Archive pour la catégorie 'Pape Jean XXIII'

LES ANGES GARDIENS SELON JEAN XXIII

2 octobre, 2015

http://www.croire.com/Definitions/Mots-de-la-foi/Anges/Les-anges-gardiens-selon-Jean-XXIII

LES ANGES GARDIENS SELON JEAN XXIII

Voici quelques paroles du pape Jean XXIII qui portait une attention particulière aux anges gardiens.

[...] Sur la foi de tout ce qu’enseigne le Catéchisme romain, nous allons rappeler combien est admirable la disposition de la divine providence qui a confié aux anges l’office de veiller à ce que le genre humain et chaque être humain ne soit pas victime de graves périls. De même en effet que, en cette existence terrestre, les parents, quand leurs enfants doivent entreprendre un voyage hérissé d’obstacles et d’embûches, se préoccupent d’appeler auprès d’eux quelqu’un qui puisse prendre soin d’eux et les aider dans l’adversité, ainsi le Père des cieux, pour chacun de nous, durant notre voyage vers la patrie céleste, a chargé les saints anges de nous aider et de nous protéger avec sollicitude afin que nous puissions éviter les embûches, surmonter les passions, et, sous leur conduite, ne jamais abandonner la voie droite et sûre qui conduit au paradis.
[...] Que la dévotion aux saints anges nous accompagne donc toujours ! Durant notre pèlerinage terrestre, combien de risques n’avons-nous pas à affronter soit de la part des éléments de la nature en révolution soit de la colère des hommes enfoncés dans le mal ! Eh bien, notre Ange gardien est toujours présent. Ne l’oublions jamais, invoquons-le toujours.
A l’occasion de la fête des saints anges gardiens le 2 octobre 1960, Discorsi, T. 2, 762.

Notre désir est que l’on augmente la dévotion envers l’Ange gardien. Chacun a le sien et chacun peut converser avec les anges et ses semblables.
9 août 1961, Osservatore romano, édition française hebdomadaire, n° 33

Il faut que soit toujours rappelée et encouragée la prière quotidienne, voire en toute circonstance de la journée, à son Ange gardien, de telle sorte que chacun puisse non seulement être protégé contre les périls de l’âme, mais aussi être défendu contre les accidents qui, malheureusement, se succèdent si fréquemment sur les routes, en mer et dans l’air.
10 septembre 1961, Osservatore romano, édition française hebdomadaire, n° 38

Notre foi nous enseigne qu’aucun de nous n’est seul. Dès que l’âme est crée par Dieu pour un nouvel être humain, spécialement lorsque la grâce des sacrements l’enveloppe de son ineffable lumière, un ange faisant partie des saintes phalanges des esprits célestes est appelé pour rester à ses côtés pendant tout son pèlerinage terrestre. Il est beau d’évoquer cette réalité en présence de la Madone des anges, en cette basilique dédiée à sainte Marie des anges, et il n’est pas indifférent que la première note de nos journées, de nos actions soit le salut à Notre-Dame : « Angelus Domini nuntiavit Mariae ». [...] Au cours d’une conversation que j’eus avec l’insigne pontife Pie XI, je l’entendis exposer un très beau secret, confirmant que la protection de l’Ange gardien donne toujours de la joie, qu’elle arrange toutes les difficultés, qu’elle réduit les obstacles. Lorsqu’il m’arrive – me confiait Pie XI – de devoir parler avec quelqu’un que je sais réfractaire au raisonnement et où il est nécessaire de faire appel à une certaine forme de persuasion, je recommande alors à mon Ange gardien de mettre au courant de tout l’Ange gardien de la personne que je dois rencontrer. De la sorte, l’entente une fois réalisée entre les deux esprits supérieurs, le colloque se déroule dans les meilleures conditions et se trouve facilité.
Discours à la Basilique de Sainte-Marie-des-Anges, Rome, 9 septembre 1962, Osservatore romano, édition française hebdomadaire, n° 38

L’ange gardien est un bon conseiller ; il intercède auprès de Dieu en notre faveur ; il nous aide dans nos besoins ; il nous préserve des dangers et des accidents. Le Pape aimerait que les fidèles sentent toute la grandeur de cette assistance des anges.

Discours du 24 octobre 1962, Discorsi, messaggi, colloqui del Santo Padre Giovanni XXIII, vol. IV.

FÊTE DE SAINT PIERRE ET DE SAINT PAUL – SAINT AUGUSTIN

29 juin, 2015

http://www.abbaye-saint-benoit.ch/saints/augustin/sermons/sermons2/solpan/299.htm

SAINT AUGUSTIN

SERMON CCXCIX. FÊTE DE SAINT PIERRE ET DE SAINT PAUL. II. TRIOMPHE DE LA GRACE.   486  

ANALYSE. —

C’est la grâce de Dieu qui permet à saint Paul d’envisager avec joie sa mort prochaine ; c’est à la grâce de Dieu qu’il est redevable aussi de la couronne qui l’attend : que serait-il devenu si Dieu l’eût traité d’abord comme il le méritait? Ce qui prouve aussi que le martyre de Pierre fut l’effet de la grâce ou de l’amour répandu en lui par l’Esprit-Saint, c’est que laissé à lui-même il avait d’abord renié son Maître. — Voulez-vous voir avec plus d’éclat encore la puissance de la grâce dans la mort de ces deux Apôtres? Considérez et rappelez-vous, d’après l’Écriture, que comme tous les autres hommes ils avaient pour la mort une horreur naturelle dont ils ont triomphé généreusement. Car la mort de l’homme n’est pas l’oeuvre de la nature, mais le châtiment du péché. En vain, pour le contester, les Pélagiens objectent qu’Hénoch et Elie ne sont point morts. On pourrait leur répondre qu’ils mourront. Mais en admettant qu’ils doivent être toujours exempts du trépas, on peut dire que cette exemption vient de ce qu’il n’y a plus en eux rien de ce qui produit la mort, aucun vestige du péché. Les Pélagiens, qui attribuent la mort à la nature, pourraient-ils dire semblablement qu’il n’y a plus rien en eux de la nature humaine? Défiez-vous des Pélagiens.   1. Quand il s’agit de prêcher des prédicateurs, et des prédicateurs tels que ceux dont nous avons entendu chanter et dont nous-mêmes avons chanté que « leur voix s’est répandue par toute la terre, et leurs paroles jusqu’aux extrémités de l’univers (1) » ; nous sommes évidemment au-dessous de notre tâche. Nous devons faire preuve de bonne volonté; mais nous ne sommes point au niveau de votre attente. Aujourd’hui, en effet, vous comptez que nous allons prêcher les Apôtres Pierre et Paul, dont nous célébrons-la fête. Je vois ce que vous désirez; mais en le voyant je m’affaisse; car je sais à la fois et ce que vous attendez, et de qui vous l’attendez. Néanmoins, comme le Dieu de ces Apôtres consent à être loué par nous tous, que ses serviteurs ne dédaignent pas non plus d’être loués par les vôtres. 2. Vous tous qui connaissez les saintes Écritures, vous savez que parmi les disciples que se choisit le Seigneur lorsqu’il se montrait corporellement dans ce monde, Pierre fut élu le premier des Apôtres; tandis que saint Paul ne fut choisi ni parmi eux, ni en même temps qu’eux , mais bien plus tard, sans toutefois cesser d’être leur égal. Ainsi Pierre est le premier des Apôtres, et Paul le dernier; mais Dieu, dont ils sont l’un et l’autre les serviteurs, les hérauts, les prédicateurs, est à la fois le premier et le dernier. Parmi les apôtres, Pierre   1. Ps. XVIII, 5.   est le premier, Paul est le dernier. Si Dieu est en- même temps le premier et le dernier, c’est qu’il n’y a rien ni avant, ni après lui. Ce Dieu donc qui est par son éternité le premier et le dernier , a voulu unir dans le martyre le premier et le dernier des Apôtres. Leur martyre se célèbre dans une même solennité, et leur vie s’harmonise dans une même charité. « Leur voix s’est répandue par toute la terre, et leurs paroles ont retenti jusqu’aux extrémités de l’univers». Où ont-ils été élus? où ont-ils prêché? où sont-ils morts? Nous le savons tous. Mais comment sommes-nous parvenus à les connaître eux-mêmes, sinon parce que « leur voix s’est répandue par toute la terre? » 3. Nous avons entendu saint Paul, pendant qu’on lisait son Epître, parler ainsi de sa mort déjà toute prochaine, tout imminente: « Car déjà on m’immole, et le temps de ma dissolution est proche. J’ai combattu le bon combat, j’ai achevé ma course, j’ai gardé ma foi ; il ne me reste plus que la couronne de justice, que le Seigneur, en juste Juge, me rendra ce jour-là; et non-seulement à moi, poursuit-il, mais encore à tous ceux qui tiennent à ce qu’il se manifeste (1) ». Parlons un peu de cela ; nous serons aidés par les paroles mêmes qui se sont répandues jusqu’aux extrémités de l’univers.   1. II Tim. IV, 6-8.   487   Considérez d’abord la sainte dévotion de l’Apôtre. Il dit qu’on l’immole, et non qu’il meurt. Ce n’est pas qu’on ne meure point quand on est immolé, c’est que la mort n’est pas toujours une immolation. Etre immolé, c’est donc mourir pour Dieu ; et ce mot rappelle le sacrifice, car sacrifier, c’est mettre à mort en l’honneur de Dieu. Ah ! l’Apôtre savait en l’honneur de qui il devait verser son sang en souffrant le martyre : racheté par le sang répandu de son Seigneur, ne lui devait-il pas son propre sang? Lorsque seul il a versé son sang pour tous, le Sauveur, en effet, ne nous a-t-il pas engagés tous? En recevant de lui cette croyance, ne lui sommes-nous point redevables, de ce qu’il nous donne? N’est-ce pas à sa bonté encore que nous sommes redevables et de lui devoir et de lui rendre ? Avec tant d’indigence, de pauvreté et de faiblesse, qui de nous pourrait s’acquitter envers un tel Créancier? Mais il est écrit : « Le Seigneur adonnera sa parole aux hérauts de sa gloire, afin qu’ils l’annoncent avec une grande force (1) » : sa parole, pour les faire connaître ; sa force, pour leur aider à souffrir. C’est donc lui qui s’est préparé des victimes, lui qui s’est consacré des sacrifices, lui qui a rempli de son Esprit les martyrs, lui encore qui a pénétré de sa force les confesseurs. Aussi leur disait-il : « Ce n’est pas vous qui parlez (2) » . C’est donc avec raison qu’à la veille de souffrir le martyre et de répandre son sang pour la foi du Christ, on peut dire: « Que rendrai-je au Seigneur pour tous les biens qu’il m’a faits? » Quelle idée se présente alors ? « Je recevrai le calice du salut et j’invoquerai le ô nom du Seigneur (3) ». Comment! tu songeais à rendre, tu cherchais ce que tu pourrais rendre, et quand tu veux rendre, tu t’écries: « Je recevrai le calice du salut et j’invoquerai le nom du Seigneur?» Sûrement, ne voulais-tu pas rendre ? Et voilà que tu reçois ! Ah ! c’est qu’après avoir reçu ce qui t’oblige , tu reçois maintenant de quoi t’acquitter; toujours redevable, soit. quand tu reçois, soit quand tu rends. « Que rendrai-je ? » dis-tu. « Je recevrai le calice du salut ». Tu le reçois donc aussi ce calice du martyre, ce calice dont le Seigneur a dit: « Pouvez-vous boire le calice a que je vais boire (4)? » Mais tu tiens déjà ce calice à la main ; voici arrivé le moment de ta   1. Ps. LXVII, 12. — 2. Matt. X, 20. — 3. Ps. CXV, 12, 13. — 4. Matt. II, 22.   mort: que vas-tu faire pour ne pas trembler, pour ne chanceler pas, pour n’être pas dans l’impossibilité de boire le breuvage que déjà tu portes à tes lèvres ? — Que vais-je faire ? Je recevrai encore cette grâce, ce sera une nouvelle obligation contractée, car « j’invoquerai le nom du Seigneur ». « Déjà on m’immole » , dit saint Paul. Il en avait été assuré par révélation, attendu que sa fragilité humaine n’aurait pas osé se le promettre. Sa confiance ne vient donc pas de lui-même, mais de Celui qui lui a tout donné et qu’il avait en vue quand il disait un peu plus haut : « Eh ! qu’as-tu que tu ne l’aies reçu (1) ? — Déjà donc on m’immole, et le moment de ma dissolution approche. J’ai combattu le bon combat». Interroge sa conscience, elle n’est point gênée, car c’est dans le Seigneur qu’elle se glorifie. « J’ai combattu le bon combat, j’ai achevé ma course, j’ai gardé la foi ». Dès que tu as gardé la foi , c’est avec raison que tu as achevé ta course. « Il ne me reste plus que la couronne de justice que le Seigneur, en juste Juge, me rendra ce jour-là ». 4. Il craint toutefois de paraître faire exception en sa faveur, en se glorifiant outre mesure, et de présenter le Seigneur comme ne faisant qu’à lui cette grâce. Aussi ajoute-t-il : « Non-seulement à moi , mais à tous ceux qui aiment qu’il se manifeste ». Il ne pouvait indiquer ni plus clairement ni plus brièvement ce que doivent faire les humains pour mériter cette couronne de justice. Nous ne saurions nous attendre tous à répandre notre sang ; les martyrs sont rares, et nombreux sont les fidèles. Tu ne saurais être immolé comme Paul ? Tu peux garder la foi, et en gardant la foi, tu aimes que Dieu se manifeste. Mais tu n’aimes pas qu’il se manifeste, si tu crains son avènement. Le Christ Notre-Seigneur est aujourd’hui caché; quand viendra son heure, il se manifestera pour juger avec justice, lui qui a été jugé et condamné injustement. Il doit venir; comment viendra-t-il ? avec l’appareil d’un juge : car il ne viendra plus pour être jugé, mais,.nous le savons, nous le croyons, pour juger les vivants et les morts. Je m’adresse donc à quelqu’un d’entre vous qui pour m’entendre tenez les yeux fixés sur moi; je m’adresse à lui : Qu’il réponde, non   1. I Cor. IV, 7.   488   pas à moi, mais à lui-même. Veux-tu; lui dis-je, que vienne ce Juge ? — Je le veux. — Fais attention à tes paroles; si lu dis vrai, si tu veux réellement qu’il vienne, examine en quel état il le trouvera. Il doit venir en juge ; après s’être humilié pour toi, il va déployer sa puissance. Il. ne viendra plus pour se revêtir d’un corps, pour sortir du sein maternel, pour se nourrir de lait, être enveloppé de langes et déposé dans une crèche; enfin ni pour devenir le jouet des hommes, une fois parvenu à la jeunesse, être saisi, flagellé, pendu, et garder le silence en face de ses juges. Si tu désires son avènement, n’est-ce point parce que tu espères le voir venir encore avec la même humilité ? Il s’est tu quand il a dû être jugé; il ne se taira point quand il jugera. Il s’est caché d’abord jusqu’à n’être pas reconnu ; « car s’ils l’avaient connu, jamais ils n’auraient crucifié le Seigneur de la gloire (1) ». Mais s’il s’est caché dans sa puissance, s’il s’est tu en face de la puissance d’autrui , l’avènement que nous attendons viendra faire contraste avec cette obscurité et ce silence. Car « Dieu viendra avec éclat ». D’abord il est venu caché; il viendra ensuite à découvert. Voilà bien qui fait contraste avec son obscurité première. Voici maintenant qui fait opposition avec son silence. « Notre Dieu viendra et il ne se taira point ». Il s’est tu quand il était caché, puisqu’ « il a été conduit comme une brebis à l’immolation ». Il s’est tu quand il était caché, puisque, « semblable à l’agneau muet devant celui qui le tond, il n’a pas ouvert la bouche ». Il s’est tu quand il était caché, puisque « son jugement a été emporté au milieu de ses humiliations (2) ». Il s’est tu quand il était caché , puisqu’il n’a passé que pour un homme; « mais Dieu viendra avec éclat; c’est notre Dieu, et il ne gardera pas le silence ». Que penses-tu maintenant, toi qui disais : Je demande qu’il vienne, je veux, je veux qu’il vienne? Ne crains-tu pas encore ? « Le feu marchera devant lui (3) ». Si tu ne crains pas le Juge, le feu ne t’effraiera-t-il point 5. Mais si tu gardes la foi, si tu aimes réellement que le Seigneur se manifeste, tu dois attendre en paix la couronne de justice, puisque pour ceux qui sont ainsi disposés elle n’est pas un don, mais une dette. Aussi l’apôtre saint Paul lui-même la réclame-t-il comme lui   1. I Cor. II, 8. — 2. Isaïe, LIII, 7, 8. — 3. Ps. XLIX, 3.   étant due. « En juste Juge, dit-il, le Seigneur me la rendra ce jour-là ». Il me la rendra, parce qu’il est juste et que sa promesse a fait de, lui mon débiteur. Il a commandé, j’ai écouté; il a prêché, j’ai cru, «J’ai combattu le bon combat, j’ai achevé ma course, j’ai gardé la foi ». Ce sont là des dons que Dieu m’a faits, et à ces dons il doit ajouter la couronne qu’il m’a promise. Si, en effet, tu te laisses immoler, si tu combats le bon combat, si tu gardes la foi, c’est à lui que tu en es redevable. « Qu’as-tu que tu ne l’aies reçu ? » Mais, je le répète, il doit à ces dons ajouter d’autres dons. Avant de faire ces premiers dons, quelle couronne devait-il? 6. Vois l’Apôtre lui-même. « Une vérité pleine d’humanité et digne de toute confiance, c’est que le Christ Jésus est venu dans ce monde pour sauver les pécheurs, dont je suis le premier (1). — Le Christ Jésus», dit-il; en d’autres termes, le Christ Sauveur, car Jésus signifie Sauveur, Salvalor. Que les grammairiens n’examinent pas jusqu’à quel point le mot Salvalor est latin ; que les chrétiens considèrent plutôt combien il est exact. Salvus est une expression latine ; salvare et Salvator n’étaient pas latins avant l’avènement du Sauveur; mais en établissant son règne parmi les Latins, il y a rendu latins ces mots. Ainsi donc « le Christ Jésus», le Christ Sauveur, « est venu dans ce monde ». Demandons-nous pourquoi? « Pour sauver les pécheurs », ajoute l’Apôtre. Voilà pour quel motif est venu le Sauveur. Aussi telle est l’interprétation et comme l’explication que nous lisons dans l’Évangile : « On lui donnera le nom de Jésus; car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés (2) ». Ainsi donc, une vérité digne de toute confiance, digne de foi, « c’est que le Christ Jésus est venu dans ce monde pour  sauver les pécheurs, dont je suis le premier». Non en ce sens qu’il ait péché le premier, mais en ce sens qu’il a péché plus que les autres pécheurs. C’est ainsi qu’en parlant des professions libérales, nous disons d’un médecin qu’il est le premier, quand, si inférieur qu’il soit par l’âge, il l’emporte dans son art; c’est dans ce sens encore que nous disons : premier charpentier, premier architecte. Voilà donc   1. Depuis ces mots : « J’ai combattu le bon combat, etc. » jusqu’à ces derniers : « Dont je suisse premier », moitié des lignes du texte de saint Augustin a été enlevé dans les manuscrits. Bossuet a supposé les mots qui manquent, et nous donnons la traduction du texte rétabli par lui. — 2. Matt. I, 21.   489   comment l’Apôtre se dit le premier des pécheurs; nul, en effet, n’a persécuté l’Église avec plus de violence. Si maintenant tu examines ce qui était dû à ces pécheurs qu’est venu sauver Jésus, tu reconnaîtras qu’ils ne méritaient que le supplice. Ainsi donc, que méritaient-ils? Le supplice. Et qu’ont-ils reçu? Le salut. Pour eux le salut a remplacé le supplice. On leur devait le supplice, on leur a accordé le salut; on leur devait le châtiment, on leur a donné la couronne. A ce Paul, qui d’abord était Saul; à ce premier des pécheurs qui surpassait les autres en cruauté, on ne devait que des supplices et d’affreux supplices; et pourtant on lui crie du ciel : « Saul, Saul, pourquoi me persécuter?» Il est forcé d’épargner, afin de pouvoir être épargné lui-même. C’est le loup qui se transforme en brebis. Ce n’est pas dire assez; il faut ajouter : Qui se transforme en pasteur. La voix du ciel lui donne la mort et lui rend la vie ; elle le frappe et le guérit; elle abat le persécuteur et relève le prédicateur. Qu’y a-t-il dans cette grâce autre chose que la grâce? Quel mérite l’a précédée ? « Jésus est venu dans ce monde pour sauver les pécheurs, dont je suis le premier. Mais si j’ai obtenu miséricorde». L’Apôtre aurait-il pu dire alors : «Le Seigneur, en juste Juge, me rendra la couronne ce jour-là? » Si le juste Juge rend ce jour-là au premier des pécheurs ce qui lui est dû, que lui rendra-t-il sinon les supplices affreux et l’éternel châtiment dus au premier pécheur? On les lui devait d’abord; on ne les lui a pas infligés. «Si j’ai obtenu miséricorde», si je n’ai pas reçu ce que je méritais; si, tout premier pécheur que j’étais, j’ai obtenu miséricorde, c’était afin que le Christ Jésus montrât en moi toute osa patience et que je servisse d’exemple à ceux qui croiront en lui pour la vie éternelle (1)». Que veut dire, afin que je servisse d’exemple? Afin que si coupable, si plongé qu’on. soit dans le crime, on ne désespère pas d’obtenir le pardon accordé à Saul. Jésus est un habile, un grand Médecin; il arrive dans une contrée où il n’y a que des malades, et pour accréditer sa science il choisit, afin de le guérir, le malade le plus désespéré. Or c’est ce malade qui dit aujourd’hui : « Déjà on m’immole et le moment de ma dissolution approche. J’ai   1. I Tim. I, 15, 16.   combattu le bon combat, j’ai achevé ma course, j’ai gardé la foi ». Comment? C’était toi qui courais en aveugle, qui traînais les Chrétiens à la mort, qui, pour lapider en quelque sorte Étienne par la main de tous ses bourreaux, veillais à la garde clés vêtements de tous? C’est bien toi? — C’était bien moi; alors; mais aujourd’hui ce n’est plus moi.Comment était-ce toi et n’est-ce plus toi? — Parce que j’ai obtenu miséricorde. — Ainsi, Paul, tu as reçu ce qui ne t’était pas dît. Mais aujourd’hui, dis-nous, dis-nous tranquillement ce qui t’est dû. « Il ne me reste plus que la couronne de justice; et le Seigneur, en juste Juge, me la rendra ce jour-là». Avec quelle confiance il réclame cette dette, lui à qui il a été fait grâce du dernier supplice ! Dis maintenant à ton Seigneur, dis-lui tranquillement, dis-lui avec certitude, avec la confiance la plus entière: J’étais autrefois livré à ma méchanceté ; j’ai fait usage, sans y avoir droit, de votre miséricorde : ah ! couronnez vos dons, vous y êtes obligé. Assez sur saint Paul; occupons-nous de saint Pierre; et sans prétendre parler de lui dignement, rendons-lui les devoirs que nous lui rendons chaque année. Nous viendrons ainsi du dernier au premier des Apôtres, puisque nous aussi, dans notre conduite, nous cherchons à nous élever de ce qu’il y a de plus bas à ce qu’il y a de plus haut. 7. Nous avons remarqué, dans l’Évangile qu’on vient de lire, que le Seigneur Jésus en personne prédit ainsi à saint Pierre, le premier des Apôtres, le martyre qu’il devait endurer : « Quand tu étais jeune, tu te ceignais, et tu allais où tu voulais. Une fois avancé en âge, tu étendras les mains, et un autre te ceindra et te portera où tu ne voudras pas ». L’Évangéliste explique ensuite le sens de ces paroles. «Or en parlant ainsi, dit-il, le Seigneur désignait par quel genre de mort Pierre devait glorifier Dieu (1) ». Le Seigneur Jésus lui prédit donc son martyre et son crucifiement, mais quand, loin de le renier encore, il était épris d’amour pour lui. Habile Médecin, le Sauveur distingua clairement le changement survenu dans son malade. Celui-ci l’avait renié quand il souffrait encore; une fois guéri, il l’aimait. Il avait commencé par montrer à Pierre ce   1. Jean, XXI, 18, 19.   490   qu’était Pierre, lorsqu’animé d’une téméraire confiance cet Apôtre avait promis de mourir pour le Christ, au lieu que c’était le Christ qui était venu mourir pour lui. « Pour moi tu donneras ta vie, lui dit-il? En vérité je te le déclare, avant que le coq ait chanté, tu me renieras trois fois (1) ». Je te guérirai ensuite ; mais il faut que d’abord tu te reconnaisses malade. C’est ainsi qu’en lui annonçant ce triste reniement, le Seigneur montra à Pierre ce qu’était Pierre. Mais aussi, en lui parlant de son amour, le Seigneur montra à Pierre ce qu’était le Christ. « M’aimes-tu, lui demanda-t-il ? — Je vous aime. — Pais mes brebis (2) ». Ceci fut dit une, deux et trois fois. Cette triple protestation d’amour était la condamnation du triple reniement inspiré par la crainte. Or, comme Pierre aimait le Sauveur, le Sauveur lui parlait de son futur martyre. N’est-ce pas aimer en effet que d’affronter les supplices par amour pour le Christ? 8. Cependant, mes frères, qui ne serait étonné de ces autres paroles : « Un autre te ceindra et te portera où tu ne voudras point?» Ce fut donc malgré lui que Pierre reçut cette faveur immense du martyre? Voici Paul : « Déjà l’on m’immole, et le moment de ma dissolution approche». Ne semble-t-il pas, en parlant ainsi, courir avec allégresse au martyre? A Pierre il est dit au contraire : « Un autre te ceindra et te portera où tu ne voudras point». Paul veut donc, et Pierre ne veut pas? Il y a plus, si nous comprenons ce qu’il en est, c’est que Pierre veut comme Paul, et que Paul n’a pas plus de volonté que Pierre. Pour expliquer cette pensée dans la mesure de mes forces, j’ai besoin ici d’une attention particulière de votre part. On peut souffrir la mort, on ne saurait l’aimer. Si on peut l’aimer, qu’ont fait d’étonnant ceux qui l’ont endurée pour la foi ? Les appellerions-nous de grands hommes, des hommes de, courage, si nous les voyions seulement se livrer aux délices des banquets? Exalterions-nous leur force de caractère ou leur patience, si nous les voyions se plonger dans les voluptés? Pourquoi? Est-ce qu’en vérité, pour ne rien faire de douloureux ni de pénible, pour s’abandonner à la joie, aux plaisirs et aux délices, ils mériteraient le titre de grands hommes, d’hommes courageux et   1. Jean, XIII, 38. — 2. Ib. XXI, 15-17.   patients? Ah ! ce n’est point pour de semblables motifs que nous louons les martyrs. Ils sont, eux, de grands hommes, des hommes courageux et patients. Veux-tu savoir que leur tâche n’est pas d’aimer la mort, mais de la souffrir? C’est qu’en latin nous désignons leur martyre par le mot qui exprime essentiellement la souffrance, passio. Ainsi donc, non seulement les hommes, mais tous les animaux absolument ont horreur et peur de la mort; et ce qui fait la grandeur des martyrs, c’est qu’en vue du royaume des cieux ils ont bravé généreusement ce qu’il y a de plus horrible à la nature, c’est qu’en vue des divines promesses ils ont enduré d’incroyables afflictions. Voyez le Seigneur : « Nul n’a un amour plus grand que celui qui donne sa vie pour ses amis (1)». S’il n’en coûte rien de donner sa vie, que fait la charité de si merveilleux? Son mérite est-il d’aimer pour moi les délices? Non, mais d’endurer pour moi la mort. «A cause des paroles sorties de vos lèvres », c’est le chant des martyrs ; « à cause des paroles sorties de vos lèvres », c’est-à-dire à cause de vos avertissements et de vos promesses, «j’ai marché par de dures voies (2)». Ainsi donc la nature même et l’entraînement de l’habitude font éviter la mort; et c’est en s’attachant à ce qu’on voit au-delà de la mort que pour obtenir ce qu’on veut on entreprend ce qu’on ne veut pas. Voilà ce qui explique ces mots : .« Te portera où tu ne voudras pas ». C’est ici le cri de la nature et non celui de la dévotion. Le Seigneur a personnifié en lui-même cette fragile nature humaine, lorsqu’aux approches de sa passion il disait à son Père : « Mon Père, s’il est possible, « que ce calice s’éloigne de moi (3) ». Et ces mots : « Déjà on m’immole », sont plutôt le cri de la patience qu’un chant de délices. Aussi la mort est un châtiment qui nous a été comme inoculé ; nous qui formons les rameaux épars du genre humain, nous la tirons de la racine même de l’arbre. Adam le premier se l’est attirée en péchant. « C’est par la femme, dit l’Ecriture, qu’a commencé le péché, et par elle nous mourons tous (4). — Par un homme, y est-il dit encore, le péché est entré dans le monde, et par le péché, la mort; et c’est ainsi qu’elle a passé à tous les hommes par celui en qui tous ont péché (5)»,   1. Jean, XV, 13. — 2. Ps. XVI, 4. — 3. Matt. XXVI, 39. — 4. Eccli. XXV, 33. — 5. Rom. V, 12.   De là il suit encore qu’il y a dans notre nature et le vice et le châtiment. Dieu avait créé notre nature sans aucun vice, et si elle n’avait pas failli ; assurément elle n’aurait pas été châtiée. Mais, issus de cette nature souillée, nous avons puisé en elle et le vice et le châtiment pour nous souiller ensuite de tant d’autres manières. Je le répète, il y a dans notre nature et le vice et le châtiment; Jésus au contraire a pris dans sa nature humaine le châtiment sans le vice, afin de nous délivrer de l’un et de l’autre. « Un autre te ceindra, dit-il, et te portera où tu ne voudras pas ». Voilà le châtiment; mais c’est un moyen de parvenir à la couronne. Paul donc méprisait ce châtiment, il le méprisait en fixant ses regards sur la couronne et test alors qu’il disait : « Déjà on m’immole » et on m’est redevable de la couronne de justice. Il faut passer par un dur chemin, mais où n’arrive-t-on pas ? Pierre aussi savait où il allait, et il se soumit au martyre avec un généreux dévouement; mais ce martyre, il l’endura, il ne l’aimait pas en lui-même. Il endurait le martyre, il aimait ce qui devait résulter du martyre ; son vif attrait pour le terme du voyage lui fit endurer les aspérités de la route. 9. Nous avons dit que l’un comme l’autre ces deux Apôtres avaient voulu et n’avaient pas voulu ; s’il eût été possible, ils n’auraient pas voulu endurer la peine, mais tous deux étaient également épris d’amour pour la couronne. Montrons actuellement que Paul lui-même n’aurait pas voulu le châtiment. Le Seigneur a attesté en personne que la volonté de Pierre y était opposée. N’est-ce pas toi d’ailleurs qu’il représentait quand il disait : « Mon Père, s’il est possible, que ce calice s’éloigne de moi? » Le Seigneur donc a fait connaître les sentiments de Pierre. Quant à Paul , lui-même a manifesté les siens. Il dit en effet quelque part, en parlant de ce corps mortel : « Nous gémissons sous ce fardeau ». C’est la même pensée que, dans cet autre passage de l’Ecriture : « Le corps qui se corrompt appesantit l’âme, et abat l’esprit si actif à penser (1) ». Il dit donc: « Nous gémissons sous ce fardeau », sous le faix de ce corps corruptible. « Nous gémissons sous ce fardeau ». Si tu gémis, prends plaisir à   1. Sag. IX, 15.   déposer cette charge. Oui, il avoue qu’il gémit sous cette charge, qu’il est accablé sous le faix de ce corps corruptible : examine pourtant s’il veut se débarrasser de ce poids qui l’accable,: qui le fait gémir. Ce n’est pas ce qu’il dit ensuite. Que dit-il donc ? « Parce que nous ne voulons pas être dépouillés ». Quel cri naturel ! Quel aveu du châtiment ! Le corps est lourd, il est accablant, il est corruptible, c’est un poids sous lequel on gémit ; et pourtant on ne le laisse, on ne le dépose pas volontiers. « Nous ne voulons pas être dépouillés ». Veux-tu donc toujours gémir ainsi ? Si tu gémis sous ce fardeau, pourquoi neveux-tu pas en être débarrassé ? — Non, je ne le veux pas. — Vois ce qui suit: « Nous ne voulons pas être dépouillés, mais recouverts ». Je gémis sous cette tunique de terre, je soupire après la tunique du ciel ; je veux l’une sans me dépouiller de l’autre. « Nous ne voulons pas être dépouillés mais recouverts». O Paul, je voudrais vous comprendre, que dites-vous ? Voudriez-vous outrager ce céleste et ample vêtement, jusqu’à le mettre par-dessus ces lambeaux de mortalité et de corruption, ceux-ci servant de vêtements de dessous, et celui-là de vêtement de dessus ; ceux-ci, de vêtement intérieur, et celui-là de vêtement extérieur ? — Nullement, reprend-il, ce n’est point là ce que je dis. Je ne veux pas être dépouillé, mais recouvert ; recouvert, sans que néanmoins la corruption soit voilée sous l’incorruptibilité, mais « pour que ce qui est mortel soit absorbé par la vie (1) ». Cette acclamation prouve que tu connais l’Ecriture. Néanmoins celui qui ne les connaît pas pourrait croire que ces derniers mots sont de moi ; qu’il se détrompe, ce sont les paroles mêmes de saint Paul, et voici toute la suite de cette phrase de l’Apôtre : « Nous gémissons sous ce fardeau, parce que nous ne voulons pas être dépouillés, mais recouverts, afin que ce qui est mortel soit absorbé par la vie». Ceci est parfaitement conforme à ce que vous dites ailleurs de la résurrection du corps ; voici vos expressions : « Il faut que, corruptible, ce corps revête l’incorruptibilité ; et que, mortel, il revête l’immortalité. Or, lorsque, corruptible, il se sera revêtu d’incorruptibilité, alors s’accomplira cette parole de l’Ecriture : La mort a été ensevelie   1. II Cor. V, 4.   492   dans sa victoire ». Ces mots : « Afin que ce qui est mortel soit absorbé par la vie », ont le même sens que ceux-ci : « La mort a été ensevelie dans sa victoire ». Il n’est plus question d’elle, ni en haut, ni en bas, ni au dedans, ni au dehors. « La mort a été ensevelie dans sa victoire. O mort, où est ton ardeur ? » C’est ce qui sera dit à la mort au moment où les corps ressusciteront et seront transformés au point que la mort sera absorbée dans sa victoire. « Quand ce corps corruptible se sera revêtu d’incorruptibilité », il sera dit à la mort : « O mort, où est ton ardeur ? » Cette ardeur même t’emporte où tu ne veux pas. « O mort, où est ton ardeur ? O mort, où est ton aiguillon ? L’aiguillon de la mort est le péché (1)». 10. Comment ! la mort ne vient pas du péché ? Eh ! de quelle autre mort parlait l’Apôtre à propos de la résurrection des corps ? Ce corps corruptible se revêtira d’incorruptibilité, la mort sera ensevelie dans sa victoire. Voilà bien la résurrection du corps. Il sera dit alors: « O mort, où est ton ardeur ? » A qui sera-t-il parlé de la sorte, sinon à la mort corporelle, puisqu’il est question, en cet endroit,de la résurrection du corps ? « O mort, où est ton ardeur ? O mort, où est ton aiguillon ? L’aiguillon de la mort est le péché ». L’aiguillon de la mort, ou le péché, s’entend ici, non de l’aiguillon que la mort aurait produit, mais de l’aiguillon qui a causé la mort : c’est ainsi que le poison se nomme un breuvage de mort, parce qu’il cause la mort et non. parce qu’il est produit par elle. Ainsi donc c’est en ressuscitant que le Seigneur en finit avec ce châtiment de la mort ; et s’il le laisse peser encore sur les saints et sur les fidèles, c’est pour les exercer à la lutte. La mort ainsi t’est laissée comme un adversaire, un adversaire dont Dieu pouvait te délivrer en te justifiant; mais il te laisse aux prises avec elle, afin de te donner le mérite de la dédaigner pour ta foi. Ne peut-il pas sur chacun ce qu’il veut ? Enoch à été enlevé. Elie l’a été; tous deux vivent encore. Est-ce :leur sainteté qui a mérité cette faveur ? N’est-ce pas plutôt une grâce, un bienfait spécial qui leur a été accordé ? Le Créateur a voulu nous montrer par là ce qu’il peut pour nous tous. 11. Pour soutenir que la mort, je veux dire   1. I Cor. XV, 53-56.   la mort du corps, n’est pas l’oeuvre du péché, mais qu’elle est naturelle et qu’Adam serait mort quand même il n’aurait pas péché, comment donc nous objecter Enoch et Elie? N’est-ce pas être bien inconsidéré? N’est-ci pas, si on y faisait attention, parler contre soi-même ? Que dit-on, en effet ? — Si la mort vient du péché, pourquoi ni Enoch ni Elie ne sont-ils pas morts? En tenant ce langage, tu ne remarques donc point que ne pas attribuer la mort au péché, c’est l’attribuer à la nature? Tu la fais venir de la nature; je la fais venir du péché. Sans doute elle vient de la nature, mais de la nature viciée et condamnée à ce supplice. Oui donc, selon toi, la mort corporelle vient de la nature, et du péché, selon moi.Si elle vient du péché, me demandes-tu, pourquoi ni Enoch ni Elie ne sont-ils pas m1ts? Je te réponds à mon tour : Pourquoi ni Enoch ni Elie ne sont-ils pas morts, si elle vient de la nature ? Enoch et Elie sont vivants; ils ont été emportés, mais ils sont vivants, en quelque lieu qu’ils habitent. Si néanmoins on n’interprète pas mal un certain passage de l’Ecriture, ils doivent mourir. L’Apocalypse, en effet, parle de deux prophètes merveilleux qui doivent mourir, ressusciter ensuite publiquement et monter vers le Seigneur (1). Or, on voit ici Enoch et Elie, quoique leurs noms ne s’y trouvent pas. Peut-être, diras-tu, pour soutenir ton sentiment, que tu n’admets pas ce livre de l’Ecriture, ou que, tout en l’admettant, tu ne t’inquiètes pas de ce passage, attendu que le nom des deux prophètes n’y est pas exprimé. Eh bien! admettons avec toi qu’ils vivent et ne doivent jamais mourir. Adresse-moi encore cette question : Si la mort vient du péché, pourquoi ne sont-ils pas morts? Je te réponds: Et pourquoi ne sont-ils pas morts, si la mort vient de la nature ? J’ajoute, pour  expliquer leur vie, qu’ils n’ont plus de faute : à toi d’ajouter, si tu le peux, qu’ils n’ont plus de nature. 12. Il est vrai, notre sujet nous a entraînés un peu et occasionnellement hors de lui; ce que nous avons dit, néanmoins, contribue également à raffermir notre foi contre ces discoureurs qui se multiplient malheureusement. Ah ! qu’ils ne triomphent pas de notre patience; et qu’ils n’ébranlent pas non plus notre foi. Soyons prudents et circonspects en face de ces   1. Apoc. X, 3-12.   493   nouveautés de discussions, discussions purement humaines où il n’y a rien de divin. Nous célébrons aujourd’hui tune fête d’Apôtres; écoutons ces recommandations de l’un d’eux « Evite les profanes nouveautés de paroles, car elles servent beaucoup à l’impiété (1). —Je veux que vous soyez sages dans le bien et simples dans le mal (2) ». Adam est bien mort, mais le serpent n’est pas mort encore. Il siffle et ne cesse de murmurer. Il est réservé au dernier supplice; mais il se cherche des compagnons de tourments. Prêtons l’oreille à l’ami de l’Epoux, au zélé défenseur des intérêts de l’Époux, et non des siens : «  Je vous aime pour Dieu d’un amour de jalousie; car je vous ai fiancés à un Epoux unique, au Christ, pour vous présenter à lui comme une vierge pure. Mais je crains que comme le serpent   1. I Tim. VI, 20; II Tim. II, 16. — 2. Rom. XVI, 19.   séduisit Eve par son astuce, ainsi vos esprits ne se corrompent et ne dégénèrent de la chasteté que communique l’union au Christ (1) ». Tous nous avons entendu les paroles de l’Apôtre; observons-les tous, tous gardons-nous du souffle empoisonné du serpent. Comment dire que nous ne les avons pas entendues, que nous ne les connaissons pas, quand nous venons de chanter encore : « Leur voix a retenti par toute la terre, et leurs paroles jusqu’aux extrémités de l’univers (2)? » En courant jusqu’aux extrémités du monde, ces paroles sont arrivées jusqu’à nous; nous les avons accueillies, nous les avons écrites, nous en avons établi des lecteurs. Le lecteur ne se tait pas, le commentateur s’occupe : pourquoi le perfide tentateur ne s’arrête-t-il pas ?   1. II Cor, XI, 2, 3. — 2. Ps. XVIII, 5.      

SOLENNITÉ DES SAINTS PIERRE ET PAUL – JEAN XXIII 1962

29 juin, 2015

 

http://w2.vatican.va/content/john-xxiii/it/homilies/1962/documents/hf_j-xxiii_hom_19620628_pietro-paolo.html

(Google Traduction)

SOLENNITÉ DES SAINTS PIERRE ET PAUL

CÉLÉBRATION DES PREMIÈRES VÊPRES

DISCOURS DU PAPE JEAN XXIII

Basilique Vaticane

Thursday, 28 Juin 1962

Les chers impressions de la visite au Latran en deuxième Vêpres de saint Jean – en exultation déplacés avant la ferveur de la foule si vivant tout de branche populaire et modeste mais dynamique du sentiment autour du Pape, son évêque de Rome – continuent à appeler la joie spirituelle, pour cette célébration des Premières Vêpres de la fête de la basilique Saint-Pierre. Comment belle et édifiante cette rapprochés l’Ancien Testament avec le précurseur du Christ et de l’ouverture de nouvelles orientations sur lui, et à la lumière de l’humble pêcheur de Galilée, a appelé le gouvernement de l’éternelle Testament, l’Eglise universelle. La mer du monde à Rome Vénérés frères! combien sont ici, et chers enfants, ne vous reviennent pas certaine pensée désagréable que nous voulons exprimer à l’édification. Avec St. John nous devions entendre la voix prophétique dans le désert, quand il a insisté sur Parades viam Domaines : rectas facite Semitas ejus [ 1 ]. Voilà la route du Seigneur, pour préparer: bonnes façons de rectification et d’aller jusqu’à atteindre le salut pour tous. Ce soir, nous sommes un peu comme la mer, la barque de Pierre, le pêcheur, où Jésus était ressuscité, et là, il a parlé à la foule. Saint Luc raconte le bon épisode. – Jésus eut fini de parler, il dit à Simon: «Aller hors du bateau, et jetez vos filets pour pêcher. » Simon répondit: «Maître, nous avons peiné toute la nuit sans avoir rien pris, mais sur ta parole je vais lâcher les filets. » Alors il l’a fait, et fait suite à une pêche abondante [ 2 ]. Sur cette page de l’Évangile, les Pères de l’Église et les commentateurs de tous les temps lui-même adoré. De leurs écrits – nous nous souvenons en particulier ceux de Léon et Grégoire – une doctrine, dont la note de solennité est devenu familier à l’oreille et le bon goût de ceux qui habituellement main entre le missel et le bréviaire. Très distingué parmi ceux-ci le premier, le Grand, dont la mort glorieuse, nous avons célébré le centenaire le 15 Novembre. En cette veille de nous attire dans une manière spéciale la pensée d’un autre pape, il trop grande, le pape Innocent III, cette page de Saint-Luc était capable de résumer heureusement ci-dessous et significations aimables chiffres. La mer de Galilée, où Jésus repose, est le siècle, nous allons améliorer le monde entier, qu’il est venu racheter. La barque de Pierre est la sainte Église, dont Pierre, Simon le pêcheur, était le chef. L’ordre de Jésus à Pierre et son parce qu’ils vont et conduisent à une plus large oser la pêche, le Duc in Altum humble navire, est de Rome, la capitale du monde à cette époque, réservé à devenir, plus tard, véritable capitale, et le centre de haute et lumineux dans le monde chrétien. Le net recul sur les vagues pour la conquête des âmes est la prédication apostolique. L’Eglise du Christ, répandus « Ubique Terrarum» Quel spectacle cette mer de Galilée, appelée à représenter les siècles et les peuples! Aquae multae: multi populi: la grande saeculum mer totum ; de sorte qu’il appelle le pape Innocent. Mer grande et spacieuse. Le livre des Psaumes décrit bien, encore plus vivement: plein de poissons de toutes sortes: animalia pusilla cum magnis: illic nefs pertransibunt [ 3 ]. Comme la mer est agitée et amère, de sorte que le siècle, de sorte que le monde des hommes, est troublé par l’amertume et contraste: jamais la paix et la sécurité; jamais de repos et de calme; toujours et partout crainte et tremblement: travail omniprésente et dolor . L’évangéliste saint Jean [ 4 ] a écrit que le monde est tout placé sur la malignité. Le sourire est commisto gémir: les extrêmes de joie sont occupés deuil [ 5 ]. L’oiseau est né pour voler: l’homme est destiné aux travaux lourds [ 6 ]. Le livre de l’Ecclésiaste est encore plus efficace: – Une occupation continue est réservé pour toutes les personnes, un joug de presse sur les épaules de tous les enfants d’Adam. Dans la mer les plus petits poissons sont mangés par de plus gros: Dans le monde les petits hommes sont écrasés par la forte et dominatrice [ 7 ]. Eh bien, il est l’immensité de ce monde qui est la miséricorde du Très-Haut, pour le rachat de l’esclavage, pour l’élévation des énergies les plus nobles; Il est ce monde que notre Père céleste a envoyé son Fils unique, de la chair humaine vêtue, pour aider tous les enfants de l’effort de leur résurrection des misères de ce monde, et pour riaccompagnarli sur les hauteurs de la vie éternelle. Il est cette vaste mer de l’humanité purifiée par la vertu du Sang du Christ, que la Parole même du Père nous propter les hommes et pour notre salut descendit de caelis, et incarnatus est de Spiritu Sancto ex Maria Virgine et homo factus est; Homo et Salvator mundi, et totius mundi pour Sanctam Ecclesiam Suam Rex gloriosus et immortalis pour saecula . Commentaire Brilliant d’Innocent III L’Eglise du Christ répandue terrarum omniprésente est représenté dans l’évangile de la barque de Pierre que Jésus prédilection, qui aimait souvent de parler en tant que maître du peuple, et à une occasion particulièrement mystérieuse et solennelle – dont cela se réfère saint Luc dans le chapitre cinquième Son Evangile – indiquerait à ses Apôtres, comme le point de conquêtes divins de son royaume le plus élevé. Vous avez passé une navigation de nuit infructueuse avec nihil cepimus . Maintenant, je vous le dis, Pierre, Duc in Altum : descendre du bateau; et toute sa: jeter les filets, comme ils le faisaient dans l’obéissance parfaite: et concluserunt piscium multitudinem copiosam . Fils bien-aimés! À ce stade, l’Evangile de lecture que le pape Innocent III, la fête de Saint-Pierre sort avec vigueur exulte: La hauteur de cette mer, Maris altitudo istius, qui bénit Jésus a dit à Pierre: Duc in altum , Rome est, quae et primatum principatum super-universum saeculum obtinebat et obtinet . Divine Providence a voulu exalter cette ville: parce que le temps du paganisme triomphe elle seule avait la domination sur toutes les nations dispersées à travers le monde, donc après la venue de Jésus l’iniziatasi christianisme Rédempteur, était digne et approprié que l’église Santa seul détenait le la dignité du magistère et le gouvernement sur ​​tous les fidèles de la terre. Et le pape Innocent continue à proclamer que Dieu a trouvé et a voulu consonum et dignum , que celui qui était à la tête et le prince de l’Église, constituée le siège principal et religieuse, à la ville, il a eu la principauté et le gouvernement laïque. Voilà pourquoi Jésus dit à Pierre: Duc in Altum , comme pour dire: Il va à Rome et vous et votre transfert dans la ville, et il y jeter vos filets pour pêcher. Semble tellement évident que le Seigneur a aimé et aime ce bureau d’août, et que les Roms méritent le nom de sacerdotale et royale, impériale et apostolique, dépositaire et l’exercice domination non seulement sur ​​le corps, mais aussi les âmes du magistère. Beaucoup plus noble et digne de l’autorité divine, maintenant qu’il était dans le passé pour pouvoir sur la terre. Il est très touchant d’entendre les paroles du grand Pape appelant la tradition pieuse Domine, quo vadis : et les paroles de Jésus à Pierre, tremblant et fugitif: «Je vais à Rome pour me crucifier à nouveau. » Aussi intéressant est la différence, selon saint Luc, des expressions de Jésus, Saint-Pierre parle au singulier: Duc in Altum : puis se poursuit dans le pluriel pour le reste des Apôtres: retia Laxate dans capturam . La seule Pierre, comme seul prince de l’Eglise universelle se voit dans la hauteur de sa prélature suprême. Mais nous ne pouvons pas oublier que même à Saint-Paul, comme lui, aurait été donné la tâche d’élaborer à Rome le réseau apostolique de prédication sacrée. Une conversation spirituelle comme ceci Nostra, Vénérables Frères et chers Fils, qui introduit la fête de Saint-Pierre, il est naturel que enjolivées double couronne, qui confirment ainsi l’association des deux grands Apôtres, dans l’admiration et l’adoration. Pape Innocent atteint la belle comparaison de ces deux grands apôtres de l’Église romaine, l’Eglise universelle, en référence historique, poétique et marqués pour les deux fondateurs de la Rome primitive, que Romulus et Remus, les deux sépultures, les archéologues disent, Ils mentent la distance presque parallèles d’un bout de la ville; Peter dire du côté où Romulus a été enterré: Remo et le côté où il a été montré la tombe de saint Paul. Nous avons beaucoup de respect et d’amour pour faire des souvenirs vetustissimi de début Rome – comme a commenté ensuite le pape Innocent – le duo fratres secundum carnem, ici urbem ISTAM corporellement pas sine divine providence – condiderunt, et honorabilibus iacent sepulcris enterré . Mais il est juste que notre tendresse religieuse, il tourne avec une émotion particulière le duo fratres fidem secundum, et Petrus Paulus, ici urbem ISTAM spiritualiter fundaverunt, gloriosis basilicis enterrés . Le ministère sacré d’une grande prédication Notez les définitions précises de contrastes: d u fratres secundum carnem et condentes corporellement : les deux saints patrons de Rome, fratres secundum fidem: fundatores de spiritualiter, gloriosis basilicis honorificentissime enterrés . Nous ne devons pas oublier les filets des pêcheurs, à l’ordre de Jésus jeté à la mer et recueilli avec beaucoup de difficulté, un grand triomphe de l’obéissance apostolique. Le réseau symbolique qu’aujourd’hui, en entrelaçant floral, est sur le seuil de cette Basilique vaticane. Comme le bateau de Peter signifie l’Église, comme la mer agitée est le siècle et le monde secoua, comme le centre de Rome catholique et apostolique si les réseaux sont figuration du ministère de la prédication populaire. Pape avantage Innocent de la queue pour donner un résumé caractères informatifs et fervents éloquence sacrée et particulière de pastorale: qui est-à-dire le ministère sacré pour la conquête et la nourriture précieuse, dont le sacerdoce catholique doit être distributeur pour les âmes des fidèles. Le prédicateur de prévoyance doit préparer ses essais à l’éducation populaire et encore plus élaborée pour une classe et la stature. Savoir comment varient selon le sujet, le ton, la couleur: désormais sur les vertus, maintenant sur les vices, maintenant sur les prix et maintenant sur le punitions, la miséricorde et la justice, une grande partie de ces deux thèmes, maintenant avec facilité, maintenant avec subtilité Or, selon l’histoire, et maintenant selon l’allégorie: la présentation des autorités, des similitudes, des raisons, par exemple. Ce sont les fils et les parcelles, ils sont fabriqués des réseaux, capable, solides et précieux. Ces réseaux plus sûrs et plus efficaces pour obtenir des âmes à la clarté de la vision de la bonne doctrine apostolique, pour les amener à la ferveur, la sanctification, la joie. Ces réseaux ont utilisé le plus béni Apôtres Pierre et Paul. Leurs lettres nous parlent encore du fond de leur âge. Cette prédication Rome a été converti de l’erreur à la vérité, du vice à la vertu, et est devenu dominé Gentium , maîtresse du monde. Honneur à temps pour les principes bénis des Apôtres La vénération que tout bon catholique ressent pour les apôtres du Christ de tous les temps et de toutes les personnes, devrait garder sa ferveur: en effet la célébration imminente du Concile Vatican II, qui veut être autour d’un flot de doctrine céleste, augmentation inspiration, l’exaltation paisible et sainte. Mais de ces deux premiers et bienheureux Apôtres de Rome, Pierre et Paul, écho toujours la tradition de plusieurs siècles que Pères et mécènes principaux et preclarissimi, nous étudions notamment les grands enseignements, dans la splendeur de l’intelligence, une flamme des cœurs. Nous aimons à mettre fin à cette effusion de sentiments paternels et votes avec fervente invocation de bons souhaits du grand Pontife Innocent III, l’un des plus grand et le plus glorieux de l’Eglise et de l’histoire: Pour eux, la beauté de Rome pour honorer les pères, et nos clients à être spécialement et principalement, dans la mesure où, à l’aide de leurs mérites et de prières, alors maintenant ont réussi à être préservé dans la terre, aussi heureux enfin être couronné dans les cieux. De notre Seigneur Jésus Christ, qui est sur ​​toutes choses Dieu béni pour les siècles des siècles. Vraiment [ 8 ].

[ 1 ] Cfr. Matth . 3, 3; Marc . 1, 3; Luc . 3, 4. [ 2 ] Voir. Luc . 5, 1-7. [ 3 ] Ps. 103, 25-26. [ 4 ] I 1 . 5, 19. [ 5 ] . Prov 14, 13. [ 6 ] de. Job 5, 7. [ 7 ] Voir. Eccl. 40 et 13. [ 8 ] Innocent 3, Opera omnia, Sermo 22, en la solennité de la Bienheureuse Apôtres Pierre et Paul, dans Migne, PL 207, col. 555, SS.

 

VENDREDI 11 OCTOBRE 2013 – BX JEAN XXIII, PAPE (261E) DE 1958 À 1963

10 octobre, 2013

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VENDREDI 11 OCTOBRE 2013 – BX JEAN XXIII, PAPE (261E) DE 1958 À 1963

PAPE (261E) DE 1958 À 1963

SURNOM AFFECTUEUX : « LE BON PAPE »

Le Bienheureux Jean XXIII sera canonisé le 27 avril 2014, IIe dimanche de Pâques et dimanche de la Divine Miséricorde.

Dans le Martyrologe Romain la date de la mémoire est celle de la naissance au ciel (dies natalis) : le 3 juin. Dans les diocèses de Bergame, de Milan et au niveau local, la mémoire est célébrée le 11 octobre : anniversaire de l’ouverture du Concile Vatican II.
Jean XXIII (au siècle : Angelo Giuseppe Roncalli) est né le 25 novembre 1881, à Sotto il Monte près de Bergame, dans une famille nombreuse de milieu modeste. Il entre au séminaire à l’âge de douze ans. Il y suit le cursus ecclésiastique classique.
En 1904, il est ordonné prêtre. Peu après, il est nommé secrétaire de Mgr Giacomo Radini Tedeschi, nouvel évêque de Bergame, et reste à son service jusqu’à la mort de ce dernier en 1914. Pendant cette période, il s’occupe aussi de l’enseignement auprès du séminaire de Bergame.
En 1915, il est incorporé dans le service des santés des armées, avant de devenir aumônier militaire. Après la guerre, il devient directeur spirituel du séminaire de Bergame.
En 1921, il entre dans la Curie romaine, dans la Congrégation pour la propagation de la foi (plus connue sous le nom de Propaganda Fide).
En 1925, Pie XI (Ambrogio Damiano Achille Ratti, 1922-1939) le promut évêque et l’envoie en Bulgarie, terre orthodoxe, en tant que visiteur, puis délégué apostolique. Il occupe ensuite le même poste à Istanbul entre 1935 et 1944, ce qui lui permet de sauver, pendant l’occupation, des victimes du nazisme.
En 1945, il succède comme nonce apostolique de Paris à Mgr Valeri, compromis avec le régime de Vichy. Il règle avec succès le problème des autres évêques compromis avec le régime de Vichy, dont le gouvernement français demandait la substitution. Pie XII (Eugenio Pacelli, 1939-1958) devra accepter seulement les démissions de trois prélats : les évêques de Mende, Aix-en-Provence et Arras.
En 1953, sa carrière diplomatique s’achève, et il retourne à sa première vocation pastorale : il est nommé patriarche de Venise, puis cardinal.
Le 9 octobre 1958 le pape Pie XII vient de mourir. Le cardinal Angelo Roncalli, patriarche de Venise, âgé et malade, se rend à la Cité du Vatican pour participer au conclave qui élira un nouveau pontife. À mesure que le conclave se déroule Roncalli revoit très clairement des images de son passé, comme lorsque, jeune prêtre, il soutenait des ouvriers en grève; ou bien cette fois où, délégué apostolique en Turquie, il a négocié secrètement avec un ambassadeur nazi afin de sauver des juifs arrivant dans les trains bondés; ou encore en France, devant un de Gaulle autoritaire, qu’il a convaincu de ne pas expulser plusieurs évêques contestés.
Au douzième tour du scrutin, le 28 octobre 1958, Angelo Giuseppe Roncalli est élu pape et prend le nom de Jean XXIII : il est couronné le 4 novembre.
On s’attendait à ce qu’il soit un pape de transition sans grand éclat. Mais il surprend le monde entier en convoquant, le 25 janvier 1959, le Concile Vatican II.
Cette démarche audacieuse vers une importante modernisation de l’église vise à assurer que cette institution, l’une des plus vielle au monde, continuera de s’épanouir jusqu’à la fin du 20e siècle et bien au-delà. Il se préoccupe aussi des conflits entre les États-Unis et L’union Soviétique, qui devient de plus en plus pressant. Avec une finesse à laquelle on ne s’attendait pas, il parvient à faire reculer Kennedy et Khrouchtchev qui étaient à deux doigts d’une guerre nucléaire.
Le 11 octobre 1962, le concile, couramment désigné depuis lors sous le nom de « Vatican II », est ouvert. Jean XXIII y prononce un important >>> Discours.
À la fin de la journée d’ouverture du Concile, était organisée une procession aux flambeaux entre le château Saint-Ange et la place Saint-Pierre. Le pape Jean XXIII, attiré par la prière de la foule, était apparu à sa fenêtre, improvisant une allocution connue aujourd’hui comme le >>> Discours à la lune.
Le passage qui a fait éclater les applaudissements est celui de la larme d’un enfant: « En rentrant chez vous, vous trouverez vos enfants. Donnez une caresse à vos enfants, et dites-leur : c’est la caresse du pape. Vous trouverez peut-être quelque larme à essuyer. Ayez une bonne parole pour celui qui souffre : Le pape est avec nous, spécialement aux heures de tristesse et d’amertume ».
Vers la fin de 1962, un cancer de l’estomac est diagnostiqué. Jean XXIII s’efforce cependant de permettre au concile de continuer son travail.
Le 11 avril 1963, il promulgue une encyclique qui est perçue comme étant son testament spirituel : >>> Pacem in Terris. Au-delà du monde catholique elle est adressée à tous les hommes de bonne volonté, fait l’apologie de la démocratie, affirme que la guerre ne peut être un instrument de justice et préconise que ce soit désormais la « loi morale » qui régisse la relation entre les états, prônant la solidarité, la justice et la liberté.
Le 11 mai il reçoit le prix Balzan pour son engagement en faveur de la paix : c’est là sa dernière apparition publique.
Le 28 mai 1963 il est victime d’une hémorragie. À ce moment Radio Vatican transmet chaque jour l’état de santé du Pape en indiquant sa température et son pouls défaillants. Jean XXIII, entre lucidité et inconscience, continue toutefois de tenir son rôle jusqu’aux derniers moments. À l’issu d’une longue agonie il meurt le 3 juin 1963, jour de la fête de la Pentecôte.

Il voulait être un prêtre ordinaire, mais il a changé la face du monde à jamais.

Jean XXIII (Angelo Giuseppe Roncalli)a été inscrit dans le livre des Bienheureux le 3 septembre 2000 par le Souverain Pontife Jean-Paul II.

LE CONCILE DANS LES CONFIDENCES DU PAPE JEAN XXIII – par Sandro Magister (23 octobre 2012)

4 juin, 2013

http://chiesa.espresso.repubblica.it/articolo/1350349?fr=y

LE CONCILE DANS LES CONFIDENCES DU PAPE JEAN XXIII

« La Civiltà Cattolica » publie les journaux intimes du père Roberto Tucci, qui en était le directeur à l’époque du concile. Voici le compte-rendu des cinq entretiens qu’il eut avec le pape qui convoqua Vatican I

par Sandro Magister

ROME, le 23 octobre 2012 – La documentation concernant le concile Vatican II s’est enrichie, il y a quelques jours, d’un nouveau texte inédit jusqu’à hier. Un texte d’une valeur notable.
Il s’agit de quelques extraits des journaux intimes du cardinal Roberto Tucci (photo), qui était, à l’époque du concile, directeur de « La Civiltà Cattolica ».
Et c’est précisément cette revue des jésuites de Rome qui – en prenant ces journaux intimes comme base – a ouvert son dernier numéro sur le compte-rendu des cinq entretiens que Tucci a eus avec le pape Jean XXIII entre 1959 et 1962, c’est-à-dire entre l’annonce et le début de Vatican II.
« La Civiltà Cattolica » est une revue très particulière. Avant impression, ses articles sont passés au crible par les autorités vaticanes, qui tantôt les approuvent, tantôt les modifient, ou encore les éliminent.
Au temps de Pie XII, c’était le pape en personne qui revoyait les articles. Jean XXIII confia cette charge à son secrétaire d’état.
Mais il continua à rencontrer le directeur de la revue. Et celui-ci, après chaque entretien, en faisait un compte-rendu dans son journal intime.
Le journal intime du père Tucci donne ainsi une description très fidèle de la manière dont Jean XXIII s’est approché du concile qu’il avait décidé.
Par exemple, on a la confirmation du fait que le pape fut frappé par le silence qu’il provoqua lorsque, en 1959, il annonça son projet de concile aux cardinaux réunis à Saint-Paul-hors-les-Murs : « Il a proposé la chose, leur a demandé de lui donner franchement leur avis et personne n’a parlé ».
À propos d’autres moments de la marche d’approche du pape vers le concile, il y a dans le journal intime de Tucci quelques notations inattendues.
Par exemple, l’idée du voyage en train par lequel Jean XXIII se rendit à Lorette afin d’appeler la protection de la Vierge sur le concile paraît avoir été le résultat de calculs politiques :
« En ce qui concerne son voyage à Lorette, le pape a dit qu’il devait le faire pour donner satisfaction au ministre des Travaux publics, qui a effectué d’importants investissements dans cette région, et pour donner l’occasion d’une rencontre au président Gronchi : celui-ci voulait que l’on trouve un moyen de faire venir le pape au Quirinal ».
On est également impressionné par les propos brusques de Jean XXIII contre « le mal subtil » dont souffrait la curie, un mal fait de carriérisme et de népotisme, et par sa répugnance pour l’apparat du Vatican.
Le pape Jean était encore plus irrité par ceux qu’il devait qualifier ultérieurement de « prophètes de malheur » dans le discours mémorable qu’il prononça pour ouvrir le concile.
Mais il y a encore bien d’autres choses dans les extraits du journal intime de celui qui était dans ces années-là le directeur de « La Civiltà Cattolica », extraits que cette revue a publiés dans son numéro daté du 20 octobre 2012.
On trouvera ci-dessous les passages marquants de cet article.
______
LE PAPE JEAN ET LE CONCILE, DANS LE JOURNAL INTIME DU CARDINAL TUCCI

par Giovanni Sale
Grâce au journal intime du P. Roberto Tucci, directeur de la revue « La Civiltà Cattolica » à l’époque du concile et aujourd’hui cardinal, qui fut reçu à plusieurs reprises par Jean XXIII en raison de ses fonctions, il est possible de retrouver, pour les trois années de préparation de l’événement conciliaire, les thèmes auxquels le pape accordait le plus d’importance et les stratégies d’action qu’il mit en place pour donner plus d’élan au futur concile. [...]
La première audience fut fixée tout de suite après que le P. Tucci eut été nommé au poste de directeur de la revue romaine des jésuites. Elle eut lieu à Castel Gandolfo le 12 septembre 1959. À cette occasion, le directeur notait : « Simplicité impressionnante et affabilité de manières qui fait disparaître tout embarras et qui émeut. Ai été accueilli à la porte et raccompagné presque jusqu’au seuil ». Le pape, faisant plus que ne l’exigeait le protocole, était venu au-devant du jeune P. Tucci, qui avait alors 38 ans, et, restant debout, il s’entretint aimablement avec lui : il s’étonna de son jeune âge, parla des jésuites qu’il avait connus et de l’ouvrage que lui-même avait consacré aux visites pastorales de saint Charles Borromée dans le diocèse de Bergame.
A la fin de l’audience, écrivait le jésuite, le pape « est revenu sur le sérieux et la sûreté doctrinale de notre périodique et il a fait allusion au fait que, à l’époque où il était nonce à Paris, les bons pères jésuites français de la revue ‘Études’ s’étaient quelque peu laissé prendre, eux aussi, par le mouvement d’idées novatrices. Il a évoqué une forme de néo-modernisme qui, ‘d’après ce que l’on me dit’, s’introduit dans l’enseignement, y compris ecclésiastique : tout devient problème et les jeunes finissent par tout remettre en question ».
Le pape faisait référence aux théologiens de la « nouvelle théologie », condamnée à cette époque par Rome et regardée d’un œil soupçonneux dans certains milieux catholiques. Beaucoup de ces théologiens, en effet, étaient des jésuites ; parmi eux, les pères de Lubac, Daniélou, Teilhard de Chardin, Rahner et d’autres ; à la différence de leurs collègues romains de « La Civiltà Cattolica », ceux qui écrivaient dans la revue jésuite parisienne étaient des partisans enthousiastes de ce courant « novateur ». [...]
L’audience suivante, qui eut lieu cinq mois plus tard, c’est-à-dire le 1er février 1960, fut d’une grande importance ; à cette occasion, le pape parla abondamment du futur concile. [...]
« Il a montré clairement – notait le directeur de « La Civiltà Cattolica » – qu’il envisage le concile œcuménique en connexion avec le problème de la réunion, à tout le moins, avec les Églises orientales séparées. Il ne se fait pas d’illusions, mais il constate que le climat spirituel s’est grandement amélioré depuis l’époque de Léon XIII […]. On me dit de faire attention, mais comment puis-je répondre avec dureté à des gens qui s’adressent à moi d’une manière tellement amicale ? Mais je garde toujours les yeux un peu ouverts, pour ne pas me laisser tromper ».
Le pape parla, tout de suite après, de la nécessité de mettre à jour le langage de la théologie et de la doctrine catholique formulées au cours des siècles : « Il fait d’ailleurs – continuait le directeur – une distinction assez explicite entre le dogme proprement dit, les mystères qu’il faut accepter humblement, et les explications théologiques ». [...] Il dit ensuite qu’il fallait parler de l’enfer aux fidèles, mais en soulignant « que le Seigneur sera bon avec un grand nombre de gens ». Il ajouta encore, sur le ton de la plaisanterie : « Il est certain que nous pouvons tous y aller, mais je me dis : Seigneur, tu ne vas quand même pas permettre que ton vicaire y aille ? ». [...]
Lors de l’audience du 7 juin 1960, Jean XXIII se mit à parler avec le directeur de « La Civiltà Cattolica » de la préparation du concile. À cette date, la phase anté-préparatoire était déjà terminée et le pape avait déjà nommé les commissions chargées de rédiger les schémas à présenter au concile.
« L’intention du pape – écrivait le P. Tucci – est de faire entrer dans l’effort de préparation non seulement la curie romaine, mais un peu toute l’Église. Il fait remarquer que souvent, hors de Rome, les gens en veulent à la curie romaine, comme si l’Église était tout entière dans les mains des ‘romains’. Il y a également beaucoup de belles énergies ailleurs ; alors pourquoi ne pas chercher à les employer ? ». [...]
« [Le pape] reconnaît – écrivait le jésuite – qu’il y a eu une certaine résistance de la part des cardinaux [de curie] et que lui, d’autre part, ne veut pas agir sans ceux qui sont à ses côtés justement pour l’aider dans le gouvernement de l’Église. Il prévoit que, maintenant, une lutte plutôt tenace va commencer, parce que les cardinaux ont leurs secrétaires ou leurs protégés qu’ils veulent placer dans les commissions pour des motifs qui ne sont certainement pas surnaturels […]. C’est le mal subtil de la curie romaine : les prélatures, les avancements […]. Mais il souhaite utiliser aussi des étrangers : il a donc demandé à tous les évêques et à tous les nonces d’établir des listes de personnes qualifiées pour ce travail ». L’Église – concluait le pape – doit s’adapter d’une manière ou d’une autre à l’époque et il en est de même pour la curie romaine et pour la cour pontificale.
Il évoquait ensuite sa situation de « prisonnier de luxe » au Vatican et l’excès de faste et de cérémonial qui entourait sa personne. « Je n’ai rien contre ces bons gardes nobles – confiait le pontife – mais toutes ces révérences, toutes ces formalités, tout ce faste, toute cette parade, me font souffrir, croyez-moi. Lorsque je descends [à la basilique] et que je me vois précédé par tous ces gardes, j’ai l’impression d’être un détenu, un malfaiteur ; alors que je voudrais être le ‘bonus pastor’ de tous, proche du peuple. […] Le pape n’est pas un souverain de ce monde. Il raconte combien il a trouvé désagréable, au début, d’être porté sur la sedia gestatoria à travers les salles, précédé par des cardinaux souvent plus vieux et plus mal en point que lui (ajoutant que, en plus, ce n’était même pas tellement rassurant pour lui parce que, au fond, on est toujours un peu en équilibre instable) ». [...]
Lors de l’audience du 30 décembre 1961, Jean XXIII fit part au directeur de « La Civiltà Cattolica » du regret et du mécontentement qu’il avait éprouvés en lisant un article du P. Antonio Messineo, rédigé par celui-ci à la demande du Saint-Office et attaquant Giorgio La Pira en raison de ses prises de position en matière de politique, considérées comme trop indulgentes ou naïvement optimistes en ce qui concernait les partis de gauche. « On n’écrit pas de cette façon contre quelqu’un qui est catholique pratiquant et qui a des intentions droites – dit le pape au P. Tucci – même s’il est un peu fou et si parfois ses idées ne sont pas bien fondées doctrinalement». [...]
Au cours de cette même audience, le pape parla également de la situation politique et de la nécessité pour l’Église de sortir des vieux schémas d’opposition idéologique et de travailler à la réconciliation des hommes.
Il se plaignit des critiques dont il avait fait l’objet même dans certains milieux ecclésiastiques pour avoir répondu au message de vœux qui lui avait été envoyé par le président de l’Union Soviétique, Nikita Khrouchtchev, et il ajouta : « Le pape n’est pas un naïf, il savait très bien que le geste de Khrouchtchev était dicté par des objectifs politiques de propagande ; mais ne pas répondre aurait été un acte d’impolitesse non justifiée. En tout cas, la réponse était calibrée. Le Saint-Père se laisse guider par le bon sens et par le sens pastoral ». [...]
Le pape se plaignit, d’autre part, de certains de ses détracteurs qui l’accusaient d’être un « esprit accommodant » ; il affirma qu’il ne s’était jamais « détaché, pas même sur un seul point, de la saine doctrine catholique » et que ceux qui portaient cette accusation auraient dû en apporter les preuves. « Ensuite il s’en est pris – notait le P. Tucci – aux ‘zélotes’ qui veulent sans cesse se battre. Il y en a toujours eu dans l’Église, il y en aura toujours et il faut de la patience et du silence ! ». [...]
Par ailleurs, à propos de la politique italienne, le pape donna au directeur de « La Civiltà Cattolica » des indications très fortes et très contraignantes. « Le pape souhaite – notait le P. Tucci – une ligne moins engagée dans les affaires politiques italiennes». [...]
Le pape indiqua par ailleurs, gentiment mais fermement, qu’il n’appréciait pas beaucoup l’esprit militant, intransigeant, de la revue et il demanda à ce qu’elle s’adapte, dans son style et dans son contenu, aux temps nouveaux. Citant le commentaire de l’un de ses amis, il dit : « Les bons pères de ‘La Civiltà Cattolica’ sont toujours en train de pleurer pour une chose ou pour une autre ! Et qu’ont-ils obtenu ? [...] Il faut voir le bien et le mal – commenta-t-il – et ne pas être toujours pessimiste à propos de toutes choses ». [...]
Au cours des derniers mois de la longue phase préparatoire, peu de temps avant qu’elle ne s’achève, Jean XXIII était occupé à la lecture attentive des schémas rédigés par les commissions, avant qu’ils ne soient envoyés aux pères conciliaires. [...] Jean XXIII n’était pas très satisfait des schémas qui avaient été préparés et il fit part de cette insatisfaction au directeur de « La Civiltà Cattolica » lors de l’audience qu’il lui accorda le 27 juillet 1962.
Le pape, nota le P. Tucci, « m’a parlé de la révision des textes conciliaires à laquelle il est en train de procéder. [...] Il m’a montré quelques-unes des notes qu’il a rédigées dans la marge des textes : [entre autres] sur un texte dans lequel, sur une page et demie, étaient énumérées uniquement des erreurs, il a indiqué qu’il faudrait faire preuve de moins de dureté. Il m’a également expliqué qu’il avait dû faire comprendre qu’il avait l’intention de revoir les textes avant qu’ils ne soient envoyés aux évêques. Mais que cette intention n’avait pas été prise en compte dès le début, ce qui fait que certains textes avaient déjà été envoyés sans qu’il ait eu la possibilité de les voir ». [...]
Pour en revenir à la politique, rappelons que, à cette époque-là, il y avait chez les catholiques italiens, ainsi que chez les leaders de la Démocratie Chrétienne eux-mêmes, des discussions pour déterminer s’il était nécessaire ou non d’accepter la collaboration des socialistes de P. Nenni au gouvernement. Cette perspective [...] était fortement critiquée par le président de la conférence des évêques d’Italie, le cardinal Giuseppe Siri, et également par de nombreux prélats de la curie romaine, au premier rang desquels figurait le [cardinal Alfredo Ottaviani] pro-secrétaire du Saint-Office. L’administration américaine suivait cette question avec beaucoup d’appréhension et elle incitait son ambassadeur en Italie à faire tout ce qui était en son pouvoir pour empêcher l’élargissement de l’équipe gouvernementale à la gauche. À cette époque-là, il y avait un grand nombre de catholiques qui considéraient que, du point de vue idéologique et politique, il n’y avait pas, en pratique, une grande différence entre la position des socialistes et celle des communistes, et que, par conséquent, accepter la collaboration des premiers signifiait implicitement accueillir également les seconds.
« Il faut que nous fassions très attention – confiait le pape au P. Tucci – parce que, aujourd’hui, les hommes politiques, y compris les démocrates-chrétiens, cherchent à attirer l’Église de leur côté et qu’ils finissent par se servir de l’Église dans des buts qui ne sont pas toujours de très haut niveau. [...] Je ne m’y connais pas mais, franchement, je ne comprends pas pourquoi on ne peut pas accepter la collaboration d’autres personnes, qui ont une idéologie différente, pour faire des choses qui sont bonnes en elles-mêmes, pourvu qu’il n’y ait pas de concessions en matière de doctrine ».

Pape François: Bienheureux Jean XXIII, un homme pacifié par l’Esprit-Saint

4 juin, 2013

http://www.zenit.org/fr/articles/bienheureux-jean-xxiii-un-homme-pacifie-par-l-esprit-saint

BIENHEUREUX JEAN XXIII, UN HOMME PACIFIÉ PAR L’ESPRIT-SAINT

50E ANNIVERSAIRE DE SA NAISSANCE AU CIEL

Rome, 3 juin 2013 (Zenit.org) Pape François

Le bienheureux pape Jean – Angelo Roncalli « était un homme capable de transmettre la paix », mais il « transmettait la paix parce qu’il avait un esprit profondément pacifié, il s’était laissé pacifier par l’Esprit-Saint ; et cette pacification était le fruit d’un long et exigeant travail sur lui-même », déclare le pape François.
A l’occasion du 50e anniversaire de la mort du bienheureux pape Jean XXIII, le pape François a rencontré, à 18h15, en la basilique Saint-Pierre, ce 3 juin 2013, les pèlerins du diocèse de Bergame, accompagnés de leur évêque, Mgr Francesco Beschi, au terme de la messe célébrée par ce dernier à 17h.
Le pape François a tiré de la vie du bienheureux pape « un enseignement pour chacun de nous, mais aussi pour l’Église de notre temps : si nous savons nous laisser conduire par l’Esprit Saint, si nous savons mortifier notre égoïsme pour faire place à l’amour du Seigneur et à sa volonté, alors nous trouverons la paix, alors nous saurons être des bâtisseurs de paix et nous répandrons la paix autour de nous ».

Discours du pape François
Chers amis du diocèse de Bergame,
Je suis heureux de vous donner la bienvenue, ici, sur la tombe de l’apôtre Pierre, en ce lieu qui est la maison de tout catholique. Je salue avec affection votre évêque, Mgr Francesco Beschi, et je le remercie des aimables paroles qu’il m’a adressées au nom de tous (…).
Il y a exactement 50 ans, à cette heure même, le bienheureux Jean XXIII quittait ce monde. Qui, comme moi, a un certain âge, garde un souvenir vivant de l’émotion qui s’est répandue partout ce jour-là: la place Saint-Pierre était devenue un sanctuaire à ciel ouvert, accueillant jour et nuit les fidèles de tout âge et de toute condition sociale, bouleversés et priant pour la santé du pape.
Le monde entier avait reconnu dans le pape Jean un pasteur et un père. Pasteur parce que père. Qu’est-ce qui l’avait fait devenir comme cela? Comment avait-il pu arriver au coeur de personnes si différentes, et même beaucoup de non-chrétiens? Pour répondre à cette question, nous pouvons rappeler sa devise épiscopale: « Oboedientia et pax »: Obéissance et paix. « Ces paroles, commentait monseigneur Roncalli, à la veille de sa consécration épiscopale, sont un peu mon histoire et ma vie » (Journal de l’âme, Retraite préparatoire à la consécration épiscopale, 13-17 mars 1925). Obéissance et paix.
Je voudrais partir de la paix, parce que c’est l’aspect le plus évident, celui que les gens ont perçu chez le pape Jean: Angelo Roncalli était un homme capable de transmettre la paix ; une paix naturelle, sereine, cordiale ; une paix qui, avec son élection au pontificat, s’est manifestée au monde entier et a reçu le nom de bonté. C’est si beau de trouver un prêtre ou un évêque bon, avec de la bonté. Saint Ignace – je ne fais pas de publicité – saint Ignace avait donné aux jésuites les qualités nécessaires pour les supérieurs : il y avait une longue liste de qualités, mais à la fin (….) la bonté est essentielle ; un prêtre avec de la bonté. Cela a été indubitablement un trait distinctif de sa personnalité, qui lui a permis de construire partout de solides amitiés et qui s’est révélé de manière particulière dans son ministère comme représentant du pape, qu’il a exercé pendant presque trente ans, souvent en contact avec des environnements et des mondes qui étaient très loin de l’univers catholique dans lequel il était né et où il s’était formé. C’est précisément dans ces milieux qu’il s’est montré capable de tisser des relations et de promouvoir l’unité de manière efficace, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de la communauté ecclésiale, en étant ouvert au dialogue avec les chrétiens d’autres Églises, avec les représentants du monde juif ou musulman et avec beaucoup d’autres hommes de bonne volonté. En réalité, le pape Jean transmettait la paix parce qu’il avait un esprit profondément pacifié, il s’était laissé pacifier par l’Esprit-Saint ; et cette pacification était le fruit d’un long et exigeant travail sur lui-même, travail dont il nous reste des traces abondantes dans le Journal de l’âme. Nous pouvons y voir le séminariste, le prêtre, l’évêque Roncalli en proie à un chemin de purification progressive du cœur. Nous le voyons, jour après jour, attentif à reconnaître et à mortifier les désirs venant de son égoïsme, à discerner les inspirations du Seigneur, se laissant guider par de sages directeurs spirituels et inspirer par des maîtres comme Saint François de Sales et Saint Charles Borromée. En lisant ces écrits, nous assistons vraiment au processus de formation d’une âme sous l’action de l’Esprit-Saint qui agit dans son Église (…).
Et nous en venons au second terme, décisif : « obéissance ». Si la paix a été la caractéristique extérieure, l’obéissance a constitué pour Roncalli la disposition intérieure : l’obéissance, en réalité, a été l’instrument pour atteindre la paix. Elle a eu avant tout un sens très simple et concret : remplir dans l’Église le service que ses supérieurs lui demandaient, sans rien chercher pour soi, sans se soustraire à rien de ce qui lui était demandé, même lorsque cela signifiait quitter sa terre, se confronter à des mondes jusque-là inconnus, rester pendant des années dans des lieux où la présence de catholiques était extrêmement rare.
Se laisser conduire, comme un enfant, voilà ce qui a construit son parcours sacerdotal que vous connaissez bien : d’abord secrétaire de Mgr Radini Tedeschi tout en étant enseignant et père spirituel au séminaire diocésain, puis représentant pontifical en Bulgarie, en Turquie et en Grèce, en France, ensuite pasteur de l’Église de Venise et enfin évêque de Rome. Mais à travers cette obéissance, le prêtre et l’évêque Roncalli a vécu aussi une fidélité plus profonde, que nous pourrions définir, comme il l’aurait fait lui-même, comme abandon à la Providence divine. Il a constamment reconnu, dans la foi, qu’à travers ce parcours de vie apparemment guidé par d’autres, et non inspiré par ses goûts personnels ou sur la base de sa propre sensibilité spirituelle, Dieu dessinait son projet (…).
Mais plus profondément encore, à travers cet abandon quotidien à la volonté de Dieu, le futur pape Jean a vécu une purification qui lui a permis de se détacher complètement de lui-même et d’adhérer au Christ, laissant ainsi apparaître cette sainteté que l’Église a ensuite reconnue officiellement. « Qui perdra sa vie à cause de moi, celui-là la sauvera » nous dit Jésus (Lc 9,24). Voilà la véritable source de la bonté du pape Jean, de la paix qu’il a répandue dans le monde, là se trouve la racine de sa sainteté : dans son obéissance évangélique.
Et ceci est un enseignement pour chacun de nous, mais aussi pour l’Église de notre temps : si nous savons nous laisser conduire par l’Esprit Saint, si nous savons mortifier notre égoïsme pour faire place à l’amour du Seigneur et à sa volonté, alors nous trouverons la paix, alors nous saurons être des bâtisseurs de paix et nous répandrons la paix autour de nous. Cinquante ans après sa mort, la conduite sage et paternelle du pape Jean, son amour pour la tradition de l’Église, conscient qu’elle avait constamment besoin d’être améliorée, son intuition prophétique qui lui a fait convoquer le concile Vatican II et offrir sa vie pour la réussite de celui-ci, restent comme des bornes dans l’histoire de l’Église du XXe siècle et comme un phare qui éclaire le chemin devant nous.
Chers habitants de Bergame, vous êtes fiers, à juste titre, du « bon pape Jean », exemple lumineux de la foi et des vertus de générations entières de chrétiens de votre terre. Maintenez son esprit, approfondissez l’étude de sa vie et de ses écrits, mais surtout, imitez sa sainteté. Du ciel, qu’il continue d’accompagner avec amour votre Église qu’il a tant aimée pendant sa vie, et qu’il lui obtienne du Seigneur le don de nombreux et saints prêtres, de vocations à la vie religieuse et missionnaire, ainsi qu’à la vie de famille et à un engagement laïc dans l’Église et dans le monde. Merci pour votre visite au pape Jean ! Je vous bénis de tout cœur.

Traduction de Zenit, Hélène Ginabat

Avec Anita Bourdin et Anne Kurian

Jean XXIII et le discours à la lune… le coeur d’un Pape!

12 octobre, 2012

http://viaromana.wordpress.com/2012/10/06/jean-xxiii-et-le-discours-a-la-lune-le-coeur-dun-pape/

Jean XXIII et le discours à la lune… le coeur d’un Pape!

6 octobre 2012

Le 11 octobre 1962, à la fin de la journée d’ouverture du Concile, était organisée une procession aux flambeaux entre le château Saint-Ange et la place Saint-Pierre. Le pape Jean XXIII, attiré par la prière de la foule, était apparu à sa fenêtre, improvisant une allocution connue aujourd’hui comme le discours à la lune.
Le monde entier est rassemblé ici. Il semble que la lune elle-même s’est hâtée ce soir de regarder ce spectacle que même la basilique, Saint-Pierre qui a quatre siècles d’histoire, n’a jamais pu contempler, a dit le pape au soir de l’ouverture de Vatican II, sous les applaudissements de la foule.
Il a ajouté: Ma personne ne compte pas : c’est un frère qui vous parle, devenu père par la volonté de notre Seigneur. Mais ensemble, paternité et fraternité sont une grâce de Dieu. Faisons honneur à l’impression de ce soir. Que nos sentiments soient toujours comme nous les exprimons ce soir, devant le ciel et devant la terre: foi, espérance, charité, amour de Dieu, amour des frères. Et puis, tous ensemble, aidons-nous ainsi, dans la sainte paix de Dieu, à faire le bien.
Le passage qui a fait éclater les applaudissements est celui de la larme d’un enfant:  En rentrant chez vous, vous trouverez vos enfants. Donnez une caresse à vos enfants, et dites-leur: c’est la caresse du pape. Vous trouverez peut-être quelque larme à essuyer. Ayez une bonne parole pour celui qui souffre: Le pape est avec nous, spécialement aux heures de tristesse et d’amertume.

Pour écouter le discours de Jean XXIII: http://www.youtube.com/watch?v=tmhPl5b30v0&feature=related

Vive le « bon pape Jean »! Vive le Concile! Soyons-en les dignes héritiers…
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Pour les amateurs, voici le texte (complet) en italien  :

“Cari figlioli, sento le vostre voci. La mia è una sola, ma riassume tutte le voci del mondo; e qui di fatto il mondo è rappresentato. Si direbbe che persino la luna si è affrettata stasera… Osservatela in alto, a guardare questo spettacolo… Noi chiudiamo una grande giornata di pace… Sì, di pace: ‘Gloria a Dio, e pace agli uomini di buona volontà’.
Se domandassi, se potessi chiedere ora a ciascuno: voi da che parte venite? I figli di Roma, che sono qui specialmente rappresentati, risponderebbero: ah, noi siamo i figli più vicini, e voi siete il nostro vescovo. Ebbene, figlioli di Roma, voi sentite veramente di rappresentare la ‘Roma caput mundi’, la capitale del mondo, così come per disegno della Provvidenza è stata chiamata ad essere attraverso i secoli.
La mia persona conta niente: è un fratello che parla a voi, un fratello divenuto padre per volontà di Nostro Signore… Continuiamo dunque a volerci bene, a volerci bene così; guardandoci così nell’incontro: cogliere quello che ci unisce, lasciar da parte, se c’è, qualche cosa che ci può tenere un po’ in difficoltà… Tornando a casa, troverete i bambini. Date loro una carezza e dite: “Questa è la carezza del Papa”. Troverete forse qualche lacrima da asciugare. Abbiate per chi soffre una parola di conforto. Sappiano gli afflitti che il Papa è con i suoi figli specie nelle ore della mestizia e dell’amarezza… E poi tutti insieme ci animiamo: cantando, sospirando, piangendo, ma sempre pieni di fiducia nel Cristo che ci aiuta e che ci ascolta, continuiamo a riprendere il nostro cammino. Addio, figlioli. Alla benedizione aggiungo l’augurio della buona notte”.

Dialogue de la sérénité. (Jean XXIII, pape de 1958 à 1963)

21 septembre, 2011

du site:

http://arras.catholique.fr/page-22102.html

Jean XXIII, pape de 1958 à 1963

Dialogue de la sérénité.

Eglise d’Arras N°15

Rien qu’aujourd’hui,
J’essaierai de vivre exclusivement la journée
Sans tenter de résoudre le problème de toute ma vie.
Je serai heureux rien qu’aujourd’hui,
Dans la certitude d’avoir été créé pour le bonheur
Non seulement dans l’autre monde mais également dans celui-ci.
 
Rien qu’aujourd’hui,
Je m’adapterai aux circonstances
Sans prétendre que celles-ci se plient à tous mes désirs.
 
Rien qu’aujourd’hui, je consacrerai dix minutes à la bonne lecture
En me souvenant que, comme la nourriture est nécessaire à la vie du corps,
La bonne lecture est nécessaire à la vie de l’âme.
 
Rien qu’aujourd’hui,
Je croirai fermement, même si les circonstances prouvent le contraire,
Que la bonne providence de Dieu s’occupe de moi
Comme si rien d’autre n’existait au monde.
 
Rien qu’aujourd’hui, je ne craindrai pas.
Et tout spécialement je n’aurai pas peur d’apprécier
Ce qui est beau et de croire en la bonté.
Je suis en mesure de faire le bien pendant douze heures
Ce qui ne saurait me décourager
Comme si je pensais que je dois le faire toute ma vie durant. 

3 juin – PAPE JEAN XXIII (mf)

9 juin, 2010

du site:

http://pagesperso-orange.fr/eglise-sainte-marie/PAPE%20JEAN%20XXIII.htm

3 juin – PAPE JEAN XXIII (mf)

Jean XXIII fut un grand personnage du XXe  siècle.  Angelo Giuseppe Roncalli est né le 25 novembre 1881 à Sotto il Monte près de Bergame.  À 23 ans, après avoir effectué son service militaire et après avoir obtenu son doctorat en théologie, il est ordonné prêtre et célèbre sa première messe.  Il devient le secrétaire de Mgr Rodini en 1905.  À la mort de celui-ci, Angelo écrit la biographie de ce grand maître si attachant pour lui.  Il fut ensuite professeur d’histoire de l’Église au Séminaire de Bergame.  En 1914, la guerre menaçait l’Italie et Angelo du retourner à son poste de sergent.  Il travailla comme aumônier des hôpitaux militaires de Bergame.  Nommé archevêque, en 1925, il est envoyé en Bulgarie en qualité de visiteur apostolique.  En 1934, il est transféré en Turquie avec le statut de Délégué de Turquie et de Grèce.  Et en 1944, son poste de Nonce à Paris, à titre de représentant du pape auprès d’un gouvernement étranger, est considéré comme la nonciature la plus importante et la plus haute.  Quelques années passèrent et Mgr Roncalli fut nommé cardinal et patriarche de Venise.  Enfin, il fut élu pape, à 77 ans, à la mort de Pie XII.  Il prit le nom de Jean XXIII.

Sa principale action en tant que pape reste la convocation du concile Vatican II.  Par « l’aggiornamento », c’est-à-dire une profonde remise à jour des enseignements, de la discipline et de l’organisation de l’Église, il provoque un renouveau sans précédent à la vie religieuse.  Très préoccupé par les problèmes internationaux, il écrit sept encycliques, dont « Pacem in Terris ».  Jean XXIII a manifesté une grande ouverture d’esprit notamment par ses communications avec l’Église orthodoxe, les responsables protestants, le concile mondial des Églises et les judéo-chrétiens.

Personnage marquant du XXe siècle, Jean XXIII rendit l’âme le 30 juin 1963 au Vatican à l’âge de 82 ans.  Encore aujourd’hui, on se souvient de lui pour son légendaire sourire.

Julie Couture-Tétreault