Archive pour mai, 2019

HOMÉLIE POUR LE 7E DIMANCHE DE PÂQUES ANNÉE C « VIENS, SEIGNEUR JÉSUS ! »

31 mai, 2019

http://www.hgiguere.net/Homelie-pour-le-7e-dimanche-de-Paques-Annee-C-Viens-Seigneur-Jesus-_a895.html

fr gesù risorto trittico

Jésus ressuscité, triptyque

HOMÉLIE POUR LE 7E DIMANCHE DE PÂQUES ANNÉE C « VIENS, SEIGNEUR JÉSUS ! »

Homélie pour le 7e dimanche de Pâques (Année B) 2 juin 2019 (sauf au Canada * où ce dimanche-là on célèbre la Solennité de l’Ascension qui n’a pas été célébrée le jeudi 30 mai 2019) par Mgr Hermann Giguère P. H., Séminaire de Québec Textes: Actes 7, 55-60, Apocalypse 22, 12-14.16-17.20 et Jean 17, 20-26.
*(aussi en Italie c’est dimanche prochain, désolé si je n’ai pas mis l’homélie)

Les textes des lectures d’aujourd’hui en ce dimanche entre l’Ascension et celui de la Pentecôte illustrent ce qu’est la vie du disciple qui partage celle de Jésus ressuscité. Reprenons chacune des lectures dans cette perspective.

I – Saint Étienne premier martyr
Dans la première lecture, le martyre de saint Étienne auquel participe saint Paul, ardent adversaire alors des premières communautés chrétiennes, nous fait entrer dans l’intimité de ce disciple de Jésus hors pair que fut Étienne qui servait les plus pauvres avec générosité et affection. Le récit des Actes des Apôtres nous livre quelque chose de ce que fut la relation personnelle d’Étienne avec Jésus. Étienne représente tous ceux et celles qui ont cru à la résurrection de Jésus sur le témoignage des premiers disciples Pierre et Jean, Marie- Madeleine, les disciples d’Emmaüs, Thomas ou encore les 500 frères dont parle Saint Paul dans une de ses lettres ( 1 Corinthiens 15, 6).
Étienne est ainsi un peu comme nous et il peut nous servir de modèle. Il n’a pas connu Jésus directement. Nous aussi. Il l’a connu par les premiers témoins de la résurrection. Nous aussi. Il s’appuie sur leur parole et leur témoignage. Nous aussi. On voit, d’autre part, que cette foi qui est en lui est une foi à transporter les montagnes comme le souhaite Jésus dans les évangiles. Il est tellement uni à Jésus qu’il l’aperçoit déjà avant de mourir. Il s’identifie à lui en pardonnant à ses meurtriers. Il laisse un message de paix et d’amour en donnant sa vie comme Jésus l’a fait pour ses frères et sœurs.
C’est tout un témoignage qu’il donne. Il sera à l’instar des Apôtres un témoin, ce que veut dire le mot martyr en grec. Il inspirera nombre de personnes dans l’histoire, notamment ceux et celles qui, comme lui, auront à donner leur vie pour le Christ lors des persécutions dans l’empire romain. Il inspire encore aujourd’hui nombre de chrétiens et chrétiennes, témoins du Christ et martyrs à leur tour, qui vivent dans des pays où ils sont persécutés pour leur foi et dont certains donneront leur vie pour le Christ comme ce laïc catholique pakistanais, Shahbaz Bhatti, ministre pakistanais des minorités religieuses, qui a été assassiné le 2 mars 2011 et dont la cause de béatification et de canonisation a été ouverte en 2016. Voir le lien à la fin.

II – Une inspiration
La deuxième lecture nous fait entrer, sous forme poétique, dans la vie des disciples des premières communautés chrétiennes. On sait que l’écrit de l’Apocalypse date de la fin du premier siècle après Jésus-Christ. Les persécutions contre les chrétiens sont déjà commencées comme celle de Néron en 64. L’auteur du livre de l’Apocalypse désire soutenir et encourager les chrétiens à persévérer malgré les embûches et les obstacles qu’ils rencontrent.
En s’adressant aux premiers disciples des églises naissantes autour de la mer Méditerranée l’auteur met dans la bouche de Jésus ces paroles que nous avons entendues : « Heureux ceux qui lavent leurs vêtements : ils auront droit d’accès à l’arbre de la vie et, par les portes, ils entreront dans la ville. Moi, Jésus, j’ai envoyé mon ange vous apporter ce témoignage au sujet des Églises. » L’image des « vêtements » renvoie au « vêtement blanc » du Baptême. La persécution est une purification. Elle ouvre les portes de la ville c’est-à-dire du Royaume de Dieu.
C’est là un message d’encouragement à la persévérance dans la foi reçue des Apôtres. Cette persévérance s’appuie sur une conviction ferme, celle de la présence toujours vivante de Jésus ressuscité. C’est pourquoi la prière de ces communautés se concentre dans l’invocation : « Viens, Saigneur, Viens ».
Cette invocation a franchi les siècles. Nous aussi nous sommes dans une Église écrasée de toutes parts, nous sommes à contre-courant et ce dont nous avons besoin c’est de nous tourner vers Celui qui est, comme le cite le début de cette deuxième lecture, l’Alpha et l’Oméga – le début et la fin de tout – et de lui dire avec insistance « Viens ». Nous le faisons à chaque Eucharistie de façon spéciale après la consécration lorsque nous reprenons une des invocations proposées par la liturgie qui est la suivante « Proclamons le mystère de la Foi » à laquelle l’assemblée répond : « Gloire à toi qui était mort, gloire à toi qui es vivant, notre Sauveur et notre Dieu : Viens, Seigneur Jésus! »

III- Un héritage
La lecture de l’évangile nous renvoie à notre vie à nous de disciple de Jésus en présentant un extrait des paroles de Jésus lors de la dernière Cène. On constate par celles-ci que Jésus est conscient qu’il a un héritage à transmettre, un héritage qu’il désire partager avec ses disciples.
Le moment est solennel. En levant les yeux au ciel, Jésus laisse son coeur parler. Et, en même temps, il insiste pour montrer qu’il le fait dans une union totale avec son Père. Jésus ne se sépare jamais de Celui qui l’a envoyé. Il entre totalement dans le message d’amour du Père. « Que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi. Qu’ils soient un en nous, eux aussi, pour que le monde croie que tu m’as envoyé. Et moi, je leur ai donné la gloire que tu m’as donnée, pour qu’ils soient un comme nous sommes UN : moi en eux, et toi en moi. ».
Jésus sait déjà le soir de la Cène qu’il ira jusqu’à donner sa vie dans cette fidélité incrustée en lui depuis toujours comme lui fait dire l’auteur de la Lettre aux Hébreux en utilisant un psaume : « Père tu m’as donné un corps et me voici pour faire ta volonté » (cf. Hébreux 10, 5-7). Faire la volonté de Dieu, c’est entrer dans le mouvement d’amour entre le Père, le Fils et l’Esprit Saint au sein de la Trinité qui se répand sur les disciples que nous sommes. C’est le souhait que Jésus fait aux Apôtres autour de lui le soir de la Cène et à tous ceux et celles qui les suivront. Que « l’amour dont tu m’as aimé soit en eux, et que moi aussi, je sois en eux ». Tel est l’héritage de Jésus pour ceux et celles qui le suivent.
Cet héritage nous est confié et nous sommes invités nous aussi à être des hommes et des femmes témoins de l’amour de Dieu autour de nous, dans nos sociétés et dans nos pays.

Conclusion
Que les fruits de la rencontre de Jésus ressuscité continuent de s’exprimer dans nos vies et dans notre Église. « Oui! Seigneur, viens! » nous t’attendons. Que le Pain et le Vin consacrés que nous recevons ce matin nous soutiennent dans notre route de disciples du Seigneur Ressuscité à l’école des personnes qui nous ont précédés comme saint Étienne et les fidèles des premières générations chrétiennes.
Amen!

Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l’Université Laval
Séminaire de Québec

PAPE FRANÇOIS – AUDIENCE GÉNÉRALE – Catéchèse sur le « Notre Père »: 16. Invoquez le Père, où que vous soyez,

29 mai, 2019

http://w2.vatican.va/content/francesco/it/audiences/2019/documents/papa-francesco_20190522_udienza-generale.html

pentecoste

Pentecôte

PAPE FRANÇOIS – AUDIENCE GÉNÉRALE – Catéchèse sur le « Notre Père »: 16. Invoquez le Père, où que vous soyez,

Place Saint Pierre

Mercredi 22 mai 2019

Chers frères et sœurs, bonjour!

Nous concluons aujourd’hui le cycle de catéchèses sur le «Notre Père». Nous pouvons dire que la prière chrétienne naît de l’audace d’appeler Dieu du nom de «Père». C’est la racine de la prière chrétienne: dire «Père» à Dieu. Mais il faut du courage! Il ne s’agit pas tellement d’une formule, mais plutôt d’une intimité filiale dans laquelle nous sommes introduits par la grâce: Jésus est le révélateur du Père et fait de nous ses proches. «Jésus ne nous laisse pas une formule à répéter machinalement. Comme pour toute prière vocale, c’est par la Parole de Dieu que l’Esprit Saint apprend aux enfants de Dieu à prier leur Père» (Catéchisme de l’Eglise catholique, n. 2766). Jésus lui-même a utilisé différentes expressions pour prier le Père. Si nous lisons avec attention les Evangiles, nous découvrons que ces expressions de prière qui se dessinent sur les lèvres de Jésus rappellent le texte du «Notre Père».
Par exemple, pendant la nuit du Gethsémani, Jésus prie de cette manière: «Abba Père! tout t’est possible: éloigne de moi cette coupe; pourtant, pas ce que je veux, mais ce que tu veux!» (Mc 14, 36). Nous avons déjà rappelé ce texte de l’Evangile de Marc. Comment ne pas reconnaître dans cette prière, bien que brève, une trace du «Notre Père»? Au milieu des ténèbres, Jésus invoque Dieu par le nom d’«Abba», avec une confiance filiale et, bien que ressentant la peur et l’angoisse, il demande que sa volonté soit faite.Dans d’autres passages de l’Evangile, Jésus insiste avec ses disciples, pour qu’ils cultivent un esprit de prière. La prière doit être insistante, et surtout elle doit contenir le souvenir de nos frères, en particulier quand nous vivons des rapports difficiles avec eux. Jésus dit: «Et quand vous êtes debout en prière, si vous avez quelque chose contre quelqu’un, remettez-lui, afin que votre Père qui est aux cieux vous remette aussi vos offenses» (Mc 11, 25). Comment ne pas reconnaître dans ces expressions l’assonance avec le «Notre Père»? Et les exemples pourraient être nombreux, pour nous aussi.
Dans les écrits de saint Paul, nous ne trouvons pas le texte du «Notre Père», mais sa présence apparaît dans cette synthèse merveilleuse où l’invocation du chrétien se condense en un seul mot: «Abbà!» (cfr. Rm 8, 15; Ga 4, 6).
Dans l’Evangile de Luc, Jésus satisfait pleinement à la demande des disciples qui, le voyant souvent s’isoler et se plonger dans la prière, se décident un jour à lui demander: «Seigneur, apprends-nous à prier, comme Jean l’a appris à ses disciples» (11, 1). Et alors le Maître leur enseigna la prière au Père.
En considérant le Nouveau Testament dans son ensemble, on voit clairement que le premier protagoniste de chaque prière chrétienne est l’Esprit Saint. Mais n’oublions pas cela: le protagoniste de chaque prière chrétienne est l’Esprit Saint. Nous ne pourrions jamais prier sans la force de l’Esprit Saint. C’est lui qui prie en nous et il nous pousse à bien prier. Nous pouvons demander à l’Esprit qu’il nous enseigne à prier, parce qu’Il est le protagoniste, celui qui fait la vraie prière en nous. C’est Lui qui souffle dans le cœur de chacun de nous, qui sommes disciples de Jésus. L’Esprit nous rend capables de prier comme des enfants de Dieu, tels que nous le sommes réellement par le baptême. L’Esprit nous fait prier dans le «sillon» que Jésus a tracé pour nous. C’est le mystère de la prière chrétienne: par la grâce, nous sommes attirés dans ce dialogue d’amour de la Très Sainte Trinité.
Jésus priait ainsi. Quelquefois il a utilisé des expressions qui sont certainement très éloignées du texte du «Notre Père». Pensons aux premières paroles du psaume 22, que Jésus prononce sur la croix: «Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné?» (Mt 27, 46). Le Père céleste peut-il abandonner son Fils? Assurément pas. Pourtant, l’amour pour nous, pécheurs, a conduit Jésus jusque là: jusqu’à faire l’expérience de l’abandon de Dieu, de son éloignement, parce qu’il a pris sur lui tous nos péchés. Mais même dans le cri d’angoisse, il reste «Mon Dieu, mon Dieu». Dans ce «mon», il y a le noyau de la relation avec le Père, il y a le noyau de la foi et de la prière.
Voilà pourquoi, à partir de ce noyau, un chrétien peut prier dans chaque situation. Il peut réciter toutes les prières de la Bible, des psaumes en particulier; mais il peut également prier avec les nombreuses expressions qui, pendant des millénaires d’histoire, ont jailli du cœur des hommes. Et ne cessons jamais de parler au Père de nos frères et sœurs en humanité, pour qu’aucun d’eux, les pauvres en particulier, ne reste sans un réconfort et une part d’amour.
Au terme de cette catéchèse, nous pouvons répéter cette prière de Jésus: «Je te bénis, Père, Seigneur du ciel et de la terre, d’avoir caché cela aux sages et aux intelligents et de l’avoir révélé aux tout-petits» (Lc 10, 21). Pour prier nous devons nous faire petits, pour que l’Esprit Saint vienne en nous et que ce soit Lui qui nous guide dans la prière.
Je suis heureux de saluer les pèlerins venus de France et d’autres pays francophones, en particulier des paroissiens d’Hérouville-Saint-Clair et de Roanne et des jeunes de divers collèges de France, ainsi qu’un groupe de pèlerins du Cameroun. Dans les situations de joie et de peine, que l’Esprit Saint nous aide à entrer dans la prière de Jésus, et avec lui, par lui et en lui, comme des enfants pleins de confiance, à prier “Notre Père”. Je voudrais aujourd’hui faire mémoire avec vous de Sœur Inès Nieves Sancho, âgée de 77 ans, éducatrice des jeunes filles pauvres depuis des années, qui a été tuée de manière barbare en Centrafrique, à l’endroit même où elle enseignait aux jeunes filles à coudre. Une femme de plus qui donne sa vie pour Jésus dans le service des pauvres. Prions ensemble – [silence puis Ave Maria…] Que Dieu vous bénisse !

APPEL
Vendredi prochain, 24 mai, nous célébrerons la fête de la Bienheureuse Vierge Marie «Auxiliatrice des chrétiens», particulièrement vénérée en Chine au sanctuaire de «Notre-Dame de Sheshan», à Shanghai.
Cette heureuse occasion me permet d’exprimer une proximité et une affection spéciales à tous les catholiques de Chine, qui, entre les difficultés quotidiennes et les épreuves, continuent à croire, à espérer et à aimer.
Chers fidèles de Chine, que notre Mère du ciel vous aide tous à être des témoins de charité et de fraternité, en restant toujours unis dans la communion de l’Eglise universelle. Je prie pour vous et je vous bénis.
Prions ensemble la Vierge: Je vous salue Marie…

LA TENTE SYMBOLES BIBLIQUES PUBLIÉ DANS: CONNAÎTRE LA BIBLE

27 mai, 2019

https://www.paoline.it/blog/bibbia/2564-la-tenda.html

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Maquette du tabernacle transportable, reconstruit dans le parc israélien de Timna

(traduction google de l’italien)

LA TENTE SYMBOLES BIBLIQUES PUBLIÉ DANS: CONNAÎTRE LA BIBLE

écrit par Filippa Castronovo le 28 décembre 2018

Il y a plus de trois cents références à la tente dans la Bible. La tente représente symboliquement: la maison, la richesse, la sécurité, la confiance, la joie d’être avec le Seigneur. Pour l’évangéliste Jean, la tente symbolise la venue de Jésus au milieu de nous (Jn 1,14). Il y a plus de trois cents références à la tente dans la Bible. La tente, dans la « maison de la steppe » akkadienne, est la « richesse en logement » du berger qui, contraint de déménager pour faire paître son troupeau, a pris la tente avec lui, en tant que maison mobile. Le premier berger est Jabal « le père de ceux qui vivent dans des tentes près du bétail » (Gn 4,20). Les patriarches, Abraham, Isaac et Jacob sont des bergers qui marchent avec leur troupeau, creusent des puits et s’abritent du froid et du froid sous les tentes (voir Gen 12: 8; 13, 3 à 18; 25, 27, 26, 26). 17). La Lettre aux Hébreux leur rappelle ceux qui vivaient « dans une région étrangère, habitant sous des tentes » (voir He 11, 8-10). La tente pour les nomades était un lieu de rencontre et d’accueil pour les voyageurs. L’image d’Abraham, image de paix et d’hospitalité, est significative (Gen 18,1-2). La tente du refuge des bergers nomades devient un « lieu symbolique » de la présence de Dieu qui marche avec son peuple: « Le Seigneur dit à Moïse: » Les Israélites me consacreront un lieu spécial, ainsi je demeurerai au milieu d’eux. tente et objets de culte identiques au modèle que je vais vous montrer «  » (Ex 25: 1,8-9). Cette tente, également connue sous le nom de « Tabernacle », contenait l’arche de l’alliance et était le lieu où le Seigneur avait consulté (Ex 33.7-11). Et il s’est déplacé avec les gens, marquant les étapes de son voyage (Ex 40.37-38). Le prophète Nathan au roi David, qui veut construire une « maison » pour Dieu, c’est-à-dire un temple de briques, se souvient que son Dieu, ayant fait sortir le peuple d’Égypte, marchait avec lui, errant sous une tente (voir 2 Sam 7, 4-7). Le Seigneur n’aime pas être limité dans un espace sacré mais veut être présent dans l’histoire. L’image de la tente décrit la joie du croyant d’être avec le Seigneur: « J’aimerais vivre dans votre tente pour toujours, me réfugier à l’ombre de vos ailes » (Psaume 61.5). La tente est un symbole du peuple d’Israël que Dieu fera grand (Is 54: 2), ainsi que de la fragilité humaine: « Ma tente est sur le point d’être déracinée, jetée comme une tente de berger » (voir Is 38, 12). ). Le prologue de l’évangile de Jean interprète la venue de Jésus parmi nous avec le symbolisme de la tente: « Le Verbe s’est fait chair et il a dressé sa tente parmi nous » (Jn 1, 14). C’est-à-dire que Jésus, l’Emmanuel, Dieu avec nous, en tant que Dieu dans l’AT, parcourt notre histoire pour la remplir de vie. Jésus au milieu de nous est la vraie Sagesse dont il est dit: « Fixez la tente à Jacob et prenez l’héritage en Israël » (Sir 24,8). Savoir Saint Paul, dans le symbole de la tente, lit la vie humaine comme un chemin menant au définitif, mais passant par la mort: « Lorsque notre demeure terrestre, qui est comme une tente, sera détruite, nous recevrons de Dieu une demeure, une demeure non bâtie. des mains de l’homme, éternel dans les cieux « (2 Cor 5: 1). Lors de la fête juive de Souccot, ou fête des Tabernacles, le symbole par excellence est la hutte, construite pour commémorer les 40 années passées dans le désert sous les tentes par le peuple israélien sorti d’Egypte.

COMMENTAIRE DE L’ÉVANGILE: SEUL L’AMOUR VAINC LA HAINE (LC 6, 27-38)

24 mai, 2019

https://opusdei.org/it-it/article/commento-al-vangelo-soltanto-lamore-sconfigge-lodio/

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Le Seigneur dit: « Aimez vos ennemis [et faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous persécutent et vous calomnient] » (le neuvième avertissement de saint François)

(Traduction google de l’italien)

COMMENTAIRE DE L’ÉVANGILE: SEUL L’AMOUR VAINC LA HAINE (LC 6, 27-38)

Evangile du 7ème dimanche du temps ordinaire (cycle C) et commentaire de l’évangile

Opus Dei

Mais à vous qui écoutez, je dis: aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent, bénissez ceux qui vous maudissent, priez pour ceux qui vous maltraitent. A ceux qui te frappent sur la joue, tu offres aussi l’autre; à ceux qui soulèvent votre manteau, ne refusez pas la tunique. Donnez quelqu’un qui vous le demande; et à ceux qui prennent le vôtre, ne le demandez pas. Ce que vous voulez que les hommes vous fassent, vous le leur faites aussi.
Si vous aimez ceux qui vous aiment, quel crédit cela vous at-il? Même les pécheurs font la même chose. Et si vous faites du bien à ceux qui vous font du bien, quel crédit en êtes-vous? Et si vous prêtez à ceux de qui vous espérez recevoir, quel crédit en êtes-vous? Les pécheurs accordent également des prêts aux pécheurs pour en recevoir autant. Aimez plutôt vos ennemis, faites du bien et prêtez sans rien espérer, votre récompense sera grande et vous serez les enfants du Très Haut; parce qu’il est gentil avec les ingrats et les méchants. Sois miséricordieux, comme ton père est miséricordieux.
Ne jugez pas et vous ne serez pas jugés; ne condamne pas et tu ne seras pas condamné; pardonne et tu seras pardonné; donne et il te sera donné; une bonne mesure, écrasée, secouée et débordante sera versée sur vos genoux, car avec la mesure avec laquelle vous mesurez, elle vous sera mesurée en retour

commentaire
Après avoir présenté les béatitudes, les clés qui révèlent où réside le bonheur (cf. Lc 6, 20-26), Jésus indique désormais le chemin pour y accéder, un chemin dur et semé d’épines, mais qui mérite d’être parcouru. Ses mots sont exigeants.
« Aimez vos ennemis ». Cela ne va-t-il pas au-delà des capacités humaines? C’est certainement cher, mais nécessaire. Ouvrez simplement les yeux pour voir que, dans les relations professionnelles, dans le débat politique et social, et même parfois entre amis et membres de la famille, des dommages sont causés, des injustices sont commises et les humiliations, le ressentiment ou la vengeance ne manquent pas. Et lorsque la réponse à ces abus est violente, les conséquences sont encore pires. Nous devons trouver un moyen de sortir des conflits sous un angle différent. La proposition de Jésus est créative et efficace: seul l’amour est capable de désarmer la haine.
« Fais du bien à ceux qui te haïssent. » Est-il juste de demander que nous fassions du bien à ceux qui nous gardent de la rancune ou nous font du mal? « Jésus n’a pas l’intention de renverser le cours de la justice humaine; il rappelle cependant à ses disciples – observe le pape François – que pour avoir des relations fraternelles, les jugements et les peines doivent être suspendus. [...] Le chrétien doit pardonner! Mais pourquoi Parce qu’il a été pardonné  » [1] . Jésus a donné sa vie sur la Croix pour apporter le salut au monde entier, même aux persécuteurs.
« Bénis ceux qui te maudissent. » Comment nous décourageons les insultes, les calomnies, les diffamations, les commérages et avec quelle facilité nous justifions à quel point nous nous associons au refrain des commérages! Nous devons tous toujours rester vigilants car, comme le dit James, « même la langue est un feu, c’est le monde de l’iniquité, elle vit insérée dans nos membres, contamine tout le corps et enflamme le cours de la vie » (Jas 3, 6). La calomnie ne fait pas partie du profil du disciple du Christ, bien au contraire. Quiconque aime parle aussi bien de ceux qui le maudissent et veulent le meilleur pour eux, et que Dieu les bénisse. Priez même pour ceux qui veulent l’éliminer: « priez pour ceux qui vous maltraitent ».
Saint Josémaria dit: « Ne nous laissons donc pas influencer par le souvenir des fautes que nous avons pu recevoir, par les humiliations que nous avons subies – aussi injuste, non civilisées que possible – parce qu’il n’est pas un enfant de Dieu de tenir un registre. avec la liste des dommages. Nous ne pouvons pas oublier l’exemple du Christ  » [2] . Le cheminement chrétien n’est pas facile, il faut faire face à des épreuves difficiles dans lesquelles la souffrance est inévitable, comme Jésus a souffert sur la Croix, mais c’est un chemin de paix, de joie et d’amour qui mène au bonheur. Seuls ceux qui pardonnent se comportent comme un bon fils de Dieu le Père miséricordieux et seront bénis.
« À juste titre, cette page évangélique est considérée comme la magna charta de la non-violence chrétienne – a déclaré Benoît XVI – qui ne consiste pas à se rendre au mal – selon une fausse interprétation de » tourner l’autre joue « (voir Lc 6 , 29) – mais répondre au mal avec le bien (voir Rom 12 : 17-21), brisant ainsi la chaîne de l’injustice. [...]. L’amour de l’ennemi constitue le noyau de la « révolution chrétienne », révolution qui ne repose pas sur des stratégies de pouvoir économique, politique ou médiatique [...] mais qui est un don de Dieu et est obtenue en ne faisant confiance qu’à sa bonté. miséricordieux. Voici la nouveauté de l’Évangile, qui change le monde sans faire de bruit  » [3] .

Francisco Varo

[1] Pape François, Audience générale , mercredi 21 septembre 2016.
[2] Saint Josémaria, Amis de Dieu , 309.
[3] Benoît XVI, Angelus , dimanche 18 février 2007.

PAPE FRANÇOIS – AUDIENCE GÉNÉRALE – «Mais délivre-nous du mal» (Mt 6, 13b).

22 mai, 2019

http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/audiences/2019/documents/papa-francesco_20190515_udienza-generale.html

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Saint Paul Apotre

PAPE FRANÇOIS – AUDIENCE GÉNÉRALE – «Mais délivre-nous du mal» (Mt 6, 13b).

Place Saint Pierre

Mercredi 15 mai 2019

Chers frères et sœurs, bonjour!

Nous voici enfin arrivés à la septième demande du «Notre Père»: «Mais délivre-nous du mal» (Mt 6, 13b).
Par cette expression, celui qui prie demande non seulement de ne pas être abandonné au moment de la tentation, mais il supplie également d’être libéré du mal. Le verbe grec original est très fort: il évoque la présence du malin qui cherche à nous attraper et à nous mordre (cf. 1 P 5, 8) et dont on demande à Dieu la libération. L’apôtre Pierre dit également que le malin, le diable, tourne autour de nous comme un lion furieux, pour nous dévorer, et nous, nous demandons à Dieu de nous libérer.
Par cette double supplication: «Ne nous abandonne pas» et «libère-nous», apparaît une caractéristique essentielle de la prière chrétienne. Jésus enseigne à ses amis à placer l’invocation du Père avant toute chose, également et en particulier dans les moments où le malin fait sentir sa présence menaçante. En effet, la prière chrétienne ne ferme pas les yeux sur la vie. C’est une prière filiale mais pas une prière infantile. Elle n’est pas subjuguée par la paternité de Dieu au point d’oublier que le chemin de l’homme est semé de difficultés. S’il n’y avait pas les derniers versets du «Notre Père» comment les pécheurs, les persécutés, les désespérés, les mourants pourraient-ils prier? La dernière pétition est précisément notre pétition quand nous serons à la limite, toujours.
Il existe un mal dans notre vie, qui est une présence incontestable. Les livres d’histoire sont le catalogue désolant du fait que notre existence dans ce monde a souvent été une aventure pleine d’échecs. Il y a un mal mystérieux, qui n’est assurément pas l’œuvre de Dieu, mais qui pénètre de manière silencieuse dans les plis de l’histoire. Silencieux comme le serpent qui porte le venin silencieusement. Dans certains moments, il semble prendre le dessus: certains jours sa présence semble même plus claire que celle de la miséricorde de Dieu.
L’orant n’est pas aveugle, et il voit clairement devant ses yeux ce mal si encombrant, et tellement en contradiction avec le mystère de Dieu lui-même. Il l’aperçoit dans la nature, dans l’histoire et même dans son cœur. Car il n’y a personne parmi nous qui puisse dire être exempt du mal, ou tout au moins ne pas être tenté par lui. Nous savons tous ce qu’est le mal; nous savons tous ce qu’est la tentation; nous avons tous fait l’expérience dans notre chair de la tentation, de chaque péché. Mais c’est le tentateur qui nous anime et qui nous pousse au mal, en nous disant: «Fais cela, pense cela, prends cette route».
Le dernier cri du «Notre Père» est lancé contre ce mal «aux larges bords», qui garde sous son parapluie les expériences les plus diverses: les deuils de l’homme, la douleur innocente, l’esclavage, l’instrumentalisation de l’autre, les pleurs des enfants innocents. Tous ces événements protestent dans le cœur de l’homme et deviennent voix dans la dernière parole de la prière de Jésus.
C’est précisément dans les récits de la passion que certaines expressions du «Notre Père» trouvent leur écho le plus impressionnant. Jésus dit: «Abba Père! Tout t’est possible: éloigne de moi cette coupe; pourtant, pas ce que je veux, mais ce que tu veux!» (Mc 14, 36). Jésus fait jusqu’au bout l’expérience d’être transpercé par le mal. Non seulement la mort, mais la mort sur la croix. Non seulement la solitude, mais également le mépris, l’humiliation. Non seulement l’animosité, mais aussi la cruauté, l’acharnement contre Lui. Voilà ce qu’est l’homme: un être voué à la vie, qui rêve de l’amour et du bien, mais qui ensuite s’expose lui-même et ses semblables au mal, au point que nous pourrions être tentés de désespérer de l’homme.
Chers frères et sœurs, ainsi le «Notre Père» ressemble à une symphonie qui demande à s’accomplir en chacun de nous. Le chrétien sait combien le pouvoir du mal est écrasant et, dans le même temps, il fait l’expérience du fait que Jésus, qui n’a jamais cédé à ses flatteries, est de notre côté et vient à notre aide.
Ainsi, la prière de Jésus nous laisse le plus précieux des héritages: la présence du Fils de Dieu qui nous a libérés du mal, en luttant pour le convertir. A l’heure du combat final, il intime à Pierre de remettre l’épée dans son fourreau, il assure le paradis au voleur repenti, à tous les hommes qui étaient autour de lui, inconscients de la tragédie qui se jouait, il offre une parole de paix: «Père, pardonne-leur, parce qu’ils ne savent pas ce qu’ils font» (Lc 23, 34).
Du pardon de Jésus sur la croix naît la paix, la vraie paix vient de la croix: elle est un don du Ressuscité, un don que nous donne Jésus. Pensez que le premier salut de Jésus ressuscité est «paix à vous», paix à vos âmes, à vos cœurs, à vos vies. Le Seigneur nous donne la paix, il nous donne le pardon, mais nous devons demander: «Libère-nous du mal», pour ne pas tomber dans le mal. Telle est notre espérance, la force que nous donne Jésus ressuscité, qui est ici, parmi nous: il est ici. Il est ici avec cette force qu’il nous donne pour aller de l’avant, et il nous promet de nous libérer du mal.
Je salue cordialement les pèlerins venant des pays francophones, en particulier les jeunes de plusieurs collèges et écoles de France et les paroissiens de Sées et de Montélimar ! En ce temps pascal accueillons le don de la paix du cœur qui nous est fait par Jésus Ressuscité. C’est un don plus fort que le mal ! Que Dieu vous bénisse !
[Au terme de l'Audience le Saint-Père a salué les participants à la 24e Conférence de l’« International Catholic Jewish Liaison Committee »]

HUMILITÉ – PAR ENZO BIANCHI

20 mai, 2019

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Jésus lave les pieds des disciples

HUMILITÉ – PAR ENZO BIANCHI

Les mots de la spiritualité

L’humilité n’est pas tant une vertu à acquérir qu’un abaissement à subir; donc l’humilité est avant tout humiliation
L’humilité est une vertu suspecte. Ce mot arrive à nous chargé d’un lourd héritage, qui en a fait une vertu individuelle, le but de la recherche d’auto-perfectionnement de l’individu. Par ailleurs, l’humilité apparaît synonyme d’auto-anéantissement de la créature face à Dieu qui est tout, et de diminution de soi face aux autres; ce que l’on ressent aujourd’hui comme une attitude non plus adéquate au Dieu qui n’écrase pas l’humain, mais le prend en charge et le valorise. Parfois, l’humilité semble encore se référer à une attitude «postiche», celle qui consiste à se montrer inférieur à ce que l’on est et à ce que l’on vaut. Les psychologues lui préfèrent certainement le vocable «authenticité» (dont le sens, en fin de compte, n’est pas très éloigné de la signification du terme ancien humilitas). Quant à Nietzsche, il situe l’humilité dans le cadre d’une recherche religieuse de consolation de notre propre impuissance. Mais l’humilité n’est pas seulement suspecte; elle est peut-être aussi dangereuse. Il est dangereux de prêcher l’humilité et d’en faire une loi, parce qu’il convient d’évaluer la compréhension que peuvent en avoir les différentes personnes. Elle risquerait probablement de ne pas même égratigner ceux qui ont un «moi surdimensionné» et de recevoir un accueil non équilibré auprès de ceux qui se repaissent d’un «moi amoindri».
Mais avant tout, nous devons nous demander: qu’est-ce que l’humilité? Les multiples définitions qu’en a données la tradition chrétienne nous amènent à en saisir le caractère relatif: relatif, donc, à la diversité des personnes et des libertés personnelles. La définition la plus attestée, et qui en saisit le mieux le caractère propre, ne la voit pas tant comme une vertu que comme la base et la possibilité de toutes les autres vertus. «L’humilité est la mère, la racine, la nourrice, le fondement, le lien de toutes les autres vertus» dit Jean Chrysostome; et on comprend, en ce sens, qu’Augustin puisse voir «en elle seule, l’entière discipline chrétienne» (Sermon 351,3,4). Il faut alors soustraire l’humilité à la subjectivité et aux pratiques de dévotion, et se rappeler qu’elle naît du Christ, qui est le magister humilitatis (maître de l’humilité), selon l’expression d’Augustin. Mais Christ est maître d’humilité dans la mesure où «il nous enseigne à vivre» (Tite 2,12), en nous conduisant à une connaissance réaliste de nous-mêmes. Ainsi l’humilité est la courageuse connaissance de soi devant Dieu, et devant le Dieu qui a manifesté son humilité dans l’abaissement du Fils, dans la kénose qui l’a conduit jusqu’à la mort en croix. Mais, dans la mesure où elle est une authentique connaissance de soi, l’humilité est une blessure portée à notre narcissisme, parce qu’elle nous ramène à ce que nous sommes en réalité, à notre humus, à notre condition de créature, et elle nous conduit de cette manière dans le chemin de notre humanisation, pour nous amener à devenir homo. Voilà l’humilité: «O homme, reconnais que tu es homme; toute ton humilité consiste dans le fait de te connaître» (Augustin).
Lorsque l’homme a appris l’humilité auprès de celui qui est «doux et humble de cœur» (Matthieu 11,29), celle-ci fait de lui le terreau sur lequel la grâce peut développer sa fécondité. Parce que l’homme connaît sa condition de créature, et les limites qui y sont liées, parce qu’il connaît par conséquent aussi sa situation de pécheur, et qu’il sait simultanément qu’il a tout reçu de Dieu et qu’il est aimé malgré son caractère limité et sa négativité, l’humilité devient en lui une volonté de soumission à Dieu et à ses frères, dans l’amour et la gratitude. Oui, l’humilité est relative à l’amour et à la charité. «Là où est l’humilité, là aussi est la charité» affirme Augustin, à qui fait écho un philosophe contemporain: «L’humilité dispose à la grâce; mais elle n’est pas elle-même cette grâce, car c’est la charité qui est cette grâce» (Vladimir Jankélévitch). En ce sens, elle est aussi un élément essentiel à la vie en commun; et ce n’est pas un hasard si le Nouveau Testament fait constamment résonner l’appel de l’apôtre aux membres de ses communautés à «se revêtir d’humilité dans les rapports mutuels» (1 Pierre 5,5; Colossiens 3,12), à «estimer, par charité, les autres supérieurs à soi» (Philippiens 2,3), à «ne pas se complaire dans l’orgueil», mais à être «attirés plutôt par ce qui est humble» (Romains 12,16): ce n’est que de cette manière que peut se produire l’édification communautaire, qui est toujours le partage des faiblesses et des pauvretés de chacun. Ce n’est que de cette manière que peut être combattu et défait l’orgueil, qui est «le grand péché» (Psaume 19,14), ou mieux peut-être: le grand aveuglement qui empêche que l’on se voie soi-même en vérité, et qui empêche que l’on voie dans leur vérité les autres et Dieu. D’avantage qu’un effort d’auto-diminution, l’humilité est alors un événement qui jaillit de la rencontre entre le Dieu manifesté en Christ et une créature bien précise. Dans la foi, l’humilité de Dieu révélée par le Christ (cf. Philippiens 2,8: «il s’humilia soi-même») devient humilité de l’homme.
Certes, pour que naisse la vraie humilité, pour que l’humilité soit aussi vérité, pour que l’on parvienne a adhérer à la réalité en obéissant avec reconnaissance à Dieu, il faut souvent l’expérience de l’humiliation. Pour nous, nous humilier, dans la liberté et par amour, est une opération difficile, et il nous est presque impossible de l’accomplir de manière pure: il y a en effet une certaine humilité qui est le prétexte pour une vanité redoublée… Pour cela, l’humilité n’est pas tant une vertu à acquérir qu’un abaissement à subir; donc l’humilité est avant tout humiliation. Une humiliation qui provient des autres, surtout de ceux qui nous sont plus proches; une humiliation qui provient de la vie qui nous contredit et nous inflige la défaite; une humiliation qui provient de Dieu, qui est capable, au travers de sa grâce, de nous humilier et de nous élever comme personne d’autre ne peut le faire. L’humiliation, plus que tout, est le lieu où l’on peut se connaître soi-même en vérité et apprendre l’obéissance, comme Christ «apprit, de ce qu’il souffrit, l’obéissance» (Hébreux 5,8); et parmi ce qu’il souffrit: «l’infamie et l’opprobre» (cf. Hébreux 12,2; 13,13). L’humiliation est l’événement par lequel on parvient au fond de notre propre abysse, en brisant notre cœur (cor contritum et humiliatum, Deus, non despicies, «d’un cœur broyé et humilié, Dieu, tu n’as point de mépris», Psaume 51,19). Alors, grâce à cette expérience, on peut répéter avec vérité les mots du psalmiste: «Un bien pour moi, que d’être humilié, afin d’apprendre tes volontés» (Psaume 119,71).

Tiré de ENZO BIANCHI, Les mots de la vie intérieure, Paris, Cerf, 2000.

HOMÉLIE POUR LE 5E DIMANCHE DE PÂQUES ANNÉE C « JE VOUS DONNE UN COMMANDEMENT NOUVEAU »

17 mai, 2019

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« aimez-vous comme je vous ai aimé »

HOMÉLIE POUR LE 5E DIMANCHE DE PÂQUES ANNÉE C « JE VOUS DONNE UN COMMANDEMENT NOUVEAU »

Textes : Actes 14, 21b-27, Apocalypse 21, 1-5a et Jean 13, 31-33a.34-35.

C’est un verset du psaume de méditation qui nous guidera dans la méditation des textes des lectures de ce 5e dimanche de Pâques : « Ils annonceront aux hommes tes exploits, la gloire et l’éclat de ton règne. »
En effet, c’est la proclamation du Règne de Dieu accompli en Jésus Ressuscité qui motive Paul et Barnabé dont nous parle la première lecture. C’est la nouveauté et l’accomplissement glorieux de ce Règne que célèbre l’Apocalypse dans la deuxième lecture. C’est l’incarnation concrète de ce Règne que Jésus nous propose dans le commandement nouveau de s’aimer les uns les autres que nous rappelle l’évangile.

I – La proclamation du Règne de Dieu après la Pentecôte
Premièrement : la proclamation du Règne de Dieu après la Pentecôte.
La progression et la diffusion de l’annonce de l’Évangile se fait après la Pentecôte par des personnes remplies de l’Esprit Saint fortes de la force même de Dieu et prêtes à braver toutes les épreuves qui surviennent. Saint Paul est le plus connu de ces grands évangélisateurs. Il fait cela parce qu’il a rencontré le Christ ressuscité. Il n’a pas, comme les autres apôtres, connu Jésus avant sa résurrection. C’est le Jésus ressuscité qui l’habite et dont il témoigne.
C’est la même chose pour chacune et chacun de nous si nous laissons le Ressuscité habiter en nous par une foi qui le reçoit et l’accepte comme le Seigneur de nos vies. Barnabé a sûrement fait ce choix lui aussi.
Ces deux évangélisateurs des débuts de l’Église sont des modèles non seulement par leurs déplacements qui sont impressionnants mais par leur engament à proclamer la Parole qui annonce la Bonne Nouvelle. Ils le font après avoir reçu l’imposition des mains de leurs frères d’Antioche. Ils se considèrent envoyés. Ils ne proclament pas leur évangile mais celui de Jésus. Les difficultés ne manquent pas, mais leur persévérance et leur ardeur les entraînent toujours en avant.
Nous avons ici dans l’extrait des Actes des Apôtres qui a été lu un moment de leur prédication qui se continuera pendant de nombreuses années et qui culminera dans la fondation de plusieurs communautés chrétiennes autour de la mer Méditerranée. Et saint Paul selon la tradition confirmera sa prédication par le don de sa vie à Rome où il subira le martyre.

II – La nouveauté et l’accomplissement du Règne de Dieu
Deuxièmement : la nouveauté et l’accomplissement du Règne de Dieu
La deuxième lecture à travers un style poétique et l’image de la Jérusalem nouvelle vient encourager les auditeurs et les auditrices de ce texte en leur révélant nous seulement la beauté du message qui leur a été confié comme disciples de Jésus, mais toute la nouveauté qu’il apporte à ceux et celles qui le reçoivent.
Le Règne de Dieu ou le Royaume de Dieu est décrit avec l’image de la Jérusalem nouvelle. « Il sera la demeure de Dieu parmi les hommes et ils seront son peuple, et lui-même, Dieu avec eux, sera leur Dieu. Il essuiera toute larme de leurs yeux et la mort ne sera plus, et il n’y aura plus ni deuil, ni cri, ni douleur ».
Cette image est une image d’espérance et de réconfort pour les chrétiens des débuts de l’Église. Elle l’est encore pour nous aujourd’hui. Notre foi en Jésus rencontre bien des obstacles, même des persécutions comme aux premiers temps de l’Église et pourtant elle s’appuie sur une Parole qui ne passe pas et qui est toujours vivante comme l’est celui qui est Ressuscité et que nous célébrons de façon particulière dans le temps de Pâques.
Sa glorification par le Père dans sa Résurrection l’exalte afin que tout genou fléchisse devant lui et que toute langue proclame qu’il est Seigneur à la gloire de Dieu le Père (Philippiens 2, 9-11) Notre espérance en lui ne sera pas déçue.

III – L’incarnation concrète du Règne de Dieu
Troisièmement : l’incarnation concrète du Règne de Dieu.
Le Règne de Dieu s’est accompli dans une obéissance totale de Jésus à son Père et dans le don de sa vie pour ses frères et sœurs. L’évangile lu nous présente un moment d’intimité de Jésus avec les siens avant sa Passion. Ce moment est touchant par la familiarité qui se dégage des propos retenus par saint Jean. Cette familiarité assez rare dans les évangiles se cristallise dans l’appellation « Mes petits enfants ».
Ces paroles viennent rejoindre le cœur des personnes présentes. Ainsi c’est dans une bonne terre que tombe le message de Jésus. C’est le commandement nouveau, le fameux « Aimez-vous le uns les autres ». « Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres ». Ce commandement nouveau nous est présenté ici au moment où Jésus sera trahi. Il au cœur de la prédication de Jésus et Il sera repris de multiples façons par la suite dans l’annonce de l’Évangile. Il faut remercier saint Jean et ses disciples d’avoir mis l’accent sur ce commandement nouveau de façon répétée.
En effet, saint Jean dans ses Lettres reprendra souvent ce message fondamental de Jésus. Il en fera même, à juste titre, le signe de la présence de Dieu parmi nous : « Bien-aimés, puisque Dieu nous a tellement aimés, nous devons, nous aussi, nous aimer les uns les autres. » (I Jean 4, 11). Et plus loin dans cette lettre on trouve une exhortation on ne peut plus directe : « Si quelqu’un dit : ‘J’aime Dieu’, alors qu’il a de la haine contre son frère, c’est un menteur. En effet, celui qui n’aime pas son frère, qu’il voit, est incapable d’aimer Dieu, qu’il ne voit pas. Et voici le commandement que nous tenons de lui : celui qui aime Dieu, qu’il aime aussi son frère. » (I Jean 4, 20-21)

Conclusion
Voilà aujourd’hui des lectures de la Parole de Dieu qui nous ouvrent des perspectives bien stimulantes. Nous sommes nous aussi comme Paul et Barnabé des évangélisateurs et des évangélisatrices à notre façon. Dans cette tâche nous pouvons compter sur la grâce de Dieu et nous collaborons à la naissance de cieux nouveaux, d’une terre nouvelle dont notre monde a tant besoin. Tous et toutes y arriveront en donnant le témoignage d’un amour de tous les instants qui ne fait pas de distinctions et qui est toujours ouvert sur le frère ou la sœur dans le besoin qui est pour nous la présence du Christ dans nos vies (cf. Mathieu 25, 40).
Que cette Eucharistie nous permette, en reconnaissant la présence de Jésus dans son Corps et dans son Sang qui sont sur l’autel, de le voir aussi dans nos frères et sœurs qui sont sur les places, dans la rue, dans nos familles, dans les centres d’achats, dans les ateliers, dans les salles de cours, dans les bateaux de réfugiés, dans les jeunes abusés et en bien d’autres lieux où Jésus nous attend.

Amen!

Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l’Université Laval
Séminaire de Québeca

PAPE FRANÇOIS – «NE NOUS SOUMETS PAS À LA TENTATION» (Mt 6, 13). 1er mai 2019

15 mai, 2019

http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/audiences/2019/documents/papa-francesco_20190501_udienza-generale.html

fr

le «Notre Père»

PAPE FRANÇOIS – «NE NOUS SOUMETS PAS À LA TENTATION» (Mt 6, 13). 1er mai 2019

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint Pierre

Chers frères et sœurs, bonjour!

Nous poursuivons la catéchèse sur le «Notre Père», en arrivant désormais à l’avant-dernière invocation: «Ne nous soumets pas à la tentation» (Mt 6, 13). Une autre version dit: «Ne nous laisse pas entrer en tentation». Le «Notre Père» commence de manière sereine: il nous fait souhaiter que le grand projet de Dieu puisse s’accomplir parmi nous. Ensuite, il jette un regard sur la vie, et nous fait demander ce dont nous avons besoin chaque jour: notre «pain quotidien». Puis la prière s’adresse à nos relations interpersonnelles, souvent entachées d’égoïsme: nous demandons le pardon et nous nous engageons à le donner. Mais c’est avec cette avant-dernière invocation que notre dialogue avec le Père céleste entre, pour ainsi dire, dans le vif du drame, c’est-à-dire sur le terrain de la confrontation entre notre liberté et les pièges du malin.

Comme on le sait, l’expression originale grecque contenue dans les Evangiles est difficile à rendre de manière exacte, et toutes les traductions modernes sont un peu «boiteuses». Nous pouvons cependant converger sur un élément de manière unanime: quelle que soit la manière dont on comprend le texte, nous devons exclure le fait que Dieu est le responsable des tentations qui pèsent sur le chemin de l’homme. Comme si Dieu lui-même était aux aguets pour tendre des pièges et des guets-apens à ses enfants. Une interprétation de ce genre est tout d’abord en contraste avec le texte lui-même, et elle est loin de l’image de Dieu que Jésus nous a révélée. N’oublions pas: le «Notre Père» commence par «Père». Et un père ne tend pas des pièges à ses enfants. Les chrétiens n’ont pas affaire avec un Dieu envieux, en compétition avec l’homme, ou qui s’amuse à le mettre à l’épreuve. Ce sont là les images de nombreuses divinités païennes. Nous lisons dans la lettre de Jacques apôtre: «Que nul, s’il est éprouvé, ne dise: “C’est Dieu qui m’éprouve”. Dieu en effet n’éprouve pas le mal, il n’éprouve non plus personne» (1, 13). C’est plutôt le contraire: le Père n’est pas l’auteur du mal, à aucun enfant qui demande un poisson il ne donne un serpent (cf. Lc 11, 11) — comme Jésus l’enseigne — et quand le mal se présente dans la vie de l’homme, il combat à ses côtés, pour qu’il puisse en être libéré. Un Dieu qui combat toujours pour nous, non contre nous. C’est le Père! C’est dans ce sens que nous prions le «Notre Père».

Ces deux moments — l’épreuve et la tentation — ont été mystérieusement présents dans la vie de Jésus lui-même. Dans cette expérience, le Fils de Dieu est entièrement devenu notre frère, d’une manière qui est presque un scandale. Et ce sont précisément ces passages évangéliques qui nous démontrent que les invocations les plus difficiles du «Notre Père», celles qui terminent le texte, ont déjà été exaucées: Dieu ne nous a pas laissés seuls, mais en Jésus, il se manifeste comme le «Dieu avec nous», jusqu’aux conséquences les plus extrêmes. Il est avec nous quand il nous donne la vie, il est avec nous au cours de la vie, il est avec nous dans la joie, il est avec nous dans les épreuves, il est avec nous dans la tristesse, il est avec nous dans les défaites, quand nous péchons, mais il est toujours avec nous, parce qu’il est Père et ne peut pas nous abandonner.

Si nous sommes tentés d’accomplir le mal, en refusant la fraternité avec les autres et en désirant un pouvoir absolu sur tout et tous, Jésus a déjà combattu cette tentation pour nous: les premières pages de l’Evangile en attestent. Immédiatement après avoir reçu le baptême de Jean, au milieu de la foule des pécheurs, Jésus se retire dans le désert et est tenté par satan. C’est ainsi que commence la vie publique de Jésus, par la tentation qui vient de Satan. Satan était présent. Beaucoup de gens disent: «Mais pourquoi parler du diable qui est une chose antique? Le diable n’existe pas». Mais regarde ce que t’enseigne l’Evangile: Jésus a été confronté au diable, il a été tenté par satan. Mais Jésus repousse toute tentation et il en sort victorieux. L’Evangile de Matthieu a une note intéressante qui termine le duel entre Jésus et l’Ennemi: «Alors le diable le quitte. Et voici que des anges s’approchèrent, et ils le servaient» (4, 11).

Mais également au temps de l’épreuve suprême, Dieu ne nous laisse pas seuls. Quand Jésus se retire pour prier au Gethsémani, son cœur est envahi par une angoisse indicible — c’est ce qu’il dit aux disciples — et Il fait l’expérience de la solitude et de l’abandon. Seul, avec la responsabilité de tous les péchés du monde sur ses épaules; seul, avec une angoisse indicible. L’épreuve est tellement déchirante qu’il se produit quelque chose d’inattendu. Jésus ne mendie jamais d’amour pour lui-même, pourtant au cours de cette nuit, il sent son âme triste à en mourir, et alors il demande la proximité de ses amis: «Demeurez ici et veillez avec moi!» (Mt 26, 38). Comme nous le savons, les disciples, alourdis par une torpeur causée par la peur, s’endorment. Au moment de l’agonie, Dieu demande à l’homme de ne pas l’abandonner, et en revanche l’homme dort. Au moment où l’homme connaît son épreuve, Dieu en revanche veille. Dans les moments les plus durs de notre vie, dans les moments de plus grande souffrance, dans les moments les plus angoissants, Dieu veille avec nous, Dieu lutte avec nous, il est toujours proche de nous. Pourquoi? Parce qu’il est Père. C’est ainsi que nous avons commencé la prière: «Notre Père». Et un père n’abandonne jamais ses enfants. Cette nuit de douleur de Jésus, de lutte, est le dernier sceau de l’Incarnation: Dieu descend pour nous rencontrer dans nos abîmes et des les tribulations qui parsèment l’histoire.

C’est notre réconfort à l’heure de l’épreuve: savoir que cette vallée, depuis que Jésus l’a traversée, n’est plus désolée, mais qu’elle est bénie par la présence du Fils de Dieu. Lui ne nous abandonnera jamais!

Eloigne donc de nous, ô Dieu, le temps de l’épreuve et de la tentation. Mais quand ce temps arrivera pour nous, Notre Père, montre-nous que nous ne sommes pas seuls. Tu es le Père. Montre-nous que le Christ a déjà pris sur lui également le poids de cette croix. Montre-nous que Jésus nous appelle pour la porter avec Lui, en nous abandonnant avec confiance à ton amour de Père. Merci.

LA BEAUTÉ DE MARIE DANS SA CONFORMATION AU CHRIST

13 mai, 2019

http://www.latheotokos.it/modules.php?name=News&file=print&sid=790

fr icona di maria del roveto ardente

Maria, icône du buisson ardent, article intéressant sur:  http://iconesalain.free.fr/Presentations/39.Marie.Buisson.Ardent.Presentation.htm

LA THEOTOKOS

(traduction google de l’italien)

LA BEAUTÉ DE MARIE DANS SA CONFORMATION AU CHRIST

Date: jeudi, 13 Septembre 2012

Sujet: mariologie

Un article de Stefano M. Mazzoni dans: « Riparazione mariana » n. 1 – 2011, pp. 7-9.

« Tu es toute belle, Marie », chante l’un des antiennes mariales les plus chères à la tradition chrétienne, reprenant les paroles que le Bien-aimé du Cantique des Cantiques adresse à sa bien-aimée (cf. Ct 4, 7); et en musique, en poésie, en art, les plus grands esprits de tous les temps ont exprimé leurs meilleures qualités pour dépeindre, améliorer et magnifier cette « beauté » de la Vierge. Mais quelle est la source de cette beauté, quelle est sa signification profonde? Il nous semble que la donnée essentielle de la vie de Marie, qui est aussi le secret de sa beauté, devrait être saisie dans une union intime, unique avec Dieu et, par conséquent, avec le Fils à qui elle a donné la chair.
La beauté du cosmos et de l’homme
Tout cela peut être lu dans le contexte plus général de l’histoire universelle du salut, une histoire qui attend l’accomplissement ultime de la transfiguration de toute créature, quand « tout sera transformé » (1 Cor 15,52) et la beauté du plan divin atteindra tous sa splendeur. Dans l’histoire de la création de la génération 1, l’action créatrice divine s’accompagne d’un refrain qui marque les différents moments, constituant une sorte de contemplation du cosmos qui se dessine progressivement, émergeant du chaos originel: « Et Dieu vit qu’il était bon ». Le texte hébreu original utilise le mot tôb , qui peut être traduit par « bon », mais aussi par « beau »; de manière significative la version grecque de la LXX traduit l’expression en utilisant le terme kalós, « Beau », plutôt qu’agathós , « bon »: il apparaît donc clairement l’intention de souligner la dimension de la beauté qui caractérise l’œuvre divine et qui est gravée dans la création. Le texte pourrait donc être traduit en italien également de la manière suivante: « Et Dieu vit: que c’est beau! » C’est l’exclamation de Dieu qui accueille devant son travail, à la manière de l’artiste qui contemple le résultat de son génie et la beauté de sa propre réalisation. La création est donc « belle » et est reconnue comme telle par le même artisan, qui répète la joyeuse exclamation à chaque nouvel élément ajouté: « Comme c’est bon! »
Le moment culminant de l’œuvre divine coïncide avec la création de l’homme; la création apparaît enfin complète et l’exclamation divine souligne, au moyen d’une variation, la réalisation de ce sommet: avec l’apparition de l’être humain sur la terre, Dieu reconnaît que ce qu’il a fait est non seulement « beau », mais « très beau ». L’homme est la créature qui fait le plein de beauté de la création, car elle reflète la beauté même de Dieu, dont il est unique – créé parmi les créatures – à l’image et à la ressemblance.
La beauté du christ
Cependant, la beauté et la grandeur originelles de l’homme, après sa chute en Eden, semblent floues; la fragilité humaine continue de menacer cette beauté et nécessite un travail de « restauration » qui restitue à l’homme l’image d’origine en tant que marque de la personne divine et reflet de sa beauté. Ceci est réalisé grâce au travail de Jésus-Christ, que la tradition chrétienne, utilisant les paroles du psalmiste, chante comme « le plus beau parmi les fils de l’homme » (Ps. 45). La figure du Christ devient celle du « nouvel Adam »; 2 L’humanité de Jésus porte en elle la beauté que Dieu avait pensé dans son dessein pour l’homme, une humanité transfigurée révélant cette lumière divine que tout homme est appelé à revêtir.
Il y a un moment particulièrement important dans la vie de Jésus dans lequel cette lumière brille et se manifeste dans toute sa splendeur: sur la montagne de la transfiguration, le visage de Jésus « brillait comme le soleil » (Mt 17,2), « changé de J’attends et son vêtement est devenu blanc et brillant « (Lc 9, 29); Jésus manifeste ainsi dans sa personne le reflet de la beauté de Dieu, qui se caractérise toutefois par un élément apparemment paradoxal; au moment le plus lumineux de la transfiguration, Jésus parle avec Moïse et Élie « de son exode » (Lc 9,31), c’est-à-dire du voyage qui le mène à Jérusalem vers la Croix.
La « beauté » du Christ ne concerne donc pas nos canons esthétiques, elle n’est pas faite « pour attirer nos regards » (Is 53,2); c’est plutôt celui du serviteur méprisé et humilié, qui prend sur lui les peines et les fautes des hommes pour les racheter. Dans cette perspective, on comprend également la description de l’évangéliste Jean de Jésus comme « le beau berger » (10:11) du mouton: beau, parce qu’il est prêt à offrir sa vie. Dans ce renversement des critères humains, la beauté trouve son fondement, selon la logique divine, dans l’humiliation qui devient, dans la disponibilité totale et le don de soi, l’exaltation et la glorification (cf. Fil 2, 6-11).
La beauté de marie
Si Jésus, déjà dans la tradition paulinienne, était appelé le « nouvel Adam », la dernière tradition patristique considère Marie comme la « nouvelle Ève ». 3 Même dans Marie resplendit l’humanité renouvelée, dont la beauté est retourné à sa splendeur d’ origine. Dans le judaïsme, la figure d’Ève, mère de tous les êtres vivants, est exaltée par sa beauté qui, en Éden, rayonnait de lumière et de pureté. 4 Cette beauté, assombrie par la désobéissance d’Ève, revient briller en Marie. Si Jésus est « le plus beau des fils de l’homme », Marie est la reine dont la beauté plaît au roi (cf. Ps 45,12).
Dans les récits évangéliques en particulier, la beauté de Marie est liée à sa capacité d’écouter, d’accepter la parole du Seigneur, de la garder et de méditer sur son cœur. 5Cela apparaît de manière exemplaire dans l’épisode de l’Annonciation: Marie accepte la parole de l’ange et y adhère avec toute son existence; l’ange, à son tour, la reconnaît comme « pleine de grâce » (Lc 1, 28) ou comme celle qui, grâce, la faveur de Dieu, s’est remplie et s’est transformée en une des fibres les plus profondes de son être. C’est cette grâce qui rend Marie « belle » et disposée à adhérer totalement au dessein lumineux de Dieu sur elle, sur le monde, sur les hommes. À partir du moment de l’Annonciation, toute la vie de Marie se caractérise par cette capacité d’écoute et de dévouement; La beauté de Marie brille dans sa manière de rechercher la volonté de Dieu dans chaque événement et de l’accomplir avec une totale disponibilité.
Le dessein de Dieu est maintenant réalisé à travers le travail de Jésus, le Christ. Marie, sa mère, doit apprendre à comprendre les voies du Fils en affrontant le scandale du rejet et de la Croix; elle aussi doit suivre le chemin du disciple derrière Jésus, prête à le suivre avec fidélité et ténacité. La beauté de Marie ne cesse de briller, même au moment le plus tragique de la vie de Jésus, celui de la crucifixion et de la mort. Au pied de la Croix, Marie contemple le visage défiguré du Fils: malgré le masque de douleur qui l’oblige presque à regarder au loin, Marie sait saisir la beauté du « plus beau des fils de l’homme » qui, geste suprême de l’amour, fait un don de sa vie pour le salut des hommes. Même en ce moment, Marie est appelée à être une vraie disciple, accueillir les paroles de Jésus qui lui montrent le chemin; La beauté de Mary brille dans son « intrépide » debout à côté de la croix de son Fils.
C’est la beauté d’une mère qui n’abandonne pas le fruit de son ventre même quand tout le monde semble l’avoir abandonné; c’est la beauté d’une femme qui sait espérer contre espoir; c’est la beauté de celle qui, unie à Jésus, participe à son don en se rendant disponible pour le donner à son tour, pour renoncer à l’exclusivité du lien du sang pour devenir la mère de tout homme et de toute femme qui croit en la parole de Jésus et la confie. à eux leur vie; c’est la beauté de l’amour qui rayonne de la Croix pour atteindre les plus lointains et qui, dans la maternité universelle de Marie, trouve un signe concret d’acceptation, de réconciliation, d’unité.
Le parcours de la transfiguration du disciple
La beauté de Marie trouve donc son fondement dans sa parfaite adhésion au Christ. Marie est la première disciple, celle qui suit le chemin obscur et parfois exaltant de la foi derrière Jésus, atteignant dans la réalisation de sa propre existence cette transfiguration qui la rend « plus pleinement conforme à son fils, le Seigneur des seigneurs » ( Lumen gentium , No. 60).
Chaque disciple, regardant Marie comme sa mère, sa soeur et son amie, est appelé à retracer son chemin vers la pleine conformation au Christ, au point d’être transfiguré et de participer, comme elle, à la sublime beauté qui émane de Dieu, source de toute beauté. La vie du disciple, sur le modèle de celle de Marie, sera donc marquée par la beauté; une vie riche et pleine, imprégnée par la volonté d’être un cadeau pour les autres et par le désir de transformer le monde, en préservant et en nourrissant chaque germe de beauté pour que tout s’épanouisse et que vous retrouviez la splendeur d’origine.
Selon les mots du grand écrivain russe Dostoïevski, on pourrait dire que c’est «la beauté qui sauvera le monde»: «Dostoïevski, dans son roman L’Idiot, pose une question sur les lèvres de l’Ipolit athée au prince Myskin. « Est-il vrai, prince, que vous ayez dit un jour que le monde le sauverait de la » beauté « ? Messieurs – cria-t-il à tout le monde – le prince dit que le monde sera sauvé par la beauté … Quelle beauté sauvera le monde? « . Le prince ne répond pas à la question (car un jour le Nazaréen devant Pilate n’avait répondu que par sa présence à la question « Qu’est-ce que la vérité? »: Jn 18:38). Il semblerait presque que le silence de Myshkin – qui se tient à côté d’une compassion infinie d’amour pour le jeune homme qui meurt de consommation à 18 ans – signifie que la beauté qui sauve le monde est l’amour qui partage la douleur ».6
Marie au pied de la croix est l’icône de cette beauté; le disciple de Jésus, regardant vers elle, est appelé à découvrir le sens d’une « belle » vie dans la gratuité de l’amour. Marie, la « toute belle », déjà pleinement conforme à son Fils, brille devant chaque homme et chaque femme comme « un signe d’espoir et de consolation » ( Lumen gentium , n. 68), nous montrant le but de notre voyage transfiguration vers la vraie « beauté ».

NOTES
1 Cf. par exemple, à cet égard, I. HÖVERJOHAG, «tôb», Theologisches Wörterbuch zum Alten Testament , III, p. 315-339.
2 Sur la relation entre Adam et Christ en relation avec les thèmes du péché, de la loi, du salut, relisons les pages denses de Paul dans Romains 5: 12-7.25.
3 Le premier auteur à avoir introduit le parallélisme Eva-Maria semble avoir été Giustino († 165); Après lui, plusieurs pères reprennent et développent le thème: voir, par exemple, Irénée de Lyon († 202), Ephrem le Syrien († 373), Épiphane de Salamine († 403), Peter Chrysologus († 450). Pour un aperçu concis de la pensée mariale de ces auteurs et d’autres auteurs, voir L. GAMBERO, Maria dans la pensée des Pères de l’Église., Edizioni Paoline, Cinisello Balsamo 1991.
4 Voir, en référence aux sources juives, A. SERRA, Miryam Figlia di Sion. La femme de Nazareth et le féminin à partir du judaïsme ancien , Paoline, Milan 1997, p. 163-167.
5 A. Serra souligne cet aspect de la beauté lié à l’écoute, considérant que Marie est profondément ancrée dans la réalité d’Israël: comment Israël s’est placé au Sinaï pour écouter la Torah et constitue ainsi le fondement de sa beauté. La beauté de Marie elle trouve son expression particulière dans le « fiat » renouvelé à chaque instant de sa vie (cf. l’étude citée dans la note précédente, surtout les pages 167-181).

6 CM MARTINI, Quelle beauté sauvera le monde?, Lettre pastorale pour l’année 1999-2000.

 

HOMÉLIE POUR LE 4E DIMANCHE DE PÂQUES ANNÉE C « MES BREBIS ÉCOUTENT MA VOIX ; MOI, JE LES CONNAIS »

10 mai, 2019

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HOMÉLIE POUR LE 4E DIMANCHE DE PÂQUES ANNÉE C « MES BREBIS ÉCOUTENT MA VOIX ; MOI, JE LES CONNAIS »

Textes : Actes 13, 14.43-52, Apocalypse 7, 9.14b-17 et Jean 10, 27-30

Nous avons ce matin un extrait de l’évangile de saint Jean qui reprend une image bien connue celle du bon pasteur ou bon berger. Dans cet extrait de l’évangile de saint Jean c’est Jésus lui-même qui nous explique ce que cette image signifie pour les relations mutuelles entre les brebis et le pasteur, entre nous et lui.

I – Le choix de l’image du bon pasteur
On est habitué à retrouver dans la bouche de Jésus des images de toutes sortes qui donnent lieu souvent à des histoires ou des paraboles comme celle de la semence ou celle du levain dans la pâte.
Ici, l’image du bon pasteur qu’emploie Jésus dans cet évangile est plus qu’une image. Jésus le précise d’entrée de jeu en disant « Je suis le bon pasteur », il ne dit pas « je suis comme le bon pasteur », mais « je suis le bon pasteur ». Puis il se charge lui-même de décrire ce que cela signifie pour lui.
Suivons-le.

II –Trois traits de la relation de Jésus, bon pasteur, avec nous
Le premier trait retenu par Jésus c’est celui de la réciprocité. « Moi, je les connais, et elles me suivent ».
Les deux, le pasteur et les brebis, ne peuvent se ficher de l’autre. Leur sort est lié à celui de l’autre. Les brebis ne peuvent partir sans le pasteur. Le pasteur ne peut s’éloigner d’elles et les laisser à elles-mêmes. Il est ainsi amené à développer une sollicitude continuelle de tous les instants. Même la nuit il dort avec une œil ouvert, comme on dit, comme le font les parents de jeunes enfants.
Quelle belle image du lien que Jésus a et veut développer avec chacun et chacune d’entre nous. Sa présence auprès de nous, n’est pas une présence intellectuelle et distante. Elle est une présence de tous les instants qui rejoint notre vie concrète. Il le promet lorsqu’il apparaît aux apôtres en Galilée avant l’Ascension : «Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde.» (Mathieu 28, 20)
Puisque nous sommes des brebis, nous sommes invités quant a nous à vivre avec notre pasteur une proximité et une intimité de tous les instants. Nous pouvons nous tourner vers lui en tout temps car il est toujours là. Nous sommes liés à lui, car sans lui nous ne pouvons par nos seules forces réaliser ce que nous devons faire pour répondre à l’appel de Dieu dans nos vies. Comme brebis nous sommes dépendants de notre pasteur. Le lien mutuel entre le pasteur et les brebis, entre Jésus et nous, est un lien serré et inviolable, ce qui fera dire à saint Paul dans sa Lettre aux Galates « Je vis, mais ce n’est plus moi, c’est le Christ qui vit en moi ». (Galates 2, 20)
Le deuxième trait retenu par Jésus pour décrire ce qu’il est comme pasteur, c’est la relation affectueuse avec les brebis. « Je leur donne la vie éternelle : jamais elles ne périront, et personne ne les arrachera de ma main ».
Jésus, le bon pasteur, est tellement proche des brebis qu’il prend même sur lui leurs péchés. Il a été à la recherche de la brebis perdue et il l’a portée sur ses épaules pour la ramener au bercail. Pour Jésus les brebis sont sa vie. Il a donné sa vie pour qu’elles vivent de la vie même de Dieu. Il les a réunies autour de lui pour les offrir au Père comme un sacrifice agréable et leur donner la vie éternelle.
Le troisième trait qui s’applique au pasteur qu’est Jésus, c’est la relation de communion des brebis avec lui et avec le Père : « personne ne peut les arracher de la main du Père ».
Ce lien de chaque brebis avec Jésus et avec le Père la fait entrer dans une communion de coeur et d’esprit avec Jésus et son Père dans laquelle il les entraîne, car comme il le dit : « Le Père et moi, nous sommes UN ».
La brebis que nous sommes vivra l’amour qui vient du Dieu-Amour (l’agapè). Elle entrera ainsi dans la communion entre Jésus et son Père. Le disciple de Jésus est appelé à partager cette communion du Père et du Fils avec ses frères et soeurs. Elle se reflétera dans le « aimons-nous les uns les autres » qui est un impératif incontournable pour le chrétien et pour toute communauté chrétienne. C’est ainsi que s’exprime la communion entre le pasteur et les brebis.

III – Application
Vous pouvez constater que l’image du pasteur a une belle résonance dans les paroles de Jésus aujourd’hui. Ces paroles de Jésus nous permettent d’aller plus loin dans la compréhension et l’expérience de nos relations avec Lui.
Le temps de Pâques est une belle occasion de nous laisser entraîner derrière le bon pasteur qu’est Jésus. Apprenons à être et à devenir de vraies « bonnes brebis ». Nous saurons éviter les chemins de traverses si nous prenons le temps de regarder celui qui se présente comme le bon pasteur, le bon berger. Celui-ci aime ses brebis. Son amour n’est pas un amour commandé, mais c’est un amour qui vient du cœur, qui le fait se pencher vers chacune des brebis avec sollicitude et avec attention.
Le texte de saint Jean nous a mis sur la piste de trois traits essentiels au pasteur qui ressortent des paroles mêmes de Jésus : réciprocité, affection et communion. Ces trois traits sont une invitation à les développer nous aussi dans nos vies à l’image du bon pasteur, du bon berger, Jésus qui est notre modèle et notre inspiration. En effet, nous sommes toutes et tous envoyés vers nos frères et soeurs pour les soutenir, les accompagner et les aimer comme le pasteur aime ses brebis poursuivant ainsi la mission d’annoncer « le salut jusqu’aux extrémités de la terre » comme le font Paul et Barnabé au début de l’Église dans le reportage coloré qu’en fait la première lecture.

Conclusion
Que l’Eucharistie que nous célébrons comme à chaque dimanche nous permette d’aller plus loin dans notre suite de Jésus, le bon pasteur, en tout temps, dans les moments plus difficiles et dans les moments joyeux, et que notre marche à sa suite nous conduise à la bergerie où il nous attend pour toujours. C’est ce que je nous souhaite à toutes et à tous.
Amen!

Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l’Université Laval
Séminaire de Québec

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