Archive pour la catégorie 'Saint Esprit'

LE SAINT-ESPRIT TRANSFORME VOTRE VIE

21 mai, 2015

http://www.mondedemain.org/articles/le-saint-esprit-transforme-votre-vie-f277

LE SAINT-ESPRIT TRANSFORME VOTRE VIE

PAR JOHN OGWYN

Beaucoup de gens sont confus à propos du Saint-Esprit. Non seulement, ils ne comprennent pas ce qu’est sa nature, mais ils n’ont, en outre, aucune idée de ce qu’il est supposé accomplir en eux, ou pourquoi il est nécessaire. Qu’en est-il en ce qui vous concerne ? Avez-vous véritablement des réponses à ces questions ?
Nous sommes dans un monde craintif et anxieux. L’homme est de plus en plus dépendant de sa propre technologie. Toutes nos avancées en matière d’éducation et d’informations n’ont pas fait de ce monde un emplacement sûr. Que devient-on en ce monde hostile et insensé ?
Quels sont les changements que le Saint-Esprit pourrait réaliser dans vos pensées, et dans vos actions ? Y a-t-il quelque chose à faire de votre côté, pour que ces changements surviennent, ou faut-il penser que le Saint-Esprit prend, en quelque sorte, en charge la vie du chrétien ? Etudions le rôle, que le Saint-Esprit pourrait jouer dans notre vie, et quels seraient les changements qui pourraient avoir lieu.
Ranimer le don de Dieu
Selon les Ecritures, le Saint-Esprit nous est présenté comme un don de Dieu. Dans le sermon qu’il a donné le jour de la Pentecôte, l’apôtre Pierre a dit : « Repentez-vous, et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus-Christ, pour le pardon de vos péchés ; et vous recevrez le don du Saint-Esprit » (Actes 2 :38). Il y a deux choses très claires dans cette déclaration de l’apôtre Pierre. Premièrement, le Saint-Esprit est un don divin. Vous ne pouvez pas le mériter. Ensuite, pour recevoir le Saint-Esprit, vous devez vous repentir de vos péchés. La vraie repentance implique un changement de direction dans notre façon de vivre. Cela signifie qu’elle requiert plus que d’éprouver des remords ou des regrets sur le passé. Le terme lui-même implique qu’il faut se détourner du passé et changer d’esprit.
La Bible fait de nombreuses analogies par rapport au Saint-Esprit, afin de nous aider à mieux comprendre ce qu’il représente. Premièrement, le Saint-Esprit est comparé au vent. Après tout, le mot grec pneuma, traduit par esprit, signifie aussi vent ou souffle. Il y a une autre analogie qui le compare à des eaux vives (voir Jean 7 :38-39). De même que l’air et l’eau sont deux éléments nécessaires à la vie, de même le Saint-Esprit est la source de la vie éternelle pour les chrétiens (Romains 8 :11). De même, également, que l’air et l’eau s’écoulent et ont la capacité d’affecter, et de modifier les supports sur lesquels ils agissent, de même en est-il en ce qui concerne le Saint-Esprit. Il y a encore d’autres comparaisons dans les Ecritures – par exemple, le feu.
La plupart d’entre nous se sont déjà trouvés en présence d’un feu de bois, soit dans la cheminée d’une maison, soit devant un feu de camp ou peut-être face au vieux fourneau de la cuisine de notre enfance. L’apôtre Paul se référait à ce que les gens connaissaient, communément, d’un feu de bois à son époque, lorsqu’il exhorta Timothée « à ranimer la flamme du don de Dieu que tu as reçu par l’imposition de mes mains » (2 Timothée 1 :6).
L’une des caractéristiques importantes d’un feu de bois réside dans le fait qu’il doit être ranimé de temps en temps. Autrement, une couche de cendres se forme, la flamme meurt lentement et la chaleur décroît. Un feu qui brûlait bien le soir peut souvent se retrouver complètement éteint au lever le lendemain matin, faute d’avoir été entretenu durant la nuit. Cependant, en remuant le charbon de bois, jusqu’à ce que la couche de cendres soit écartée, et que l’oxygène circule autour des dernières braises, il est possible de ranimer la vivacité du feu. L’apôtre Paul rappelait à Timothée, que le Saint-Esprit n’est pas un don qui doit être négligé ou ignoré. Mais il doit être ranimé régulièrement pour rester vivace. En cas de négligence prolongée, il est même possible de perdre ce précieux don (Psaume 51 :11).
Le Saint-Esprit, que nous recevons par l’imposition des mains après le baptême (Actes 8 :17), est destiné à changer notre façon de vivre. Il est l’instrument par lequel Dieu accomplit Son œuvre en nous, et à travers nous : « Car Dieu agit parmi vous, il vous rend capables de vouloir et de réaliser ce qui est conforme à son propre plan » (Philippiens 2 :13, Bible en français courant).
Pas un esprit de crainte
« Car ce n’est pas un esprit de crainte que Dieu nous a donné, mais un esprit de force », a dit l’apôtre Paul (2 Timothée 1 :7, Bible de Jérusalem). Les craintes et l’anxiété dominent la vie de beaucoup de gens. En outre, le monde dans lequel nous vivons a de quoi être effrayant. Il arrive parfois que des individus soient paralysés par leurs angoisses. Ils ont tellement peur de faire un faux pas, qu’ils ne sont plus capables d’achever ce qu’ils ont commencé, et souvent, ils abandonnent. Ce n’est, bien sûr, pas une solution. D’autres fois, cependant, des gens se mettent à paniquer à cause de leur peur, et ils prennent des décisions irrationnelles. De telles réactions désordonnées peuvent avoir des conséquences exagérées et dévastatrices.
Lorsque la Bible parle de craindre Dieu, il s’agit d’une chose complètement différente de la « peur ». Cette « crainte » fait référence au respect et à la vénération, que nous devons avoir envers le Dieu Tout-Puissant. Le mot grec traduit par « crainte », dans 2 Timothée 1 :7, vient de deilias, qui n’est jamais utilisé pour exprimer la peur de Dieu. Il n’est utilisé que pour se référer à la sorte de crainte, qui résulte d’un manque de foi. C’est le terme qui a été utilisé, lorsque la Bible parle de la peur des disciples pendant la tempête, au cours de laquelle le Christ marcha sur les flots. Ce terme est également le même lorsqu’il décrit la réaction de panique, qui envahit les disciples au moment de l’arrestation de Jésus.
Cette couardise et cette timidité, qui effraient et paralysent un individu, sont à l’opposé de la foi. Paul a rappelé à Timothée que cette sorte de crainte n’est PAS le produit de l’Esprit divin. C’est par la foi que Moïse « quitta l’Egypte, sans être effrayé de la colère du roi » (Hébreux 11 :27). Il possédait la sorte de confiance en Dieu et en Ses promesses, qui lui permettait de supporter chaque tentative d’intimidation, ou de dissuasion, qui l’aurait empêché de réaliser sa mission. Le Saint-Esprit transforme des êtres humains craintifs, en des individus remplis de foi et de courage.
Considérons ce qui s’est passé dans le cas de l’apôtre Pierre. Le soir de la Pâque, il était tellement dominé par la peur, qu’il fit des imprécations et renia son Maître (Matthieu 26 :73-74). Or, tout juste sept semaines plus tard, il se tenait dans le temple et proclamait ouvertement l’Evangile. En outre, dans Actes 4, nous pouvons lire le récit de la fermeté absolue, avec laquelle l’apôtre Pierre fit face aux menaces, et aux intimidations émanant des autorités religieuses juives de l’époque. Nullement effrayés, lui et les autres « annonçaient la parole de Dieu avec assurance » (Actes 4 :31). Tandis que le courage humain a ses limites, l’assurance qui vient de l’Esprit de Dieu n’a pas de bornes !
L’esprit de force
L’apôtre Paul écrivit à Timothée, que le Saint-Esprit était un esprit de force. Le mot grec, dont ce terme est issu, est dynameos, la racine même des mots français dynamique, dynamo, et même dynamite. Il signifie la force et le pouvoir dynamiques et il est souvent utilisé en référence aux miracles.
Le Saint-Esprit est la force qui émane de Dieu (Luc 1 :35). C’est l’instrument, au moyen duquel, Dieu créa tout l’univers et le maintient (Psaume 104 :30). C’est la puissance, au moyen de laquelle Il agit dans l’esprit des êtres humains, faits à Son image (Genèse 6 :3). C’est la puissance par laquelle l’estropié marcha miraculeusement, l’aveugle recouvra la vue, le sourd entendit et le mort ressuscita au cours du ministère terrestre de Jésus-Christ (Luc 5 :15-17).
Cette même puissance est accessible à vous et à moi ! Le Christ a dit à Ses disciples : « Vous recevrez une puissance, le Saint-Esprit survenant sur vous » (Actes 1 :8). Mais le fait d’avoir reçu cette puissance ne signifie pas que nous sommes immunisés contre les craintes et le découragement humains. L’apôtre Paul expliqua : « Nous portons ce trésor dans des vases de terre, afin que cette grande puissance soit attribuée à Dieu, et non pas à nous » (2 Corinthiens 4 :7). L’apôtre continue : « Nous sommes pressés de toute manière, mais non réduits à l’extrémité ; dans la détresse, mais non dans le désespoir » (verset 8). Humainement, nous demeurons nous-mêmes avec nos faiblesses et nos carences, mais nous sommes « connectés » à la puissance qui est à l’origine de l’univers.
La puissance divine peut faire des miracles aujourd’hui, exactement comme il y a deux milles ans. En tant que ministre du Dieu vivant, dynamique, j’ai littéralement vu des miracles se produire maintes et maintes fois. En pleine nuit, je suis allé au domicile de parents affolés, pour oindre et prier pour un enfant sans force et fiévreux. J’ai vu ce petit enfant s’asseoir à la fin de ma prière, totalement débarrassé de sa fièvre, se lever et commencer à jouer comme si rien ne lui était arrivé. J’ai vu la ligne rouge d’un sang empoisonné, ayant déjà atteint le dessus du coude, diminuer et disparaître en quelques minutes, après une prière pleine de foi. Ces exemples, ainsi que des milliers d’autres sont la preuve de la puissance dynamique et miraculeuse du Saint-Esprit.
La puissance de Dieu à travers le Saint-Esprit n’accomplit pas seulement des guérisons miraculeuses, mais elle est également la puissance qui nous permet de vaincre notre nature humaine, afin de devenir comme Dieu. Cependant, ces miracles requièrent notre participation active – notre coopération volontaire avec Dieu. Notez comment l’apôtre Paul explique cela dans Colossiens 1 :27-29.
Au verset 27, il déclare que notre espoir d’obtenir la gloire vient du fait que Jésus-Christ vit Sa vie en nous. Au verset 28, il exprime son désir de préparer et d’instruire ceux dont il avait la charge, à devenir parfaits en Christ. Comment cela est-il possible ? Au verset 29, l’apôtre Paul écrit : « C’est à quoi je travaille, en combattant avec sa force qui agit puissamment en moi. » Nous devons faire des efforts en conformité avec ce que Dieu réalise en nous, au moyen de Sa puissance.
L’esprit d’amour
L’amour est la caractéristique fondamentale de Dieu (1 Jean 4 :8). Le Saint-Esprit est le moyen par lequel nous devenons capables de partager la nature divine (2 Pierre 1 :4). Dans Romains 5 :5, l’apôtre Paul a expliqué que l’amour de Dieu entre dans nos cœurs et dans nos pensées par l’intermédiaire du Saint-Esprit. Le Saint-Esprit est l’instrument qui transforme notre nature et notre attitude « normales ». Il nous ajuste sur la « longueur d’onde » de Dieu et, dès lors, nous devenons réceptifs. Lorsque nous nous « branchons » sur Dieu, nous parvenons à nous « déconnecter » de Satan, qui est décrit comme « le prince de la puissance de l’air, de l’esprit qui agit maintenant dans les fils de la rébellion » (Ephésiens 2 :2).
L’amour de Dieu qui coule en nous, et à travers nous, n’est pas simplement une émotion ou un sentiment de bien-être ! L’apôtre Jean explique comment l’amour de Dieu se manifeste dans la vie des véritables chrétiens : « Mais l’amour de Dieu est véritablement parfait [apporte la perfection] en celui qui garde sa parole : par cela nous savons que nous sommes en lui » (1 Jean 2 :5). La parole divine nous dit comment montrer un véritable amour, à la fois envers Dieu et envers notre prochain. Si nous nous appliquons à observer avec soin la parole divine dans toute son ampleur, le véritable amour divin se révèlera dans nos actions et nos attitudes.
La plupart des prétendus chrétiens pensent que l’amour et la loi sont incompatibles. Rien n’est plus faux. L’apôtre Paul a dit : « Le but du commandement, c’est la charité, qui procède d’un cœur pur » (1 Timothée 1 :5, Ostervald). La loi définit le péché (1 Jean 3 :4) et, par conséquent, elle nous guide en nous enseignant comment manifester l’amour. La loi de Dieu est le canal dans lequel coule Son Esprit.
Un esprit rationnel
« Vous deviendrez fou en lisant la Bible », dit-on ! L’idée généralement admise est qu’il n’est pas mauvais d’avoir sa propre religion, et cependant ceux qui cherchent à vivre d’après toutes les paroles de Dieu sont généralement regardés comme des originaux ou même comme des « détraqués ». En est-il vraiment ainsi ? L’Esprit divin se manifeste-t-il dans les excès émotionnels du « saint rire », actuellement considéré comme un témoignage dans certains cercles protestants ? Son action aurait-elle pour objet de vider l’esprit des gens en les transformant en « zombies », ce qui ne manquerait pas d’alimenter la critique en fournissant des arguments contre les divers cultes ?
Dans 2 Timothée 1 :7, l’apôtre Paul révèle que le Saint-Esprit est une source de sagesse. Dans certaines versions, le terme employé est « raisonnement sain », ou « maîtrise de soi ». Le mot grec que l’apôtre Paul a utilisé est sophronismou, dont la signification est « être sage et sensé ». Il peut être rendu par « posé », « maître de soi » et « avisé ». Il s’agit du même terme que Luc utilise dans Luc 8 :35, lorsqu’il décrit un homme qui avait été possédé d’un démon, mais qui se retrouve vêtu, assis et dans « son bon sens », après que le Christ l’eut débarrassé de son démon.
L’esprit de Dieu ne pousse jamais personne à perdre le contrôle de soi-même : « Car Dieu n’est pas un Dieu de désordre, mais de paix. Comme dans toutes les Eglises des saints » (1 Corinthiens 14 :33). Celui qui a le Saint-Esprit sera plus équilibré et sensé dans sa façon de penser. Dieu révèle, dans la Bible, des principes de conduite pour tout ce qui concerne nos relations familiales, nos relations d’affaires et la gestion de nos finances. Celui qui cherche à vivre de toute parole de Dieu s’efforcera, avec l’aide du Saint-Esprit, d’augmenter sa capacité à mettre en pratique les principes d’un jugement équilibré.
L’amertume et l’envie, qui dominent les pensées d’un grand nombre d’individus vivant dans notre monde, les éloignent d’un sain raisonnement. Ce dernier étant diamétralement opposé à la sagesse divine (voir Jacques 3 :14-15). Le Saint-Esprit se développe dans un cœur honnête et miséricordieux. Cette sorte d’approche équilibrée mène à la véritable paix.
Le monde actuel est insensé. La violence et la convoitise infiltrent les divertissements, que ce soit dans la musique ou dans les films. Ce qui alimente nos pensées est extrêmement important ! Il y a des gens qui ne penseraient jamais à introduire une viande impure dans leur estomac, et pourtant, il leur arrive par moment, de remplir leur esprit d’impuretés spirituelles. Cela ne va pas dans le sens d’une pensée saine, équilibrée et pure. Dans Philippiens 4 :8, l’apôtre Paul nous presse de remplir nos pensées de tout ce qui est vrai, aimant, pur et honorable. Ces choses nous donnent ce qu’il y a de meilleur pour nous. Que ce soient la musique, la littérature, la peinture, la sculpture ou le théâtre, les arts affectent profondément nos émotions, notre tempérament et nos pensées, au-delà de ce que nous pourrions imaginer.
Dieu nous a offert Son Esprit dans un but précis. C’est le moyen par lequel nous pouvons commencer à partager la puissance, l’attitude et la pensée divines. Cependant, nous devons toujours rester vigilants, afin de « stimuler » ce don, qui a été placé en nous par l’imposition des mains. Cette stimulation a lieu en étudiant et en méditant régulièrement la Parole divine, ainsi qu’en priant. Le jeûne peut également nous aider à nous rapprocher de Dieu en toute humilité, en étant profondément conscient de notre propre insuffisance. Enfin, nous devons chercher à mettre en pratique la parole de Dieu, en la prenant au sérieux et en essayant d’effectuer des changements dans tous les aspects de notre vie – importants ou bénins.
Dans le Nouveau Testament, le mot traduit par « zèle » vient du verbe zeo, qui signifie littéralement « bouillonner ». Manquer de zèle revient à dire que le feu est parti. Cela implique qu’on soit – au mieux – encore tiède. Notre société a tendance à promouvoir la tiédeur, qui est la caractéristique prédominante de la dernière phase ou ère de l’Eglise de Dieu. Alors que nous nous approchons toujours davantage du point culminant de la fin de cet âge, nous devrions ressentir le besoin continuel de « ranimer la flamme du don de Dieu » que nous avons reçu (2 Timothée 1 :6).

PAPE FRANÇOIS – (SUR: LE TEMPS DE L’ESPRIT SAINT)

14 juillet, 2014

http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/audiences/2013/documents/papa-francesco_20130508_udienza-generale.html

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre

MERCREDI 8 MAI 2013 – (SUR: LE TEMPS DE L’ESPRIT SAINT)

Chers frères et sœurs, bonjour !

Le temps pascal que nous sommes en train de vivre dans la joie, guidés par la liturgie de l’Église, est par excellence le temps de l’Esprit Saint donné « sans mesure » (cf. Jn 3, 34) par Jésus crucifié et ressuscité. Ce temps de grâce se conclut par la fête de la Pentecôte, où l’Église revit l’effusion de l’Esprit sur Marie et sur les apôtres réunis en prière au cénacle.
Mais qui est l’Esprit Saint ? Dans le Credo, nous professons avec foi : « Je crois en l’Esprit Saint qui est Seigneur et qui donne la vie ». La première vérité à laquelle nous adhérons dans le Credo est que l’Esprit-Saint est Kyrios, Seigneur. Cela signifie qu’il est vraiment Dieu comme le sont le Père et le Fils, objet, de notre part, du même acte d’adoration et de glorification que celui que nous adressons au Père et au Fils. L’Esprit Saint, en effet, est la troisième personne de la Très Sainte Trinité ; il est le grand don du Christ Ressuscité qui ouvre notre esprit et notre cœur à la foi en Jésus comme le Fils envoyé par le Père, et qui nous guide à l’amitié, à la communion avec Dieu.
Mais je voudrais m’arrêter surtout sur le fait que l’Esprit Saint est la source intarissable de la vie de Dieu en nous. L’homme de tous les temps et de tous les lieux désire une vie pleine et belle, juste et bonne, une vie qui ne soit pas menacée par la mort, mais qui puisse mûrir et grandir jusqu’à atteindre sa plénitude. L’homme est comme un marcheur qui, à travers les déserts de la vie, a soif d’une eau vive, jaillissante et fraîche, capable de désaltérer en profondeur son désir intime de lumière, d’amour, de beauté et de paix. Nous ressentons tous ce désir ! Et Jésus nous donne cette eau vive : c’est l’Esprit Saint, qui procède du Père et que Jésus répand dans nos cœurs. « Je suis venu pour qu’on ait la vie, et qu’on l’ait surabondante », nous dit Jésus (Jn 10, 10).
Jésus promet à la Samaritaine de donner une « eau vive », en surabondance et pour toujours, à tous ceux qui le reconnaissent comme le Fils envoyé par le Père pour nous sauver (cf. Jn 4, 5-26 ; 3-17). Jésus est venu nous donner cette « eau vive » qu’est l’Esprit Saint pour que notre vie soit guidée par Dieu, soit animée par Dieu, soit nourrie par Dieu. C’est ce que nous voulons dire, lorsque nous disons que le chrétien est un homme spirituel: le chrétien est une personne qui pense et agit selon Dieu, selon l’Esprit Saint. Mais je me pose une question : et nous, est-ce que nous pensons selon Dieu ? Est-ce que nous agissons selon Dieu ? Ou nous laissons-nous guider par beaucoup d’autres choses qui ne sont pas vraiment Dieu ? Chacun de nous doit répondre à cette question au plus profond de son cœur.
Nous pouvons maintenant nous demander : pourquoi cette eau peut-elle désaltérer en profondeur ? Nous savons que l’eau est essentielle à la vie ; sans eau, on meurt ; l’eau désaltère, lave, féconde la terre. Dans la Lettre aux Romains, nous trouvons cette expression : « L’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous fut donné » (5, 5). L’« eau vive », l’Esprit Saint, Don du Ressuscité qui établit sa demeure en nous, nous purifie, nous éclaire, nous renouvelle, nous transforme parce qu’elle nous rend participants de la vie même de Dieu qui est Amour. C’est pourquoi l’apôtre Paul affirme que la vie du chrétien est animée par l’Esprit et par ses fruits, qui sont « amour, joie, paix, longanimité, serviabilité, bonté, confiance dans les autres, douceur, maîtrise de soi » (Ga 5, 22-23). L’Esprit Saint nous introduit dans la vie divine comme « fils du Fils unique ». Dans un autre passage de la Lettre aux Romains, que nous avons rappelé plusieurs fois, saint Paul le synthétise par ces mots : « En effet, tous ceux qu’anime l’Esprit de Dieu sont fils de Dieu.. Aussi bien n’avez-vous pas reçu un esprit d’esclaves pour retomber dans la crainte ; vous avez reçu un esprit de fils adoptifs qui nous fait nous écrier : “Abba ! Père !”. L’Esprit même se joint à notre esprit pour témoigner que nous sommes fils de Dieu. Et si nous sommes fils, nous sommes aussi héritiers : héritiers de Dieu, et cohéritiers du Christ, puisque nous souffrons avec lui pour être aussi glorifiés avec lui » (8, 14-17). Voilà le don précieux que l’Esprit Saint met dans nos cœurs : la vie même de Dieu, une vie de véritables fils, une relation d’intimité, de liberté et de confiance dans l’amour et dans la miséricorde de Dieu, qui a aussi pour effet de nous donner un regard nouveau sur les autres, qu’ils soient proches ou éloignés, que nous voyons toujours comme des frères et sœurs en Jésus, à respecter et à aimer. L’Esprit Saint nous apprend à regarder avec les yeux du Christ, à vivre notre vie comme le Christ a vécue la sienne, à comprendre la vie comme le Christ l’a comprise. Voilà pourquoi l’eau vive qu’est l’Esprit Saint désaltère notre vie, parce qu’il nous dit que nous sommes aimés de Dieu comme des fils, que nous pouvons aimer Dieu comme ses fils et que, avec sa grâce, nous pouvons vivre en fils de Dieu, comme Jésus. Et nous, écoutons-nous l’Esprit Saint ? Que nous dit l’Esprit Saint ? Il dit : Dieu t’aime. Il nous dit ceci. Dieu t’aime. Dieu t’aime vraiment. Et nous, est-ce que nous aimons Dieu et les autres, comme Jésus? Laissons-nous guider par l’Esprit Saint, laissons-le parler à notre cœur et nous dire ceci : que Dieu est amour, que Dieu nous attend, que Dieu est le Père, il nous aime comme un véritable Père, il nous aime vraiment et ceci, seul l’Esprit Saint le dit à notre cœur. Soyons attentifs à l’Esprit Saint, écoutons-le et avançons sur ce chemin d’amour, de miséricorde et de pardon. Merci.

UNE FORCE VITALE

5 mai, 2014

http://www.interbible.org/interBible/ecritures/symboles/2003/sym_030923.htm

UNE FORCE VITALE

La notion d’esprit, aujourd’hui, est difficile à cerner. Souvent elle est associée à l’âme, à l’imagination, à la conscience, à la raison, somme toute à une sorte de réalité informe qui est essentiellement opposée à la matière, particulièrement au corps. Nous sommes loin de la mentalité de l’Hébreu qui conçoit le monde d’une manière concrète. Pour lui, l’esprit c’est le souffle, l’atmosphère, le vent, l’haleine, la respiration. L’esprit est une force extérieure, une énergie qui produit le mouvement. Un peu comme le vent qui fait bouger les feuilles des arbres, ou comme le souffle lancé sur le front d’un enfant pour le faire sourire. Ou encore, comme la respiration qui fait gonfler les poumons et montre clairement un signe de vie. En d’autres termes, la matière est là; mais sans un souffle qui provient d’ailleurs, rien ne se meut. Plutôt qu’un opposant au corps, l’esprit, dans la perspective hébraïque, est un compagnon nécessaire pour que s’anime la vie. Plus encore, l’esprit est un souffle qui pénètre et fait agir non seulement la chair et les os, mais la personne entière avec tout ce qu’elle est : joie, bonheur, souffrance, projets, foi, espérance, raison, forces et faiblesses.

Ainsi donc, la personne humaine est animée d’un souffle. Mais s’il en est ainsi, c’est parce qu’il lui a été donné par Dieu. Dieu est source de vie et, pour la communiquer, la vie, il l’insuffle en nous. Que le souffle de l’homme et de la femme provienne de la source divine, cela implique que la vie, ici-bas, s’accomplit non pas dans le désordre, mais selon le plan de salut inscrit dans la volonté de Dieu. Le souffle de Dieu, c’est l’Esprit Saint qui accomplit l’œuvre de Dieu dans le monde. En d’autres termes, notre vie est portée par un sens, par une histoire dont la fin n’est ni le néant ni la désolation, mais un Royaume éternel où nous serons comblés de joie.

Nous pourrions dire que le souffle de Dieu est la voie de salut qui nous est donné. Mais n’est donné que ce qui est librement reçu. Il est possible alors de refuser ce qui est déjà en nous. Dès lors, on s’engage dans la voie de la perdition associée à l’esprit mauvais. On choisit la mort dans la vie plutôt que la vie en dépit de la mort; le souffle qui s’éteint plutôt que celui qui pousse vers l’avant. Mais il n’en demeure pas moins que le souffle de Dieu est une force vitale qui pénètre les cœurs de tous et de toutes. Il n’attend qu’à être désiré pour qu’à travers nous soit transformé le monde dans la perspective d’une terre nouvelle, d’un Royaume qui vient.

Le Seigneur Dieu modela l’homme avec de la poussière prise du sol. Il insuffla dans ses narines l’haleine de vie, et l’homme devint un être vivant (Genèse 2, 7).

Benoît Miller
Bibliste, Beauport

Pour lire la Bible sur le souffle…
• Les ouvriers du sanctuaire : Exode 31, 1-11
• L’esprit mauvais : 1 Samuel 18, 10-16
• Les vivants conduits par l’esprit : Ézéchiel 1, 15-21
• Un esprit neuf : Psaume 51(50)
• Dieu envoie et reprend son souffle : Psaume 104(103)
• L’entretien avec Nicodème : Jean 3, 1-8

 

L’ESPRIT SAINT ET LE MYSTÈRE DE L’UNITÉ DANS LA DIVERSITÉ

29 octobre, 2013

http://www.pagesorthodoxes.net/foi-orthodoxe/esprit-saint-connaitre.htm

L’ESPRIT SAINT ET LE MYSTÈRE DE L’UNITÉ DANS LA DIVERSITÉ

PAR UN MOINE DU MONASTÈRE DE SAINT-MACAIRE (ÉGYPTE)

Sans la diversité fonctionnelle qui les distingue, les membres du corps ne formeraient pas une unité organique, mais un simple amalgame dépourvu de vie. Saint Paul a singulièrement mis en relief cette vérité : Si tout le corps était œil, où serait l’ouïe ? Si tout était oreille, où serait l’odorat ?… Si le tout était un seul membre, où serait le corps ? (1 Co 12,16-17;19).
Que l’on nous permette de citer à ce propos un passage particulièrement éclairant du père Matta el-Maskîne :
« Si nous désirons parvenir à une juste conception de l’unité, nous devons renoncer à l’idée de supprimer toute différence entre les membres, et cesser de vouloir en éliminer la diversité, la distinction et les aptitudes particulières, qui sont justement les principes constitutifs de toute unité intégrale. La plénitude de l’unité et sa valeur relèvent de l’harmonieuse combinaison des diverses parties, de l’accord entre les caractères variés, et du concours des aptitudes différentes. Le groupement humain qui perdrait la capacité de conserver le caractère particulier de chacune de ses parties, et même d’en favoriser le développement propre dans l’harmonie mutuelle, cesserait d’être une unité organique vivante et se réduirait à un simple amalgame humain ayant perdu les qualités de ses parties constituantes. La diversité des charismes est nécessaire à la construction de l’édifice ecclésial, tout comme la diversité des os l’est à la constitution du corps humain ; les fidèles s’harmonisent et se complètent, tout comme les os s’articulent dans la cohésion, par les jointures et les ligaments (Col 2,19) » (L’Église invisible, Le Caire, 1960, pp. 102 et 94).
Une des propriétés de l’Esprit est de se montrer varié et multiple en ses dons et ses charismes, tout en conservant intacte son unité ontologique. Nous avons rencontré cette affirmation plus d’une fois au cours de notre exposé, et tout d’abord dans les Épîtres de saint Paul : Il y a, certes, diversité de dons spirituels, mais c’est le même Esprit… Et tout cela, c’est le seul et même Esprit qui l’opère, distribuant ses dons à chacun comme il l’entend (1 Co 12,4;11).
C’est ensuite chez saint Jean que nous avons retrouvé ce mystère d’unité dans la pluralité, d’identité dans la diversité, qui est au cœur même de la réalité de l’Église, une et multiple, à l’instar de l’Esprit. Dans l’Apocalypse, l’Église et l’Esprit sont désignés tous deux tantôt au pluriel et tantôt au singulier : Les sept Esprits de Dieu…, les sept Églises…, ce que l’Esprit dit aux Églises…, l’Épouse…, l’Esprit et l’Épouse… Le sens de cette indétermination numérique est manifeste : l’Église tout comme l’Esprit a le pouvoir de se diversifier et pour ainsi dire de se distribuer, sans pour autant perdre son unité fondamentale.
Nous avons ensuite retrouvé ce thème de l’indivisibilité de l’Esprit dans la multiplicité de ses dons chez les Pères antérieurs à saint Cyrille le Grand, et notamment chez saint Ambroise et saint Basile. Rappelons la formule particulièrement heureuse de ce dernier :
« Simple par l’essence, multiple en ses puissants effets, tout entier présent à chacun et tout entier partout, sans atteinte à son impassibilité, il est partagé ; en gardant son intégrité, il se donne en partage » (Sur le Saint-Esprit, 9,22).
Toute cette tradition a été recueillie par saint Cyrille d’Alexandrie, qui l’a repensée, organisée et amplifiée. Il répète à plusieurs reprises que l’Esprit est « un et indivisible » (Commentaire sur s. Jean 19,20), et que c’est grâce à cette unité fondamentale qui lui est propre qu’il parvient à unir ensemble ceux qui le reçoivent. Et cependant ce Père tient à préciser, avec plus de vigueur que ses devanciers, que nous ne perdons pas notre personnalité propre par notre adhésion à l’unité de l’Esprit. Notre incorporation au Corps divin, loin de diluer nos caractéristiques propres dans une espèce d’agglomérat anonyme, conserve au contraire à chacun son nom et son caractère particulier :
« Coupés que nous sommes en hypostases propres, je veux dire individuelles, moyennant quoi l’un est Pierre ou Jean, l’autre Thomas ou Matthieu, nous sommes devenus concorporels dans le Christ, nourris de la même chair et scellés dans l’unité par l’unique Esprit-Saint » (Dialogues sur la Trinité, I).
« Et cependant nous restons distincts par la division de nos corps, chacun de nous se détachant par sa propre forme et sa propre hypostase. Car Paul ne peut ni être appelé ni devenir Pierre, et Pierre à son tour ne peut être Paul, bien que du point de vue de leur union par le Christ, ils ne fassent qu’un » (Commentaire sur s. Jean, 17,20 et 21).
Dans son commentaire du célèbre passage de saint Paul sur la diversité des dons spirituels (1 Co 12), saint Cyrille souligne la valeur positive de cette diversité. Elle contribue à rehausser la splendeur de la parure de l’Église, qui devient alors multicolore et, comme le dit le psaume, brochée d’or fin (cf. Ps 44/45,14) :
« L’Esprit opère la distribution des dons en chacun de façon différente, et cela afin que, tout comme ce corps épais et terrestre tire son existence de parties diverses, le Christ lui aussi – ou plus exactement son Corps qui est l’Église – reçoive sa constitution suprême de la grande multitude des saints dans l’unité spirituelle. C’est dans ce sens que le divin David dit (de l’Église) qu’elle est revêtue d’une robe brochée d’or, parée de couleurs variées. Il indique par là, à mon avis, la diversité des charismes et leur grande valeur » (Commentaire sur 1 Corinthiens, 12,9).
Il est intéressant de noter que ce même psaume (Ps 44/45, vv. 14-15) est aussi employé par saint Augustin pour illustrer la variété des usages dans l’Église. Pour lui, la diversité des rites, des disciplines et des traditions locales « ajoute à la parure de la fille du roi, l’Église, une robe tissée de fils d’or fin, aux reflets divers » (Épître 36,9,22).
Telle est l’incomparable splendeur de l’Église, qui résulte de l’harmonieuse synthèse des charismes et de la concorde des diverses personnalités. Tel est l’éclat multicolore de la Jérusalem céleste, tel qu’il est apparu à saint Jean le Théologien, sous la forme de pierres précieuses de toute couleur et de toute espèce qui formaient les assises de la ville sainte. Sans cette variété harmonisée par l’Esprit, l’Église ne serait plus qu’une masse inerte dépourvue de forme et de couleur, ou pour employer les termes du père Matta el-Maskîne, un simple « amalgame » dépourvu de vie.
Disons pour terminer que c’est justement dans cette diversité que se manifeste la toute-puissance divine, qui a pu transformer les maux mêmes subis par l’humanité par la faute d’Adam en valeurs positives dans le Christ Jésus. Adam était un être unique (avec Ève, il ne faisait qu’une seule chair (Gn 2,24)), mais, à la suite du péché, s’est glissé au cœur même de sa nature un principe de désintégration, de division et de démembrement, qui a abouti au morcellement de l’humanité et à la séparation des peuples, des nations et des langues.
C’est alors que l’indicible sagesse de Dieu et sa toute-puissance se sont particulièrement déployées dans la récapitulation de toute chose dans le Christ (Ép 1,10), sans pour autant supprimer le pluralisme des personnalités, des cultures et des langues, dont elles ont, tout au contraire, opéré la synthèse harmonieuse dans l’Esprit-Saint.
De la sorte, le déchirement et le morcellement de l’humanité qui ont fait suite au péché d’Adam se trouvent transformés en une variété positive des charismes dans le Christ Jésus, pour le plus grand progrès de l’humanité, jusqu’à ce qu’elle parvienne à former l’Homme parfait, à la taille du Christ en sa plénitude (Ép 4,13). La nature humaine dans le Christ Jésus est devenue, en raison même de cette variété des charismes dans l’harmonie spirituelle, infiniment plus féconde, plus belle et plus parfaite qu’elle n’avait été avant la chute dans le premier Adam, avec sa monotone uniformité.
Telle est l’incomparable supériorité du second Adam sur le premier.

Conclusion d’une étude réalisée par un disciple
du père Matta El-Maskîne et revue par lui.
Extrait de Prière, Esprit-Saint et unité chrétienne,
Bellefontaine (SO 48), 1990.

DU SOUFFLE – L’ESPRIT-SAINT

30 juillet, 2013

http://www.philagora.fr/religion/04-06-06.htm

DU SOUFFLE.

« L’Esprit-Saint est une voix qui parle à notre cœur. Mais nous n’entendons rien! Il Y a trop de bruit dans notre « intérieur », Mille préoccupations, matérielles, affectives. Fêter Pentecôte c’ est essayer de se désencombrer intérieurement. Faire silence en nous. Arrêter le film qui défile dans notre tête. Prendre du temps. Perdre du temps. Que faisons-nous d’ailleurs de ce temps que nous sommes si fiers d’avoir gagné ?.. Mais quand le silence se fait, où donc nous parle Dieu? Où l’Esprit fait-il entendre sa voix si discrète? Au cœur de nos désirs. Pas ailleurs qu’en nous-mêmes. Là où nous aimons, où nous cherchons, où nous attendons, où nous espérons, où nous redoutons… C’est à 11ntérieur de ce que nous vivons que parle l’Esprit pour y souffler de la nouveauté, de 11nattendu, Voilà pourquoi, sans doute, l’Écriture, dans les Actes, en parle comme d’un vent violent.
Notre désir est le moteur permanent et profond de notre existence. L’homme est un être de désir. C’est le temps du désir, disait le jésuite Denis Vasse dans un livre qui garde son actualité. Le vent, ça chasse les brumes et la poussière, le paysage soudain devient plus clair; tes faux-semblants tombent. On voit mieux la route. C’est comme un feu qui nettoie les broussailles. Ce peut être douloureux de perdre ses illusions, mais les illusions ne mènent nulle part, sinon souvent à la catastrophe. L’Esprit nous fait ‘parler un langage nouveau, d’autres langues, dit l’Écriture, toujours cette nouveauté soudain qui fait que l’on regarde sa vie d’un Œil nouveau. Prendre du recul, pour mieux avancer. Oui, le vent peut souffler si fort qu11 nous détourne d’un chemin que nous avions pris dans la brume, sans même savoir qu11 se terminait dans un gouffre mortel, pour nous transporter sur une autre route. On pourrait appeler cet heureux « détournement » la conversion.
L’Esprit au cœur de nos désirs, c’est Jésus qui nous devient enfin intérieur. Quand on connaît et que l’on aime vraiment, n’aspire-t-on pas à cette habitation par l’être aimé? Vouloir comme il veut, vouloir de sa volonté. Père, que ta volonté soit faite et non la mienne dira Jésus au temps de son agonie, ce rude combat qui le dépouille de tout sous la tempête de l’Esprit. Désirer comme tu désires et non cesser de désirer. Le chrétien n’est pas un être atone, arrêté, pétrifié. Je cours du bon combat, dira saint Paul. Oui, désirer vivre, aimer la vie, laisser se libérer en moi cette force immense capable de transporter les montagnes, force du désir, force de l’amour. Car l’Esprit est Esprit d’amour, Sous l’effet de ce vent violent, nous passons du statut de la 10i qui corsète notre désir au statut de l’amour qui est celui de La liberté. Aime et fais ce que tu veux, s’écriera saint Augustin. Si l’on aime selon l’Esprit de Jésus!
Alors les pas de notre liberté nous feront courir, passionnément, vers ces rencontres généreuses qui exaltent notre vie. les amoureux n’ont pas besoin de mots pour comprendre cela. Par l’Esprit désormais, nos désirs sont portés par l’amour qui est le lien de la Trinité. Et si toute loi est faite pour grandir elle s’accomplit parfaitement seulement quand c’est au nom de l’amour qu’elle est mise en œuvre.
Le signe éminent de cette habitation par l’Esprit, c’est la joie. On ne peut pas s’y tromper. les fausses routes, sans souffle, sans feu, sans lumière, sont tristes, et les éventuels plaisirs que l’on y prend ont toujours un arrière-goût de cendre, de vide. Paul, qui s’y connaît, lui qui a vécu une véritable révolution dans ses désirs, ardent persécuteur devenu ardent apôtre, peut énumérer les fruits de l’Esprit: « amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, foi, humilité et maîtrise de soi ». Et il peut ajouter en vérité: « face à tout cela il n’y a plus de loi qui tienne », (Épître aux Galates,S).
Être chrétien, ce n’est pas s’arrêter de vivre comme pourrait parfois le laisser penser certains comportements qui se disent de piété: c’est tout au contraire vivre plus, vivre davantage. Paul dira encore: « puisque l’Esprit nous fait vivre, laissons-nous conduire par l’Esprit ». Jésus dit l’Évangile, donne du souffle à ses amis, son souffle, celui de la vie, de la liberté, de la mobilité. Oui, l’Esprit-Saint, au cœur de nos désirs, est à l’œuvre dans tous les évènements de notre vie. Il est force dans les épreuves, les tristesses, les deuils. Il est audace pour sortir de soi et aller à la rencontre des autres, pour les aimer, et nous grandir en les faisant grandir. Il est courage au cœur du témoignage de la foi, sans crainte de parler, et surtout de parler par nos actes, des actes toujours plus traversés par l’amour libérateur de Jésus-Christ. Comme le disait Jean-Paul II : « Allez! Prenez le large avec courage, toutes voiles dehors, poussés par le souffle de l’Esprit. Vous serez ainsi heureux de tout ce que le Seigneur accomplira à travers vous »

Père BLONDEAU.

DU SOUFFLE (LE 04 – 06 – 2006 ) – -PÈRE J-B BLONDEAU

14 mai, 2013

http://www.philagora.fr/religion/04-06-06.htm

DU SOUFFLE  (LE 04 – 06 – 2006 ) – -PÈRE J-B BLONDEAU

« L’Esprit-Saint est une voix qui parle à notre cœur. Mais nous n’entendons rien! Il Y a trop de bruit dans notre « intérieur », Mille préoccupations, matérielles, affectives. Fêter Pentecôte c’ est essayer de se désencombrer intérieurement. Faire silence en nous. Arrêter le film qui défile dans notre tête. Prendre du temps. Perdre du temps. Que faisons-nous d’ailleurs de ce temps que nous sommes si fiers d’avoir gagné ?.. Mais quand le silence se fait, où donc nous parle Dieu? Où l’Esprit fait-il entendre sa voix si discrète? Au cœur de nos désirs. Pas ailleurs qu’en nous-mêmes. Là où nous aimons, où nous cherchons, où nous attendons, où nous espérons, où nous redoutons… C’est à 11ntérieur de ce que nous vivons que parle l’Esprit pour y souffler de la nouveauté, de 11nattendu, Voilà pourquoi, sans doute, l’Écriture, dans les Actes, en parle comme d’un vent violent.
Notre désir est le moteur permanent et profond de notre existence. L’homme est un être de désir. C’est le temps du désir, disait le jésuite Denis Vasse dans un livre qui garde son actualité. Le vent, ça chasse les brumes et la poussière, le paysage soudain devient plus clair; tes faux-semblants tombent. On voit mieux la route. C’est comme un feu qui nettoie les broussailles. Ce peut être douloureux de perdre ses illusions, mais les illusions ne mènent nulle part, sinon souvent à la catastrophe. L’Esprit nous fait ‘parler un langage nouveau, d’autres langues, dit l’Écriture, toujours cette nouveauté soudain qui fait que l’on regarde sa vie d’un Œil nouveau. Prendre du recul, pour mieux avancer. Oui, le vent peut souffler si fort qu11 nous détourne d’un chemin que nous avions pris dans la brume, sans même savoir qu11 se terminait dans un gouffre mortel, pour nous transporter sur une autre route. On pourrait appeler cet heureux « détournement » la conversion.
L’Esprit au cœur de nos désirs, c’est Jésus qui nous devient enfin intérieur. Quand on connaît et que l’on aime vraiment, n’aspire-t-on pas à cette habitation par l’être aimé? Vouloir comme il veut, vouloir de sa volonté. Père, que ta volonté soit faite et non la mienne dira Jésus au temps de son agonie, ce rude combat qui le dépouille de tout sous la tempête de l’Esprit. Désirer comme tu désires et non cesser de désirer. Le chrétien n’est pas un être atone, arrêté, pétrifié. Je cours du bon combat, dira saint Paul. Oui, désirer vivre, aimer la vie, laisser se libérer en moi cette force immense capable de transporter les montagnes, force du désir, force de l’amour. Car l’Esprit est Esprit d’amour, Sous l’effet de ce vent violent, nous passons du statut de la 10i qui corsète notre désir au statut de l’amour qui est celui de La liberté. Aime et fais ce que tu veux, s’écriera saint Augustin. Si l’on aime selon l’Esprit de Jésus!
alors les pas de notre liberté nous feront courir, passionnément, vers ces rencontres généreuses qui exaltent notre vie. les amoureux n’ont pas besoin de mots pour comprendre cela. Par l’Esprit désormais, nos désirs sont portés par l’amour qui est le lien de la Trinité. Et si toute loi est faite pour grandir elle s’accomplit parfaitement seulement quand c’est au nom de l’amour qu’elle est mise en œuvre.
Le signe éminent de cette habitation par l’Esprit, c’est la joie. On ne peut pas s’y tromper. les fausses routes, sans souffle, sans feu, sans lumière, sont tristes, et les éventuels plaisirs que l’on y prend ont toujours un arrière-goût de cendre, de vide. Paul, qui s’y connaît, lui qui a vécu une véritable révolution dans ses désirs, ardent persécuteur devenu ardent apôtre, peut énumérer les fruits de l’Esprit: « amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, foi, humilité et maîtrise de soi ». Et il peut ajouter en vérité: « face à tout cela il n’y a plus de loi qui tienne », (Épître aux Galates,S).
Être chrétien, ce n’est pas s’arrêter de vivre comme pourrait parfois le laisser penser certains comportements qui se disent de piété: c’est tout au contraire vivre plus, vivre davantage. Paul dira encore: « puisque l’Esprit nous fait vivre, laissons-nous conduire par l’Esprit ». Jésus dit l’Évangile, donne du souffle à ses amis, son souffle, celui de la vie, de la liberté, de la mobilité. Oui, l’Esprit-Saint, au cœur de nos désirs, est à l’œuvre dans tous les évènements de notre vie. Il est force dans les épreuves, les tristesses, les deuils. Il est audace pour sortir de soi et aller à la rencontre des autres, pour les aimer, et nous grandir en les faisant grandir. Il est courage au cœur du témoignage de la foi, sans crainte de parler, et surtout de parler par nos actes, des actes toujours plus traversés par l’amour libérateur de Jésus-Christ. Comme le disait Jean-Paul II : « Allez! Prenez le large avec courage, toutes voiles dehors, poussés par le souffle de l’Esprit. Vous serez ainsi heureux de tout ce que le Seigneur accomplira à travers vous »

Père BLONDEAU.

La vie selon l’Esprit à la lumière des épîtres de Paul

24 mai, 2012

http://www.spiritains.org/pub/esprit/archives/art2281.htm

Parole de Dieu

La vie selon l’Esprit à la lumière des épîtres de Paul

P. Elvis Elengabeka, spiritain
Bibliste et théologien au Cameroun

Il semble naturel que l’orientation d’un propos soit déterminée par les conditions dans lesquelles on le formule. Celui que nous tenons ici s’inscrit dans le cadre de la dernière livraison de la revue Esprit Saint, qui advient au cours de l’année jubilaire dédicacée à saint Paul. Ces circonstances ouvrent une double perspective à notre méditation. D’une part, le jubilé paulinien inspire naturellement de se pencher sur les lettres attribuées à l’apôtre en question ; d’autre part, le fait qu’il s’agisse d’une parution finale suggère d’être synthétique. Aussi, au lieu de parcourir la totalité des écrits de Paul, nous nous limitons au commentaire de quelques extraits de ces grandes épîtres – celles adressées aux Romains, aux Corinthiens et aux Galates – pour envisager l’Esprit Saint dans l’existence humaine, dans l’expérience ecclésiale et dans sa nature divine. Au-delà d’un tête à tête, cette démarche se voudrait un cœur à cœur avec les passages bibliques. D’où l’absence des notes de bas de pages, qui témoigne de notre volonté à donner la parole uniquement aux textes.

L’Esprit Saint dans l’existence humaine
En Rm 8, 15, il est écrit :  » vous n’avez pas reçu un esprit qui vous rende esclaves et vous ramène à la peur, mais un Esprit qui fait de vous des fils adoptifs et par lequel nous crions: Abba, Père « .
Ce verset attire l’attention du lecteur par son rythme. Il s’organise manifestement en deux mouvements. Le premier se caractérise par une tonalité négative, alors que le second se distingue par son orientation plutôt positive. Pour commenter cette construction, on pourrait simplement souligner les ressemblances et les différences entre les deux séquences du verset.
Dans le texte original, l’auteur de la lettre emploie le verbe recevoir pour indiquer le lien qui existe entre les destinataires et l’Esprit Saint. Notons que la même idée de la réception se rencontre à travers le même mot, lorsque l’évangile selon saint Jean parle des attitudes de l’humanité envers le verbe incarné :  » … les siens ne l’ont pas reçu… mais à ceux qui l’ont reçu il a donné pouvoir d’être enfants de Dieu…  » (Jn 1, 11-12). Comme le Fils, l’Esprit est envoyé par Dieu. De plus, sa présence et son efficacité en l’homme supposent également une action de la part de ce dernier. Il ne suffit donc pas que l’Esprit soit donné, nous devons en plus le recevoir, lui ouvrir notre cœur. Le message porté par l’emploi du verbe recevoir peut être entendu comme une invitation à l’hospitalité envers l’Esprit que Dieu donne. Une autre similitude existe entre les deux membres de notre verset. Dans la version française, ils rattachent tous l’Esprit à un verbe d’action :  » rendre  » ou  » faire « . Ici, les destinataires ne sont plus en position des sujets, mais apparaissent comme ceux sur qui l’Esprit opère. Ces constatations ouvrent sur une double conviction : la nécessité de la participation de l’homme et l’effectivité des effets de l’Esprit, l’action humaine consistant à accueillir la présence de l’Esprit. On arrive ainsi à une spiritualité unissant et arrimant l’action de l’homme à celle de l’Esprit, que les deux parties du verset décrivent différemment.
Deux situations s’opposent clairement et diamétralement en Rm 8, 15 : la condition d’esclavage et la filiation divine. Les familiers des épîtres de Paul se souviendront que Ga 4 se termine par le même type d’opposition. Ce rapprochement est d’autant plus pertinent que les deux lettres, Rm et Ga, opposent pareillement l’Esprit à la chair. Sans entrer dans les détails sur ces deux éléments, notons simplement le fait qu’il existe une incompatibilité entre eux suivant les déclarations de Paul (Rm 8, 5-10 ; Ga 5, 16-24). Cette constatation théorique appelle au moins deux remarques concrètes. Sur le plan des principes de l’agir, la réception de l’Esprit implique le refus des orientations contradictoires à la liberté. Elle revient au refus de toutes les situations qui enferment la personne dans la prison de la peur. Rappelons que l’un des premiers effets du don de l’Esprit, au jour de la Pentecôte, n’était autre chose que le passage de la crainte (Jn 20, 19 ; Ac 1, 13 ; 2, 1) au courage qui fait annoncer publiquement la résurrection du Christ (Ac 2, 14-36). Sur le plan de la réflexion, la même opposition, en lien avec Ga 5, 19-25, peut servir d’instrument de discernement. Elle indique clairement ce qui est inspiré de Dieu et permet de reconnaître ce qui ne l’est pas : être gouverné par la peur, ce n’est pas vivre sous la conduite de l’Esprit promis par le Christ, lui qui avait rassuré ses disciples (Mt 14, 27 ; Jn 14, 1) et leur avait donné la paix (Jn 14, 27 ; 20, 19).
A la lumière de Rm 8, 15, nous découvrons que l’action de l’Esprit Saint suppose l’implication des destinataires de celui-ci et engage à la promotion de la liberté.

L’Esprit Saint dans l’expérience ecclésiale
S’adressant aux chrétiens de Corinthe, Paul dit :  » Il y a diversité de dons de la grâce, mais c’est le même Esprit « 1 Co 12, 4).
Cette affirmation situe l’Esprit à la source des différents charismes. Pour en prendre la mesure, commençons par nous représenter le décor qui l’entoure : la situation de l’église de Corinthe à la lumière de la première lettre que Paul lui adresse. Il s’agit d’une communauté marquée par la discorde. Cette blessure est décrite de plusieurs manières : l’esprit de clocher (1 Co 1, 10-17), l’égoïsme caractéristique des assemblées eucharistiques corinthiennes (1 Co 11, 17- 22)…
C’est en réaction à ces divisions que Paul développe la notion de diversité portée par notre verset et illustrée par l’image du corps humain, dont les membres sont à la fois spécifiques et complémentaires. La mention de l’Esprit apparaît ici dans le contexte de l’unité de la communauté. Le message de ce verset s’adresse donc à notre manière de faire église et de vivre en société ; il vise directement notre manière d’être avec autrui.
Appliquée à la vie ecclésiale, la rime entre unité et diversité invite à intégrer l’égalité en dignité, la différence en fonction et la solidarité en responsabilité. Entre le clerc et le laïc, pas de rapport de supériorité dans un sens ou dans un autre, mais la fraternité de ceux qui ont été  » désaltérés par le même Esprit « . L’un n’a pas à jouer le rôle dévolu à l’autre, mais se réjouit de la réussite de l’autre et connaît la tristesse devant son échec même s’il ne dépend pas de lui.
Au milieu du siècle dernier, un anthropologue se désolait de l’état du monde. Il déplorait l’uniformité de la société de son époque qui, à son avis s’installait dans  » la monoculture « . Cette situation trouve encore des illustrations à l’heure actuelle. Elle se manifeste par exemple, lorsqu’une manière de faire, une façon de penser ou un genre de vie tente d’écraser les autres cultures. Elle se rencontre encore lorsqu’on bannit la différence par le racisme, le nationalisme, le tribalisme… La mondialisation, si elle oublie la pluralité, tombe dans le même piège de la  » monoculture « , qui éteint littéralement l’Esprit, puisqu’elle n’en suit pas la logique, celle de la diversité unifiée. Refuser la différence ou l’exploiter pour diviser, c’est renier son baptême et sa confirmation, sacrement où l’Esprit est donné.
Suivant l’extrait que nous venons de lire, dans l’Esprit Saint, comme l’affirmera la suite de 1 Co 12, les différences ne tournent pas à la cacophonie, elles ne se dégradent pas non plus en rivalité, mais concourent harmonieusement à l’édification du corps ecclésial.

L’Esprit Saint dans sa nature divine
La seconde lettre de saint Paul aux Corinthiens est célèbre en ce qu’elle laisse transparaître le tempérament de son auteur. Elle intéresse encore parce qu’elle aborde une question aussi sensible que celle de l’exercice du ministère apostolique (2 Co 5, 11-6, 10) et traite des notions aussi que importante que la démarcation de la Nouvelle Alliance vis-à-vis de l’Ancienne (2 Co 3, 6-14). Mais a-t-on remarqué que cette épître se conclut sur une formule lumineuse qui fait mention de l’Esprit Saint :  » La grâce du Seigneur Jésus Christ, l’amour de Dieu, et la communion du Saint Esprit soient avec vous tous  » ? Ce souhait, qui se rencontre en 2 Co 13, 13, fait partie des salutation que le prêtre peut adresser à l’assemblée au début de la messe. A ce titre, il représente probablement le verset le plus célèbre ou le plus vulgarisé du Nouveau Testament sur l’Esprit Saint. Nous pouvons accéder à son message par deux pistes possibles.
La première consiste à souligner la dimension trinitaire du verset : la mention explicite du Père, du Fils et de l’Esprit est frappante. Dans la perspective de notre propos, nous retiendrons qu’elle met en relief l’identité divine de l’Esprit en le plaçant sur le même plan que Dieu et le Christ. Confesser la divinité de l’Esprit Saint ne va pas de soi. L’histoire de l’église nous apprend qu’elle avait été farouchement combattue par certains chrétiens. En ce qui nous concerne aujourd’hui, la structure trinitaire de ce verset peut inviter à une révision de notre pratique religieuse. Cette amélioration de nos habitudes pourrait consister à prendre la mesure de la densité des symboles de la foi qui se récitent lors des eucharisties dominicales. Ces textes s’organisent en trois parties, autour du Père, du Fils et l’Esprit comme notre verset, évoquant également la formule prononcée sur les baptisés que nous sommes et rappelant aussi le signe de croix. De plus, l’une de ces deux formules du Credo confesse que l’Esprit procède du Père et du Fils et que les trois sont pareillement honorés, soulignant ainsi la complicité entre les personnes trinitaires comme en 2 Co 13, 13.

L’Esprit fait l’union en nos coeurs
L’autre piste conduit à remarquer que le texte ne se contente pas de mentionner les personnes de la trinité, mais il les caractérise en assignant à chacune un déterminatif, comme s’il voulait les particulariser. Dans ce mouvement, il attribue à l’Esprit la communion. Le Nouveau Testament applique cette notion à la vie des premières communautés chrétiennes pour signifier l’union des cœurs (Ac 2, 42 ; 4, 32) ou la concorde (1 Jn 1, 7) manifestée par le partage (2 Co 8, 4. 9, 13), traduite dans la solidarité intercommunautaire (Rm 15, 26 ; He 13, 16), exprimée dans la collaboration missionnaire (Ga 2, 9) et vécue dans l’union à Dieu (1 Co 10, 16 ; Ph 3, 10 ; 1 Jn 1, 6). La relation aux biens matériels, lorsqu’elle laisse une place à la générosité envers autrui, le travail en équipe, quand il reconnaît en l’autre un partenaire effectif, et l’action humaine, lorsqu’elle veut correspondre à la volonté de Dieu, inscrivent la vie dans la mouvance de l’Esprit Saint.
Au terme de ce parcours, nous constatons que les versets des épîtres pauliniennes sur lesquels nous venons de fixer notre attention se ressemblent non seulement en ce qu’ils portent tous sur l’Esprit Saint, mais encore parce qu’ils traitent ce thème commun de la même manière. En effet, d’un passage à l’autre, l’Esprit Saint apparaît toujours en lien avec la situation des destinataires, que l’auteur mentionne explicitement (Rm 8, 15 ; 2 Co 13, 13) ou implicitement (1 Co 12, 4). On dirait que les textes font prendre corps à l’Esprit en le présentant dans cette position. Cela nous invite à concevoir le Saint Esprit non pas comme un personnage désincarné, mais à l’associer à notre existence comme un partenaire actif en pratiquant les valeurs spirituelles qui se dégagent des passages bibliques commentés : l’affranchissement de la peur, la promotion de l’unité, l’engagement pour la solidarité.?

Pape Benoît: La présence de l’Esprit dans nos coeurs dans les Lettres de saint Paul

24 mai, 2012

http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/audiences/2006/documents/hf_ben-xvi_aud_20061115_fr.html

BENOÎT XVI

AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercredi 15 novembre 2006

La présence de l’Esprit dans nos coeurs dans les Lettres de saint Paul

Chers frères et soeurs,

Aujourd’hui aussi, comme déjà dans les deux catéchèses précédentes, nous revenons à saint Paul et à sa pensée. Nous nous trouvons devant un géant non seulement du point de vue de l’apostolat concret, mais également de celui de la doctrine théologique, extraordinairement profonde et stimulante. Après avoir médité la dernière fois sur ce que Paul a écrit à propos de la place centrale que Jésus Christ occupe dans notre vie de foi, nous examinons aujourd’hui ce qu’il dit sur l’Esprit Saint et sur sa présence en nous, car ici aussi, l’Apôtre a quelque chose d’une grande importance à nous enseigner.
Nous connaissons ce que saint Luc nous dit de l’Esprit Saint dans les Actes des Apôtres, en décrivant l’événement de la Pentecôte. L’Esprit de Pentecôte apporte avec lui une impulsion vigoureuse à assumer l’engagement de la mission pour témoigner de l’Evangile sur les routes du monde. De fait, le Livre des Actes rapporte toute une série de missions accomplies par les Apôtres, tout d’abord en Samarie, puis sur la bande côtière de la Palestine, et enfin vers la Syrie. Ce sont surtout les trois grands voyages missionnaires accomplis par Paul qui sont rapportés, comme je l’ai déjà rappelé dans une précédente rencontre du mercredi. Cependant, dans ses Lettres, saint Paul nous parle de l’Esprit d’un autre point de vue également. Il n’illustre pas uniquement la dimension dynamique et active de la troisième Personne de la Très Sainte Trinité, mais il en analyse également la présence dans la vie du chrétien, dont l’identité en reste marquée. En d’autres termes, Paul réfléchit sur l’Esprit en exposant son influence non seulement sur l’agir du chrétien, mais également sur son être. En effet, c’est lui qui dit que l’Esprit de Dieu habite en nous (cf. Rm 8, 9; 1 Co 3, 16) et que « envoyé par Dieu, l’Esprit de son Fils est dans nos coeurs » (Ga 4, 6). Pour Paul donc, l’Esprit nous modèle jusque dans nos profondeurs personnelles les plus intimes. A ce propos, voilà quelques-unes de ses paroles d’une importance significative: « En me faisant passer sous sa loi, l’Esprit qui donne la vie dans le Christ Jésus m’a libéré, moi qui étais sous la loi du péché et de la mort… L’Esprit que vous avez reçu ne fait pas de vous des esclaves, des gens qui ont encore peur; c’est un Esprit qui fait de vous des fils; poussés par cet Esprit, nous crions vers le Père en l’appelant: « Abba! »" (Rm 8, 2.15). On voit donc bien que le chrétien, avant même d’agir, possède déjà une intériorité riche et féconde, qui lui a été donnée dans le Sacrement du Baptême et de la Confirmation, une intériorité qui l’établit dans une relation de filiation objective et originale à l’égard de Dieu. Voilà notre grande dignité: celle de ne pas être seulement des images, mais des fils de Dieu. Et cela est une invitation à vivre notre filiation, à être toujours plus conscients que nous sommes des fils adoptifs dans la grande famille de Dieu. Il s’agit d’une invitation à transformer ce don objectif en une réalité subjective, déterminante pour notre penser, pour notre agir, pour notre être. Dieu nous considère comme ses fils, nous ayant élevés à une dignité semblable, bien que n’étant pas égale, à celle de Jésus lui-même, l’unique véritable Fils au sens plein. En lui nous est donnée, ou restituée, la condition filiale et la liberté confiante en relation au Père.
Nous découvrons ainsi que pour le chrétien, l’Esprit n’est plus seulement l’ »Esprit de Dieu », comme on le dit normalement dans l’Ancien Testament et comme l’on continue à répéter dans le langage chrétien (cf. Gn 41, 38; Ex 31, 3; 1 Co 2, 11.12; Ph 3, 3; etc.). Et ce n’est pas non plus un « Esprit Saint » au sens large, selon la façon de s’exprimer de l’Ancien Testament (cf. Is 63, 10.11; Ps 51, 13), et du Judaïsme lui-même dans ses écrits (Qumràn, rabbinisme). En effet, à la spécificité de la foi chrétienne appartient la confession d’un partage original de cet Esprit de la part du Seigneur ressuscité, qui est devenu Lui-même « l’être spirituel qui donne la vie » (1 Co 15, 45). C’est précisément pour cela que saint Paul parle directement de l’ »Esprit du Christ » (Rm 8, 9), de l’ »Esprit de Fils » (Ga 4, 6) ou de l’ »Esprit de Jésus Christ » (Ph 1, 19). C’est comme s’il voulait dire que non seulement Dieu le Père est visible dans le Fils (cf. Jn 14, 9), mais que l’Esprit de Dieu s’exprime aussi dans la vie et dans l’action du Seigneur crucifié et ressuscité!
Paul nous enseigne également une autre chose importante: il dit qu’il n’existe pas de véritable prière sans la présence de l’Esprit en nous. Il écrit en effet: « Bien plus, l’Esprit vient au secours de notre faiblesse, car nous ne savons pas prier comme il faut. L’Esprit lui-même intervient pour nous par des cris inexprimables. Et Dieu, qui voit le fond des coeurs, connaît les intentions de l’Esprit: il sait qu’en intervenant pour les fidèles, l’Esprit veut ce que Dieu veut » (Rm 8, 26-27). C’est comme dire que l’Esprit Saint, c’est-à-dire l’Esprit du Père et du Fils, est désormais comme l’âme de notre âme, la partie la plus secrète de notre être, d’où s’élève incessamment vers Dieu un mouvement de prière, dont nous ne pouvons pas même préciser les termes. En effet, l’Esprit, toujours éveillé en nous, supplée à nos carences et il offre au Père notre adoration, avec nos aspirations les plus profondes. Cela demande naturellement un niveau de grande communion vitale avec l’Esprit. C’est une invitation à être toujours plus sensibles, plus attentifs à cette présence de l’Esprit en nous, à la transformer en prière, à ressentir cette présence et à apprendre ainsi à prier, à parler avec le Père en tant que fils dans l’Esprit Saint.
Il existe également un autre aspect typique de l’Esprit que nous enseigne saint Paul: il s’agit de son lien avec l’amour. En effet, l’Apôtre écrit: « Et l’espérance ne trompe pas, puisque l’amour de Dieu a été répandu dans nos coeurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné » (Rm 5, 5). Dans ma Lettre encyclique « Deus caritas est », je citais une phrase très éloquente de saint Augustin: « Tu vois la Trinité quand tu vois la charité » (n. 19), et je poursuivais en expliquant: « En effet, l’Esprit est la puissance intérieure qui met leur coeur [des croyants] au diapason du coeur du Christ, et qui les pousse à aimer leurs frères comme Lui les a aimés » (ibid.). L’Esprit nous introduit dans le rythme même de la vie divine, qui est vie d’amour, en nous faisant personnellement participer aux relations qui existent entre le Père et le Fils. Il n’est pas sans signification que Paul, lorsqu’il énumère les divers fruits de l’Esprit, place l’amour à la première place: « Mais voici ce que produit l’Esprit: amour, joie, paix, etc. » (Ga 5, 22). Et puisque, par définition, l’amour unit, cela signifie tout d’abord que l’Esprit est Créateur de communion au sein de la communauté chrétienne, comme nous le disons au début de la Messe selon une expression paulinienne: « Que la communion de l’Esprit Saint [c'est-à-dire celle qu'Il opère] soit avec vous tous » (2 Co 13, 13). D’autre part, cependant, il est également vrai que l’Esprit nous incite à nouer des relations de charité avec tous les hommes. C’est pourquoi, lorsque nous aimons, nous donnons de l’espace à l’Esprit, nous lui permettons de s’exprimer en plénitude. On comprend ainsi pourquoi Paul rapproche dans la même page de la Lettre aux Romains les deux exhortations: « Laissez jaillir l’Esprit » et « Ne rendez à personne le mal pour le mal » (Rm 12, 11.17).
Enfin, l’Esprit constitue selon saint Paul des arrhes généreuses qui nous ont été données par Dieu lui-même, comme avance et comme garantie de notre héritage futur (cf. 2 Co 1, 22; 5, 5; Ep 1, 13-14). Nous apprenons ainsi de Paul que l’action de l’Esprit oriente notre vie vers les grandes valeurs de l’amour, de la joie, de la communion et de l’espérance. C’est à nous qu’il revient d’en faire chaque jour l’expérience, en suivant les suggestions intérieures de l’Esprit, aidés dans notre discernement par la direction éclairante de l’Apôtre.

Entretien de St Séraphim de Sarov avec Motovilov sur la lumière du St Esprit

27 décembre, 2010

du site:

http://livres-mystiques.com/partieTEXTES/Textes/index.html

Entretien de St Séraphim de Sarov avec Motovilov
 
sur la lumière  du St Esprit

VII – La manifestation de la présence de l’Esprit Saint.

- La lumière, le bien-être, le silence, la douceur, la chaleur, l’aromate, la joie.
- « Le Royaume des Cieux est la paix et la joie en l’Esprit Saint ». 

     – Quand même, répondis-je, je ne comprends pas encore comment je puis être vraiment sûr d’être dans l’Esprit Saint ! Comment puis-je en moi-même reconnaître Sa véritable présence ?
Petit Père Séraphim répondit : « J’ai déjà dit, votre Théophilie, que c’était fort simple et vous ai raconté d’une façon détaillée comment les hommes peuvent être en la plénitude de l’Esprit Saint et comment il faut reconnaître Son apparition en nous. Alors, petit père, que voulez-vous de plus ? ».
     – Il me faut, dis-je, pouvoir le comprendre mieux encore !.
Alors Père Séraphim me serra fortement les épaules et dit
     – Nous sommes tous les deux en la plénitude de l’Esprit Saint ! Pourquoi ne me regardes-tu pas ?
     – Je ne le puis, dis-je, petit Père car des foudres jaillissent de vos yeux. Votre face est devenue plus lumineuse que le soleil et mes yeux sont broyés de douleur !
     – N’ayez pas peur, dit saint Séraphim. Vous êtes devenu aussi lumineux que moi; vous êtes aussi, à présent, en la plénitude de l’Esprit Saint Autrement, vous n’auriez pu me voir ainsi ». Et inclinant la tête vers moi, il me dit doucement à l’oreille: « Remerciez le Seigneur de nous avoir donné Sa Grâce ineffable. Vous avez vu que je n’ai même pas fait un signe de croix; seulement, dans mon coeur, en pensée, j’ai prié le Seigneur Dieu et j’ai dit: « Seigneur, rends-le digne de voir clairement avec ses yeux de chair la descente de l’Esprit Saint, comme Tu l’as fait voir à Tes serviteurs élus quand Tu daignas apparaître dans la magnificence de Ta Gloire ! ». Et voilà, petit père, Dieu exauça immédiatement l’humble prière de l’humble Séraphim ! Comment pourrions-nous ne pas Le remercier pour ce don inexprimable accordé à nous deux ?
     Réalisez, petit père, que ce n’est pas toujours aux grands ermites que Dieu manifeste ainsi Sa Grâce. Telle une mère compatissante, cette Grâce de Dieu a daigné panser votre coeur douloureux par l’intercession de la Mère de Dieu elle-même
     Alors, pourquoi ne me regardez-vous pas dans les yeux ? Osez me regarder simplement et sans crainte ! DIEU EST AVEC NOUS !
     Après ces mots, je regardai sa face et une peur surnaturelle encore plus grande m’envahit. Représentez-vous la face d’un homme qui vous parle au milieu d’un soleil de midi. Vous voyez les mouvements de ses lèvres, l’expression changeante de ses yeux, vous entendez sa voix, Vous sentez que quelqu’un vous serre les épaules de ses mains, mais vous n’apercevez ni ses mains, ni son corps, ni le vôtre, mais seulement cette éclatante lumière qui se propage à plusieurs mètres de distance tout autour, éclairant la surface de neige recouvrant la prairie, et la neige qui continue à nous saupoudrer, le grand Staretz et moi-même. Qui pourrait imaginer mon état d’alors !
     – Que sentez-vous à présent ? demanda saint Séraphim.
     – Je me sens extraordinairement bien !
     – Mais… Comment cela, « bien » ? En quoi consiste ce « bien » ?
     – Je ressens en mon âme un silence, une paix, tels que je ne puis l’exprimer par des paroles…
     – C’est là, votre Théophilie, dit le petit Père Séraphim, cette paix même que le Seigneur désignait à Ses disciples lorsqu’Il leur disait: « Je vous donne Ma paix, non comme le monde la donne. C’est Moi Qui vous la donne. Si vous étiez de ce monde, le monde aurait aimé les siens. Je vous ai élus et le monde vous hait. Soyez donc téméraires, car J’ai vaincu le monde ! ».
     C’est à ces hommes, que le monde hait, élus de Dieu, que le Seigneur donne la paix que vous ressentez à présent – « cette paix », dit l’Apôtre, « qui dépasse tout entendement ».
L’Apôtre désigne ainsi cette paix parce qu’on ne peut exprimer par aucune parole le bien-être que ressent l’âme des hommes dans le coeur desquels le Seigneur Dieu l’enracine. Le Christ Sauveur l’appelle « Sa paix », venant de Sa propre générosité et non de ce monde, parce qu’aucun bonheur terrestre provisoire ne peut donner cette paix.
Elle est donnée d’En Haut par le Seigneur Dieu Lui-même, c’est pourquoi elle se nomme: « LA PAIX DU SEIGNEUR ».
     Mais que ressentez-vous en plus de la paix ? demanda saint Séraphim.
     – ….une douceur extraordinaire…
     – C’est cette douceur dont parlent les Saintes Écritures: « Ils boiront le breuvage de Ta maison et Tu les désaltéreras par le torrent de Ta douceur ». C’est cette douceur qui déborde dans nos coeurs et s’écoule dans toutes nos veines en un inexprimable délice. On dirait qu’elle fait fondre nos coeurs, les emplissant d’une telle béatitude qu’aucune parole ne saurait la décrire. Et que sentez-vous encore ?
     – Tout mon coeur déborde d’une joie indicible.
     – Quand le Saint Esprit, continua saint Séraphim, descend vers l’homme et le couvre de la plénitude de Ses dons, l’âme de l’homme se remplit d’une inexprimable joie, parce que le Saint Esprit recrée en joie tout ce qu’Il a effleuré 1 C’est de cette même joie dont parle le Seigneur dans l’Évangile: « Quand la femme enfante, elle est dans la douleur, car son heure est arrivée. Mais, ayant mis au monde un enfant, elle ne se souvient plus de la douleur. tant la joie d’avoir enfanté est grande.. Vous aurez de la douleur dans le monde, mais quand Je vous visiterai, vos coeurs se réjouiront et votre joie ne vous sera point ravie ».
     Pour autant qu’elle soit consolation, cette joie que vous ressentez à présent dans votre coeur, votre Théophilie, n’est rien en comparaison,de celle dont le Seigneur Lui-même a dit par le voix de Son Apôtre:
« La joie que Dieu réserve à ceux qui l’aiment ne peut être vue, ni entendue, ni ressentie par le coeur de l’homme dans ce monde ».
     Ce ne sont que des « acomptes » de cette joie qui nous sont à présent accordés, et si déjà nous ressentons en nos coeurs douceur, jubilation et bien-être, que dire alors de cette autre joie qui nous est réservée dans le ciel à nous qui pleurons ici-bas.
     Ainsi, votre Théophilie, vous aussi avez assez pleuré dans votre vie sur cette terre, et voyez par quelle joie vous console dès ici-bas le Seigneur. Maintenant, petit père, c’est à nous d’oeuvrer en accumulant les efforts, croissant de force en force pour atteindre la mesure de l’âge (maturité) dans l’accomplissement de l’oeuvre du Christ et pour que les paroles du Seigneur s’accomplissent en nous: « Ceux qui patienteront au nom du Seigneur changeront de force, obtiendront des ailes, tels des aigles, s’épancheront sans fatigue, partiront sans connaître jamais la faim, croissant de force en force, et le Dieu des dieux leur apparaîtra dans la Sion de sagesse et de visions célestes ».
     C’est alors que notre joie actuelle, trop petite et éphémère, nous sera donnée en sa plénitude sans que personne puisse nous la ravir et nous remplira de jouissances célestes inexprimables.
     – Que sentez-vous en plus de cela, votre Théophilie ?
     – Une chaleur extraordinaire, répondis-je.
     – Comment cela, chaleur ? Ne sommes-nous pas en pleine forêt, l’hiver, la neige sous nos pieds, qui nous recouvre d’une couche épaisse et continue à nous saupoudrer ? Quelle chaleur pouvez-vous ressentir ici ?
     – Mais une chaleur comparable à celle d’un bain de vapeur à l’instant où son tourbillon vous enveloppe.
     – Et l’odeur que vous sentez, est-elle aussi comme aux bains ?
     – Oh ! que non, dis-je. Rien sur la terre ne peut se comparer à cet aromate. Quand autrefois j’aimais danser, aux réunions et aux bals, feu ma petite mère me parfumait parfois avec des parfums qu’elle achetait dans les meilleurs magasins de Kazan. Mais ces parfums ne sont rien en comparaison de ces « aromates ».
     Petit Père Séraphim, alors, sourit agréablement en disant:
     – Je sais, en vérité, que c’est bien ainsi et c’est exprès que je vous questionne sur ce que vous ressentez ! C’est bien vrai, votre Théophilie, rien ne peut se comparer avec le parfum que nous humons actuellement, car c’est l’aromate de l’Esprit Saint qui nous enveloppe. Quelle chose terrestre peut lui être comparée ?
     Notez bien, votre Théophilie, que vous m’avez dit tout à l’heure, qu’il faisait chaud comme aux bains. Pourtant regardez, la neige qui nous recouvre ne fond point, non plus que celle qui est sous nos pieds: cette chaleur n’est donc pas dans l’air, mais à l’intérieur de nous-mêmes. C’est cette chaleur que l’Esprit Saint nous fait demander dans la prière, quand nous clamons vers Dieu: « Que Ton Saint Esprit me réchauffe ! ».
     Réchauffés par cette chaleur, les ermites ne craignaient plus le froid de l’hiver, habillés comme par des pelisses chaudes dans un vêtement tissé par la Grâce de l’Esprit Saint.
     Et c’est ainsi que les choses doivent être en réalité, puisque la Grâce divine doit habiter au plus profond de nous, dans notre coeur, comme l’a dit le Seigneur: « LE ROYAUME DES CIEUX EST EN VOUS ».
     Et, par le « Royaume des Cieux », le Seigneur entendait la Grâce de l’Esprit Saint. C’est ce « Royaume des Cieux » qui se trouve à présent en nous, et la Grâce de l’Esprit Saint nous éclaire et nous réchauffe aussi de l’extérieur, et embaume l’air environnant de divers parfums et réjouit nos sens de célestes délices, désaltérant nos coeurs d’une inexprimable joie. Notre état actuel est celui-là même dont l’Apôtre Paul disait : « LE ROYAUME DES CIEUX N’EST POINT NOURRITURE OU BREUVAGE, MAIS LA VÉRITÉ ET LA JOIE EN L’ESPRIT SAINT ». Notre foi consiste non pas en « des paroles de la sagesse terrestre mais dans la manifestation de la Force et de l’Esprit ». Nous sommes actuellement avec vous dans cet état.
     C’est de cet état précis que le Seigneur Dieu dit : « Certains ici présents ne goûteront point la mort avant d’avoir vu le Royaume des Cieux venir en « Force ».
     Voilà, votre Théophilie, quelle joie incomparable le Seigneur Dieu nous accorde ! Voilà ce que signifie « être en la plénitude de l’Esprit Saint », et c’est cela qu’entend saint Macaire d’Égypte quand il écrit :
« Je fus moi-même en la plénitude de l’Esprit Saint ».
     Maintenant le Seigneur nous a, nous aussi, humbles que nous sommes, remplis de cette plénitude de Son Saint Esprit.
     Eh bien, votre Théophilie, il me semble à présent que vous n’allez plus m’interroger sur la façon dont se manifeste dans les hommes la présence de la Grâce de l’Esprit Saint…