Archive pour mars, 2020

HOMÉLIE POUR LE 5E DIMANCHE DU CARÊME ANNÉE A « SEIGNEUR, SI TU AVAIS ÉTÉ ICI… »

27 mars, 2020

https://www.hgiguere.net/Homelie-pour-le-5e-dimanche-du-Careme-Annee-A-Seigneur-si-tu-avais-ete-ici_a943.html

Van Gogh

Van Gogh, Résurrection de Lazare

HOMÉLIE POUR LE 5E DIMANCHE DU CARÊME ANNÉE A « SEIGNEUR, SI TU AVAIS ÉTÉ ICI… »

Textes: Ezéchiel 37, 12-14, Romains 8, 8-11 et Jean 11, 1-45.

Le récit de la résurrection de Lazare est un des récits les plus spectaculaires de l’évangile avec celui de la tempête apaisée par Jésus (cf. Marc 4, 35- 41, Mathieu 8, 23-27, Luc 8, 22-25). Ces deux récits poursuivent le même but à savoir nous montrer que pour Jésus notre Seigneur et notre Sauveur les limites habituelles n’existent pas. La puissance de la grâce de Dieu qu’il apporte a monde franchit tous les obstacles. Il n’y a plus de barrières si la foi est au rendez-vous.
Voilà sommairement dit le message qu’on peut retenir de l’évangile de ce dimanche. Mais prenons le temps d’y regarder de plus près, si vous le voulez bien, car le récit de la résurrection de Lazare comporte pour nous aujourd,hui un enseignement très adapté à nos communautés chrétiennes.

I – Trop tard
Sans entrer dans les détails de ce récit, je retiens un point qui m’a frappé et qui est repris par divers auteurs aujourd’hui comme le Père Martin Werlen, ancien abbé d’Einsiedeln en Suisse (référence à la fin). Ce que j’ai retenu c’est que Jésus arrive trop tard sur les lieux. Marthe ne se gêne pas pour le lui faire remarquer : « Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort. » De son côté, Jésus ne se presse pas pour entrer en action : « Quand il apprit que celui-ci était malade, il demeura deux jours encore à l’endroit où il se trouvait. Puis, après cela, il dit aux disciples : ‘‘Revenons en Judée’’. »
Cette mise en scène du récit n’est pas anodine. Elle nous fait penser au premier miracle de Jésus à Cana où Marie lui fait remarquer qu’il n’y a plus de vin… trop tard pour les invités qui en redemandent (cf. Jean 2, 8-10).
Ce thème du « trop tard » parcourt plusieurs récits des évangiles et il est riche d’enseignement pour nous. Dans tous le cas, il est associé à une démarche de foi dans le Dieu de l’impossible comme Jésus le dit a ses disciples incrédules : « Pour les hommes, c’est impossible, mais pas pour Dieu ; car tout est possible à Dieu. » (Marc 10, 27)
Tout est possible pour Dieu.

II – Une foi sans retenue
Le retard de Jésus à se rendre à Béthanie alors qu’on lui a annoncé la maladie de son ami Lazare prépare une venue qui sera l’occasion d’un message essentiel dans la vie des disciples. C’est dans la conversation avec Marthe qu’il ressort le mieux.
Celle-ci est peinée de la disparition de son frère et elle le dit simplement à Jésus : « Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort. Mais maintenant encore, je le sais, tout ce que tu demanderas à Dieu, Dieu te l’accordera. » Et la conversation continue pour se terminer par une profession de foi de Marthe : « Oui, Seigneur, je le crois : tu es le Christ, le Fils de Dieu, tu es celui qui vient dans le monde. »
Nous y sommes. Dans cette réponse de Marthe nous avons une profession de foi absolue où elle s’en remet totalement à Dieu et reconnait en Jésus son Envoyé. Elle ne met aucune limite à sa foi. Elle ne pose pas de questions. Elle fait confiance à une personne. Cette personne est Jésus qu’on voit tout ému et qui pleure. Ses liens humains sont bien réels, mais il porte en lui la puissance de Dieu. C’est ainsi qu’il la manifestera pour ressusciter Lazare.
Pour Dieu, il n’est jamais trop tard.

III – Application
Ces quelques mots ont cherché dans ce récit un message adapté à notre Église aujourd’hui. Celui-ci touche surtout les Églises qui sont en perte de vitesse. On a l’habitude de dire qu’il est minuit moins cinq pour ces Églises et qu’il faut au plus vite se mettre à l’œuvre. Ce qu’on fait en inventant des moyens de rassemblement nouveaux, des techniques de leadership, des suivis bien planifiés etc. et pourtant le temps passe. Rien ne permet de l’arrêter.
N’est-on pas plutôt dans la situation où Jésus se retrouve avec Lazare ? Il est trop tard. Il n’est plus minuit moins cinq, mais minuit et cinq. C’est dans cette situation que le Dieu de l’impossible se révèle. Ce qui paraît mort, ne l’est pas vraiment, ce qui est passé n’est pas disparu, ce qui a rassemblé n’est pas mort. Ce qui manque c’est la foi en l’action toujours vivante du Dieu de l’impossible. C’est lorsque tout semble perdu, lorsqu’il est trop tard du point de vue de nos regards humains que la grâce de Dieu éclate sans retenue. Le prophète Ézéchiel nous le rappelle dans la première lecture : « Quand j’ouvrirai vos tombeaux et vous en ferai remonter, ô mon peuple ! Je mettrai en vous mon esprit, et vous vivrez ».
Cet abandon confiant n’est pas du défaitisme. Il nous met sur la bonne voie, celle de la foi qui, non seulement s’exprime dans des rites ou des instituions, mais dans une relation personnelle avec celui en qui on met sa confiance. Cette relation personnelle se vivra en nous faisant sortir de nos étroitesses et de nos projets à courte vue. Cette relation personnelle sera une relation d’amour, de confiance et d’abandon. C’est une relation qui fait vivre comme le dit saint Paul dans la deuxième lecture : « Et si l’Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts habite en vous, celui qui a ressuscité Jésus, le Christ, d’entre les morts donnera aussi la vie à vos corps mortels par son Esprit qui habite en vous ».
Jésus a vécu profondément un abandon total à Dieu toute sa vie et ici devant le tombeau de Lazare de façon exceptionnelle la réponse de Dieu éclate devant tout le monde lorsque Lazare sort du tombeau. L’abandon total de Jésus se terminera sur la croix, mais alors que c’est trop tard pour la plupart de ses disciples, le matin de Pâques la situation est retournée. Il est ressuscité. Il a franchi les limites de la mort et il est vivant pour nous sauver.
Pourquoi ne pourrait-il pas aujourd’hui faire la même chose avec nos communautés chrétiennes, particulièrement celles qui sont démunies et appauvries de toutes sortes façons?

Conclusion
Ce récit de la résurrection de Lazare nous provoque à un surplus de foi dans une époque où se manifeste l’incroyance sous toutes ses formes et où même les personnes croyantes se laissent séduire par l’air ambiant.
Associons-nous de façon spéciale ce matin aux personnes qui se préparent au baptême, les catéchumènes. Normalement, elle serairent baptisées la Nuit de Pâques mais à cause de a crise du coronavirus qui a chamboulé leur préparation et qui limite les rassemblements, il en sera autrement cette année. L’évangile de la résurrection de Lazare préfigure ce que sera le baptême pour elles : le passage de la mort à la vie.
Pour elles comme pour nous, le « trop tard » nous permet d’aller avec confiance vers le Dieu qui peut tout. Le « minuit et cinq » se transforme en une résurrection semblable à celle de Lazare. C’est Lui, Jésus, Roi et le Maître, qui décide de relever ce qui est mort et de le transformer en vie éternelle.
Entrons avec joie dans ce monde de la vie en plénitude qui est commencée en nous par le baptême.
Amen!

Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l’Université Laval
Séminaire de Québec

PAPE FRANÇOIS – AUDIENCE GÉNÉRALE – 18 mars 2020

25 mars, 2020

http://www.vatican.va/content/francesco/fr/audiences/2020/documents/papa-francesco_20200318_udienza-generale.html

DELLA ROBBIA Luca le Jeune (Attribué) - Le Christ au Mont des Oliviers (Louvre) - Detail

« DELLA ROBBIA Luca le Jeune (Attribué) – Le Christ au Mont des Oliviers (Louvre) – Detail »

PAPE FRANÇOIS – AUDIENCE GÉNÉRALE – 18 mars 2020

Bibliothèque du palais apostolique

Chers frères et sœurs, bonjour!

Nous nous arrêtons aujourd’hui sur la cinquième béatitude, qui dit: «Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde» (Mt 5, 7). Dans cette béatitude, il y a une particularité: c’est la seule où la cause et le fruit du bonheur coïncident, la miséricorde. Ceux qui exercent la miséricorde obtiendront miséricorde, ils seront «objets de miséricorde».
Ce thème de la réciprocité du pardon n’est pas seulement présent dans cette béatitude, mais il est récurrent dans l’Evangile. Et comment pourrait-il en être autrement? La miséricorde est le cœur même de Dieu! Jésus dit: «Ne jugez pas et vous ne serez pas jugés; ne condamnez-pas et vous ne serez pas condamnés; remettez et il vous sera remis» (Lc 6, 37). Toujours la même réciprocité. Et la Lettre de Jacques affirme que «la miséricorde se rit du jugement» (2, 13).
Mais c’est surtout dans le Notre-Père que nous récitons: «Remets-nous nos dettes comme nous-mêmes avons remis à nos débiteurs» (Mt 6, 12); et cette requête est la seule qui soit reprise à la fin: «Si vous pardonnez aux hommes leurs manquements, votre Père céleste vous pardonnera aussi; mais si vous ne pardonnez pas aux hommes, votre Père non plus ne vous pardonnera pas vos manquements» (Mt 6, 14-15; cf. Catéchisme de l’Eglise catholique, n. 2838).
Il y a deux choses que l’on ne peut pas séparer: le pardon donné et le pardon reçu. Mais beaucoup de personnes sont en difficulté, elles ne réussissent pas à pardonner. Très souvent, le mal reçu est si grand que réussir à pardonner semble comme escalader une très haute montagne: un effort immense ; et la personne pense: c’est impossible, cela est impossible. Ce fait de la réciprocité de la miséricorde indique que nous avons besoin de renverser la perspective. Tout seuls, nous ne pouvons pas, la grâce de Dieu est nécessaire, nous devons la demander. En effet, si la cinquième béatitude promet de trouver miséricorde et que dans le Notre-Père nous demandons la rémissions de nos dettes, cela veut dire que nous sommes essentiellement des débiteurs et que nous avons besoin de trouver miséricorde!
Nous sommes tous débiteurs. Tous. Envers Dieu, qui est si généreux, et envers nos frères. Chaque personne sait qu’elle n’est pas le père ou la mère qu’elle devrait être, l’époux ou l’épouse, le frère ou la sœur qu’elle devrait être. Nous sommes tous «en déficit» dans la vie. Et nous avons besoin de miséricorde. Nous savons que, nous aussi, nous avons fait du mal, il manque toujours quelque chose au bien que nous aurions dû faire.
Mais c’est précisément notre pauvreté qui devient la force pour pardonner! Nous sommes débiteurs et si, comme nous l’avons entendu au début, nous serons mesurés selon la mesure avec laquelle nous mesurons les autres (cf. Lc 6, 38), alors nous devons élargir cette mesure et remettre les dettes, pardonner. Chacun doit se rappeler qu’il a besoin de pardonner, qu’il a besoin du pardon, qu’il a besoin de la patience; tel est le secret de la miséricorde: en pardonnant, on est pardonné. C’est pourquoi Dieu nous précède et qu’Il nous pardonne le premier (cf. Rm 5, 8). En recevant son pardon, nous devenons capables à notre tour de pardonner. Ainsi, notre misère et notre manque de justice deviennent l’occasion de s’ouvrir au royaume des cieux, à une mesure plus grande, la mesure de Dieu, qui est miséricorde.
D’où naît notre miséricorde? Jésus nous a dit: «Montrez-vous miséricordieux, comme votre Père est miséricordieux» (Lc 6, 36). Plus on accueille l’amour du Père, plus on aime (cf. CEC, n. 2842). La miséricorde n’est pas une dimension parmi les autres, mais elle est le centre de la vie chrétienne: il n’y a pas de christianisme sans miséricorde (cf. Saint Jean-Paul II, Enc. Dives in misericordia du 30 novembre 1980; Bulle Misericordae Vultus du 11 avril 2015; Lett. ap. Misericordia et misera du 20 novembre 2016). Si tout notre christianisme ne nous conduit pas à la miséricorde, nous nous sommes trompés de route, car la miséricorde est le seul objectif véritable de tout chemin spirituel. Elle est l’un des plus beaux fruits de la charité (cf. CEC, n. 1829).
Je me rappelle que ce thème a été choisi dès le premier Angelus que j’ai dû réciter comme Pape: la miséricorde. Et cela est resté profondément imprimé en moi, comme un message qu’en tant que Pape j’aurais toujours dû communiquer, un message qui doit être quotidien: la miséricorde. Je me rappelle que ce jour-là, j’ai également eu l’attitude un peu «effrontée» de faire de la publicité à un livre sur la miséricorde, qui venait d’être publié par le cardinal Kasper. Et ce jour-là, j’ai ressenti avec une grande force que c’est le message que je dois communiquer, en tant qu’Evêque de Rome: miséricorde, miséricorde, s’il vous plaît, pardon.
La miséricorde de Dieu est notre libération et notre bonheur. Nous vivons de miséricorde et nous ne pouvons pas nous permettre d’être sans miséricorde : c’est l’air que nous devons respirer. Nous sommes trop pauvres pour poser des conditions, nous avons besoin de pardonner, parce que nous avons besoin d’être pardonnés. Merci !
Je salue cordialement les fidèles de langue française. Chers frères et sœurs, en ce temps du Carême, je vous invite particulièrement à recevoir le pardon de Dieu dans le sacrement de la Réconciliation. Vous y trouverez aussi la force de pardonner à votre tour. Que Dieu vous bénisse !

* * *

Demain, nous fêterons la solennité de saint Joseph. Dans la vie, dans le travail, dans la famille, dans la joie et dans la douleur, il a toujours cherché et aimé le Seigneur, méritant l’éloge des Ecritures comme homme juste et sage. Invoquez-le toujours avec confiance, en particulier dans les moments difficiles et confiez votre existence à ce grand saint.
Je fais mien l’appel des évêques italiens qui, en cette urgence sanitaire, ont organisé un temps de prière pour tout le pays. Chaque famille, chaque fidèle, chaque communauté religieuse: tous unis spirituellement demain à 21h00 pour la récitation du chapelet, avec les Mystères lumineux. Je vous accompagnerai d’ici. Nous sommes conduits au visage lumineux et transfiguré de Jésus Christ et à son Cœur par Marie, Mère de Dieu, santé des malades, à laquelle nous nous adressons à travers la prière du Rosaire, sous le regard aimant de saint Joseph, Gardien de la Sainte Famille et de nos familles. Et nous lui demandons de protéger de manière spéciale notre famille, nos familles, en particulier les malades et les personnes qui prennent soin des malades: les médecins, les infirmiers, les infirmières, les bénévoles, qui risquent leur vie dans ce service.

SALMO 149 – FÊTE DES AMIS DE DIEU (LODI DIMANCHE 1ÈRE SEMAINE) CINQUIÈME CATÉCHÈSE DES SS. JEAN-PAUL II SUR LES PSAUMES ET LES CANTIQUES DES LAUDES (MERCREDI 23 MAI 2001)

23 mars, 2020

http://www.ansdt.it/Testi/Liturgia/Papa/index.html#1

panneau-sculpte-bas-relief-roi-david-harpe-israel-loupe-orne-noyer-xviieme

panneau sculpte bas relief roi David harpe Israel loup orne noyer-XVIIème

SALMO 149 – FÊTE DES AMIS DE DIEU (LODI DIMANCHE 1ÈRE SEMAINE) CINQUIÈME CATÉCHÈSE DES SS. JEAN-PAUL II SUR LES PSAUMES ET LES CANTIQUES DES LAUDES (MERCREDI 23 MAI 2001)

1. « Que les fidèles exultent de gloire, qu’ils se lèvent joyeusement de leur lit ». Cet appel du Psaume 149, qui vient d’être proclamé, fait référence à une aube qui va s’ouvrir et voit les fidèles prêts à entonner leurs louanges matinales. Cette louange est définie, avec une expression significative, « une nouvelle chanson » (v. 1), c’est-à-dire un hymne solennel et parfait, adapté aux derniers jours, dans lequel le Seigneur rassemblera les justes dans un monde renouvelé. L’ensemble du Psaume est traversé par une ambiance festive, inaugurée déjà par l’alléluia initiale puis rythmée en chant, louange, joie, danse, son des tympans et des lyres. La prière que ce Psaume inspire est l’action de grâces d’un cœur plein d’exultation religieuse. 2. Les protagonistes du Psaume sont appelés, dans l’original hébreu de l’hymne, avec deux termes caractéristiques de la spiritualité de l’Ancien Testament. Trois fois, ils sont définis principalement comme hasidim (vv. 1.5.9), c’est-à-dire « les pieux, les fidèles », ceux qui répondent avec fidélité et amour (hesed) à l’amour paternel du Seigneur. La deuxième partie du Psaume suscite l’émerveillement, car elle regorge d’expressions guerrières. Il nous semble étrange que, dans le même verset, le Psaume rassemble «les louanges de Dieu dans la bouche» et «l’épée à double tranchant dans leurs mains» (v. 6). En réfléchissant, nous pouvons comprendre pourquoi: le Psaume a été composé pour des « fidèles » engagés dans une lutte pour la libération; ils se sont battus pour libérer leur peuple opprimé et permettre de servir Dieu. Pendant l’ère des Maccabées, au IIe siècle avant JC, les combattants pour la liberté et la foi, soumis à une dure répression par le pouvoir hellénistique, étaient appelés juste hasidim, « les fidèles » à la Parole de Dieu et aux traditions des pères. 3. Dans la perspective actuelle de notre prière, ce symbolisme de guerre devient une image de l’engagement de nous croyants qui, après avoir chanté la louange du matin à Dieu, nous nous sommes mis en route dans le monde, au milieu du mal et de l’injustice. Malheureusement, les forces qui s’opposent au Royaume de Dieu sont impressionnantes: le psalmiste parle de « peuples, peuples, dirigeants et nobles ». Pourtant, il est confiant parce qu’il sait qu’il a le Seigneur à côté de lui qui est le vrai roi de l’histoire (v. 2). Sa victoire sur le mal est donc certaine et sera le triomphe de l’amour. Tous les hassidim participent à cette lutte, tous les fidèles et les justes qui, avec la puissance de l’Esprit, accomplissent l’œuvre merveilleuse qui porte le nom de Royaume de Dieu. 4. Saint Augustin, partant des références du Psaume au ‘choeur’ et aux ‘tympans et lyres’, commente: « Que représente un choeur? [...] Le chœur est un complexe de chanteurs qui chantent ensemble. Si nous chantons en chœur, nous devons chanter en accord. En chantant en chœur, même une seule voix désaccordée blesse l’auditeur et confond le chœur lui-même « (Enarr. Dans Ps. 149: CCL 40,7,1-4). Et se référant ensuite aux instruments utilisés par le psalmiste, il se demande: « Pourquoi le psalmiste prend-il le tympan et le psaltérion dans sa main? » Il répond: «Parce que non seulement la voix loue le Seigneur, mais aussi les œuvres. Lorsque vous prenez le tympan et le psaltérion, vos mains correspondent à la voix. Alors pour toi. Lorsque vous chantez l’alléluia, vous devez remettre le pain aux affamés, habiller les nus, accueillir le pèlerin. Si vous faites cela, ce n’est pas seulement la voix qui chante, mais les mains sont harmonisées à la voix, car les œuvres sont en accord avec les mots « (ibid., 8,1-4). 5. Il y a un deuxième mot avec lequel les prières de ce Psaume sont définies: ce sont les ‘anawim, c’est-à-dire « les pauvres, les humbles » (v. 4). Cette expression est très fréquente dans le Psautier et indique non seulement les opprimés, les pauvres, les persécutés pour la justice, mais aussi ceux qui, étant fidèles aux engagements moraux de l’Alliance avec Dieu, sont marginalisés par ceux qui choisissent la violence, la richesse et arrogance. Dans cette optique, il est entendu que celle des «pauvres» n’est pas seulement une catégorie sociale mais un choix spirituel. C’est le sens de la célèbre première Béatitude: « Heureux les pauvres d’esprit, car le royaume des cieux est à eux » (Mt 5, 3). Déjà le prophète Sophonie s’adressait ainsi aux anawim: « Cherchez tous le Seigneur, pauvres de la terre, qui exécutez ses ordres; recherchez la justice, recherchez l’humilité, pour vous mettre à l’abri au jour de la colère du Seigneur « (Zep 2,3). 6. Eh bien, le « jour de la colère du Seigneur » est précisément celui décrit dans la deuxième partie du Psaume lorsque les « pauvres » prennent le parti de Dieu pour lutter contre le mal. Eux seuls n’ont pas la force suffisante, ni les moyens ni les stratégies nécessaires pour s’opposer à l’apparition du mal. Pourtant, la phrase du psalmiste n’admet aucune hésitation: « Le Seigneur aime son peuple, couronne les humbles (‘anawim) de la victoire » (v.4). Idéalement, ce que l’apôtre Paul déclare aux Corinthiens est configuré: « Dieu a choisi ce qui est ignoble et méprisé dans le monde et ce qui n’a rien pour réduire à rien les choses qui sont » (1 Co 1, 28). Avec cette confiance, «les fils de Sion» (v. 2), les hassidim et les ‘anawim, c’est-à-dire les fidèles et les pauvres, vont vivre leur témoignage dans le monde et dans l’histoire. Le chant de Marie dans l’Évangile de Luc – le Magnificat – est l’écho des meilleurs sentiments des « fils de Sion »: louange joyeuse à Dieu le Sauveur, action de grâces pour les grandes choses faites en elle par les Puissants, lutte contre les forces du mal , solidarité avec les pauvres, fidélité au Dieu de l’Alliance (cf. Lc 1,46-55). (de L’Osservatore Romano du jeudi 24 mai 2001)

4ème dimanche de Carême – Laetare (Année A) (22/03/2020)

20 mars, 2020

https://www.qumran2.net/parolenuove/commenti.php?mostra_id=48259

Miracolo del cieco nato

L’aveugle-né

4ème dimanche de Carême – Laetare (Année A) (22/03/2020)

(traduction google de l’italien)

Le miracle de la vie sociale restauré
père Antonio Rungi

L’évangile de ce quatrième dimanche de Carême, qui est défini comme la joie, nous parle précisément de la joie qu’un homme né aveugle a éprouvée, que Jésus guérit et guérit. Ce que cette personne a ressenti en recevant ce don de Dieu, c’est lui-même qui le raconte dans le passage de l’Évangile de Jean, qu’il emmène avec Jésus à Jérusalem à la piscine de Siloe. Jamais comme en ce moment nous n’avons besoin de lumière, pour espérer à la lumière de cette tragédie de l’épidémie de coronavirus avec laquelle nous luttons depuis des mois et nous ne pouvons pas gagner.
Dimanche dernier le thème de l’eau, aujourd’hui c’est le thème de la vue et de la lumière. Quant à l’eau comme à la lumière, ce sont des éléments naturels qui amènent chacun à réfléchir sur le thème de la grâce et de la sanctification personnelle.
La structure de la pièce est bien articulée. Cela part du fait que «Jésus de passage a vu un homme aveugle de naissance et ses disciples l’ont interrogé sur la responsabilité du péché. La cécité et toute autre maladie étaient considérées comme une punition de Dieu à la suite du péché. Et comment dire qui a péché aujourd’hui puisque nous sommes confrontés à une épidémie mondiale? Jésus répond à la question posée et dit: Lui et ses parents n’ont pas péché.  » Cette situation de privation de vision vise à rendre les œuvres de Dieu manifestes. Et en fait en redonnant vie au ciel, Jésus révèle sa toute-puissance et son égalité avec Dieu. Mais nous suivons tout le rituel de guérison de l’homme né aveugle: Jésus avant tout crachait sur le sol, faisait de la boue avec de la salive, étalait de la boue sur les yeux de l’aveugle. Elle lui a alors ordonné d’aller se laver dans la piscine de Sìloe. « 
Immédiatement, il a obéi et est allé se laver et à ce moment-là, il a retrouvé la vue. Les commentaires, les critiques et surtout les doutes ne manquaient pas envers l’ex-aveugle. Finalement, il explique ce qui s’est passé en reconnaissant à Jésus le miracle accompli: « L’homme qui s’appelle Jésus a fait de la boue, l’a enduit aux yeux et m’a dit: » Allez à Sìloe et lavez-vous! « . Je suis allé, me suis lavé et j’ai acheté la vue ».
Insatisfait de son témoignage, les parents de l’aveugle-né ont demandé, qui a confirmé qu’il ne l’avait pas vu depuis sa naissance. Ils ne savaient même pas ce qui s’était passé et comment il était entré en possession de la vue. Au terme d’une enquête menée par les pharisiens, ce qui s’était réellement passé a été confirmé par l’aveugle: il a finalement vu.
Face à la confirmation de ce qui s’était passé, les pharisiens l’ont insulté et à la fin de la discussion, ils l’ont chassé de la synagogue.
Jésus savait qu’ils l’avaient chassé et quand il l’a trouvé, il lui a dit: «Crois-tu au Fils de l’homme?». Il a répondu: « Qui est-ce, Seigneur, pourquoi est-ce que je crois en lui? » Jésus lui dit: « Tu l’as vu: c’est lui qui te parle. » Et il a dit: « Je crois, Seigneur! » Et il s’est prosterné devant lui. Alors Jésus a dit: « C’est par un jugement que je suis venu dans ce monde, afin que ceux qui ne voient pas, voient et ceux qui voient deviennent aveugles. » Certains des pharisiens qui étaient avec lui ont entendu ces mots et ont dit: « Sommes-nous aveugles aussi? » Jésus leur répondit: «Si vous étiez aveugle, vous n’auriez pas de péché; mais comme vous dites: « Nous voyons », votre péché demeure. « 
Nous sommes confrontés à la profession de foi faite par un miracle de l’amour tendre du Christ pour les plus faibles et les plus fragiles de l’humanité. L’aveugle-né qui reçoit la vue en cadeau représente tous ceux qui, par le baptême et la foi, acquièrent une vue plus importante et certainement plus incisive, qui est celle de la foi et de la grâce divine.
Dans le passage de la première lecture, parlant de l’élection du roi David, la venue du vrai et unique roi qui est le Christ Seigneur est préfigurée en lui. Des anticipations des siècles avant, qui créent dans le peuple de Dieu les attentes messianiques dont les textes sacrés nous parlent fréquemment. La narration de la consécration de David le Roi nous fait comprendre de nombreux aspects de la royauté du Christ et de sa mission parmi nous. «En ces jours-là, le Seigneur a dit à Samuel:« Remplis ta corne d’huile et va. Je vous envoie le Bethléemite de Jessé, car j’ai choisi un roi parmi ses enfants. » Samuel a fait ce que le Seigneur lui avait commandé. Comme toujours, Dieu intervient dans l’histoire de l’humanité pour diriger l’humanité elle-même vers le bien. David est choisi par le Seigneur, bien qu’il ne soit pas une grande personne humainement. Ainsi, « Samuel a pris la corne d’huile et l’a ointe parmi ses frères, et l’esprit du Seigneur a éclaté sur David à partir de ce jour. »
Dans la deuxième lecture d’aujourd’hui de la lettre de Saint Paul Apôtre aux Éphésiens, le grand missionnaire de la Passion du Christ, il nous rappelle qu ‘«autrefois nous étions ténèbres, nous sommes maintenant lumière dans le Seigneur. Par conséquent, nous devons nous comporter comme des enfants de lumière; maintenant le fruit de la lumière consiste en toute bonté, justice et vérité. La lumière réside dans cela, c’est-à-dire dans le bien qui s’accomplit sans rien attendre en retour, puisque le Seigneur recherche avec amour et prédilection les cœurs bons et généreux.
Essayez de comprendre ce qui plaît au Seigneur. Ne participez pas aux œuvres des ténèbres, qui ne portent pas de fruits, mais condamnez-les ouvertement. De ce qui est fait en secret par [ceux qui désobéissent à Dieu], il est honteux même de parler, tandis que toutes choses ouvertement condamnées sont révélées par la lumière: tout ce qui se manifeste est la lumière. C’est pourquoi il est dit: « Réveillez-vous, vous qui dormez, ressuscitez des morts et le Christ vous éclairera ».
C’est le miracle de la vie, de la lumière, de l’espérance. Ce miracle que nous demandons aussi au Seigneur pour nous en ce moment difficile que nous traversons en Italie et dans le monde. Nous le faisons en adressant cette belle prière au Seigneur.
Seigneur Jésus, nous sommes aveugles quand nous ne voyons ni la terre ni le ciel ni vous.
Nous passons par les miracles de la Création sans perturbation intérieure, sans nous émerveiller de ce que Tu as créé.
Nous fixons nos yeux sur le visage des gens sans ressentir leurs larmes cachées, indifférents comme nous le sommes à tout sentiment de bonté et de charité.
Nous ne connaissons même pas notre monde intérieur, incapable, comme nous, de jeter un regard courageux dans les profondeurs de notre âme, toujours agité par tant de choses qui ne vont pas.
Nous sommes aveugles quand nous croyons savoir, avoir tout sous contrôle, à travers la science et la technologie, nous considérer comme omnipotents et omniprésents, tandis que l’orgueil nous empêche de nous ouvrir à la vraie sagesse de votre lumière, qui est le principal moyen de vous rendre humble.
Seigneur, viens caresser nos yeux, comme tu l’as fait avec l’aveugle d’aujourd’hui.
Venez faire fleurir le miracle de la lumière dans la lourdeur de notre cœur et de notre histoire.
Venez ouvrir les yeux, car nous pouvons percevoir les secrets de votre sagesse lumineuse, qui vient du ciel, et qui se révèlera dans sa plénitude à la fin des temps,
quand nous contemplerons pour toujours la beauté transfigurante de ton visage, ou Dieu d’une lumière immense et d’une joie infinie. Amen.

CHAPELLE DE CASA SANTA MARTA – POUR COMBIEN ILS SONT EN PREMIÈRE LIGNE POUR GARANTIR LES SERVICES

18 mars, 2020

http://w2.vatican.va/content/francesco/it/cotidie/2020/documents/papa-francesco-cotidie_20200315_vicini-aglioperatori-inprimalinea.html

fr il-primo-piano-estremo-o-la-macro-del-germoglio-della-peonia-quasi-aspetta-per-fiorire-90492327

peonia macro

LA CÉLÉBRATION DU MATIN DIFFUSÉE EN DIRECT
DE LA CHAPELLE DE CASA SANTA MARTA

POUR COMBIEN ILS SONT EN PREMIÈRE LIGNE POUR GARANTIR LES SERVICES

L’invocation du Pape dans la messe le troisième dimanche du Carême

Dimanche 15 mars 2020

«Ce dimanche de Carême, nous prions tous ensemble pour les malades, pour les gens qui souffrent. Et aujourd’hui, je voudrais faire une prière spéciale avec vous tous pour les personnes qui, par leur travail, garantissent le fonctionnement de la société: les employés des pharmacies, des supermarchés, des transports, des policiers. Prions pour tous ceux qui travaillent pour que la vie sociale, la vie urbaine, puisse continuer en ce moment ». Avec ces mots, le pape François a commencé, dimanche 15 mars, dans la chapelle de la Casa Santa Marta, la célébration de la messe, retransmise en direct, faisant sentir sa proximité avec ceux qui travaillent en première ligne pour garantir les services essentiels et pour contrer la propagation de la pandémie.
Et avec les versets du Psaume 24 (15-16) comme antiphon d’entrée, le Pontife renforça encore sa prière initiale: «Mes yeux sont toujours tournés vers le Seigneur, car il libère mes pieds du piège. Tourne-toi vers moi et prends pitié, Seigneur, car je suis pauvre et seul ».
Pour la méditation dans l’homélie, centrée sur le courage de dire la vérité, François s’est inspiré de la rencontre entre Jésus et la Samaritaine, racontée par l’Évangile de Jean (4, 5-42) et proposée par la liturgie le troisième dimanche de l’époque du Carême.
« L’Evangile nous fait connaître un dialogue, un dialogue historique – ce n’est pas une parabole, c’est arrivé – d’une rencontre de Jésus avec une femme, avec un pécheur » a expliqué le Pape. Notant aussi que « c’est la première fois, en Evangile, que Jésus déclare son identité: et le déclare à un pécheur qui a eu le courage de lui dire la vérité ». En fait, elle reconnaît devant Jésus qu’elle avait cinq maris, mais ce qu’elle avait à ce moment n’était pas son mari.
La femme, « alors, avec le même argument – dit le Pontife – est allée annoncer Jésus: » viens, peut-être que ce sera le Messie parce qu’il m’a dit tout ce que j’ai fait «  ». Elle, a insisté le Pape, « ne va pas avec des arguments théologiques – comme il le voulait, peut-être, en dialogue avec Jésus: » Sur cette montagne « ou sur l’autre montagne – cela va avec sa vérité ». Et précisément « sa vérité – François relancé – est ce qui sanctifie, justifie, c’est ce que le Seigneur utilise, sa vérité, pour proclamer l’Évangile: on ne peut pas être disciple de Jésus sans sa propre vérité, ce que nous sommes « .
En bref, le Pape a précisé: « on ne peut être disciple de Jésus qu’avec les arguments: » Sur cette montagne « ou sur cette autre ». Au lieu de cela, la « femme a eu le courage de dialoguer avec Jésus parce que ces deux peuples ne dialoguaient pas entre eux. Il a eu le courage de s’intéresser à la proposition de Jésus, cette eau, parce qu’il savait qu’il avait soif ».
Et, en outre, le Pape a ajouté « qu’il avait le courage d’avouer ses faiblesses, ses péchés; au contraire, le courage d’utiliser son histoire comme une garantie qu’il était un prophète: « Il m’a dit tout ce que j’ai fait » ».
De plus, poursuit François, « le Seigneur veut toujours dialoguer avec transparence, sans cacher les choses, sans double intention: je suis comme ça et je parle avec le Seigneur, comme je suis, avec ma vérité ». Avec cette attitude, « de ma vérité, par la puissance du Saint-Esprit, je trouve la vérité: le Seigneur est le Sauveur, celui qui est venu pour me sauver et pour nous sauver ».
« Ce dialogue transparent entre Jésus et la femme – a expliqué le Pape – se termine par cette confession de la réalité messianique de Jésus et par la conversion de ce peuple »: cette image des champs « que le Seigneur a vu blanchir, qui venait de Lui parce que c’était le temps de la moisson ».
Le Pontife a conclu la méditation en l’invitant à demander au Seigneur de « nous donner la grâce de toujours prier avec la vérité, de se tourner vers le Seigneur avec ma vérité, pas avec la vérité des autres, pas avec les vérités distillées dans les arguments ». Tout comme la femme pécheresse présentée par Jean dans son Évangile qui reconnaît la vérité sur elle-même devant Jésus. Enfin, comme d’habitude, il confia sa prière à la Mère de Dieu, s’arrêtant devant l’image mariale dans la chapelle de Santa Marta.
L’archiprêtre cardinal Angelo Comastri a également parlé de l’épisode évangélique de la Samaritaine lors de la messe célébrée dans la basilique de San Pietro devant l’Angélus. Au début de la liturgie, le cardinal a invité tous les fidèles à reconnaître humblement leur condition de fragilité et de petitesse face à la menace de la pandémie, les exhortant à s’accrocher au « rocher » qu’est Dieu et à vivre selon ses commandements.

 

PAPE FRANCIS – Angelus -dimanche 15 mars 2020

15 mars, 2020

http://www.vatican.va/content/francesco/it/angelus/2020/documents/papa-francesco_angelus_20200315.htm

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(Une prière spéciale d’intercession à la Madonnine pour le diocèse milanais et tout le diocèse ambrosien: l’archevêque de Milan Mario Delpini)

Cardinale&DonAbbondio

(Don Abbondio e le Card. Borromeo, par Le Fiancè, Manzoni)

PAPE FRANCIS – Angelus -dimanche 15 mars 2020

(traduction google de l’italien)

Bibliothèque du Palais apostolique

Chers frères et sœurs, bonjour!

La messe que l’archevêque célèbre dans la polyclinique pour les malades, les médecins, les infirmières et les bénévoles se termine actuellement à Milan. L’archevêque est proche de son peuple et également proche de Dieu dans la prière. Je me souviens de la photo de la semaine dernière: lui seul sur le toit du Duomo priant la Madone. Je voudrais également remercier tous les prêtres, la créativité des prêtres. Beaucoup de nouvelles viennent de Lombardie sur cette créativité. Certes, la Lombardie a été très affectée. Des prêtres qui pensent mille façons d’être proches du peuple, pour que le peuple ne se sente pas abandonné; des prêtres au zèle apostolique, qui ont bien compris qu’en temps de pandémie « Don Abbondio(1) » ne doit pas se faire. Merci beaucoup à vous prêtres.
Le passage évangélique de ce dimanche, le troisième du Carême, présente la rencontre de Jésus avec une Samaritaine (cf. Jn 4,5-42). Il est en route avec ses disciples et ils s’arrêtent dans un puits à Samarie. Les Samaritains étaient considérés comme des hérétiques par les Juifs et très méprisés comme des citoyens de seconde zone. Jésus est fatigué, il a soif. Une femme vient chercher de l’eau et il lui demande: « Donnez-moi à boire » (v. 7). Ainsi, brisant chaque barrière, un dialogue s’ouvre dans lequel il révèle à cette femme le mystère de l’eau vive , c’est-à-dire de l’Esprit Saint, un don de Dieu. En effet, à la surprise de la femme, Jésus répond: «Si vous connaissiez le don de Dieu et qui est celui qui vous dit: « Donnez-moi à boire! », Vous lui auriez demandé et il vous aurait donné de l’eau vive « (v. 10).
L’ eau est au cœur de ce dialogue . D’une part, l’eau comme élément essentiel à la vie, qui satisfait la soif du corps et soutient la vie. De l’autre, l’eau comme symbole de la grâce divine, qui donne la vie éternelle. Dans la tradition biblique, Dieu est la source d’eau vive – comme il est dit dans les psaumes, dans les prophètes -: s’éloigner de Dieu, source d’eau vive, et de sa loi entraîne la pire sécheresse. C’est l’expérience du peuple d’Israël dans le désert. Sur le long chemin de la liberté, elle, brûlée de soif, proteste contre Moïse et contre Dieu car il n’y a pas d’eau. Puis, à la demande de Dieu, Moïse fait couler l’eau d’un rocher, en signe de la providence de Dieu qui accompagne son peuple et lui donne la vie (cf. Ex 17, 17-7).
Et l’apôtre Paul interprète ce rocher comme un symbole du Christ. Ainsi, il dira: « Et le rocher est le Christ » (cf. 1 Co 10, 4). C’est la figure mystérieuse de sa présence parmi le peuple de Dieu qui marche. En fait, Christ est le Temple d’où, selon la vision des prophètes, le Saint-Esprit jaillit, c’est-à-dire l’eau vive qui purifie et donne la vie. Ceux qui ont soif de salut peuvent puiser librement auprès de Jésus, et le Saint-Esprit deviendra en lui une source de vie pleine et éternelle. La promesse de l’eau vive que Jésus a faite à la Samaritaine est devenue réalité lors de sa Pâques: « du sang et de l’eau » sont sortis de son côté transpercé ( Jn 19, 34). Le Christ, l’Agneau immolé et ressuscité, est la source d’où jaillit le Saint-Esprit qui pardonne les péchés et se régénère pour une vie nouvelle.
Ce don est également la source de témoignages. Comme la Samaritaine, quiconque rencontre Jésus vivant ressent le besoin d’en parler aux autres, afin que tout le monde vienne confesser que Jésus « est vraiment le sauveur du monde » ( Jn 4, 42), comme le disaient alors les compatriotes de la femme. Nous aussi, nés d’une nouvelle vie par le baptême, sommes appelés à témoigner de la vie et de l’espérance qui sont en nous. Si notre recherche et notre soif trouvent leur plein épanouissement en Christ, nous montrerons que le salut ne réside pas dans les « choses » de ce monde, qui finissent par produire la sécheresse, mais dans Celui qui nous a aimés et nous aime toujours: Jésus notre Sauveur, dans l’eau vive qu’Il nous offre.
Que la Très Sainte Vierge Marie nous aide à cultiver le désir du Christ, source d’eau vive, la seule qui puisse satisfaire la soif de vie et d’amour que nous portons dans nos cœurs.

 

Cardinale&DonAbbondio

HOMÉLIE POUR LE 3E DIMANCHE DU CARÊME ANNÉE A « LA SAMARITAINE : L’EAU VIVE, IMAGE DU BAPTÊME»

14 mars, 2020

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HOMÉLIE POUR LE 3E DIMANCHE DU CARÊME ANNÉE A « LA SAMARITAINE : L’EAU VIVE, IMAGE DU BAPTÊME»

Textes: Exode 17, 3-7, Romains 5, 1-2.5-8 et Jean 4, 5-42.

À partir du troisième dimanche du Carême cette année (année liturgique A), les lectures dominicales nous invitent à entrer dans un itinéraire baptismal. En effet du 3e au 5e dimanche du Carême on lit, dans l’évangile de saint Jean, les trois grands évangiles de l’initiation catéchuménale : la Samaritaine (Jean 4, 5-42); la guérison de l’aveugle-né (Jean 9, 1-41) ; la résurrection de Lazare (Jean 11, 1-45). Ces évangiles servent depuis les débuts de l’Église à la formation des futurs baptisés à Pâques. Ceux-ci sont appelés « catéchumènes » et sont de plus en plus en plus nombreux aujourdhui.
Même si nous sommes baptisés depuis longtemps, entrons dans l’itinéraire baptismal qui nous est proposé. Faisons comme les catéchumènes, écoutons et regardons la scène qui vient d’être racontée.

I – La scène du puits
Deux personnages sont au premier plan : Jésus et une femme, la Samaritaine.
Jésus est fatigué. Il s’assoit sur le bord d’un puits pour se reposer. Ses disciples s’en vont acheter des provisions. Il est seul. Le soleil le réchauffe. Il se laisse aller à ses pensées. Il ne se rend pas compte tout de suite de l’arrivée d’une femme.
Celle-ci dont on ne connait pas le nom vient puiser de l’eau pour sa maisonnée. Elle a un seau qu’elle désire descendre dans le puits. Mais la présence de Jésus la surprend et l’empêche de le faire. Ce qui la surprend encore plus c’est la question de Jésus « Donne-moi à boire ». Elle riposte sur le champ et lui dit : « Comment! Toi un Juif, tu me demandes à boire, à moi, une Samaritaine ? » Et Jésus de répondre : « Si tu savais le don de Dieu et qui est celui qui te dit : ’Donne-moi à boire’, c’est toi qui lui aurais demandé, et il t’aurait donné de l’eau vive ».
Quel renversement ! Toute une réponse. La suite du dialogue de Jésus avec cette femme est pour l’évangéliste saint Jean une occasion de nous livrer une conversation qui aboutit à la révélation de la proximité particulière de Jésus avec Dieu. En effet, en réponse à la femme qui lui dit « Je sais qu’il vient, le Messie, celui qu’on appelle Christ. Quand il viendra, c’est lui qui nous fera connaître toutes choses», Jésus lui dit « Je le suis, moi qui te parle. »
Cette révélation tombe à point pour ceux et celles qui reçoivent le baptême. En effet, c’est par Jésus qu’est apportée et donnée aux personnes baptisées la vie nouvelle en Dieu, qui les fait passer de la mort à la vie, des ténèbres à la lumière. Cette vie nouvelle reçue au baptême est symbolisée par l’eau du puits. Celle-ci est une image très parlante du sacrement du Baptême que recevront les catéchumènes adultes dans la Nuit pascale et que nous avons reçu à notre naissance, pour la plupart d’entre nous.
Que nous enseigne cette image de l’eau vive pour les futures personnes baptisées et pour les personnes baptisées que nous sommes ?

II- Les fruits du baptême
En premier lieu, le signe de l’eau qui est versée sur la tête dans le sacrement du Baptême nous aide à comprendre que la grâce de Dieu purifie le baptisé. C’est le propre de l’eau de laver, de nettoyer, de purifier. L’eau du Baptême purifie. « Les baptisés ont  » revêtu le Christ  » (Ga 3, 27). Par l’Esprit Saint, le Baptême est un bain qui purifie, sanctifie et justifie (cf. 1 Co 6, 11 ; 12, 13) » écrit le Catéchisme de l’Église catholique au numéro 1227. Le sacrement du Baptême vient nous purifier des péchés qui ont obscurci le regard de l’humanité et qui pèsent sur tous, même si nous n’en sommes pas les auteurs. Notre humanité a besoin d’être rétablie dans sa beauté originelle. C’est ce que fait le Baptême par lequel Dieu nous dit que nous sommes son enfant, qu’il nous aime et qu’il nous aimera toujours, car son amour est éternel. « Tu as du prix à mes yeux et je t’aime » dit-il à chaque nouveau baptisé.
En deuxième lieu, le signe de l’eau invite à nous laisser remplir par la vie même de Dieu qui nous est donnée par le Baptême. Comme le dit Jésus à la Samaritaine « celui qui boira de l’eau que moi je lui donnerai n’aura plus jamais soif ». L’eau du Baptême étanche toutes les soifs. Notre vie est remplie de toutes sortes de soifs comme la soif d’être aimé, la soif d’être reconnu, la soif de pouvoir être utile dans le monde etc. et par-dessus tout la soif de Dieu. Certaines soifs cependant sont des pièges comme l’argent, la débauche, la rancune, l’envie etc. Jésus vient par l’eau du baptême combler les plus belles soifs qui sont dans les personnes. Par le Baptême, le chrétien est rempli de la grâce de Dieu. À la suite du Christ qui est passé de la mort à la vie, dans sa Passion et sa Résurrection, il entre dans une vie nouvelle. Il peut dire comme le fait saint Paul « Ma vie c’est le Christ » (Galates 2, 20).
La troisième chose à retenir du signe de l’eau vive que nous pouvons appliquer au Baptême à partir de la conversation de Jésus avec la Samaritaine, c’est que l’eau donnée par le Jésus est une eau « jaillissant en vie éternelle ». Elle est source de vie éternelle. Comme le dit saint Paul, par le Baptême le chrétien reçoit les prémices (les arrhes) de la vie éternelle (II Corinthiens 5, 5). La grâce de la vie nouvelle qui est reçue au Baptême est la vie éternelle déjà commencée. La vie nouvelle qu’apporte le baptême va bien au-delà de ce que l’on peut toucher du doigt. Il s’agit d’une transformation totale de notre être qui est un commencement jamais terminé. C’est la vie de Dieu qui s’actualise au jour le jour dans la personne baptisée que nous sommes, vivant pour Dieu comme le Christ et avec le Christ avant de le rencontrer dans la gloire céleste lorsque nous le verrons face à face comme dit saint Paul.
Voici trois beaux fruits du Baptême représentés par le signe de l’eau vive
- qui nous purifie et qui fait resplendir notre beauté d’enfant de Dieu (Tu as du prix à mes yeux)
- qui apaise les soifs d’amour de toutes sortes en nous unissant au Christ dans une vie nouvelle (Tu n’auras plus jamais soif)
- et qui est une vie éternelle déjà commencée ici-bas (Vous avez reçu les prémices de la vie éternelle).

III- Application
Comment laisser l’eau vive de notre Baptême produire tous ses fruits en nous ? Pour le faire, nous sommes invités à retenir l’enseignement qui se dégage de la première lecture car nous sommes un peu comme Moïse, remplis de doutes et d’hésitations. Le Seigneur nous dit comme il le dit à Moïse « Moi je serai là, devant toi, sur le rocher du mont Horeb. Tu frapperas le rocher, il en sortira de l’eau, et le peuple boira ».
L’eau vive est là. Elle peut sortir du rocher. Mais il est important de la désirer, de frapper le rocher. Comme la Samaritaine, disons à Jésus ce matin « Seigneur donne-moi à boire… Seigneur donne-moi de cette eau que je n’aie plus soif ».
Notre Carême est pour nous cette année un itinéraire baptismal. Nous sommes invités à renouveler nos engagements de personnes baptisées en affirmant notre foi en Jésus et en faisant de notre mieux pour le suivre selon nos vocations comme époux ou épouse, comme parents, comme enfants, comme bénévoles en pastorale, comme célibataires, comme travailleurs, comme responsables de services etc. Demandons au Seigneur que le chemin du Carême cette année soit pour nous un chemin de conversion et de renouveau dans notre vie de personne baptisée.

Conclusion
Que cette messe nous rapproche de Jésus qui nous a montré le chemin en donnant sa vie pour nous alors que nous étions pécheurs. Comme le dit saint Paul dans la deuxième lecture : « la preuve que Dieu nous aime, c’est que le Christ est mort pour nous, alors que nous étions encore pécheurs ». Avec lui, par l’eau du Baptême, nous sommes morts au péché et ressuscités à une vie nouvelle d’amour, de joie, de paix, de partage et de don.
En terminant, dans ce temps où le virus COVID-19 se répand à une vitesse foudroyante je reprends les mots du Cardinal Turkson dans un message au nom du Saint-Père : « Prions Dieu le Père pour qu’il augmente notre foi, aide les malades à guérir et soutienne les professionnels de la santé dans leur mission. Engageons-nous pour éviter la stigmatisation de ceux qui sont touchés : la maladie ne connaît ni frontière ni couleur de peau ; en revanche elle parle une même langue…Nous réussirons ainsi à servir ceux qui souffrent, en les accompagnant le mieux possible et à être solidaires de ceux qui sont démunis, sans les juger». (Message du cardinal Peter Turkson, préfet du Dicastère pour le Service du Développement humain intégral dans Zenit)
Amen!

Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l’Université Laval
Séminaire de Québec

PAPE FRANÇOIS – AUDIENCE GÉNÉRALE – 26 février 2020 – mercredi des Cendres

11 mars, 2020

http://www.vatican.va/content/francesco/fr/audiences/2020/documents/papa-francesco_20200226_udienza-generale.html

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PAPE FRANÇOIS – AUDIENCE GÉNÉRALE – 26 février 2020 – mercredi des Cendres

Place Saint Pierre

Chers frères et sœurs, bonjour!

Aujourd’hui, mercredi des Cendres, nous commençons le chemin quadragésimal, un chemin de quarante jours vers Pâques, vers le cœur de l’année liturgique et de la foi. C’est un chemin qui suit celui de Jésus qui, au début de son ministère, se retira pendant quarante jours pour prier et jeûner, tenté par le diable, dans le désert. C’est précisément de la signification spirituelle du désert que je voudrais vous parler aujourd’hui. Que signifie spirituellement le désert pour nous tous, également pour nous qui vivons en ville, que signifie le désert?
Imaginons être dans un désert. La première sensation serait celle de nous trouver enveloppés par un grand silence: pas de bruits, à part le vent et notre souffle. Voilà, le désert est le lieu du détachement du vacarme qui nous entoure. C’est l’absence de paroles pour laisser place à une autre Parole, la Parole de Dieu, qui, comme une brise légère, nous caresse le cœur (cf. 1 R 19, 12). Le désert est le lieu de la Parole, avec une majuscule. Dans la Bible, en effet, le Seigneur aime nous parler dans le désert. Dans le désert, il remet à Moïse les «dix paroles», les dix commandements. Et quand le peuple s’éloigne de Lui, devenant comme une épouse infidèle, Dieu dit: «Je la conduirai au désert et je parlerai à son cœur. Là, elle répondra comme aux jours de sa jeunesse» (Os 2, 16-17). Dans le désert, on écoute la Parole de Dieu, qui est comme un son léger. Le Livre des Rois dit que la Parole de Dieu est comme un fil de silence sonore. Dans le désert, on retrouve l’intimité avec Dieu, l’amour du Seigneur. Jésus aimait se retirer chaque jour dans des lieux déserts pour prier (cf. Lc 5, 16). Il nous a enseigné comment chercher le Père, qui nous parle dans le silence. Et il n’est pas facile de faire silence dans son cœur, car nous cherchons toujours à parler un peu, à être avec les autres.
Le Carême est un temps propice pour faire place à la Parole de Dieu. C’est le temps pour éteindre la télévision et ouvrir la Bible. C’est le temps pour se détacher du téléphone portable et se connecter à l’Evangile. Quand j’étais enfant, il n’y avait pas la télévision, mais on avait l’habitude de ne pas écouter la radio. Le Carême est le désert, c’est le temps pour renoncer, pour nous détacher du téléphone portable et nous connecter à l’Evangile. C’est le temps pour renoncer aux paroles inutiles, aux bavardages, aux rumeurs, aux médisances, et pour parler et «tutoyer» le Seigneur. C’est le temps pour se consacrer à une saine écologie du cœur, y faire du nettoyage. Nous vivons dans un environnement pollué par trop de violence verbale, par tant de mots blessants et nocifs, que le réseau amplifie. Aujourd’hui, on insulte comme si on disait «bonne journée». Nous sommes submergés de paroles vides, de publicités, de messages insidieux. Nous nous sommes habitués à entendre de tout sur tous et nous risquons de sombrer dans une mondanité qui atrophie notre cœur et il n’y a pas de pontage pour guérir cela, mais seulement le silence. Nous avons du mal à distinguer la voix du Seigneur qui nous parle, la voix de la conscience, la voix du bien. Jésus, en nous appelant dans le désert, nous invite à prêter attention à ce qui compte, à l’important, à l’essentiel. Au diable qui le tentait, il répondit: «Ce n’est pas de pain seul que vivra l’homme, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu» (Mt 4, 4). Comme le pain, plus que le pain, nous avons besoin de la Parole de Dieu, nous devons parler avec Dieu: nous devons prier. Car ce n’est que devant Dieu que viennent au jour les inclinations du cœur et que disparaissent les duplicités de l’âme. Voilà le désert, lieu de vie, non de mort, car dialoguer dans le silence avec le Seigneur nous redonne la vie.
Essayons à nouveau de penser à un désert. Le désert est le lieu de l’essentiel. Regardons nos vies: combien de choses inutiles nous entourent! Nous poursuivons mille choses qui semblent nécessaires et qui en réalité ne le sont pas. Comme cela nous ferait du bien de nous libérer de tant de réalités superflues, pour redécouvrir ce qui compte, pour retrouver les visages de ceux qui sont à nos côtés! Sur cela aussi, Jésus nous donne l’exemple, en jeûnant. Jeûner, c’est savoir renoncer aux choses vaines, au superflu, pour aller à l’essentiel. Jeûner ne sert pas seulement à maigrir, jeûner, c’est aller précisément à l’essentiel, c’est chercher la beauté d’une vie plus simple.
Le désert, enfin, est le lieu de la solitude. Aujourd’hui aussi, près de nous, il y a de nombreux déserts. Ce sont les personnes seules et abandonnées. Combien de pauvres et de personnes âgées sont près de nous et vivent dans le silence, sans faire de bruit, marginalisés et exclus! Parler d’eux n’augmente pas l’audimat. Mais le désert nous conduit à eux, à ceux qui, réduits au silence, demandent silencieusement notre aide. Tant de regards silencieux qui demandent notre aide. Le chemin dans le désert quadragésimal est un chemin de charité vers celui qui est plus faible.
Prière, jeûne, œuvres de miséricorde: voilà la route dans le désert quadragésimal.
Chers frères et sœurs, à travers la voix du prophète Isaïe, Dieu a fait cette promesse: «Voici que je vais faire une chose nouvelle, [...] je vais mettre dans le désert un chemin» (Is 43, 19). Dans le désert s’ouvre le chemin qui nous conduit de la mort à la vie. Entrons dans le désert avec Jésus, nous en sortirons en savourant la Pâque, la puissance de l’amour de Dieu qui renouvelle la vie. Il nous arrivera comme à ces déserts qui fleurissent au printemps, en faisant germer à l’improviste, «du néant», des bourgeons et des plantes. Courage, entrons dans ce désert du Carême, suivons Jésus dans le désert: avec Lui nos déserts fleuriront.
Je salue cordialement les personnes de langue française, en particulier les paroisses et les jeunes venus de France. Frères et sœurs, profitons de ce Carême pour entrer au désert avec Jésus afin qu’il y ouvre une route qui nous conduise à la vie. Suivons-le avec courage; avec lui, nos déserts fleuriront. Que Dieu vous bénisse !

HOMÉLIE POUR LE 2E DIMANCHE DU CARÊME ANNÉE A « LA TRANSFIGURATION DU SEIGNEUR : UNE LUMIÈRE DIVINE À L’OEUVRE »

6 mars, 2020

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HOMÉLIE POUR LE 2E DIMANCHE DU CARÊME ANNÉE A « LA TRANSFIGURATION DU SEIGNEUR : UNE LUMIÈRE DIVINE À L’OEUVRE »

Textes: Genèse 12, 1-4a, 2 Timothée 1, 8b-10 et Mathieu 17, 1-9.

I – Le terme « transfiguration »
Que veut dire le mot « transfiguration » qui n’est pas un mot de tous le jours dans nos conversations?
Pour y comprendre quelque chose partons d’un exemple qui nous permettra d’aller plus loin.
Vous avez certainement vu un de ces programmes à la télévision où l’on invite une personne à se laisser transformer dans son look ou à permettre à une équipe de remodeler sa résidence. Puis à la fin, on nous présente le résultat : une dame transformée, transfigurée. On nous montre l’avant et l’après. La même chose pour la résidence. Et toutes les personnes présentes s’exclament « C’est incroyable, c’est formidable ». Certaines personnes se mettent à pleurer. Elles n’en attendaient pas tant.
C’est un pauvre exemple qui peut nous aider à comprendre les réactions des apôtres qui sont témoins de la Transfiguration de Jésus. C’est extraordinaire. Il a complètement changé.
Mais, il y a ici chez Jésus quelque chose de plus qu’un remodelage de la personne. Il faut se rappeler que, si les apôtres ont gardé si vivant le souvenir de cette Transfiguration de Jésus, c’est que non seulement ils ont été témoins, mais qu’eux aussi ont été transformés.

II – L’expérience des apôtres
Par cette scène de la Transfiguration, saint Mathieu veut nous faire comprendre que les apôtres ont expérimenté dans leur chair la face divine de cet homme avec qui ils voyageaient, ils mangeaient. Ils ont senti qu’il y avait en lui plus que ce qu’ils voyaient tous les jours : une lumière divine, une source, une beauté à nulles autres pareilles, un quelque chose qu’aucun autre homme n’avait. Et ça, ils l’ont expérimenté, ils l’ont comme touché du doigt et ils ne peuvent pas l’oublier. C’est ce que veut exprimer ce récit de la Transfiguration de Jésus sur le Thabor.
Pour Pierre, Jacques et Jean qui représentent tous les autres apôtres et les disciples de Jésus qui suivront au cours des âges, Jésus n’est pas seulement un homme, mais il est aussi divin, rempli de la lumière divine, de la beauté divine qui resplendit en lui. Il achève la révélation de Dieu à l’humanité commencée avec Abraham ce que la première lecture rappelle en le désignant par son nom sémite Abram : « Quitte ton pays, ta parenté et la maison de ton père, et va vers le pays que je te montrerai. Je ferai de toi une grande nation, je te bénirai ». C’est cette révélation qui se continue avec Moïse et se poursuit avec les prophètes. La présence de Moïse et d’Élie avec qui Jésus s’entretient dans le récit de la Transfiguration veut ainsi marquer la continuité du Dessein de Salut de Dieu sur l’humanité que Jésus accomplit totalement et définitivement, car il est la Parole de Dieu faite chair. Il est la révélation parfaite de Dieu à l’humanité.
Cette révélation de Dieu, cette lumière de Dieu, cette beauté de Dieu qui l’habite, Jésus ne veut pas les garder pour lui. Il veut les communiquer, les partager. Voilà la mission qu’il accomplit en prêchant, en guérissant, en allant jusqu’à mourir sur une croix. Jésus, la Lumière du monde, veut que celle-ci se répande et il la répand sur ceux et celles qui l’accueillent, qui le reconnaissent dans la foi comme l’envoyé du Père.

III- Application
Nous sommes de ceux-là et de celles-là. Par le baptême nous sommes devenus participants de la nature divine (II Pierre 1,4) frères et sœurs de Jésus par adoption. La lumière de Jésus est en nous, Elle est là et elle se répand autour de nous. « Vous êtes vous aussi la lumière du monde » nous dit Jésus dans le Discours sur la montagne de l’évangile de saint Mathieu (Mathieu 5, 14).
Comment « être la lumière du monde » ? En laissant la lumière de Dieu en nous passer à travers nos gestes, nos préoccupations, nos engagements. Si nous la reconnaissons en nous par la foi, elle nous transfigurera à notre tour, à notre insu même. Nous serons surpris d’entendre les gens dire : « Il ou elle a quelque chose de spécial. Quand je l’approche, elle ou lui, je me sens bien, je me sens meilleur. »
Hé oui! La lumière de Dieu passe de diverses façons. Elle peut resplendir comme un soleil qui envahit tout comme à la Transfiguration de Jésus, mais elle peut aussi transparaître dans des rayons plus minces et par intermittence. C’est toujours la même source lumineuse qui est à l’œuvre, Dieu lui-même par son Esprit et par ses dons.

Conclusion
Que cette Eucharistie nous aide de plus en plus à resplendir à notre façon comme Jésus qui n’a eu d’autre souci que d’aller vers les autres, d’aimer ses frères et sœurs en se donnant totalement, comme il le fait encore aujourd’hui dans cette Eucharistie où nous partageons son Corps et son Sang.
Amen!

Mgr Hermann Giguère P. H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l’Université Laval
Séminaire de Québec

PAPE FRANÇOIS – Dieu s’arrange pour entrer (12.6.17)

4 mars, 2020

http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/cotidie/2017/documents/papa-francesco-cotidie_20170612_dieu-s-arrange-pour-entrer.html

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La vie de Jésus (cartoon)

PAPE FRANÇOIS – Dieu s’arrange pour entrer (12.6.17)

MÉDITATION MATINALE EN LA CHAPELLE DE LA
MAISON SAINTE-MARTHE

Il suffit de maintenir la porte du cœur entrouverte et «Dieu s’arrange pour entrer», nous empêchant de rejoindre la foule des «in-miséricordieux»: un néologisme qui signifie ceux qui, privés de miséricorde, mettent en pratique les béatitudes à l’inverse. C’est précisément contre la tentation «narcissique de l’auto-référentialité» — le contraire de l’«altérité» chrétienne qui «est don et service» — que le Pape a voulu mettre en garde. En se référant au passage de la seconde lecture de saint Paul aux Corinthiens (1, 1-7), proposé par la liturgie comme première lecture, il a immédiatement souligné qu’en à peine «dix-neuf lignes, par huit fois, Paul parle de consolation, de nous laisser consoler pour consoler les autres». «L’expérience de la consolation, qui est une expérience spirituelle, a toujours besoin d’altérité pour être totale: personne ne peut se consoler soi-même, personne». Et «qui cherche à le faire, finit par se regarder dans le miroir». Mais «c’est la consolation truquée qui ne fait pas grandir, qui n’est pas une consolation parce qu’elle est fermée, il lui manque une altérité». «Dans l’Evangile, nous trouvons tant de personnes ainsi». «Par exemple les docteurs de la loi qui sont pleins de leur suffisance, fermés, et cela est “leur consolation” entre guillemets». Le Pape a voulu faire une référence explicite au «riche Epulon, qui vivait de fête en fête et avec cela, pensait être consolé». «La consolation, pour être vraie, pour être chrétienne, a besoin d’une altérité», parce que «la véritable consolation se reçoit». Et «c’est précisément le Seigneur, c’est Dieu qui nous console, c’est Dieu qui nous donne ce don: nous, avec le cœur ouvert, lui qui vient et nous donne». D’où le fait que «la consolation est un état de passage du don reçu au service donné», au point que «la véritable consolation a cette double altérité: elle est don et service». «Ainsi, si je laisse entrer la consolation du Seigneur comme don, c’est parce que j’ai besoin d’être consolé: je suis dans le besoin». En effet, «pour être consolé, il est nécessaire de reconnaître d’être dans le besoin: ce n’est qu’ainsi que le Seigneur vient, il nous console, et nous donne la mission de consoler les autres». «Un cœur ouvert, est un cœur heureux et dans l’Evangile, nous avons entendu qui sont les heureux, qui sont les bienheureux: les pauvres». Ainsi, «le cœur s’ouvre dans une attitude de pauvreté, de pauvreté d’esprit: ceux qui savent pleurer, ceux doux, la douceur du cœur; ceux qui sont assoiffés de justice, qui luttent pour la justice; ceux qui sont miséricordieux, qui font preuve de miséricorde à l’égard des autres; les purs de cœur; les artisans de paix et ceux qui sont persécutés à cause de la justice, par amour de la justice». Et «ainsi le cœur s’ouvre et le Seigneur vient avec le don de la consolation et la mission de consoler les autres». Mais il y a toutefois également ceux qui «ont un cœur fermé: ils ne suivent pas les béatitudes, en somme et «se sentent riches d’esprit, c’est-à-dire suffisants». Ce sont «ceux qui n’ont pas besoin de pleurer parce qu’ils se sentent justes; les violents qui ne savent pas ce qu’est la douceur; les injustes qui vivent de l’injustice et font l’injustice; ceux «in-miséricordieux», c’est-à-dire sans miséricorde, qui ne pardonnent jamais, qui n’ont jamais besoin de pardonner parce qu’ils ne sentent pas le besoin d’être pardonnés; ceux qui ont le cœur sale; les artisans de guerre, et non pas de paix; et ceux qui ne sont jamais critiqués ou persécutés parce qu’ils luttent pour la justice parce qu’ils ne se préoccupent pas des injustices des autres personnes: ceux-là sont fermés». Précisément devant cette inversion des béatitudes, «il nous fera du bien aujourd’hui de penser» à «comment est mon cœur? Est-il ouvert?». En rappelant que Dieu «nous demande seulement que la porte de notre cœur soit ouverte, ou tout au moins entrouverte, ainsi il s’arrange pour entrer».