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L’ATHLÉTISME ET LA FOI CHRÉTIENNE (3/3) : UN ENGAGEMENT SPORTIF, MÊME SI ON N’EST PAS SPORTIF

3 novembre, 2016

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L’ATHLÉTISME ET LA FOI CHRÉTIENNE (3/3) : UN ENGAGEMENT SPORTIF, MÊME SI ON N’EST PAS SPORTIF

Voici la troisième et dernière partie de la réflexion de David Shutes sur le sport dans la Bible. Les parties précédentes sont disponibles ici : L’Apôtre Paul et la compétition athlétique et Le chrétien et la pratique du sport
Partie 3 : Un engagement sportif, même si on n’est pas sportif
Si le sens des références athlétiques dans les écrits de l’Apôtre Paul n’est pas pour nous dire qu’un chrétien doit faire du sport, quel est donc le but de ces passages ? Quel enseignement pouvons-nous en tirer pour la vie chrétienne ?
Il me semble que le monde du sport illustre très bien certaines valeurs qui sont importantes pour les chrétiens, même si la pratique sportive en soi ne l’est pas forcément pour tout le monde. Certains aspects de l’entraînement et de l’engagement de l’athlète constituent un modèle très utile pour le chrétien qui veut aller de l’avant avec Dieu. J’en vois surtout trois.
D’abord, il y a la notion de la discipline. Rappelons-nous de 1 Corinthiens 9:24-27 : « Ne savez-vous pas que ceux qui courent dans le stade courent tous, mais qu’un seul reçoit le prix ? Courez de manière à l’obtenir. Tout lutteur s’impose toute espèce d’abstinences ; eux pour recevoir une couronne corruptible, nous, pour une couronne incorruptible. Moi donc, je cours, mais non pas à l’aventure ; je donne des coups de poing, mais non pour battre l’air. Au contraire, je traite durement mon corps et je le tiens assujetti, de peur, après avoir prêché aux autres, d’être moi-même disqualifié. »
Je n’ai jamais vu un athlète ou un sportif quelconque arriver à un haut niveau de performance sans se consacrer sérieusement à son entraînement. Il se prive de certaines choses ; il se fatigue à se former et à se maintenir, même s’il n’a pas « envie » ; il se laisse enseigner, corriger et reprendre par ses entraîneurs, et tout dans le but de perfectionner sa performance. Ceux qui ne le font pas ne vont jamais loin dans le sport, même s’ils ont énormément de talent « naturel » au départ. Ils gagneront peut-être certaines épreuves sur un plan local, mais on n’a pas encore vu sur la première marche du podium olympique quelqu’un qui ne s’était pas imposé une discipline draconienne.
Le chrétien a besoin de cette même discipline. Il a besoin de s’engager tout autant pour avancer, de se fixer avec la même rigueur sur son but. Nous avons souvent entendu parler de brillantes carrières athlétiques brisées parce que la personne n’a pas su dire « non » à la drogue ou à telle autre luxe. Et même si les médias n’en parlent pas, il y a tout autant de « chrétiens » qui, un jour, ont tout abandonné parce qu’ils ont préféré les compromis avec les valeurs du monde. Mais celui qui est solidement convaincu de son but et qui est prêt à renoncer à tout ce qui pourrait l’empêcher d’y arriver va avancer avec Dieu, de la même manière qu’un sportif peut renoncer à bien des plaisirs pour se concentrer sur son entraînement et arriver à son but.
C’est dans ce sens-là que Paul a exhorté Timothée : « Exerces-toi à la piété » (1 Timothée 4:8) et : « Combats le bon combat de la foi » (1 Timothée 6:12). Avancer avec Dieu n’est pas quelque chose qui arrive tout seul parce qu’on va à l’église et qu’on lit sa Bible de temps en temps. C’est un choix. C’est un engagement. C’est une discipline de la même nature de la discipline sportive, même si c’est dans un autre domaine. Mais il s’agit d’un domaine bien plus important que le sport, ce qui fait que cette discipline est d’autant plus justifiée. C’est une première leçon à tirer du monde du sport.
Ensuite, le sport nous enseigne le principe de la persévérance. Cela est bien illustré par les paroles de Paul dans Philippiens 3:12-14 : « Ce n’est pas que j’aie déjà remporté le prix ou que j’aie déjà atteint la perfection ; mais je poursuis ma course afin de le saisir, puisque moi aussi, j’ai été saisi par le Christ-Jésus. Frères, pour moi-même je n’estime pas encore avoir saisi le prix ; mais je fais une chose : oubliant ce qui est en arrière et tendant vers ce qui est en avant, je cours vers le but pour obtenir le prix de la vocation céleste de Dieu en Christ-Jésus. »
Nous vivons dans le monde du TGV : Tout à Grande Vitesse. On veut tout, tout de suite. Mais une longue course ne se gagne pas en quelques seconds, et la maturité chrétienne ne s’acquiert pas par une expérience instantanée. La vie chrétienne est une course de grand fond et non un sprint. J’en ai connu qui ont démarré dans la vie chrétienne d’une façon impressionnante, pour tout abandonner quelque temps plus tard. Ils avaient un enthousiasme indéniable, mais pas d’endurance.
La persévérance chrétienne est faite plus d’endurance que de résistance. Ce n’est pas forcément le plus fort qui gagne un marathon ; c’est celui qui est capable de maintenir une vitesse tout à fait correcte le plus longtemps. Vous mettez un sprinter et un marathonien ensemble pour cent mètres et c’est le sprinter qui sera devant à tous les coups. Mais si vous leur demandez de faire dix mille mètres, le sprinter prendra peut-être de l’avance dans un premier temps, mais le marathonien sera toujours en train d’avancer à un rythme régulier et soutenu quand le sprinter aura abandonné depuis longtemps. La résistance supérieur d’un sprinter produit une performance beaucoup plus « impressionnante », mais sans endurance cette performance s’arrêtera rapidement.
La vie chrétienne est longue. Quand l’enthousiasme d’une rencontre sensationnelle entre jeunes est loin derrière, la vie continue. Quand les années ont passé et les circonstances sont toutes autres que quand on a commencé, la vie continue. Quand on a affronté épreuve sur épreuve et déception sur déception, la vie continue. Si on n’a pas appris la persévérance, on laissera tomber, fatigué et découragé.
L’Apôtre Paul a su continuer, malgré tout. « Oubliant ce qui est en arrière et tendant vers ce qui est en avant, je cours vers le but… » (Philippiens 3:13-14). Il avait connu pas mal de victoires, comme il avait connu pas mal de difficultés. Peu importe ; ce qui est derrière est derrière. Il sait qu’on ne vit pas aujourd’hui des victoires d’hier, de même qu’on ne se laisse pas décourager aujourd’hui par les défaites d’hier. Il y a des tours qu’on fait mieux que d’autres, mais la course n’est pas terminée. On va de l’avant.
Ce n’est qu’à la fin de sa vie, quand il se savait condamné à mort, que Paul a pu écrire : « J’ai combattu le bon combat, j’ai achevé la course, j’ai gardé la foi. Désormais la couronne de justice m’est réservée » (2 Timothée 4:7-8). La course ne se termine qu’à la ligne d’arrivée. Tant qu’on n’en est pas là, on continue. C’est ça, la persévérance.
Maintenant, attention. Cela ne veut pas dire qu’il faut continuer à faire des efforts pour « gagner » le salut en quelque sorte. L’enseignement de l’ensemble de la Bible et de l’Apôtre Paul en particulier est très clair sur ce point. Le salut nous est accordé par grâce, entièrement par grâce. C’est à cause de ce que Jésus a fait et non à cause de ce que nous faisons, que nous pouvons avoir la vie éternelle. Celui qui prend les illustrations athlétiques pour dire que nous gagnons notre salut par notre propre effort, de la même façon que le sportif gagne son épreuve par son effort, ne tient pas compte de ce que dit le reste de la Bible. Paul a écrit très clairement : « C’est par la grâce en effet que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi. Et cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu. Ce n’est point par les oeuvres, afin que personne ne se glorifie » (Ephésiens 2:8-9).
Cela ne veut pas dire non plus qu’on ne peut pas être sûr de l’arrivée tant qu’on n’y est pas. L’Apôtre Jean n’était apparemment pas un sportif (il a couru plus vite que l’Apôtre Pierre quand ils sont allés ensemble vers le tombeau vide après la résurrection de Jésus, mais la pratique athlétique ne semblait pas l’intéresser pour autant), mais il a des choses très utiles à nous dire sur la vie chrétienne, en se servant d’autres exemples que les illustrations sportives. Il écrit dans 1 Jean 5:13 : « Cela, je vous l’ai écrit afin que vous sachiez que vous avez la vie éternelle, vous qui croyez au nom du Fils de Dieu. » Si nous pouvons savoir que nous avons la vie éternelle, c’est que nous n’avons pas à fournir un long effort avant de voir si nous serons avec Dieu ou non après la mort.
La persévérance chrétienne n’est ni pour gagner le salut, ni pour s’assurer de l’avoir. C’est seulement l’engagement conséquent de quelqu’un qui est convaincu de ce qu’il veut. Celui qui est décidé à vouloir être avec Dieu pour l’éternité continuera tout naturellement à poursuivre ce but, tandis que celui qui ne persévère pas montre par là qu’il n’est pas réellement engagé à aller jusqu’au bout avec Dieu. La persévérance ne produit pas la victoire, mais nous montre qui est décidée à avoir cette victoire et qui ne l’est pas. C’est comme Paul l’a dit aux Colossiens : « Et vous, qui étiez autrefois étrangers et ennemis par vos pensées et par vos oeuvres mauvaises, il vous a maintenant réconciliés par la mort dans le corps de sa chair, pour vous faire paraître devant lui saints, sans défaut et sans reproche ; si vraiment vous demeurez dans la foi, fondés et établis pour ne pas être emportés loin de l’espérance de l’Evangile que vous avez entendu » (Colossiens 1:21-21).
La persévérance de l’athlète, surtout de l’athlète qui fait des courses de fond, est une bonne illustration de cela : Le but est-il toujours devant ? Je continue donc à courir vers le but. Je ne vis pas pour l’instant qui passe, mais pour un but qui est bien plus loin. Je sais m’engager en fonction du long terme et non uniquement pour la satisfaction immédiate. Je me fatigue, la course est longue, la route est dure, mais le but est devant. Comme ce but est tout ce qui m’intéresse, je continue. Que j’en ai « envie » ou non…
L’athlétisme, finalement, nous illustre une troisième valeur chrétienne, celle de la soumission aux règles, c’est à dire, l’obéissance. « L’athlète n’est pas couronné, s’il n’a combattu suivant les règles », comme Paul l’a écrit dans 2 Timothée 2:5. Dans le sport, on ne peut pas faire n’importe quoi, et si on est en-dehors des règles, on est disqualifié.
Je pratique une discipline athlétique peu répandue, la marche athlétique. C’est une épreuve difficile et exigeante, parce qu’il faut avancer en respectant une réglementation assez particulière. Etre le plus vite n’est pas assez ; pour gagner, il faut être le plus vite dans les règles. Les marcheurs sont souvent disqualifiés alors qu’ils avancent très vite, parce qu’ils sont en infraction à la définition de la marche. Beaucoup de gens (surtout parmi les non-athlètes) trouve cette épreuve comique, pour ne pas dire ridicule, à cause de l’allure que cela donne. Mais l’ayant pratiqué (à mon niveau, ce qui n’est vraiment pas extraordinaire…), je peux apprécier la discipline d’un bon marcheur qui est capable de faire vingt, cinquante, cent kilomètres, voire plus, tout en respectant cette réglementation. Ce serait tellement plus vite de se mettre à courir ; en plus, cela ferait tellement meilleur impression sur les spectateurs. Mais un marcheur qui le fait est vite disqualifié, parce qu’il n’a pas respecté les règles.
Dans la vie chrétienne, il y a des limites, des règles, des exigences. On ne peut pas toujours faire n’importe quoi. A cause de notre engagement avec Dieu, notre désir de le glorifier et de nous approcher de lui, nous devons renoncer à bien des choses. Des choses que ceux qui nous entourent pratiquent couramment et qui, pour être tout à fait honnêtes, peuvent nous faire envie aussi.
Il y en a qui pensent que l’un n’empêche pas l’autre, que rien ne nous empêche, tout en étant « chrétien », de faire tout ce qui nous passe par la tête. Mais déjà il y a bientôt vingt siècles, l’Apôtre Paul nous disait le contraire, en se servant de ce principe évident tiré du monde athlétique : « l’athlète n’est pas couronné, s’il n’a combattu suivant les règles. »
C’est parfois difficile, dans la marche athlétique, de maintenir la conformité aux règles. Quand on se fatigue, quand on a envie d’accélérer pour rattraper un autre juste avant la ligne d’arrivée, quand on ne fait plus attention à sa façon de marcher, ce n’est pas évident. Mais il faut respecter le règlement, faute de quoi on sera disqualifié. De même, le chrétien qui veut aller jusqu’au bout doit apprendre très jeune qu’il y a des règles. L’enseignement de la Bible n’est pas « pour les autres ». Il faut étudier la Bible pour « connaître les règles », puis il faut appliquer cet enseignement. Celui qui ne veut pas le faire n’est pas obligé de le faire, mais il n’est pas dans la course non plus. S’il veut arriver jusqu’au bout, il faut « combattre suivant les règles ».

En conclusion
L’athlétisme n’est donc pas, en soi, une pratique « chrétienne ». Par contre, il n’y a rien de mauvais en soi dans le sport non plus et le chrétien qui en ressent le désir peut le pratiquer en toute bonne conscience. Mais que vous soyez attirés par l’athlétisme (ou tout autre sport) ou non, la même discipline que pratique l’athlète est nécessaire pour une vie chrétienne conséquente. A la différence du monde athlétique, tous ceux qui s’engagent réellement à aller jusqu’au bout avec Dieu, obéissant à sa Parole et se laissant diriger par lui, sont assurés de « gagner ». La victoire nous est donnée par Jésus-Christ et non par nos propres efforts. Mais personne ne peut aller jusqu’au bout sans cet engagement, cette discipline, cette persévérance, cette soumission aux règles. Que vous soyez sportifs ou non, vivons la vie chrétienne avec une véritable discipline « athlétique ».
« Nous donc aussi, puisque nous sommes environnés d’une si grande nuée de témoins, rejetons tout fardeau et le péché qui nous enveloppe si facilement, et courons avec persévérance l’épreuve qui nous est proposée » (Hébreux 12:1).