http://www.lesreflexionsderaymondgravel.org/homelies2012/homelie22avril12.pdf
(est un fichier PDF , je l’ai transformé en Txt, il est possible que j’ai fait quelques erreurs, désolé!)
PÂQUES 3 (B) : 22 AVRIL 2012
TROISIÈME DIMANCHE DE PÂQUES : 22 AVRIL 2012
TITRE : PÂQUES, UN NOUVEAU JOUR QUI DURE ENCORE!
Référence Biblique : 2
2ème Lecture : Jean (1 Jn 2,1-5a)
1 Mes petits enfants, je vous écris pour que vous évitiez le péché. Mais, si l’un de nous vient à pécher, nous avons un défenseur devant le Père : Jésus Christ, le Juste. 2Il est la victime offerte pour nos péchés, et non seulement pour les nôtres, mais encore pour ceux du monde entier. 3Et voici comment nous pouvons savoir que
nous le connaissons : c’est en gardant ses commandements. 4 Celui qui dit : « Je le connais », et qui ne garde pas ses commandements, est un menteur : la vérité n’est pas en lui. 5 Mais en celui qui garde fidèlement sa parole, l’amour de Dieu atteint vraiment la perfection.
Référence Biblique : Évangile : Luc (Lc 24,35-48)
Les disciples qui rentraient d’Emmaüs racontaient aux onze Apôtres et à leurs compagnons 35 ce qui s’était passé sur la route, et comment ils avaient reconnu le Seigneur quand il avait rompu le pain. 36 Comme ils en parlaient encore, lui-même était là au milieu d’eux, et il leur dit : « La paix soit avec vous. » 37 Frappés de
stupeur et de crainte, ils croyaient voir un esprit. 38 Jésus leur dit : « Pourquoi êtesvous bouleversés? Et pourquoi ces pensées qui surgissent en vous? 39 Voyez mes mains et mes pieds : c’est bien moi! Touchez-moi, regardez : un esprit n’a pas de chair ni d’os, et vous constatez que j’en ai. » 40 Après cette parole, il leur montra ses mains et ses pieds. 41 Dans leur joie, ils n’osaient pas encore y croire, et restaient saisis d’étonnement. Jésus leur dit : « Avez-vous ici quelque chose à manger? » 42 Ils lui offrirent un morceau ce poisson grillé. 43 Il le prit et le mangea devant eux. 44 Puis il déclara : « Rappelez-vous les paroles que je vous ai dites quand j’étais encore avec vous : Il fallait que s’accomplisse tout ce qui a été écrit de moi dans la loi de Moïse, les Prophètes et les Psaumes. » 45 Alors il leur ouvrit l’esprit à l’intelligence des Écritures. 46 Il conclut : « C’est bien ce qui était annoncé par l’Écriture : les souffrances du Messie, sa résurrection d’entre les morts le
troisième jour, 47 et la conversion proclamée en son nom pour le pardon des péchés, 2à toutes les nations, en commençant par Jérusalem. 48 C’est vous qui en êtes les
témoins. »
HOMÉLIE DE RAYMOND GRAVEL
Titre : Pâques, un nouveau jour qui dure encore! En cette année B, on passe de Marc à Jean et de Jean à Luc, pour montrer toute la richesse des manifestations du Christ ressuscité aux disciples de la première heure. De sa présence physique auprès des siens, Jésus n’est plus selon la chair, mais il est maintenant tout aussi présent selon l’Esprit, et l’expérience du premier jour de Pâques dure encore, parce que ce jour ne finit plus : c’est l’expérience du témoignage : « C’est vous qui en êtes les témoins » (Lc 24,48). Quels messages pouvons-nous tirer des lectures bibliques d’aujourd’hui?
!. Pâques : un nouveau jour qui dure encore : Dans l’évangile de Luc, le jour de Pâques est le jour le plus long de l’année…C’est un jour qui ne finit pas. Au matin, très tôt, des femmes se rendent au cimetière pour visiter un mort et reçoivent un message qu’il est vivant et elles ont pour mission de l’annoncer aux disciples (Lc 24,1-10). Les disciples ne les croient pas; ils disent que c’est du délire de femmes (Lc 24,11). Le soir venu, 2 disciples font route vers Emmaüs, à 2 heures de marche de Jérusalem, et sur la route, ils rencontrent un étranger qui leur réchauffe le cœur par sa Parole; les 2 disciples invitent l’étranger dans leur maison, car il se fait tard et ils reconnaissent le Ressuscité, à travers cet étranger, lorsqu’il rompt le pain et le partage avec eux (Lc 24,13-32). Aussitôt, ces 2 disciples repartent vers Jérusalem (un autre 2 heures de marche), pour aller rejoindre les autres disciples rassemblés (Lc 24,33-34). Arrivés à Jérusalem, c’est l’évangile d’aujourd’hui, les disciples d’Emmaüs racontent aux autres disciples leur expérience du Ressuscité (Lc 24,35). On est toujours le même jour; il doit commencer à se faire tard…Pendant qu’ils se racontent, le Christ se fait présent au milieu d’eux, en leur souhaitant la paix, comme dans l’évangile de Jean, la semaine passée (Lc 24,36). Et là, saint Luc nous donne une catéchèse sur la messe; il nous fait assister à une eucharistie, comme lieu de rencontre et de reconnaissance du Ressuscité (Lc 24,37-48). Et, après cette eucharistie, le Christ ressuscité emmène les disciples à Béthanie cette fois,un autre petit village au sud de Jérusalem, pour les bénir et s’élever vers le
ciel (Lc 24,50-51). Et, après l’Ascension, toujours le même jour, les disciples retournent à Jérusalem, dans le temple, pour bénir Dieu (Lc 24,52). 3 Finalement, Luc précise : « Et ils étaient sans cesse dans le Temple à bénir Dieu » (Lc 24,53).En 1991, dans la revue Signes d’aujourd’hui, le théologien Marcel Metzger se pose la question suivante : « À quelle heure les disciples d’Emmaüs se sont-ils donc couchés le soir de Pâques? » C’est une bonne question, si on fait une lecture littérale du récit…Mais en même temps, on y décèle pleins d’incohérences et de non-sens : Au temps biblique, la nuit, on ne peut circuler…Il n’y a pas de lumière. Tous ces déplacements de nuit n’ont pas d’allure, et comment ont-ils pu voir Jésus monter au ciel, en pleine nuit?
Dans le fond, ce que Luc veut nous faire comprendre, à travers ce récit, c’est que Pâques est une nouvelle aventure, un nouveau Jour, pour l’Église qui est signe de la présence du Ressuscité, à travers ses disciples, les chrétiens de tous les temps. Cette nouvelle aventure ne se termine pas; elle se continue dans l’Église d’aujourd’hui. C’est un jour nouveau qui dure encore…Nous sommes toujours le dimanche de Pâques!
2. La mort-résurrection : une même réalité : Comme dans l’évangile de Jean, la mort-résurrection de Jésus sont 2 événements inséparables pour la foi chrétienne. Que devons-nous retenir de cette présence du Ressuscité? Il y a des similitudes dans tous les évangiles concernant la Résurrection du Christ : tous affirment que le tombeau est vide, que Jésus est vivant, que ceux et celles qui l’ont vu ne l’ont pas reconnu tout de suite et que le doute et la peur font partie de l’expérience de foi de celles et ceux qui l’ont rencontré. Ce qui signifie que le Christ ressuscité n’est pas le cadavre réanimé de Jésus de Nazareth; c’est le Crucifié transformé par Pâques : « Voyez mes mains et mes pieds : c’est bien moi! Touchez-moi, regardez : un esprit n’a pas de
chair ni d’os, et vous constatez que j’en ai » (Lc 24,39). Et pour dire qu’il est le même tout en étant différent de celui qu’ils ont connu sur les routes de Galilée, après leur avoir demandé quelque chose à manger (Lc 24,41), le Ressuscité : « prit le poisson et le mangea devant eux » (Lc 24,43), non pas avec eux, mais bien devant eux, pour signifier, selon le théologien Gérard Sindt que : « Manger devient ici une preuve de la vérité d’un être en
relation qui abolit les distances tout en les maintenant ». Mais pourquoi cette insistance sur la matérialité du Ressuscité, dans l’évangile de Luc? Saint Luc connaît très bien la théologie de saint Paul qui dit que l’Église est Corps du Christ ressuscité, à travers ses disciples qui sont ses membres. C’est donc à travers eux que le Christ peut se manifester, non pas en fantôme, mais en être humain, en chair et en os : « Frappés de stupeur 4
et de crainte, les disciples croyaient voir un esprit » (Lc 24,37). « Jésus leur dit : Pourquoi êtes-vous bouleversés? Et pourquoi ces pensées qui surgissent en vous? » (Lc 24,38). « Voyez mes mains et mes pieds : c’est bien moi! Touchez-moi, regardez : un esprit n’a pas de chair ni d’os, et vous constatez que j’en ai » (Lc 24,39). Mais qui est-il donc? Il est celles et ceux qui portent les marques de sa passion (nous sommes en pleine persécution), qui annoncent sa Parole en ouvrant les esprits à l’intelligence des Écritures, qui partagent le pain rompu et qui proclament, en son nom, le pardon des péchés pour tous. Ceux-là sont les premiers témoins de Pâques.3. Des témoins officiels aux croyants d’aujourd’hui : Pourquoi ces récits d’apparitions aux disciples? Tout simplement, pour faire des disciples de l’Église primitive des témoins officiels de Pâques : « C’est vous qui en êtes les témoins » (Lc 24,48). Encore aujourd’hui, il nous est possible de faire l’expérience du Ressuscité comme au premier temps de l’Église. La seule différence, c’est qu’il nous est impossible de comparer cette présence du Ressuscité avec celle du Nazaréen, comme les premiers chrétiens pouvaient le faire. Cependant, leur témoignage devrait nous suffire. Les disciples de la première heure ont connu Jésus de Nazareth; ils l’ont vu mourir, ils l’ont rencontré dans l’Église du 1er siècle et ils ont pu vérifier l’authenticité du Ressuscité comme la continuité de Jésus de Nazareth qu’ils ont connu, aimé et suivi. Ils deviennent donc des témoins privilégiés et les expériences ultérieures du Ressuscité se fondent nécessairement sur leur témoignage. C’est donc sur la foi des premiers témoins que s’expriment notre propre foi au Christ. Au 4è siècle, saint Augustin avait une façon bien à lui d’exprimer cette réalité. Dans son sermon # 116, sur l’évangile d’aujourd’hui, il
écrit : « Le Christ total s’est fait connaître d’eux (ses disciples) et s’est fait connaître de nous. Mais il n’a pas été connu tout entier par eux, ni tout entier par nous. Eux, ils ont vu la tête (Jésus) et ils ont cru au corps
(Église). Nous, nous avons vu le corps (Église) et nous avons cru à la tête (Jésus). Cependant, le Christ ne fait défaut à personne : il est tout entier en tous, et pourtant son corps lui demeure attaché ».En terminant, en 2è lecture aujourd’hui, saint Jean nous rappelle que pour connaître Jésus Christ, il nous faut faire l’expérience de l’Amour : « Celui qui dit : Je le connais et qui ne garde pas ses commandements, est un menteur : la vérité n’est pas en lui » ( 1 Jn 2,4). « Mais en celui qui garde fidèlement sa parole, l’amour de Dieu atteint vraiment la perfection » (1 Jn 2,5). Cessons de matérialiser les récits de Pâques, pour ne pas en réduire la portée et la signification profonde. Nous sommes concernés par ces récits, puisque nous avons la possibilité de rencontrer le
Ressuscité et l’obligation d’en témoigner pour que d’autres puissent aussi le rencontrer…Et c’est à l’amour que nous aurons que les autres le reconnaîtront.
Raymond Gravel ptre
Diocèse de Joliette.