Archive pour avril, 2015

St. John reclining on Christ’s breast

30 avril, 2015

St. John reclining on Christ's breast  dans images sacrée 275-232

http://full-of-grace-and-truth.blogspot.it/2009/09/translation-of-st-john-theologian.html

« VOTRE PÈRE QUI EST AUX CIEUX NE VEUT PAS QU’UN SEUL DE CES PETITS SOIT PERDU », Saint Ambroise de Milan

30 avril, 2015

http://voiemystique.free.fr/aucun_ne_se_perde.htm

« VOTRE PÈRE QUI EST AUX CIEUX NE VEUT PAS QU’UN SEUL DE CES PETITS SOIT PERDU »

Saint Ambroise de Milan

«Viens, Seigneur Jésus, cherche ton serviteur ; cherche ta brebis fatiguée ; viens, berger… Pendant que tu t’attardes sur les montagnes, voilà que ta brebis erre : laisse donc les quatre-vingt-dix-neuf autres qui sont tiennes et viens chercher l’unique qui s’est égarée. Viens, sans te faire aider, sans te faire annoncer ; c’est toi maintenant que j’attends. Ne prends pas de fouet, prends ton amour ; viens avec la douceur de ton Esprit. N’hésite pas à laisser sur les montagnes ces quatre-vingt-dix-neuf brebis qui sont tiennes ; sur les sommets où tu les a mises, les loups n’ont point d’accès… Viens à moi, qui me suis égaré loin des troupeaux d’en-haut, car tu m’avais mis là moi aussi, mais les loups de la nuit m’ont fait quitter tes bergeries.
Cherche-moi, Seigneur, puisque ma prière te cherche. Cherche-moi, trouve-moi, relève-moi, porte-moi ! Celui que tu cherches tu peux le trouver, celui que tu trouves, daigne le relever, et celui que tu relèves, pose-le sur tes épaules. Ce fardeau de ton amour, il ne t’est jamais à charge, et tu te fais sans lassitude le péager de la justice. Viens donc, Seigneur, car s’il est vrai que j’erre, « je n’ai pas oublié ta parole » (cf Ps 119/118), et je garde l’espoir du remède. Viens, Seigneur, tu es seul à pouvoir encore appeler ta brebis perdue, et aux autres que tu vas laisser, tu ne feras aucune peine ; elles aussi seront contentes de voir revenir le pécheur. Viens, il y aura salut sur la terre et il y aura joie dans le ciel (Lc 15,7).
N’envoie pas tes petits serviteurs, n’envoie pas de mercenaires, viens chercher ta brebis toi-même. Relève-moi dans cette chair qui avec Adam est tombée. Reconnais en moi par ce geste, non l’enfant d’Ève mais le fils de Marie, vierge pure, vierge par grâce, sans aucun soupçon de péché ; puis porte-moi jusque sur ta croix, elle est le salut des errants, le seul repos des fatigués, l’unique vie de tous ceux qui meurent».

“Commentaire du Ps 118, 22, 27-30” ; CSEL 62, 502-504

« J’AI CHERCHÉ DANS MA BIBLE, À SAVOIR QUAND ET OÙ LE SEL Y ÉTAIT ÉVOQUÉ »

30 avril, 2015

http://www.zenit.org/fr/articles/j-ai-cherche-dans-ma-bible-a-savoir-quand-et-ou-le-sel-y-etait-evoque

« J’AI CHERCHÉ DANS MA BIBLE, À SAVOIR QUAND ET OÙ LE SEL Y ÉTAIT ÉVOQUÉ »

Catéchèse de Mgr Dubost

26 juillet 2002

CITE DU VATICAN, Vendredi 26 juillet 2002 (ZENIT.org) – « J’ai cherché dans ma Bible, à savoir quand et où le sel y était évoqué »: Mgr Dubost a transmis aux jeunes de Toronto ce qu’il avait trouvé dans sa Bible, tout en leur transmettant ainsi une vraie méthode pour ouvrir sa Bible de façon simple et fructueuse. Une catéchèse et des travaux pratiques!

Savez-vous ce que vous êtes ?
Vous connaissez-vous vraiment ?
Ma mission, ce matin, est de vous dire au nom du Christ : vous êtes le sel de la terre !
Vous avez de la personnalité. Vous avez du goût. Vous avez de la saveur.
C’est le Christ qui vous le dit.
Il ne met aucune condition à vous trouver savoureux.
Il ne dit pas : Vous serez le sel de la terre si vous réussissez, si vous évangélisez, si vous êtes de bons enfants, de bons parents, de bons citoyens…
Il ne dit pas : Vous serez le sel de la terre quand vous aurez été généreux.
Il ne dit même pas : Vous êtes le sel de la terre si vous le désirez profondément.
Il vous met simplement en garde :
« Si le sel vient à s’affadir, les passants le piétineront… » Et comment ne pas témoigner de la vérité de cette prédiction ? Combien de fois les catholiques se sont senti meurtris, foulés au pied, méprisés dans leur propre pays.
Le sel s’est-il affadi ? Et comment faire pour qu’il ne s’affadisse pas ?

Souvent je médite ces mots en regardant une foule de chrétiens :
Ils sont le sel de la terre…
Et j’avoue que je trouve cela beau… mais que je m’interroge parfois sur ce que le Christ a bien voulu dire…
Vous êtes le sel de la terre…
Comme souvent dans ce cas-là, j’ai repris ma Bible.. . et j’ai essayé de regarder de près.
Ma Bible m’a fait faire trois remarques :
- Pour celui qui fait attention au vocabulaire, il y a une opposition – très biblique – entre la terre : vous êtes le sel de la terre, et le monde : vous êtes la lumière du monde. Il faudrait, à mon avis, traduire ici : vous êtes le sel du Pays d’Israël…. Le mot employé ici, que l’on traduit par terre, signifie aussi le pays d’Israël, voire la terre promise.
Le Christ invite ceux qui l’écoutent – ceux d’hier qui écoutaient son sermon sur la montagne – comme ceux d’aujourd’hui – vous et moi – à prendre conscience qu’ils sont le sel de la terre… j’allais traduire, le sel du Peuple de Dieu, en l’occurrence, pour nous, de l’Eglise Catholique.
Quelle est la place de l’Eglise dans votre vie ?
Quel rôle y jouez-vous ?
Quel rôle êtes-vous appelés à y jouer ?
Si vous n’y êtes pas, comment pouvez-vous en être le sel ?
J’ai souvent entendu des jeunes et des moins jeunes se plaindre de l’Eglise… Est-ce comme cela que l’on joue son rôle de sel ? J’ai souvent entendu des jeunes et des moins jeunes trouver que, pour faire quoique ce soit dans l’Eglise – participer – faire un groupe donner des idées – ils étaient trop peu nombreux.
Je me souviens, lorsque j’entends cela, de Mgr Sagna, l’évêque de Saint Louis du Sénégal à qui l’on demandait si ce n’était pas trop difficile d’être à la tête d’un diocèse où il y avait si peu de chrétiens ; il répondait « Il ne faut pas un kilo de sel pour cuire un kilo de riz » !
Le Christ sait que nous ne sommes pas nombreux.
Mais nous sommes le sel !
J’imagine que, lorsqu’il parlait, le Christ voulait donner aux Juifs qui étaient autour de lui, le sens de leur histoire et de leur dignité… Je traduirai volontiers son expression : Soyez fiers d’être les héritiers d’un Peuple que Dieu a libéré et qu’il libère sans cesse. Soyez fiers d’appartenir à un Peuple aimé de Dieu.
Et c’est encore ce qu’il nous dit aujourd’hui.
Prenez conscience que vous êtes membre de ce Peuple choisi de Dieu.
Prenez conscience de votre baptême !
Prenez conscience de son Alliance !
- Pour aller plus loin, j’ai cherché aussi dans ma Bible, à savoir quand et où le sel y était évoqué pour comprendre plus profondément l’expression « être le sel de la terre ». J’ai lu bien des hypothèses : il paraît que les potiers mettaient du sel dans la terre de leur four pour favoriser la cuisson et que, petit à petit, à force de cuisson, ce sel perdait ses qualités. C’est possible. Mais ce n’est pas dans la Bible. Par contre, dans le livre de Job, on parle de sel qui donne goût aux aliments…. Mais je pense que Jésus fait allusion à tout autre chose, au livre du Lévitique ou des Nombres. Ces deux livres sont peu connus, mais ils parlent de l’alliance.
Tu saleras toute oblation que tu offriras
Et tu ne cesseras de mettre sur ton oblation
Le sel de l’Alliance de ton Dieu
Lév. 2. 13 – cf. Nb. 18.19
Les juifs salaient les viandes offertes en sacrifice..
Evidemment ces pratiques sont d’un autre âge. Et il faut les transposer.
Le sacrifice, pour nous chrétiens, est le sacrifice du Christ se donnant librement à son Père… et il n’y en a pas d’autres.
Mais pour faire comprendre son sacrifice, le Christ fait allusion aux sacrifices anciens.
Pour les Juifs, le sel évoque l’amitié avec Dieu et la pureté des intentions dans le sacrifice que l’on offre.
Vous êtes le sel de la terre, vous chrétiens, parce que vous êtes capables d’offrir à Dieu une offrande pure en toute amitié.
Je ne suis pas en train de revenir subtilement sur ce que je vous disais tout à l’heure.
Le Christ ne nous dit pas : deviens capable de t’offrir totalement à Dieu, de le manifester par ta pureté de cœur, d’intention et de corps, par ta capacité à aimer.
Le Christ affirme, vous êtes le sel… dès maintenant, qui que vous soyez…. parce que vous êtes liés au Christ.
C’est lui qui est pur d’intention.
C’est lui qui est aimable.
C’est lui qui a la force de se donner totalement.
Oui, vous êtes le sel de la terre parce que vous êtes liés à lui. Parce que vous faites corps avec lui… Lui affirme : Je suis, pour faire entendre qu’il est Dieu … et il nous dit, vous êtes pour nous faire entendre que – malgré notre indignité – nous participons, par adoption, à sa divinité. Sans lui, vous ne pouvez plus saler. Savez-vous que la racine « moros » du verbe employé dans l’expression « Si le sel vient à perdre sa saveur »… pour dire perdre sa saveur, est la même que celle de l’adjectif employé par Matthieu dans la parabole des dix vierges pour désigner les cinq vierges « insensées » (Mt 25.2)
Sans lien avec le Christ nous n’avons pas de sens !
Notre lèpre, notre maladie, c’est l’amour qui dort inemployé en nous.
Saint Augustin disait que, jeune, il aimait aimer… Mais malgré cela – et c’est déjà bien – son amour était inemployé, inefficace, déplacé, parce qu’il n’avait pas découvert Jésus, le Père, parce que le cœur de chacun d’entre nous est fait pour Dieu et que par Jésus il nous faut le trouver.
Avec Jésus, tout prend sens !
Toute notre vie entre dans l’Alliance qui unifie les hommes et Dieu !
Sans lui, nous sommes bons à être jetés dehors !
Malgré nos bons sentiments, notre gentillesse, notre humanisme.
Jeté dehors !
Je vous entends déjà parler d’injustice.
A la limite, vous seriez prêts à croire qu’il faut être lié au Christ
Faire corps avec lui
S’offrir avec lui.
Mais vous n’acceptez pas que vos amis qui n’ont jamais entendu parler de Dieu soient jetés dehors.
Et vous avez raison.
Dieu ne serait pas raisonnable d’exclure ceux qui ne le connaissent pas.
Mais ce n’est pas à eux que je m’adresse, c’est à vous.
Il est facile d’accuser Dieu…
Il est facile de dire « Pourquoi Dieu permet-il tant de mal dans le monde ? »
Il est facile de dire « Pourquoi Dieu exprime-il une préférence pour ceux qui croient en lui ?… »
C’est évidemment plus facile à dire que : « Pourquoi les hommes se permettent-ils autant de méchancetés » ….. Ou Pourquoi les chrétiens se taisent-ils ? Qu’est-ce qui fait leur honte ? Pourquoi ne veulent-ils plus saler ? » Comment se fait-il qu’autour des chrétiens, tant de gens ne connaissent pas Dieu ?
- Ma troisième remarque, toujours en feuilletant ma Bible, est de remarquer que le Christ déclare « Vous êtes le sel de la terre » à ceux qui viennent d’entendre les Béatitudes…
Vous aussi, vous avez entendu ce texte…
Vous le connaissez par cœur.
Vous connaissez ces béatitudes communes à Matthieu et à Luc
Le bonheur aux pauvres, aux affligés, aux affamés, aux persécutés.
Et celles qui sont propres à Matthieu.
Le bonheur aux doux, aux bons, aux purs, à ceux qui construisent la paix.
Beaucoup vous ont fait remarquer que les Béatitudes tracent comme un portrait de Jésus Christ. Devenir corps avec le Christ, c’est laisser l’Esprit nous façonner en homme et en femme des Béatitudes.
Etre doux, bon, pur, construire la paix : quel programme ! C’est ce que l’Esprit du Christ qui est en nous depuis notre baptême veut nous entraîner à vivre parce que c’est notre nature profonde !
Mais il faut aller plus loin. Quelle est la première qualité de l’homme des Béatitudes ? Il est heureux. Il connaît le bonheur.
Nous sommes une époque où beaucoup connaissent la maladie de la dépression nerveuse, de la déprime.
Et cette maladie est comme l’expression pathologique de l’air du temps : les gens sont malheureux.
Le Christ vient vous chanter « la ballade des gens heureux ».
Nous ne sommes pas heureux d’être pauvres, affligés, affamés, persécutés… nous sommes, comme le Christ, et au cœur de nos drames, surs d’être aimés de Dieu. Et ce bonheur, rien ne peut le tuer.
Surs de ne pas être seuls. Surs d’être aimés.
Nous pouvons quelquefois être tentés de douter de son absence.
« Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » dit le Christ en croix. Mais les ultimes moments du Christ montrent qu’après cette ultime tentation, il a su poursuivre le Psaume 22 et être sûr « que son Père n’a pas méprisé la pauvreté du pauvre ni caché de lui sa face ».
Et c’est en toute paix qu’il lui a remis son esprit.

Etre sel de la terre
Vivre du bonheur du Christ.
Je n’y arriverai jamais !
Lui est tout
Moi je ne suis rien !
Lui a fait des grandes choses…
Et moi ?
Je vous entends me dire cela. C’est une des manières subtiles de refuser d’être le sel de la terre.

Je repense au Christ à la fin de sa vie.
Peut-être se souvenait-il de son programme initial.
« L’Esprit du Seigneur est sur moi…
Il m’a envoyé porter la bonne nouvelle aux pauvres
Annoncer aux captifs la délivrance
Aux aveugles le retour à la vue
Rendre la liberté aux opprimés
Proclamer une année de grâce du Seigneur »…

Certes Jésus a beaucoup fait… mais à la fin de sa vie, il existait encore des aveugles, des captifs, des opprimés ; Jésus, Dieu, n’a pas tout réglé sur terre… et il est Dieu !
Il a seulement ( !)ouvert la porte de l’espérance.
Par son action quotidienne il a montré qu’il n’est pas possible de se résigner au mal.
Et que Dieu n’aime pas le malheur
Il a donné une manière d’agir en s’offrant librement
Pour que chacun se découvre être fait pour donner
Et capable de se libérer de tout ce qui entrave le don
Il a donné la force d’agir, lui qui est Dieu, en donnant son Esprit
Et par lui le goût du bonheur.
Il est le sel de la terre.
Vous êtes le sel de la terre.

24/07/2002
Mgr Dubost, Evêque d’Evry

Giovanni di Paolo, The Mystic Marriage of Saint Catherine of Siena

29 avril, 2015

Giovanni di Paolo, The Mystic Marriage of Saint Catherine of Siena dans images sacrée 800px-Giovanni_di_Paolo_The_Mystic_Marriage_of_Saint_Catherine_of_Siena%2C

http://en.wikipedia.org/wiki/Mystical_marriage_of_Saint_Catherine

BENOÎT XVI – CATHERINE DE SIENNE, 29 AVRIL

29 avril, 2015

http://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/audiences/2010/documents/hf_ben-xvi_aud_20101124.html

BENOÎT XVI

AUDIENCE GÉNÉRALE

Salle Paul VI

Mercredi 24 novembre 2010

CATHERINE DE SIENNE, 29 AVRIL

Chers frères et sœurs,

Je voudrais aujourd’hui vous parler d’une femme qui a eu un rôle éminent dans l’histoire de l’Eglise. Il s’agit de sainte Catherine de Sienne. Le siècle auquel elle vécut — le XIVe — fut une époque tourmentée pour la vie de l’Eglise et de tout le tissu social en Italie et en Europe. Toutefois, même dans les moments de grandes difficultés, le Seigneur ne cesse de bénir son peuple, suscitant des saints et des saintes qui secouent les esprits et les cœurs provoquant la conversion et le renouveau. Catherine est l’une de celles-ci et, aujourd’hui encore, elle nous parle et nous incite à marcher avec courage vers la sainteté pour être toujours plus pleinement disciples du Seigneur.
Née à Sienne, en 1347, au sein d’une famille très nombreuse, elle mourut dans sa ville natale en 1380. A l’âge de 16 ans, poussée par une vision de saint Dominique, elle entra dans le Tiers Ordre dominicain, dans la branche féminine dite des Mantellate. En demeurant dans sa famille, elle confirma le vœu de virginité qu’elle avait fait en privé alors qu’elle était encore adolescente, et se consacra à la prière, à la pénitence et aux œuvres de charité, surtout au bénéfice des malades.
Lorsque la renommée de sa sainteté se diffusa, elle fut protagoniste d’une intense activité de conseil spirituel à l’égard de toutes les catégories de personnes: nobles et hommes politiques, artistes et personnes du peuple, personnes consacrées, ecclésiastiques, y compris le Pape Grégoire XI qui à cette époque, résidait à Avignon, et que Catherine exhorta de façon énergique et efficace à revenir à Rome. Elle voyagea beaucoup pour solliciter la réforme intérieure de l’Eglise et pour favoriser la paix entre les Etats: c’est pour cette raison également, que le vénérable Jean-Paul II voulut la déclarer co-patronne de l’Europe: pour que le Vieux continent n’oublie jamais les racines chrétiennes qui sont à la base de son chemin et continue de puiser à l’Evangile les valeurs fondamentales qui assurent la justice et la concorde.
Catherine souffrit beaucoup, comme de nombreux saints. Certains pensèrent même qu’il fallait se méfier d’elle, au point qu’en 1374, six ans avant sa mort, le chapitre général des Dominicains la convoqua à Florence pour l’interroger. Il mirent à ses côtés un frère cultivé et humble, Raymond de Capoue, futur maître général de l’Ordre. Devenu son confesseur et également son «fils spirituel», il écrivit une première biographie complète de la sainte. Elle fut canonisée en 1461.
La doctrine de Catherine, qui apprit à lire au prix de nombreuses difficultés et à écrire à l’âge adulte, est contenue dans le Dialogue de la Divine Providence, ou Livre de la Divine Doctrine, chef d’œuvre de la littérature spirituelle, dans ses Lettres, et dans le recueil de Prières. Son enseignement contient une telle richesse qu’en 1970, le Serviteur de Dieu Paul VI, la déclara Docteur de l’Eglise, titre qui s’ajoutait à celui de co-patronne de la ville de Rome, par volonté du bienheureux Pie IX, et de patronne d’Italie, selon la décision du vénérable Pie XII.
Dans une vision qui ne s’effaça plus jamais du cœur et de l’esprit de Catherine, la Vierge la présenta à Jésus, qui lui donna un anneau splendide, en lui disant: «Moi, ton créateur et sauveur, je t’épouse dans la foi, que tu conserveras toujours pure jusqu’à ce que tu célèbres avec moi tes noces éternelles» (Raymond de Capoue, Sainte Catherine de Sienne, Legenda maior, n. 115, Sienne, 1998). Cet anneau ne demeura visible qu’à elle seule. Dans cet épisode extraordinaire, nous percevons le sens vital de la religiosité de Catherine et de toute spiritualité authentique: le christocentrisme. Le Christ est pour elle comme l’époux, avec lequel existe un rapport d’intimité, de communion et de fidélité; il est le bien-aimé au-delà de tout autre bien.
Cette union profonde avec le Seigneur est illustrée par un autre épisode de la vie de cette éminente mystique: l’échange du cœur. Selon Raymond de Capoue, qui transmit les confidences reçues de Catherine, le Seigneur Jésus lui apparut tenant dans la main un cœur humain rouge resplendissant, lui ouvrit la poitrine, l’y introduisit et dit: «Ma très chère petite fille, de même qu’un jour j’ai pris le cœur que tu m’offrais, voici à présent que je te donne le mien, et désormais, il prendra la place qu’occupait le tien» (ibid.). Catherine a vécu véritablement les paroles de saint Paul: «Ce n’est plus moi qui vis, mais le Christ qui vit en moi» (Ga 2, 20).
Comme la sainte de Sienne, chaque croyant ressent le besoin de s’uniformiser aux sentiments du Cœur du Christ pour aimer Dieu et son prochain, comme le Christ lui-même aime. Et nous pouvons tous laisser notre cœur se transformer et apprendre à aimer comme le Christ, dans une familiarité avec Lui nourrie par la prière, par la méditation sur la Parole de Dieu et par les Sacrements, en particulier en recevant fréquemment et avec dévotion la sainte communion. Catherine appartient elle aussi à ce groupe de saints eucharistiques, avec lesquels j’ai voulu conclure mon Exhortation apostolique Sacramentum caritatis (cf. n. 94). Chers frères et sœurs, l’Eucharistie est un don d’amour extraordinaire que Dieu nous renouvelle sans cesse pour nourrir notre chemin de foi, renforcer notre espérance, enflammer notre charité, pour nous rendre toujours plus semblables à Lui.
Autour d’une personnalité aussi forte et authentique commença à se constituer une véritable famille spirituelle. Il s’agissait de personnes fascinées par l’autorité morale de cette jeune femme dont la vie atteignait un niveau très élevé, et parfois impressionnées également par les phénomènes mystiques auxquels elles assistaient, comme les extases fréquentes. Beaucoup de gens se mirent à son service et considérèrent surtout comme un privilège d’être guidées spirituellement par Catherine. Ils l’appelaient «maman», car en tant que fils spirituels, ils puisaient en elle la nourriture de l’esprit.
Aujourd’hui aussi l’Eglise tire un grand bénéfice de l’exercice de la maternité spirituelle de nombreuses femmes, consacrées et laïques, qui nourrissent dans les âmes la pensée pour Dieu, qui renforcent la foi des personnes et qui orientent la vie chrétienne vers des sommets toujours plus élevés. «Je vous dis et je vous appelle mon fils — écrit Catherine en s’adressant à l’un de ses fils spirituels Giovanni Sabbatini —, dans la mesure où je vous mets au monde par des prières incessantes et mon désir auprès de Dieu, comme une mère met son fils au monde» (Recueil de lettres, Lettre n. 141: A dom Giovanni de’ Sabbatini). Elle avait l’habitude de s’adresser au frère dominicain Bartolomeo de Dominici par ces mots: «Bien-aimé et très cher frère et fils dans le doux Christ Jésus».
Un autre trait de la spiritualité de Catherine est lié au don des larmes. Celles-ci expriment une extrême et profonde sensibilité, la capacité à s’émouvoir et à éprouver de la tendresse. De nombreux saints ont eu le don des larmes, renouvelant l’émotion de Jésus lui-même, qui n’a pas retenu et caché ses pleurs devant le sépulcre de son ami Lazare et la douleur de Marie et de Marthe, et à la vue de Jérusalem, au cours de ses derniers jours terrestres. Selon Catherine, les larmes des saints se mélangent au Sang du Christ, dont elle a parlé avec un ton vibrant et des images symboliques très efficaces: «Rappelez-vous du Christ crucifié, Dieu et homme (…) Donnez-vous pour objet le Christ crucifié, cachez-vous dans les plaies du Christ crucifié, noyez-vous dans le sang du Christ crucifié» (Recueil de lettres, Lettre n. 21; A une personne que l’on ne nomme pas).
Nous pouvons ici comprendre pourquoi Catherine, bien que consciente des fautes humaines des prêtres, ait toujours éprouvé un très grand respect pour eux: ces derniers dispensent, à travers les sacrements et la Parole, la force salvifique du Sang du Christ. La sainte de Sienne a toujours invité les saints ministres, et également le Pape, qu’elle appelait «doux Christ de la terre», à être fidèles à leurs responsabilités, toujours et seulement animée par son amour profond et constant pour l’Eglise. Avant de mourir, elle dit: «Alors que je quitte mon corps, moi en vérité j’ai consommé et donné ma vie dans l’Eglise et pour la Sainte Eglise, ce qui m’est une grâce très particulière» (Raymond de Capoue, Sainte Catherine de Sienne, Legenda maior, n. 363).
Nous apprenons donc de sainte Catherine la science la plus sublime: connaître et aimer Jésus Christ et son Eglise. Dans le Dialogue de la Divine Providence celle-ci, à travers une image singulière, décrit le Christ comme un pont lancé entre le ciel et la terre. Celui-ci est formé de trois marches constituées par les pieds, par le côté et par la bouche de Jésus. En s’élevant grâce à ces marches, l’âme passe à travers les trois étapes de chaque voie de sanctification: le détachement du péché, la pratique de la vertu et de l’amour, l’union douce et affectueuse avec Dieu.
Chers frères et sœurs, apprenons de sainte Catherine à aimer avec courage, de manière intense et sincère, le Christ et l’Eglise. Faisons donc nôtres les paroles de sainte Catherine que nous lisons dans le Dialogue de la Divine Providence, en conclusion du chapitre qui parle du Christ-pont: «Par miséricorde, tu nous as lavés dans le Sang, par miséricorde, tu voulus converser avec les créatures. O fou d’amour! Il ne t’a pas suffi de t’incarner, mais tu voulus aussi mourir! (…) O miséricorde! Mon cœur étouffe en pensant à toi: car où que je me tourne, je ne trouve que miséricorde» (chap. 30). Merci.

* * *

Chers amis, puisse sainte Catherine de Sienne nous apprendre ainsi la science la plus sublime: aimer avec courage intensément et sincèrement Jésus Christ et aimer l’Eglise! Je salue cordialement les pèlerins francophones: bon séjour à tous!

 

PAPE FRANÇOIS – FAMILLE – 11. HOMME ET FEMME (II)

29 avril, 2015

http://w2.vatican.va/content/francesco/it/audiences/2015/documents/papa-francesco_20150422_udienza-generale.html

PAPE FRANÇOIS – FAMILLE – 11. HOMME ET FEMME (II)

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre

Mercredi 22 avril 2015

Chers frères et sœurs,

Dans la précédente catéchèse sur la famille, je me suis arrêté sur le premier récit de la création de l’être humain, dans le premier chapitre de la Genèse, où il est écrit: «Dieu créa l’homme à son image: à l’image de Dieu il le créa; homme et femme il les créa» (1, 27).
Aujourd’hui, je voudrais compléter la réflexion par le second récit, que nous trouvons au deuxième chapitre. Nous lisons ici que le Seigneur, après avoir créé le ciel et la terre, «modela l’homme avec la glaise du sol, il insuffla dans ses narines une haleine de vie et l’homme devint un être vivant» (2, 7). C’est le sommet de la création. Mais il manque quelque chose: Dieu établit ensuite l’homme dans un très beau jardin afin qu’il le cultive et le garde (cf. 2, 15).
L’Esprit Saint, qui a inspiré toute la Bible, suggère pour un moment l’image de l’homme seul — il lui manque quelque chose —, sans la femme. Et il suggère la pensée de Dieu, presque le sentiment de Dieu qui le regarde, qui observe Adam seul dans son jardin: il est libre, il est seigneur,… mais il est seul. Et Dieu voit que cela «n’est pas bon»: c’est comme l’absence de communion, il lui manque la communion, un manque de plénitude. «Cela n’est pas bon» — dit Dieu — et il ajoute: «Il faut que je lui fasse une aide qui lui soit assortie» (2, 18).
Alors Dieu présente à l’homme tous les animaux; l’homme donne à chacun d’eux son nom — et cela est une autre image de la seigneurie de l’homme sur la création —, mais il ne trouve dans aucun animal son semblable. L’homme continue seul. Quand finalement Dieu présente la femme, l’homme reconnaît débordant de joie que cette créature, et seulement elle, fait partie de lui: «c’est l’os de mes os et la chair de ma chair» (2, 23). Il y a enfin un reflet, une réciprocité. Quand une personne — c’est un exemple pour bien comprendre cela — veut donner la main à une autre, elle doit l’avoir face à elle: si quelqu’un tend la main et qu’il n’a personne, la main demeure là…, il lui manque la réciprocité. C’est ainsi qu’était l’homme, il lui manquait quelque chose pour parvenir à sa plénitude, il lui manquait la réciprocité. La femme n’est pas une «réplique» de l’homme; elle provient directement du geste créateur de Dieu. L’image de la «côte» n’exprime pas du tout l’infériorité ou la subordination, mais au contraire que l’homme et la femme sont de la même substance et sont complémentaires et qu’ils ont aussi cette réciprocité. Et le fait que — toujours dans la parabole — Dieu modèle la femme pendant que l’homme dort, souligne précisément le fait qu’elle n’est en aucune façon créature de l’homme, mais bien de Dieu. Cela suggère aussi une autre chose: pour trouver la femme — et nous pouvons dire pour trouver l’amour dans la femme —, l’homme doit d’abord en rêver et ensuite la trouver.
La confiance de Dieu dans l’homme et dans la femme, auxquels il confie la terre, est généreuse, directe et pleine. Il a confiance en eux. Mais voilà que le malin introduit dans leur esprit la suspicion, l’incrédulité, la méfiance. Et enfin, arrive la désobéissance au commandement qui les protégeait. Ils sombrent dans ce délire de toute-puissance qui pollue tout et détruit l’harmonie. Nous aussi nous le ressentons en nous très souvent, nous tous.
Le péché engendre la méfiance et la division entre l’homme et la femme. Leur relation sera menacée par mille formes d’abus et d’assujettissement, de séduction trompeuse et de domination humiliante, jusqu’aux plus dramatiques et violentes. L’histoire en porte les traces. Pensons, par exemple, aux excès négatifs des cultures patriarcales. Pensons aux multiples formes de machisme où la femme était considérée comme étant de deuxième classe. Pensons à l’instrumentalisation et à la marchandisation du corps féminin dans la culture médiatique actuelle. Mais pensons également à la récente épidémie de méfiance, de scepticisme, et même d’hostilité qui se diffuse dans notre culture — en particulier à partir d’une méfiance compréhensible des femmes — à l’égard d’une alliance entre l’homme et la femme qui soit capable, à la fois, d’affiner l’intimité de la communion et de conserver la dignité de la différence.
Si nous n’avons pas un sursaut de sympathie pour cette alliance, capable de mettre les nouvelles générations à l’abri de la méfiance et de l’indifférence, les enfants viendront au monde toujours plus déracinés de celle-ci dès le sein maternel. La dévaluation sociale de l’alliance stable et générative d’un homme et d’une femme est certainement une perte pour tous. Nous devons remettre à l’honneur le mariage et la famille! La Bible dit une belle chose: l’homme trouve la femme, ils se rencontrent et l’homme doit quitter quelque chose pour la trouver pleinement. C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère pour aller chez elle. Cela est beau! Cela signifie commencer une nouvelle route. L’homme est tout pour la femme et la femme est toute pour l’homme.
La sauvegarde de cette alliance de l’homme et de la femme, même s’ils sont pécheurs et blessés, confus et incertains, est donc pour nous croyants une vocation exigeante et passionnée, dans la situation actuelle. Le récit même de la création et du péché, dans son final, nous en donne une très belle icône: «Yahvé Dieu fit à l’homme et à sa femme des tuniques de peau et les en vêtit» (Gn 3, 21). C’est une image de tendresse envers ce couple pécheur qui nous laisse sans voix: la tendresse de Dieu pour l’homme et la femme! C’est une image de protection paternelle du couple humain. Dieu lui-même prend soin de son chef-d’œuvre et le protège.
Je suis heureux de vous accueillir chers amis de langue française, particulièrement les paroisses et les nombreux jeunes venus de France, ainsi que la paroisse francophone de Bucarest. Que Dieu bénisse chacune de vos familles et donne à celles que la vie a brisées la force et le courage dans l’épreuve ! Bon pèlerinage !

 

Présentation de l’icône de la descente du Christ aux Enfers (Résurrection)

28 avril, 2015

Présentation de l'icône de la descente du Christ aux Enfers (Résurrection) dans images sacrée 35.Resurrection

http://iconesalain.free.fr/Presentations/35.Resurrection.Presentation.htm

MÉDITATIONS POUR LE TEMPS PASCAL, P. MICHEL HUBAUT, FRANCISCAIN

28 avril, 2015

http://www.croire.com/Definitions/Fetes-religieuses/Paques/Meditations-pour-le-temps-pascal

MÉDITATIONS POUR LE TEMPS PASCAL

P. MICHEL HUBAUT, FRANCISCAIN

Pour approfondir le sens de la Résurrection dans nos vies, voici quelques textes de croyants contemporains.

Chaque fête de Pâques est l’occasion de se rappeler que la résurrection n’est pas ce qui doit arriver après notre mort, mais une réalité nouvelle qui commence aujourd’hui.
Chacun de nous façonne, jour après jour, son visage d’éternité. Comme pour le papillon qui sort de sa chrysalide, il faut du temps pour que l’homme ressuscite, émerge de sa gangue de terre et devienne un fils de Dieu, un enfant de lumière.
Maurice Zundel se demandait souvent combien d’hommes et de femmes émergent consciemment de leur « moi » biologique préfabriqué pour devenir réellement des hommes vivants, des personnes libres et responsables de leur destin. Sans doute, toutes leurs potentialités spirituelles arriveront-elles, un jour, à maturité, mais probablement pas sur terre ! Il est inutile de chercher à imaginer ce que nous devenons après notre mort, si, en accueillant le Christ pascal, nous ne commençons pas dès maintenant à devenir des vivants.
Rappelons-nous que dans la tradition chrétienne il y a deux naissances. La première, biologique, que nous n’avons pas choisie, qui nous est donnée. Et une « seconde naissance », celle dont parle le Christ, quand il nous dit qu’il nous faut « renaître d’en-haut » par l’accueil et la croissance de son Esprit.
La résurrection est une victoire quotidienne sur les forces de mort. L’au-delà est une réalité déjà présente, intérieure à nous-mêmes. Cette vie nouvelle du Christ ressuscité doit devenir « l’au-dedans » de notre vie quotidienne. Se convertir, c’est sans cesse passer du dehors, de l’écorce superficielle des choses au « dedans », rencontrer l’intimité de Dieu au plus intime de nous-mêmes, lui qui est la vie de notre vie.
Rencontrer le Christ de Pâques, c’est déjà re-naître, c’est s’affranchir de toutes nos servitudes. L’homme qui accueille, jour après jour son amour vivant et créateur, devient lui aussi un vivant et un créateur. Notre avenir se joue dans notre réponse à cet amour victorieux qui s’offre gratuitement à nous. C’est ce don de nous-mêmes qui nous construit, nous structure comme homme, nous ressuscite comme fils de Dieu.
La résurrection, l’au-delà, c’est Dieu intime à nous-mêmes qui nous intériorise et nous libère du moi préfabriqué. Devenir un homme, une personne, sortir de son moi infantile, biologique, égocentrique et mortel, c’est rencontrer le Dieu vivant. Naître, c’est centrer toutes ses énergies pour aimer comme lui, faire de toute son existence un don de soi-même.
La Résurrection de l’homme s’enracine dans ce dynamisme de l’amour qui « humanise » notre moi biologique, nous fait « passer » du moi possessif, fermé sur lui-même, au moi oblatif. Celui qui naît à l’amour, par l’amour, devient immortel puisque l’amour est l’être même de Dieu. Cet amour est notre devenir. C’est lui qui personnalise et divinise l’homme qui, comme saint François, n’est plus terrorisé par la mort biologique, car elle n’est plus qu’un « passage » de notre liberté d’aimer à un autre niveau, d’une ampleur nouvelle.
Dieu nous a créés pour devenir des créateurs. Nous devons nous libérer de la pesanteur des déterminismes pour devenir le sanctuaire de la lumière et de l’amour. Telle est le mystère de la transfiguration chrétienne, qui est un mystère d’intériorisation, de personnalisation, de divinisation. Il s’agit de devenir véritablement un « homme » dont l’espace intérieur est devenu assez grand pour accueillir la vie même de Dieu. Et accueillir Dieu, c’est devenir un vivant qui possède en lui tout l’univers. L’immortalité n’est pas ce qui arrive après la mort, elle advient, aujourd’hui et maintenant, chaque fois que l’homme se dépasse pour aimer. C’est chaque jour que nous « immortalisons » notre vie. C’est chaque jour que nous ressuscitons un peu plus.
Voilà la nouvelle naissance à laquelle le Christ nous invite quand on atteint sa maturité spirituelle. Maturité qui entraînera aussi notre corps, car les énergies de l’amour vont aussi transfigurer notre corps, comme celui du Christ, libéré des contraintes de notre univers, sans être pour autant désincarné. Notre mort n’est pas un anéantissement, mais un mûrissement, un accomplissement, un passage -une Pâque- vers notre véritable identité.

BENOÎT XVI – MERCREDI 4 MAI 2011 – (EXEMPLES DE PRIÈRE PRÉSENTS DANS LES CULTURES ANTIQUES)

28 avril, 2015

http://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/audiences/2011/documents/hf_ben-xvi_aud_20110504.html

BENOÎT XVI

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre

MERCREDI 4 MAI 2011 – ( EXEMPLES DE PRIÈRE PRÉSENTS DANS LES CULTURES ANTIQUES)

Chers frères et sœurs,

Aujourd’hui, je voudrais entamer une nouvelle série de catéchèses. Après les catéchèses sur les Pères de l’Eglise, sur les grands théologiens du Moyen-âge, sur les grandes figures de femmes, je voudrais à présent choisir un thème qui nous tient tous très à cœur: le thème de la prière, de manière spécifique la prière chrétienne, la prière que nous a enseignée Jésus et que continue à nous enseigner l’Eglise. C’est en Jésus en effet que l’homme devient capable de s’approcher de Dieu avec la profondeur et l’intimité du rapport de paternité et de filiation. Avec les premiers disciples, avec une humble confiance, nous nous adressons alors au Maître et nous Lui demandons: «Seigneur, enseigne-nous à prier» (Lc 11, 1).
Lors des prochaines catéchèses, en nous approchant de la Sainte Ecriture, de la grande tradition des Pères de l’Eglise, des Maîtres de spiritualité, de la Liturgie, nous voulons apprendre à vivre encore plus intensément notre relation avec le Seigneur, dans une sorte d’«école de prière». Nous savons bien, en effet, que la prière ne doit pas être considérée comme allant de soi: il faut apprendre à prier, comme en acquérant toujours à nouveau cet art; même ceux qui sont très avant dans la vie spirituelle sentent toujours le besoin de se mettre à l’école de Jésus pour apprendre à prier avec authenticité. Nous recevons la première leçon du Seigneur à travers Son exemple. Les Evangiles nous décrivent Jésus en dialogue intime et constant avec le Père: c’est une communion profonde de celui qui est venu dans le monde non pour faire sa volonté, mais celle du Père qui l’a envoyé pour le salut de l’homme.
Dans cette première catéchèse, comme introduction, je voudrais proposer quelques exemples de prière présents dans les cultures antiques, pour relever comment, pratiquement toujours et partout celles-ci se sont adressées à Dieu.
Je commence par l’ancienne Egypte, par exemple. Ici, un homme aveugle, demandant à la divinité de lui rendre la vue, atteste quelque chose d’universellement humain, qui est la pure et simple prière de requête de la part de qui se trouve dans la souffrance, cet homme prie: «Mon cœur désire te voir… Toi qui m’as fait voir les ténèbres, crée pour moi la lumière. Fais que je te voie! Penche sur moi ton visage aimé» (A. Barucq – F. Daumas, Hymnes et prières de l’Egypte ancienne, Paris 1980). Fais que je te voie; c’est là le cœur de la prière!
Dans les religions de la Mésopotamie dominait un sentiment de culpabilité mystérieux et paralysant, mais sans qu’il soit privé pour autant de l’espérance de rachat et de libération de la part de Dieu. Ainsi pouvons-nous apprécier cette supplication de la part d’un croyant de ces anciens cultes, qui résonne ainsi: «Ô Dieu qui es indulgent même pour la faute la plus grave, absous mon péché…. Regarde Seigneur, ton esclave épuisé, et souffle sur lui ta brise: sans attendre pardonne-lui. Allège ta sévère punition. Libéré de mes liens, fais que je recommence à respirer; brise mes chaînes, défaits mes liens» (M.-J. Seux, Hymnes et prières aux Dieux de Babylone et d’Assyrie, Paris 1976). Autant d’expressions qui démontrent comment l’homme, dans sa recherche de Dieu, a eu l’intuition, même confusément, d’un côté de sa faute, de l’autre de l’aspect de la miséricorde et de la bonté divine.
Au sein de la religion païenne, dans la Grèce antique, on assiste à une évolution très significative: les prières, tout en continuant d’invoquer l’aide divine pour obtenir la faveur céleste dans toutes les circonstances de la vie quotidienne et pour obtenir des bénéfices matériels, s’orientent progressivement vers les requêtes les plus désintéressées, qui permettent à l’homme croyant d’approfondir sa relation avec Dieu et de devenir meilleur. Par exemple, le grand philosophe Platon cite une prière de son maître, Socrate, considéré à juste titre comme l’un des fondateurs de la pensée occidentale. Socrate priait ainsi: «… donnez-moi la beauté intérieure de l’âme! Quant à l’extérieur, je me contente de celui que j’ai, pourvu qu’il ne soit pas en contradiction avec l’intérieur, que le sage me paraisse riche, et que j’aie seulement autant, d’or qu’un sage peut en supporter, et en employer» (Œuvres i. Phèdre 279c). Il voudrait avant tout avoir une beauté intérieure et être sage, et non pas riche d’argent.
Dans ces superbes chefs-d’œuvre de la littérature de tous les temps que sont les tragédies grecques, aujourd’hui encore, après vingt-cinq siècles, lues, méditées et représentées, sont contenues des prières qui expriment le désir de connaître Dieu et d’adorer sa majesté. L’une de celles-ci dit: «Ô toi qui donnes le mouvement à la terre, et qui en même temps résides en elle, qui que tu sois, Jupiter, impénétrable à la vue des mortels, nécessité de la nature, ou intelligence des hommes, je te rends hommage; car, par des voies secrètes, tu gouvernes toutes les choses humaines selon la justice» (Euripide, Les Troyennes, 884-886). Dieu demeure un peu vague et toutefois, l’homme connaît ce Dieu inconnu et prie celui qui guide les destinées de la terre.
Chez les Romains également, qui constituèrent ce grand Empire dans lequel naquit et se diffusa en grande partie le christianisme des origines, la prière, même si elle est associée à une conception utilitariste et fondamentalement liée à la demande de protection divine sur la vie de la communauté civile, s’ouvre parfois à des invocations admirables en raison de la ferveur de la piété personnelle, qui se transforme en louange et en action de grâces. En est témoin un auteur de l’Afrique romaine du iie siècle après Jésus Christ, Apulée. Dans ses écrits, il manifeste l’insatisfaction de ses contemporains à l’égard de la religion traditionnelle et le désir d’un rapport plus authentique avec Dieu. Dans son chef-d’œuvre intitulé Les métamorphoses, un croyant s’adresse à une divinité féminine à travers ces paroles: «Divinité sainte, source éternelle de salut, protectrice adorable des mortels, qui leur prodigues dans leurs maux l’affection d’une tendre mère; pas un jour, pas une nuit, pas un moment ne s’écoule qui ne soit marqué par un de tes bienfaits» (Apulée de Madaure, Métamorphoses, xi, 25).
Pendant la même période, l’empereur Marc-Aurèle — qui était un philosophe qui réfléchissait sur la condition humaine — affirme la nécessité de prier pour établir une coopération fructueuse entre action divine et action humaine. Il écrit dans ses Souvenirs/Pensées: «Qui te dit que les dieux ne nous aident pas également en ce qui dépend de nous? Commence donc à les prier et tu verras» (Dictionnaire de Spiritualité XII/2, col. 2213). Ce conseil de l’empereur philosophe a été effectivement mis en pratique par d’innombrables générations d’hommes avant le Christ, démontrant ainsi que la vie humaine sans la prière, qui ouvre notre existence au mystère de Dieu, devient privée de sens et de référence. En effet, dans chaque prière s’exprime toujours la vérité de la créature humaine, qui d’une part fait l’expérience de la faiblesse et de l’indigence, et demande donc de l’aide au Ciel, et de l’autre est dotée d’une dignité extraordinaire, car, en se préparant à accueillir la Révélation divine, elle se découvre capable d’entrer en communion avec Dieu.
Chers amis, dans ces exemples de prières des différentes époques et civilisations apparaît la conscience que l’être humain a de sa condition de créature et de sa dépendance d’un Autre qui lui est supérieur et source de tout bien. L’homme de tous les temps prie car il ne peut faire à moins de se demander quel est le sens de son existence, qui reste obscur et décourageant, s’il n’est pas mis en relation avec le mystère de Dieu et de son dessein sur le monde. La vie humaine est un mélange de bien et de mal, de souffrance imméritée et de joie et de beauté, qui nous pousse spontanément et irrésistiblement à demander à Dieu cette lumière et cette force qui puisse nous secourir sur la terre et ouvrir une espérance qui aille au-delà des frontières de la mort. Les religions païennes demeurent une invocation qui, de la terre, attend une parole du Ciel. L’un des derniers grands philosophes païens, qui vécut à une époque déjà pleinement chrétienne Proclus de Constantinople, donne voix à cette attente, en disant: «Inconnaissable, personne ne te contient. Tout ce que nous pensons t’appartient. Nos maux et nos biens sont en toi, chacune de nos aspirations dépend de toi, ô Ineffable, que nos âmes sentent présent, en t’élevant un hymne de silence» (Hymnes).
Dans les exemples de prière des différentes cultures, que nous avons pris en considération, nous pouvons voir un témoignage de la dimension religieuse et du désir de Dieu inscrit dans le cœur de chaque homme, qui trouvent leur accomplissement et leur pleine expression dans l’ancien et dans le Nouveau Testament. La Révélation, en effet, purifie et porte à sa plénitude l’aspiration originelle de l’homme à Dieu, en lui offrant, dans la prière, la possibilité d’une relation plus profonde avec le père céleste.
Au début de notre chemin dans l’«Ecole de la prière» nous voulons alors demander au Seigneur qu’il illumine notre esprit et notre cœur pour que la relation avec Lui dans la prière soit toujours plus intense, affectueuse et constante. Encore une fois, nous lui disons: «Seigneur, apprends-nous à prier» (Lc 11, 1).

The Queen of Sheba visiting with King Solomon (the throne of Solomon depicted here is described in detail in 1 Kings 10)

27 avril, 2015

The Queen of Sheba visiting with King Solomon (the throne of Solomon depicted here is described in detail in 1 Kings 10) dans images sacrée 29.%20de%20Heere,%20Lucas%20-%20Solomon%20And%20The%20Queen%20Of%20Sheba

https://thereformedmind.wordpress.com/2011/05/19/condemned-by-the-queen-of-sheba/

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