Archive pour la catégorie 'Saint Paul l’Apôtre – Lettres'

BENOÎT XVI – LECTURE: COL 1, 3.12.15.17-18

19 juin, 2017

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Saints Pierre et Paul

BENOÎT XVI – LECTURE: COL 1, 3.12.15.17-18

AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercredi 7 septembre 2005

Le Christ fut engendré avant toute créature,
premier-né de ceux qui ressuscitent d’entre les morts

1. Nous nous sommes déjà arrêtés précédemment sur la fresque grandiose du Christ, Seigneur de l’univers et de l’histoire, qui domine l’hymne placé au début de la Lettre de saint Paul aux Colossiens. En effet, ce cantique rythme chacune des quatre semaines autour desquelles s’articule la Liturgie des Vêpres.
Le coeur de l’hymne est constitué par les versets 15-20, dans lesquels le Christ entre en scène de manière directe et solennelle, défini comme « image » du « Dieu invisible » (v. 15). Le terme grec eikon, « icône », est cher à l’Apôtre: dans ses Lettres, il l’utilise neuf fois en l’appliquant aussi bien au Christ, icône parfaite de Dieu (cf. 2 Co 4, 4), qu’à l’homme, image et gloire de Dieu (cf. 1 Co 11, 7). Toutefois, avec le péché, celui-ci « a changé la gloire du Dieu incorruptible, contre une représentation, simple image d’hommes corruptibles » (Rm 1, 23), choisissant d’adorer les idoles et devenant semblable à elles.
Nous devons donc continuellement modeler notre être et notre vie sur l’image du Fils de Dieu (cf. 2 Co 3, 18), car nous avons été « arrachés à l’empire des ténèbres », « transférés dans le Royaume de son Fils bien-aimé » (Col 1, 13). Et cela est le premier impératif de cet hymne: modeler notre vie sur l’image du Fils de Dieu, pénétrant dans ses sentiments et dans sa volonté, dans sa pensée.
2. Ensuite, le Christ est proclamé « premier-né (engendré le premier) de toutes créatures » (v. 15). Le Christ précède toute la création (cf. v. 17), étant engendré de toute éternité: car « c’est en lui qu’ont été créées toutes choses [...] par lui et pour lui » (v. 16). Même dans l’antique tradition juive, l’on affirmait que « tout le monde a été créé en vue du Messie » (Sanhédrin 98b).
Pour l’Apôtre, le Christ est aussi bien le principe de cohésion (« tout subsiste en lui »), que le médiateur (« par lui »), et la destination finale vers laquelle converge toute la création. Il est l’ »aîné d’une multitude de frères » (Rm 8, 29), c’est-à-dire qu’il est le Fils par excellence dans la grande famille des fils de Dieu, dans laquelle le Baptême nous insère.
3. A ce point, le regard passe du monde de la création à celui de l’histoire: le Christ est « la Tête du Corps, c’est-à-dire de l’Eglise » (Col 1, 18) et il l’est déjà à travers son Incarnation. En effet, Il est entré dans la communauté humaine, pour la diriger et la composer en un « corps »; c’est-à-dire en une unité harmonieuse et féconde. La consistance et la croissance de l’humanité possèdent dans le Christ la racine, l’axe vital, « le principe ».
C’est précisément avec ce primat que le Christ peut devenir le principe de la résurrection de tous, « le premier-né d’entre les morts », car « tous revivront dans le Christ… Comme prémices, le Christ, ensuite ceux qui seront au Christ » (1 Co 15, 22-23).
4. L’hymne touche à sa conclusion en célébrant la « plénitude », en grec « pleroma », que le Christ possède en lui comme don d’amour du Père. C’est la plénitude de la divinité qui rayonne sur l’univers et sur l’humanité, devenant source de paix, d’unité, d’harmonie parfaite (Col 1, 19-20).
Cette « réconciliation » et « pacification » est effectuée à travers « le sang de la croix », par lequel nous sommes justifiés et sanctifiés. En versant son sang et en se donnant lui-même, le Christ a répandu la paix qui, dans le langage biblique, est le résumé des biens messianiques et de la plénitude salvifique étendue à toute la réalité créée.
L’hymne se termine donc sur un horizon lumineux de réconciliation, d’unité, d’harmonie et de paix, sur lequel se lève de manière solennelle la figure de celui qui en est l’auteur, le Christ, « Fils bien-aimé » du Père.
5. Les écrivains de l’antique tradition chrétienne ont réfléchi sur ce passage intense. Saint Cyrille de Jérusalem, dans un de ses dialogues, cite le cantique de la Lettre aux Colossiens pour répondre à un interlocuteur anonyme qui lui avait demandé: « Nous disons donc que le Verbe engendré par Dieu le Père a souffert pour nous dans sa chair? ». La réponse, dans le sillage du Cantique, est affirmative. En effet, affirme Cyrille, « l’image du Dieu invisible, le premier-né de toutes créatures, visible et invisible, pour qui et en qui tout existe, a été donné – dit Paul – pour chef à l’Eglise: il est, en outre, le premier-né d’entre les morts », c’est-à-dire le premier de la série des morts qui ressuscitent. Cyrille poursuit: « Il a fait sien tout ce qui est propre à la chair de l’homme » et « endura une croix, dont il méprisa l’infamie » (He 12, 2). Nous disons que ce n’est pas un simple homme, comblé d’honneurs, je ne sais comment, qui en raison de son lien avec lui a été sacrifié pour nous, mais que c’est le Seigneur de la gloire lui-même qui a été crucifié » (Perché Cristo è uno: Collection de Textes patristiques, XXXVII, Rome 1983, p. 101).
Devant ce Seigneur de la gloire, signe de l’amour suprême du Père, nous élevons nous aussi notre chant de louange et nous nous prosternons en adoration et en action de grâce.

SAINT PAUL – IL N’Y A PLUS NI ESCLAVE NI HOMME LIBRE.

3 mars, 2016

http://www.traces-cl.fr/?id=500&id_n=225

SAINT PAUL – IL N’Y A PLUS NI ESCLAVE NI HOMME LIBRE.

par José Miguel Garcia

20/05/2014 -

Saint Paul demande à Philémon de traiter son serviteur Onésime comme un frère. Ses courriers étaient des lettres adressées à des amis. Dans ces lignes, il y avait une semence destinée à révolutionner l’histoire. Il y a quelques années, alors que je donnais un cours à l’université sur Les origines du christianisme, un étudiant avait mis en évidence des incohérences et contradictions présumées du christianisme, dans le but de montrer la fausseté de la proposition de vie de l’Église. Entre autres, il pointait du doigt le problème de l’esclavage. On pourrait résumer ainsi sa question, assez hautaine: «Comment est-ce possible que le christianisme prêche l’égalité entre les hommes et que, en même temps, il justifie l’esclavage? Car saint Paul, dans ses lettres, rappelle les esclaves à l’obéissance et à la fidélité envers leurs maîtres». En effet, en plusieurs passages de ses lettres (aux Colossiens, à Timothée), l’Apôtre conseille aux esclaves de bien se comporter avec leurs maîtres: «Vous, les esclaves, obéissez à vos maîtres d’ici-bas comme au Christ, avec crainte et profond respect, dans la simplicité de votre cœur. Ne le faites pas seulement d’une obéissance toute extérieure qui cherche à plaire aux hommes, mais comme des esclaves du Christ qui accomplissent la volonté de Dieu de tout leur cœur, et qui font leur travail d’esclaves volontiers, pour le Seigneur et non pour des hommes» (Éph 6,5-7). QUELLE SOLUTION? Cependant, c’est justement en regardant ces lettres, qu’on peut voir avec clarté une des dynamiques les plus marquantes de la présence chrétienne dans le monde. Il s’agit d’écrits “privés”, envoyés à des amis ou des communautés d’amis. Un rien, face à la toute-puissance de l’apparat culturel et juridique de l’Empire. Pourtant, il y avait dans ces lettres quelque chose qui, dans les siècles, était destiné à changer l’histoire, même sur ce point décisif. Pour saisir la pensée de saint Paul, il est nécessaire de comprendre le contexte de l’institution sociale de l’esclavage dans le monde ancien. Les historiens estiment qu’environ la moitié de la population de l’époque était constituée d’esclaves, la plupart d’entre eux venant de butins de guerres. L’économie était régie en grande partie par les travaux réalisés par les esclaves. Dans ce contexte, il est difficile d’imaginer que le christianisme naissant eût pu ressentir l’urgence de s’attaquer à l’institution de l’esclavage. Il s’agissait d’un problème énorme, dont la solution impliquait un changement radical de la société. Il suffit de penser à la révolte des esclaves, guidée par Spartacus, contre laquelle Rome déchaîna toute sa fureur, jusqu’à la faire disparaître complètement. LA SUPPLICATION. Néanmoins, le christianisme naissant introduisait dans le monde une nouveauté qui, avec le temps, allait changer la société. La nouveauté était la personne du Christ, qui révèle la dignité de tout homme, et réalise ainsi l’égalité. C’est pour cela que, dans ses lettres, saint Paul non seulement conseille aux esclaves l’obéissance à leurs maîtres par amour du Christ, mais, en même temps, il invite ces maîtres à bien traiter leurs esclaves, au nom du Christ: «Et vous, les maîtres, agissez de même avec vos esclaves, laissez de côté les menaces. Car vous savez bien que, pour eux comme pour vous, le Maître est dans le ciel, et qu’il ne fait pas de différence selon les personnes» (Éph 6,9). Mais le texte paulinien le plus significatif au sujet de l’esclavage, est certainement la lettre à Philémon. Quand il l’écrit, saint Paul est en prison. Onésime, l’esclave fugitif de la maison de Philémon, venait de Colosses (comme on peut lire en Col 4,9). La raison de la fuite d’Onésime n’est pas indiquée dans le texte, mais on peut comprendre qu’en quelque sorte, il avait causé du tort à son maître. Et il est probable que le dégât provoqué fut assez grave, si bien qu’Onésime va demander l’aide d’un ami de son maître, en allant le chercher jusqu’en prison. Il était certainement au courant de la grande influence de saint Paul sur son maître. Après la salutation et l’action de grâce, le contenu de ce courrier est une intercession pour Onésime. Dans sa lettre, Paul affirme clairement la conversion au christianisme d’Onésime, qui est même devenu son collaborateur dans la prédication de l’Évangile (v. 13; Col 4,9). Sachant que tout esclave fugitif devait être rendu à son maître, Paul le renvoie de nouveau à Philémon, le suppliant de l’accueillir non seulement en tant qu’esclave, mais en tant que frère. Dans cette lettre, nous ne trouvons pas une réflexion au sujet de l’esclavage; cependant, la manière d’aborder le problème concret de la fuite d’Onésime nous montre avec clarté que la foi introduit une nouvelle conception de la réalité, et donc une nouvelle façon de la vivre. Saint Paul ne fait aucune allusion à l’abolition de l’esclavage, mais sa manière de traiter Onésime, ainsi que le rappel fait à son maître Philémon de l’accueillir comme un frère, introduit un nouvel ordre, un lien social différent de celui que l’on vivait à l’époque. En abordant ainsi le problème d’Onésime, Paul dépasse les grandes barrières de la société de son temps. C’est le Christ, qui élimine ces barrières: «Vous tous que le Baptême a uni au Christ, vous avez revêtu le Christ; il n’y a plus ni Juif ni païen, il n’y a plus ni esclave ni homme libre, il n’y a plus l’homme et la femme, car tous, vous ne faites plus qu’un dans le Christ Jésus» (Gal 3,27-28). Dans ce texte, Paul exprime avec clarté le fait que la foi engendre une nouvelle relation entre les hommes: «J’ai quelque chose à te demander pour Onésime, mon enfant à qui, en prison, j’ai donné la vie dans le Christ […] S’il a été éloigné de toi pendant quelque temps, c’est peut-être pour que tu le retrouves définitivement, non plus comme un esclave, mais comme un frère bien-aimé: il l’est vraiment pour moi, combien plus le sera-t-il pour toi, aussi bien humainement que dans le Seigneur» (v. 10.15-16). Cette nouveauté dans les relations les plus proches, c’est le début d’un changement social. Comme nous le rappelle don Giussani, «le monde ne peut être changé que par un fragment de monde déjà changé. Toute autre tentative de changement du monde qui nous entoure, s’il ne part pas de ce qui est le plus proche, est velléitaire; et la proximité la plus proche est celle de se retrouver les uns avec les autres, émus par le même accent de l’annonce chrétienne, c’est-à-dire de la même vocation». Le grand souci de Paul est aussi que tous les chrétiens regardent et affirment le Christ, au-dessus de toute chose. C’est pour cela, qu’il arrive à dire: «Chacun doit rester dans la situation où il a été appelé. Toi qui étais esclave quand tu as été appelé, ne t’en inquiète pas; même si tu as la possibilité de devenir libre, tire plutôt profit de ta situation. En effet, l’esclave qui a été appelé par le Seigneur est un affranchi du Seigneur; de même, l’homme libre qui a été appelé est un esclave du Christ. Vous avez été achetés à un grand prix, ne devenez pas esclaves des hommes. Frères, chacun doit rester devant Dieu dans la situation où il a été appelé» (1Cor 7,20-24). JUSQU’A LA LOI. Dans notre vie, le point décisif est de suivre Jésus, dans la situation vécue par chacun. Tous sont un dans le Christ, qui est le Seigneur de tous. Dans la communauté chrétienne, ce n’est pas le statut social ou ce que l’on possède qui définit la personne, mais bien l’appartenance au Christ. C’est pour cela que des esclaves seront ordonnés prêtres, et pourront exercer des activités de gouvernement. Nous savons que Pie 1er (IIe siècle) et Calliste 1er (IIIe siècle) étaient des esclaves, et qu’ils furent élus Évêques de Rome. Dans les siècles suivants, on voit bien que cette conception va changer aussi ce qui est autour, jusqu’à la société. Jusqu’à combattre l’esclavage, même légalement. Elles apparaissaient comme bien peu de chose, ces lettres de saint Paul. Mais le vrai changement de l’homme, la possibilité de construire une société plus juste, prend son origine dans le Christ, puisque ce n’est qu’en Lui que l’humanité se révèle et s’accomplit. En dehors de cette relation, n’importe quelle tentative de solution des problèmes humains n’est que mensonge, et introduit une violence encore plus grande. Sa Présence, par contre, change l’histoire.

QUE SUIS-JE ? – « PAR LA GRÂCE DE DIEU, JE SUIS CE QUE JE SUIS » (1 COR. 15. 10)

29 février, 2016

http://www.centre-biblique.ch/echanges/1997/1997-3-b.htm

QUE SUIS-JE ? – « PAR LA GRÂCE DE DIEU, JE SUIS CE QUE JE SUIS » (1 COR. 15. 10)

Mon identité

Pleinement conscient de son indignité, l’apôtre Paul peut pourtant dire : « Par la grâce de Dieu, je suis ce que je suis » (1 Cor. 15. 10). Exhortant chacun à « ne pas avoir une haute pensée de lui-même, au-dessus de celle qu’il convient d’avoir » (Rom. 12. 3), le même apôtre dit aussi : « Que, dans l’humilité, l’un estime l’autre supérieur à lui-même » (Phil. 2. 3). Deux dangers apparemment contradictoires guettent le croyant au sujet de l’appréciation de lui-même, et spécialement lorsqu’il commence à se comparer aux autres : Il peut considérer son indignité, ses faiblesses, développer des complexes par rapport aux autres et en prendre prétexte pour éviter toute responsabilité. Il peut, par orgueil, se croire supérieur à ses frères à cause de ses capacités qu’il estime meilleures. Et pourtant Dieu nous met bien en garde : « Qu’as-tu que tu n’aies reçu ? Et si aussi tu l’as reçu, pourquoi te glorifies-tu ? » (1 Cor. 4. 7). Ce que l’apôtre Paul dit de lui-même en 1 Cor. 15 est un modèle d’équilibre. Il souligne d’abord sa propre indignité : « Je suis le moindre des apôtres » (v. 9). Ensuite, il relève ce que la grâce divine a fait de lui : « Par la grâce de Dieu, je suis ce que je suis » (v. 10a). Puis ce que cette grâce a fait par lui : « J’ai travaillé beaucoup plus qu’eux tous » (v. 10b). Enfin, il souligne que lui-même n’y est pour rien, en ajoutant : « Non pas moi toutefois, mais la grâce de Dieu qui est avec moi » (v. 10c). Une juste appréciation de l’identité que Dieu nous donne quand nous recevons sa grâce permet de prendre conscience de notre rôle comme membre du corps de Christ. Nous comprenons aussi que chaque croyant reçoit une fonction particulière de la part de Dieu et qu’il en est responsable pour lui-même. Animé par un esprit de grâce, il découvre alors chez ses frères du fruit supérieur au sien, produit par le Saint Esprit.

Mon activité Lorsque la grâce de Dieu a été reçue dans le coeur, l’Esprit Saint, par le moyen de la Parole, communique une vie nouvelle, dont l’origine et la nature sont divines : « A tous ceux qui l’ont reçu (c’est-à-dire Christ, vraie lumière venue dans le monde) il leur a donné le droit d’être enfants de Dieu… lesquels sont nés… de Dieu » (Jean 1. 12, 13). C’est ce que Jésus dit à Nicodème en parlant de nouvelle naissance : être nés d’eau et de l’Esprit (Jean 3. 3-8). Le croyant est une création nouvelle. Il possède une vie nouvelle, il est « en Christ » (2 Cor. 5. 17). C’est sa nouvelle condition et c’est ainsi que Dieu le considère. Toutefois, ce qui agissait précédemment dans mon être n’a pas été ôté : ma volonté propre, mes pulsions naturelles, toujours enclines à agir de façon contraire à la volonté divine. C’est ce que la Parole appelle « la chair » qui reste soumise à « la loi du péché » (Rom. 7. 23). Bien que cette « chair » soit toujours présente, ce n’est plus elle qui caractérise et domine le croyant (Rom. 6. 14-22 ; 8. 2-9). Pour mieux faire comprendre ce sujet difficile, essayons de l’expliquer sous la forme d’une allégorie, malgré son inévitable imperfection : Un atelier mécanique reçoit une machine automatique pour l’usinage de pièces particulières. Les premiers essais ne donnent pas les résultats escomptés. Divers réglages et modifications s’avèrent insuffisants : toutes les pièces fabriquées doivent être retouchées et beaucoup finissent au rebut. Une nouvelle machine est mise en place. Elle donne entière satisfaction. La vieille machine est déconnectée et rayée de l’inventaire, mais on la laisse dans l’atelier avec un panneau bien visible : « Hors service ». Un ouvrier consciencieux n’alimentera que la nouvelle machine, c’est évident. Un ouvrier négligent sera peut-être tenté de faire marcher l’ancienne. On comprend aisément le préjudice porté à la production, surtout du fait qu’on est habitué maintenant à un usinage précis avec la nouvelle machine. Il est presque superflu d’expliquer comment cet exemple s’applique à la vie du croyant. Faisons-le quand même en quelques mots : La première machine défectueuse, c’est notre « première manière de vivre », notre « vieil homme » ou notre « chair » qui ne peut que se corrompre en suivant ses convoitises trompeuses (Eph. 4. 22). Le panneau « Hors service » est la condamnation portée par Dieu lui-même et exécutée à la croix de Christ où le péché dans la chair a été condamné (Rom. 8. 3), notre « vieil homme » crucifié (Rom. 6. 6) et notre « chair » aussi (Gal. 6. 6) quand Jésus « est mort une fois pour toutes au péché » (Rom. 6. 10). La nouvelle machine dont la fonction répond aux exigences de fabrication, c’est la vie du « nouvel homme… selon l’image de celui qui l’a créé » (Col. 3. 10). La nouvelle source d’énergie, c’est le Saint Esprit qui verse l’amour de Dieu dans nos coeurs (Rom. 5. 5) et qui seul nous constitue vainqueurs en rendant inopérantes les convoitises de la chair (Gal. 5. 16). L’ouvrier responsable d’alimenter la nouvelle machine en laissant l’autre en repos, c’est le croyant lui-même auquel la Parole dit : « Tenez-vous donc vous-mêmes pour morts au péché, mais pour vivants à Dieu dans le Christ Jésus » (Rom. 6. 11). Il en résulte la production régulière du « fruit de l’Esprit » avec ses neuf caractéristiques, à la gloire de Dieu. F. Gfeller

Note: Une allégorie ne peut représenter qu’une partie de la vérité. Dans la cas envisagé, la source d’énergie (l’électricité) et la même pour les deux machines. Il n’en est pas ainsi du croyant : l’énergie qui fait agir la chair, c’est « la loi du péché qui existe dans mes membres » (Rom. 7. 23) tandis que l’Esprit Saint est la puissance d’action du nouvel homme.

SAINT JEAN CHRYSOSTOME – HOMÉLIE SUR CETTE PAROLE DE L’APOTRE : NOUS SAVONS QUE TOUT TOURNE A BIEN A CEUX QUI AIMENT DIEU…

10 décembre, 2015

http://www.abbaye-saint-benoit.ch/saints/chrysostome/tome4/homelie/homelie006.htm

SAINT JEAN CHRYSOSTOME – HOMÉLIE SUR CETTE PAROLE DE L’APOTRE : NOUS SAVONS QUE TOUT TOURNE A BIEN A CEUX QUI AIMENT DIEU ; ET  AUSSI SUR LA PATIENCE ET  L’AVANTAGE DES TRIBULATIONS.   AVERTISSEMENT.

L’exorde de cette homélie est tout à fait semblable à celui du sermon sur le débiteur des dix mille talents; dans l’un comme dans Vautre, Chrysostome se félicite de ce qu’après une longue maladie, il lui est donné de se retrouver et de s’entretenir de nouveau, comme au retour d’un long voyage, avec cette assemblée dont il est aimé, et qu’il aime à son tour d’une égale affection. De là, certains savants tirent cette conclusion que l’homélie sur le débiteur des dix mille talents ayant été prononcée certainement à Antioche, en 387, celle-ci le fut probablement à Constantinople. Car, disent-ils, il n’aurait pas fait deux fois le même exorde dans la même ville; mais, après s’être rétabli d’une maladie étant à Antioche, il s’y servit d’abord de ce début; et ensuite, étant à Constantinople, après un autre retour à la santé, il commença ce discours-ci de la même manière, devant des auditeurs dont pas un n’avait entendu l’autre. Cet argument ne semble pas tout à fait invraisemblable; pourtant comme Chrysostome a été souvent malade à Antioche, comme on le voit par plusieurs de ses discours, et que d’ailleurs il avait coutume, après un intervalle de quelques années, de répéter dans la même ville d’Antioche, non-seulement des exordes, mais des sermons tout entiers, qu’il remaniait et qu’il modifiait un peu, comme nous l’avons déjà vu souvent, rien n’empêche qu’il ne se soit servi quelques années plus tard, également à Antioche, du même début qu’en 387. Ce discours a donc pu être prononcé, soit dans l’une de ces villes, soit dans l’autre, et il est assez difficile de se déterminer entre les deux.   ANALYSE. Tendresse de Chrysostome pour ses auditeurs. — La charité est une dette qu’on ne peut jamais payer. — Les chrétiens patients dans les persécutions. — Efficacité des paroles de l’Apôtre. — Ingratitude des Macédoniens envers les apôtres. — Pourquoi saint Paul chassa le démon qui forçait la servante à reconnaître la mission des apôtres. — Ferveur et délivrance de Paul et de Silas. — De l’efficacité du chant des hymnes : pourquoi Paul et Silas s’y livrèrent au milieu de la nuit. — L’affliction nous rend attentifs et vigilants. — En fait de choses spirituelles, il. ne faut jamais différer. — Pourquoi Dieu permet les tentations.  1. Je me sens aujourd’hui comme si je ne m’étais pas rendu au milieu de vous depuis longtemps. Car bien que je ne fusse retenu à la maison que par ma mauvaise santé, je me trouvais comme exilé bien loin de votre amour. En effet, lorsque l’on aime véritablement et qu’on ne peut se trouver avec celui qu’on aime, on a beau habiter la même ville, on n’est pas moins affecté que si l’on vivait dans un autre pays. C’est là ce que savent tous ceux qui savent aimer. Pardonnez-nous donc, je vous en prie; car ce n’est pas la négligence qui a causé cette séparation; c’était le silence de la maladie. Et d’une part, je sais que vous vous réjouissez tous à présent de notre retour à la santé; et de mon côté, je me réjouis aussi, non pas seulement de l’avoir recouvrée, mais encore de ce qu’il m’est donné de revoir vos visages qui me faisaient faute, et de jouir de l’amour selon Dieu que vous me portez. La plupart des hommes, revenus à la santé, ne pensent qu’à se faire apporter du vin, à remplir leurs verres, à boire frais: pour moi, votre compagnie m’est plus agréable que toutes les réjouissances, et (110) elle est pour moi et la condition de ma santé, et la source de ma joie. Eh bien! donc, puisque par la grâce de Dieu nous nous sommes retrouvés mutuellement, il faut que nous vous payions la dette de la charité, si une telle dette se peut jamais payer. C’est qu’en effet, elle est la seule des obligations qui ne connaisse point d »e terme; plus on s’en acquitte, plus elle se prolonge, et si en fait d’argent nous donnons des éloges à ceux qui ne doivent rien, ici nous félicitons ceux qui doivent beaucoup. C’est pourquoi saint Paul, le docteur des nations, a écrit cette parole : Ne soyez redevables de rien à personne, excepté de la charité mutuelle (Rom. XIII, 8), voulant que notas nous acquittions sans cesse de cette obligation, tout en continuant d’y être tenus, et que jamais nous ne soyons affranchis de cette dette jusqu’au jour où nous le serons de la vie présente elle-même. Si donc une dette pécuniaire est un poids et une gêne, c’est, au contraire, une chose blâmable de ne pas devoir toujours la dette de la charité. Et pour preuve, écoutez avec quelle sagesse cet admirable docteur amène ce conseil. Il commence par dire : Ne soyez redevables de rien à personne; puis il ajoute : excepté de la charité mutuelle. Il veut que nous acquittions toutes nos autres dettes ici-bas, mais il entend que pour cette dernière il n’y ait jamais d’extinction possible. En effet, c’est elle surtout qui forme et discipline notre vie. Eh bien ! donc, puisque nous connaissons tout le profit à retirer de cette dette, puisque nous savons qu’on ne fait que l’augmenter en s’en acquittant, efforçons-nous aujourd’hui, nous aussi, de tout notre pouvoir, de payer celle que nous avons contractée envers vous, non par nonchalance ni ingratitude, mais par l’effet du mauvais état de notre santé; acquittons- nous, en adressant quelques paroles à votre charité, et, en prenant pour sujet de cet entretien l’Apôtre lui-même , ce merveilleux docteur du monde, mettons, sous vos yeux, et méditons à fond ce qu’il disait aujourd’hui en écrivant aux Romains; servons ainsi à votre charité le festin spirituel que nous avons été longtemps sans vous offrir. Quelles. sont ces paroles que nous avons lues? Il est nécessaire de vous le dire, afin que les ayant présentées à votre souvenir , vous saisissiez mieux ce que nous vous dirons. Nous savons, dit l’Apôtre, que tout tourne à bien à ceux qui aiment, Dieu. (Rom. VIII, 28. ) Quel est le but de cette entrée en matière? Car cette âme bienheureuse ne dit rien au hasard, ni en pure perte, mais elle applique toujours aux maux qui se présentent les remèdes spirituels qui leur conviennent. Quel est donc le sens de ses paroles? De nombreuses épreuves assiégeaient de toutes parts ceux qui s’avançaient alors dans la foi, les ruses de l’ennemi se succédaient incessamment, ses embûches étaient continuelles; ceux qui combattaient avec l’arme de la prédication n’avaient point de relâche : les uns étaient jetés en prison, d’autres en exil, on traînait les autres à mille abîmes divers; en conséquence, il agit comme un excellent général, qui , voyant son adversaire respirer la fureur, parcourt les rangs de ses soldats, relève partout leur courage, les fortifie, les prépare au combat, augmente leur audace, accroît leur désir d’en venir aux mains avec l’ennemi, les enhardit à ne pas craindre ses attaques, mais à se tenir en face, la fermeté dans le coeur pour le frapper, s’il est possible, au visage même, et ne point s’effrayer de lui résister. De même le bienheureux apôtre, cette âme d’une élévation toute céleste, voulant réveiller les pensées des fidèles,. et brûlant de relever leur âme en quelque sorte gisante à terre, commença par leur dire : Or nous savons que tout tourne à bien à ceux qui aiment Dieu. Voyez-vous la prudence apostolique? Il n’a point dit : Je sais, mais : Nous savons; il les range eux-mêmes dans le nombre de ceux qui conviennent de ce qu’il dit, que tout tourne à bien à ceux qui, aiment Dieu. Considérez aussi l’exactitude du langage de l’Apôtre. Il n’a pas dit : Ceux qui aiment Dieu échappent aux maux, sont délivrés des épreuves; mais : Nous savons, c’est-à-dire, nous sommes assurés, nous avons la certitude; l’expérience nous a démontré: Nous savons que tout tourne à bien à ceux qui aiment Dieu. 2. Quelle force ne trouvez-vous pas dans cette courte expression : Tout tourne à bien ? En effet, n’allez pas me parler des avantages d’ici-bas, ne songez pas seulement au bien-être et à la sécurité, mais aussi à ce qui leur est tout opposé : à la prison, aux tribulations, aux embûches, aux, attaqués journalières, et alors vous verrez parfaitement la portée de cette parole. Et pour ne pas entraîner au loin votre charité, prenons, si vous le voulez bien, quelques petits faits parmi ce qui arriva au bienheureux apôtre, et vouas verrez la force de ce (111) langage. Alors que , parcourant toutes les contrées, semant la parole de piété; arrachant les épines, et se hâtant d’implanter la vérité dans l’âme de chacun , il fut arrivé dans une ville de Macédoine, comme nous le raconte saint Luc, l’auteur des Actes, il rencontra là une jeune servante qui, possédée d’un malin esprit, ne pouvait garder le silence, et qui , s’en allant de côté et d’autre, voulait proclamer partout les apôtres par la suggestion de ce démon. Saint Paul, parlant alors avec grande autorité, employant un langage impérieux, comme quelqu’un qui chasserait un vil malfaiteur, délivra cette femme du malin esprit : les habitants de cette ville auraient dû considérer dès lors les apôtres comme des bienfaiteurs, comme des sauveurs , et, cri échange d’un tel bienfait, les traiter avec toute espèce d’égards. Ils firent pourtant tout le contraire. Ecoutez comment on récompense les apôtres : Les maîtres de cette servante, dit saint Luc, voyant que l’espoir de leur trafic était perdu, s’emparèrent de Paul et de Silos, les traînèrent sur la place publique devant les magistrats, puis ils les menèrent aux préteurs, et leur ayant donné un grand nombre de coups , ils les jetèrent en prison, en recommandant au geôlier de les garder soigneusement. (Act. XVI, 19, 23.) Voyez-vous l’excessive méchanceté des habitants de cette ville ? voyez-vous en même temps la patience et la fermeté des apôtres? Attendez un peu, et vous verrez aussi la miséricorde de Dieu. En effet, comme il est sage et fécond en ressources, il ne fait point cesser les maux tout d’abord et dès le début, mais, après que toutes les dispositions des adversaires ont pris de l’accroissement,après que la patience de ses athlètes a été prouvée par des faits, c’est alors que lui aussi montre à son tour son influence; afin que personne – ne puisse alléguer que si les serviteurs de Dieu courent ainsi aux dangers, c’est qu’ils se fient sur ce qu’ils n’auront rien de pénible à souffrir. C’est pour cela que dans les secrets de sa sagesse il laisse les uns devenir victimes des maux, et qu’il y soustrait les autres; il vent que l’exemple de tous vous instruise de son extrême miséricorde, il veut vous apprendre que lorsqu’il réserve à ses serviteurs de plus grandes récompenses, il permet souvent que leurs maux se prolongent. C’est ce qu’il a fait ici. Car après un tel miracle, après un si grand bienfait que celui par lequel ils se signalèrent en chassant cet esprit impudent, Dieu permit qu’ils fussent battus de verges et jetés en prison. C’est là surtout qu’apparut la puissance de Dieu. Aussi le saint Apôtre disait-il : Je me glorifierai donc le plus volontiers dans mes faiblesses, afin que la puissance du Christ habite en moi. Et un peu plus loin : Quand je suis faible, c’est alors que je suis puissant (II Cor. XII, 9, 10) ; il entend par faiblesse les tentations continuelles. Mais peut-être on se demandera ici pourquoi il a chassé un démon qui ne disait rien qui leur fût hostile, mais qui, au contraire, les faisait ouvertement connaître; car il y avait plusieurs jours qu’il criait: Ces hommes sont. les serviteurs du Dieu très-haut, qui vous annoncent le chemin du salut. (Act. XVI, 17.) Ne soyez point surpris, bien-aimé frère : ceci encore était l’effet de la prudence apostolique et de la grâce du Saint-Esprit. Car, bien qu’il ne dit rien qui leur fût hostile, il ne fallait point que le démon acquit par là un crédit qui l’eût mis à même, à d’autres égards, d’entraîner la croyance des simples voilà pourquoi saint Paul lui ferma la bouche et le chassa, ne voulant pas lui permettre de parler de choses dont il était indigne. Et, en agissant de la sorte, saint Paul suivait l’exemple de son Maître , car lorsque les démons venaient au-devant de Jésus, et lui disaient : Nous savons qui tu es, tu es le saint de Dieu (Luc, IV, 34), quoiqu’ils parlassent ainsi, Jésus les chassait. Et cela arrivait pour confondre les Juifs impudents qui voyaient tous les jours des miracles et une foule de prodiges, et qui refusaient de croire, tandis que les démons les avouaient, et confessaient Jésus pour le Fils de Dieu. 3. Mais passons à la suite de notre discours. Afin donc que vous appreniez que tout tourne à bien à ceux qui aiment Dieu, il est nécessaire de vous lire toute cette histoire : elle vous apprendra comment, après les coups et la prison, toutes choses ont été, par la grâce de Dieu, changées en avantages pour eux. Voyons comment saint Luc nous le fait voir; il dit : Le geôlier ayant reçu cette recommandation, les jeta dans la prison la plus intérieure, et leur mit des entraves aux pieds. (Act. XVI, 24.) Voyez comme leurs maux se prolongent, afin que la patience des apôtres devienne plus éclatante, et en même temps pour que la puissance ineffable de Dieu acquière aux yeux de tous une grande évidence. Ecoutez encore ce qui suit. (112) Saint Luc ajoute: Au milieu de la nuit, Paul et Silas priaient et louaient Dieu. (Ib. V, 25.) Voyez ces âmes. qui semblent avoir des ailes, ces esprits en éveil : ne passons point légèrement, mes frères bien-aimés, sur cette parole. Ce n’est pas au hasard ni pour indiquer seulement l’heure que saint Luc dit : Au milieu de la nuit; mais il veut nous montrer que pendant le temps où le sommeil enchaîne agréablement les autres hommes, et ferme leurs paupières. à l’heure où il est naturel que des personnes en proie à de nombreuses souffrances se laissent entraîner au sommeil, alors que de tous côtés le sommeil fait sentir son pouvoir absolu, c’est à cette heure que les apôtres priaient et louaient Dieu, donnant ainsi la plus grande preuve de leur amour envers lui. Car de même que si nous sommes affligés parles douleurs corporelles, nous recherchons la présence de nos proches, pour trouver dans leur conversation de quoi soulager la violence de notre mal ; ainsi les saints apôtres, embrasés d’amour pour leur Maître, et lui adressant les hymnes sacrés, ne sentaient même pas leurs douleurs; mais, tout entiers à leurs supplications, ils lui offraient cet admirable chant des hymnes : leur prison était devenue un temple, et elle était sanctifiée tout entière par les cantiques de ces bienheureux apôtres. C’était un spectacle merveilleux et admirable que ces hommes, dont les pieds étaient dans les entraves, mais dont la voix n’en avait aucune qui les empêchât de chanter les hymnes. C’est que. pour l’âme austère et vigilante, qui a pour Dieu une charité ardente, il n’est rien qui soit capable de la séparer de son Maître : Car, dit l’Ecriture, je suis le Dieu qui se rapproche, et non pas un Dieu qui se tient à distance (Jérém. XXIII, 23); et elle dit encore autre part : Tu parleras encore, que je dirai : Me voici. (Isaïe, LVIII, 9.) En effet, là où l’âme est en éveil, la pensée a des ailes et se dégage, pour ainsi dire, des liens du corps; elle prend son vol vers le Dieu qu’elle aime, et regarde avec dédain la-terre au-dessous d’elle s’élevant au-dessus des choses visibles, elle court vers Dieu : c’est ce qui est arrivé à nos saints apôtres. Voyez en effet la vertu soudaine des hymnes, et comment ces hommes, quoique en prison et les entraves aux pieds, quoique mêlés avec des imposteurs et des prisonniers, non-seulement n’éprouvèrent aucun dommage, mais encore n’en brillèrent que mieux, et éclairèrent par la lumière de leur propre vertu tous ceux qui étaient dans la prison. Car la voix de ces hymnes sacrés, pénétrant dans l’âme de chacun des prisonniers, la transformait, pour ainsi dire, et la corrigeait. En effet l’Apôtre ajoute : Aussitôt un grand tremblement de terre eut lieu : les fondements de la prison furent ébranlés, et à l’instant toutes les portes s’ouvrirent, et les liens de tous furent défaits. (Act. XVI, 26.) Vous voyez la puissance des hymnes auprès de Dieu ! Non-seulement ceux qui les lui offraient obtinrent leur propre soulagement, mais ils furent cause aussi que les liens de tous se détachèrent : c’était pour montrer par des faits que tout tourne à bien à ceux qui aiment Dieu. En effet, voyez un peu quel tableau ! des coups, une prison, des entraves, la compagnie des prisonniers. Eh bien! tout cela est devenu un sujet d’avantages, une occasion de gloire, non pas pour les apôtres seulement, non pas seulement pour les autres qui étaient en prison, mais pour le geôlier lui-même. En effet, que lisons-nous? Le geôlier s’étant réveillé, et ayant vu que les portes de la prison étaient ouvertes, tira son épée et allait se tuer, croyant que les prisonniers s’étaient échappés. (Ibid. V, 27.) Considérez ici avec moi la miséricorde de Dieu, laquelle surpasse toute expression ! Pourquoi tout cela arrive-t-il vers minuit? Uniquement pour que l’affaire se passe sans tumulte et dans le calme, et pour assurer le salut du geôlier. Car lorsque le tremblement de terre fut arrivé, et que les portes se furent ouvertes, les liens de tous les prisonniers se détachèrent, et Dieu ne permit pas qu’aucun d’entre eux s’évadât. Remarquez encore ici avec moi un nouveau trait de la sagesse divine. Toutes les autres circonstances, je veux dire, le tremblement de terre, l’ouverture des portes, ont eu. lieu pour que tout le monde apprît par l’événement quels étaient ceux que renfermait alors la prison, et que ce n’étaient pas des hommes ordinaires, mais s’il arriva que personne ne sortit, c’est afin que ceci ne devînt pas pour le geôlier une source de dangers. Pour vous en convaincre, écoutez comment, rien qu’au soupçon du fait, à la seule pensée de quelques évasions, il fit bon marché même de sa vie ! Saint Luc dit en effet : Ayant tiré son épée, il allait se tuer. Mais le bienheureux Paul, toujours attentif, toujours vigilant , arracha par ses paroles l’agneau de la. gueule du loup. Il s’écria : Ne te fais aucun mal! nous sommes tous ici. (Act. XVI, 28.) O comble d’humilité ! il ne conçut (113) aucun orgueil de ce qui venait de s’accomplir, il ne se révolta pas contre le geôlier, il ne se permit aucune expression de hauteur; mais il se comptait lui-même au nombre des prisonniers, des bourreaux, des malfaiteurs, en disant : Nous sommes tous ici. Vous venez de le voir usant de la plus grande humilité, et ne s’arrogeant rien de plus qu’aux malfaiteurs qui sont avec lui. Examinez enfin la conduite du bourreau : il ne s’adresse pas à saint Paul comme à quelqu’un des autres. Ayant pris courage et ayant demandé une lumière, il s’élança dans la chambre, et se jeta tout tremblant aux pieds de Paul et de Silas; puis les ayant reconduits dehors, il leur dit : Maîtres, que faut-il que je fasse pour être sauvé? (Ibid. V, 29, 30.) Voyez-vous que tout tourne à bien à ceux qui aiment Dieu ? voyez-vous les stratagèmes du démon, et comment ils furent déjoués? Voyez-vous comme ses artifices manquèrent leur but ? Quand les apôtres eurent chassé l’esprit malin, Satan fit en sorte qu’on les jetât en prison, croyant empêcher par là le cours de leurs prédications. Mais voilà que cette prison est devenue pour eux l’occasion d’un nouveau bénéfice spirituel. 4. Ainsi donc, nous aussi, si nous sommes vigilants, non-seulement dans les moments de calme, mais encore dans les tribulations, nous pouvons trouver notre profit, et plus encore dans la tribulation que dans le calme. Car ce dernier état nous rend presque toujours plus négligents ; la tribulation au contraire nous dispose à la -vigilance, elle nous rend dignes aux yeux de Dieu de l’assistance d’en-haut , alors surtout que, par notre espérance en lui , nous faisons preuve de patience et de fermeté dans toutes les afflictions qui nous surviennent. Ne soyons donc pas chagrins, quand nous sommes éprouvés, mais au contraire réjouissons-nous ; car c’est l’occasion de notre gloire. C’est dans ce sens que saint Paul a dit : Nous savons que tout tourne à bien à ceux qui aiment Dieu. Considérons aussi l’âme ardente de nos saints apôtres. Quand ils entendirent cette question du geôlier : Que faut-il que je fasse pour être sauvé ? tardèrent-ils à répondre ? remirent-ils à plus tard? négligèrent-ils de l’instruire ? nullement. Et que lui dirent-ils ? Crois au Seigneur Jésus-Christ, et tu seras sauvé, toi et toute ta famille. (Ibid. V, 31.) Voyez la sollicitude apostolique. Ils ne se contentent pas du salut de lui seul, ils veulent aussi, grâce à lui, envelopper tous les siens dans les lacs de la religion , et infliger à Satan une blessure cruelle : Et le geôlier fut baptisé à l’instant, lui et tous les siens, et il fut ravi de joie, avec toute sa famille, d’avoir cru en Dieu. (Ibid. V, 33, 34) Cela nous apprend à ne jamais différer même d’un instant dans les affaires spirituelles, mais à considérer toujours comme favorable l’occasion qui se présente. Si en effet nos saints apôtres n’ont pas voulu différer alors qu’il était nuit, quelle excuse aurons-nous si dans les autres moments du jour nous laissons échapper des profits spirituels ? Vous avez vu cette prison devenant une église ? ce repaire de bourreaux transformé soudain en une maison de prière ; vous avez vu s’y accomplir la sainte initiation ? Voilà l’effet de la vigilance, c’est là ce que l’on gagne à ne jamais négliger les profits spirituels, mais à tirer parti de toutes les occasions pour réaliser d’aussi nobles bénéfices. Le saint apôtre a donc bien eu raison d’écrire : Que tout tourne à bien à ceux qui aiment Dieu. Et nous aussi, je vous y engage, ayons cette parole bien gravée dans notre âme, et n’entrons jamais en dépit, quand il nous arrive des afflictions dans cette vie, événements . maladies, ou autres circonstances fâcheuses ; armons-nous d’une grande sagesse pour résister à toutes les épreuves, sachant que si nous sommes vigilants, nous pouvons tirer parti de tout , et des épreuves plus que des consolations. Ne nous troublons jamais , songeant combien la patience est profitable , et n’ayons pas même de sentiments de haine contre ceux qui nous attirent nos épreuves. Car s’ils agissent de la sorte pour atteindre leur but particulier, notre Maître commun le permet, voulant par ce moyen nous faire trouver nos bénéfices spirituels, nous faire obtenir le salaire de notre patience. Si nous pouvons donc supporter avec reconnaissance ce qui nous est infligé, nous effacerons par là une grande partie de nos péchés. Et si le Seigneur, en voyant un tel trésor, le docteur des nations, tomber chaque jour dans les dangers, supportait qu’il en fût ainsi, non par insouciance de son athlète, mais parce qu’il lui préparait une plus longue lutte, pour lui accorder ensuite de plus brillantes couronnes, que pourrions-nous dire, nous autres, qui sommes couverts d’une foule de péchés, et qui, à cause de ces péchés, rencontrons maintes et maintes épreuves, afin (114) qu’ayant porté ici-bas la peine de nos fautes , nous soyons au moins jugés dignes d’un peu d’indulgence, et que nous puissions en ce jour terrible goûter les biens mystérieux ? Réfléchissons à tout cela , et résistons généreusement à toutes les afflictions, afin de recevoir du Dieu de miséricorde la récompense de notre patience , de pouvoir diminuer la multitude de nos péchés, et obtenir les biens éternels , par la grâce et la miséricorde de Notre-Seigneur Jésus-Christ, avec lequel gloire, puissance et honneur au Père, ainsi qu’au Saint-Esprit, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

LA PENSÉE DU JOUR 1.12 – LE CONFLIT INVISIBLE (ÉPHÉSIENS 6:14)

30 novembre, 2015

http://www.richardlemay.com/PNS/LYH/Index.htm

LA PENSÉE DU JOUR 1.12 – LE CONFLIT INVISIBLE (ÉPHÉSIENS 6:14)

Tenez donc ferme : ayez à vos reins la vérité pour ceinture ; revêtez la cuirasse de la justice. (Éphésiens 6:14)

L’ennemi poursuit chacun de nous. Si nous voulons résister aux tentations qui nous assaillent de l’intérieur comme de l’extérieur, nous devons avoir la certitude d’être du côté du Seigneur, d’avoir sa vérité dans nos coeurs, prête à sonner l’alarme et à nous pousser à l’action contre tout ennemi. Dans cette défense, nous serons parmi les ennemis invisibles comme un roseau courbé par la tempête, agité par les vents et secoué en tous sens. Mais si le Christ demeure en notre âme, nous pourrons être fermes dans le Seigneur et dans sa force toute puissante. … L’esprit peut se développer et s’ennoblir. Il devrait être inspiré à méditer sur les choses célestes. Nos capacités devraient être cultivées au maximum, sinon nous n’atteindrons pas les normes divines. Si… [l’esprit] n’est pas dirigé vers le ciel, il devient une proie facile pour les tentations de Satan. L’ennemi le presse à s’engager dans des projets et des entreprises terrestres n’ayant aucun lien particulier avec Dieu. … Tout le zèle, tout le dévouement, toute l’énergie inquiète, tous les désirs fiévreux sont impliqués dans cette tâche, et Satan rit de voir l’effort humain lutter avec tant de persévérance pour quelque chose qu’il n’obtiendra jamais, qui restera toujours hors de sa portée. … Par certains côtés, nous nous devons d’être indépendants et de compter sur nous-mêmes. Mais là, l’ennemi nous attend avec ses pièges trompeurs, et l’orgueil prend la place de l’humilité. Quand vous ou moi comptons sur nos propres ressources, notre propre sagesse, et les desseins de notre coeur, nous essuyons finalement la désillusion, la honte et la confusion. Nous marchons vers une victoire certaine seulement si nous nous unissons étroitement à Dieu et portons toute l’armure de la justice. … Il est aussi essentiel de sentir le pouvoir de la vérité que d’y croire. Elle doit avoir sur l’esprit une influence constante et ferme. Mais on favorise les rêvasseries, qui bloquent la voie aux principes solides et sérieux du ciel. Nous donnons la préséance aux choses de cette vie plutôt qu’aux intérêts de la vie future, immortelle. L’ordinaire et le terrestre tuent le sens de l’éternel. Il n’y a qu’une sauvegarde contre les séductions et les pièges de Satan, c’est la vérité telle qu’elle est en Jésus. La vérité semée dans le coeur, nourrie par la vigilance et la prière, nourrie par la grâce du Christ, nous donnera le discernement. La vérité doit habiter dans le coeur. On doit en ressentir la puissance malgré tous les enchantements séduisants de Satan. La vérité peut purifier, guider et bénir l’âme — telle doit être votre expérience et la mienne.

Ellen G. White