Archive pour la catégorie 'Noël 2007 – Epiphanie 2008'
Jacopone de Todi : Noël : Nativité
5 janvier, 2008du site:
http://users.skynet.be/prier/textes/PR0781.HTM
Noël : Nativité
Auteur : Jacopone de Todi (12ème siècle)
Dis, douce Marie, avec quel tendre amour,
tu regardais ton Enfant Jésus-Christ, mon Dieu.
Lorsque tu l’eus mis au monde sans douleur,
la première chose, je crois bien, que tu fis,
ce fut de l’adorer, ô pleine de grâce.
Puis sur le foin, dans la crèche,tu le posas,
de quelques pauvres langes l’emmaillota,
tout émerveillée et joyeuse, je crois.
Oh quelle grande joie tu avais et quel bien
quand tu le tenais dans tes bras maternels !
Dis-le moi, car peut-être il convient
que par une pitié un peu tu me satisfasses.
Tu mettais alors des baisers sur sa face,
n’est-ce pas, et tu disais : ô mon enfant !
Tantôt mon enfant, tantôt Père et Seigneur,
tantôt Dieu, tantôt Jésus tu le nommais.
O quel doux amour tu sentais dans ton coeur,
quand dans ton giron, serré, tu l’allaitais.
Que de gestes doux, pleins d’amour adorable
tu voyais, étant avec ton doux enfant.
Anselm Grün: L’Épiphanie
5 janvier, 2008du site:
http://www.spiritualite2000.com/page.php?idpage=1258
L’Épiphanie
Anselm Grün
Anselm Grün, moine bénédictin, est abbé du monastère de Münsterscharzach en Allemagne. Docteur en théologie et psychologie, il est accompagnateur spirituel. Ses livres connaissent un grand succès en Europe. Plusieurs ont été traduits en français.
Au lieu de celle du petit enfant soleil, les chrétiens ont célébré la naissance du véritable soleil, de Jésus, né lui aussi dans une grotte, à Bethléem.
Pour les Grecs, l’Épiphanie était le jour anniversaire de la naissance du dieu; pour les chrétiens l’incarnation du Christ est la plus haute épiphanie qui puisse se concevoir.
Peut-être l’Église primitive a-t-elle aussi voulu donner une réplique à la fête grecque de Dionysos. Dionysos était le dieu de l’ivresse. La veille de sa fête, dans la nuit du 5 au 6 janvier, on plaçait dans son temple trois cruches remplies d’eau, que l’on retrouvait au matin pleines de vin. Lors de la fête de l’Épiphanie, l’Église primitive n’évoquait pas seulement les Mages venus adorer l’Enfant divin, mais aussi le baptême de Jésus et les noces de Cana. La triple manifestation de la majesté de Dieu : face au monde entier (l’adoration des Mages), dans les éléments de la Création (le baptême de Jésus dans le Jourdain) et dans l’amour humain (les noces de Cana) répondait à la nostalgie des Grecs telle qu’elle s’exprimait dans leur philosophie, leur culte du dieu solaire, Aion, et celui de Dionysos.
Dionysos représente l’ivresse qui vise à nous élever au-dessus de la sphère terrestre et à donner à notre vie un goût nouveau et plus fort, ce que Dieu réalise en se faisant homme; l’eau de la vie humaine se change en vin. L’Église primitive a repris à son compte la nostalgie de la religion grecque, elle a annoncé et fêté la naissance de Jésus de telle façon que les hommes, à l’époque, ont senti qu’en ce Jésus de Nazareth leur désir le plus profond était comblé. Le culte de Dionysos voulait établir un lien entre l’esprit et le corps, entre la mystique et l’Éros. En la personne de Jésus, Dieu a célébré ses noces avec nous, il s’est lié à nous pour toujours. Quand le culte de Dionysos dégénéra, devenant trop effréné, trop barbare, il fut remplacé par celui d’Orphée, le divin chanteur que l’Église primitive a considéré comme un prototype du Christ. Quand Orphée chantait, le tigre et le lion, le loup et l’agneau se couchaient, paisibles, à côté de lui pour l’écouter. En Jésus, cette promesse du paradis est devenue réalité; le boeuf et l’âne sont là, devant sa crèche. Jésus chante le nouveau chant de l’amour, qui promet à l’être humain déchiré la réconciliation entre l’amour et la sexualité, entre l’esprit et la pulsion, entre Dieu et l’homme.
Les textes tardifs du Nouveau Testament présentent déjà l’Incarnation de Jésus-Christ comme une épiphanie. Dans son Épître à Tite (2,11), Paul dit que « la grâce de Dieu [est] source de salut pour tous les hommes ». L’amour de Dieu s’est rendu visible en Jésus-Christ. Seul peut nous toucher et nous transformer ce qui se manifeste à nos sens; les paroles qui ne s’adressent qu’à la pensée n’ont pas le pouvoir de nous délivrer à tous les niveaux de notre être. Pour qu’il nous soit donné de nous éprouver comme des hommes nouveaux, la majesté de Dieu doit se rendre visible. L’Épître à Tite sait même décrire le mystère de la Nativité comme l’apparition de « la bonté de Dieu notre Sauveur et [de] son amour pour les hommes [humanitas] » (3,4). Cette phrase a touché au plus profond le philosophe catholique Péter Wust; destitué par les nazis, malade, mourant, il l’a reprise dans un message de Noël adressé à ses étudiants. Au plus profond de l’inhumanité du Troisième Reich, il puisait sa consolation dans l’idée que la naissance du Christ avait rendu visible la véritable humanité, l’humanité idéale de Dieu lui-même; il était convaincu que cette humanité s’imposerait contre toutes les violences, extérieures et intérieures.
À l’Épiphanie, nous célébrons la manifestation de la majesté de Dieu dans notre chair. Lors d’un exercice de méditation, nous avons pris à la lettre cette célébration ; tout un Jour durant, nous l’avons méditée, et nous avons cherché à sentir, en pratiquant des exercices corporels, le sens de ce fait : la majesté de Dieu se manifeste dans ma chair ; mon corps est le lieu où son éclat devient visible ici-bas, sur cette terre. Quelle expérience fais-je de moi-même, s’il est vrai qu’à travers ce corps. Source de tant de souffrances, c’est la beauté lumineuse de Dieu qui apparaît ? De quel oeil vois-je mes frères et mes sœurs, si je crois qu’en eux c’est la visage même de Dieu qui rayonne pour moi ? Dans son livre Ich hörte auf die Stille (littéralement : « J’ai prêté l’oreille au silence »), Henri Nouwen rapporte que son abbé lui donna comme thème de méditation, pour des journées entières, ces mots : « Je suis la majesté de Dieu », afin qu’il apprît qui il était dans sa vérité. De même, cette fête de l’apparition de la majesté divine dans la chair vise à te faire découvrir, à toi qui me lis, le mystère de ton propre corps, le vrai sens de l’antique commandement de la philosophie grecque : « Connais-toi toi-même ! » Tu te connaîtras toi-même si tu trouve Dieu en toi, et si tu te trouves en Dieu. Tu accéderas à la véritable humanité si ta chair, devenant un lieu de l’Épiphanie, fait rayonner la majesté de Dieu.
Grün¸ Anselm, Petite méditation sur les fêtes de Noël, traduit de l’allemand par Claude Maillard, Albin Michel, Partis, 1999.
la « Befana » –
4 janvier, 2008le texte de la poesie de Giovanni Pascoli en italien est sur mon Blog « in camminoverso » a page:
http://incamminoverso.unblog.fr/2008/01/04/giovanni-pascoli-la-befana/
une poesie traditionelle sur la « Befana » de Giovanni Pascoli: « Viene Viene la Befana »
4 janvier, 2008cette poésie est une de le plus traditionnels italiens sur la Befana (l’Epiphanie), naturellement est écrite dans l’Italien de l’époque de Pascoli qui je comprends mais que, en bonne partie, ne pas plus utilisé, je essayé de la traduire, (il me sembla de faire presque un sacrilège!) resté très difficile, j’espère qu’il se comprenne, en français je ne l’ai pas trouvée, (j’espère que vous appréciiez la bonne volonté)
Poésie de Giovanni Pascoli (1885-1912)
« VIENE, VIENE LA BEFANA«
« VIENE, VIENE LA BEFANA«
Vient, vient la Befana
vien des monts à nuit creuse.
Comme il est fatigué ! Elle l’entoure
neige, gèle et tramontane.
vient, vient la Befana.
Il a les mains à la poitrine en croix,
et la neige est son manteau
et je gèle son panneau
et le vent sa voix.
Il a les mains à la poitrine en croix.
Et il s’accoste doucement, doucement,
à la villa[1], au casolare[2],
à regarder, à écouter
or plus prés or plus de loin.
Doucement, doucement,.
Qu’il y a dans cette villa ?
Un stropiccìo[3] léger.
Tout est calmes, tout est noir.
Une chandelle passe et grise.
Qu’il y a dans cette villa ?
Il regarde et regarde…
trois petits lits avec trois enfants à dodo bons.
il regarde et regarde… aux capitoni[4]
il y a trois bas longs et fins.
Oh ! trois bas et trois petit lit.
La chandelle grise et descend,
et ils craquent l’escalier ;
le chandelle grise et les salles,
et palpitant il les tend.
Qui jamais salles ? Qui jamais descend ?
Avec son dons maman a descendu, monte
avec son sourire.
La chandelle les brûle en visage
comme lampe d’église.
Avec son dons maman a descendu.
La Befana à la fenêtre il sent et voit,
et il s’éloigne.
Il passe avec la tramontane,
il passe pour la grand route,
il tremble chaque porte, chaque fenêtre.
Et qu’il y a dans le casolare ?
le soupire le long et faible.
Quelque lucciola[5] de feu
grise encor dans le foyer.
Mais qu’il y a dans le casolare ?
Il regarde et regarde..trois strapunti[6]
avec trois enfants à dodo, bons.
Entre les cendre et charbon
il y a trois sabots consunti[7].
Oh ! trois chaussures et trois strapunti…
Et la maman veille et file
en soupirant et en sanglotant,
et regarde à lorsque à quand
oh ! ces trois sabots dans file…
Il veille et pleure, pleure et file.
La Befana voit et sent ;
il fuit au monte, qu’elle est l’aurore.
Cette maman pleure encore
sur ces enfants sans rien.
La Befana voit et sent.
La Befana est sur le monte. Ce qui voit est ce qu’il vit :
il y a qui y pleure et est qui rit ;
elle a nuageux au front,
pendant qu’il est sur le blanc monte.
[1] Une grande maison de campagne
[2] Maison de paysan
[3] bruit de pieds, frotter
[4] le « capitone » est une anguille cuisinée qu’on se mange à Noël pour tradition, je ne suis pas sûre que le sens donné par Giovanni Pascoli soit celui-ci, il est possible que dans l’italien de l’époque le sens de la mot désigne aussi en autre chose
[5] (lampyris noctiluca)
[6] matelas minces
[7] usé
La tradition italien de la « Befana »
4 janvier, 2008J’ai trouvée cet explication de la « Befana » mais la recette je ne la connais pas, mais s’elle est bon…bon appétit, du site:
http://www.theatredelasource.qc.ca/francais/befana/bef_recette.html
Befana
En Italie, c’est une vieille femme un peu grincheuse qui porte les cadeaux de Noël. On la nomme la Befana. Son nom vient du mot Épiphanie, en italien, Epiphania. Autrefois, un bambino (petit enfant) aurait déformé son nom pour en faire Befana. Tout comme l’origine de son nom l’indique, ce n’est pas à Noël qu’elle se glisse dans les maisons mais durant la nuit du 6 janvier. Elle dépose alors dans les souliers des enfants sages et endormis des gâteaux, des biscuits et des jouets. Les souliers des enfants moins sages… sont remplis de charbon.
La légende veut que la Befana aie été avertie de la naissance de Jésus par les rois mages. Ceux-ci l’invitèrent à les accompagner et à suivre l’Étoile pour rencontrer l’Enfant Roi. Ayant tardé à se mettre en route, Befana a perdu la trace de l’Étoile. Depuis ce temps, à cheval sur son balai, portant un grand panier rempli de gâteries, elle vole de maison en maison dans l’espoir de trouver le petit Jésus. Par précaution, elle laisse un cadeau à chaque enfant endormi. On ne sait jamais ! Si c’était lui…
Recette
Les Befaninis
En Italie, pour l’Épiphanie, on confectionne de jolis biscuits en l’honneur de Befana. On les affecueusement surnommés les « Befaninis ». Voici la recette, ajoutes-y des brisures de chocolat ou encore des raisons secs pour les personnaliser à ton goût.
Ingrédients
3 tasses de farine
1 tasse de sucre
1/4 d tasse de beurre ou de saindoux
2 oeufs
3 cuillères à thé de poudre à pâte
1 pincée de sel
Préparation
Battre les oeufs et ajouter le beurre ou le saindoux préalablement fondu.
Dans un grand bol, mélanger la farine, le sucre, la poudre à pâte et le sel. Y verser lentement le mélange d’oeufs et de gras en brassant continuellement.
Pétrir la pâte pendant 5 minutes.
Applatir, avec un rouleau bien enfariné, la pâte sur une grande planche et découper en petits rectangles ou selon la forme désirée.
Déposer les biscuits sur une plaque beurrée et cuire 10 à 12 minutes dans un four préalablement chauffé à 400oF ou ? oC.
Epiphanie
3 janvier, 2008
GENTILE DA FABRIANO (1423),
L’adorazione dei Magi, Galleria degli Uffizi, Firenze
http://www.diocesidicapua.it/Erasmo/Biblioteca/Compendio/parte1.htm
Viens réchauffer
3 janvier, 2008du site:
http://www.granby.net/~santschi/noel/nh05.htm
Viens réchauffer
Viens réchauffer tes mains mon frère
On dit que nous avons un dieu
Que ce n’est pas un militaire…
Ni l’empereur, ni son neveu
Que ce n’est pas de ces notables
Ni de ces bourgeois triomphants
On dit qu’il est né à l’étable
On dit que Dieu n’est qu’un enfant.
Viens réchauffer tes mains trop maigres
On dit que tu as la peau noire
On dit que tu es un sale nègre
Qu’il vaut mieux changer de trottoir
On dit que ma petite « caille »
L’enfant est né à la minuit
Qu’il faisait si noir sur la paille
Sa peau était couleur de nuit.
Viens réchauffer tes deux mains jaunes
Tes poissons maigres de coolies
On dit que tu mendies l’aumôme
Le sang d’une poignée de riz
Qu’on a bombardé vos paroles
Brûlé la fleur, brûlé le champ
On a dit aussi qu’un roi Hérode
A voulu supprimer l’Enfant.
Viens réchauffer tes mains, mon frère
On dit qu’il nous est né un Dieu
Qu’il est né en terre étrangère
Et moi… j’ai oublié le lieu
Toi qui habites le silence
Tes poings serrant un bout de pain
Je voudrais voir si sa naissance
Tu ne la tiens pas dans tes mains.
Jean Debruynne
Noël 2007
25 décembre, 2007MESSE DE MINUIT, NOËL 2007: HOMÉLIE DU PAPE BENOÎT XVI
25 décembre, 2007du site:
MESSE DE MINUIT
SOLENNITÉ DE LA NATIVITÉ DU SEIGNEUR
HOMÉLIE DU PAPE BENOÎT XVI
Basilique Vaticane
25 décembre 2007
Chers Frères et Sœurs,
« Pour Marie, arrivèrent les jours où elle devait enfanter. Et elle mit au monde son fils premier-né; elle l’emmaillota et le coucha dans une mangeoire, car il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune » (cf. Lc 2, 6ss). De manière toujours nouvelle, ces mots nous touchent le cœur. Il est arrivé le moment annoncé par l’Ange à Nazareth : « Tu vas enfanter un fils ; tu lui donneras le nom de Jésus. Il sera grand, il sera appelé Fils du Très-Haut » (cf. Lc 1, 31). Il est arrivé le moment attendu par Israël depuis tant de siècles, durant tant d’heures sombres – le moment attendu en quelque sorte par toute l’humanité à travers des figures encore confuses : le moment où Dieu prendrait soin de nous, où il ne serait plus caché, où le monde deviendrait sain et où il renouvellerait tout. Nous pouvons imaginer par quelle préparation intérieure, avec quel amour Marie est allée au devant de cette heure. La courte notation « elle l’emmaillota » nous laisse entrevoir une part de la joie sainte et de l’empressement silencieux de cette préparation. Les langes étaient prêts pour que l’enfant puisse être bien accueilli. Mais dans la salle commune, il n’y avait pas de place. D’une certaine façon, l’humanité attend Dieu, elle attend qu’il se fasse proche. Mais quand arrive le moment, il n’y a pas de place pour lui. Elle est si occupée d’elle-même, elle a besoin de tout l’espace et de tout le temps de manière si exigeante pour ses propres affaires qu’il ne reste rien pour l’autre – pour le prochain, pour le pauvre, pour Dieu. Et plus les hommes deviennent riches, plus ils remplissent tout d’eux-mêmes. Et moins l’autre peut y entrer.
Dans son Évangile, saint Jean, allant à l’essentiel, a approfondi la brève allusion de saint Luc sur la situation à Bethléem : « Il est venu chez les siens, et les siens ne l’ont pas reçu » (1, 11). Cela concerne d’abord Bethléem : le Fils de David vient dans sa ville, mais il doit naître dans une étable, parce que, dans la salle commune, il n’y a pas de place pour Lui. Cela concerne ensuite Israël : l’envoyé vient chez les siens, mais on ne le veut pas. Cela concerne en réalité l’humanité tout entière : Celui par lequel le monde a été fait, le Verbe créateur, entre dans le monde, mais il n’est pas écouté, il n’est pas accueilli.
Ces paroles, en définitive, nous concernent nous, chacun en particulier et la société dans son ensemble. Avons-nous du temps pour le prochain qui a besoin de notre parole, de ma parole, de mon affection ? Pour la personne souffrante qui a besoin d’aide ? Pour le déplacé ou le réfugié qui cherche asile ? Avons-nous du temps et de l’espace pour Dieu ? Peut-il entrer dans notre vie ? Trouve-t-il un espace en nous, ou avons-nous occupé pour nous-mêmes tous l’espace de notre réflexion, de notre agir, de notre vie ?
Grâce à Dieu, l’élément négatif n’est pas l’unique ni l’ultime que nous trouvons dans l’Évangile. De même qu’en Luc nous rencontrons l’amour de la Vierge Mère Marie et la fidélité de saint Joseph, la vigilance des bergers ainsi que leur grande joie, de même qu’en Matthieu nous assistons à la visite des Mages, pleins de sagesse, venus de loin, de même aussi Jean nous dit : « Mais à tous ceux qui l’ont reçu, … il leur a donné de pouvoir devenir enfants de Dieu » (1, 12). On trouve des personnes qui l’accueillent et ainsi, à partir de l’étable, de l’extérieur, grandit silencieusement la maison nouvelle, la cité nouvelle, le monde nouveau. Le message de Noël nous fait reconnaître l’obscurité d’un monde clos, et il illustre ainsi, sans aucun doute, une réalité que nous rencontrons quotidiennement. Mais il nous dit aussi que Dieu ne se laisse pas mettre dehors. Il trouve un espace, même s’il faut entrer par une étable; on trouve des personnes qui voient sa lumière et qui la transmettent. A travers la parole de l’Évangile, l’Ange nous parle à nous aussi et, dans la sainte liturgie, la lumière du Rédempteur entre dans notre vie. Que nous soyons bergers ou sages – sa lumière et son message nous appellent à nous mettre en chemin, à sortir de notre enfermement dans nos désirs et dans nos intérêts, pour aller à la rencontre du Seigneur et pour l’adorer. Nous l’adorons en ouvrant le monde à la vérité, au bien, au Christ, au service des personnes marginalisées, dans lesquelles Lui nous attend.
Dans certaines représentations de la Nativité à la fin du Moyen-Âge et au début de l’époque moderne, l’étable apparaît comme un palais un peu délabré. Si l’on peut encore en reconnaître la grandeur d’autrefois, il est maintenant en ruines, les murs sont effondrés – il est précisément devenu une étable. Bien que n’ayant aucun fondement historique, cette interprétation exprime cependant sur un mode métaphorique quelque chose de la vérité qui se cache dans le mystère de Noël. Le trône de David, auquel était promis une durée éternelle, est vide. D’autres exercent leur domination sur la Terre Sainte. Joseph, le descendant de David, est un simple artisan; le palais est, de fait, devenu une cabane. David lui-même était à l’origine un pasteur. Quand Samuel le chercha en vue de l’onction, il semblait impossible et contradictoire qu’un jeune berger comme lui puisse devenir celui qui porterait la promesse d’Israël. Dans l’étable de Bethléem, de là où précisément tout est parti, la royauté davidique renaît de façon nouvelle – dans cet enfant emmailloté et couché dans une mangeoire. Le nouveau trône d’où ce David attirera le monde à lui est la Croix. Le nouveau trône – la Croix – correspond au nouveau commencement dans l’étable. Mais c’est précisément ainsi qu’est construit le vrai palais de David, la véritable royauté. Ce nouveau palais est tellement différent de la façon dont les hommes imaginent un palais et le pouvoir royal. Il est constitué par la communauté de ceux qui se laissent attirer par l’amour du Christ et, avec Lui, deviennent un seul corps, une humanité nouvelle. Le pouvoir qui vient de la Croix, le pouvoir de la bonté qui se donne – telle est la véritable royauté. L’étable devient palais – à partir de ce commencement, Jésus édifie la grande et nouvelle communauté dont les anges chantent le message central à l’heure de sa naissance : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre aux hommes, qu’il aiment », aux hommes qui déposent leur volonté dans la sienne, devenant ainsi des hommes de Dieu, des hommes nouveaux, un monde nouveau.
Dans ses homélies de Noël, Grégoire de Nysse a développé la même perspective en partant du message de Noël dans l’Évangile de Jean : « Il a planté sa tente parmi nous » ( 1, 14). Grégoire applique ce mot de tente à la tente de notre corps, devenu usé et faible, toujours exposé à la douleur et à la souffrance. Et il l’applique au cosmos tout entier, lacéré et défiguré par le péché. Qu’aurait-il dit s’il avait vu les conditions dans lesquelles se trouvent aujourd’hui la terre en raison de l’utilisation abusive des ressources et de leur exploitation égoïste et sans aucune précaution ? De manière quasi prophétique, Anselme de Canterbury a un jour décrit par avance ce que nous voyons aujourd’hui dans un monde pollué et menacé dans son avenir : « Tout ce qui avait été fait pour servir à ceux qui louent Dieu était comme mort, avait perdu sa dignité. Les éléments du monde étaient oppressés, avaient perdu leur splendeur à cause de l’excès de ceux qui les asservissaient à leurs idoles, pour lesquelles ils n’avaient pas été créés » (PL 158, 955 ss). Ainsi, selon la vision de Grégoire, dans le message de Noël, l’étable représente la terre maltraitée. Le Christ ne reconstruit pas un palais quelconque. Il est venu pour redonner à la création, au cosmos, sa beauté et sa dignité : c’est ce qui est engagé à Noël et qui fait jubiler les anges. La terre est restaurée précisément par le fait qu’elle est ouverte à Dieu, qu’elle retrouve sa vraie lumière; et, dans l’harmonie entre vouloir humain et vouloir divin, dans l’union entre le haut et le bas, elle retrouve sa beauté, sa dignité. Aussi, la fête de Noël est-elle une fête de la création restaurée. À partir de ce contexte, les Pères interprètent le chant des anges dans la Nuit très sainte : il est l’expression de la joie née du fait que le haut et le bas, le ciel et la terre se trouvent de nouveau unis ; que l’homme est de nouveau uni à Dieu. Selon les Pères, le chant que désormais les anges et les hommes peuvent chanter ensemble fait partie du chant de Noël des anges; c’est ainsi que la beauté du cosmos s’exprime par la beauté du chant de louange. Le chant liturgique – toujours selon les Pères – possède une dignité particulière parce qu’il unit le chant de la terre aux chœurs célestes. C’est la rencontre avec Jésus Christ qui nous rend capables d’entendre le chant des anges, créant ainsi la véritable musique qui disparaît quand nous perdons la possibilité de chanter ensemble et d’écouter ensemble.
Dans l’étable de Bethléem, le ciel et la terre se rejoignent. Le ciel est venu sur la terre. C’est pourquoi, de là émane une lumière pour tous les temps; c’est pourquoi, là s’allume la joie; c’est pourquoi, là naît le chant. Au terme de notre méditation de Noël, je voudrais citer une parole extraordinaire de saint Augustin. Interprétant l’invocation de la Prière du Seigneur : « Notre Père qui est aux cieux », il se demande : quel est ce ciel ? Où est-il ce ciel ? Et suit une réponse étonnante : « … qui est aux cieux – cela signifie : dans les saints et dans les justes. En effet, les cieux sont les corps les plus élevés de l’univers, mais, étant cependant des corps, qui ne peuvent exister sinon en un lieu. Si toutefois on croit que le lieu de Dieu est dans les cieux comme dans les parties les plus hautes du monde, alors les oiseaux seraient plus heureux que nous, parce qu’ils vivraient plus près de Dieu. Mais il n’est pas écrit : ‘Le Seigneur est proche de ceux qui habitent sur les hauteurs ou sur les montagnes, mais plutôt : ‘Le Seigneur est proche du cœur brisé’ (Ps 34 [33], 19), expression qui se réfère à l’humilité. Comme le pécheur est appelé ‘terre’, ainsi, à l’inverse, le juste peut être appelé ‘ciel’ » (Serm. in monte II 5, 17). Le ciel n’appartient pas à la géographie de l’espace, mais à la géographie du cœur. Et le cœur de Dieu, dans cette Nuit très sainte, s’est penché jusque dans l’étable : l’humilité de Dieu est le ciel. Et si nous entrons dans cette humilité, alors, nous toucherons le ciel. Alors, la terre deviendra aussi nouvelle. Avec l’humilité des bergers, mettons-nous en route, en cette Nuit très sainte, vers l’Enfant dans l’étable ! Touchons l’humilité de Dieu, le cœur de Dieu ! Alors, sa joie nous touchera et elle rendra le monde plus lumineux. Amen.