Archive pour septembre, 2021

Saint Paul Apotre

13 septembre, 2021

fr

PAPE FRANÇOIS – AUDIENCE GÉNÉRALE – 18 août 2021 – Catéchèse sur la Lettre aux Galates – 5. La valeur propédeutique de la Loi

13 septembre, 2021

https://www.vatican.va/content/francesco/fr/audiences/2021/documents/papa-francesco_20210818_udienza-generale.html

PAPE FRANÇOIS – AUDIENCE GÉNÉRALE – 18 août 2021 – Catéchèse sur la Lettre aux Galates – 5. La valeur propédeutique de la Loi

Salle Paul VI

Frères et sœurs, bonjour!

Saint Paul, qui aimait Jésus Christ et qui avait bien compris ce qu’était le salut, nous a enseigné que les «enfants de la promesse» (Ga 4, 28) – c’est-à-dire nous tous, justifiés par Jésus Christ – ne sont pas sous le joug de la Loi, mais sont appelés à un style de vie exigeant dans la liberté de l’Evangile. Cependant, la Loi existe. Mais elle existe d’une autre manière: la même Loi, les dix commandements, mais d’une autre manière, parce qu’elle ne peut pas justifier par elle-même une fois que le Seigneur Jésus est venu. C’est pourquoi, dans la catéchèse d’aujourd’hui, je voudrais expliquer cela. Et nous nous demandons: quel est, selon la lettre aux Galates, le rôle de la Loi? Dans le passage que nous avons écouté, Paul soutient que la Loi a été comme un pédagogue. C’est une belle image que celle du pédagogue dont nous avons parlé au cours de la dernière audience, une image qui mérite d’être comprise dans sa juste signification.

L’apôtre semble suggérer aux chrétiens de diviser l’histoire du salut en deux, et également son histoire personnelle. Il y a deux moments: avant d’être devenus chrétiens en Jésus Christ et après avoir reçu la foi. Au centre se place l’événement de la mort et de la résurrection de Jésus, que Paul a prêché pour susciter la foi dans le Fils de Dieu, source de salut, et en Jésus Christ nous sommes justifiés. Nous sommes justifiés par la gratuité de la foi en Jésus Christ. A partir de la foi dans le Christ, il y a donc un «avant» et un «après» à l’égard de la Loi elle-même, car la Loi existe, les commandements existent, mais il y a une attitude avant la venue de Jésus et ensuite une autre après. L’histoire précédente est déterminée par le fait d’être «sous la Loi». Et celui qui allait sur le chemin de la Loi se sauvait, était justifié; celle qui suit – après la venue de Jésus – doit être vécue en suivant l’Esprit Saint (cf. Ga 5, 25). C’est la première fois que Paul utilise cette expression: être «sous la Loi». La signification sous-entendue comporte l’idée d’un asservissement négatif, typique des esclaves: «être sous». L’apôtre l’explicite en disant que lorsqu’on est “sous la Loi ” on est comme des “surveillés” et des “enfermés”, une sorte de détention préventive. Ce temps, dit saint Paul, a duré longtemps – de Moïse à la venue de Jésus –, et il se perpétue tant qu’on vit dans le péché.

La relation entre la Loi et le péché sera exposée de manière plus systématique par l’apôtre dans sa lettre aux Romains, écrites quelques années seulement après celle aux Galates. En synthèse, la Loi conduit à définir la transgression et à rendre les personnes conscientes de leur propre péché: «Tu as fait cela, donc la Loi – les dix commandements – dit cela: tu es dans le péché». D’ailleurs, comme l’enseigne l’expérience commune, le précepte finit par stimuler la transgression. Il écrit ce qui suit dans la lettre aux Romains: «De fait, quand nous étions dans la chair, les passions pécheresses qui se servent de la Loi opéraient en nos membres afin que nous fructifiions pour la mort. Mais à présent nous avons été dégagés de la Loi, étant morts à ce qui nous tenait prisonniers» (7, 5-6). Pourquoi? Parce que la justification de Jésus Christ est venue. Paul fixe sa vision de la Loi: «L’aiguillon de la mort, c’est le péché, et la force du péché, c’est la Loi» (1 Co 15, 56). Un dialogue: tu es sous la Loi, et tu es là avec la porte ouverte au péché.

Dans ce contexte, la référence au rôle pédagogique exercé par la Loi acquiert pleinement son sens. Mais la Loi est le pédagogue, qui te conduit où? A Jésus. Dans le système scolaire de l’antiquité le pédagogue n’avait pas la fonction que nous lui attribuons aujourd’hui, c’est-à-dire celle de soutenir l’éducation d’un jeune garçon ou d’une jeune fille. A l’époque, il s’agissait en revanche d’un esclave qui avait la fonction d’accompagner le fils de son patron auprès du maître et de le reconduire ensuite à la maison. Il devait ainsi le protéger des dangers, le surveiller pour qu’il n’ait pas des comportements incorrects. Sa fonction était plutôt disciplinaire. Quand l’enfant devenait adulte, le pédagogue cessait ses fonctions. Le pédagogue auquel se réfère Paul n’était pas l’enseignant, mais c’était celui qui accompagnait à l’école, qui surveillait l’enfant et le conduisait à la maison.

Se référer à la Loi dans ces termes permet à saint Paul d’éclaircir la fonction que celle-ci a exercée dans l’histoire d’Israël. La Torah, c’est-à-dire la Loi, a été un acte de magnanimité de la part de Dieu à l’égard de son peuple. Après l’élection d’Abraham, l’autre grand acte a été la Loi: tracer la route pour aller de l’avant. Elle avait certainement eu des fonctions restrictives, mais dans le même temps elle avait protégé le peuple, elle l’avait éduqué, discipliné et soutenu dans sa faiblesse, en particulier en exerçant une protection face au paganisme; il y avait tant d’attitudes païennes à cette époque. La Torah dit: «Il y a un unique Dieu et il nous a mis en chemin». Un acte de bonté du Seigneur. Et assurément, comme je l’ai dit, elle a eu des fonctions restrictives, mais dans le même temps elle avait protégé le peuple, elle l’avait éduqué, elle l’avait discipliné, elle l’avait soutenu dans sa faiblesse. C’est pourquoi l’apôtre s’arrête ensuite sur la description de la phase de l’âge mineur. Et il dit ce qui suit: «Aussi longtemps qu’il est un enfant, l’héritier, quoique propriétaire de tous les biens, ne diffère en rien d’un esclave. Il est sous le régime des tuteurs et des intendants jusqu’à la date fixée par son père. Nous aussi, durant notre enfance, nous étions asservis aux éléments du monde» (Ga 4,1-3). En somme, la conviction de l’apôtre est que la Loi possède certainement une fonction positive – et donc comme le pédagogue, pour faire avancer –, mais c’est une fonction limitée dans le temps. On ne peut pas étendre sa durée outre mesure, car elle est liée à la maturation des personnes et à leur choix de liberté. Une fois que l’on arrive à la foi, la Loi arrive à la fin de sa valeur propédeutique et doit céder la place à une autre autorité. Qu’est-ce que cela veut dire? Qu’une foi la Loi finie nous pouvons dire: «Nous croyons en Jésus Christ et nous faisons ce que nous voulons? «Non! Les commandements sont présents, mais ils ne nous justifient pas. Celui qui nous justifie est Jésus Christ. On doit observer les commandements, mais ils ne nous donnent pas la justice; il y a la gratuité de Jésus Christ, la rencontre avec Jésus Christ qui nous justifie gratuitement. Le mérite de la foi est de recevoir Jésus. L’unique mérite: ouvrir son cœur. Et que devons-nous faire avec les commandements? Nous devons les observer, mais comme une aide pour aller à la rencontre de Jésus Christ.

Cet enseignement sur la valeur de la Loi est très important et mérite d’être considéré avec attention pour ne pas tomber dans des équivoques et accomplir de faux pas. Cela nous fera du bien de nous demander si nous vivons encore dans la période où nous avons besoin de la Loi, ou si en revanche nous sommes bien conscients d’avoir reçu la grâce d’être devenus des enfants de Dieu pour vivre dans l’amour. Comment est-ce que je vis? Dans la peur que, si je ne fais pas cela, j’irai en enfer? Ou est-ce que je vis avec cette espérance, avec cette joie de la gratuité du salut en Jésus Christ? C’est une belle question. Et la deuxième également: est-ce que je méprise les commandements? Non. Je les observe, mais pas comme absolus, car je sais que ce qui me justifie est Jésus Christ.

FRançcois d’Assise – les pensées

12 septembre, 2021

francois-bc3a9nissant-2-copy

CELUI QUI PERDRA SA VIE À CAUSE DE MOI ET DE L’ÉVANGILE LA SAUVERA

10 septembre, 2021

fr

HOMÉLIE POUR LE 24E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE ANNÉE B : « CELUI QUI PERDRA SA VIE À CAUSE DE MOI ET DE L’ÉVANGILE LA SAUVERA ».

10 septembre, 2021

https://www.hgiguere.net/Homelie-pour-le-24e-dimanche-du-temps-ordinaire-Annee-B-Celui-qui-perdra-sa-vie-a-cause-de-moi-et-de-l-Evangile-la_a1025.html

HOMÉLIE POUR LE 24E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE ANNÉE B : « CELUI QUI PERDRA SA VIE À CAUSE DE MOI ET DE L’ÉVANGILE LA SAUVERA ».
TEXTES: ISAÏE 50, 5-9A, JACQUES 2, 14-18 ET MARC 8, 27-35.

Dans notre évangile de ce matin Jésus se lance dans une manière de sondage pour voir ce qu’on dit et pense de lui, puis par la suite il apporte ses commentaires sur ce qu’il a entendu.

Commençons par le sondage.

I – Le sondage
Jésus va de villages en villages depuis quelque temps. Il est maintenant aux alentours de Césarée-de-Philippe, une ville située aux sources du fleuve le Jourdain. C’était une ville romaine florissante dont on peut visiter les ruines aujourd’hui, ce que j’ai pu faire il y a quelques années.

Au cours de ces longs déplacements à pied, les conversations occupent le temps agréablement. Elles se font sérieuses par moments. On a ici un de ces moments où Jésus procède à un sondage le concernant avec deux questions à ses disciples : « Au dire des gens, qui suis-je ? » et « Pour vous, qui suis-je? »

Les réponses sont des plus intéressantes. Elles nous donnent comme une photographie de Jésus, le prédicateur recherché et le guérisseur couru. Les gens reconnaissent en lui une dimension qui n’est pas le lot commun. Jésus, disent-ils, leur fait penser à Jean-Baptiste, à Élie ou à l’un des prophètes. Ce disant, les gens voient et mettent entre Jésus et Dieu une relation particulière. Ils ne savent pas exactement de quoi il s’agit, mais ils soupçonnent chez cet homme un destin unique, une mission extraordinaire.

Les disciples, eux, pour répondre à la question « Pour vous, qui suis-je? » vont plus loin que les gens questionnés auparavant. Ils ont fréquenté Jésus de près. Ils l’ont écouté. Il leur a expliqué en particulier certains de ses propos, de ses paraboles. Ils ont donc une longueur d’avance sur les autres gens. C’est Pierre qui se fera le porte-parole du groupe des disciples et il affirmera sans hésitation que pour eux Jésus est l’Envoyé de Dieu pour apporter le salut au monde. Il est le Christ c’est-à-dire celui qui a été choisi et qui a reçu l’onction de Dieu qui le fait Sauveur de tous ceux et celles qui croient en lui et qui le reçoivent comme leur Sauveur personnel.

Voilà les réponses au sondage rapide que fait Jésus en marchant dans la belle nature de cette région des sources du Jourdain.

II – Les commentaires de Jésus
Ce n’est pas fini. Jésus décide de profiter de ces réponses pour aller plus loin. La suite du texte de saint Marc rapporte les commentaires de Jésus lui-même qui nous révèlent les contours de l’identité même de Jésus comme Envoyé de Dieu et Sauveur.

Les propos de Jésus ne récusent pas ce qui a été dit par les gens et par les disciples, loin de là. Jésus reconnaît sa relation particulière avec Dieu et sa mission de Sauveur, mais il entre dans les détails de celle-ci. Et c’est là que les disciples sont sidérés.

« Il commença à leur enseigner qu’il fallait que le Fils de l’homme souffre beaucoup, qu’il soit rejeté par les anciens, les grands prêtres et les scribes, qu’il soit tué, et que, trois jours après, il ressuscite. » C’est une première annonce de sa Passion dont le prophète Isaïe donne un aperçu dans la première lecture lorsqu’il met ces paroles dans la bouche du Messie : « Je ne me suis pas dérobé. J’ai présenté mon dos à ceux qui me frappaient, et mes joues à ceux qui m’arrachaient la barbe. Je n’ai pas caché ma face devant les outrages et les crachats. »

On comprend la surprise des disciples qui attendent un Messie qui redonnera la royauté à Israël, qui libérera les juifs du joug des Romains et qui sera comme un nouveau David. Rien à voir avec un Messie qui souffre, qui est rejeté, qui meurt et qui ressuscite.

Et là encore, Pierre se lance et intervient au nom du groupe. « Cela ne se passera pas ainsi. Nous y verrons ». Et Jésus, tout entier consacré à sa mission, rejette de façon brutale l’intervention de Pierre : « Retire-toi, tu es comme Satan qui essaie de me faire dévier de ma mission. Tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes ».

On le voit ici, Jésus est déjà tout imprégné des attentes de Dieu sur lui. Il a cheminé et il sait que le plan de Dieu pour le salut de l’humanité passe par un amour fou, un amour qui donne son propre Fils pour le salut de tous.

Et Jésus plutôt que de s’attarder sur les étapes où il passera, sa mort et sa résurrection, se tourne vers ses disciples et leur indique comment, eux, ils peuvent se joindre à lui dans sa réponse à la mission reçue de son Père.

III – Application
Écoutons les mots mêmes que les premiers chrétiens ont retenus de cette intervention de Jésus. Ils tiennent en deux phrases très connues depuis des siècles

La première : « Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive ».

Ici, Jésus insiste pour que ses disciples regardent vers lui et qu’ils marchent à sa suite. Prendre sa croix n’est autre chose que d’imiter Jésus, que de le suivre. L’important est la relation avec lui qui entraîne le disciple dans celle que lui-même vit avec Dieu son Père.

On voit qu’on est loin d’un ascétisme et d’une recherche de sacrifices, de mortifications. Les croix sont plutôt la marque qu’on suit Jésus. Elles font que notre vie de tous les jours est unie à celle de Jésus.

Deuxième phrase à retenir : « Car celui qui veut sauver sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie à cause de moi et de l’Évangile la sauvera ».

C’est la phrase qui est la plus connue et qui a inspiré de nombreux saints et saintes au cours de leur vie. Saint François de Laval (1623-1708), apôtre de l’Amérique et premier évêque de Québec, l’avait gravée dans son cœur et il la répétait très souvent.

Perdre sa vie ou la sauver ? Mais de quelle vie s’agit-il ? On n’en a qu’une seule. Il est donc important de la diriger dans le bon sens. Jésus ici invite à faire les choix qu’il propose et de mettre à la base de ceux-ci les Béatitudes qui sont la « carte d’identité» du véritable disciple de Jésus comme le dit si bien le pape François. En effet, pour présenter la sainteté aujourd’hui dans son Exhortation apostolique Gaudete et Exultate, le pape François retient les Béatitudes comme cadre de la sainteté chrétienne. Il en fait un commentaire stimulant. « À travers celles-ci, écrit le pape, se dessine le visage du Maître que nous sommes appelés à révéler dans le quotidien de nos vies. Le mot « heureux » ou “bienheureux”, devient synonyme de “saint”, parce qu’il exprime le fait que la personne qui est fidèle à Dieu et qui vit sa Parole atteint, dans le don de soi, le vrai bonheur. » (GE 63 et 64)

On n’aura jamais fini d’en tirer toutes les conséquences pour notre vie avec Dieu. L’extrait de la lettre de saint Jacques lu dans le deuxième lecture nous y invite par ces mots : « Si quelqu’un prétend avoir la foi, sans la mettre en œuvre, à quoi cela sert-il ? » « La foi, si elle n’est pas mise en œuvre, est bel et bien morte » constate cette lettre remarquable attribuée à saint Jacques.

Conclusion
Nous avons fait un parcours à l’écoute de Jésus sur les chemins des villages aux sources du Jourdain, et Jésus continue de cheminer avec nous sur les chemins des « villages d’aujourd’hui » que sont nos occupations diverses, nos loisirs, nos problèmes personnels ou communautaires comme celui des migrants et des réfugiés, nos relations familiales, nos défis environnementaux, la pandémie du coronavirus Covid19, nos choix pour la vie etc., ce sont des « villages » très animés dans notre société, mais qui attendent que l’on passe y révéler la Bonne Nouvelle qu’est Jésus lui-même, notre Seigneur et Sauveur.

Que cette Eucharistie soit encore une fois une occasion de cheminer tout à côté de Jésus qui y est présent réellement par sa Parole et par son Pain. À la table de la Parole et à la table du Pain nous l’écoutons et nous nous nourrissons de sa vie pour être, selon ce qu’il nous demande, des témoins, nous aussi, de l’amour de Dieu pour toute l’humanité.

Amen!

Mgr Hermann Giguère, P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l’Université Laval
Séminaire de Québec

Lettre aux Galates

8 septembre, 2021

SAN PAOLO APOSTOLO ICONA Lettre aux Galates dans images sacrée

PAPE FRANÇOIS -AUDIENCE GÉNÉRALE – 8 septembre 2021- Catéchèse sur la Lettre aux Galates – 8. Nous sommes fils de Dieu

8 septembre, 2021

https://www.vatican.va/content/francesco/fr/audiences/2021/documents/papa-francesco_20210908_udienza-generale.html

PAPE FRANÇOIS -AUDIENCE GÉNÉRALE – 8 septembre 2021- Catéchèse sur la Lettre aux Galates – 8. Nous sommes fils de Dieu

Salle Paul VI

Frères et sœurs, bonjour!

Nous poursuivons notre itinéraire d’approfondissement de la foi — de notre foi — à la lumière de la Lettre de saint Paul aux Galates. L’apôtre insiste auprès de ces chrétiens pour qu’ils n’oublient pas la nouveauté de la révélation de Dieu qui leur a été annoncée. En plein accord avec l’évangéliste Jean (cf 1 Jn 3, 1-2), Paul souligne que la foi en Jésus Christ nous a permis de devenir réellement fils de Dieu et également ses héritiers. Nous chrétiens considérons souvent comme évidente cette réalité d’être fils de Dieu. Il est bon au contraire de se souvenir toujours avec reconnaissance du moment où nous le sommes devenus, celui de notre baptême, pour vivre avec une plus grande conscience le grand don reçu.

Si je demandais aujourd’hui: qui de vous connaît la date de son baptême?, je crois qu’il n’y aurait pas beaucoup de mains levées. Et pourtant, c’est la date à laquelle nous avons été sauvés, c’est la date à laquelle nous sommes devenus fils de Dieu. A présent, que ceux qui ne la connaissent pas demandent à leur parrain, marraine, à leur père, leur mère, leur oncle, leur tante: «Quand ai-je été baptisé? Quand ai-je été baptisée?»; et rappeler chaque année cette date: c’est la date à laquelle nous sommes devenus fils de Dieu. D’accord? Vous le ferez? [les fidèles répondent: oui!]. C’est un «oui» un peu comme ça, hein? [rires] Poursuivons….

En effet, une fois «venue la foi» dans le Christ (v. 25), se crée la condition radicalement nouvelle qui fait entrer dans la filiation divine. La filiation dont parle Paul n’est plus celle générale qui touche tous les hommes et les femmes en tant que fils et filles de l’unique Créateur. Dans le passage que nous avons écouté, il affirme que la foi permet d’être fils de Dieu «dans le Christ» (v. 26): telle est la nouveauté. C’est ce «dans le Christ» qui fait la différence. Pas seulement fils de Dieu, comme tous: nous tous hommes et femmes sommes enfants de Dieu, tous, quelle que soit notre religion. Non. Mais «dans le Christ» est ce qui fait la différence chez les chrétiens et cela n’a lieu que dans la participation à la rédemption du Christ et en nous dans le sacrement du baptême, c’est ainsi que cela commence. Jésus est devenu notre frère, et par sa mort et sa résurrection, il nous a réconciliés avec le Père. Qui accueille le Christ dans la foi, à travers le baptême est «revêtu» de Lui et de la dignité filiale (cf. v. 27).

Dans ses Lettres, saint Paul fait référence à plusieurs reprises au baptême. Pour lui, être baptisé équivaut à prendre part de façon effective et réelle au mystère de Jésus. Par exemple, dans la Lettre aux Romains, il arrivera même à dire que, dans le baptême, nous sommes morts avec le Christ et ensevelis avec Lui pour pouvoir vivre avec Lui (cf. 6, 3-14). Morts avec le Christ, ensevelis avec Lui pour pouvoir vivre avec Lui. C’est la grâce du baptême: participer à la mort et à la résurrection de Jésus. Le baptême n’est donc pas un simple rite extérieur. Ceux qui le reçoivent sont transformés profondément, au plus profond d’eux-mêmes, et possèdent une vie nouvelle, précisément celle qui permet de s’adresser à Dieu et de l’invoquer par le nom d’«Abbà», c’est-à-dire «papa». «Père»? Non, «papa» (cf. Ga 4, 6).

L’apôtre affirme avec une grande audace que l’identité reçue avec le baptême est entièrement nouvelle, au point de prévaloir sur les différences qui existent sur le plan ethnique et religieux. Il l’explique ainsi: «il n’y a ni Juif ni Grec»; et aussi sur le plan social: «il n’y a ni esclave ni homme libre, il n’y a ni homme ni femme» (Ga 3, 28). On lit souvent ces expressions trop à la hâte, sans saisir la valeur révolutionnaire qu’elles contiennent. Pour Paul, écrire aux Galates que dans le Christ, «il n’y a ni Juif ni Grec» équivaut à une authentique subversion ethnique et religieuse. Le juif, du fait d’appartenir au peuple élu, était privilégié par rapport au païen (cf. Rm 3, 17-20), et Paul lui-même l’affirme (cf. Rm 9, 4-5). Il n’est donc pas surprenant que ce nouvel enseignement de l’apôtre puisse sembler hérétique. «Mais comment cela, tous égaux? Nous sommes différents!». Cela semble un peu hérétique non? La deuxième égalité aussi, entre «libres» et «esclaves», ouvre des perspectives troublantes. Pour la société antique, la distinction entre esclaves et citoyens libres était vitale. Ces derniers jouissaient selon la loi de tous les droits, tandis que l’on ne reconnaissait pas même la dignité humaine aux esclaves. Cela arrive aujourd’hui aussi: beaucoup de gens, dans le monde, beaucoup, des millions, qui n’ont pas le droit à l’alimentation, n’ont pas le droit à l’éducation, n’ont pas le droit au travail: ce sont les nouveaux esclaves, ce sont ceux qui se trouvent aux périphéries, qui sont exploités par tous. Aujourd’hui aussi, il y a l’esclavage. Pensons un peu à cela. Nous nions à ces gens la dignité humaine, ils sont esclaves. Ainsi, à la fin, l’égalité dans le Christ dépasse la différence sociale entre les deux sexes, en établissant entre l’homme et la femme une alliance alors révolutionnaire qu’il faut réaffirmer aujourd’hui aussi. Il faut la réaffirmer aujourd’hui aussi. Combien de fois entendons-nous des expressions qui méprisent les femmes! Combien de fois avons-nous entendu: «Mais non, ne fais rien, [ce sont] des histoires de femmes». Mais les hommes et les femmes ont la même dignité, et il y a dans l’histoire, aujourd’hui aussi, un esclavage de femmes: les femmes n’ont pas les mêmes opportunités que les hommes. Nous devons lire ce que dit Paul: nous sommes égaux en Jésus Christ.

Comme on peut le voir, Paul affirme la profonde unité qui existe entre tous les baptisés, quelle que soit la condition à laquelle ils appartiennent, que ce soit des hommes ou des femmes, égaux, parce que chacun d’eux, dans le Christ, est une créature nouvelle. Toute distinction devient secondaire par rapport à la dignité d’être fils de Dieu, qui à travers son amour, réalise une véritable et importante égalité. Tous, à travers la rédemption du Christ et le baptême que nous avons reçu, sommes égaux: fils et filles de Dieu. Egaux.

Frères et sœurs, nous sommes donc appelés de façon plus positive à vivre une nouvelle vie qui trouve dans la filiation avec Dieu son expression fondatrice. Egaux parce que fils de Dieu, et fils de Dieu parce que Jésus Christ nous a rachetés et nous sommes entrés dans cette dignité à travers le baptême. Il est décisif également pour nous tous aujourd’hui de redécouvrir la beauté d’être fils de Dieu, d’être frères et sœurs entre nous parce qu’insérés dans le Christ qui nous a rachetés. Les différences et les contrastes qui créent la séparation ne devraient pas exister entre les croyants dans le Christ. Et l’un des apôtres, dans la Lettre de Jacques, dit: «Faites attention avec les différences, parce que vous n’êtes pas justes quand dans l’assemblée (c’est-à-dire à la Messe), quelqu’un entre qui porte un anneau d’or et est bien habillé: “Ah, entrez, entrez!” et ils le font s’asseoir au premier rang. Puis, s’il entre une autre personne qui, la pauvre, peut à peine se couvrir, et on voit qu’elle est pauvre: “oui, oui, assied-toi là, au fond”». Ces différences, ce sont nous qui les faisons, souvent, de façon inconsciente. Non, nous sommes égaux. Notre vocation est plutôt celle de rendre concret et évident l’appel à l’unité de tout le genre humain (cf. Conc. œcum. Vat. II, Const. Lumen gentium, n. 1). Tout ce qui exacerbe les différences entre les personnes, en provoquant souvent des discriminations, tout cela, devant Dieu, n’a plus de consistance, grâce au salut réalisé dans le Christ. Ce qui compte est la foi qui opère selon le chemin de l’unité indiqué par l’Esprit Saint. Et notre responsabilité est de marcher de façon résolue sur ce chemin de l’égalité, mais l’égalité qui est soutenue, qui a été réalisée par la rédemption de Jésus.

Merci. Et n’oubliez pas, quand vous rentrerez chez vous: «Quand ai-je été baptisé? Quand ai-je été baptisée?». Demander, pour avoir toujours cette date à l’esprit. Et également la célébrer quand arrivera la date. Merci.