans le creux du rocher et je te couvrirai de ma main jusqu’à ce que j’ai passé. Puis, je retirerai ma main et tu me verras par derrière ; mais ma face ne peut être vue » (Exode, XXXIII, 20, 23). « Personne, en effet n’a vu le Père, dit Jésus, si ce n’est Celui qui vient du Père » (Jean VI, 46). La « connaissance du vrai Dieu » n’est-elle pas réservée à la vie éternelle ? (Jean, XVII, 3) « Là-haut, nous verrons face à face ; aujourd’hui nous voyons comme dans un miroir, confusément » ; là-haut « je connaîtrai comme je suis connu ; aujourd’hui, je ne connais qu’imparfaitement » (I Cor, XIII, 12).
Ainsi, il nous est donné dès la vie présente de posséder de Dieu une connaissance que l’Écriture qualifie de « vision par derrière ». « Les perfections invisibles de Dieu, dit en effet l’Apôtre, son éternelle puissance et sa divinité, sont depuis la création du monde, aperçues par notre intelligence au moyen de ses oeuvres. » ( Rom I, 20). Cette connaissance de Dieu par ses oeuvres est suffisante assurément, si elle est poussée en profondeur, à nous procurer sur sa nature, ses attributions, sa causalité, des notions dont la certitude est incontestable aux yeux de notre raison. Mais le problème est précisément de déterminer dans quelle mesure une pareille connaissance, toute conceptuelle, nous fait pénétrer dans l’intimité de la Substance divine.
Parce que tout être qui appartient à ce monde est soumis à la loi de l’universel devenir qui fait que rien de stable et de définitif ne peut subsister ici-bas, de sorte que l’être phénoménal évolue nécessairement et se transforme à chaque moment de son existence, poursuivant ainsi d’étape en étape le terme de sa destinée, la raison humaine est contrainte de conclure à la réalité d’un Être qui, situé en dehors de la durée, ne saurait avoir ni commencement ni fin et qui, demeurant de la sorte immuablement identique à lui-même, doit être défini comme l’Absolu, l’Inconditionné, l’Éternel. Mais il s’agit de savoir jusqu’à quel point nous avons dévoilé toute la signification que recèlent ces concepts, lorsque nous les appliquons à Dieu et qu’après les avoir dépouillés de leur terminologie négative, nous nous efforçons d’en saisir la valeur intrinsèque et totale. Il en est de même si, nous élevant du fini à l’Infini, nous formons la notion de l’Être qui, n’étant limité par aucun autre soit dans son essence soit dans sa puissance, possède dans sa véritable plénitude à la fois la perfection de l’essence et la toute-puissance : parce que nous avons posé Dieu en dehors et au delà de tout ce qui pourrait assujettir sa nature et son activité à des déterminations qui le particularisent, avons-nous, compris dans sa réalité profonde ce qui fait de lui l’Infini ?
Ainsi, nous ne pouvons nier que Dieu soit par définition l’Éternel et l’Infini ; mais, parce que nous demeurons en toute circonstance des êtres finis et soumis à la loi du temps, notre idée de Dieu ne peut prétendre en aucun cas s’égaler à l’être même de la Substance Divine. Nous avons bien atteint le plan dialectique où la raison pure forge en toute vérité la chaîne de ses concepts. Nous ne sommes pas allés au delà de ce qu’une intelligence humaine peut comprendre avec les seules puissances de sa nature finie. Et comment le fini pourrait-il comprendre l’Infini, ce qui passe saisir ce qui est en dehors de la .durée ? Entre Dieu et nous il n’y a pas de commune mesure et tout effort serait vain par lequel nous tenterions de nous élever au-dessus de notre raison à l’aide de cette même raison.
II Est-ce à dire que nous en sommes réduits à ne rien savoir de Dieu que ce que nous en apprend une raison enfermée dans le cadre de ses seuls concepts et dont la logique demeure à jamais impuissante à se dépasser elle-même ? Ce qui échappe nécessairement aux prises de notre raison, « Dieu, nous dit St Paul, nous l’a révélé par son Esprit, car l’Esprit pénètre tout, même les profondeurs de Dieu… Personne ne connaît ce qui est en Dieu, si ce n’est l’Esprit de Dieu ». (I Cor,II, 10-12). Et ceux-là seuls reçoivent l’Esprit de Dieu qui, ayant dépouillé le vieil homme, ont été « renouvelés pour la connaissance » (Coloss.III, 10) de sorte qu’ils ne connaissent plus Dieu selon la sagesse du monde, mais dans la sagesse même de Dieu. « Où est le sage ? demande l’Apôtre, où est le docteur ? Où est le dialecticien de ce siècle ? Dieu n’a-t-il pas convaincu de folie la sagesse du monde. Car le monde avec sa sagesse n’a pas connu Dieu dans la sagesse de Dieu x. (I Cor, 20-21).
Cette connaissance de Dieu dans la sagesse de Dieu, demeurée « mystérieuse et cachée durant tous âges », (Coloss..I, 26). mais que Dieu avant tous les siècles avait destinée à notre glorification » (I Cor II, 7) c’est proprement la révélation du Père par le Fils, telle qu’elle est contenue dans le message apporté par le Christ sur la terre à tous les hommes qui, parce qu’ils sont de Dieu, entendent la parole de Dieu.
Sans doute, une première révélation avait été faite aux enfants d’Israël par l’entremise de Moïse ; mais, s’ils ont appris du prophète ce qu’est Dieu, ils n’ont pas connu ce qui est en Dieu, car, selon le témoignage de Celui qui a vu le Père, ils n’ont jamais « entendu Sa Voix, ni contemplé Sa Face ». (Jean, V, 37). Moïse avait dit à Dieu : « J’irai vers les enfants d’Israël et je leur dirai : le Dieu de vos pères m’envoie vers vous ; mais s’ils me demandent quel est son Nom, que leur répondrai-je ? Dieu dit alors à Moïse : « je suis Celui qui suis ». ( littéralement « l’Être est l’Être »). Et Dieu ajouta : « Celui qui est m’envoie vers vous » (Exode, III, 13-14) Sous cette formule ontologique, qui définit Dieu comme l’ « Identité suprême », nous retrouvons cette notion de l’Absolu que la raison nous avait fait déjà entrevoir par la seule logique de ses concepts. Mais Dieu parla encore à Moïse et lui dit : « je suis l’Éternel. je suis apparu à Abraham, à Isaac et à Jacob ,comme le Dieu tout-puissant ; mais je ne me suis pas fait connaître à eux sous mon nom de l’Éternel » ( Exode, VI, 2-3). On lit enfin dans le Décalogue : « je suis l’Éternel ton Dieu… Tu ne prendras pas le Nom de l’Éternel, ton Dieu, en vain ; car l’Éternel ne laissera pas impuni celui qui prendra son nom en vain ». (Exode XX, 2 et 7). Cette appellation de Dieu comme l’Éternel ne se distingue pas essentiellement de celle de l’Être absolu, puisque c’est le propre de l’Être absolu d’être transcendant à toute durée et ainsi de n’avoir ni commencement ni fin ; c’est aussi le propre de l’Être absolu d’être unique, puisque deux Absolus ne pourraient coexister sans contredire la notion même de l’Absolu. Tel est le sens de ce passage du Deutéronome : « Écoute Israël ! l’Éternel, notre Dieu, est le seul Éternel » (Deut, VI, 4).
Absolu, Éternel, Unique, le Dieu qui s’est manifesté à Moïse n’est pas différent de celui-là même que nous avions déjà atteint par la voie métaphysique. Mais, remarque St-Paul, si Moïse a été « fidèle dans toute la maison de Dieu », ce fut « en qualité de serviteur pour communiquer ce qui lui avait été dit »; Celui-là seul a été « fidèle comme Fils à la tête de sa propre maison » (Hébr., III, 5-61), qui « connaît le Père, parce qu’il vient de lui et qu’il a été envoyé par lui » (Jean, VII, 28-29). Écoutons son témoignage, si nous voulons posséder « les paroles de la vie éternelle » (Jean, VI, 69).
III La dialectique de la raison pure nous a appris à connaître Dieu comme 1′Être absolu, éternel, infini, unique, l’Un primordial, l’identité suprême. La révélation faite à Moïse est conforme aux déductions de la logique rationnelle en ce qui touche l’existence de cet Être qui, parce qu’il est l’Incréé, est au-delà de toute existence. Mais suffit-il de connaître l’existence de Dieu pour le connaître vraiment tel qu’il est, c’est-à-dire pour connaître non seulement ce qu’il est, mais encore ce qui est en Lui, à savoir la vie infinie et profonde de sa Personnalité ineffable ? La révélation du Christ va sur ce point découvrir à notre pensée des horizons nouveaux et nous dévoiler quelques aspects de cette vie divine, qui est comme le jaillissement ininterrompu d’une activité débordante et éternellement féconde. Mais la question est de déterminer dans quelle mesure nous serons admis à pénétrer dans ce Saint des Saints où l’on contemple face à face Celui que l’homme ne peut voir sans mourir.
« Nul ne sait qui est le fils dit Jésus, si ce n’est le Père ; ni qui est le Père si ce n’est le Fils et celui qui le Fils a voulu le révéler » (Luc, X, 22). Et qui est le Fils ? « C’est de Dieu que je suis sorti, répond Jésus, et que je suis venu ». (Jean, VIII, 42). Mais les juifs de se récrier : « Quand le Christ viendra, personne ne saura d’où il vient ; nous savons pourtant d’où il est, celui-ci ». Et Jésus de répliquer: « Vous me connaissez et vous savez d’où je suis ! je ne suis pas venu de moi-même, mais Celui qui m’a envoyé est véritable et vous ne le connaissez pas.
Moi je le connais, car je viens de Lui et c’est Lui qui m’a envoyé » (Jean, VII, 26, 29). Aux pharisiens qui l’accusent de se rendre témoignage à lui-même, de sorte que son témoignage n’est pas digne de foi, Jésus répond avec assurance : « Quoique je me rende témoignage à moi-même, mon témoignage est digne de foi, car je sais d’où je suis venu et où je vais ; mais vous ne savez ni d’où je viens ni où je vais ». (Jean, VIII, 13-15). Alors ils lui demandèrent: « Qui donc es-tu ? » Et Jésus de déclarer : « je suis le Principe, moi qui vous parle » (Jean VIII, 25). De cette déclaration, par laquelle Jésus affirme sa divinité comme Fils du Père, rapprochons cette autre : « En vérité, en vérité, je vous le dis ; avant qu’Abraham fût, je suis » (Jean, VIII, 58). N’entendez-vous pas ici un écho de la parole de l’Éternel à Moïse : « je suis celui qui suis » (Exode,III , 13) ?
En déclarant de la sorte que Dieu était son Père, Jésus ne se faisait pas seulement « égal à Dieu », il se présentait comme étant Dieu lui-même : « Comme le Père a la vie en soi, il a donné également au Fils d’avoir la vie en soi ». « Tout ce que le Père fait, le Fils le fait pareillement… De même que le Fils ressuscite les morts et les vivifie, de même aussi le Fils vivifie ceux qu’il veut… Tout ce qu’a le Père est à moi… Celui qui me voit, voit aussi le Père… Moi et le Père, nous ne sommes qu’un » (Jean, passion). Aux scribes alors d’intervenir : « Vous avez dit, Maître, en vérité qu’il n’y a qu’un seul Dieu et qu’il n’y en a pas d’autre que Lui ». (Marc, XII, 32), A cette attaque dirigée contre sa prétention à la divinité, Jésus, enseignant dans le temple, répond par une question : « Comment les scribes disent-ils que le Christ est fils de David ? Car David lui-même a dit par le St Esprit : Le Seigneur a dit à mon Seigneur: assieds-toi à ma droite jusqu’à ce que je fasse de tes ennemis l’escabeau de tes pieds ? Ainsi, David lui-même l’appelle Seigneur ; comment donc est-il son Fils ? » ( Marc, XII, 35-37) ? Le Fils de David est aussi le Fils de Dieu et Dieu lui-même ; il est l’Homme-Dieu, « Roi des rois et Seigneur des Seigneurs » (Apoc., XIX, 16). Et Jésus de rappeler les juifs à l’étude des Écritures : « Scrutez les Écritures, puisque vous pensez avoir en elles la vie éternelle ; ce sont elles aussi qui rendent témoignage de moi ». (Jean, V, 39).
Ce n’est pas tout. Jésus, qui se proclame Dieu le Fils, en union substantielle avec Dieu le Père, nous révèle l’existence d’une troisième Personne divine le St Esprit, qui est à la fois l’Esprit du Père et l’Esprit du Fils et qui, à son tour, comme le Père, rend témoignage au Fils. « Si vous m’aimez gardez mes commandements ; et moi, je prierai le Père et il vous donnera un autre Paraclet afin qu’il demeure éternellement avec vous l’Esprit de vérité… je vous ai dit ces choses pendant que je demeurais avec vous ; mais le Paraclet, l’Esprit Saint, que le Père enverra en mon nom, vous enseignera toutes choses et vous rappellera tout ce que je vous ai dit… Lorsque le Paraclet, que je vous enverrai de la part du Père, l’Esprit de Vérité qui procède du Père, sera venu, il rendra témoignage de moi… Il vous est utile que je m’en aille, car, si je ne m’en vais pas, le Paraclet ne viendra pas à vous ; mais si je m’en vais, je vous l’enverrai… Quand cet Esprit de vérité sera venu, il vous enseignera toute vérité, car il ne parlera pas de lui-même, mais il dira tout ce qu’il aura entendu et il vous annoncera l’avenir. Il me glorifiera parce qu’il recevra de ce qui est à moi et vous l’annoncera. Tout ce qu’a le Père est à moi, c’est pourquoi j’ai dit : il recevra de ce qui est à moi et il vous l’annoncera. » (Jean, XIV, 16, 26 ; XV, 26 ; XVI, 7, 13).
Ne cherchons ici aucun enseignement dogmatique, aucune doctrine théologique ; ce que le Divin Maître nous révèle, ce sont proprement des faits de l’ordre surnaturel, dont la certitude emprunte son évidence à la qualité de Celui qui parle et qui n’est, autre que la Vérité elle-même, manifestée aux hommes. Aussi, peu nous importe de rechercher si l’Esprit procède, du Père par le Fils ou, à la fois, du Père et du Fils : il nous suffit de savoir que cet Esprit est aussi bien l’Esprit du Fils que l’Esprit du Père, c’est-à-dire qu’il participe à cette Unité substantielle en vertu de laquelle, déjà, le Père et le Fils sont un. Ainsi apparaît au sein de la Substance incréée une trinité de Personnes Divines dont l’existence est d’ailleurs explicitement affirmée dans le suprême commandement de Jésus à ses Apôtres : « Allez, enseignez toutes les Nations, les baptisant au Nom du Père et du Fils et du St Esprit., » (Matth., XXVIII,14)
IV Au nom du Père, du Fils et du St Esprit ! C’est un nom qui nous est donné, et non trois noms, comme s’il s’agissait de trois entités distinctes. Dieu n’a qu’un Nom, il s’appelle Père et Fils et St Esprit. Dans l’Ancien Testament il s’était révélé comme l’Éternel ; dans le message du Christ il se manifeste comme Père, Fils et St Esprit. Mais qu’avons-nous appris de particulier et de précis sur les trois Personnes qui, sans diviser la Substance divine, la font apparaître sous trois visages différents ? Jésus ne nous dit rien à leur sujet, si ce n’est que nous possédons par elles la vie éternelle. N’est-ce pas cela seul qui importe ? La seule chose qui soit nécessaire, tout. le reste devant nous être donné par surcroît ? Sans doute, St Jean nous dira du Fils qu’il est « le Verbe » (Jean, I, et suiv.), St-Paul qu’il est « l’image du Dieu invisible, le reflet de sa Gloire, l’empreinte de sa Substance » (Coloss. I, 15 ; Hébr., I, 3). Maïs ce ne sont là au fond que des mots par lesquels nous nous imaginons soulever le voile qui nous cache le mystère de la Vie divine. St-Paul lui-même rappelle cette parole de l’Écriture : « Ce sont là des choses que l’oeil n’a point vues, que l’oreille n’a pas entendues et qui ne sont pas montées au coeur de l’homme ». (I Cor, II, 9). Dieu n’habite-t-il pas, remarque encore l’Apôtre, une « lumière inaccessible ». (I, Tim, VII, 16) ? Ce sera la béatitude des élus de connaître Dieu tel qu’il est en soi, dans sa Vérité, car ils verront alors toutes choses et Dieu lui-même dans la lumière de Dieu. Ici-bas, nous ne pouvons que l’adorer en esprit et en vérité » (Jean, IV, 24).
Adorer Dieu, en invoquant, en exaltant, en glorifiant son Nom : telle est la seule attitude qui convienne au Chrétien sur la terre en présence de son Créateur. On sait quelle place importante occupe le NOM de Dieu dans l’Écriture sainte et en particulier .dans les Psaumes : « Louez le Nom de l’Éternel ! Que le Nom de l’Éternel soit béni dès maintenant et à perpétuité ! Loué soit le Nom de l’Éternel, du soleil levant au soleil couchant » (Psaume 112, 2-3). « O Éternel ! ton Nom demeure éternellement » (Ps. 134, 13). Le Nom de Dieu est « saint et redoutable » (Ps. 110, 9), « admirable à travers toute la terre » (Ps. 8, 2) « bon » (Ps. 53, 8) « délectable » (Ps. 134, 4) « glorieux » (Ps. 28, 2) « Je célébrerai ton Nom, O Éternel » (Ps. 53, 8) « je bénirai ton Nom, éternellement » (Ps. 144, 1) « Louez le Nom du Seigneur, car le Seigneur est suave » (Ps. 99, 4). « En ton Nom, je lèverai mes mains » (Ps. 62, 5). « En ton Nom, Seigneur, sauve-moi. » (Ps. 53, 3) « Notre secours est dans le Nom du Seigneur » (Ps. 123, 8) « À cause de ton Nom, Seigneur tu pardonneras à mon iniquité » (Ps. 24 et 78).
Ce Nom du Seigneur, qui est invoqué et exalté à toutes les pages de l’Écriture, sans que l’Écriture l’ait pourtant revêtu d’une appellation propre et définitive, (1) c’est le Christ qui nous l’a révélé pour la première fois dans sa pleine signification : « Père juste, le monde ne vous a pas connu, mais moi, je vous ai connu et ceux-ci ont connu que vous m’avez envoyé. Je leur ai fait connaître votre Nom et je le leur ferai connaître, afin que l’amour dont vous m’avez aimé soit en eux et moi aussi en eux » (Jean, XVII, 25-26) « Père… j’ai manifesté votre Nom aux hommes que vous m’avez donnés du milieu du monde » (Jean, XVII, 6). Et quel est ce nom de Dieu que le Christ a manifesté au monde ? « Lorsque vous priez, dit le Maître, n’usez pas de vaines redites, comme font les païens qui pensent être exaucés en parlant beaucoup. Vous donc, priez ainsi : Notre Père qui êtes aux cieux, que votre Nom soit sanctifié. » (Luc. VI, 7, 9)..
Sans doute, Dieu, tel qu’il est en soi, porte « un Nom secret, que personne ne connaît que lui-même » (Apoc. XIX, 13) et « Roi des Rois, Seigneur des Seigneurs » (Apoc. XIX, 16), le Père a été manifesté par le Fils, de sorte que celui qui a vu le Fils a vu aussi le Père (Jean, XIV, 9) et que quiconque aime le Fils sera aimé du Père (Jean, XIV, 21).. Ne suffit-il pas, dès lors, que nous demeurions dans le Fils pour que le Père aussi demeure en nous ? « je prie, dit Jésus, pour ceux qui doivent croire en moi, afin que tous soient un, comme vous, Père, êtes en moi et moi en vous, afin qu’ils soient, eux aussi, un en nous » (Jean XVII, 20). Et, puisque ainsi personne ne vient au Père si ce n’est par le Fils (Jean, XIV, 6), que le Fils est « la Voie, la Vérité et la Vie », il nous faut garder sa parole et ses commandements, si nous voulons posséder en Lui, par le Père, dans l’Esprit-Saint, la vie éternelle.

GABRIEL HUAN.
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(1) On rencontre dans l’Écriture dix noms différents de Dieu : Elieh, Iah, Jehovah, El, Eloha, Elohim, Jevé, Sabaoth, Shadaï, Adonaï.

STE MARTHE, VIERGE

29 juillet, 2014

STE MARTHE, VIERGE  dans images sacrée saint-martha-03

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STE MARTHE, VIERGE († VERS L’AN 81)

29 juillet, 2014

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STE MARTHE, VIERGE († VERS L’AN 81)

(29-07-2013: textes du jour)

Marthe était la sœur de Marie Madeleine et de Lazare. C’est elle qui dirigeait la maison de Béthanie et s’en montrait digne par sa douceur et son amabilité envers les siens, par sa charité envers les pauvres et par l’hospitalité si dévouée qu’elle offrait au Sauveur et à ses disciples. Un jour, Marthe était absorbée par les soins domestiques, tandis que Madeleine se tenait aux pieds de Jésus. Marthe se plaignit : « Seigneur, dites donc à Marie de venir m’aider, ne voyez-vous pas qu’elle me laisse toute la charge ? » “Marthe, Marthe, lui dit le Maître, vous vous agitez trop. Une seule chose est nécessaire ; Marie a choisi la meilleure part, et elle ne lui sera point enlevée.” » C’est Marthe qui fit prévenir Jésus de la maladie, puis de la mort de son frère Lazare : « Seigneur, Lui dit-elle, dès qu’elle L’aperçut, si Vous eussiez été ici, mon frère ne serait pas mort. » Et Jésus lui donnant des paroles d’espérance : « Seigneur, ajouta-t-elle, je crois que Vous êtes le Christ, Fils du Dieu Vivant. » Une tradition raconte qu’après la mort de la Très Sainte Vierge, Marthe subit le sort de Lazare et de Madeleine : exposée par les Juifs endurcis sur une frêle barque, à la merci des flots irrités, elle est portée avec les siens vers les beaux rivages de la Provence. Là elle participe à l’apostolat de son frère Lazare, qui devint évêque de Marseille, et à la sainte vie de Madeleine. Marthe est devenue célèbre par l’enchaînement d’un dragon. Au moment où elle commençait à prêcher la foi sur les rives du Rhône, un monstre effroyable, connu sous le nom de Tarasque, jetait la terreur dans toute la contrée. Un jour que Marthe annonçait la parole divine dans la ville de Tarascon, la foule s’écria : « Si vous détruisez le dragon, nous embrasserons votre foi. » “Si vous êtes disposés à croire, répondit Marthe, tout est possible à celui qui croit.” Et seule elle s’avance vers la caverne du monstre. Pour combattre cet ennemi, Marthe se munit du signe de la Croix ; le monstre baisse la tête et tremble. Elle s’avance, l’enlace avec sa ceinture et l’amène comme un trophée de victoire aux habitants, et bientôt la Tarasque tombe écrasée sous les coups vengeurs de tout le peuple. En triomphant de ce monstre, Marthe avait triomphé du dragon infernal. Marthe s’établit dans la ville, devenue chrétienne, se fit la servante des pauvres, et fonda une communauté de vierges.
Première lettre de saint Jean 4,7-16.

Mes bien-aimés, aimons-nous les uns les autres, puisque l’amour vient de Dieu. Tous ceux qui aiment sont enfants de Dieu, et ils connaissent Dieu.
Celui qui n’aime pas ne connaît pas Dieu, car Dieu est amour.
Voici comment Dieu a manifesté son amour parmi nous : Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde pour que nous vivions par lui.
Voici à quoi se reconnaît l’amour : ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, c’est lui qui nous a aimés, et il a envoyé son Fils qui est la victime offerte pour nos péchés.
Mes bien-aimés, puisque Dieu nous a tant aimés, nous devons aussi nous aimer les uns les autres.
Dieu, personne ne l’a jamais vu. Mais si nous nous aimons les uns les autres, Dieu demeure en nous, et son amour atteint en nous sa perfection.
Nous reconnaissons que nous demeurons en lui, et lui en nous, à ce qu’il nous donne part à son Esprit.
Et nous qui avons vu, nous attestons que le Père a envoyé son Fils comme Sauveur du monde.
Celui qui proclame que Jésus est le Fils de Dieu, Dieu demeure en lui, et lui en Dieu.
Et nous, nous avons reconnu et nous avons cru que l’amour de Dieu est parmi nous. Dieu est amour : celui qui demeure dans l’amour demeure en Dieu, et Dieu en lui.

Psaume 106(105),19-20.21-22.23.

À l’Horeb ils fabriquent un veau,
ils adorent un objet en métal :
ils échangeaient ce qui était leur gloire
pour l’image d’un taureau, d’un ruminant.

Ils oublient le Dieu qui les sauvait,
qui avait fait des prodiges en Égypte,
des miracles au pays de Cham,
des actions terrifiantes sur la mer Rouge.

Dieu a décidé de les détruire.
C’est alors que Moïse, son élu,
surgit sur la brèche, devant lui,
pour empêcher que sa fureur les extermine.

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean 11,19-27.
Beaucoup de Juifs étaient venus manifester leur sympathie à Marthe et à Marie, dans leur deuil.
Lorsque Marthe apprit l’arrivée de Jésus, elle partit à sa rencontre, tandis que Marie restait à la maison.
Marthe dit à Jésus : « Seigneur, si tu avais été là, mon frère ne serait pas mort.
Mais je sais que, maintenant encore, Dieu t’accordera tout ce que tu lui demanderas. »
Jésus lui dit : « Ton frère ressuscitera. »
Marthe reprit : « Je sais qu’il ressuscitera au dernier jour, à la résurrection. »
Jésus lui dit : « Moi, je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra ;
et tout homme qui vit et qui croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela ? »
Elle répondit : « Oui, Seigneur, tu es le Messie, je le crois ; tu es le Fils de Dieu, celui qui vient dans le monde. »

Commentaire du jour :
Saint Augustin (354-430), évêque d’Hippone (Afrique du Nord) et docteur de l’Église
Sermon 103, 1.5 ; PL 38, 613 (trad. cf bréviaire 29/07)

« Une femme appelée Marthe reçut Jésus dans sa maison »

« Tout ce que vous avez fait pour l’un de ces petits qui sont à moi, c’est à moi que vous l’avez fait » (Mt 25,40)… Voilà pour toi, Marthe, une parole apaisante. Tu es bénie dans ton service, et tu auras comme récompense le repos que tu désires. Maintenant tu es occupée par mille soins : tu donnes la nourriture nécessaire à la vie mortelle des hommes, même s’il s’agit des saints. Mais lorsque tu seras parvenue dans la patrie qui est au bout de notre route, trouveras-tu des étrangers à recevoir, des affamés à qui donner à manger, des assoiffés à qui donner à boire, des malades à visiter, des querelleurs à réconcilier, des morts à ensevelir ? Il n’y aura plus rien de tout cela.
Qu’est-ce que nous y trouverons ? Là-haut tu trouveras ce que Marie a choisi, car là-haut nous serons nourris sans devoir donner à manger. Là-haut s’accomplira parfaitement ce que Marie a choisi ici-bas quand elle ne ramassait que les miettes qui tombaient de l’abondance de la table du Verbe de Dieu. Veux-tu savoir ce qu’il y aura là-haut ? Le Seigneur le dit quand il parle de ses serviteurs : « En vérité, je vous le dis : le maître les fera s’asseoir à table, et passant de l’un à l’autre, il les servira » (Lc 12,37).

SAINT CÉSAIRE D’ARLES- MEDITATION

29 juillet, 2014

http://lectiodivina.webcatho.fr/meditation-et-prieres/textes-de-meditation/#jeanchry

SAINT CÉSAIRE D’ARLES- MEDITATION

 » Les saintes Ecritures nous ont été transmises pour ainsi dire comme des lettres venues de notre patrie. Notre patrie, en effet, c’est le paradis ; nos parents, ce sont les patriarches, les prophètes, les apôtres et les martyrs ; nos concitoyens, les anges ; notre roi, le Christ. Quand Adam a péché, nous avons alors été pour ainsi dire jetés, en lui, dans l’exil de ce monde ; mais parce que notre roi est pieux et miséricordieux plus qu’on ne peut le penser ou le dire, il a daigné nous envoyer, par l’intermédiaire des patriarches et des prophètes, les saintes Ecritures, comme des lettres d’invitation, par lesquelles il nous invitait dans notre éternelle et première patrie.
Et comme, dans un esprit de rébellion, la faiblesse humaine dédaignait ses écrits, il a daigné descendre en personne pour nous libérer tout à la fois de la tyrannie et de l’orgueil du diable… et il nous a invités, dans sa clémence et sa miséricorde à régner avec lui.
Dans ces conditions, frères très chers, quelle idée se font d’eux-mêmes les serviteurs qui ont ainsi la présomption de mépriser les préceptes de leur Seigneur au point de ne même pas daigner relire les propres lettres d’invitation par lesquelles il les invite à la béatitude de son royaume ? …
Les cultivateurs s’efforcent de semer différentes sortes de semences afin de pouvoir se préparer une nourriture suffisante pour eux-mêmes et pour les leurs. Combien plus, lorsqu’il s’agit de bénéfices spirituels, ne devez-vous pas vous contenter d’entendre lire la Parole de Dieu à l’église : vous devez prolonger la lecture sacrée dans vos maisons, au cours de vos repas, et, quand les jours sont courts, y consacrer encore quelques heures de nuit. C’est ainsi que vous amasserez un froment spirituel dans le grenier de votre cœur et rangerez dans le trésor de vos âmes les perles précieuses des Écritures.
Je vous prie, frères bien-aimés, de vous appliquer à consacrer à la lecture des textes sacrés autant d’heures que vous le pourrez. Et puisque les lectures… dont nous avons voulu nous munir dans cette vie sont la nourriture de l’âme pour l’éternité, que personne ne cherche d’excuse en disant qu’il n’a pas du tout appris à lire ; car ceux qui ne savent pas lire, s’ils aiment vraiment Dieu, essaient de trouver des gens instruits capables de leur lire les saintes Ecritures…
Et comme il arrive souvent qu’un homme instruit manque de nourriture et de vêtement et qu’un autre qui ne sait pas lire possède une plus grande fortune, que celui qui ne sait pas lire et regorge de biens terrestres s’adjoigne ce pauvre instruit et qu’ils se donnent l’un à l’autre ce dont chacun a besoin ; que l’un nourrisse l’autre de la douceur de Dieu en lisant sa Parole, que l’autre fournisse au premier sa subsistance terrestre et ne le laisse pas souffrir dans le besoin; que celui qui est instruit rassasie l’âme du riche ; que le riche réchauffe de vêtements le corps débile du pauvre et le restaure de nourriture terrestre. Si cela est fait avec charité, ce mot de l’Ecriture s’accomplira en eux : « Le riche et le pauvre sont allés au devant l’un de l’autre; le Seigneur les a créés tous deux » (Prov 22, 2)…
Quand nous poussons les gens à s’appliquer à la lecture, il y en a qui cherchent à s’excuser en disant que, soit à cause de leurs obligations militaires, soit à cause de l’administration de leur maison, ils ne peuvent avoir le loisir de s’adonner à la lecture des textes sacrés. Mais… quand les jours sont courts, ceux qui ne prolongent pas jusqu’au milieu de la nuit leurs dîners somptueux et raffinés en s’enivrant, peuvent lire suffisamment dès le chant des coqs…. En effet, alors que le genre humain tout entier a en lui un homme intérieur et un homme extérieur, l’homme intérieur fait à l’image de Dieu, l’homme extérieur fait du limon de la terre, est-il juste que l’homme extérieur, fait de terre, se soutienne de quantité de mets raffinés et très souvent se rassasie même deux fois par jour, tandis que l’homme intérieur, fait à l’image de Dieu, n’est pas soutenu par la nourriture de la parole de Dieu dont l’âme se nourrit, parfois pendant plusieurs jours ou, ce qui est pire, même pendant des mois ?
D’où il est à craindre que si quelqu’un par négligence ou ignorance en vient à accueillir avec dégoût la lecture des textes sacrés, e’est peut-être que son âme a été tellement affaiblie par la faim de la parole de Dieu que non seulement elle ne veut plus mais ne peut plus prendre sa nourriture… « 
Monition sur la méditation de la Parole de Dieu (Sermons 6 à 8) – Cf. Sources Chrétiennes, 175. Cerf

Angels Serving in the Divine Liturgy, detail

28 juillet, 2014

Angels Serving in the Divine Liturgy, detail  dans images sacrée DIVINE_LITURGY_DETAIL_03-web

http://www.byzarticon.gr/en/iconography-gallery-byzantine-art/wall-icon-toixaografies.html?start=45

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