Archive pour mai, 2018

CÉLÉBRATION POUR LA CLÔTURE DU MOIS DE MARIE – BENOÎT XVI (2008) (Visitation de Marie)

30 mai, 2018

https://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/speeches/2008/may/documents/hf_ben-xvi_spe_20080531_mese-mariano.html

imm it

CÉLÉBRATION POUR LA CLÔTURE DU MOIS DE MARIE – BENOÎT XVI (2008)

PAROLES DU PAPE

Place Saint-Pierre

Samedi 31 mai 2008

Chers frères et sœurs,

Nous concluons le mois de mai par cette suggestive rencontre de prière mariale. Je vous salue avec affection et je vous remercie de votre participation. Je salue tout d’abord le cardinal Angelo Comastri; avec lui je salue les autres cardinaux, archevêques, évêques et prêtres, qui ont participé à cette célébration vespérale. J’étends mon salut aux personnes consacrées et à vous tous, chers fidèles laïcs, qui par votre présence avez voulu rendre hommage à la Très Sainte Vierge.
Nous célébrons aujourd’hui la fête de la Visitation de la Bienheureuse Vierge et la mémoire du Cœur immaculé de Marie. Tout nous invite donc à tourner notre regard avec confiance vers Marie. Ce soir aussi, nous nous sommes adressés à Elle avec l’ancienne et toujours actuelle pieuse pratique du chapelet. Le chapelet, lorsqu’il n’est pas une répétition mécanique de formules traditionnelles, est une méditation biblique qui nous fait reparcourir les événements de la vie du Seigneur en compagnie de la Bienheureuse Vierge, en les conservant, comme Elle, dans notre cœur. Au cours du mois de mai, il existe dans de nombreuses communautés chrétiennes la belle habitude de réciter de manière plus solennelle le chapelet en famille et dans les paroisses. A présent, alors que le mois se termine, que cette bonne habitude ne cesse pas; qu’elle se poursuive même avec un plus grand zèle, afin que, à l’école de Marie, la lampe de la foi brille toujours plus dans le cœur des chrétiens et dans leurs maisons.
Aujourd’hui, en la fête de la Visitation, la liturgie nous fait entendre à nouveau le passage de l’Evangile de Luc, qui raconte le voyage de Marie de Nazareth vers la maison de sa cousine âgée Elisabeth. Imaginons-nous l’état d’âme de la Vierge après l’Annonciation, lorsque l’Ange partit de chez elle. Marie renferme en elle un grand mystère; elle savait que quelque chose d’unique et d’extraordinaire avait eu lieu; elle se rendait compte qu’avait commencé le dernier chapitre de l’histoire du salut du monde. Mais, autour d’Elle, tout était resté comme avant et le village de Nazareth ignorait complètement ce qui lui était arrivé.
Avant de se préoccuper pour elle-même, Marie pense cependant à Elisabeth qui est âgée, après avoir su qu’elle allait bientôt accoucher, et poussée par le mystère d’amour qu’elle vient d’accueillir en elle-même, elle se met en chemin « en hâte » pour aller lui porter son aide. Voilà la grandeur simple et sublime de Marie! Lorsqu’elle arrive chez Elisabeth, il se produit un fait qu’aucun peintre ne pourra jamais rendre dans la beauté et la profondeur de sa réalisation. La lumière intérieure de l’Esprit Saint enveloppe leurs personnes. Et Elisabeth, illuminée d’en-Haut, s’exclame: « Tu es bénie entre toute les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni. Comment ai-je ce bonheur que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi? Car, lorsque j’ai entendu tes paroles de salutation, l’enfant a tressailli d’allégresse au-dedans de moi. Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur » (Lc 1, 42-45).
Ces paroles pourraient nous apparaître disproportionnées par rapport au contexte réel. Elisabeth est l’une des nombreuses femmes âgées d’Israël et Marie une jeune fille inconnue d’un village perdu de Galilée. Que peuvent-elles être et que peuvent-elles faire dans un monde où comptent d’autres personnes et pèsent d’autres pouvoirs? Mais Marie nous étonne encore une fois; son cœur est transparent, totalement ouvert à la lumière de Dieu; son âme est sans péché, elle n’est pas alourdie par l’orgueil et l’égoïsme. Les paroles d’Elisabeth font naître dans son esprit un cantique de louange, qui est une lecture « théologique » de l’histoire authentique et profonde: une lecture que nous devons sans cesse apprendre de Celle dont la foi est sans ombres ni fissures. « Mon âme magnifie le Seigneur ». Marie reconnaît la grandeur de Dieu. Tel est le premier et indispensable sentiment de foi; le sentiment qui donne sa sécurité à la créature humaine et la libère de la peur, même si elle se trouve au milieu des tempêtes de l’histoire.
Allant au-delà de la surface, Marie « voit » avec les yeux de la foi l’œuvre de de Dieu dans l’histoire. C’est pourquoi elle est bienheureuse, car elle a cru: en effet, c’est à cause de sa foi qu’elle a accueilli la Parole du Seigneur et a conçu le Verbe incarné. Sa foi lui a fait voir que les trônes des puissants de ce monde sont tous provisoires, alors que le trône de Dieu est l’unique roc qui ne change pas et qui ne tombe pas. Et son Magnificat, après plusieurs siècles et plusieurs millénaires, reste l’interprétation la plus véritable et profonde de l’histoire, alors que les lectures faites par de si nombreux sages de ce monde ont été démenties par les faits au cours des siècles.
Chers frères et sœurs! Revenons chez nous avec le Magnificat dans notre cœur. Portons en nous les mêmes sentiments de louange et d’action de grâce de Marie envers le Seigneur, sa foi et son espérance, son abandon docile entre les mains de la divine Providence. Imitons son exemple de disponibilité et de générosité à servir nos frères. En effet, ce n’est qu’en accueillant l’amour de Dieu et en faisant de notre existence un service désintéressé et généreux envers notre prochain, que nous pourrons élever avec joie un chant de louange au Seigneur. Que la Vierge qui nous invite ce soir à trouver refuge dans son Cœur Immaculé nous obtienne cette grâce. Je donne à tous ma Bénédiction.

 

FÊTE DE LA TRINITÉ – ANNÉE B – (L’Écriture ne fait pas de comptes)

26 mai, 2018

https://combonianum.org/2018/05/25/meditation-du-dimanche-de-la-trinite-b/

imm fr forse

FÊTE DE LA TRINITÉ – ANNÉE B – (L’Écriture ne fait pas de comptes)

Un commentaire du Père Marcel Domergue, jésuite

Les premiers chrétiens ont fait preuve de beaucoup d’audace en mettant en route la foi en la Trinité. Je dis « mettant en route », car il a fallu longtemps pour que cette foi trouve ses formules définitives. C’était aller à l’encontre du sens commun et cela semblait réinventer le polythéisme. Beaucoup de chrétiens ne pensent pas souvent à la Trinité, c’est-à-dire à Dieu lui-même. Quand nous imaginons Dieu comme une sorte de surhomme infiniment puissant, ou comme une force à laquelle rien ne peut résister, nous sommes en pleine régression vers les images spontanées et primitives du divin. Il a fallu toutes les Écritures bibliques pour nous faire passer du Dieu solitaire et monolithique au Dieu « société », communion, c’est-à-dire amour en lui-même. C’est cette générosité interne qui rend possible la création, à moins qu’on ne considère celle-ci sur le modèle artisanal du potier façonnant l’argile, image que la Bible utilise, explore et dépasse : c’est le Nouveau Testament qui nous donnera l’ultime révélation. Cependant, l’Écriture ne compte pas : jamais nous ne lisons « Dieu est trois ». La Trinité nous vient d’une réflexion des premiers siècles du christianisme.

Dieu Père, Fils, Esprit
Si nous ne trouvons pas dans nos textes « Dieu en trois personnes », par contre le Père, le Fils, l’Esprit sont souvent nommés. Citons, parmi tant d’autres textes, 1 Corinthiens 13,13, qui rassemble les trois en une seule formule : « La grâce du Seigneur Jésus-Christ, l’amour de Dieu et la communion de l’Esprit soient avec vous tous ! » Ces trois « personnes » ne font qu’un. En saint Jean, nous entendons Jésus dire et nous redire : « Le Père et moi nous sommes Un. » Jean 14,9-10 récapitule bien tous ces textes. À Philippe qui demande à Jésus de leur montrer le Père, il répond : « Tu ne me connais pas, Philippe ? Qui m’a vu a vu le Père? Ne crois-tu pas que je suis dans le Père et que le Père est en moi ?? » Quant à l’Esprit, il est le souffle même de Dieu, la réalité par laquelle il se communique. Ce qu’il soufflera aux disciples ne sera pas sa propre parole. Envoyé par le Père au nom du Christ, « il vous enseignera toutes choses et vous rappellera tout ce que je vous ai dit ». Le Souffle porte la Parole et ne fait qu’un avec elle. Un peu comme pour nous quand nous parlons. L’envoi aux hommes du Fils et de l’Esprit de filiation est donc à la base de la réflexion ecclésiale sur la Trinité. Le « dogme » est d’abord expérience des premiers chrétiens, des premiers croyants. Disons tout de suite que le fait de compter et de dire « Il est Trois » n’est pas sans signification. L’idée que nous nous faisons de Dieu en est transformée.

Tout est relations
La source de tout ce qui existe et que nous appelons Dieu est relations. Non pas des êtres déjà existants et établissant entre eux des ponts en un deuxième temps. Non ! La « substance » de Dieu, si l’on peut dire, est relation, échange. Il en résulte que l’univers entier est, à son image, relations. Je ne pourrais jamais dire « je » s’il n’y avait en face de moi un « tu » dont je me distingue. Voilà donc la différence entre les personnes. Mais qu’en est-il de l’unité, nécessaire à notre ressemblance divine ? Eh bien, quand l’Esprit est là, tous les « Je » deviennent un « Nous » et nous ne formons qu’un seul corps construit dans nos différences. Nous-mêmes sommes relations. Ce qu’il y a dans nos muscles nous vient du soleil, des sels minéraux, de l’eau et du feu. Et tout cela nous est donné dans la relation de notre père et de notre mère. Ce qu’il y a dans notre intelligence nous vient d’abord du contact avec nos parents, puis du langage, puis de nos lectures, de l’enseignement reçu, de la culture dans laquelle nous baignons. Nous n’existons que par ces liens noués avec les autres. Pour Dieu, nous disons Père, Fils, Esprit. Répétons que ces mots ne doivent pas être pris dans leur sens habituel : ils dépassent infiniment tout ce dont nous avons l’expérience.

PAPE FRANÇOIS – (…e voudrais réfléchir avec vous sur les ennemis de l’espérance.)

24 mai, 2018

http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/audiences/2017/documents/papa-francesco_20170927_udienza-generale.html

imm fr

PAPE FRANÇOIS – (…e voudrais réfléchir avec vous sur les ennemis de l’espérance.)

AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercredi 27 septembre 2017

Chers frères et sœurs, bonjour!

En ce moment, nous parlons de l’espérance: mais aujourd’hui, je voudrais réfléchir avec vous sur les ennemis de l’espérance. Parce que l’espérance a ses ennemis: comme tout bien dans ce monde, elle a ses ennemis.
Et il m’est venu à l’esprit l’antique mythe du vase de Pandore: l’ouverture du vase déchaîne de nombreux malheurs pour l’histoire du monde. Mais peu de personnes se souviennent de la dernière partie de l’histoire, qui fait apparaître un rayon de lumière: après que tous les maux sont sortis du vase, un minuscule don semble se venger de tout ce mal qui se répand. Pandore, la femme qui devait conserver le vase, l’aperçoit en dernier: les Grecs l’appellent elpìs, ce qui signifie espérance.
Ce mythe nous raconte pourquoi l’espérance est si importante pour l’humanité. Ce n’est pas vrai que «tant qu’il y a de la vie il y a de l’espoir», comme on a l’habitude de le dire. Ce serait plutôt le contraire: c’est l’espérance qui soutient la vie, qui la protège, qui la conserve et la fait croître. Si les hommes n’avaient pas cultivé l’espérance, s’ils ne s’étaient pas accrochés à cette vertu, ils ne seraient jamais sortis des cavernes, et n’auraient pas laissé de trace dans l’histoire du monde. C’est ce qui peut exister de plus divin dans le cœur de l’homme.
Un poète français — Charles Péguy — nous a laissé des pages magnifiques sur l’espérance (cf. Le porche du mystère de la deuxième vertu). Il dit de façon poétique que Dieu ne s’étonne pas tant de la foi des êtres humains, ni de leur charité; mais ce qui le remplit véritablement d’émerveillement et d’émotion est l’espérance des gens: «Que ces pauvres enfants — écrit-il — voient comme tout ça se passe et qu’ils croient que demain ça ira mieux». L’image du poète rappelle les visages de tant de gens qui sont passés dans ce monde — paysans, ouvriers pauvres, migrants à la recherche d’un avenir meilleur — qui ont lutté de façon tenace malgré l’amertume d’un aujourd’hui difficile, rempli de tant d’épreuves, mais animé par la confiance que leurs enfants auraient eu une vie plus juste et plus sereine. Ils luttaient pour leurs enfants, ils luttaient dans l’espérance.
L’espérance est la poussée du cœur de celui qui part en quittant sa maison, sa terre, parfois sa famille et ses parents — je pense aux migrants —, pour chercher une vie meilleure, plus digne pour eux et pour leurs proches. Et c’est aussi la poussée dans le cœur de celui qui accueille: le désir de se rencontrer, de se connaître, de dialoguer… L’espérance est la poussée à «partager le voyage», parce que le voyage se fait à deux; ceux qui viennent sur notre terre, et nous qui allons vers leur cœur, pour les comprendre, pour comprendre leur culture, leur langue. C’est un voyage à deux, mais sans espérance, ce voyage ne peut pas se faire. L’espérance est la poussée à partager le voyage de la vie, comme nous le rappelle la campagne de la Caritas que nous inaugurons aujourd’hui. Mes frères, n’ayons pas peur de partager le voyage! N’ayons pas peur! N’ayons pas peur de partager l’espérance!
L’espérance n’est pas une vertu pour des gens qui ont l’estomac plein. Voilà pourquoi, depuis toujours, les pauvres sont les premiers porteurs de l’espérance. Et dans ce sens, nous pouvons dire que les pauvres, et les mendiants également, sont les protagonistes de l’Histoire. Pour entrer dans le monde, Dieu a eu besoin d’eux: de Joseph et de Marie, des pasteurs de Bethléem. Dans la nuit du premier Noël, il y avait un monde qui dormait, installé dans tant de certitudes acquises. Mais les humbles préparaient cachés la révolution de la bonté. Ils étaient pauvres de tout, certains étaient à peine un peu au-dessus du seuil de la survie, mais ils étaient riches du bien le plus précieux qui existe au monde, c’est-à-dire la volonté de changement.
Parfois, avoir tout eu de la vie est un malheur. Pensez à un jeune auquel on n’a pas enseigné la vertu de l’attente et de la patience, qui n’a dû suer pour rien, qui a brûlé les étapes et, à vingt ans, «sait déjà comment fonctionne le monde»; il a été destiné à la pire condamnation: celle de ne plus rien désirer. Voilà la pire condamnation. Fermer la porte aux désirs, aux rêves. On dirait un jeune, mais l’automne est déjà tombé sur son cœur. Ce sont les jeunes de l’automne.
Avoir une âme vide est le pire obstacle à l’espérance. C’est un risque dont personne ne peut se déclarer exempt; parce qu’il peut arriver d’être tentés contre l’espérance même si l’on parcourt le chemin de la vie chrétienne. Les moines de l’antiquité avaient dénoncé l’un des pires ennemis de la ferveur. Ils disaient: ce «démon de midi» qui sape une vie d’activité, précisément alors que le soleil brille dans le ciel. Cette tentation nous surprend quand on s’y attend le moins: les journées deviennent monotones et ennuyeuses, plus aucune valeur ne semble mériter d’effort. Cette attitude s’appelle l’acédie qui corrompt la vie de l’intérieur jusqu’à la laisser comme une enveloppe vide.
Quand cela arrive, le chrétien sait que cette condition doit être combattue, jamais acceptée passivement. Dieu nous a créés pour la joie et pour le bonheur, et non pour nous complaire dans des pensées mélancoliques. Voilà pourquoi il est important de conserver notre cœur, en nous opposant aux tentations de malheur, qui ne viennent certainement pas de Dieu. Et là où nos forces nous apparaîtraient faibles et le combat contre l’angoisse particulièrement difficile, nous pouvons toujours avoir recours au nom de Jésus. Nous pouvons répéter cette prière simple, dont nous trouvons une trace également dans les Evangiles, et qui est devenue le pivot de nombreuses traditions spirituelles chrétiennes: «Seigneur Jésus Christ, Fils du Dieu vivant, aie pitié du pécheur que je suis!». Belle prière. «Seigneur Jésus Christ, Fils du Dieu vivant, aie pitié du pécheur que je suis!». C’est une prière d’espérance, parce que je m’adresse à Celui qui peut ouvrir toutes grandes les portes, et résoudre le problème et me faire regarder l’horizon, l’horizon de l’espérance.
Frères et sœurs, nous ne sommes pas seuls pour combattre contre le désespoir. Si Jésus a vaincu le monde, il est capable de vaincre en nous tout ce qui s’oppose au bien. Si Dieu est avec nous, personne ne nous volera la vertu dont nous avons absolument besoin pour vivre. Personne ne nous volera l’espérance. Allons de l’avant!

BENOÎT XVI (Hymne de jubilation ou Hymne de jubilation messianique.)

22 mai, 2018

http://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/audiences/2011/documents/hf_ben-xvi_aud_20111207.html

19

BENOÎT XVI (Hymne de jubilation ou Hymne de jubilation messianique.)

AUDIENCE GÉNÉRALE

Salle Paul VI

Mercredi 7 décembre 2011

Chers frères et sœurs,

Les évangélistes Matthieu et Luc (cf. Mt 11, 25-30 et Lc 10, 21-22) nous ont transmis un «joyau» de la prière de Jésus qui est souvent appelé Hymne de jubilation ou Hymne de jubilation messianique. Il s’agit d’une prière de reconnaissance et de louange, comme nous l’avons entendu. Dans l’original en grec des Evangiles, le verbe par lequel commence cet hymne, et qui exprime l’attitude de Jésus s’adressant au Père, est exomologoumai, souvent traduit par «je proclame ta louange» (Mt 11, 25 et Lc 10, 21). Mais dans les écrits du Nouveau Testament, ce verbe indique principalement deux choses: la première, c’est «reconnaître jusqu’au bout» — par exemple, Jean-Baptiste demandait à qui venait à lui pour se faire baptiser de reconnaître jusqu’au bout ses péchés (cf. Mt 3, 6) —; la seconde, c’est «être d’accord». L’expression par laquelle Jésus commence sa prière contient donc le fait qu’il reconnaît jusqu’au bout, pleinement, l’agir de Dieu le Père, et en même temps, le fait d’être totalement, consciemment et joyeusement d’accord avec cette façon d’agir, avec le projet du Père. L’Hymne de jubilation est le sommet d’un chemin de prière où apparaît clairement la communion profonde et intime de Jésus avec la vie du Père dans l’Esprit Saint et où se manifeste sa filiation divine.
Jésus s’adresse à Dieu en l’appelant «Père». Ce terme exprime la conscience et la certitude de Jésus d’être «le Fils», en communion intime et constante avec Lui, et c’est le point central et la source de chaque prière de Jésus. Nous le voyons clairement dans la dernière partie de l’Hymne, qui éclaire tout le texte. Jésus dit: «Tout m’a été confié par mon Père; personne ne connaît qui est le Fils, sinon le Père, et personne ne connaît qui est le Père, sinon le Fils et celui à qui le Fils veut le révéler» (Lc 10, 22). Jésus affirme donc que seul «le Fils» connaît vraiment le Père. Toute connaissance entre des personnes — nous en faisons tous l’expérience dans nos relations humaines —, comporte une implication, un type de lien intérieur entre celui qui connaît et celui qui est connu, à un niveau plus ou moins profond: on ne peut connaître sans une communion de l’être. Dans l’Hymne de jubilation, comme dans toute sa prière, Jésus montre que la vraie connaissance de Dieu présuppose la communion avec lui: c’est seulement en étant en communion avec l’autre que je commence à le connaître; il en est ainsi avec Dieu aussi: c’est seulement si j’ai un vrai contact, si je suis en communion, que je peux aussi le connaître. La véritable connaissance est donc réservée au «Fils», le Fils unique qui est depuis toujours dans le sein du Père (cf. Jn 1, 18), parfaitement uni à lui. Seul le Fils connaît vraiment Dieu, en étant dans une intime communion de l’être; seul le Fils peut révéler vraiment qui est Dieu.
Le nom de «Père» est suivi d’un autre titre, «Seigneur du ciel et de la terre». Par cette expression, Jésus récapitule la foi dans la création et fait résonner les premières paroles de l’Ecriture Sainte: «Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre» (Gn 1, 1). En priant, il rappelle le grand récit biblique de l’histoire d’amour de Dieu pour l’homme, qui commence par l’acte de la création. Jésus s’insère dans cette histoire d’amour, il en est le sommet et l’accomplissement. Dans son expérience de prière, l’Ecriture Sainte est éclairée et elle revit dans son ampleur la plus complète: annonce du mystère de Dieu et réponse de l’homme transformé. Mais, à travers l’expression «Seigneur du ciel et de la terre», nous pouvons aussi reconnaître comment en Jésus, le Révélateur du Père, est donnée à nouveau à l’homme la possibilité d’accéder à Dieu.
Posons-nous maintenant la question: à qui le Fils veut-il révéler les mystères de Dieu? Au début de l’hymne, Jésus exprime sa joie parce que la volonté du Père est de tenir ces choses cachées aux savants et aux sages, et de les révéler aux petits (cf. Lc 10, 21). Dans cette expression de sa prière, Jésus manifeste sa communion avec la décision du Père qui révèle ses mystères à celui qui a un cœur simple: la volonté du Fils ne fait qu’un avec celle du Père. La révélation divine n’advient pas selon la logique terrestre, selon laquelle ce sont les hommes cultivés et puissants qui possèdent les connaissances importantes, et qui les transmettent aux gens plus simples, aux petits. Dieu a utilisé un tout autre style: les destinataires de sa communication ont été précisément les «petits». Telle est la volonté du Père, et le Fils la partage avec joie. Le Catéchisme de l’Eglise catholique dit: «Son tressaillement “Oui, Père!” exprime le fond de son cœur, son adhésion au “bon plaisir” du Père, en écho au “Fiat” de sa Mère lors de sa conception et en prélude à celui qu’il dira au Père dans son agonie. Toute la prière de Jésus est dans cette adhésion aimante de son cœur d’homme au “mystère de la volonté” du Père (Ep 1, 9)» (n. 2603). D’où l’invocation que nous adressons à Dieu dans le Notre Père: «Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel»: avec le Christ, et dans le Christ, nous aussi nous demandons à entrer en harmonie avec la volonté du Père, en devenant ainsi nous aussi ses enfants. Dans cet Hymne de jubilation, Jésus exprime ainsi sa volonté d’impliquer dans sa connaissance filiale de Dieu tous ceux que le Père veut y faire participer; et ceux qui accueillent ce don, ce sont les «petits».
Mais que signifie «être petits», simples? Quelle est la «petitesse» qui ouvre l’homme à l’intimité filiale avec Dieu et à l’accueil de sa volonté? Quelle doit être l’attitude de fond de notre prière? Regardons le «Discours de la Montagne» dans lequel Jésus affirme: «Heureux les cœurs purs, ils verront Dieu!» (Mt 5, 8). C’est la pureté de cœur qui permet de reconnaître le visage de Dieu en Jésus Christ; c’est avoir un cœur simple comme celui des enfants, sans la présomption de qui s’enferme en lui-même, pensant n’avoir besoin de personne, pas même de Dieu.
Il est intéressant aussi de noter en quelle l’occasion Jésus déclame cet Hymne au Père. Dans le récit évangélique de Matthieu, c’est la joie, parce qu’en dépit des oppositions et des refus, il y a des «petits» qui accueillent sa parole et qui s’ouvrent au don de la foi en Lui. L’Hymne de jubilation est en effet précédé par le contraste entre l’éloge de Jean-Baptiste, l’un des «petits» qui ont reconnu l’action de Dieu dans le Christ Jésus (cf. Mt 11, 2-19), et le reproche pour l’incrédulité des villes du lac «où avaient eu lieu la plupart de ses miracles» (cf. Mt 11, 20-24). La jubilation est donc vue par Matthieu en relation avec les paroles par lesquelles Jésus constate l’efficacité de sa parole et de son action: «Allez rapporter à Jean ce que vous entendez et voyez: les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent, et la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres. Heureux celui qui ne tombera pas à cause de moi!» (Mt 11, 4-6).
Saint Luc aussi présente l’Hymne de jubilation en lien avec un moment où se développe l’annonce de l’Evangile. Jésus a envoyé les «soixante-douze disciples» (cf. Lc 10, 1) et ils sont partis avec un sentiment de peur du fait de l’échec possible de leur mission. Luc aussi souligne le refus rencontré dans les villes où le Seigneur a prêché et accompli des signes prodigieux. Mais les soixante-douze disciples rentrent remplis de joie parce que leur mission a été un succès; ils ont constaté que, par la puissance de la parole de Jésus, les maux de l’homme sont vaincus. Et Jésus partage leur satisfaction: «à cette heure même», à ce moment-là, Il exulta de joie.
Il y a encore deux éléments que je voudrais souligner. L’évangéliste Luc introduit la prière avec cette remarque: «Jésus exulta de joie sous l’action de l’Esprit Saint» (Lc 10, 21). Jésus se réjouit en partant de l’intérieur de lui-même, de ce qu’il a de plus profond: la communion unique de connaissance et d’amour avec le Père, la plénitude de l’Esprit Saint. En nous impliquant dans sa filiation, Jésus nous invite nous aussi à nous ouvrir à la lumière de l’Esprit Saint, parce que, comme l’affirme l’apôtre Paul, «nous ne savons pas prier comme il faut. L’Esprit lui-même intervient pour nous par des cris inexprimables.… [selon] ce que Dieu veut» (Rm 8, 26-27) et nous révèle l’amour du Père. Dans l’Evangile de Matthieu, après l’Hymne de jubilation, nous trouvons l’un des appels les plus poignants de Jésus: «Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos» (Mt 11, 28). Jésus demande d’aller à Lui, qui est la vraie sagesse, à Lui qui est «doux et humble de cœur»; il propose «son joug», la voie de la sagesse de l’Evangile qui n’est pas une doctrine à apprendre ni une proposition éthique, mais une Personne à suivre: Lui-même, le Fils unique en parfaite communion avec le Père.
Chers frères et sœurs, nous avons goûté pendant un moment la richesse de cette prière de Jésus. Nous aussi, par le don de son Esprit, nous pouvons nous adresser à Dieu, dans la prière avec la confiance des enfants, en invoquant le nom du Père, «Abba». Mais nous devons avoir le cœur des petits, des «pauvres de cœur» (Mt 5, 3), pour reconnaître que nous ne sommes pas auto-suffisants, que nous ne pouvons pas construire notre vie tout seuls, mais que nous avons besoin de Dieu, nous avons besoin de le rencontrer, de l’écouter, de lui parler. La prière nous ouvre à la réception du don de Dieu, sa sagesse, qui est Jésus lui-même, pour accomplir la volonté du Père sur notre vie et trouver ainsi le repos dans les peines de notre chemin. Merci.

HOMÉLIE DE LA PENTECÔTE, B

18 mai, 2018

http://parolesdudimanche.blogs.lalibre.be

imm per diario

HOMÉLIE DE LA PENTECÔTE, B

Ac 2, 1-11 ; Ga 5, 16-25 ; Jn 20, 19-23 ou Jn 15, 26-27 ; 16,12-15

Les chrétiens ont une vocation de polyglottes. C’est ce que semble affirmer Luc dans le reportage très imagé et symbolique qu’il fait de la naissance de l’Eglise. Une bruyante activité, une succession de miracles et toute la gamme des sentiments humains qui vont de la stupéfaction à l’émerveillement. C’est Babel à l’envers. Et il ne s’agit pas d’un conte de fées ni d’un récit pour enfants.
Les textes proposés comme antiennes d’ouverture nous aident à déchiffrer le message et à comprendre l’événement. La source d’abord : « L’Esprit du Seigneur… c’est se faire comprendre des hommes et des femmes de toutes langues ». Le fruit de la conversion et de la communion à Dieu ensuite : « L’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par son Esprit qui habite en nous ».
Ainsi, dans le royaume de Dieu, la langue universelle est celle de la charité. Le message d’amour jaillissant éternellement de la fontaine divine transite par le cœur des croyants pour atteindre « toutes les nations qui sont sous le ciel ». Alors que les cultures, races, couleurs et langues, sont si souvent causes de divisions et d’oppositions, œuvres de la chair, voici que l’Esprit unifie et rassemble. Un monde nouveau, des créatures nouvelles.
Le souffle de Dieu est créateur. « Tu envoies ton souffle, chante le psaume 103, ils sont créés. Tu renouvelles la face de la terre ». Quand le courant de la vie de Dieu envahit l’être humain, quand la communion s’établit entre le don et celui qui l’accueille, comment le décrire sinon par « un bruit pareil à celui d’un violent coup de vent ». Vent brûlant qui dessèche les herbes folles et cautérise les blessures. Souffle puissant qui secoue les endormis et transforme en apôtres audacieux les disciples paralysés par la peur.
Comment ne pas faire nôtre ce cri d’espérance et d’enthousiasme choisi ce dimanche comme acclamation de l’Evangile : « Viens Esprit Saint ! Pénètre le cœur de tes fidèles ! Qu’ils soient brûlés au feu de ton amour ! ».
L’Esprit donne sens à la vie. Le véritable sens. L’Esprit est un souffle libérateur. Il brise le carcan de l’égoïsme, balaye les étroitesses et les aveuglements de la lettre. Il nous arrache au superficiel et nous fait goûter l’ivresse des profondeurs.
Arbre d’amour dont les racines plongent dans l’intimité de Dieu et se nourrissent de la communion divine, il n’y a pas d’autre fruit que l’amour… mais un amour dont les mille facettes sont autant d’éblouissantes merveilles. Un fruit unique, mais de multiples saveurs qui portent des noms dont on rêve. L’amour, en effet, est joie et paix. Il est aussi patience et bonté, foi et bienveillance, douceur et maîtrise de soi, comme le précise Paul.
Avec un tel éventail de richesses de cœur et d’esprit, « il n’y a pas de loi », ajoute l’apôtre, car « si vous êtes conduits par l’Esprit, vous n’êtes plus soumis à la loi ».
Cependant, cette totale liberté, cette libération de tout l’être, est aussi lente croissance et long cheminement pour que l’Esprit puisse pénétrer jusqu’aux dernières fibres de notre être… La longue marche du désert ne peut éviter les pièges et les assauts des « œuvres de la chair ». Les dangers les plus graves et les plus menaçants sont encore pour nous aujourd’hui, comme pour nos ancêtres dans la foi, l’idolâtrie et les récupérations idéologiques, les « rivalités, discordes, colères, envie… », qui nous font retourner à Babel et piétiner le fruit de l’Esprit.
Chaque eucharistie est Pentecôte, même si nous avons verrouillé les portes de notre cœur, même si nous sommes accablés par les obstacles de la route, la lassitude ou le découragement. Jésus vient au milieu de nous et nous dit aujourd’hui encore : « La paix soit avec vous ! » Dans l’eucharistie, nous voici nourris de la Parole et du Pain. Là aussi nous recevrons son Souffle qui est esprit d’amour… Et nous serons envoyés pour que tous puissent parler et se faire comprendre avec la langue unique du royaume nouveau.

P. Fabien Deleclos, franciscain (T)
1925 – 2008

PAPE FRANÇOIS (Baptême…les rites centraux, qui se déroulent près des fonts baptismaux)

16 mai, 2018

http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/audiences/2018/documents/papa-francesco_20180502_udienza-generale.html

imm fr

PAPE FRANÇOIS (…les rites centraux, qui se déroulent près des fonts baptismaux)

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre

Mercredi 2 mai 2018

Chers frères et sœurs, bonjour!

En poursuivant ma réflexion sur le baptême, je voudrais aujourd’hui m’arrêter sur les rites centraux, qui se déroulent près des fonts baptismaux.
Considérons tout d’abord l’eau, sur laquelle est invoquée la puissance de l’Esprit, afin qu’elle ait la force de régénérer et de renouveler (cf. Jn 3, 5 et Tt 3, 5). L’eau est matrice de vie et de bien-être, alors que son absence provoque la disparition de toute fécondité, comme cela arrive dans le désert; mais l’eau peut également être cause de mort, quand elle engloutit dans ses flots ou qu’en grande quantité elle renverse toute chose; enfin, l’eau a la capacité de laver, de nettoyer et de purifier.
A partir de ce symbolisme naturel, universellement reconnu, la Bible décrit les interventions et les promesses de Dieu à travers le signe de l’eau. Toutefois, le pouvoir de remettre les péchés ne se trouve pas dans l’eau elle-même, comme l’expliquait saint Ambroise aux nouveaux baptisés: «Tu as vu l’eau, mais toute eau ne guérit pas: l’eau qui guérit est celle qui a la grâce du Christ. […] L’action est celle de l’eau, l’efficacité celle de l’Esprit Saint» (De sacramentis 1, 15).
C’est pourquoi l’Eglise invoque l’action de l’Esprit sur l’eau, pour «que ceux qui recevront en elle le Baptême soient ensevelis avec le Christ dans la mort et, avec lui, ressuscitent à la vie éternelle» (Rituel du baptême de enfants, n. 60). La prière de bénédiction dit que Dieu a préparé l’eau «à être le signe du baptême» et elle rappelle les principales préfigurations bibliques: l’Esprit flottait sur les eaux des origines pour en faire des semences de vie (cf. Gn 1, 1-2); l’eau du déluge marqua la fin du péché et le début de la vie nouvelle (cf. Gn 7, 6-8, 22); à travers l’eau de la mer Rouge, les fils d’Abraham furent libérés de l’esclavage d’Egypte (cf. Ex 14, 15-31). En relation avec Jésus, on rappelle le baptême dans le Jourdain (cf. Mt 3, 13-17), le sang et l’eau versés de son côté (cf. Jn 19, 31-37), et le mandat aux disciples de baptiser tous les peuples au nom de la Trinité (cf. Mt 28, 19). Forts de cette mémoire, on demande à Dieu d’insuffler dans l’eau des fonts baptismaux la grâce du Christ mort et ressuscité (cf. Rituel du baptême des enfants, n. 60). Ainsi, cette eau est transformée en eau qui contient la force de l’Esprit Saint en elle. Et avec cette eau possédant la force de l’Esprit Saint, nous baptisons les personnes, nous baptisons les adultes, les enfants, tout le monde.
L’eau des fonts baptismaux étant sanctifiée, il faut préparer le cœur pour accéder au baptême. Cela a lieu lors du renoncement à satan et de la profession de foi, deux actes étroitement liés entre eux. Dans la mesure où je dis «non» aux suggestions du diable — celui qui divise — je suis en mesure de dire «oui» à Dieu qui m’appelle à me configurer à Lui dans les pensées et dans les œuvres. Le diable divise; Dieu unit toujours la communauté, les gens en un seul peuple. Il n’est pas possible d’adhérer au Christ en posant des conditions. Il faut se détacher de certains liens pour pouvoir en embrasser vraiment d’autres; ou tu es bien avec Dieu ou tu es bien avec le diable. C’est pourquoi la renonciation et l’acte de foi vont de pair. Il faut couper des ponts, en les laissant derrière soi, pour entreprendre la Voie nouvelle qu’est le Christ.
La réponse aux questions — «Renoncez-vous à satan, à toutes ses œuvres et à toutes ses séductions?» — est formulée à la première personne du singulier: «Je renonce». Et de la même manière, la foi de l’Eglise est professée, en disant: «Je crois». Je renonce et je crois: c’est à la base du baptême. C’est un choix responsable, qui exige d’être traduit par des gestes concrets de confiance en Dieu. L’acte de foi suppose un engagement que le baptême lui-même aidera à maintenir avec persévérance dans les diverses situations et épreuves de la vie. Rappelons-nous l’antique sagesse d’Israël: «Mon fils, si tu prétends servir le Seigneur, prépare-toi à l’épreuve» (Si 2, 1), c’est-à-dire prépare-toi à la lutte. Et la présence de l’Esprit Saint nous donne la force pour bien lutter.
Chers frères et sœurs, quand nous plongeons la main dans l’eau bénite — en entrant dans une église nous touchons l’eau bénite — et que nous faisons le signe de la Croix, pensons avec joie et gratitude au baptême que nous avons reçu — cette eau bénite nous rappelle le baptême — et renouvelons notre «Amen» — «Je suis heureux» —, pour vivre plongés dans l’amour de la Très Sainte Trinité.

SAINTE-MARTHE: LE VRAI PASTEUR OBÉIT À L’APPEL DE L’ESPRIT SAINT (PAPE FRANÇOIS 2017)

15 mai, 2018

https://fr.zenit.org/articles/sainte-marthe-le-vrai-pasteur-obeit-a-lappel-de-lesprit-saint/

imm fr

Sermon de Saint Paul (je ne peux pas lire l’écriture)

SAINTE-MARTHE: LE VRAI PASTEUR OBÉIT À L’APPEL DE L’ESPRIT SAINT (PAPE FRANÇOIS 2017)

Homélie du 30 mai 2017

Le « vrai pasteur » sait « prendre congé » de son Eglise pour suivre l’appel de l’Esprit Saint : il n’est pas au « centre de l’histoire », il « sert sans compromis » et sans « s’approprier » le troupeau. Le pape François a commenté en ces termes l’adieu de saint Paul aux Anciens d’Ephèse rapporté par les Actes des Apôtres, lors de sa messe matinale à Sainte-Marthe, au Vatican, ce 30 mai 2017, indique une synthèse de Radio Vatican.

« Nous tous, les pasteurs, nous devons prendre congé. Il arrive un moment où le Seigneur nous dit « va ailleurs, va ici, va là, viens auprès de moi ». Un pasteur doit se préparer à bien prendre congé, et ne pas le faire à moitié. Le pasteur qui n’apprend pas à prendre congé n’a pas un bon rapport avec le troupeau, un rapport qui n’a pas été purifié par la croix de Jésus », a notamment fait observer le pape qui a relevé trois éléments dans la manière de faire de saint Paul.

Paul affirme qu’il n’a jamais « reculé » et le pape fait remarquer que « ce n’est pas un acte de vanité, parce qu’il dit qu’il est le pire des pécheurs – il le sait et il le dit – ». Mais Paul « raconte simplement l’histoire» : «C’est une des choses qui donnera beaucoup de paix au pasteur lorsqu’il prendra congé, explique le pape : se rappeler qu’il n’a jamais été un pasteur de compromis », ce qui exige « du courage ».

Ensuite, l’apôtre Paul indique qu’il prend le chemin de Jérusalem, « poussé par l’Esprit » : il obéit à l’Esprit-Saint, et « il sait qu’il ne possède rien en propre, il ne s’est pas approprié le troupeau, il l’a servi (..). Il ne part pas en retraite. Il va ailleurs, afin de servir d’autres Eglises, le cœur toujours ouvert à la voix de Dieu : je laisse cela, je verrai ce que le Seigneur me demande. Et ce pasteur sans compromis est maintenant un pasteur en chemin. »

Enfin, Paul affirme qu’il « n’accorde du prix » à sa vie, ce qui signifie qu’ « il n’est pas le centre de l’histoire, grande ou petite », mais « un serviteur ». Aussi Paul prend-il congé avec une « liberté sans compromis », et c’est « ainsi que doit prendre congé un pasteur », estime le pape François. Il a invité à prier « pour les pasteurs, pour nos pasteurs, pour les curés, les évêques, le Pape, afin que leur vie soit une vie sans compromis, une vie en chemin, une vie où ils ne se croient pas au centre de l’histoire et apprennent ainsi à prendre congé ».

HOMÉLIE POUR L’ASCENSION DU SEIGNEUR (ANNÉE B) « ENLEVÉ AU CIEL ET ASSIS À LA DROITE DE DIEU »

11 mai, 2018

http://www.hgiguere.net/Homelie-pour-l-Ascension-du-Seigneur-Annee-B-Enleve-au-ciel-et-assis-a-la-droite-de-Dieu_a833.html

imm fr -Pietro_Perugino_cat75

(désolé pour le retard, pour moi l’Ascension est dimanche prochain)

HOMÉLIE POUR L’ASCENSION DU SEIGNEUR (ANNÉE B) « ENLEVÉ AU CIEL ET ASSIS À LA DROITE DE DIEU »

Homélie pour l’Ascension du Seigneur Année B le 10 mai 2018 (ou le dimanche 13 mai 2018 dans certains pays, comme le Canada) par Mgr Hermann Giguère P. H., Séminaire de Québec. Textes : Actes des Apôtres 1, 1-11, Éphésiens 4, 1-13 et Marc 16, 15-20.

Aujourd’hui nous célébrons l’Ascension du Seigneur. Cette solennité liturgique s’inscrit dans la suite de la fête de Pâques. Elle marque le départ de Jésus qui dorénavant ne sera plus avec ses disciples comme il l’a été auparavant. Relisons ensemble ce qui nous est présenté ce matin concernant ce mystère de l’Ascension dans l’évangile et dans la première lecture.

I – Le récit de l’Ascension
Le récit de l’évangile de saint Marc est très bref. Il résume le tout en quelques lignes que je vous relis : « Le Seigneur Jésus, est-il écrit, après leur avoir parlé, fut enlevé au ciel et s’assit à la droite de Dieu. » C’est tout.
Quant à saint Luc, dans la première lecture, il est plus loquace. Son récit situe l’épisode quarante jours après Pâques. C’est ce qui explique que la fête de l’Ascension est placée le jeudi de la 6e semaine après Pâques. En certains endroits, cependant, comme au Canada, la fête est reportée de quelques jours pour être célébrée le dimanche suivant.
Saint Luc dans son récit nous montre les disciples réunis autour de Jésus dans un repas où celui-ci leur explique que son départ leur ouvrira un espace nouveau où ils seront les protagonistes de l’annonce du Royaume : « Vous serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre ». Il s’efface et leur promet l’assistance de l’Esprit Saint pour cette mission.
C’est une des plus belles leçons qu’on peut retenir du mystère de l’Ascension, à savoir que le départ et l’absence de Jésus ouvrent la porte à une nouvelle présence qui se continuera tout au long des siècles. Ce sont désormais les disciples qui sont les hérauts, les messagers de la Bonne Nouvelle.

II – L’envoi des disciples
C’est ce que l’évangile de saint Marc s’emploie à développer en s’adressant aux chrétiens des débuts. Après avoir dit que Jésus a été enlevé et s’est assis à la droite de Dieu, il rappelle comment les disciples ont répondu à l’appel du Maître : « Quant à eux, ils s’en allèrent proclamer partout l’Évangile c’est-à-dire la Bonne Nouvelle ». L’évangile de saint Marc se termine ainsi car il avait comme fil conducteur la Bonne Nouvelle qu’est Jésus et son message. En effet, dès les premiers versets saint Marc présente son récit comme l’annonce de la Bonne Nouvelle. Il débute par ces mots : « Commencement de l’Évangile – la Bonne Nouvelle – de Jésus, Christ, Fils de Dieu ». Le départ de Jésus ne change rien à cette annonce de l’Évangile, la Bonne Nouvelle. Ce qui est différent c’est que Jésus disparaît des yeux des disciples, mais il sera toujours avec eux.
Ils pourront le constater par les signes qui sont énumérés ici. « En mon nom, ils expulseront les démons ; ils parleront en langues nouvelles ; ils prendront des serpents dans leurs mains et, s’ils boivent un poison mortel, il ne leur fera pas de mal ; ils imposeront les mains aux malades, et les malades s’en trouveront bien. » Cette liste apparaît plutôt insolite à nos oreilles. Mais elle ne peut être mise de côté. Car c’est par les signes que se révèle la présence du Ressuscité. Les signes sont une forme d’enseignement sur lui, sur ce qu’il est, sur sa mission et sur son message. Ceux qui sont énumérés ici visent avant tout à manifester qu’en Jésus éclate la puissance de Dieu. Ils sortent de l’ordinaire par leur caractère miraculeux pour nous faire comprendre qu’en Jésus, Dieu agit au-delà de nos attentes et nos vues purement humaines.
Si on regardait avec foi autour de nous aujourd’hui, on reconnaîtrait des signes semblables adaptés à nos conditions de vie présentes. Ces signes d’aujourd’hui se concentreraient alors autour de la miséricorde et de la compassion. C’est du moins l’essentiel de l’enseignement du pape François qui ne cesse de le répéter. Sans mettre de côté les signes plus extraordinaires, très prisés chez nos frères et sœurs évangéliques, force nous est de constater que nos contemporains sont plus rejoints par les gestes de miséricorde, de compassion, d’entraide, de luttes pour la justice que par les guérisons de maladies de toutes sortes dont la médecine peut prendre soin. Voilà où regarder pour voir les nouveaux signes qui disent la présence toujours vivante de Jésus monté au ciel et assis à la droite de Dieu.

III – Application
Ces considérations que la fête de l’Ascension m’a inspirées me paraissent stimulantes pour notre vie chrétienne. Le départ de Jésus lors de l’Ascension marque le début d’une absence qui ouvre une porte toute grande à la démarche de ceux et celles qui le suivent. C’est à eux et à elles que revient la tâche de le rendre présent. Par leurs rassemblements, par leur écoute de sa Parole, par le partage de son Corps, ils deviennent eux-mêmes des signes de sa présence. On chante avec raison en s’inspirant de saint Paul « Vous êtes le Corps du Christ, vous êtes le Sang du Christ, alors, qu’avez-vous fait de lui? » ( Couplet du chant Je cherche le visage de John Littleton ).
Plutôt que d’imaginer l’Ascension comme la fin d’une belle histoire, nous sommes invités à voir ce mystère comme le début d’une grande histoire, d’un long périple dont nous sommes les participants et les participantes. C’est l’histoire de l’Église qui commence, une histoire aux multiples renversements, remplie de beautés, mais aussi de laideurs, une histoire de saintetés mais aussi de méchancetés. Et pourtant, Jésus prend le risque de quitter les siens définitivement en leur laissant le soin de le rendre présent autour d’eux et dans l’histoire.
Quelle belle mission pour nous aujourd’hui ! Nous nous demandons souvent, devant la situation de la foi chrétienne dans les sociétés industrialisées comme les nôtres, s’il est encore possible de rencontrer Jésus. La réponse est oui. Il est là par toi ou par moi qui rend témoignage par sa vie et ses engagements qu’il est toujours vivant

Conclusion
La célébration de l’Eucharistie est pour nous le lieu indispensable de la rencontre de Jésus enlevé au ciel et assis à la droite tu Père. Lorsque nous célébrons ensemble, il est là avec nous toujours vivant intercédant et nous unissant à lui dans la liturgie céleste autour de Dieu à laquelle nous sommes tous et toutes conviés pour l’éternité (cf. Hébreux 7, 25).
Faisons maintenant notre profession de foi et disons avec cœur aujourd’hui : « Je crois en Jésus-Christ… qui est monté aux cieux et qui est assis à la droite de Dieu le Père tout-puissant d’où il viendra juger les vivants et les morts ! »
Amen!

Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l’Université Laval
Séminaire de Québec

LA PUISSANCE DU NOM DIVIN (ÉTUDE DU PSAUME 8)

10 mai, 2018

https://www.bible-service.net/extranet/current/pages/734.html

imm fr

LA PUISSANCE DU NOM DIVIN (ÉTUDE DU PSAUME 8)

Commentaire au fil du texte

Commencer
Ce psaume 8 est bref, mais il contient l’univers entier…
Le psaume 8 est court et pourtant il évoque l’univers, l’homme et Dieu. Plus particulièrement, la grandeur du Nom de Dieu. Comment cela ?

Parcourir le psaume
Première remarque qui est utile dans l’étude de bien des textes bibliques : le psaume 8 commence et se termine par une « inclusion ». Procédé littéraire assez courant, l’inclusion est la répétition volontaire d’un mot, d’une expression ou d’une phrase, que l’auteur veut mettre en valeur et qu’il utilise comme un indice de la construction de son texte (pour borner le passage, marquer ses parties ou le relier au contexte). L’inclusion est ici une doxologie, c’est-à-dire une formulation de la Gloire de Dieu :
« SEIGNEUR notre Seigneur,
que ton nom est magnifique par toute la terre ! » (v. 2 et v. 10).
Deuxième remarque : quel est le vocabulaire dominant dans ce psaume ? Il parait simple de remarquer celui-ci :
v. 2 : terre, cieux
v. 4 : cieux, lune, étoiles
v. 7 : œuvres de tes mains
v. 8 : bétail, gros ou petit, bêtes sauvages
v. 9 : oiseau du ciel, poissons, mer.

Tous ces éléments sont ceux de la création, de l’univers. Mais un autre champ sémantique fait contrepoint :
v. 3 : tout petits, nourrissons
v. 5 : l’homme, l’être humain
v. 6 : presque un dieu

C’est l’homme, dans sa fragilité et sa dépendance, qui trouve une place dans la création.
Ces données rapprochées mettent en évidence que, dans ce psaume, c’est le Seigneur de la création, du cosmos, qui est loué ainsi que la puissance qu’il déploie au profit des mortels et qui réside dans son Nom.

Commentaire : Qu’est-ce donc que le « Nom » ?
Identité.
Le « Nom » a une grande importance dans le Premier Testament. Car, dans la Bible, le nom d’un être résume son rôle dans l’univers ; il exprime la totalité de la personne qu’il désigne et enferme en ses lettres la puissance de cet être. C’est pourquoi l’étymologie d’un nom donne en général un sens approprié à la nature et à la mission de celui qui le porte. « Adam », par exemple, vient de la racine « sol » dont il fut tiré (Gn 2,7). Autre exemple, « Noé » signifie « qui réconforte » parce que son père Lamech avait dit : « il nous réconfortera de nos labeurs et de la peine de nos mains » (Gn 5,29). « Isaac » vient de la racine « rire » car Abraham et Sarah avaient ri à l’annonce de la venue d’un fils sur leurs vieux jours (Gn 18,12). « Moïse » signifie « tiré » des eaux (Ex 2,10) parce qu’il avait été sauvé des eaux du Nil. Les lieux aussi reçoivent des noms significatifs. Le puits de « Lahaï-Roï » est le « puits du Vivant qui me voit » (Ex 16,14) ; « Mara », racine de l’amertume, est le lieu du désert où les fils d’Israël ne purent boire car l’eau était « amère » (Ex 15, 22-27) etc…

Le Nom divin.
Mais, en ce qui concerne Dieu, c’est lui-même qui dévoila son « Nom » aux hommes. S’il fut d’abord pour Moïse le Dieu des ancêtres, le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob (Ex 3,6), en Ex 3,14, Dieu se nomme « Je suis qui je serai » et précise « c’est mon nom pour toujours, c’est ainsi que l’on m’invoquera de génération en génération ». Le Seigneur a livré à Moïse son Nom et son Mystère. Si l’ambiguïté de la formule « Je suis qui je serai » révèle le refus de se laisser enfermer dans les catégories des hommes, dans le même temps, son « être » semble orienté vers l’homme. En effet, en Ex 3,12, Le Seigneur affirme « Je suis avec toi », promettant ainsi que sa présence aux hommes sera constante et efficace. Et derrière ces deux aspects, ce Nom laisse entendre que Dieu est aussi Celui qui fait exister, qui décide de l’être.
Comme le montre le Ps 8, le Nom fera l’objet d’un culte. Nom redoutable, éternel, tout-puissant, saint et terrible, il sera la manière de s’adresser au Dieu transcendant qui, pourtant, est activement présent au sein de l’univers.
Par toute la terre, le Nom de Dieu est la signature de ses œuvres. Ce Nom dit, au cœur du monde, la majesté inatteignable du Créateur, il atteste que le ciel est « son » ciel, piqueté de la terre et des étoiles par son art, il atteste sa puissance qui maintient l’harmonie de l’être et de la vie.
Un Nom pour une alliance.
Toutefois, l’émerveillement né de la puissance du Nom ne s’arrête pas aux contemplations extérieures, il fait aussi naître l’interrogation sur la vie humaine : « Qu’est donc l’homme, pour que tu penses à lui, l’être humain, pour que tu t’en soucies ? » v. 5. Comment le Dieu Créateur peut-il se souvenir de l’homme, fragile, fini, simple mortel, fils d’Adam, poussière qui retournera à la poussière ? Comment le Dieu Créateur peut-il vouloir le visiter, en prendre souci, le rencontrer pour le sauver ? Beaucoup plus encore, comment Le Seigneur Créateur peut-il associer l’homme à sa permanente Gloire créatrice ?
C’est ce que le psaume nous révèle. Si l’homme est créature, elle est juste moins qu’un dieu et le Seigneur la couronne « de gloire et de beauté pour qu’il domine son œuvre ». Il a mis la création sous ses pieds. Or, ces multiples facettes du rôle privilégié de l’homme sont des dons de Dieu. Si vous étudiez le psaume en vous posant la question : « Qui agit ? », vous remarquerez que seul Le Seigneur agit. Lui seul crée, maintient l’être et l’harmonie, Lui seul attribue les rôles. Voilà bien la raison profonde de la louange ! Et si l’être humain est hautement valorisé, sa royauté sur la création ne vient ni de sa nature, ni de ses performances ou mérites, elle est un don gratuit de Dieu. C’est pourquoi ce don implique une responsabilité d’administration qui ne soit ni malhonnête, ni injuste, ni gaspilleuse. C’est pourquoi tous les hommes sont co-responsables du cosmos et co-protecteurs de la vie. C’est en cela aussi que l’homme est à l’image et à la ressemblance de Dieu, qu’il correspond au dessein créateur. Et sa louange est alors comme celle de « la bouche des enfants, des tout petits ». Se sachant faibles mais confiants, les enfants attendent les bienfaits de plus grand qu’eux. Ils agissent à l’ombre de leur Père et s’appuient sur son Nom.
Jésus et l’homme un peu moindre qu’un dieu…
Avec le Christ, nous pouvons aller plus loin dans l’interprétation du psaume, nous pouvons le comprendre selon une lecture chrétienne.
Jésus a mis en valeur la grandeur des petits : « Qui n’accueille pas le Royaume de Dieu comme un enfant n’y entrera pas » Lc 18,17. Cette posture d’accueil du don dans la simplicité et la confiance fait non seulement vivre le monde, mais encore elle le fait vivre, littéralement, dans l’être de Dieu, elle le fait vivre en « Royaume de Dieu ».
Or, c’est bien ce que le Christ a réalisé en plénitude.
Par son incarnation, par le fait qu’il s’est fait réellement homme, il est venu visiter les hommes pour les sauver comme le dit le v. 5 du psaume.
Mais il est aussi venu pour élever la nature humaine à une dignité inconcevable – et inconcevable à coup sûr pour le psalmiste qui ne bénéficiait pas de la Révélation de Dieu par le Fils de Dieu lui-même, Jésus-Christ – puisque lui, l’homme Jésus, fut ressuscité et élevé à la droite du Père où il partage à tout jamais la Gloire de Dieu. Il fut « couronné de gloire et de beauté » comme dit le v. 6 du psaume.
Nous rendons-nous compte de ce que cela signifie ? Nous rendons-nous compte que c’est l’avenir que Dieu nous promet ? Nous rendons-nous compte que l’expression « fils de Dieu par adoption » – qui est notre nom, à nous, chrétiens – est lestée du poids de cette dignité et de cette gloire ? Jésus-Christ est l’archétype de l’homme que nous pouvons devenir !
La Résurrection de Jésus a déjà réalisé, maintenant, sur notre vieille terre, en plénitude, la royauté de l’homme sur la création puisqu’elle a vraiment mis toute chose aux pieds de Jésus-Christ … la mort comprise !
Hommes, nous sommes investis d’une dignité royale pour faire de la création le Royaume de Dieu ; pour faire vivre la création de la vie même de Dieu, celle qui, par-delà la mort, mène à la vie en Dieu !

Autres psaumes à lire…
Souhaitez-vous voir comment le Nom du Seigneur est le refuge des hommes qui prient les Psaumes ? Reportez-vous aux versets suivants et à leurs contextes : Ps 54,3; 124,8; 52,11; 33,21. Puis relisez le chapitre 17 de l’évangile de Jean en vous arrêtant plus particulièrement sur les versets 17,6.11.12.26.
La révélation que nous sommes des « fils adoptifs » de Dieu n’est pas simple à cerner. Pour méditer cette notion qui porte en elle l’avenir de l’homme, reprenez, dans les lettres pauliniennes, Rm 8,15; Ga 4,4-7; Ep 1,5, que vous pouvez compléter par Rm 8,28-30 et 2 Co 6,16-18.
Enfin, quelle est la prière qui manifeste à l’évidence que nous sommes enfants de Dieu ? Et, à partir de Mt 6,9-13, vous pouvez rechercher tout ce que recouvre le Nom de « Père » au long du Nouveau Testament.

Catherine Bizot
Service biblique catholique Évangile et Vie

PAPE FRANÇOIS (En poursuivant ma réflexion sur le baptême, 2 mai 2018)

9 mai, 2018

http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/audiences/2018/documents/papa-francesco_20180502_udienza-generale.html

imm per fr Verona--non-solo-Romeo-e-Giulietta007big

Bénitier (pas seulement Roméo et Juliette)

PAPE FRANÇOIS (En poursuivant ma réflexion sur le baptême, 2 mai 2018)

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre

Mercredi 2 mai 2018

Chers frères et sœurs, bonjour!

En poursuivant ma réflexion sur le baptême, je voudrais aujourd’hui m’arrêter sur les rites centraux, qui se déroulent près des fonts baptismaux.

Considérons tout d’abord l’eau, sur laquelle est invoquée la puissance de l’Esprit, afin qu’elle ait la force de régénérer et de renouveler (cf. Jn 3, 5 et Tt 3, 5). L’eau est matrice de vie et de bien-être, alors que son absence provoque la disparition de toute fécondité, comme cela arrive dans le désert; mais l’eau peut également être cause de mort, quand elle engloutit dans ses flots ou qu’en grande quantité elle renverse toute chose; enfin, l’eau a la capacité de laver, de nettoyer et de purifier.
A partir de ce symbolisme naturel, universellement reconnu, la Bible décrit les interventions et les promesses de Dieu à travers le signe de l’eau. Toutefois, le pouvoir de remettre les péchés ne se trouve pas dans l’eau elle-même, comme l’expliquait saint Ambroise aux nouveaux baptisés: «Tu as vu l’eau, mais toute eau ne guérit pas: l’eau qui guérit est celle qui a la grâce du Christ. […] L’action est celle de l’eau, l’efficacité celle de l’Esprit Saint» (De sacramentis 1, 15).
C’est pourquoi l’Eglise invoque l’action de l’Esprit sur l’eau, pour «que ceux qui recevront en elle le Baptême soient ensevelis avec le Christ dans la mort et, avec lui, ressuscitent à la vie éternelle» (Rituel du baptême de enfants, n. 60). La prière de bénédiction dit que Dieu a préparé l’eau «à être le signe du baptême» et elle rappelle les principales préfigurations bibliques: l’Esprit flottait sur les eaux des origines pour en faire des semences de vie (cf. Gn 1, 1-2); l’eau du déluge marqua la fin du péché et le début de la vie nouvelle (cf. Gn 7, 6-8, 22); à travers l’eau de la mer Rouge, les fils d’Abraham furent libérés de l’esclavage d’Egypte (cf. Ex 14, 15-31). En relation avec Jésus, on rappelle le baptême dans le Jourdain (cf. Mt 3, 13-17), le sang et l’eau versés de son côté (cf. Jn 19, 31-37), et le mandat aux disciples de baptiser tous les peuples au nom de la Trinité (cf. Mt 28, 19). Forts de cette mémoire, on demande à Dieu d’insuffler dans l’eau des fonts baptismaux la grâce du Christ mort et ressuscité (cf. Rituel du baptême des enfants, n. 60). Ainsi, cette eau est transformée en eau qui contient la force de l’Esprit Saint en elle. Et avec cette eau possédant la force de l’Esprit Saint, nous baptisons les personnes, nous baptisons les adultes, les enfants, tout le monde.
L’eau des fonts baptismaux étant sanctifiée, il faut préparer le cœur pour accéder au baptême. Cela a lieu lors du renoncement à satan et de la profession de foi, deux actes étroitement liés entre eux. Dans la mesure où je dis «non» aux suggestions du diable — celui qui divise — je suis en mesure de dire «oui» à Dieu qui m’appelle à me configurer à Lui dans les pensées et dans les œuvres. Le diable divise; Dieu unit toujours la communauté, les gens en un seul peuple. Il n’est pas possible d’adhérer au Christ en posant des conditions. Il faut se détacher de certains liens pour pouvoir en embrasser vraiment d’autres; ou tu es bien avec Dieu ou tu es bien avec le diable. C’est pourquoi la renonciation et l’acte de foi vont de pair. Il faut couper des ponts, en les laissant derrière soi, pour entreprendre la Voie nouvelle qu’est le Christ.
La réponse aux questions — «Renoncez-vous à satan, à toutes ses œuvres et à toutes ses séductions?» — est formulée à la première personne du singulier: «Je renonce». Et de la même manière, la foi de l’Eglise est professée, en disant: «Je crois». Je renonce et je crois: c’est à la base du baptême. C’est un choix responsable, qui exige d’être traduit par des gestes concrets de confiance en Dieu. L’acte de foi suppose un engagement que le baptême lui-même aidera à maintenir avec persévérance dans les diverses situations et épreuves de la vie. Rappelons-nous l’antique sagesse d’Israël: «Mon fils, si tu prétends servir le Seigneur, prépare-toi à l’épreuve» (Si 2, 1), c’est-à-dire prépare-toi à la lutte. Et la présence de l’Esprit Saint nous donne la force pour bien lutter.
Chers frères et sœurs, quand nous plongeons la main dans l’eau bénite — en entrant dans une église nous touchons l’eau bénite — et que nous faisons le signe de la Croix, pensons avec joie et gratitude au baptême que nous avons reçu — cette eau bénite nous rappelle le baptême — et renouvelons notre «Amen» — «Je suis heureux» —, pour vivre plongés dans l’amour de la Très Sainte Trinité.

 

12