Archive pour novembre, 2017

BENOÎT XVI – ANDRÉ, LE PROTOCLET (30 NOVEMBRE)

30 novembre, 2017

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BENOÎT XVI – ANDRÉ, LE PROTOCLET (30 NOVEMBRE)

AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercredi 14 juin 2006

Chers frères et soeurs,

Dans les deux dernières catéchèses, nous avons parlé de la figure de saint Pierre. A présent, nous voulons, dans la mesure où les sources nous le permettent, connaître d’un peu plus près également les onze autres Apôtres. C’est pourquoi nous parlons aujourd’hui du frère de Simon Pierre, saint André, qui était lui aussi l’un des Douze. La première caractéristique qui frappe chez André est son nom: il n’est pas juif, comme on pouvait s’y attendre, mais grec, signe non négligeable d’une certaine ouverture culturelle de sa famille. Nous sommes en Galilée, où la langue et la culture grecques sont assez présentes. Dans les listes des Douze, André occupe la deuxième place, comme dans Matthieu (10, 1-4) et dans Luc (6, 13-16), ou bien la quatrième place comme dans Marc (3, 13-18) et dans les Actes (1, 13-14). Quoi qu’il en soit, il jouissait certainement d’un grand prestige au sein des premières communautés chrétiennes.
Le lien de sang entre Pierre et André, ainsi que l’appel commun qui leur est adressé par Jésus, apparaissent explicitement dans les Evangiles. On y lit: « Comme il [Jésus] marchait au bord du lac de Galilée, il vit deux frères, Simon, appelé Pierre, et son frère André, qui jetaient leurs filets dans le lac: c’était des pêcheurs. Jésus leur dit: « Venez derrière moi, et je vous ferai pêcheurs d’hommes »" (Mt 4, 18-19; Mc 1, 16-17). Dans le quatrième Evangile, nous trouvons un autre détail important: dans un premier temps, André était le disciple de Jean Baptiste; et cela nous montre que c’était un homme qui cherchait, qui partageait l’espérance d’Israël, qui voulait connaître de plus près la parole du Seigneur, la réalité du Seigneur présent. C’était vraiment un homme de foi et d’espérance; et il entendit Jean Baptiste un jour proclamer que Jésus était l’ »agneau de Dieu » (Jn 1, 36); il se mit alors en marche et, avec un autre disciple qui n’est pas nommé, il suivit Jésus, Celui qui était appelé par Jean « Agneau de Dieu ». L’évangéliste rapporte: ils « virent où il demeurait, et ils restèrent auprès de lui ce jour-là » (Jn 1, 37-39). André put donc profiter de précieux moments d’intimité avec Jésus. Le récit se poursuit par une annotation significative: « André, le frère de Simon-Pierre, était l’un des deux disciples qui avaient entendu Jean Baptiste et qui avaient suivi Jésus. Il trouve d’abord son frère Simon et lui dit: « Nous avons trouvé le Messie (autrement dit: le Christ) ». André amena son frère à Jésus » (Jn 1, 40-43), démontrant immédiatement un esprit apostolique peu commun. André fut donc le premier des Apôtres à être appelé à suivre Jésus. C’est précisément sur cette base que la liturgie de l’Eglise byzantine l’honore par l’appellation de Protóklitos, qui signifie précisément « premier appelé ». Et il est certain que c’est également en raison du rapport fraternel entre Pierre et André que l’Eglise de Rome et l’Eglise de Constantinople se sentent de manière particulière des Eglises-soeurs. Pour souligner cette relation, mon Prédécesseur, le Pape Paul VI, restitua en 1964 les nobles reliques de saint André, conservées jusqu’alors dans la Basilique vaticane, à l’Evêque métropolite orthodoxe de la ville de Patras en Grèce, où selon la tradition, l’Apôtre fut crucifié.
Les traditions évangéliques rappellent particulièrement le nom d’André en trois autres occasions, qui nous font connaître un peu plus cet homme. La première est celle de la multiplication des pains en Galilée. En cette circonstance, ce fut André qui signala à Jésus la présence d’un enfant avec cinq pains d’orge et deux poissons, « bien peu de chose » – remarqua-t-il – pour toutes les personnes réunies en ce lieu (cf. Jn 6, 8-9). Le réalisme d’André en cette occasion mérite d’être souligné: il remarqua l’enfant – il avait donc déjà posé la question: « Mais qu’est-ce que cela pour tant de monde! » (ibid.) -, et il se rendit compte de l’insuffisance de ses maigres réserves. Jésus sut toutefois les faire suffire pour la multitude de personnes venues l’écouter. La deuxième occasion fut à Jérusalem. En sortant de la ville, un disciple fit remarquer à Jésus le spectacle des murs puissants qui soutenaient le Temple. La réponse du Maître fut surprenante: il lui dit que de ces murs, il ne serait pas resté pierre sur pierre. André l’interrogea alors, avec Pierre, Jacques et Jean: « Dis-nous quand cela arrivera, dis-nous quel sera le signe que tout cela va finir » (Mc 13, 1-4). Pour répondre à cette question, Jésus prononça un discours important sur la destruction de Jérusalem et sur la fin du monde, en invitant ses disciples à lire avec attention les signes des temps et à rester toujours vigilants. Nous pouvons déduire de l’épisode que nous ne devons pas craindre de poser des questions à Jésus, mais que dans le même temps, nous devons être prêts à accueillir les enseignements, même surprenants et difficiles, qu’Il nous offre.
Dans les Evangiles, enfin, une troisième initiative d’André est rapportée. Le cadre est encore Jérusalem, peu avant la Passion. Pour la fête de Pâques – raconte Jean – quelques Grecs étaient eux aussi venus dans la ville sainte, probablement des prosélytes ou des hommes craignant Dieu, venus pour adorer le Dieu d’Israël en la fête de la Pâque. André et Philippe, les deux Apôtres aux noms grecs, servent d’interprètes et de médiateurs à ce petit groupe de Grecs auprès de Jésus. La réponse du Seigneur à leur question apparaît – comme souvent dans l’Evangile de Jean – énigmatique, mais précisément ainsi, elle se révèle riche de signification. Jésus dit aux deux disciples et, par leur intermédiaire, au monde grec: « L’heure est venue pour le Fils de l’homme d’être glorifié. Amen, amen, je vous le dis: si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul; mais s’il meurt, il donne beaucoup de fruit » (Jn 12, 23-24). Que signifient ces paroles dans ce contexte? Jésus veut dire: Oui, ma rencontre avec les Grecs aura lieu, mais pas comme un simple et bref entretien entre moi et quelques personnes, poussées avant tout par la curiosité. Avec ma mort, comparable à la chute en terre d’un grain de blé, viendra l’heure de ma glorification. De ma mort sur la croix proviendra la grande fécondité: le « grain de blé mort » – symbole de ma crucifixion – deviendra dans la résurrection pain de vie pour le monde; elle sera lumière pour les peuples et les cultures. Oui, la rencontre avec l’âme grecque, avec le monde grec, se réalisera à ce niveau auquel fait allusion l’épisode du grain de blé qui attire à lui les forces de la terre et du ciel et qui devient pain. En d’autres termes, Jésus prophétise l’Eglise des Grecs, l’Eglise des païens, l’Eglise du monde comme fruit de sa Pâque.
Des traditions très antiques voient André, qui a transmis aux Grecs cette parole, non seulement comme l’interprète de plusieurs Grecs lors de la rencontre avec Jésus que nous venons de rappeler, mais elles le considèrent comme l’apôtre des Grecs dans les années qui suivirent la Pentecôte; elles nous font savoir qu’au cours du reste de sa vie il fut l’annonciateur et l’interprète de Jésus dans le monde grec. Pierre, son frère, de Jérusalem en passant par Antioche, parvint à Rome pour y exercer sa mission universelle; André fut en revanche l’Apôtre du monde grec: ils apparaissent ainsi de véritables frères dans la vie comme dans la mort – une fraternité qui s’exprime symboliquement dans la relation spéciale des Sièges de Rome et de Constantinople, des Eglises véritablement soeurs.
Une tradition successive, comme nous l’avons mentionné, raconte la mort d’André à Patras, où il subit lui aussi le supplice de la crucifixion. Cependant, au moment suprême, de manière semblable à son frère Pierre, il demanda à être placé sur une croix différente de celle de Jésus. Dans son cas, il s’agit d’une croix décussée, c’est-à-dire dont le croisement transversal est incliné, qui fut donc appelée « croix de saint André ». Voilà ce que l’Apôtre aurait dit à cette occasion, selon un antique récit (début du VI siècle) intitulé Passion d’André: « Je te salue, ô Croix, inaugurée au moyen du Corps du Christ et qui as été ornée de ses membres, comme par des perles précieuses. Avant que le Seigneur ne monte sur toi, tu inspirais une crainte terrestre. A présent, en revanche, dotée d’un amour céleste, tu es reçue comme un don. Les croyants savent, à ton égard, combien de joie tu possèdes, combien de présents tu prépares. Avec assurance et rempli de joie, je viens donc à toi, pour que toi aussi, tu me reçoives exultant comme le disciple de celui qui fut suspendu à toi… O croix bienheureuse, qui reçus la majesté et la beauté des membres du Seigneur!… Prends-moi et porte-moi loin des hommes et rends-moi à mon Maître, afin que par ton intermédiaire me reçoive celui qui, par toi, m’a racheté. Je te salue, ô Croix; oui, en vérité, je te salue! ». Comme on le voit, il y a là une très profonde spiritualité chrétienne, qui voit dans la croix non pas tant un instrument de torture, mais plutôt le moyen incomparable d’une pleine assimilation au Rédempteur, au grain de blé tombé en terre. Nous devons en tirer une leçon très importante: nos croix acquièrent de la valeur si elles sont considérées et accueillies comme une partie de la croix du Christ, si elles sont touchées par l’éclat de sa lumière. Ce n’est que par cette Croix que nos souffrances sont aussi ennoblies et acquièrent leur sens véritable.
Que l’Apôtre André nous enseigne donc à suivre Jésus avec promptitude (cf. Mt 4, 20; Mc 1, 18), à parler avec enthousiasme de Lui à ceux que nous rencontrons, et surtout à cultiver avec Lui une relation véritablement familière, bien conscients que ce n’est qu’en Lui que nous pouvons trouver le sens ultime de notre vie et de notre mort.

PREMIÈRES VÊPRES DE L’AVENT – HOMÉLIE DU PAPE BENOÎT XVI

28 novembre, 2017

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Baptistère du Musée du Bardo, Tunis

CÉLÉBRATION DES PREMIÈRES VÊPRES DE L’AVENT

HOMÉLIE DU PAPE BENOÎT XVI

Basilique vaticane

Samedi 27 novembre 2010

Chers frères et sœurs,

Avec cette célébration des Vêpres, le Seigneur nous donne la grâce et la joie d’inaugurer la Nouvelle Année liturgique à partir de sa première étape: l’Avent, la période qui fait mémoire de la venue de Dieu parmi nous. Chaque début comporte une grâce particulière, car il est béni par le Seigneur. Au cours de cet Avent, il nous sera donné, une fois de plus, de faire l’expérience de la proximité de Celui qui a créé le monde, qui oriente l’histoire et qui a pris soin de nous jusqu’à arriver au sommet de sa complaisance: en se faisant homme. C’est précisément le grand et fascinant mystère du Dieu avec nous, et même du Dieu qui se fait l’un de nous, que nous célébrerons au cours des prochaines semaines, en nous mettant en marche vers Noël. Au cours du temps de l’Avent, nous sentirons l’Eglise nous prendre par la main et, à l’image de la Très Sainte Vierge Marie, nous exprimer sa maternité en nous faisant faire l’expérience de l’attente joyeuse de la venue du Seigneur, qui nous embrasse tous dans son amour qui sauve et réconforte.
Tandis que nos cœurs tendent vers la célébration annuelle de la naissance du Christ, la liturgie de l’Eglise oriente notre regard vers le but ultime: la rencontre avec le Seigneur, qui viendra dans la splendeur de la gloire. C’est pourquoi, nous qui, dans chaque Eucharistie, «annonçons sa mort, proclamons sa résurrection dans l’attente de sa venue», nous veillons dans la prière. La liturgie ne se lasse jamais de nous encourager et de nous soutenir, en plaçant sur nos lèvres, au cours des jours de l’Avent, le cri par lequel se conclut toute la Sainte Ecriture, dans la dernière page de l’Apocalypse de Jean: «Viens, Seigneur Jésus!» (22, 20).
Chers frères et sœurs, notre rassemblement ce soir en vue de commencer le chemin de l’Avent s’enrichit d’un autre motif important: avec toute l’Eglise, nous voulons célébrer solennellement une veillée de prière pour la vie naissante. Je désire exprimer mes remerciements à tous ceux qui ont répondu à cette invitation et à ceux qui se consacrent de façon spécifique à accueillir et à protéger la vie humaine dans ses diverses situations de fragilité, en particulier à ses débuts et dans ses premiers pas. Le début de l’Année liturgique nous fait vivre précisément à nouveau l’attente de Dieu qui se fait chair dans le sein de la Vierge Marie, de Dieu qui se fait petit, devient enfant; il nous parle de la venue d’un Dieu proche, qui a voulu reparcourir la vie de l’homme, depuis ses débuts, et ce pour la sauver totalement, en plénitude. Et ainsi, le mystère de l’Incarnation du Seigneur et le début de la vie humaine sont intimement et harmonieusement liés entre eux au sein de l’unique dessein salvifique de Dieu, Seigneur de la vie de tous et de chacun. L’Incarnation nous révèle avec une lumière intense et de façon surprenante que chaque vie humaine possède une dignité très élevée, incomparable.
L’homme présente une originalité indéniable par rapport à tous les autres êtres vivants qui peuplent la terre. Il se présente comme sujet unique et singulier, doté d’intelligence et de volonté libre, et composé de réalité matérielle. Il vit de façon simultanée et indissociable dans la dimension spirituelle et dans la dimension corporelle. C’est ce que suggère également le texte de la Première Lettre aux Thessaloniciens, qui a été proclamée: «Que le Dieu de la paix lui-même — écrit saint Paul — vous sanctifie totalement, et que votre être entier, l’esprit, l’âme et le corps, soit gardé sans reproche à l’Avènement de notre Seigneur Jésus Christ» (5, 23). Nous sommes donc esprit, âme et corps. Nous faisons partie de ce monde, liés aux possibilités et aux limites de la condition matérielle; dans le même temps, nous sommes ouverts à un horizon infini, capables de dialoguer avec Dieu et de l’accueillir en nous. Nous œuvrons dans les réalités terrestres et à travers elles, nous pouvons percevoir la présence de Dieu et tendre vers Lui, vérité, bonté et beauté absolue. Nous goûtons des fragments de vie et de bonheur et nous aspirons à la plénitude totale.
Dieu nous aime de façon profonde, totale, sans distinction; il nous appelle à l’amitié avec Lui; il nous fait participer à une réalité au delà de toute imagination et de toute pensée et parole: sa vie divine elle-même. Avec émotion et gratitude, nous prenons conscience de la valeur, de la dignité incomparable de toute personne humaine et de la responsabilité que nous avons envers tous. «Nouvel Adam, le Christ, dans la révélation même du mystère du Père et de son amour, manifeste pleinement l’homme à lui-même et lui découvre la sublimité de sa vocation… par son incarnation, le Fils de Dieu s’est en quelque sorte uni lui-même à tout homme» (Const. Gaudium et spes, n. 22).
Croire en Jésus Christ exige également de porter un regard nouveau sur l’homme, un regard de confiance, d’espérance. Du reste, l’expérience même et la juste raison attestent que l’être humain est un sujet capable d’entendre et de vouloir, conscient de lui-même et libre, unique et irremplaçable, sommet de toutes les réalités terrestres, qui exige d’être reconnu comme valeur en lui-même et mérite toujours d’être accueilli avec respect et amour. Il a le droit de ne pas être traité comme un objet à posséder ou comme une chose que l’on peut manipuler selon son bon vouloir, de ne pas être réduit à un simple instrument au bénéfice des autres et de leurs intérêts. La personne est un bien en elle-même et il faut toujours rechercher son développement intégral. Ensuite, l’amour envers tous, s’il est sincère, tend spontanément à devenir une attention préférentielle pour les plus pauvres et les plus faibles. C’est dans cette optique que s’inscrit la sollicitude de l’Eglise pour la vie naissante, la plus fragile, la plus menacée par l’égoïsme des adultes et par l’obscurcissement des consciences. L’Eglise réaffirme sans cesse ce qu’a déclaré le Concile Vatican II: «La vie, une fois conçue, doit être protégée avec le plus grand soin» (ibid., n. 51).
Il existe des tendances culturelles qui cherchent à anesthésier les consciences par des motivations qui sont des prétextes. A propos de l’embryon dans le sein maternel, la science elle-même met en évidence son autonomie capable d’interagir avec sa mère, la coordination de processus biologiques, la continuité du développement, la complexité croissante de l’organisme. Il ne s’agit pas d’une accumulation de matériel biologique, mais d’un nouvel être vivant, dynamique et merveilleusement ordonné, un nouvel individu de l’espèce humaine. Il en a été ainsi pour Jésus dans le sein de Marie; il en a été ainsi pour chacun de nous, dans le sein de sa mère. Avec l’antique auteur chrétien Tertullien, nous pouvons affirmer: «Il est déjà un homme celui qui le sera» (Apologétique, IX, 8); il n’y a aucune raison de ne pas le considérer comme une personne dès sa conception.
Malheureusement, après la naissance également, la vie des enfants continue à être exposée à l’abandon, à la faim, à la misère, à la maladie, aux abus, à la violence, à l’exploitation. Les multiples violations de leurs droits qui sont commises dans le monde blessent douloureusement la conscience de chaque homme de bonne volonté. Devant le triste panorama des injustices commises contre la vie de l’homme, avant et après la naissance, je fais mien l’appel passionné du Pape Jean-Paul II à la responsabilité de tous et de chacun: «Respecte, défends, aime et sers la vie, toute la vie humaine! C’est seulement sur cette voie que tu trouveras la justice, le développement, la liberté véritable, la paix et le bonheur!» (Enc. Evangelium vitae, n. 5). J’exhorte les acteurs de la politique, de l’économie et de la communication sociale à faire ce qui est en leur pouvoir, pour promouvoir une culture toujours respectueuse de la vie humaine, pour créer des conditions favorables et des réseaux de soutien à l’accueil et au développement de celle-ci.
Nous confions à la Vierge Marie, qui a accueilli le Fils de Dieu fait homme par sa foi, dans son sein maternel, avec une sollicitude prévenante, en l’accompagnant de façon solidaire et vibrante d’amour, la prière et l’engagement en faveur de la vie naissante. Nous le faisons dans la liturgie — qui est le lieu où nous vivons la vérité et où la vérité vit avec nous — en adorant la divine Eucharistie, dans laquelle nous contemplons le Corps du Christ, ce Corps qui s’incarna en Marie par l’œuvre de l’Esprit Saint, et qui naquit d’elle à Bethléem, pour notre salut. Ave, verum corpus, natum de Maria Virgine!

 

BENOÎT XVI – ART ET PRIÈRE (2011)

27 novembre, 2017

http://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/audiences/2011/documents/hf_ben-xvi_aud_20110831.html

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BENOÎT XVI – ART ET PRIÈRE

AUDIENCE GÉNÉRALE

Castel Gandolfo

Mercredi 31 août 2011

Chers frères et sœurs,

Ces derniers temps, j’ai rappelé à plusieurs reprises la nécessité pour chaque chrétien de trouver du temps pour Dieu, pour la prière, parmi les nombreuses préoccupations qui remplissent nos journées. Le Seigneur lui-même nous offre de nombreuses occasions pour que nous nous souvenions de Lui. Aujourd’hui, je voudrais m’arrêter brièvement sur l’une des voies qui peuvent nous conduire à Dieu et nous aider également à le rencontrer: c’est la voie des expressions artistiques, qui font partie de la via pulchritudinis — «voie de la beauté» — dont j’ai parlé à plusieurs reprises et dont l’homme d’aujourd’hui devrait retrouver la signification la plus profonde.
Il vous est sans doute parfois arrivé, devant une sculpture ou un tableau, les vers d’une poésie ou en écoutant un morceau de musique, d’éprouver une émotion intime, un sentiment de joie, c’est-à-dire de ressentir clairement qu’en face de vous, il n’y avait pas seulement une matière, un morceau de marbre ou de bronze, une toile peinte, un ensemble de lettres ou un ensemble de sons, mais quelque chose de plus grand, quelque chose qui «parle», capable de toucher le cœur, de communiquer un message, d’élever l’âme. Une œuvre d’art est le fruit de la capacité créative de l’être humain, qui s’interroge devant la réalité visible, s’efforce d’en découvrir le sens profond et de le communiquer à travers le langage des formes, des couleurs, des sons. L’art est capable d’exprimer et de rendre visible le besoin de l’homme d’aller au-delà de ce qui se voit, il manifeste la soif et la recherche de l’infini. Bien plus, il est comme une porte ouverte vers l’infini, vers une beauté et une vérité qui vont au-delà du quotidien. Et une œuvre d’art peut ouvrir les yeux de l’esprit et du cœur, en nous élevant vers le haut.
Mais il existe des expressions artistiques qui sont de véritables chemins vers Dieu, la Beauté suprême, et qui aident même à croître dans notre relation avec Lui, dans la prière. Il s’agit des œuvres qui naissent de la foi et qui expriment la foi. Nous pouvons en voir un exemple lorsque nous visitons une cathédrale gothique: nous sommes saisis par les lignes verticales qui s’élèvent vers le ciel et qui attirent notre regard et notre esprit vers le haut, tandis que, dans le même temps, nous nous sentons petits, et pourtant avides de plénitude… Ou lorsque nous entrons dans une église romane: nous sommes invités de façon spontanée au recueillement et à la prière. Nous percevons que dans ces splendides édifices, est comme contenue la foi de générations entières. Ou encore, lorsque nous écoutons un morceau de musique sacrée qui fait vibrer les cordes de notre cœur, notre âme est comme dilatée et s’adresse plus facilement à Dieu. Il me revient à l’esprit un concert de musiques de Jean Sébastien Bach, à Munich , dirigé par Leonard Berstein. Au terme du dernier morceau, l’une des Cantate, je ressentis, non pas de façon raisonnée, mais au plus profond de mon cœur, que ce que j’avais écouté m’avait transmis la vérité, la vérité du suprême compositeur, et me poussait à rendre grâce à Dieu. A côté de moi se tenait l’évêque luthérien de Munich et, spontanément, je lui dis: «En écoutant cela, on comprend que c’est vrai; une foi aussi forte est vraie, de même que la beauté qui exprime de façon irrésistible la présence de la vérité de Dieu. Mais combien de fois des tableaux ou des fresques, fruit de la foi de l’artiste, dans leurs formes, dans leurs couleurs, dans leur lumière, nous poussent à tourner notre pensée vers Dieu et font croître en nous le désir de puiser à la source de toute beauté. Ce qu’a écrit un grand artiste, Marc Chagall, demeure profondément vrai, à savoir que pendant des siècles, les peintres ont trempé leur pinceau dans l’alphabet coloré qu’est la Bible. Combien de fois, alors, les expressions artistiques peuvent être des occasions de nous rappeler de Dieu, pour aider notre prière ou encore la conversion du cœur! Paul Claudel, célèbre poète, dramaturge et diplomate français, ressentit la présence de Dieu dans la Basilique Notre-Dame de Paris, en 1886, précisément en écoutant le chant du Magnificat lors de la Messe de Noël. Il n’était pas entré dans l’église poussé par la foi, il y était entré précisément pour chercher des arguments contre les chrétiens, et au lieu de cela, la grâce de Dieu agit dans son cœur.
Chers amis, je vous invite à redécouvrir l’importance de cette voie également pour la prière, pour notre relation vivante avec Dieu. Les villes et les pays dans le monde entier abritent des trésors d’art qui expriment la foi et nous rappellent notre relation avec Dieu. Que la visite aux lieux d’art ne soit alors pas uniquement une occasion d’enrichissement culturel — elle l’est aussi — mais qu’elle puisse devenir surtout un moment de grâce, d’encouragement pour renforcer notre lien et notre dialogue avec le Seigneur, pour nous arrêter et contempler — dans le passage de la simple réalité extérieure à la réalité plus profonde qu’elle exprime — le rayon de beauté qui nous touche, qui nous «blesse» presque au plus profond de notre être et nous invite à nous élever vers Dieu. Je finis par une prière d’un Psaume, le psaume 27: «Une chose qu’au Seigneur je demande, la chose que je cherche, c’est d’habiter la maison du Seigneur tous les jours de ma vie, de savourer la douceur du Seigneur, de rechercher son palais» (v. 4). Espérons que le Seigneur nous aide à contempler sa beauté, que ce soit dans la nature ou dans les œuvres d’art, de façon à être touchés par la lumière de son visage, afin que nous aussi, nous puissions être lumières pour notre prochain. Merci.[Vidéo]

 

Chers frères et sœurs,

Ces derniers temps, j’ai rappelé à plusieurs reprises la nécessité pour chaque chrétien de trouver du temps pour Dieu, pour la prière, parmi les nombreuses préoccupations qui remplissent nos journées. Le Seigneur lui-même nous offre de nombreuses occasions pour que nous nous souvenions de Lui. Aujourd’hui, je voudrais m’arrêter brièvement sur l’une des voies qui peuvent nous conduire à Dieu et nous aider également à le rencontrer: c’est la voie des expressions artistiques, qui font partie de la via pulchritudinis — «voie de la beauté» — dont j’ai parlé à plusieurs reprises et dont l’homme d’aujourd’hui devrait retrouver la signification la plus profonde.
Il vous est sans doute parfois arrivé, devant une sculpture ou un tableau, les vers d’une poésie ou en écoutant un morceau de musique, d’éprouver une émotion intime, un sentiment de joie, c’est-à-dire de ressentir clairement qu’en face de vous, il n’y avait pas seulement une matière, un morceau de marbre ou de bronze, une toile peinte, un ensemble de lettres ou un ensemble de sons, mais quelque chose de plus grand, quelque chose qui «parle», capable de toucher le cœur, de communiquer un message, d’élever l’âme. Une œuvre d’art est le fruit de la capacité créative de l’être humain, qui s’interroge devant la réalité visible, s’efforce d’en découvrir le sens profond et de le communiquer à travers le langage des formes, des couleurs, des sons. L’art est capable d’exprimer et de rendre visible le besoin de l’homme d’aller au-delà de ce qui se voit, il manifeste la soif et la recherche de l’infini. Bien plus, il est comme une porte ouverte vers l’infini, vers une beauté et une vérité qui vont au-delà du quotidien. Et une œuvre d’art peut ouvrir les yeux de l’esprit et du cœur, en nous élevant vers le haut.
Mais il existe des expressions artistiques qui sont de véritables chemins vers Dieu, la Beauté suprême, et qui aident même à croître dans notre relation avec Lui, dans la prière. Il s’agit des œuvres qui naissent de la foi et qui expriment la foi. Nous pouvons en voir un exemple lorsque nous visitons une cathédrale gothique: nous sommes saisis par les lignes verticales qui s’élèvent vers le ciel et qui attirent notre regard et notre esprit vers le haut, tandis que, dans le même temps, nous nous sentons petits, et pourtant avides de plénitude… Ou lorsque nous entrons dans une église romane: nous sommes invités de façon spontanée au recueillement et à la prière. Nous percevons que dans ces splendides édifices, est comme contenue la foi de générations entières. Ou encore, lorsque nous écoutons un morceau de musique sacrée qui fait vibrer les cordes de notre cœur, notre âme est comme dilatée et s’adresse plus facilement à Dieu. Il me revient à l’esprit un concert de musiques de Jean Sébastien Bach, à Munich , dirigé par Leonard Berstein. Au terme du dernier morceau, l’une des Cantate, je ressentis, non pas de façon raisonnée, mais au plus profond de mon cœur, que ce que j’avais écouté m’avait transmis la vérité, la vérité du suprême compositeur, et me poussait à rendre grâce à Dieu. A côté de moi se tenait l’évêque luthérien de Munich et, spontanément, je lui dis: «En écoutant cela, on comprend que c’est vrai; une foi aussi forte est vraie, de même que la beauté qui exprime de façon irrésistible la présence de la vérité de Dieu. Mais combien de fois des tableaux ou des fresques, fruit de la foi de l’artiste, dans leurs formes, dans leurs couleurs, dans leur lumière, nous poussent à tourner notre pensée vers Dieu et font croître en nous le désir de puiser à la source de toute beauté. Ce qu’a écrit un grand artiste, Marc Chagall, demeure profondément vrai, à savoir que pendant des siècles, les peintres ont trempé leur pinceau dans l’alphabet coloré qu’est la Bible. Combien de fois, alors, les expressions artistiques peuvent être des occasions de nous rappeler de Dieu, pour aider notre prière ou encore la conversion du cœur! Paul Claudel, célèbre poète, dramaturge et diplomate français, ressentit la présence de Dieu dans la Basilique Notre-Dame de Paris, en 1886, précisément en écoutant le chant du Magnificat lors de la Messe de Noël. Il n’était pas entré dans l’église poussé par la foi, il y était entré précisément pour chercher des arguments contre les chrétiens, et au lieu de cela, la grâce de Dieu agit dans son cœur.
Chers amis, je vous invite à redécouvrir l’importance de cette voie également pour la prière, pour notre relation vivante avec Dieu. Les villes et les pays dans le monde entier abritent des trésors d’art qui expriment la foi et nous rappellent notre relation avec Dieu. Que la visite aux lieux d’art ne soit alors pas uniquement une occasion d’enrichissement culturel — elle l’est aussi — mais qu’elle puisse devenir surtout un moment de grâce, d’encouragement pour renforcer notre lien et notre dialogue avec le Seigneur, pour nous arrêter et contempler — dans le passage de la simple réalité extérieure à la réalité plus profonde qu’elle exprime — le rayon de beauté qui nous touche, qui nous «blesse» presque au plus profond de notre être et nous invite à nous élever vers Dieu. Je finis par une prière d’un Psaume, le psaume 27: «Une chose qu’au Seigneur je demande, la chose que je cherche, c’est d’habiter la maison du Seigneur tous les jours de ma vie, de savourer la douceur du Seigneur, de rechercher son palais» (v. 4). Espérons que le Seigneur nous aide à contempler sa beauté, que ce soit dans la nature ou dans les œuvres d’art, de façon à être touchés par la lumière de son visage, afin que nous aussi, nous puissions être lumières pour notre prochain. Merci.

HOMÉLIE 34E DIMANCHE ORDINAIRE A, CHRIST ROI DE L’UNIVERS

24 novembre, 2017

http://parolesdudimanche.blogs.lalibre.be/

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HOMÉLIE 34E DIMANCHE ORDINAIRE A, CHRIST ROI DE L’UNIVERS

Ez 34, 11-12, 15-17 ; 1 Co 15, 20-26.28 ; Mt 25, 31-46

Rappelez-vous le film de Danis Tanovic : « L’enfer ». Un enfer sur terre. Avec un casting d’enfer, dont Marie Gillain et Emmanuelle Béart. Un critique le décrivait plein de symbolismes. D’ailleurs, Satan, l’Enfer et leurs horreurs, refont surface. De nombreux collégien(ne)s se laissent même séduire par la mouvance satano-gothique musicale et vestimentaire, mais qui véhicule aussi des idées mortifères.
Parmi des œuvres byzantines séculaires, on voit également l’archange Michel pesant les âmes des défunts sur une balance. Tandis qu’un horrible démon tente de la faire pencher de son côté. Aux tympans de la cathédrale d’Autun, on découvre les damnés, entassés dans un chaudron, et un diable qui les pousse de sa fourche vers l’huile bouillante. Des scènes inspirées par des textes de l’Apocalypse, provenant eux-mêmes du livre de Daniel, deux siècles plus vieux, à une époque de persécution, de détresse, et donc d’horreur.
Jésus et les évangélistes ont évidemment utilisé images et traditions de leur culture. Ils se sont notamment inspirés d’Ezéchiel, qui, six siècles plus tôt, avait connu l’exil à Babylone. A cette époque, les rois des peuples nomades étaient considérés comme des bergers. Ezéchiel a connu de très mauvais pasteurs, qui ont conduit leur pays à la ruine. Une royauté guerrière. Les brebis ont été malmenées, dépouillées, amenées en captivité ou condamnées à fuir. Comme aujourd’hui, il y a des millions d’immigrés traumatisés, sans papiers, ni argent, ni abris.
Mais que faire ? Susciter un autre esprit. Changer de régime. D’où, l’avertissement du prophète :  » Maintenant, dit le Seigneur, j’ irai moi-même à la recherche de mes brebis, et je veillerai sur elles « . Non pas pour remplacer les gouvernements en place, mais pour établir entre Dieu et ses enfants des relations de service et d’amour, de justice et de paix, de tendresse et de sollicitude. Pour le prophète, le vrai pouvoir se traduit en service. D’abord, pour les plus faibles. Plus tard, on dira que la royauté de Dieu s’incarne en Jésus Christ par des gestes expressifs, tel celui du lavement des pieds.
C’est ce que nous retrouvons dans la fresque du  » Jugement universel « , brossée par Matthieu.
Nous serons jugés. Nous le sommes même chaque jour, sur le service d’amour vrai, rendu à nos semblables, dont les plus vulnérables et les plus délaissés. Mais Matthieu ne s’adresse plus au public d’Ezéchiel, ni à celui de Jésus. Nous sommes dans les premiers temps de l’Eglise. Les chrétiens attendent le retour du Christ. C’est pour très bientôt. Demain peut-être. Donc, plus la peine de chercher du travail, ni de se marier, ni de faire des projets. D’où, la tentation pour certains de se croiser les bras en attendant, sans rien faire. Conséquence ? On se désintéresse des problèmes concrets de la vie courante, personnelle, sociale, culturelle ou politique. Au risque de se contenter d’une spiritualité désincarnée et passive. Réactions de Matthieu et de Paul : De grâce, réveillez-vous, revenez sur terre ! Et regardez bien autour de vous.
Oui, le Christ reviendra. A la fin des temps. Mais il est toujours présent. On peut même le croiser sans pour autant le voir, surtout parmi les petits, les souffrants, les marginalisés. Et c’est chaque jour que le Christ est témoin et juge de nos comportements vis-à-vis d’autrui, proche ou lointain. Notamment, mais pas seulement, ceux et celles qui souffrent de la faim, de l’injustice, de la solitude ou de la prison, de la haine, de la maladie, du refus de pardon, du mépris ou de l’intolérance. Le Christ se reconnaît en eux. Tout ce qui est fait ou pas à leur égard, le touche donc personnellement.
N’allons pas croire pour autant que les brebis représentent les bons juifs ou les bons chrétiens, tandis que les boucs seraient païens, incroyants et membres d’autres religions. La distinction se fait avec d’autres critères. Il ne suffit pas de proclamer sa foi au Christ, ni de l’adorer dans un ostensoir d’or. Le visage de Dieu se découvre aussi dans celui de tous nos prochains, et dans bien des endroits où on ne le cherche guère. Or, n’importe qui peut servir le Seigneur sans même connaître son nom. Le premier temple de Dieu, c’est l’humanité souffrante. D’où l’importance des actions humanitaires et des comportements ordinaires qui, de fait, révèlent l’Evangile. Accomplir ces gestes, c’est être vraiment dans le réel, dans la vie, pour y rester définitivement. Par contre, les omettre c’est, d’une certaine manière, comme l’écrivait un moine, « manquer le train et risquer de ne jamais arriver à destination ».
Lors d’un congrès eucharistique sur le thème « Pain rompu pour un monde nouveau », Helder Camara expliquait qu’il existe un lien très fort entre l’eucharistie et la construction d’un monde meilleur. Il prit l’exemple d’un sacrilège : Tabernacle fracturé, ciboire renversé, hosties jetées dans la boue. Lors d’une célébration de réparation, il dit aux paroissiens : « Frères et sœurs, nous sommes aveugles. La découverte des hosties dans la boue nous a bouleversés, alors que chez nous le Christ dans la boue est un phénomène quotidien. C’est tous les jours que nous le rencontrons dans les taudis qui n’ont plus rien d’humain. Présent dans l’eucharistie, le Christ connaît une autre présence réelle. Dans la misère humaine »… C’est ce que vient de nous rappeler l’évangile.

Il nous reste maintenant à ruminer la leçon.

P. Fabien Deleclos, franciscain (T)
1925 – 2008

BENOÎT XVI – SAINT CLÉMENT, EVÊQUE DE ROME (23 novembre)

22 novembre, 2017

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San Clemente I Pape (pas sûr)

BENOÎT XVI – SAINT CLÉMENT, EVÊQUE DE ROME (23 novembre)

AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercredi 7 mars 2007

Chers frères et soeurs,

Nous avons médité au cours des derniers mois sur les figures de chaque Apôtre et sur les premiers témoins de la foi chrétienne, que les écrits du Nouveau Testament mentionnent. A présent, nous consacrons notre attention aux Pères apostoliques, c’est-à-dire à la première et à la deuxième génération dans l’Eglise après les Apôtres. Et nous pouvons ainsi voir comment débute le chemin de l’Eglise dans l’histoire.
Saint Clément, Evêque de Rome au cours des dernières années du premier siècle, est le troisième Successeur de Pierre, après Lin et Anaclet. Sur sa vie, le témoignage le plus important est celui de saint Irénée, Evêque de Lyon jusqu’en 202. Il atteste que Clément « avait vu les Apôtres », « les avait rencontrés », et avait « encore dans les oreilles leur prédication, et devant les yeux leur tradition » (Adv. haer. 3, 3, 3). Des témoignages tardifs, entre le quatrième et le sixième siècle, attribuent à Clément le titre de martyr.
L’autorité et le prestige de cet Evêque de Rome étaient tels que divers écrits lui furent attribués, mais son unique œuvre certaine est la Lettre aux Corinthiens. Eusèbe de Césarée, le grand « archiviste » des origines chrétiennes, la présente en ces termes: « Une lettre de Clément reconnue comme authentique, grande et admirable nous a été transmise. Elle fut écrite par lui, de la part de l’Eglise de Rome, à l’Eglise de Corinthe… Nous savons que depuis longtemps, et encore de nos jours, celle-ci est lue publiquement au cours de la réunion des fidèles » (Hist. Eccl. 3, 16). On attribuait à cette lettre un caractère presque canonique. Au début de ce texte – écrit en grec – Clément regrette que « les adversités imprévues, qui ont eu lieu l’une après l’autre » (1, 1), ne lui aient pas permis une intervention plus prompte. Ces « adversités » doivent être comprises comme la persécution de Domitien: c’est pourquoi la date de la rédaction de la lettre doit remonter à l’époque qui suivit immédiatement la mort de l’empereur et la fin de la persécution, c’est-à-dire tout de suite après 96.
L’intervention de Clément – nous sommes encore au I siècle – était rendue nécessaire par les graves problèmes que traversait l’Eglise de Corinthe: en effet, les prêtres des communautés avaient été déposés par plusieurs jeunes contestataires. Cet événement douloureux est rappelé, encore une fois, par saint Irénée, qui écrit: « Sous Clément, un conflit important étant apparu parmi les frères de Corinthe, l’Eglise de Rome envoya aux Corinthiens une lettre très importante pour qu’ils se réconcilient dans la paix, qu’ils renouvellent leur foi et annoncent la tradition, qu’ils avaient reçue des Apôtres depuis peu de temps » (Adv. haer. 3, 3, 3). Nous pourrions donc dire que cette lettre constitue un premier exercice du Primat romain après la mort de saint Pierre. La lettre de Clément reprend des thèmes chers à saint Paul, qui avait écrit deux longues lettres aux Corinthiens, en particulier la dialectique théologique, éternellement actuelle, entre l’indicatif du salut et l’impératif de l’engagement moral. Il y a avant tout l’heureuse annonce de la grâce qui sauve. Le Seigneur nous prévient et nous donne le pardon, il nous donne son amour, la grâce d’être chrétiens, ses frères et soeurs. C’est une annonce qui remplit notre vie de joie et qui donne de l’assurance à notre action: le Seigneur nous prévient toujours avec sa bonté et la bonté du Seigneur est toujours plus grande que tous nos péchés. Il faut cependant que nous nous engagions de manière cohérente avec le don reçu et que nous répondions à l’annonce de salut par un chemin généreux et courageux de conversion. Par rapport au modèle paulinien, la nouveauté est que Clément fait suivre la partie doctrinale et la partie pratique, qui étaient constitutives de toutes les lettres pauliniennes, par une « grande prière » qui conclut pratiquement la lettre.
L’occasion immédiate de la lettre donne à l’Evêque de Rome la possibilité d’une ample intervention sur l’identité de l’Eglise et sur sa mission. S’il y eut des abus à Corinthe, observe Clément, le motif doit être recherché dans l’affaiblissement de la charité et d’autres vertus chrétiennes indispensables. C’est pourquoi il rappelle les fidèles à l’humilité et à l’amour fraternel, deux vertus véritablement constitutives de l’existence dans l’Eglise: « Nous sommes une portion sainte », avertit-il, « nous accomplissons donc tout ce que la sainteté exige » (30, 1). En particulier, l’Evêque de Rome rappelle que le Seigneur lui-même « a établi où et par qui il désire que les services liturgiques soient accomplis, afin que chaque chose, faite de façon sainte et avec son accord, soit conforme à sa volonté… En effet, au prêtre suprême ont été confiées des fonctions liturgiques qui lui sont propres, pour les prêtres a été établie la place qui leur est propre, et aux lévites reviennent des services spécifiques. L’homme laïc est lié à l’organisation laïque » (40, 1-5: notons qu’ici, dans cette lettre de la fin du I siècle, apparaît pour la première fois dans la littérature chrétienne le terme grec « laikós » qui signifie « membre du laos », c’est-à-dire « du peuple de Dieu »).
De cette façon, en se référant à la liturgie de l’antique Israël, Clément dévoile son idéal d’Eglise. Celle-ci est rassemblée par l’ »unique Esprit de grâce répandu sur nous » qui souffle dans les divers membres du Corps du Christ, dans lequel tous, unis sans aucune séparation, sont « membres les uns des autres » (46, 6-7). La nette distinction entre le « laïc » et la hiérarchie ne signifie en aucune manière une opposition, mais uniquement ce lien organique d’un corps, d’un organisme, avec ses diverses fonctions. En effet, l’Eglise n’est pas un lieu de confusion, ni d’anarchie, où chacun peut faire ce qu’il veut à tout instant: dans cet organisme, à la structure articulée, chacun exerce son ministère selon la vocation reçue. En ce qui concerne les chefs de la communauté, Clément explique clairement la doctrine de la succession apostolique. Les normes qui la régissent découlent en ultime analyse de Dieu lui-même. Le Père a envoyé Jésus Christ, qui à son tour a envoyé les Apôtres. Puis, ceux-ci ont envoyé les premiers chefs des communautés et ils ont établi que d’autres hommes dignes leur succèdent. Tout procède donc « de façon ordonnée de la volonté de Dieu » (42). A travers ces paroles, avec ces phrases, saint Clément souligne que l’Eglise possède une structure sacramentelle et non une structure politique. L’action de Dieu qui vient à notre rencontre dans la liturgie précède nos décisions et nos idées. L’Eglise est surtout un don de Dieu et non pas notre créature, et c’est pourquoi cette structure sacramentelle ne garantit pas seulement l’organisation commune, mais également la pré-éminence du don de Dieu, dont nous avons tous besoin.
Finalement, la « grande prière » confère un souffle universel aux argumentations précédentes. Clément loue et rend grâce à Dieu pour sa merveilleuse providence d’amour, qui a créé le monde et continue à le sauver et à le sanctifier. L’invocation adressée aux gouvernants revêt une importance particulière. Après les textes du Nouveau Testament, celle-ci représente la prière la plus antique pour les institutions politiques. Ainsi, au lendemain de la persécution, les chrétiens, bien conscients que les persécutions allaient se poursuivre, ne cessent de prier pour les autorités mêmes qui les avaient condamnés injustement. Le motif est avant tout d’ordre christologique: il faut prier pour les persécuteurs, comme le fit Jésus sur la Croix. Mais cette prière contient également un enseignement qui guide, au fil des siècles, l’attitude des chrétiens à l’égard de la politique et de l’Etat. En priant pour les autorités, Clément reconnaît la légitimité des Institutions politiques dans l’ordre établi par Dieu; dans le même temps, il manifeste la préoccupation que les autorités soient dociles à Dieu et « exercent le pouvoir que Dieu leur a donné dans la paix et la mansuétude avec piété » (61, 2). César n’est pas tout. Une autre souveraineté apparaît, dont l’origine et l’essence ne sont pas de ce monde, mais « d’en haut »: c’est celle de la Vérité, à laquelle revient également le droit d’être écoutée par l’Etat.
Ainsi, la lettre de Clément affronte de nombreux thèmes d’une actualité permanente. Celle-ci est d’autant plus significative, qu’elle représente, depuis le premier siècle, la sollicitude de l’Eglise de Rome qui préside à toutes les autres Eglise dans la charité. Avec le même Esprit, nous faisons nôtres les invocations de la « grande prière », là où l’Evêque de Rome se fait la voix du monde entier: « Oui, ô Seigneur, fais resplendir sur nous ton visage dans le bien de la paix; protège-nous de ta main puissante… Nous te rendons grâces, à travers le Prêtre suprême et guide de nos âmes, Jésus Christ, au moyen duquel nous te rendons gloire et louange, à présent et de génération en génération, pour les siècles des siècles. Amen » (60-61).

22 NOVEMBRE – SAINTE CÉCILE

21 novembre, 2017

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2 NOVEMBRE – SAINTE CÉCILE

Sommaire :
Méditation
Prière de Ste Thérèse
Méditation

Au jour de la fête de sainte Cécile1, la patronne des musiciens, il est bien naturel que je pense tout particulièrement et que je vous invite à prier pour les organistes de notre paroisse, pour ceux qui dirigent les chants de nos assemblées et pour la chorale qui embellit nos fêtes liturgiques. Je veux ici, en votre nom et au mien, leur exprimer notre gratitude et, ce faisant, les assurer qu’ils peuvent compter sur notre attachement et sur notre prière.
Dans l’Eglise, à la fois maison céleste et terrestre de Dieu, les âmes sont agglutinées ensemble par le ciment d’un même amour qui les fait vivre d’une même et divine vie. L’Eglise est l’Epouse aimante de l’Epoux divin qui est venu sur cette terre pour purifier en son sang et s’unir pour l’éternité les âmes embellies par sa grâce. C’est pourquoi le colloque est perpétuel entre Jésus et l’Eglise.
La prière liturgique qui l’expression de cet Amour, s’élève à tout instant du cœur et des lèvres des fidèles qui apprécient le bonheur de s’y associer : « Venez, chantons le Seigneur ! Poussons des cris de joie vers le rocher de notre salut. Allons à sa rencontre avec des louanges. Faisons retentir des hymnes en son honneur. Car c’est un grand Dieu que notre Dieu … Venez, prosternons-nous et adorons ; fléchissons le genou devant le Seigneur, notre Créateur. Car il est notre Dieu ; et nous sommes le peuple que sa main conduit. » Même en présence des dépouilles mortelles de ses enfants, l’Eglise entonne cet « Invitatoire », cet appel à la joie, parce que la mort ne saurait détruire cet amour éternel. Or l’amour chante, il exprime ce bonheur intime, cette joie qui est, disait Chesterton « le secret gigantesque du chrétien », à qui la prière intime ne suffit pas et qui a besoin de s’extérioriser. « Qui chante, deux fois prie », enseignait saint Augustin.
Nous avons reçu la joie en possédant l’amour. L’état de grâce est l’état de la joie, l’état de l’amour répandu dans nos cœurs par le Saint-Esprit. Comme elle est rayonnante, Marie, pleine de grâce, participant plus que tous les autres à la gloire infinie ! « Magnificat… Et exsultavit spiritus meus… » Comme il exulte, l’humble et pauvre François d’Assise, de la richesse et de la joie de Dieu ! « Il n’était indigent de rien puisqu’il possédait son Dieu », dit Léon Bloy. Comme elle chante, le nouveau docteur de l’Eglise, sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus et de la Sainte-Face : « C’est l’exil qui est triste et non la vie, dit-elle. Il faut réserver ce beau nom de vie à ce qui ne doit jamais mourir ; et puisque nous en jouissons dès ce monde, la vie n’est pas triste, mais gaie, très gaie ! »
Le saint apôtre Paul écrit : « Ne vous enivrez pas de vin, c’est la source de la débauche ; mais remplissez-vous de l’Esprit-Saint. Entretenez-vous les uns et les autres de psaumes, d’hymnes et de cantiques spirituels, chantant et psalmodiant du fond du cœur en l’honneur du Seigneur. Rendez continuellement grâces pour toutes choses à Dieu le Père, au nom de notre Seigneur Jésus-Christ.2 » La joie spirituelle, la sobre ivresse dont parlent les Pères est donc le fruit du Saint-Esprit. Pour louer Dieu comme il convient et pour remédier aux risques d’oubli ou de négligence de ce devoir essentiel, l’Eglise a inséré les psaumes en sa Liturgie.
Longtemps, c’est en dialoguant le psaume « Judica me3 » que nous nous approchions de l’autel. L’Introït, souvent encore, rappelle le chant de psaumes entiers qui formait autrefois l’essentiel des assemblées chrétiennes. Il faut comprendre de la même façon le chant du Graduel et l’antienne de l’Offertoire et celle de la Communion. Ainsi, les pièces du propre de la fête de sainte Cécile expriment aussi bien l’allégresse de l’alliance que la fierté du témoignage et du combat pour la foi. L’Introït « Loquebas », dit : « Je parle de tes témoignages devant les rois, et je n’en rougis pas. Je fais mes délices de tes ordonnances, que j’aime.4 » Le Graduel : « Ecoute, ô ma fille, et vois, et prête l’oreille. Oublie ton peuple et la maison de ton père, car le roi est épris de ta beauté.5 » L’Offertoire : « On présente au Roi des vierges. Elles sont présentées dans la joie et l’allégresse, elles sont introduites dans le palais du Roi.6 » La Communion : « Qu’ils soient confondus, les orgueilleux, parce qu’ils m’oppriment injustement, moi qui médite ta loi.7 »
Un seul texte, pris chez sain Augustin suffirait à proclamer la grandeur des Psaumes : « Pour que Dieu fût loué dignement, Dieu se loua lui même. » Et Fénelon d’ajouter : « Dieu y est si grand que tout disparaît devant lui ; il y est si puissant que la simple cessation de son regard anéantit toute la nature. Mais ce qu’il y a de plus doux et de plus aimable est de chanter avec David ses éternelles miséricordes… C’est le vrai amour qui les a composés dans le cœur du Psalmiste, c’est le même amour qui les compose à nouveau dans le cœur de ceux qui les chantent. C’est le chant des Psaumes qui console l’Eglise ici-bas… Heureux ceux qui font sentir aux chrétiens cette consolations. »
Au ciel, les anges chantent la gloire de Dieu : « et toutes les créatures disaient : A Celui qui est assis sur le trône et à l’Agneau, louange, honneur, gloire et puissance dans les siècles des siècles.8 » Jésus est l’auteur en même temps que le terme de l’éternelle Louange. Or les saints sont, dès ce monde, sont accordés en lui à ce concert sans fin. Ainsi sainte Cécile portait l’Evangile nuit et jour contre son cœur, passant sa vie, comme au ciel, dans une prière incessante.
Le Mystère de l’autel n’est pas seulement sur la terre la figure et l’avant-goût du ciel, mais déjà le Ciel, comme la liturgie le souligne au début de la préface du canon de la messe : « Oui, il est vraiment digne… de vous rendre grâces en tout temps et en tout lieu. Dieu saint, Père tout-puissant et éternel, par le Christ notre Seigneur. Par lui les anges louent votre majesté … C’est pourquoi, avec eux et avec toute l’armée des cieux, nous chantons l’hymne de votre gloire, redisant sans fin : Sanctus, Sanctus, Sanctus … » La messe est la participation de la terre à la liturgie céleste. L’action du Christ-Prêtre en sa Passion et sa Résurrection constitue la liturgie du ciel, et l’Eucharistie la rend présente sous les voiles sacramentels. Pour saint Grégoire de Nazianze, les baptisés, déjà unis aux anges, participent à la liturgie du ciel. A la procession d’entrée, « le chant des psaumes est le prélude des hymnes du ciel. Les cierges que vous tenez à la main représentent le cortège lumineux avec lequel nous irons au-devant de l’Epoux, âmes lumineuses et vierges, portant les cierges lumineux de la foi. » Par la messe, la louange de Dieu devient parfaite et le monde atteint la fin pour laquelle il a été créé.
Bénissez Dieu, mes très chers Frères, qui vous associe à l’œuvre si grande et si nécessaire de la louange et de la gloire divines ! N’oubliez jamais que, si l’amour de Dieu doit vous inspirer une filiale confiance, sa puissance infinie, autant que les exigences de sa parfaite justice, doivent vous maintenir en cette humilité respectueuse dont sont pénétrés tous ceux qui le servent, fussent les brûlants Séraphins. Le fruit de la communion à Jésus-Eucharistie sera la force de vous immoler au devoir quotidien et à l’apostolat.
1 Sainte Cécile, selon sa Passion, a vécu à Rome au premier ou au deuxième siècle. Jeune fille de la plus haute noblesse elle est contrainte par sa famille d’épouser le noble romain Valerius alors qu’elle a fait vœu de virginité. Toutefois, dans la chambre nuptiale, elle convertit le jeune homme au christianisme après l’apparition d’un ange, et elle le convainc à recevoir le baptême avec son frère Tiburce. Puis Cécile qui a refusé de sacrifier aux dieux païens, est condamnée à mourir étouffée dans une chaudière. Mais un miracle se produit : elle est rafraîchie par une nuée venue du ciel. Elle est alors promise à la décapitation ; le bourreau, malgré trois coups violents, ne parvient pas à détacher la tête de son corps ; elle agonise ainsi mutilée pendant trois Jours. L’iconographie représente principalement le mariage de Cécile et la conversion de Valerius (avec l’apparition de l’ange) et le martyre de la sainte dans la chaudière. A partir de la fin du XV° siècle, quand elle est figurée seule, Cécile reçoit de plus en plus souvent pour attribut un instrument de musique : orgue portatif (Raphaël, 1516), harpe, luth et même violon. Cette Cécile « musicienne » trouve son origine dans un contresens fait à la fin du Moyen Age sur une phrase du récit de sa Passion : on a cru qu’elle se rendait au supplice en jouant de l’orgue, alors qu’au contraire elle cherchait à ne pas entendre la musique qui accompagnait son martyre. Quoi qu’il en fût, elle est à l’époque moderne la patronne de la musique sacrée, des musiciens, des chanteurs et des fabricants d’instruments.
2 Epître de saint Paul aux Ephésiens, VI 18-20.
3 Psaume XLII.
4 Psaume CXVIII.
5 Psaume XLIV.
6 Psaume XLIV.
7 Psaume CXVIII.
8 Apocalypse, V 13.
Prière

La pureté, de l’Ange est le brillant partage,
Son immense bonheur ne doit jamais fini ;
Mais sur le Séraphin vous avez l’avantage :
Vous pouvez être purs et vous pouvez souffrir !
Cécile, prête-moi ta douce mélodie :
Je voudrais convertir à Jésus tant de cœurs !
Je voudrais comme toi, sacrifier ma vie,
Je voudrais lui donner tout mon sang et mes pleurs.
Obtiens-moi de goûter, sur la rive étrangère.
Le parfait abandon, ce doux fruit de l’amour !
O Sainte de mon cœur! bientôt, loin de la terre,
Obtiens-moi de voler près de toi, sans retour.
Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus et la Sainte-Face

 

PAPE FRANÇOIS – SE PRÉPARER À LA CONSOLATION

20 novembre, 2017

http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/cotidie/2017/documents/papa-francesco-cotidie_20170925_se-preparer-a-la-consolation.html

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(second coming)

PAPE FRANÇOIS – SE PRÉPARER À LA CONSOLATION

MÉDITATION MATINALE EN LA CHAPELLE DE LA MAISON SAINTE-MARTHE

Lundi 25 septembre 2017

(L’Osservatore Romano, Édition hebdomadaire n° 040 du 5 octobre 2017)

Personne n’est exclu de la rencontre avec le Seigneur: Dieu «passe» dans la vie de chacun et chaque chrétien est appelé à être «en tension vers cette rencontre» pour la reconnaître et accueillir sa paix. C’est un message d’espérance et de joie qui a été lancé par le Pape, mais c’est également une invitation à sortir de sa torpeur, à ne pas être des chrétiens «fermés». L’inspiration pour sa réflexion est venue de la première lecture du jour (Es 1, 1-6) qui «raconte le moment où le peuple d’Israël est libéré de l’exil». Ce qui est décrit dans l’Ecriture est «une visite du Seigneur: le Seigneur visita son peuple et le reconduisit à Jérusalem». Et le Pape s’est précisément arrêté sur le mot «visite»: un mot «important dans l’histoire du salut». On le retrouve, par exemple, quand «Joseph dit à ses frères en Egypte: “Dieu, assurément, viendra vous visiter. Portez mes os avec vous”». Chaque fois que l’on parle de «libération, chaque action de rédemption de Dieu, est une visite: le Seigneur visite son peuple». Et «à l’époque de Jésus» aussi, lorsque «les personnes qui étaient guéries et libérées des démons, disaient: “Le Seigneur a visité son peuple”». Voilà alors l’enseignement pour chaque homme: «Quand le Seigneur nous visite, il nous donne la joie, c’est-à-dire qu’il nous conduit à un état de consolation», il donne «la consolation spirituelle». Une consolation qui «non seulement a lieu de notre temps», mais qui «est un état dans la vie spirituelle de chaque chrétien». C’est sur celle-ci que la méditation a été articulée, en trois points: «attendre la consolation», puis «reconnaître la consolation, car il y a de faux prophètes qui semblent nous consoler et qui en revanche nous trompent», et «conserver la consolation». Tout d’abord, il faut «être ouverts à la visite de Dieu», car «le Seigneur visite chacun de nous; il cherche chacun de nous et le rencontre». Il peut y avoir «des moments plus faibles, des moments plus forts dans cette rencontre, mais le Seigneur nous fera toujours sentir sa présence, toujours, d’une manière ou d’une autre». Et il a ajouté, «quand il vient avec la consolation spirituelle, le Seigneur nous remplit de joie» comme cela a eu lieu avec les israélites. Il faut donc «attendre cette joie, attendre cette visite», et pas, comme le pensent tant de chrétiens, attendre passivement. Mais «comment faut-il attendre cette consolation?». La réponse est: «Avec cette vertu humble, la plus humble de toutes: l’espérance. J’espère que le Seigneur me visitera avec sa consolation». Il faut «demander au Seigneur qu’il se fasse voir, qu’il se laisse rencontrer». Il faut «se préparer». Se préparer avec «espérance», même si l’on pense avoir une «petite» espérance, car celle-ci «très souvent», cette espérance «est forte quand elle est cachée comme la braise sous la cendre». Le deuxième point est «reconnaître la consolation». En effet, «la consolation du Seigneur n’est pas une joie commune, n’est pas une joie que l’on peut acheter». La consolation du Seigneur «est autre chose». On la reconnaît: «elle touche à l’intérieur, elle anime et développe la charité, la foi, l’espérance et elle conduit également à pleurer pour les péchés» et à «pleurer avec Jésus» quand nous contemplons sa passion. La «vraie consolation» «élève l’âme aux choses du ciel, aux choses de Dieu et apaise également l’âme dans la paix du Seigneur». On ne peut pas la confondre avec le «divertissement». C’est pourquoi il faut reconnaître la consolation «quand elle vient». Et quand elle vient, «rendre grâce au Seigneur». Il y a enfin un troisième point: «conserver la consolation». Car s’il est vrai que la «consolation est forte», il est également vrai «qu’elle ne se conserve pas aussi forte — il s’agit d’un moment — mais elle laisse ses traces». C’est ainsi qu’entre en jeu le fait de faire «mémoire». Comme le fit le peuple d’Israël quand il fut libéré. Et ensuite, quand «passe ce moment fort» de la rencontre et de la consolation, «que reste-t-il? La paix», qui est précisément «le dernier niveau de consolation». Un état que l’on reconnaît; on dit, en effet: «Regarde: un homme de paix, une femme de paix. D’où le souhait de conclusion: «Que le Seigneur nous donne cette grâce: attendre la consolation spirituelle et conserver la consolation».

HOMÉLIE DU 32E DIMANCHE ORDINAIRE A

10 novembre, 2017

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parabole de dix vierges

HOMÉLIE DU 32E DIMANCHE ORDINAIRE A

Sg 6, 12-16 ; 1 Th 4, 13-18 ; Mt 25, 1-13

Le projet de Dieu, écrivait récemment un moine, disparaît facilement sous les tracas du quotidien. Il semble même mis en défaut par l’épreuve de la mort. Or, ce projet est de nous réunir tous, vivants, dans la vie même de Dieu, l’éternel Vivant. Aujourd’hui, dans les textes bibliques, il est précisément question de deux sœurs jumelles : Sagesse et Espérance.
La première s’appelle en réalité Sophie. C’est une personne extraordinaire, aimable et intelligente comme pas deux. Un esprit aussi ouvert que remarquable. Dès qu’on a fait sa connaissance, aussitôt c’est l’éloge. On devient même avide de recourir à ses conseils, de se mettre à son école. Ce qui est passionnant, tant pour le cœur que pour l’esprit.
Mais, qui est donc cette perle rare que je vous invite à mieux connaître et à mieux chérir, pour que votre vie soit transformée, embellie et réussie ? Sophie c’est Sophia, la Sagesse… Non pas la sagesse du monde, qui prétend tout savoir, mais la sagesse même de Dieu, qui permet à ceux et celles qui la reçoivent, de goûter et de communiquer les choses spirituelles. De se conduire aussi avec mesure et bon sens, comme l’a écrit l’apôtre Paul. Nous avons besoin de cette sagesse pour vivre intelligemment, pour bien gérer les biens qui nous sont confiés et être toujours prêts à en rendre compte. Car, ne l’oublions pas, c’est à chaque instant que nous pouvons nous trouver devant le dernier passage.
D’ailleurs, dans l’évangile de ce jour et dans les pages précédentes, Jésus multiplie les exhortations à la vigilance. Il a pris l’exemple du déluge, puis celui du voleur, celui des deux esclaves, et maintenant la parabole des vierges sages, c’est-à-dire PREVOYANTES. Tout le contraire des vierges un peu folles. Et toujours ce refrain lancinant, qui sert chaque fois de conclusion : « Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l’heure du retour du maître. » Ce qui est bien vrai.
Or, on n’entre pas dans le royaume de Dieu avec des privilèges ou des passe droits. Il ne suffit pas de brandir son certificat de baptême. Quand j’avais 13-14 ans, on nous disait à l’école que le salut éternel était garanti SI nous étions fidèles à la communion 9 premiers vendredis du mois consécutifs… (Quelle inquiétude quand on en manquait un !). L’intention était de nous encourager à participer à l’eucharistie… Mais cela ne venait certes pas tout droit de l’évangile.
Aujourd’hui encore, nous restons très sensibles à des recettes, des sécurités, des assurances tous risques, qui pourraient nous donner facilement bonne conscience. Alors que l’important, c’est de maintenir en activité la lanterne de notre foi et de disposer toujours d’une réserve d’huile suffisante, qui est celle de la charité. L’indispensable, c’est d’être toujours prêt à rencontrer le Seigneur dans le quotidien et sous quelque forme qu’il nous apparaisse : le pauvre, l’étranger, le malade, le blessé, l’émigré, notre adversaire qui espère le pardon. Il nous faut donc apprendre à gérer intelligemment notre vie. Sans chercher partout, pour autant, des moyens extraordinaires, alors que nous les avons à portée de main. C’est bien l’occasion aujourd’hui de lire les chapitres 6,7 et 8 du livre de la Sagesse. « Elle est facile à trouver pour ceux qui la cherchent… Se passionner pour elle, c’est l’achèvement de la pleine intelligence… Elle est pour tous et chacun un inépuisable trésor ». La véritable intelligence s’acquiert et l’esprit de sagesse aussi.
Mais, comment, direz-vous ? Par l’écoute de la Parole, le Verbe de Dieu, Jésus, le Christ. Par la prière aussi, car Dieu est le guide de la sagesse et l’inspirateur des sages. En somme, le Seigneur et la Sagesse c’est tout un. Qui les cherche, les trouve. D’autant plus qu’ils se laissent trouver. Mieux encore, ils prennent même l’initiative : Dès le matin, ils sont prêts à nous faire découvrir des merveilles. Tout au long de la journée, ils nous précèdent et nous attendent. Ils frappent à notre porte. Il suffit de les faire entrer pour qu’aussitôt bien des richesses, des rêves et des ambitions apparaissent comme une fumée de vanité.
Quand on possède un brin de cette sagesse, bien des choses et des situations se relativisent. Même la santé, même la beauté, même la gloire. La sagesse est un trésor inépuisable, qui épanouit et qui comble. Ceux et celles qui l’acquièrent, dit le prophète, obtiennent l’amitié de Dieu. Plus prosaïquement, disons qu’on n’est jamais chrétien définitivement. On le devient chaque jour. Nous sommes des pèlerins. Il s’agit donc de rester des chercheurs et des veilleurs. D’où l’importance des étapes, dont celles de l’eucharistie. Elle nous offre la Parole de sagesse, la rencontre avec le Seigneur, et avec des frères et sœurs embarqués dans la même aventure. L’occasion aussi de faire provision d’huile. La récente fête de la Toussaint, comme celle du souvenir de nos défunts, nous invitent à être toujours prêts. Mais pour être vraiment sages et intelligents, la foi et l’amour doivent être vécus dans le goutte à goutte de l’ordinaire quotidien.

P. Fabien Deleclos, franciscain (T)

1928 – 2008

PAPE FRANÇOIS – (la dernière catéchèse sur le thème de l’espérance chrétienne)

8 novembre, 2017

http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/audiences/2017/documents/papa-francesco_20171025_udienza-generale.html

la mia e it il profeta Elia

Le prophète Elie

PAPE FRANÇOIS – (la dernière catéchèse sur le thème de l’espérance chrétienne)

AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercredi 25 octobre 2017

Chers frères et sœurs, bonjour!

C’est la dernière catéchèse sur le thème de l’espérance chrétienne, qui nous a accompagnés depuis le début de cette année liturgique. Et je conclurai en parlant du paradis, comme objectif de notre espérance.
«Paradis» est l’un des derniers mots prononcés par Jésus sur la croix, adressé au bon larron. Arrêtons-nous un instant sur cette scène. Sur la croix, Jésus n’est pas seul. A côté de lui, à droite et à gauche, il y a deux malfaiteurs. Sans doute, en passant devant ces trois croix élevées sur le Golgotha, certains poussèrent un soupir de soulagement en pensant qu’enfin, justice était faite en mettant à mort de telles personnes.
A côté de Jésus, il y a également quelqu’un qui s’avoue coupable: quelqu’un qui reconnaît avoir mérité ce terrible supplice. Nous l’appelons le «bon larron» qui, s’opposant aux autres, dit: nous recevons ce que nous avons mérité pour nos actions (cf. Lc 23, 41).
Sur le Calvaire, ce vendredi tragique et saint, Jésus arrive au sommet de son incarnation, de sa solidarité avec nous pécheurs. Là se réalise ce que le prophète Isaïe avait dit du serviteur souffrant: «Il a été compté parmi les criminels» (53, 12; cf. Lc 22, 37).
C’est là, sur le Calvaire, que Jésus a le dernier rendez-vous avec un pécheur, pour lui ouvrir à lui aussi toutes grandes les portes de son Royaume. Cela est intéressant: c’est la seule fois que le mot «paradis» apparaît dans les Evangiles. Jésus le promet à un «pauvre diable» qui sur le bois de la croix, a eu le courage de lui adresser la plus humble des requêtes: «Souviens-toi de moi, lorsque tu viendras avec ton royaume» (Lc 23, 42). Il n’avait pas d’œuvres de bien à faire valoir, il n’avait rien, mais il se confiait à Jésus, qu’il reconnaît comme innocent, bon, si différent de lui (v. 41). Ce mot d’humble repentir a suffi pour toucher le cœur de Jésus.
Le bon larron nous rappelle notre véritable condition devant Dieu: que nous sommes ses enfants, qu’il éprouve de la compassion pour nous, qu’il est désarmé chaque fois que nous lui manifestons la nostalgie de son amour. Dans les chambres de nombreux hôpitaux ou dans les cellules des prisons, ce miracle se répète d’innombrables fois: il n’y a aucune personne, pour autant qu’elle ait mal vécu, à laquelle ne reste que le désespoir et la grâce soit interdite. Devant Dieu, nous nous présentons tous les mains vides, un peu comme le publicain de la parabole qui s’était arrêté en prière au fond du temple (cf. Lc 18, 13). Et chaque fois qu’un homme, faisant le dernier examen de conscience de sa vie, découvre que les fautes dépassent de loin les œuvres de bien, il ne doit pas se décourager, mais se confier à la miséricorde de Dieu. Et cela nous donne de l’espoir, cela nous ouvre le cœur!
Dieu est le Père, et jusqu’au dernier moment, il attend notre retour. Et au fils prodigue revenu, qui commence à confesser ses fautes, le père le fait taire en le prenant dans ses bras (cf. Lc 15, 20). Voilà Dieu: c’est ainsi qu’il nous aime!
Le paradis n’est pas un lieu de conte de fée, ni un jardin enchanté. Le paradis est le baiser de Dieu, Amour infini, et nous y entrons grâce à Jésus, qui est mort en croix pour nous. Là où il y a Jésus, il y a la miséricorde et le bonheur; sans Lui, il y a le froid et les ténèbres. A l’heure de la mort, le chrétien répète à Jésus: «Souviens-toi de moi». Et même si plus personne ne se souvenait de nous, Jésus est là, à nos côtés. Il veut nous emmener dans le lieu le plus beau qui existe. Il veut nous y emmener avec ce peu ou ce grand bien qu’il y a eu dans notre vie, afin que rien ne soit perdu de ce qu’il avait déjà racheté. Et dans la maison du Père, il apportera également tout ce qui en nous a besoin de rachat: les fautes et les erreurs de toute une vie. Tel est l’objectif de notre existence: que tout s’accomplisse, et soit transformé en amour.
Si nous croyons cela, la mort cesse de nous faire peur, et nous pouvons également espérer quitter ce monde sereinement, avec une grande confiance. Qui a connu Jésus ne craint plus rien. Et nous pourrons répéter nous aussi les paroles du vieux Syméon, lui aussi béni par la rencontre avec le Christ, après toute une vie passée dans l’attente: «Maintenant, Souverain Maître, tu peux, selon ta parole, laisser ton serviteur s’en aller en paix; car mes yeux ont vu ton salut» (Lc 2, 29-30).
Et à cet instant, enfin, nous n’aurons plus besoin de rien, nous ne verrons plus de façon confuse. Nous ne pleurerons plus inutilement, parce que tout est passé; même les prophéties, même la connaissance. Mais l’amour non, lui demeure. Parce que «la charité ne passe jamais» (cf. 1 Co 13, 8).

 

LA NUIT, A QUOI VOS NUITS RESSEMBLENT-ELLES ?

7 novembre, 2017

http://biblique.blogspirit.com/archive/2006/05/19/la-nuit.html

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« jour e nuit » (biblique)

LA NUIT, A QUOI VOS NUITS RESSEMBLENT-ELLES ?

(de l’Eglise Protestante)

La question est indiscrète !
La nuit est mystérieuse, la nuit est confidentielle, la nuit est réservée, la nuit est privée… de la lumière, des regards, de la course du soleil qui dit que le temps passe, la nuit est privée de repères auxquels on ne pense pas, tellement on y est habitué.
La nuit est un autre monde, la nuit est un autre temps ; un temps variant, les nuits sont plus ou moins longues sous nos latitudes selon les saisons, entre huit et seize heures tout de même, c’est finalement beaucoup de temps dans une année, dans une vie, et bien plus de mille et une nuits !
On n’est jamais très loin de la nuit, celle qui est passée ou celle à venir, quelques heures tout au plus, à peine.
Attendue ou redoutée, la nuit qui vient vient sûrement, un jour – une nuit, un jour – une nuit, tic tac d’une lente pendule immuable et indifférente à toute autre considération.

Un mot de la Bible, le mot ‘nuit’ …
par Dominique HERNANDEZ
Mais pourtant, tout à la fin, tout à la fin de la Bible, le livre de la Révélation, l’Apocalypse, offre dans sa vision finale au chapitre 21 une nouvelle terre sans mer et au chapitre 22 une ville sans nuit :
“Il n’y aura plus de nuit
et ils n’auront plus besoin de la lumière d’une lampe,
ni de celle du soleil
car le Seigneur Dieu répandra sur eux sa lumière.”
Plus de nuit, place à la lumière qui repousse la nuit, la chasse, l’élimine, mais alors plus d’alternance, plus de rythme, plus de temps qui passe, peut-être plus de temps du tout, inimaginable vision que celle de l’Apocalypse quand l’existence humaine est toute inscrite dans ce rythme du temps.
A l’autre bout de la Bible, au début, la Genèse décrit le temps, jour et nuit, lumière et obscurité, comme effet de la première parole créatrice (Genèse 1,3-5). La nuit est le nom de l’obscurité, nom donné une fois que la lumière est créée et appelée “jour”. Mais au commencement, était l’obscurité, qui couvrait les eaux, obscurité totale, ténèbres, obscurité sans limite, sans rien à discerner, obscurité sans mouvement, sans contenu, donc obscurité où tout peut commencer. Définie entre les marges de la lumière du jour et en contraste par rapport à elle, l’obscurité ainsi maîtrisée peut recevoir son nom : nuit.
Cette nuit n’est ni mauvaise, ni effrayante ni redoutable en elle-même. Ainsi le prophète Jérémie rappelle l’alliance du Seigneur avec la nuit et le jour (Jérémie 33,20), le psalmiste affirme que la nuit connaît et célèbre la gloire de Dieu :
“Les cieux racontent la gloire de Dieu,
le firmament proclame l’œuvre de ses mains.
Le jour en prodigue au jour le récit,
la nuit en donne connaissance à la nuit.”
(Psaume 19,1-3)
Le jour, la nuit, le temps, ceci est bon n’est-ce pas ?
L’obscurité et la nuit sont aussi bien autre chose que cet espace de temps compris entre apparition et disparition de la lumière du soleil. Poètes et mystiques, amoureux et prédicateurs évoquent des nuits sans rapport avec l’astre diurne, les nuits du doute, de l’absence, du deuil, les nuits de l’aveuglement, de la souffrance.
Mais dans la Bible, la plupart des nuits sont des nuits naturelles, des unités de temps prenant place dans un récit comme suite d’un jour ; la métaphore est peu employée, dans l’écriture du moins, car à la lecture, ce peut être différent…
L’intérêt de la nuit réside particulièrement dans deux aspects : l’obscurité et le sommeil car pour les êtres diurnes que sont les humains, le repos et le sommeil viennent avec l’obscurité.
La nuit, c’est le temps du secret, de la clandestinité, se cacher, s’enfuir, se dissimuler, trahir, renier.
Le Livre des Actes raconte que l’apôtre Paul se fait beaucoup d’ennemis à cause de la prédication de l’Evangile et qu’il doit souvent fuir. La nuit se prête mieux que le jour à ces départs précipités. Ainsi à Damas, Saul, qui n’est pas encore appelé Paul, est descendu par ses disciples dans une corbeille, la nuit, le long de la muraille afin d’échapper à un complot visant à le faire périr (Actes 9,25). Paul et Silas quittent aussi nuitamment et rapidement Thessalonique où l’agitation de la foule et des autorités de la ville les met en péril (Actes 17,10).
C’est également la nuit raconte l’évangéliste Matthieu que Joseph part pour l’Egypte avec son épouse Marie et l’enfant nouveau-né, Jésus que le roi Hérode veut faire tuer (Matthieu 2,14).
L’ombre cache ceux qui fuient, l’agitation et la circulation des jours s’apaisent la nuit.
L’obscurité dissimule les entreprises inavouables, comme celle de Saül qui va consulter la nécromancienne d’Ein-Dor, allant par là même à l’encontre de l’interdiction qu’il a lui-même promulguée, mais il cherche l’avis d’un mort, le prophète Samuel, que la nécromancienne lui fera voir et entendre (1 Samuel 28).
De même, les évasions sont plus certaines la nuit, même quand un ange, ou un tremblement de terre tout à fait providentiel, permet à Pierre (Actes 17,6 et suivants), ou à Paul et Silas (Actes 16,25), de rejoindre leurs amis hors de leur geôle.
Mais la nuit, quand on ne voit plus très bien, quand on n’est plus certain de ce qui est autour, de ce qui arrive, alors se dissolvent des assurances, des décisions, des fidélités, la force de les maintenir et la force qu’elles procuraient. L’obscurité devient ténèbre, sans fond, sans discernement, totale.
Pierre renie trois fois Jésus dans la nuit où il fut livré, celle qui avait commencé avec le repas, le pain et la coupe partagés. Pierre ne veut pas être reconnu pour qui il est, mais même la nuit se dérobe devant certaines perspicacités ou certaines obstinations (Marc 14,66 et suivants).
Paradoxalement, l’obscurité de la nuit révèle des réalités cachées le jour quand elles étaient maîtrisées par la lumière, le cours du temps et des choses. Mais la nuit, on ne voit pas, on ne sent pas le temps passer et ce qui était recouvert par l’entrain du jour apparaît, ombre plus sombre dans l’obscurité, honte dévoilée hors de la lumière.
La nuit c’est le temps de la trahison, la trahison entraîne toujours la nuit, baiser de Judas, fuite des disciples, tromperie, dispersion, abandon se conjuguent mieux dans l’obscurité, illusoire cachette des lâchetés… et des remords.
La nuit, c’est le temps des secrets, à faire, à recevoir : c’est la nuit que Nicodème va trouver Jésus (Jean 3,2), c’est la nuit qu’il se met en quête de ce qui lui a échappé le jour, nuit favorable à la concentration, à la discrétion nécessaires au dévoilement ou à la révélation de l’intime.
Mais il se peut aussi que l’intime déborde, que ce qui est dans le cœur emporte la pudeur, le courage, la maîtrise des émotions,
et le psaume 6 ne cache rien de ces nuits agitées de peurs et de pleurs :
«Je suis épuisé à force de gémir.
Chaque nuit les larmes baignent mon lit,
mes pleurs inondent ma couche.»

La plainte est reprise par Job :
«La nuit perce mes os et m’écartèle ;
et mes nerfs n’ont pas de répit.»
(Job 30,17)

Job assailli de malheurs n’a d’abord plus d’espoir et attend “le pays de ténèbre et d’ombre de mort, où l’aurore est nuit noire, où l’ombre de mort couvre le désordre et la clarté y est nuit noire.” (Job 10,22). La nuit est ici chargée des symboles de mort, mais sur cet aspect de la nuit, la Bible n’est pas univoque.
Lourde est ainsi la nuit de Gethsémanée (Marc 14,32 et suivants) où le sommeil de ses disciples laisse Jésus affronter seul dans la prière l’angoisse de la mort approchant, nuit noire, car les lumières de la nuit ne sont pas seulement la lune et les étoiles, mais les présences aimantes et aimées qui l’habitent avec vous.
Trop de sommeil sur les disciples qui ne peuvent veiller. Pourtant la nuit est le temps de la veille, comme les bergers veillent sur leurs troupeaux dans les champs, comme les gardes veillent sur les murs et aux portes de la ville, tous ceux qui attendent le jour et l’heure où tous les chats ne seront plus gris. Le veilleur accompagne la nuit, il s’y plonge pour mieux la connaître, il l’apprivoise pour ne pas y être englouti, il s’y tient prêt, à quoi ?
Il ne sait pas forcément et quand il le sait, il ne veut pas le manquer, voleur dans la maison ou… ou Seigneur de la maison (Matthieu 24,43) !
Vigilance, attente, la veille est exigeante, elle requiert une présence complète. La première nuit de veille dans la Bible est celle de la première Pâque, le repas pris debout, sandales aux pieds, la ceinture autour des reins et bâton à la main, juste avant de partir, avant de sortir de la servitude en Egypte :
”Ce fut là une nuit de veille pour le Seigneur
quand il les fit sortir du pays d’Egypte.
Cette nuit-là appartient au Seigneur,
c’est une veille pour tous les fils d’Israël, d’âge en âge.”
(Exode 12,42)
Une nuit pour une mémoire sans fin, un mémorial transmis sans rupture, mais repris dans une autre nuit pour une nouvelle mémoire qui transforme en veilleurs de chaque instant ceux qui la gardent.
Ce n’est pourtant pas le veilleur aux yeux écarquillés -car les humains ne sont pas nyctalopes comme les animaux nocturnes- qui verra ce qui est souvent donné à voir dans les nuits de la Bible. C’est celui qui dort, c’est celui qui a sombré dans le sommeil qui bénéficiera d’une vision. La nuit, c’est le temps des songes.
L’apôtre Paul, Joseph, le prophète Zacharie, le roi Salomon et Samuel, Laban le beau-père de Jacob et Jacob lui-même, Abimélek roi des Philistins reçoivent en rêve, la nuit, un message, une visite de Dieu. Abram est saisi d’une étrange torpeur au coucher du soleil au cours de laquelle le Seigneur conclut une alliance avec lui (Genèse 15,12). C’était déjà au cours d’une nuit, une nuit claire et remplie d’étoiles que le Seigneur avait promis à Abram une descendance aussi nombreuse que les étoiles du ciel (Genèse 15,5).
La nuit, dans l’obscurité, les couleurs s’effacent, les formes s’estompent, les différences sont moins évidentes, moins visibles. La nuit, dans le sommeil, les rigidités s’assouplissent, les frontières s’abolissent. Celui qui dort devient disponible à autre chose, une autre parole, un autre geste, une nouvelle compréhension, une nouvelle décision. C’est dans la nuit que le songe éclaire une situation, une promesse, un avenir.
Alors est-ce seulement la nuit qui porte conseil ?
Entre deux jours, entre coucher et lever du soleil, la nuit pose un passage ni plus ni moins délicat que tout autre passage ; elle n’est ni plus ni moins ambiguë que le jour, différente seulement. Entre jour et nuit, entre nuit et jour, ni jour ni nuit, il y a ces temps un peu imprécis, l’aube et le crépuscule, où la nuit avance et se retire doucement comme la marée du temps donné aux activités et aux rêves. Puisse votre prochaine nuit être bonne.

Dominique HERNANDEZ

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