Archive pour la catégorie 'Pape Benoît: voyage'

BENOÎT XVI: VOYAGE APOSTOLIQUE EN FRANCE (17.9.2008)

12 janvier, 2015

http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/audiences/2008/documents/hf_ben-xvi_aud_20080917_fr.html

BENOÎT XVI

AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercredi 17 septembre 2008

VOYAGE APOSTOLIQUE EN FRANCE (17.9.2008)

Chers frères et sœurs!

La rencontre d’aujourd’hui m’offre l’heureuse opportunité de reparcourir les divers moments de la visite pastorale que j’ai accomplie ces jours derniers en France; une visite qui a atteint son sommet, comme vous le savez, avec le pèlerinage à Lourdes, à l’occasion du 150 anniversaire des apparitions de la Vierge à sainte Bernadette. Alors que je rends grâce avec ferveur au Seigneur qui m’a accordé une possibilité aussi providentielle, j’exprime à nouveau ma vive reconnaissance à l’archevêque de Paris, à l’évêque de Tarbes et Lourdes, à leurs collaborateurs respectifs et à tous ceux qui, de différentes manières, ont coopéré à la bonne réussite de mon pèlerinage. Je remercie également cordialement le président de la République et les autres Autorités qui m’ont accueilli avec tant de courtoisie.
La visite a commencé à Paris, où j’ai rencontré idéalement tout le peuple français, rendant ainsi hommage à une nation bien-aimée dans laquelle l’Eglise, déjà depuis le ii siècle, a joué un rôle civilisateur fondamental. Il est intéressant que, précisément dans ce contexte, ait mûri l’exigence d’une saine distinction entre domaine politique et domaine religieux, selon la célèbre phrase de Jésus: « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu » (Mc 12, 17). Sur les monnaies romaines était imprimée l’effigie de César et c’est pourquoi celles-ci devaient lui être restituées, mais dans le cœur de l’homme il y a l’empreinte du Créateur, unique Seigneur de notre vie. L’authentique laïcité n’est donc pas faire abstraction de la dimension spirituelle, mais reconnaître que précisément celle-ci, de manière radicale, est la garante de notre liberté et de l’autonomie des réalités terrestres, grâces aux préceptes de la Sagesse créatrice que la conscience humaine sait accueillir et mettre en œuvre.
C’est dans cette perspective que se situe la vaste réflexion sur le thème: « Les origines de la théologie occidentale et les racines de la culture européenne », que j’ai développée au cours de la rencontre avec le monde de la culture, dans un lieu choisi pour sa valeur symbolique. Il s’agit du Collège des Bernardins, que le regretté cardinal Jean-Marie Lustiger voulut valoriser comme centre de dialogue culturel, un édifice du xii siècle, construit pour les cisterciens où des jeunes ont poursuivi leurs études. Ainsi, c’est précisément la présence de cette théologie monastique qui a donné également naissance à notre culture occidentale. Le point de départ de mon discours a été une réflexion sur le monachisme, dont le but était de rechercher Dieu, quaerere Deum. A l’époque de crise profonde de la civilisation antique, les moines, orientés par la lumière de la foi, choisirent la voie maîtresse: la voie de l’écoute de la Parole de Dieu. Ils furent donc les grands spécialistes des Saintes Ecritures et les monastères devinrent des écoles de sagesse et des écoles « dominici servitii », « du service du Seigneur », comme les appelait saint Benoît. La recherche de Dieu conduisait ainsi les moines, par sa nature, à une culture de la parole. Quaerere Deum, chercher Dieu, ils le cherchaient sur les traces de sa Parole, et ils devaient donc connaître toujours plus en profondeur cette Parole. Il fallait pénétrer dans le secret de la langue, la comprendre dans sa structure. Pour la recherche de Dieu, qui s’est révélé à nous dans les Saintes Ecritures, devenaient ainsi importantes les sciences profanes, visant à approfondir les secrets des langues. En conséquence, se développait dans les monastères cette eruditio qui devait permettre la formation de la culture. C’est précisément pour cela que quaerere Deum – chercher Dieu, reste aujourd’hui comme hier la voie maîtresse et le fondement de chaque véritable culture.
L’architecture aussi est l’expression artistique de la recherche de Dieu, et il ne fait aucun doute que la cathédrale Notre-Dame de Paris en constitue un exemple de valeur universelle. A l’intérieur de ce temple magnifique, où j’ai eu la joie de présider la célébration des Vêpres de la Bienheureuse Vierge Marie, j’ai exhorté les prêtres, les diacres, les religieux, le religieuses et les séminaristes venus de toutes les parties de la France, à accorder la priorité à l’écoute religieuse de la Parole divine, en regardant la Vierge Marie comme un modèle sublime. Sur le parvis de Notre-Dame j’ai ensuite salué les jeunes, venus nombreux et enthousiastes. A eux, qui allaient commencer une longue veillée de prière, j’ai remis deux trésors de la foi chrétienne: l’Esprit Saint et la Croix. L’Esprit ouvre l’intelligence humaine à des horizons qui la dépassent et lui fait comprendre la beauté et la vérité de l’amour de Dieu, révélé précisément dans la Croix. Un amour dont rien ne pourra jamais nous séparer et dont on fait l’expérience en donnant sa propre vie, à l’exemple du Christ. J’ai ensuite effectué une brève halte à l’Institut de France, siège des cinq Académies nationales: étant membre d’une des Académies, j’ai rencontré mes collègues avec grande joie. Et puis ma visite a atteint son sommet dans la Célébration eucharistique sur l’Esplanade des Invalides. En reprenant les paroles de l’apôtre Paul aux Corinthiens, j’ai invité les fidèles de Paris et de la France entière à rechercher le Dieu vivant, qui nous a montré son véritable visage en Jésus présent dans l’Eucharistie, en nous incitant à aimer nos frères comme Il nous a aimés.
Je me suis ensuite rendu à Lourdes, où j’ai pu immédiatement m’unir à des milliers de fidèles sur le « Chemin du Jubilé », qui reparcourt les lieux de la vie de sainte Bernadette: l’église paroissiale avec les fonts baptismaux où elle a été baptisée; le « Cachot » où elle vécut enfant dans une grande pauvreté; la Grotte de Massabielle, où la Vierge lui apparut dix-huit fois. Dans la soirée, j’ai participé à la traditionnelle Procession aux flambeaux, merveilleuse manifestation de foi en Dieu et de dévotion à sa Mère et à la nôtre. Lourdes est vraiment un lieu de lumière, de prière, d’espérance et de conversion, fondées sur le roc de l’amour de Dieu, dont le sommet de la révélation a été la Croix glorieuse du Christ.
Par une heureuse coïncidence, dimanche dernier la liturgie rappelait l’Exaltation de la Sainte Croix, signe d’espérance par excellence, car elle est le témoignage le plus élevé de l’amour. A Lourdes, à l’école de Marie, première et parfaite disciple du Crucifié, les pèlerins apprennent à considérer les croix de leur propre vie à la lumière de la Croix glorieuse du Christ. En apparaissant à Bernadette, dans la grotte de Massabielle, le premier geste que fit Marie fut précisément le Signe de la Croix, en silence et sans paroles. Et Bernadette l’imita en faisant à son tour le Signe de la Croix d’une main tremblante. Et ainsi la Vierge a donné une première initiation dans l’essence du christianisme: le signe de la Croix est le sommet de notre foi, et en le faisant d’un cœur attentif nous entrons dans la plénitude du mystère de notre salut. Dans ce geste de la Vierge, se trouve tout le message de Lourdes! Dieu nous a tant aimés qu’il s’est donné lui-même pour nous: tel est le message de la Croix, « mystère de mort et de gloire ». La Croix nous rappelle qu’il n’existe pas de véritable amour sans souffrance, il n’y a pas de don de la vie sans douleur. De nombreuses personnes apprennent cette vérité à Lourdes, qui est une école de foi et d’espérance, car elle est aussi une école de charité et de service aux frères. C’est dans ce contexte de foi et de prière que s’est tenu l’importante rencontre avec l’épiscopat français: il s’est agi d’un moment d’intense communion spirituelle, où ensemble nous avons confié à la Vierge les attentes communes et les préoccupations pastorales.
L’étape suivante a ensuite été la procession eucharistique avec des milliers de fidèles, parmi lesquels, comme toujours, se trouvaient tant de malades. Devant le Très Saint Sacrement, notre communion spirituelle avec Marie s’est faite encore plus intense et profonde car Elle nous donne des yeux et un cœur capables de contempler son Divin Fils dans la Sainte Eucharistie. Le silence de ces milliers de personnes devant le Seigneur était émouvant; un silence non pas vide, mais rempli de prière et de la conscience de la présence du Seigneur, qui nous a aimés jusqu’à monter pour nous sur la croix. La journée du lundi 15 septembre, mémoire liturgique de la Bienheureuse Vierge des Douleurs, a enfin été consacrée de manière particulière aux malades. Après une brève visite à la Chapelle de l’Hôpital, où Bernadette reçut la Première Communion, sur le parvis de la Basilique du Rosaire, j’ai présidé la célébration de la Messe, au cours de laquelle j’ai administré le sacrement de l’Onction des malades Avec les malades et ceux qui s’en occupent, j’ai voulu méditer sur les larmes de Marie versées sous la Croix, et sur son sourire, qui illumine le matin de Pâques.
Chers frères et sœurs, rendons grâce ensemble au Seigneur pour ce voyage apostolique riche de tant de dons spirituels. Nous lui rendons en particulier louange car Marie, en apparaissant à sainte Bernadette, a ouvert dans le monde un espace privilégié pour rencontrer l’amour divin qui guérit et qui sauve. A Lourdes, la Sainte Vierge invite chacun à considérer la terre comme le lieu de notre pèlerinage vers la patrie définitive, qui est le Ciel. En réalité nous sommes tous pèlerins, nous avons tous besoin de la Mère qui nous guide; et à Lourdes, son sourire nous invite à aller de l’avant avec une grande confiance dans la conscience que Dieu est bon, que Dieu est amour.

Le roi Salomon et la découverte de la vraie croix : par Sandro Magister

18 septembre, 2012

http://chiesa.espresso.repubblica.it/articolo/1350326?fr=y

Le roi Salomon et la découverte de la vraie croix

Au Liban, Benoît XVI a demandé pour tous le bénéfice de cette grammaire commune qu’est le droit naturel. Et il a indiqué aux chrétiens la croix comme signe de la victoire. Suivant l’exemple de Constantin, l’empereur qui assura la liberté de religion

par Sandro Magister

ROME, le 16 septembre 2012 – À peine son avion avait-il atterri à l’aéroport de Beyrouth que Benoît XVI a demandé aux citoyens du Liban de faire preuve de la sagesse du roi Salomon. Afin de conserver cet « équilibre » essentiel entre les chrétiens et leurs frères appartenant à d’autres religions qui peut servir de « modèle pour les habitants de toute la région et pour le monde entier ».
Dans un pays qui porte les marques d’une guerre civile et qui a été plusieurs fois envahi par des armées étrangères, le pari était audacieux. Mais le pape Joseph Ratzinger n’a pas hésité à le faire, au cours des trois jours de sa visite.
Dans le discours qu’il a adressé, au palais présidentiel de Baadba, le samedi 15 septembre, aux représentants de la république libanaise, aux membres du gouvernement, aux dirigeants religieux et aux représentants du monde de la culture, il a demandé à tous de se retrouver unis autour de ces « valeurs communes à toutes les grandes cultures, parce qu’enracinées dans la nature de l’être humain ».
Parmi ces valeurs, il a mis au premier plan la liberté religieuse.
À partir d’une référence inattendue à Constantin, qui concéda, en 313 après J.-C., la liberté aux chrétiens dans l’empire, Benoît XVI a demandé à ce que, non seulement au Liban – seul pays de la région dans lequel la conversion des musulmans au christianisme soit socialement tolérée – mais dans tout le Moyen-Orient, on ait pleine liberté de pratiquer publiquement toute foi religieuse, « sans mettre sa vie en danger ».
En plus de cela, parmi les « bases » de cette « grammaire qu’est la loi naturelle inscrite dans le cœur de l’homme », le pape a particulièrement mis en valeur « le caractère sacré de la vie donnée par le Créateur ».
La défense de la vie, a-t-il dit, est la voie qui conduit à la véritable paix :
« Aujourd’hui, les différences culturelles, sociales, religieuses, doivent aboutir à vivre un nouveau type de fraternité, où justement ce qui unit est le sens commun de la grandeur de toute personne et le don qu’elle est à elle-même, aux autres et à l’humanité. Là se trouve la voie de la paix ! Là est l’engagement qui nous est demandé ! Là est l’orientation qui doit présider aux choix politiques et économiques, à chaque niveau et à l’échelle planétaire ! ».*
Mais, ayant dit cela à tous les citoyens du Liban sans distinction, Benoît XVI s’est aussi adressé directement aux chrétiens.
Il leur a simplement demandé de « se mettre à la suite de Jésus ». Et voici ce qu’il a expliqué, dans son homélie de la messe du dimanche 16 septembre :
« Se mettre à la suite de Jésus, c’est prendre sa croix pour l’accompagner sur son chemin, un chemin incommode qui n’est pas celui du pouvoir ou de la gloire terrestre, mais celui qui conduit nécessairement à se renoncer soi-même, à perdre sa vie pour le Christ et l’Évangile, afin de la sauver. Car nous sommes assurés que ce chemin conduit à la résurrection, à la vie véritable et définitive avec Dieu. Décider d’accompagner Jésus-Christ qui s’est fait le Serviteur de tous exige une intimité toujours plus grande avec lui, en se mettant à l’écoute attentive de sa Parole pour y puiser l’inspiration de nos actes. En promulguant l’Année de la foi, qui doit commencer le 11 octobre prochain, j’ai voulu que chaque fidèle puisse s’engager de manière renouvelée sur ce chemin de la conversion du cœur. Tout au long de cette année, je vous encourage donc vivement à approfondir votre réflexion sur la foi pour la rendre plus consciente et pour fortifier votre adhésion au Christ Jésus et à son Évangile ».
Deux jours plus tôt, le soir du vendredi 14 septembre, Benoît XVI avait également placé la croix de Jésus-Christ au centre du discours par lequel il a promulgué l’exhortation apostolique qui est le couronnement du synode pour le Moyen-Orient :
« Il est providentiel que cet acte ait lieu le jour même de la fête de la Croix Glorieuse, dont la célébration est née en Orient en 335, au lendemain de la dédicace de la basilique de la Résurrection construite sur le Golgotha et le sépulcre de Notre-Seigneur par l’empereur Constantin le Grand, que vous vénérez comme un saint. Dans un mois on célébrera le 1700e anniversaire de l’apparition qui lui fit voir, dans la nuit symbolique de son incroyance, le chrisme flamboyant, alors qu’une voix lui disait : Par ce signe, tu vaincras ! » [...]
« L’exhortation apostolique ‘Ecclesia in Medio Oriente’ permet de repenser le présent pour envisager l’avenir avec le regard même du Christ. Par ses orientations bibliques et pastorales, par son invitation à un approfondissement spirituel et ecclésiologique, par le renouveau liturgique et catéchétique préconisés, par ses appels au dialogue, elle veut tracer un chemin pour retrouver l’essentiel : la ‘sequela Christi’, dans un contexte difficile et quelquefois douloureux, un contexte qui pourrait faire naître la tentation d’ignorer ou d’oublier la Croix glorieuse. C’est justement maintenant qu’il faut célébrer la victoire de l’amour sur la haine, celle du pardon sur la vengeance, celle du service sur la domination, celle de l’humilité sur l’orgueil, celle de l’unité sur la division. [...] Tel est le langage de la Croix glorieuse ! Telle est la folie de la Croix : celle de savoir convertir nos souffrances en cri d’amour envers Dieu et de miséricorde envers le prochain ; celle de savoir aussi transformer des êtres attaqués et blessés dans leur foi et leur identité, en vases d’argile prêts à être comblés par l’abondance des dons divins plus précieux que l’or (cf. 2 Co 4, 7-18). Il ne s’agit pas là d’un langage purement allégorique, mais d’un appel pressant à poser des actes concrets qui configurent toujours davantage au Christ, des actes qui aident les différentes Églises à refléter la beauté de la première communauté des croyants (cf. Ac 2, 41-47) ; des actes similaires à ceux de l’empereur Constantin qui a su témoigner et sortir les chrétiens de la discrimination pour leur permettre de vivre ouvertement et librement leur foi dans le Christ crucifié, mort et ressuscité pour le salut de tous ».
En s’exprimant ainsi, Benoît XVI a déçu, une fois de plus, ceux qui attendent de lui des gestes politiques spectaculaires ou des solutions de stratégie internationale.
Mais justement, en agissant de cette façon, il a été à l’essentiel de ce que demande sa mission.
À tous, il a rappelé la grammaire du droit naturel. Aux chrétiens, il a rappelé le signe de la croix.
__________

Le programme et le texte intégral, en plusieurs langues, des discours prononcés par Benoît XVI au Liban, y compris l’exhortation apostolique post-synodale « Ecclesia in Medio Oriente » :

http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/travels/2012/index_libano_fr.htm

ALLOCUTION DU PATRIARCHE MARONITE BÉCHARA BOUTROS RAÏ (

17 septembre, 2012

http://www.zenit.org/article-31858?l=french

ALLOCUTION DU PATRIARCHE MARONITE BÉCHARA BOUTROS RAÏ

Appel à la résolution du conflit israélo-palestinien

ROME, dimanche 16 septembre 2012 (ZENIT.org) – Le patriarche Béchara Boutros Raï appelle à la résolution du conflit israélo- palestinien, en vue d’une paix « juste » dans tout le Moyen Orient. Il estime que la visite de Benoît XVI constitue « une soupape de sécurité » dans une région en ébullition.
Le patriarche d’Antioche des Maronites, et responsable de l’Assemblée des patriarches et évêques catholiques, a en effet accueilli Benoît XVI au seuil de la célébration dominicale, à Beyrouth, au City Waterfront.
Pour le patriarche, « la paix juste et globale au Moyen-Orient est également liée, de manière étroite, à la solution du conflit israélo – palestinien et israélo – arabe, sur la base des résolutions pertinentes de la légalité internationale et du respect des intérêts de toutes les parties ».
Il estime que le voyage du pape constitue « une soupape de sécurité en ce temps d’instabilité pour un peuple chrétien qui, fidèle aux promesses de son baptême, lutte pour confirmer son enracinement en sa terre, tout en étant conscient de l’énormité des multiples défis ».
Allocution du patriarche Béchara Boutros Raï (traduction officielle) :
Très Saint-Père,
1. Votre Sainteté est au cœur de Beyrouth. Mère nourricière des lois de l’Antiquité, Cité Perle des Arabes et Couronne de la Méditerranée orientale. Métropole de la modernité au Machreq, et ville témoin du vivre ensemble entre Musulmans et Chrétiens au monde arabe, dans l’égalité et la participation équilibrée en matière de gouvernance et d’administration, au sein d’un Etat civil qui sépare la religion de l’Etat, qui rend hommage à Dieu, qui respecte toutes les religions et reconnaît la liberté de conscience et de culte. Au nom de l’Assemblée des Patriarches et Évêques Catholiques au Liban, du Conseil des Patriarches Catholiques d’Orient, et de toutes les églises au Liban, plutôt au nom de tous les Libanais, il m’est un honneur de souhaiter à Votre Sainteté la meilleure des bienvenues.
2. Votre Voyage apostolique en notre région se déroule sous le signe de la paix, une paix à laquelle aspire notre monde en général et le Moyen-Orient en particulier. La paix est la mission des Chrétiens. Ils la considèrent comme un don de Dieu qu’il importe de préserver. Et ils se sentent appelés à en faire une culture à défendre, sur la base de laquelle ils auront à éduquer leurs générations, tout comme une civilisation vécue là où ils sont présents, localement, régionalement et universellement. En pareille mission, ils se rendent compte qu’ils sont les dépositaires de l’Évangile de la paix, suivant la parole du Christ : « Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu ! » (Matthieu 5, 9).
3. Le voyage de Votre Sainteté au Moyen-Orient, au moment même où il vit des transformations radicales menaçant sa sécurité et sa quiétude, est certes porteur d’indications d’ordre spirituel, ecclésial et humain. Il poursuit votre annonce prophétique, faite en en 2009, de la tenue d’une Assemblée spéciale du Synode des Évêques pour le Moyen-Orient, portant sur la présence des Chrétiens, leur témoignage et leur mission, en cette région. Ce Synode nous a placés, nous les Chrétiens de cette région, en face de nous-mêmes, de l’Eglise et de Dieu. Il nous a appelés à un réexamen de vie et à un examen de conscience, au sujet de notre vocation et notre mission dans notre monde arabe et oriental. À travers sa préparation et lors de sa tenue, il nous a introduits au cœur d’un « printemps spirituel chrétien », que nous considérons voulu par la Providence divine comme anticipatoire et préparatoire du « printemps arabe » désiré. Avec votre Sainteté, nous prions pour que les événements sanglants, les manifestations en cours et les sacrifices se transforment en un enfantement qui donnerait naissance à ce « printemps ». Il ne fait aucun doute que l’Exhortation Apostolique que Vous avez signée avant- hier, et que Vous remettrez officiellement lors de cette célébration eucharistique, tracera, à nos églises, une feuille de route pour ce printemps.
4. Nous ne Vous dissimulons point, Très Saint-Père, les sentiments de crainte et de peur de l’avenir inconnu, que nous éprouvons en tant que Chrétiens en cette région. Ce sont des sentiments légitimes des individus et des communautés en temps de grands bouleversements. Toutefois, et en dépit d’eux, nous nous trouvons invités à faire don des réponses de « l’espérance qui est en nous » (1 Pierre 3, 15). D’autant plus que nous persévérons à miser sur la prise de conscience de nos frères Musulmans de l’importance de la diversité dans nos pays arabes, et de la communion inéluctable entre eux et les Chrétiens, leurs partenaires en citoyenneté, sur la base de la civilisation de l’amour, des droits de l’homme et des libertés publiques, en particulier la liberté de religion et de conscience, la pratique démocratique et le dialogue constructif.
5. La paix juste et globale au Moyen-Orient est également liée, de manière étroite, à la solution du conflit israélo – palestinien et israélo – arabe, sur la base des résolutions pertinentes de la légalité internationale et du respect des intérêts de toutes les parties.
En tant que Chrétiens, nous sommes appelés à répandre l’Evangile de la paix dans cette région et à diffuser ses valeurs, de manière à assurer la sécurité pour tous les groupes ethniques et religieux, à mettre l’accent sur leurs droits légitimes, et contribuer à faire en sorte que tous leurs fils puissent bénéficier de leurs ressources naturelles de toutes espèces.
Très Saint-Père,
6. Au nom de tous, nous Vous remercions pour Votre voyage historique que nous apprécions considérablement. Il n’est pas un déplacement de passage au Liban, Porte de l’Orient. Mais il affermit formellement une présence permanente du Siège de Pierre dans cette région du monde, qui consacrerait une présence chrétienne, vieille de deux mille ans. Votre voyage est une soupape de sécurité en ce temps d’instabilité pour un peuple chrétien qui, fidèle aux promesses de son baptême, lutte pour confirmer son enracinement en sa terre, tout en étant conscient de l’énormité des multiples défis. Un peuple qui croit fermement que le Christ, le Sauveur et le Rédempteur, est le Maître de l’Histoire. En cela, Votre voyage fait écho à celui du Serviteur de Dieu le Pape Paul VI en pèlerinage à Jérusalem et en Terre Sainte dans les années soixante du siècle dernier, et également à celui du Bienheureux Pape Jean-Paul II dans les années 90, venu nous remettre Son Exhortation apostolique : « Une Espérance nouvelle pour le Liban ».
Très Saint-Père, aujourd’hui, à partir du Liban, Vous portez au Moyen-Orient, l’Espérance du Christ et l’appel de la paix. Puisse le Tout-Puissant exaucer vos saintes et nobles intentions que vous élèverez en cette célébration eucharistique. Amen.

HOMÉLIE DE BENOÎT XVI À BEYROUTH, 16 SEPTEMBRE 2012

17 septembre, 2012

http://www.zenit.org/article-31856?l=french

HOMÉLIE DE BENOÎT XVI À BEYROUTH, 16 SEPTEMBRE 2012

Une Année de la foi pour une foi « plus consciente »

ROME, dimanche 16 septembre 2012 (ZENIT.org) – Benoît XVI lance en quelque sorte l’Année de la foi au Liban, en en rappelant l’esprit de « service » mutuel dans la communauté des croyants.
Le pape a en effet présidé la messe dominicale à Beyrouth, en plein air, au « City Center Waterfront », à 10 h (9h heure de Rome) alors que la météo indiquait 28 ° C, et en présence de quelque 300 évêques catholiques et de pèlerins de la région, du président de la République et de nombreuses personnalités. Le pape a remis son « exhortation apostolique post-synodale » aux pasteurs de la région.
A son arrivée à Beyrouth, le maire avait remis au pape les clefs de la ville.
Le pape a été accueilli au début de la célébration par le patriarche d’Antioche des Maronites, Béchara Boutros Raï, O.M.M., président de l’Assemblée des patriarches catholiques du Moyen-Orient (A.P.E.C.L.).
Après la lecture de l’Evangile, le pape a prononcé son homélie en français. « En promulguant l’Année de la foi, qui doit commencer le 11 octobre prochain, a dit le pape, j’ai voulu que chaque fidèle puisse s’engager de manière renouvelée sur ce chemin de la conversion du cœur. Tout au long de cette année, je vous encourage donc vivement à approfondir votre réflexion sur la foi pour la rendre plus consciente et pour fortifier votre adhésion au Christ Jésus et à son Évangile ».
Le pape a donné le ton en rappelant l’attitude de service mutuel : « Tout ministère, toute charge dans l’Église, sont d’abord un service de Dieu et des frères ! C’est cet esprit qui doit animer tous les baptisés, les uns à l’égard des autres, notamment par un engagement effectif auprès des plus pauvres, des marginalisés, de ceux qui souffrent, pour que soit préservée la dignité inaliénable de toute personne ».
Homélie de Benoît XVI:
Chers frères et sœurs,
?« Béni soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus Christ ! » (Ep 1, 3).
Béni soit-il en ce jour où j’ai la joie d’être ici avec vous, au Liban, pour remettre aux Évêques de la région l’Exhortation apostolique post-synodale Ecclesia in Medio Oriente ! Je remercie cordialement Sa Béatitude Béchara Boutros Raï pour ses aimables paroles de bienvenue. Je salue les autres Patriarches et les Évêques des Églises orientales, les Évêques latins des régions avoisinantes ainsi que les Cardinaux et les Évêques venus d’autres pays. Je vous salue tous avec grande affection, chers frères et sœurs du Liban et aussi des pays de toute cette région bien-aimée du Moyen-Orient, venus célébrer, avec le successeur de Pierre, Jésus-Christ crucifié, mort et ressuscité. J’adresse aussi mon salut déférent au Président de la République et aux Autorités Libanaises, aux Responsables et aux membres des autres traditions religieuses qui ont voulu être présents ce matin.
En ce dimanche où l’Évangile nous interroge sur la véritable identité de Jésus, nous voici transportés avec les disciples, sur la route qui conduit vers les villages de la région de Césarée de Philippe. « Et vous, que dites-vous ? pour vous qui suis-je ? » (Mc 8, 29) leur demande Jésus ? Le moment choisi pour leur poser cette question n’est pas sans signification. Jésus se trouve à un tournant déterminant de son existence. Il monte vers Jérusalem, vers le lieu où va s’accomplir, par la croix et la résurrection, l’événement central de notre salut. C’est aussi à Jérusalem, qu’à l’issue de tous ces événements, l’Église va naître. Et lorsque, à ce moment décisif, Jésus demande d’abord à ses disciples « Pour les gens, qui suis-je ? » (Mc 8, 27), les réponses qu’ils lui rapportent sont bien diverses : Jean-Baptiste, Élie, un prophète ! Aujourd’hui encore, comme au long des siècles, ceux qui, de multiples manières, ont trouvé Jésus sur leur route apportent leurs réponses. Ce sont des approches qui peuvent permettre de trouver le chemin de la vérité. Mais, sans être nécessairement fausses, elles restent insuffisantes, car elles n’accèdent pas au cœur de l’identité de Jésus. Seul celui qui accepte de le suivre sur son chemin, de vivre en communion avec lui dans la communauté des disciples, peut en avoir une véritable connaissance. C’est alors que Pierre qui, depuis un certain temps, a vécu avec Jésus, va donner sa réponse : « Tu es le Messie » (Mc 8, 29). Réponse juste sans aucun doute, mais pourtant insuffisante, puisque Jésus ressent le besoin de la préciser. Il entrevoit que les gens pourraient se servir de cette réponse pour des desseins qui ne sont pas les siens, pour susciter de faux espoirs temporels sur lui. Il ne se laisse pas enfermer dans les seuls attributs du libérateur humain que beaucoup attendent.
En annonçant à ses disciples qu’il devra souffrir, être mis à mort avant de ressusciter, Jésus veut leur faire comprendre qui il est en vérité. Un Messie souffrant, un Messie serviteur, et non un libérateur politique tout-puissant. Il est le Serviteur obéissant à la volonté de son Père jusqu’à perdre sa vie. C’est ce qu’annonçait déjà le prophète Isaïe dans la première lecture. Jésus va ainsi à l’encontre de ce que beaucoup attendaient de lui. Son affirmation choque et dérange. Et on entend la contestation de Pierre, qui lui fait des reproches, refusant pour son maître la souffrance et la mort ! Jésus est sévère à son égard, et il fait comprendre que celui qui veut être son disciple, doit accepter d’être serviteur, comme lui s’est fait Serviteur.
Se mettre à la suite de Jésus, c’est prendre sa croix pour l’accompagner sur son chemin, un chemin incommode qui n’est pas celui du pouvoir ou de la gloire terrestre, mais celui qui conduit nécessairement à se renoncer soi-même, à perdre sa vie pour le Christ et l’Évangile, afin de la sauver. Car nous sommes assurés que ce chemin conduit à la résurrection, à la vie véritable et définitive avec Dieu. Décider d’accompagner Jésus Christ qui s’est fait le Serviteur de tous exige une intimité toujours plus grande avec lui, en se mettant à l’écoute attentive de sa Parole pour y puiser l’inspiration de nos actes. En promulguant l’Année de la foi, qui doit commencer le 11 octobre prochain, j’ai voulu que chaque fidèle puisse s’engager de manière renouvelée sur ce chemin de la conversion du cœur. Tout au long de cette année, je vous encourage donc vivement à approfondir votre réflexion sur la foi pour la rendre plus consciente et pour fortifier votre adhésion au Christ Jésus et à son Évangile.
Frères et sœurs, le chemin sur lequel Jésus veut nous conduire est un chemin d’espérance pour tous. La gloire de Jésus se révèle au moment où, dans son humanité, il se montre le plus faible, particulièrement lors de l’Incarnation et sur la croix. C’est ainsi que Dieu manifeste son amour, en se faisant serviteur, en se donnant à nous. N’est-ce pas un mystère extraordinaire, parfois difficile à admettre ? L’Apôtre Pierre lui-même ne le comprendra que plus tard.
Dans la deuxième lecture, saint Jacques nous a rappelé combien cette suite de Jésus, pour être authentique exige des actes concrets. « C’est par mes actes que je te montrerai ma foi » (Jc 2, 18). C’est une exigence impérative pour l’Église de servir et pour les chrétiens d’être de vrais serviteurs à l’image de Jésus. Le service est un élément fondateur de l’identité des disciples du Christ (cf. Jn 13, 15-17). La vocation de l’Église et du chrétien est de servir, comme le Seigneur lui-même l’a fait, gratuitement et pour tous, sans distinction. Ainsi, servir la justice et la paix, dans un monde où la violence ne cesse d’étendre son cortège de mort et de destruction, est une urgence afin de s’engager pour une société fraternelle, pour bâtir la communion ! Chers frères et sœurs, je prie particulièrement le Seigneur de donner à cette région du Moyen-Orient des serviteurs de la paix et de la réconciliation pour que tous puissent vivre paisiblement et dans la dignité. C’est un témoignage essentiel que les chrétiens doivent rendre ici, en collaboration avec toutes les personnes de bonne volonté. Je vous appelle tous à œuvrer pour la paix. Chacun à son niveau et là où il se trouve.
Le service doit encore être au cœur de la vie de la communauté chrétienne elle-même. Tout ministère, toute charge dans l’Église, sont d’abord un service de Dieu et des frères ! C’est cet esprit qui doit animer tous les baptisés, les uns à l’égard des autres, notamment par un engagement effectif auprès des plus pauvres, des marginalisés, de ceux qui souffrent, pour que soit préservée la dignité inaliénable de toute personne.
Chers frères et sœurs qui souffrez dans votre corps ou dans votre cœur, votre souffrance n’est pas vaine ! Le Christ Serviteur se fait proche de tous ceux qui souffrent. Il est présent auprès de vous. Puissiez-vous trouver sur votre route des frères et des sœurs qui manifestent concrètement sa présence aimante qui ne saurait vous abandonner ! Soyez remplis d’espérance à cause du Christ !
Et vous tous, frères et sœurs, qui êtes venus participer à cette célébration, cherchez à devenir toujours plus conformes au Seigneur Jésus, lui qui s’est fait le Serviteur de tous pour la vie du monde. Que Dieu bénisse le Liban, qu’il bénisse tous les peuples de cette région bien-aimée du Moyen-Orient et leur fasse le don de sa paix. Amen.

LA LUMIÈRE DE NOTRE DAME DE LA CHARITÉ (Pape Benoît XVI à Cuba)

28 mars, 2012

 http://www.zenit.org/article-30488?l=french

LA LUMIÈRE DE NOTRE DAME DE LA CHARITÉ

Prière mariale de Benoît XVI à Cuba

Anita Bourdin
ROME, mardi 27 mars 2012 (ZENIT.org) – Benoît XVI a allumé le cierge devant l’image de Notre Dame de la Charité del Cobre, dont Cuba fête cette année les 400 ans.
Le pape a en effet présidé la messe en la chapelle du séminaire Saint-Basile de Santiago de Cuba, ce 27 mars, à 8 h, heure locale (15 h à Rome). A son départ pour le sanctuaire marial voisin, il a été fêté par un chœur d’enfants.
L’image de la Vierge del Cobre, revêtue d’une robe et d’un manteau rebrodés d’or, a été trouvée par trois pêcheurs, en 1606 : deux Indios, Juan et Rodrigo Hoyos, et un esclave d’origine africaine, Juan Moreno.  L’image en bois flottait sur les eaux de la Baie de Nipe, au Nord-Est de l’archipel, avec cette inscription : « Je suis la Vierge de la Charité ».
L’image fut transférée à la mine de cuivre de « El Cobre » – le cuivre, justement – et c’est là que fut édifié le premier sanctuaire en 1684.
« Je suis venu en pèlerin jusqu’à la maison de l’image bénie de Notre Dame de la Caridad, la Mambisa, comme vous l’invoquez affectueusement. Sa présence dans cette localité de El Cobre est un cadeau du ciel pour les Cubains », a dit Benoît XVI.
Puis il s’est adressé à l’assemblée en disant son affection pour tous les Cubains : « Je désire saluer cordialement ceux qui sont présents ici. Recevez l’affection du Pape et portez-la partout afin que tous fassent l’expérience de la consolation et de la force de la foi. Faites savoir, à tous ceux que vous rencontrez, proches ou éloignés, que j’ai confié à la Mère de Dieu l’avenir de votre patrie qui avance sur des chemins de rénouveau et d’espérance, pour le plus grand bien de tous les Cubains ».
Il a dit sa sollicitude pour tous, ceux qui souffrent: « J’ai supplié également la Vierge très sainte pour les besoins de ceux qui souffrent, de ceux qui sont privés de liberté, séparés des personnes qui leur sont chères ou qui connaissent de graves moments de difficulté ».
Pour les jeunes : « J’ai déposé également dans son Cœur Immaculé les jeunes, pour qu’ils soient d’authentiques amis du Christ et pour qu’ils ne succombent pas à des propositions qui laissent la tristesse derrière elles ».
Pour la population d’origine africaine et la voisine Haïti : « Devant Marie de la Caridad, je me suis souvenu aussi de manière particulière des Cubains descendants de ceux qui arrivèrent ici, venant d’Afrique, tout comme de la proche population d’Haïti qui souffre encore des conséquences du tremblement de terre d’il y a deux ans ».
Pour els paysans : « Et je n’ai pas oublié tant de paysans et leurs familles qui désirent vivre intensément l’Évangile dans leurs foyers, et qui offrent également leurs maisons comme centres de mission pour la célébration de l’Eucharistie ».
« À l’exemple de la Vierge très sainte, a conclu le pape, j’encourage tous les enfants de cette chère terre à continuer à édifier leur vie sur le roc solide qu’est Jésus-Christ, à travailler à la justice, à être des serviteurs de la charité et persévérants dans les épreuves. Que rien ni personne ne leur enlève la joie intérieure si caractéristique de l’âme cubaine. Que Dieu vous bénisse ! »
La Vierge est appelée « Mambisa » parce que les Mambises étaient les combattants de la liberté.
En effet, le sanctuaire est liée aux étapes de l’histoire de Cuba.  C’est là que fut lu, en 1801, le « Manifeste pour la liberté des esclaves des mines de El Cobre », grâce à l’engagement en faveur des esclaves mené par l’aumônier du sanctuaire, le P. Alejandro Escanio.
En 1868, un héraut de l’abolition de l’esclavage et de l’indépendance se rendit en pèlerinage au sanctuaire pour prier pour la liberté de Cuba. Le 12 juillet 1898, une messe d’action de grâce fut célébrée pour l’indépendance de l’île.
Le pape Benoît XV proclama la « Vierge de la Charité » sainte patronne de Cuba, en 1916 et en 1927, le 8 septembre, on inaugura le sanctuaire actuel. Et c’est le 10 mai 1936 que la Vierge de El Cobre fut couronnée. 
Déjà, en 1952, comme en cette année jubilaire, la Vierge fut porté en pèlerinage dans toute l’île. En 1959, lors du Congrès national catholique, l’image de la Vierge fut présence à la messe place de la Révolution.
C’est Paul VI qui, en 1977, accorda au sanctuaire le titre de « basilique mineure ».

VÊPRES EN LA CATHÉDRALE DE LEÓN, HOMÉLIE DE BENOÎT XVI

26 mars, 2012

http://www.zenit.org/article-30466?l=french

VÊPRES EN LA CATHÉDRALE DE LEÓN, HOMÉLIE DE BENOÎT XVI

L’Année de la foi, pour conduire au Christ qui libère

ROME, lundi 26 mars 2012 (ZENIT.org) – « Les initiatives qui se réalisent dans le cadre de l’Année de la foi, doivent être orientées de manière à conduire les hommes vers le Christ dont la grâce leur permettra de laisser les chaînes du péché qui les asservit et d’avancer vers la liberté authentique et responsable », a déclaré le pape Benoît XVI devant les évêques d’Amérique latine et des Caraïbes.
Benoît XVI s’est en effet rendu du collège Miraflores, où il réside pendant son séjour dans l’Etat mexicain de Guanajuato, à la cathédrale de León en voiture panoramique, à 18 h, heure locale, le dimanche 25 mars (2 h du matin, le 26 mars heure de Rome et de Paris), pour présider les secondes vêpres du 5e dimanche de carême: le pape a été ovationné tout au long du trajet de 5 km.
A l’entrée de la cathédrale – dédiée à Notre Dame de la Lumière -, le pape a embrassé le Crucifix et il a aspergé les fidèles avec l’eau bénite. Le chœur a entonné : « Tu es Petrus ». La célébration a eu lieu en présence des représentants des conférences épiscopales d’Amérique latine et des Caraïbes qui commémorent le bicentenaire de leur indépendance. Le pape s’est recueilli devant le Saint-Sacrement.
Il a ensuite été accueilli par Mgr Carlos Aguiar Retes, archevêque de Tlalnepantla, président de la Conférence épiscopale mexicaine et du CELAM:le pape a offert un calice à la cathédrale.
Voici l’homélie de Benoît XVI au cœur des vêpres, dans la traduction du Saint-Siège :
Messieurs les Cardinaux,?
Chers frères dans l’Épiscopat,
C’est une grande joie de prier avec vous tous dans cette basilique-cathédrale de León, dédiée à Notre-Dame de la Lumière (Nuestra Señora de la Luz). Sur la belle image que l’on vénère dans ce temple, la Très Sainte Vierge tient avec une grande tendresse son Fils dans une main, et tend l’autre pour secourir les pêcheurs. C’est ainsi que l’Eglise de tous les temps voit Marie, qu’elle la loue pour nous avoir donné le Rédempteur, qu’elle se confie à elle pour être la Mère que son divin Enfant nous a laissé depuis la croix. C’est pourquoi nous l’implorons fréquemment comme « notre espérance » parce qu’elle nous a montré Jésus et transmis les grandeurs que Dieu a réalisées et réalise avec l’humanité, sensiblement, comme en les expliquant aux petits de la maison.
La brève lecture que nous avons proclamée durant ces Vêpres nous offre un signe décisif de ces grandeurs. Les habitants de Jérusalem et ses chefs ne reconnurent pas le Christ mais, en le condamnant à mort, ils accomplirent en réalité les paroles des prophètes (cf. Ha 13, 27). Oui, la méchanceté et l’ignorance des hommes ne sont pas capables de freiner le plan divin de salut, la rédemption. Le mal ne peut pas en faire tant.
Une autre merveille de Dieu nous est rappelée par le second psaume que nous venons de réciter. Les « rochers » sont transformés « en étangs, le roc en source d’eau » (Ps 114, 8). Ce qui pourrait être une pierre d’achoppement et de scandale se transforme avec le triomphe de Jésus sur la mort en pierre angulaire : « C’est là l’œuvre du Seigneur ; ce fut merveille à nos yeux » (Ps 118, 23). Il n’y a donc pas de motif pour succomber au despotisme du mal. Et demandons au Seigneur Ressuscité qu’il manifeste sa force dans nos faiblesses et nos manques.
J’attendais avec grande joie cette rencontre avec vous, pasteurs de l’Eglise du Christ qui est en pèlerinage au Mexique et dans les autres pays de ce grand continent, comme une occasion pour regarder ensemble le Christ qui vous a confié cette belle tâche d’annoncer l’Evangile à ces peuples de forte tradition catholique. La situation actuelle de vos diocèses présente certainement des défis et des difficultés de nature très différente. Mais, en sachant que le Seigneur est ressuscité, nous pouvons continuer, confiants, avec la conviction que le mal n’a pas le dernier mot de l’histoire et que Dieu est capable d’ouvrir de nouveaux espaces à une espérance qui ne déçoit pas (cf. Rm 5,5).
J’accueille avec gratitude le salut cordial que m’a adressé Mgr l’Archevêque de Tlalnepantla et Président de la Conférence de l’Épiscopat du Mexique et du Conseil épiscopal latino-américain, se faisant ainsi l’interprète et le porte-parole de tous. Et je vous prie tous, pasteurs des diverses Églises particulières, de transmettre à vos fidèles, après votre retour chez vous, l’affection profonde du Pape qui porte au fond de son cœur toutes leurs souffrances et leurs espoirs.
En voyant sur vos visages le reflet des préoccupations du troupeau dont vous avez la charge, me viennent à la pensée les assemblées du Synode des Évêques auxquelles les participants applaudissent quand interviennent ceux qui exercent leur ministère dans des situations particulièrement douloureuses pour la vie et la mission de l’Église. Ce geste jaillit de la foi dans le Seigneur et signifie la fraternité dans les travaux apostoliques, tout comme la gratitude et l’admiration pour ceux qui sèment l’Évangile dans les épines, certaines en forme de persécution, d’autres de marginalisation ou de mépris. Les préoccupations ne manquent pas également pour l’absence de moyens et de ressources humaines, ou les obstacles imposés à la liberté de l’Église pour l’accomplissement de sa mission.
Le Successeur de Pierre partage ces sentiments et est reconnaissant pour votre sollicitude pastorale patiente et humble. Vous n’êtes pas seuls face aux difficultés comme vous ne l’êtes pas dans les réussites de l’évangélisation. Nous sommes tous unis dans les souffrances et dans la consolation (cf. 2 Co 1, 5). Sachez que vous avez une place particulière dans la prière de celui qui a reçu du Christ la charge de confirmer ses frères dans la foi (cf. Lc 22,31), qui les encourage aussi dans la mission de faire que notre Seigneur Jésus Christ soit toujours plus connu, aimé et suivi sur ces terres, sans se laisser effrayer par les contrariétés.
La foi catholique a marqué significativement la vie, les coutumes et l’histoire de ce continent, où beaucoup de nations commémorent le bicentenaire de leur indépendance. C’est un moment historique où le nom du Christ continue de briller, arrivé ici grâce à des missionnaires éminents et dévoués qui le proclamèrent avec audace et sagesse. Ils donnèrent tout pour le Christ, montrant que l’homme rencontre en Lui sa consistance et la force nécessaire pour vivre en plénitude et édifier une société digne de l’être humain comme son Créateur l’a voulu. Cet idéal de ne rien faire passer avant le Seigneur et de faire pénétrer la Parole de Dieu en tous, en se servant de ses propres signes et de ses meilleures traditions, continue d’être une précieuse orientation pour les pasteurs d’aujourd’hui.
Les initiatives qui se réalisent dans le cadre de l’Année de la foi, doivent être orientées de manière à conduire les hommes vers le Christ dont la grâce leur permettra de laisser les chaînes du péché qui les asservit et d’avancer vers la liberté authentique et responsable. La Mission continentale promue à Aparecida aide également  en cela; le renouveau ecclésial donne déjà de nombreux fruits dans les Églises particulières d’Amérique latine et des Caraïbes. Parmi eux, l’étude, la diffusion et la méditation des Écritures Saintes qui annoncent l’amour de Dieu et notre salut. En ce sens, je vous exhorte à continuer d’ouvrir les trésors de l’Évangile afin qu’ils deviennent une puissance d’espérance, de liberté et de salut pour tous les hommes (cf. Rom 1, 16). Et soyez toujours de fidèles témoins et interprètes de la parole du Fils incarné, qui vécut pour accomplir la volonté du Père et, étant homme avec les hommes, s’est dévoué pour eux jusqu’à la mort.
Chers frères dans l’Épiscopat, dans l’horizon pastoral et évangélisateur qui s’ouvre devant nous, il est particulièrement important de porter une grande attention aux séminaristes, les encourageant à « ne rien vouloir savoir d’autre, sinon Jésus Christ, et Jésus Christ crucifié » (1 Co 2,2). La proximité avec les prêtres n’en est pas moins fondamentale, eux qui ne doivent jamais manquer de la compréhension et de l’encouragement de leur Évêque, et si c’est nécessaire, également de sa réprobation paternelle pour des attitudes incorrectes. Ce sont ses premiers collaborateurs dans la communion sacramentelle du sacerdoce, auxquels il doit montrer une proximité constante et privilégiée. Il en va de même des différentes formes de vie consacrée dont les charismes doivent être estimés avec gratitude et accompagnés avec responsabilité et respect du don reçu. Une attention toute particulière doit être apportée aux laïcs les plus engagés dans la catéchèse, l’animation liturgique, l’action caritative et l’engagement social. Leur formation à la foi est essentielle pour rendre présent et fécond l’Évangile dans la société d’aujourd’hui. Et ce n’est pas juste qu’ils aient l’impression de ne pas compter dans l’Église malgré l’enthousiasme qu’ils mettent en y travaillant selon leur propre vocation et le grand sacrifice que parfois demande ce dévouement. A ce sujet, il est particulièrement important pour les pasteurs que règne un esprit de communion entre les prêtres, les religieux et les laïcs, évitant les divisions stériles, les critiques et les méfiances nocives.
C’est avec ces vœux fervents que je vous invite à être des sentinelles qui proclament jour et nuit la gloire de Dieu qui est la vie de l’homme. Soyez du côté de ceux qui sont marginalisés par la force, le pouvoir ou une richesse qui ignore ceux qui manquent de presque tout. L’Église ne peut pas séparer la louange de Dieu du service des hommes. L’unique Dieu Père et Créateur est celui qui nous a constitués frères : être homme c’est être frère et gardien du prochain. Sur ce chemin, aux côtés de l’humanité, l’Église doit revivre et actualiser ce que fut Jésus : le Bon Samaritain qui, venant de loin, s’est inséré dans l’histoire des hommes, nous a relevé et s’est préoccupé de notre guérison.
Chers frères dans l’Épiscopat, l’Église en Amérique latine, qui tant de fois s’est unie à Jésus Christ dans sa passion, doit continuer à être semence de l’espérance qui permet à tous de voir comment les fruits de la résurrection atteignent et enrichissent ces terres.
Que la Mère de Dieu, invoquée sous son nom de Très Sainte Marie de la Lumière, dissipe les ténèbres de notre monde et éclaire notre chemin, pour que nous puissions confirmer dans la foi le peuple latino-américain dans ses difficultés et ses aspirations, avec fermeté, courage et une foi ferme en celui qui peut tout et aime tout le monde à l’extrême. Amen.

Deuxième visite du Pape Benoît XVI en Afrique : Au Bénin, le pape a signé l’exhortation apostolique post-synodale «Africae munus»,

28 novembre, 2011

du site:

http://www.lasemaineafricaine.com/index.php?option=com_content&view=article&id=2152:deuxieme-visite-du-pape-benoit-xvi-en-afrique–au-benin-le-pape-a-signe-lexhortation-apostolique-post-synodale-lafricae-munusr&catid=7:vie-de-leglise&Itemid=9

Deuxième visite du Pape Benoît XVI en Afrique : Au Bénin, le pape a signé l’exhortation apostolique post-synodale «Africae munus», 
 
Jeudi, 24 Novembre 2011 13:03

Le pape reçu par le chef de l’Etat béninois.

Le Pape Benoît XVI a effectué sa seconde visite apostolique en Afrique, au Bénin notamment, du 18 au 20 novembre 2011. Cette visite qui intervient deux ans après celle de 2009 à Yaoundé, au Cameroun, du 17 au 20 mars, et du 20 au 23 mars, à Luanda, en Angola. Au cours de son second voyage africain, le Pape a signé et remis aux présidents des conférences épiscopales nationales et régionales d’Afrique et Madagascar et aussi des îles adjacentes, l’exhortation apostolique post-synodale «Africae munus», issue des travaux de la deuxième assemblée spéciale pour l’Afrique du synode des évêques, tenu du 4 au 25 octobre 2009 au Vatican, sur le thème: «L’Eglise en Afrique au service de la réconciliation, de la justice et de la paix. Vous êtes le sel de la terre… Vous êtes la lumière du monde» (Mt 5,13.14). A cette occasion, Benoît XVI a présidé les festivités marquant les 150 ans de l’évangélisation du Bénin et a prié sur la tombe du très regretté cardinal Bernardin Gantin, ancien doyen du Sacré collège, décédé en 2008.
Enjeux et temps forts de la visite «…Je vais me rendre au Bénin, pour affermir la foi et l’espérance des chrétiens d’Afrique et des îles adjacentes», déclarait le Pape Benoît XVI, peu avant son voyage en Afrique, où l’attendaient particulièrement les représentants des 35 conférences épiscopales nationales et 7 conférences épiscopales régionales. Du fond de ses 84 ans d’âge, il demandait de prier pour son voyage, le vingt-deuxième à l’étranger.
Il est 14h 55, heure de Cotonou, quand l’avion de la compagnie Alitalia transportant le Saint-Père se pose à l’aéroport international cardinal Bernardin Gantin de Cotonou. A sa descente d’avion, le Saint-Père est accueilli par le chef de l’Etat béninois, Thomas Boni Yayi, accompagné de son épouse, et par Mgr Antoine Ganyé, archevêque de Cotonou, en présence du nonce apostolique au Bénin. Toutes les forces vives de la nation béninoise étaient mobilisées pour accueillir le souverain pontife.
Peu après, s’enchaînent les discours. D’abord, celui du président Yayi Boni qui souhaite au Saint-Père la bienvenue «en terre africaine du Bénin», qualifiant cette visite apostolique d’«un immense plaisir» et le Bénin, d’un pays laïc à tolérance chrétienne. Le président béninois a enchaîné sur l’arrivée ou l’implantation des premiers missionnaires, le 18 avril 1861, la troisième visite d’un pape dans son pays, après celles de Jean-Paul II en 1982 et 1993. Mais également, sur la conférence nationale souveraine de 1990, dirigée par Mgr Isidore de Souza, alors archevêque de Cotonou, et la constitution dont est dotée le pays, la même année.
Répondant à ce message de bienvenue, le Pape Benoît XVI précise les trois motivations fondamentales de sa visite au Bénin: les 40 ans de l’établissement des relations diplomatiques entre le Bénin et le Saint-Siège; les 150 ans d’évangélisation du pays; le choix de venir prier sur la tombe du cardinal Gantin, ancien doyen du Sacré collège, décédé en 2008, pour remercier le Bénin d’avoir donné à l’Eglise ce digne fils et éminent serviteur, avec qui il a, pendant longtemps, collaboré et entretenait des rapports d’amitié. 
Benoît XVI a, ensuite, pris un bain de foule dans sa papamobile, tout le long du parcours, dans une ville pavoisée aux couleurs du Bénin et du Vatican, avec des foules chantant et dansant aux sons et rythmes du pays.
Durant ce voyage, les mots qui revenaient souvent sur la bouche du pape étaient teintés «d’espérance» et «d’encouragement», pour encourager l’engagement de l’Eglise en Afrique et en particulier du laïcat. Lors des différentes rencontres qu’il a eues avec l’épiscopat béninois ou africain, toutes les couches du pays et les diplomates, de l’aéroport à la basilique Immaculée Conception de Ouidah, en passant par la cathédrale Notre-Dame des Miséricordes de Cotonou et le palais présidentiel, Benoît XVI a prêché l’espérance et la paix. Il a insisté sur le témoignage et l’affermissement de la foi. En clair, le pape croit en l’espérance de l’Afrique.
Pendant la sainte messe dominicale qu’il a présidée devant plus de trente mille personnes au stade de l’Amitié de Cotonou, en la solennité du Christ-Roi de l’univers, le 20 novembre, le Saint-Père a exhorté à la réconciliation, la justice et la paix, noyau et point d’encrage de son exhortation apostolique post-synodale. «Chers frères et sœurs d’Afrique berceau de la Sainte-Famille, continuez de promouvoir les valeurs chrétiennes! Soyez des artisans de la réconciliation et de la paix!», a-t-il lancé à la fin de la messe. 
Le choix de Ouidah
Située à 40 km de Cotonou, la ville de Ouidah est ce lieu qui a servi de pied-à-terre aux premiers missionnaires, avant de gagner le Bénin entier. Ouidah abrite, entre autres, le séminaire Saint-Gall, le plus ancien d’Afrique, qui accueille plus de 200 grands séminaristes. Il est réputé pour l’excellence de la formation, jadis appelé le «Quartier latin de l’Afrique». C’est là que repose le très vénéré cardinal béninois. Prélude à cette visite, il y a eu l’inauguration, à Ouidah, des lieux symboliques comme: la rue et la place Benoît XVI.
A ce jour, les catholiques constituent le tiers de la population béninoise, implantés principalement dans le Sud du pays. Petit de par sa superficie, le Bénin est symboliquement un grand pays, du point de vue religieux, avec trois principales religions: le christianisme, l’islam et les religions traditionnelles, dont le vaudou.
Au sujet de l’exhortation
apostolique
C’est Mgr Nikolà Eterovic, secrétaire général du synode qui, en la basilique de Ouidah, a commenté le contenu de l’exhortation apostolique «Africae munus», précisant que l’Afrique est un continent multiethnique, multilinguistique et plein de richesse. Le document a été donné aux évêques, au clergé, aux personnes consacrées et aux fidèles laïcs. Après une analyse minutieuse et approfondie de l’exhortation de son prédécesseur sur le premier synode africain et aussi des réflexions des pères synodaux sur la marche et la vie de l’Eglise en Afrique au long des jours, Benoît XVI a tenu à donner cette exhortation, un document qui selon lui, doit inspirer les textes qui existent déjà et contribuer à l’établissement de la réconciliation, de la justice et de la paix.
De même qu’en mars 2009 à Yaoundé, il en avait remis «l’instrumentum laboris» aux présidents des conférences épiscopales d’Afrique et Madagascar et des îles adjacentes, lors de sa première visite africaine, de même, le Saint-Père  a remis le document à ses destinataires. «Dans l’exhortation apostolique Ecclesia in Africa, Jean-Paul II faisait remarquer qu’«en dépit de la civilisation contemporaine du «village global», en Afrique comme ailleurs dans le monde, l’esprit de dialogue, de paix et de réconciliation est loin d’habiter le cœur de tous les hommes. Les guerres, les conflits, les attitudes racistes et xénophobes dominent encore trop le monde des relations humaines 11. L’espérance qui caractérise la vie authentiquement chrétienne, rappelle que l’Esprit Saint est à l’œuvre partout, sur le continent africain aussi, et que les forces de vie, qui naissent de l’amour, l’emportent toujours sur les forces de la mort (cf. Ct 8,6-7)», écrit le pape au point 12 de l’introduction de ce document.
«Par ce document, je désire donner les fruits et les enseignements du synode, et j’invite tous les hommes de bonne volonté à poser sur l’Afrique un regard de foi et de charité, pour l’aider à devenir par le Christ et par l’Esprit Saint, lumière du monde et sel de la terre (cf. Mt 5,13.14). Un précieux trésor est présent dans l’âme de l’Afrique où je perçois «le poumon spirituel pour une humanité qui semble en crise de foi et d’espérance» 13, grâce aux richesses humaines et spirituelles inouïes de ses enfants, de ses cultures aux multiples couleurs, de son sol et de son sous-sol aux immenses ressources», ajoute-t-il au point 13. «Puisse l’Eglise catholique en Afrique être toujours un des poumons spirituels de l’humanité, et devenir chaque jour davantage une bénédiction pour le noble continent africain et pour le monde entier!», conclut le pape dans ce document de plus ou moins 140 pages.
Le document est subdivisé en deux parties: la première, intitulée «Voici, je fais l’univers nouveau» (Ap 21,5), comprend deux chapitres qui appelle au service de la réconciliation, la justice et la paix et qui propose des autoroutes ou chantiers pour la réconciliation, la justice et la paix. La seconde partie, intitulée «A chacun la manifestation de l’Esprit est donnée en vue du bien commun» (1 Co 12,7), compte, elle, trois chapitres et parle des membres de l’Eglise, des principaux champs d’apostolat et exhorte sur la parole de Jésus au paralytique de l’évangile: «Lève-toi, prends ton grabat et marche» (Jn 5,8)!
Rappelons que la remise de l’exhortation post-synodale de la première assemblée spéciale pour l’Afrique du synode des évêques, présidée par le Pape Jean-Paul II sur le thème: «L’Eglise et la mission évangélisatrice en Afrique vers l’An 2000: vous serez mes témoins» avait eu lieu, le 16 septembre 1995, en la cathédrale Notre-Dame des Victoires de Yaoundé.

Aristide Ghislain NGOUMA

DISCOURS DE BENOÎT XVI À ASSISE, CE 27 OCTOBRE 2011

28 octobre, 2011

du site:

http://www.zenit.org/article-29327?l=french

DISCOURS DE BENOÎT XVI À ASSISE, CE 27 OCTOBRE 2011

« L’absence de Dieu conduit à la déchéance de l’homme et de l’humanisme »

ROME, jeudi 27 octobre 2011 (ZENIT.org) – La vraie nature de la religion n’est pas de susciter la violence, déclare Benoît XVI qui, dans cet important discours prononcé ce jeudi matin à Assise, en la basilique Sainte-Marie-des-Anges, réfléchit au rôle des religions dans l’histoire, et l’histoire contemporaine. Il indique une tâche pour le dialogue interreligieux, 25 ans après la première rencontre promue par Jean-Paul II.
Il fait publiquement ce mea culpa, en écho au 12 mars 2000: « Oui, dans l’histoire on a aussi eu recours à la violence au nom de la foi chrétienne. Nous le reconnaissons, pleins de honte. Mais il est absolument clair que ceci a été une utilisation abusive de la foi chrétienne, en évidente opposition avec sa vraie nature.  »
Le pape affirme aussi que « l’absence de Dieu conduit à la déchéance de l’homme et de l’humanisme » et que « le « non » à Dieu a produit de la cruauté et une violence sans mesure, qui a été possible seulement parce que l’homme ne reconnaissait plus aucune norme et aucun juge au-dessus de lui, mais il se prenait lui-même seulement comme norme. Les horreurs des camps de concentration montrent en toute clarté les conséquences de l’absence de Dieu. »
Il explique la présence à cette « Journée de réflexion, de dialogue et de prière pour la paix et la justice dans le monde » de représentants des non-croyants. Le pape appelle enfin chacun à « s’engager résolument pour la dignité de l’homme et de servir ensemble la cause de la paix contre toute sorte de violence destructrice du droit. »

Discours de Benoît XVI à Sainte-Marie-des-Anges

Chers frères et sœurs,
Responsables et Représentants des Églises et des Communautés ecclésiales et des Religions du monde,
Chers amis,

Vingt-cinq années se sont écoulées depuis que le bienheureux Pape Jean-Paul II a invité pour la première fois des représentants des religions du monde à Assise pour une prière pour la paix. Que s’est-il passé depuis ? Où en est aujourd’hui la cause de la paix ? Alors la grande menace pour la paix dans le monde venait de la division de la planète en deux blocs s’opposant entre eux. Le symbole visible de cette division était le mur de Berlin qui, passant au milieu de la ville, traçait la frontière entre deux mondes. En 1989, trois années après Assise, le mur est tombé – sans effusion de sang. Subitement, les énormes arsenaux, qui étaient derrière le mur, n’avaient plus aucune signification. Ils avaient perdu leur capacité de terroriser. La volonté des peuples d’être libres était plus forte que les arsenaux de la violence. La question des causes de ce renversement est complexe et ne peut trouver une réponse dans de simples formules. Mais à côté des faits économiques et politiques, la cause la plus profonde de cet événement est de caractère spirituel : derrière le pouvoir matériel il n’y avait plus aucune conviction spirituelle. La volonté d’être libres fut à la fin plus forte que la peur face à la violence qui n’avait plus aucune couverture spirituelle. Nous sommes reconnaissants pour cette victoire de la liberté, qui fut aussi surtout une victoire de la paix. Et il faut ajouter que dans ce contexte il ne s’agissait pas seulement, et peut-être pas non plus en premier lieu, de la liberté de croire, mais il s’agissait aussi d’elle. Pour cette raison nous pouvons relier tout cela de quelque façon aussi à la prière pour la paix.
Mais qu’est ce qui est arrivé par la suite ? Malheureusement nous ne pouvons pas dire que depuis lors la situation soit caractérisée par la liberté et la paix. Même si la menace de la grande guerre n’est pas en vue, toutefois, malheureusement, le monde est plein de dissensions. Ce n’est pas seulement le fait que ici et là à maintes reprises des guerres ont lieu – la violence comme telle est potentiellement toujours présente et caractérise la condition de notre monde. La liberté est un grand bien. Mais le monde de la liberté s’est révélé en grande partie sans orientation, et même elle est mal comprise par beaucoup comme liberté pour la violence. La dissension prend de nouveaux et effrayants visages et la lutte pour la paix doit tous nous stimuler de façon nouvelle.
Cherchons à identifier d’un peu plus près les nouveaux visages de la violence et de la dissension. À grands traits – à mon avis – on peut identifier deux typologies différentes de nouvelles formes de violence qui sont diamétralement opposées dans leur motivation et qui manifestent ensuite dans les détails de nombreuses variantes. Tout d’abord il y a le terrorisme dans lequel, à la place d’une grande guerre, se trouvent des attaques bien ciblées qui doivent toucher l’adversaire dans des points importants de façon destructrice, sans aucun égard pour les vies humaines innocentes qui sont ainsi cruellement tuées ou blessées. Aux yeux des responsables, la grande cause de la volonté de nuire à l’ennemi justifie toute forme de cruauté. Tout ce qui dans le droit international était communément reconnu et sanctionné comme limite à la violence est mis hors jeu. Nous savons que souvent le terrorisme est motivé religieusement et que justement le caractère religieux des attaques sert de justification pour la cruauté impitoyable, qui croit pouvoir reléguer les règles du droit en faveur du « bien » poursuivi. Ici la religion n’est pas au service de la paix, mais de la justification de la violence.
La critique de la religion, à partir des Lumières, a à maintes reprises soutenu que la religion fut cause de violence et ainsi elle a attisé l’hostilité contre les religions. Qu’ici la religion motive de fait la violence est une chose qui, en tant que personnes religieuses, doit nous préoccuper profondément. D’une façon plus subtile, mais toujours cruelle, nous voyons la religion comme cause de violence même là où la violence est exercée par des défenseurs d’une religion contre les autres. Les représentants des religions participants en 1986 à Assise entendaient dire – et nous le répétons avec force et grande fermeté : ce n’est pas la vraie nature de la religion. C’est au contraire son travestissement et il contribue à sa destruction. Contre ceci, on objecte : mais d’où savez-vous ce qu’est la vraie nature de la religion ? Votre prétention ne dérive-t-elle pas peut-être du fait que parmi vous la force de la religion s’est éteinte ? Et d’autres objecteront : mais existe-t-il vraiment une nature commune de la religion qui s’exprime dans toutes les religions et qui est donc valable pour toutes ? Nous devons affronter ces questions si nous voulons contester de façon réaliste et crédible le recours à la violence pour des motifs religieux. Ici se place une tâche fondamentale du dialogue interreligieux – une tâche qui doit être de nouveau soulignée par cette rencontre. Comme chrétien, je voudrais dire à ce sujet : oui, dans l’histoire on a aussi eu recours à la violence au nom de la foi chrétienne. Nous le reconnaissons, pleins de honte. Mais il est absolument clair que ceci a été une utilisation abusive de la foi chrétienne, en évidente opposition avec sa vraie nature. Le Dieu dans lequel nous chrétiens nous croyons est le Créateur et Père de tous les hommes, à partir duquel toutes les personnes sont frères et sœurs entre elles et constituent une unique famille. La Croix du Christ est pour nous le signe de Dieu qui, à la place de la violence, pose le fait de souffrir avec l’autre et d’aimer avec l’autre. Son nom est « Dieu de l’amour et de la paix » (2 Co 13, 11). C’est la tâche de tous ceux qui portent une responsabilité pour la foi chrétienne, de purifier continuellement la religion des chrétiens à partir de son centre intérieur, afin que – malgré la faiblesse de l’homme – elle soit vraiment un instrument de la paix de Dieu dans le monde.
Si une typologie fondamentale de violence est aujourd’hui motivée religieusement, mettant ainsi les religions face à la question de leur nature et nous contraignant tous à une purification, une seconde typologie de violence, à l’aspect multiforme, a une motivation exactement opposée : c’est la conséquence de l’absence de Dieu, de sa négation et de la perte d’humanité qui va de pair avec cela. Les ennemis de la religion – comme nous l’avons dit – voient en elle une source première de violence dans l’histoire de l’humanité et exigent alors la disparition de la religion. Mais le « non » à Dieu a produit de la cruauté et une violence sans mesure, qui a été possible seulement parce que l’homme ne reconnaissait plus aucune norme et aucun juge au-dessus de lui, mais il se prenait lui-même seulement comme norme. Les horreurs des camps de concentration montrent en toute clarté les conséquences de l’absence de Dieu.
Toutefois, je ne voudrais pas m’attarder ici sur l’athéisme prescrit par l’État ; je voudrais plutôt parler de la « décadence » de l’homme dont la conséquence est la réalisation, d’une manière silencieuse et donc plus dangereuse, d’un changement du climat spirituel. L’adoration de l’argent, de l’avoir et du pouvoir, se révèle être une contre-religion, dans laquelle l’homme ne compte plus, mais seulement l’intérêt personnel. Le désir de bonheur dégénère, par exemple, dans une avidité effrénée et inhumaine qui se manifeste dans la domination de la drogue sous ses diverses formes. Il y a les grands, qui avec elle font leurs affaires, et ensuite tous ceux qui sont séduits et abîmés par elle aussi bien dans leur corps que dans leur esprit. La violence devient une chose normale et menace de détruire dans certaines parties du monde notre jeunesse. Puisque la violence devient une chose normale, la paix est détruite et dans ce manque de paix l’homme se détruit lui-même.
L’absence de Dieu conduit à la déchéance de l’homme et de l’humanisme. Mais où est Dieu ? Le connaissons-nous et pouvons-nous Le montrer de nouveau à l’humanité pour fonder une vraie paix ? Résumons d’abord brièvement nos réflexions faites jusqu’ici. J’ai dit qu’il existe une conception et un usage de la religion par lesquels elle devient source de violence, alors que l’orientation de l’homme vers Dieu, vécue avec droiture, est une force de paix. Dans ce contexte, j’ai renvoyé à la nécessité du dialogue, et j’ai parlé de la purification, toujours nécessaire, de la religion vécue. D’autre part, j’ai affirmé que la négation de Dieu corrompt l’homme, le prive de mesures et le conduit à la violence.
À côté des deux réalités de religion et d’anti-religion, il existe aussi, dans le monde en expansion de l’agnosticisme, une autre orientation de fond : des personnes auxquelles n’a pas été offert le don de pouvoir croire et qui, toutefois, cherchent la vérité, sont à la recherche de Dieu. Des personnes de ce genre n’affirment pas simplement : « Il n’existe aucun Dieu ». Elles souffrent à cause de son absence et, cherchant ce qui est vrai et bon, elles sont intérieurement en marche vers Lui. Elles sont « des pèlerins de la vérité, des pèlerins de la paix ». Elles posent des questions aussi bien à l’une qu’à l’autre partie. Elles ôtent aux athées militants leur fausse certitude, par laquelle ils prétendent savoir qu’il n’existe pas de Dieu, et elles les invitent à devenir, plutôt que polémiques, des personnes en recherche, qui ne perdent pas l’espérance que la vérité existe et que nous pouvons et devons vivre en fonction d’elle. Mais elles mettent aussi en cause les adeptes des religions, pour qu’ils ne considèrent pas Dieu comme une propriété qui leur appartient, si bien qu’ils se sentent autorisés à la violence envers les autres. Ces personnes cherchent la vérité, elles cherchent le vrai Dieu, dont l’image dans les religions, à cause de la façon dont elles sont souvent pratiquées, est fréquemment cachée. Qu’elles ne réussissent pas à trouver Dieu dépend aussi des croyants avec leur image réduite ou même déformée de Dieu. Ainsi, leur lutte intérieure et leur interrogation sont aussi un appel pour nous les croyants, pour tous les croyants, à purifier leur propre foi, afin que Dieu – le vrai Dieu – devienne accessible. C’est pourquoi, j’ai invité spécialement des représentants de ce troisième groupe à notre rencontre à Assise, qui ne réunit pas seulement des représentants d’institutions religieuses. Il s’agit plutôt de se retrouver ensemble dans cet être en marche vers la vérité, de s’engager résolument pour la dignité de l’homme et de servir ensemble la cause de la paix contre toute sorte de violence destructrice du droit.
En conclusion, je voudrais vous assurer que l’Église catholique ne renoncera pas à la lutte contre la violence, à son engagement pour la paix dans le monde. Nous sommes animés par le désir commun d’être « des pèlerins de la vérité, des pèlerins de la paix ». Je vous remercie.

[Texte original: Italien]

PREMIER DISCOURS DE BENOÎT XVI À ASSISE, CE 27 OCTOBRE 2011

27 octobre, 2011

du site:

http://www.zenit.org/article-29327?l=french

PREMIER DISCOURS DE BENOÎT XVI À ASSISE, CE 27 OCTOBRE 2011

« L’absence de Dieu conduit à la déchéance de l’homme et de l’humanisme »

ROME, jeudi 27 octobre 2011 (ZENIT.org) – La vraie nature de la religion n’est pas de susciter la violence, déclare Benoît XVI qui, dans cet important discours prononcé ce jeudi matin à Assise, en la basilique Sainte-Marie-des-Anges, réfléchit au rôle des religions dans l’histoire, et l’histoire contemporaine. Il indique une tâche pour le dialogue interreligieux, 25 ans après la première rencontre promue par Jean-Paul II.
Il fait publiquement ce mea culpa, en écho au 12 mars 2000: « Oui, dans l’histoire on a aussi eu recours à la violence au nom de la foi chrétienne. Nous le reconnaissons, pleins de honte. Mais il est absolument clair que ceci a été une utilisation abusive de la foi chrétienne, en évidente opposition avec sa vraie nature.  »
Le pape affirme aussi que « l’absence de Dieu conduit à la déchéance de l’homme et de l’humanisme » et que « le « non » à Dieu a produit de la cruauté et une violence sans mesure, qui a été possible seulement parce que l’homme ne reconnaissait plus aucune norme et aucun juge au-dessus de lui, mais il se prenait lui-même seulement comme norme. Les horreurs des camps de concentration montrent en toute clarté les conséquences de l’absence de Dieu. »
Il explique la présence à cette « Journée de réflexion, de dialogue et de prière pour la paix et la justice dans le monde » de représentants des non-croyants. Le pape appelle enfin chacun à « s’engager résolument pour la dignité de l’homme et de servir ensemble la cause de la paix contre toute sorte de violence destructrice du droit. »

Discours de Benoît XVI à Sainte-Marie-des-Anges

Chers frères et sœurs,
Responsables et Représentants des Églises et des Communautés ecclésiales et des Religions du monde,
Chers amis,

Vingt-cinq années se sont écoulées depuis que le bienheureux Pape Jean-Paul II a invité pour la première fois des représentants des religions du monde à Assise pour une prière pour la paix. Que s’est-il passé depuis ? Où en est aujourd’hui la cause de la paix ? Alors la grande menace pour la paix dans le monde venait de la division de la planète en deux blocs s’opposant entre eux. Le symbole visible de cette division était le mur de Berlin qui, passant au milieu de la ville, traçait la frontière entre deux mondes. En 1989, trois années après Assise, le mur est tombé – sans effusion de sang. Subitement, les énormes arsenaux, qui étaient derrière le mur, n’avaient plus aucune signification. Ils avaient perdu leur capacité de terroriser. La volonté des peuples d’être libres était plus forte que les arsenaux de la violence. La question des causes de ce renversement est complexe et ne peut trouver une réponse dans de simples formules. Mais à côté des faits économiques et politiques, la cause la plus profonde de cet événement est de caractère spirituel : derrière le pouvoir matériel il n’y avait plus aucune conviction spirituelle. La volonté d’être libres fut à la fin plus forte que la peur face à la violence qui n’avait plus aucune couverture spirituelle. Nous sommes reconnaissants pour cette victoire de la liberté, qui fut aussi surtout une victoire de la paix. Et il faut ajouter que dans ce contexte il ne s’agissait pas seulement, et peut-être pas non plus en premier lieu, de la liberté de croire, mais il s’agissait aussi d’elle. Pour cette raison nous pouvons relier tout cela de quelque façon aussi à la prière pour la paix.
Mais qu’est ce qui est arrivé par la suite ? Malheureusement nous ne pouvons pas dire que depuis lors la situation soit caractérisée par la liberté et la paix. Même si la menace de la grande guerre n’est pas en vue, toutefois, malheureusement, le monde est plein de dissensions. Ce n’est pas seulement le fait que ici et là à maintes reprises des guerres ont lieu – la violence comme telle est potentiellement toujours présente et caractérise la condition de notre monde. La liberté est un grand bien. Mais le monde de la liberté s’est révélé en grande partie sans orientation, et même elle est mal comprise par beaucoup comme liberté pour la violence. La dissension prend de nouveaux et effrayants visages et la lutte pour la paix doit tous nous stimuler de façon nouvelle.
Cherchons à identifier d’un peu plus près les nouveaux visages de la violence et de la dissension. À grands traits – à mon avis – on peut identifier deux typologies différentes de nouvelles formes de violence qui sont diamétralement opposées dans leur motivation et qui manifestent ensuite dans les détails de nombreuses variantes. Tout d’abord il y a le terrorisme dans lequel, à la place d’une grande guerre, se trouvent des attaques bien ciblées qui doivent toucher l’adversaire dans des points importants de façon destructrice, sans aucun égard pour les vies humaines innocentes qui sont ainsi cruellement tuées ou blessées. Aux yeux des responsables, la grande cause de la volonté de nuire à l’ennemi justifie toute forme de cruauté. Tout ce qui dans le droit international était communément reconnu et sanctionné comme limite à la violence est mis hors jeu. Nous savons que souvent le terrorisme est motivé religieusement et que justement le caractère religieux des attaques sert de justification pour la cruauté impitoyable, qui croit pouvoir reléguer les règles du droit en faveur du « bien » poursuivi. Ici la religion n’est pas au service de la paix, mais de la justification de la violence.
La critique de la religion, à partir des Lumières, a à maintes reprises soutenu que la religion fut cause de violence et ainsi elle a attisé l’hostilité contre les religions. Qu’ici la religion motive de fait la violence est une chose qui, en tant que personnes religieuses, doit nous préoccuper profondément. D’une façon plus subtile, mais toujours cruelle, nous voyons la religion comme cause de violence même là où la violence est exercée par des défenseurs d’une religion contre les autres. Les représentants des religions participants en 1986 à Assise entendaient dire – et nous le répétons avec force et grande fermeté : ce n’est pas la vraie nature de la religion. C’est au contraire son travestissement et il contribue à sa destruction. Contre ceci, on objecte : mais d’où savez-vous ce qu’est la vraie nature de la religion ? Votre prétention ne dérive-t-elle pas peut-être du fait que parmi vous la force de la religion s’est éteinte ? Et d’autres objecteront : mais existe-t-il vraiment une nature commune de la religion qui s’exprime dans toutes les religions et qui est donc valable pour toutes ? Nous devons affronter ces questions si nous voulons contester de façon réaliste et crédible le recours à la violence pour des motifs religieux. Ici se place une tâche fondamentale du dialogue interreligieux – une tâche qui doit être de nouveau soulignée par cette rencontre. Comme chrétien, je voudrais dire à ce sujet : oui, dans l’histoire on a aussi eu recours à la violence au nom de la foi chrétienne. Nous le reconnaissons, pleins de honte. Mais il est absolument clair que ceci a été une utilisation abusive de la foi chrétienne, en évidente opposition avec sa vraie nature. Le Dieu dans lequel nous chrétiens nous croyons est le Créateur et Père de tous les hommes, à partir duquel toutes les personnes sont frères et sœurs entre elles et constituent une unique famille. La Croix du Christ est pour nous le signe de Dieu qui, à la place de la violence, pose le fait de souffrir avec l’autre et d’aimer avec l’autre. Son nom est « Dieu de l’amour et de la paix » (2 Co 13, 11). C’est la tâche de tous ceux qui portent une responsabilité pour la foi chrétienne, de purifier continuellement la religion des chrétiens à partir de son centre intérieur, afin que – malgré la faiblesse de l’homme – elle soit vraiment un instrument de la paix de Dieu dans le monde.
Si une typologie fondamentale de violence est aujourd’hui motivée religieusement, mettant ainsi les religions face à la question de leur nature et nous contraignant tous à une purification, une seconde typologie de violence, à l’aspect multiforme, a une motivation exactement opposée : c’est la conséquence de l’absence de Dieu, de sa négation et de la perte d’humanité qui va de pair avec cela. Les ennemis de la religion – comme nous l’avons dit – voient en elle une source première de violence dans l’histoire de l’humanité et exigent alors la disparition de la religion. Mais le « non » à Dieu a produit de la cruauté et une violence sans mesure, qui a été possible seulement parce que l’homme ne reconnaissait plus aucune norme et aucun juge au-dessus de lui, mais il se prenait lui-même seulement comme norme. Les horreurs des camps de concentration montrent en toute clarté les conséquences de l’absence de Dieu.
Toutefois, je ne voudrais pas m’attarder ici sur l’athéisme prescrit par l’État ; je voudrais plutôt parler de la « décadence » de l’homme dont la conséquence est la réalisation, d’une manière silencieuse et donc plus dangereuse, d’un changement du climat spirituel. L’adoration de l’argent, de l’avoir et du pouvoir, se révèle être une contre-religion, dans laquelle l’homme ne compte plus, mais seulement l’intérêt personnel. Le désir de bonheur dégénère, par exemple, dans une avidité effrénée et inhumaine qui se manifeste dans la domination de la drogue sous ses diverses formes. Il y a les grands, qui avec elle font leurs affaires, et ensuite tous ceux qui sont séduits et abîmés par elle aussi bien dans leur corps que dans leur esprit. La violence devient une chose normale et menace de détruire dans certaines parties du monde notre jeunesse. Puisque la violence devient une chose normale, la paix est détruite et dans ce manque de paix l’homme se détruit lui-même.
L’absence de Dieu conduit à la déchéance de l’homme et de l’humanisme. Mais où est Dieu ? Le connaissons-nous et pouvons-nous Le montrer de nouveau à l’humanité pour fonder une vraie paix ? Résumons d’abord brièvement nos réflexions faites jusqu’ici. J’ai dit qu’il existe une conception et un usage de la religion par lesquels elle devient source de violence, alors que l’orientation de l’homme vers Dieu, vécue avec droiture, est une force de paix. Dans ce contexte, j’ai renvoyé à la nécessité du dialogue, et j’ai parlé de la purification, toujours nécessaire, de la religion vécue. D’autre part, j’ai affirmé que la négation de Dieu corrompt l’homme, le prive de mesures et le conduit à la violence.
À côté des deux réalités de religion et d’anti-religion, il existe aussi, dans le monde en expansion de l’agnosticisme, une autre orientation de fond : des personnes auxquelles n’a pas été offert le don de pouvoir croire et qui, toutefois, cherchent la vérité, sont à la recherche de Dieu. Des personnes de ce genre n’affirment pas simplement : « Il n’existe aucun Dieu ». Elles souffrent à cause de son absence et, cherchant ce qui est vrai et bon, elles sont intérieurement en marche vers Lui. Elles sont « des pèlerins de la vérité, des pèlerins de la paix ». Elles posent des questions aussi bien à l’une qu’à l’autre partie. Elles ôtent aux athées militants leur fausse certitude, par laquelle ils prétendent savoir qu’il n’existe pas de Dieu, et elles les invitent à devenir, plutôt que polémiques, des personnes en recherche, qui ne perdent pas l’espérance que la vérité existe et que nous pouvons et devons vivre en fonction d’elle. Mais elles mettent aussi en cause les adeptes des religions, pour qu’ils ne considèrent pas Dieu comme une propriété qui leur appartient, si bien qu’ils se sentent autorisés à la violence envers les autres. Ces personnes cherchent la vérité, elles cherchent le vrai Dieu, dont l’image dans les religions, à cause de la façon dont elles sont souvent pratiquées, est fréquemment cachée. Qu’elles ne réussissent pas à trouver Dieu dépend aussi des croyants avec leur image réduite ou même déformée de Dieu. Ainsi, leur lutte intérieure et leur interrogation sont aussi un appel pour nous les croyants, pour tous les croyants, à purifier leur propre foi, afin que Dieu – le vrai Dieu – devienne accessible. C’est pourquoi, j’ai invité spécialement des représentants de ce troisième groupe à notre rencontre à Assise, qui ne réunit pas seulement des représentants d’institutions religieuses. Il s’agit plutôt de se retrouver ensemble dans cet être en marche vers la vérité, de s’engager résolument pour la dignité de l’homme et de servir ensemble la cause de la paix contre toute sorte de violence destructrice du droit.
En conclusion, je voudrais vous assurer que l’Église catholique ne renoncera pas à la lutte contre la violence, à son engagement pour la paix dans le monde. Nous sommes animés par le désir commun d’être « des pèlerins de la vérité, des pèlerins de la paix ». Je vous remercie.

[Texte original: Italien]

MESSE À FREIBURG : HOMÉLIE DE BENOÎT XVI

26 septembre, 2011

du site:

http://www.zenit.org/article-29044?l=french
 
MESSE À FREIBURG : HOMÉLIE DE BENOÎT XVI

ROME, Dimanche 25 septembre 2011 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous le texte de l’homélie que le pape Benoît XVI a prononcée ce dimanche au cours de la messe qu’il a présidée sur l’esplanade de l’aéroport touristique de Freiburg, en présence des évêques des 27 diocèses de la République fédérale allemande.
Chers Frères et Sœurs,
Il est émouvant pour moi de célébrer ici l’Eucharistie, l’Action de grâces, avec tant de gens provenant de diverses parties de l’Allemagne et des pays voisins. Nous voulons adresser notre action de grâces surtout à Dieu, dans lequel nous nous mouvons et nous existons (cf. Ap. 17, 28). Mais je voudrais vous remercier aussi, vous tous, pour votre prière en faveur du Successeur de Pierre, afin qu’il puisse continuer à exercer son ministère avec joie et espérance confiante et confirmer ses frères dans la foi.
« Dieu qui donne la preuve suprême de ta puissance, lorsque tu patientes et prends pitié… » avons-nous dit dans la collecte du jour. Dans la première lecture nous avons entendu comment Dieu, dans l’histoire d’Israël a manifesté la puissance de sa miséricorde. L’expérience de l’exil babylonien avait fait tomber le peuple dans une profonde crise de la foi : pourquoi ce malheur était-il survenu ? Peut-être que Dieu n’était pas vraiment puissant absolument ?
Il y a des théologiens qui, face à toutes les choses terribles qui surviennent aujourd’hui dans le monde, disent que Dieu ne peut être absolument tout-puissant. Face à cela, nous professons Dieu, le Tout-Puissant, le Créateur du ciel et de la terre. Et nous sommes heureux et reconnaissants qu’il soit tout-puissant. Mais nous devons, en même temps, nous rendre compte qu’il exerce sa puissance de manière différente de ce que nous, les hommes, avons l’habitude de faire. Lui-même a mis une limite à son pouvoir, en reconnaissant la liberté de ses créatures. Nous sommes heureux et reconnaissants pour le don de la liberté. Toutefois, lorsque nous voyons les choses horribles qui arrivent à cause d’elle, nous nous effrayons. Faisons confiance à Dieu dont la puissance se manifeste surtout dans la miséricorde et dans le pardon. Et nous en sommes certains, chers fidèles : Dieu désire le salut de son peuple. Il désire notre salut, mon salut, le salut de chaque personne. Toujours, et surtout en des temps de péril et de changement radical, il nous est proche, et son cœur s’émeut pour nous, il se penche sur nous. Pour que la puissance de sa miséricorde puisse toucher nos cœurs, il faut s’ouvrir à Lui, il faut librement être prêt à abandonner le mal, à sortir de l’indifférence, et à donner un espace à sa Parole. Dieu respecte notre liberté. Il ne nous contraint pas. Il attend notre « oui » et, pour ainsi dire, il le mendie.
Dans l’Évangile, Jésus reprend ce thème fondamental de la prédication prophétique. Il raconte la parabole des deux fils qui sont envoyés par leur père pour travailler dans la vigne. Le premier fils répond : « ‘Je ne veux pas’. Mais ensuite, s’étant repenti, il y alla » (Mt 21, 29). L’autre au contraire dit à son père : « ‘Oui Seigneur ! » mais « il n’y alla pas » (Mt 21, 30). À la demande de Jésus, qui des deux a accompli la volonté du père, les auditeurs répondent justement : « Le premier » (Mt 21, 31). Le message de la parabole est clair : ce ne sont pas les paroles qui comptent, mais c’est l’agir, les actes de conversion et de foi. Jésus –nous l’avons entendu- adresse ce message aux grands prêtres et aux anciens du peuple d’Israël, c’est-à-dire aux experts en religion dans son peuple. Eux, d’abord, disent « oui » à la volonté de Dieu. Mais leur religiosité devient routine, et Dieu ne les inquiète plus. Pour cela ils ressentent le message de Jean Baptiste et le message de Jésus comme quelque chose qui dérange. Ainsi, le Seigneur conclut sa parabole par des paroles vigoureuses : « Les publicains et les prostituées vous précèdent dans le royaume de Dieu. Car Jean Baptiste est venu à vous, vivant selon la justice, et vous n’avez pas cru à sa parole ; tandis que les publicains et les prostituées y ont cru. Mais vous, même après avoir vu cela, vous ne vous êtes pas repentis pour croire à sa parole » (Mt 21, 31-32). Traduite en langage de ce temps, l’affirmation pourrait correspondre plus ou moins à ceci : les agnostiques, qui au sujet de la question de Dieu ne trouvent pas la paix ; les personnes qui souffrent à cause de leurs péchés et ont le désir d’un cœur pur, sont plus proches du royaume de Dieu que ne le sont les fidèles « de routine », qui dans l’Église voient désormais seulement ce qui paraît, sans que leur cœur soit touché par la foi.
Ainsi la parole doit faire beaucoup réfléchir, et même, doit nous secouer tous.  Ceci, cependant, ne signifie pas que tous ceux qui vivent dans l’Église et travaillent pour elle sont à estimer comme loin de Jésus et du royaume de Dieu. Absolument pas ! Non, c’est plutôt le moment de dire une parole de profonde gratitude à tant de collaborateurs employés et volontaires, sans lesquels la vie dans les paroisses et dans l’Église tout entière serait impensable. L’Église en Allemagne a de nombreuses institutions sociales et caritatives, dans lesquelles l’amour pour le prochain est exercé sous une forme qui est aussi socialement efficace et jusqu’aux extrémités de la terre. À tous ceux qui s’engagent dans la Caritas allemande ou dans d’autres organisations ou qui mettent généreusement à disposition leur temps et leurs forces pour des tâches de volontariat dans l’Église, je voudrais exprimer, en ce moment, ma gratitude et mon appréciation. Ce service demande avant tout une compétence objective et professionnelle. Mais dans l’esprit de l’enseignement de Jésus il faut plus : le cœur ouvert, qui se laisse toucher par l’amour du Christ, et donne ainsi au prochain, qui a besoin de nous, plus qu’un service technique : l’amour, dans lequel se rend visible à l’autre le Dieu qui aime, le Christ. Alors interrogeons-nous aussi à partir de l’Évangile d’aujourd’hui : comment est ma relation personnelle avec Dieu, dans la prière, dans la participation à la messe dominicale, dans l’approfondissement de la foi par la méditation de la sainte Écriture et l’étude du Catéchisme de l’Église catholique ? Chers amis, le renouveau de l’Église, en dernière analyse, ne peut se réaliser qu’à travers la disponibilité à la conversion et à travers une foi renouvelée.
Dans l’Évangile de ce dimanche –nous l’avons vu- on parle de deux fils, derrière lesquels, cependant, se tient, de façon mystérieuse, un troisième. Le premier fils dit non, mais réalise ensuite la volonté de son père. Le deuxième fils dit oui, mais ne fait pas ce qui lui a été ordonné. Le troisième fils dit « oui » et fait aussi ce qui lui est ordonné. Ce troisième fils est le Fils unique de Dieu, Jésus Christ, qui nous a tous réunis ici. Entrant dans le monde, Jésus a dit : « Voici, je viens […], pour faire, ô Dieu, ta volonté » (He 10, 7). Ce « oui », il ne l’a pas seulement prononcé, mais il l’a accompli et il a souffert jusqu’à la mort. Dans l’hymne christologique de la deuxième lecture on dit : « Lui qui était dans la condition de Dieu, il n’a pas jugé bon de revendiquer son droit d’être traité à l’égal de Dieu ; mais au contraire, il se dépouilla lui-même en prenant la condition de serviteur. Devenu semblable aux hommes et reconnu comme un homme à son comportement, il s’est abaissé lui-même en devenant obéissant jusqu’à mourir, et à mourir sur une croix » (Ph 2, 6-8). En humilité et obéissance, Jésus a accompli la volonté du Père, il est mort sur la croix pour ses frères et ses sœurs –pour nous- et il nous a rachetés de notre orgueil et de notre obstination. Remercions-le pour son sacrifice, fléchissons les genoux devant son Nom et proclamons ensemble avec les disciples de la première génération : « Jésus Christ est le Seigneur – pour la gloire de Dieu le Père » (Ph 2, 10).
La vie chrétienne doit se mesurer continuellement sur le Christ : « Ayez entre vous les dispositions que l’on doit avoir dans le Christ Jésus » (Ph 2, 5), écrit saint Paul dans l’introduction à l’hymne christologique. Et quelques versets avant il nous exhorte déjà : « S’il est vrai que dans le Christ on se réconforte les uns les autres, si l’on s’encourage dans l’amour, si l’on est en communion dans l’Esprit, si l’on a de la tendresse et de la pitié, alors, pour que ma joie soit complète, ayez les mêmes dispositions, le même amour, les mêmes sentiments ; recherchez l’unité » (Ph 2, 1-2). Comme le Christ était totalement uni au Père et lui obéissant, ainsi ses disciples doivent obéir à Dieu et avoir les mêmes dispositions entre eux. Chers amis, avec Paul, j’ose vous exhorter : rendez ma joie complète en étant solidement unis dans le Christ ! L’Église en Allemagne surmontera les grands défis du présent et de l’avenir et demeurera un levain dans la société si les prêtres, les personnes consacrées et les laïcs croyants dans le Christ, en fidélité à leur vocation spécifique, collaborent dans l’unité ; si les paroisses, les communautés et les mouvements se soutiennent et s’enrichissent mutuellement ; si les baptisés et les confirmés, en union avec l’Évêque, tiennent haut le flambeau d’une foi inaltérée et laissent illuminer par elle leurs riches connaissances et capacités. L’Église en Allemagne continuera d’être une bénédiction pour la communauté catholique mondiale, si elle demeure fidèlement unie aux Successeurs de saint Pierre et des Apôtres, si elle soigne de multiples manières la collaboration avec les pays de mission et se laisse aussi « gagner » en cela par la joie dans la foi des jeunes Églises.
À l’exhortation à l’unité, Paul joint l’appel à l’humilité. Il dit : «Ne soyez jamais intrigants ni vantards, mais ayez assez d’humilité pour estimer les autres supérieurs à vous-mêmes. Que chacun de vous ne soit pas préoccupé de lui-même, mais aussi des autres »  (Ph 2, 3-4). L’existence chrétienne est une pro-existence : un être pour l’autre, un engagement humble pour le prochain et pour le bien commun. Chers fidèles, l’humilité est une vertu qui, dans le monde d’aujourd’hui et, en général, de tous les temps, ne jouit pas d’une grande estime. Mais les disciples du Seigneur savent que cette vertu est, pour ainsi dire, l’huile qui rend féconds les processus de dialogue, possible la collaboration et cordiale l’unité. Humilitas, le mot latin pour « humilité », a quelque chose à voir avec humus, c’est-à-dire avec l’adhérence à la terre, à la réalité. Les personnes humbles ont les deux pieds sur la terre. Mais surtout ils écoutent le Christ, la Parole de Dieu, qui renouvelle sans arrêt l’Église et chacun de ses membres.
Demandons à Dieu le courage et l’humilité de cheminer sur la route de la foi, de puiser à la richesse de sa miséricorde et de tenir fixé notre regard sur le Christ, la Parole qui fait toutes choses nouvelles, qui pour nous est « le chemin, la vérité et la vie » (Jn 14, 6), qui est notre avenir. Amen.

12